Déterminants du choix de la santé mentale comme spécialité( Télécharger le fichier original )par Jean Paul DZOCHE MENGOUE Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Master 1 2011 |
SOMMAIRESOMMAIRE 2 INTRODUCTION 3 I. PROBLÉMATIQUE 4 -QUESTION DE RECHERCHE 7 -HYPOTHESE DE RECHERCHE 8 -CADRE THEORIQUE.................................................................................9 - OBJECTIF DE RECHERCHE 8 II. MÉTHODOLOGIE/ANALYSE STATISTIQUES 22 -COLLECTE DES DONNEES 22 -.PRESENTATION ET DEFINITION DES VARIABLES 23 -RESULTATS ET ANALYSES STATISTIQUES 25 CONCLUSION 32 RECOMMANDATIONS 33 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 34
Introduction
La vie moderne, basée sur le culte de l'effort individuel, est source d'innombrables frustrations et de très peu de succès. L'être humain est un système ouvert en interaction avec l'environnement. Il créée des modes d'interactions individuels, dynamiques et étroitement liés au processus de vie qui influencent son comportement et par là sa santé. Dans la plupart des régions du monde, la santé mentale n'est pas considérée comme telle. Elle est considérée comme un échec personnel. Le malade mental est dès lors victime d'une ségrégation de la part des autres membres de son milieu social. Les troubles mentaux représentent selon l'OMS cinq des dix principales causes de morbidité dans le monde, d'ailleurs il estime que d'ici 2020, 15% de la population mondiale en souffrirait. Son ampleur, sa fréquence entre autre font d'elles un problème de santé publique qui pourrait être problème de développement si des mesures adaptées ne sont pas mise sur pied. Au Cameroun, le personnel soignant en général, et les infirmiers en particulier semblent avoir des appréhensions du malade mental et par conséquent dans le choix éventuel de la santé mentale comme spécialité infirmière. Le taux de malades augmente incessamment dans ce domaine ; un rapport de l'OMS en 2001 montre qu'un habitant de la planète sur seize souffre d'un type de trouble mental. Les professionnels de santé formés pour dispenser les soins spécialisés en santé mentale sont très peu nombreux. Depuis 2004, année de l'ouverture du cycle d'infirmier en santé mentale, les effectifs décroisent progressivement, contrairement à d'autres cycles où les effectifs sont pléthoriques. L'étude des facteurs limitant le choix de la santé mentale comme spécialité par les étudiants de l'EIS Yaoundé trouve ici sa raison. Cette étude s'articule sur deux principaux chapitres : ü Problématique ; ü Méthodologie et analyses statistiques CHAPITRE I : PROBLEMATIQUEI.1 Enoncé du problème
Partout dans le monde, très peu de personnels soignants choisissent de s'occuper du traitement des malades mentaux. Picho (1983) a observé qu'aux Etats-Unis, 12% des étudiants ayant terminé leurs études de médecine en 1968 choisissaient la psychiatrie comme spécialité ; ce pourcentage tomba à 4 en 1976 et était inférieur à 3 en 1979 . Cependant le contraste entre le nombre de malades mentaux et le manque de personnel sanitaire est de plus en plus marquant. Tandis que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2001) estime à 450 millions le nombre de personnes souffrant d'une maladie mentale et d'un trouble de comportement ; les nations unies (2001) publient que le médian psychiatres/habitants oscille entre 6 pour 10 000 000 dans les pays à bas revenu et 90 pour 1 000 000 dans les pays à revenu élevé ; les infirmiers en santé mentale oscillent 1 pour 1 000 000 d'habitants dans les pays à bas revenu et 335 pour 1 000 000 d'habitants dans les pays à revenu élevé ; ce rapport est faible au vu des proportions des autres spécialités. L'OMS (1974) a recommandé le développement des ressources humaines et l'intégration de la santé mentale dans les soins de santé généraux. Dio (1974) a renchérit en stipulant :« Pour assurer des prestations satisfaisantes aux populations en matière de santé mentale, il convient d'accorder une attention particulière au problème de formation .» Cette formation selon le même auteur comporte deux aspects complémentaires « La formation et le perfectionnement des différentes catégories des personnes spécialisés.» Aux Etats-Unis en 1980 s'ouvrit la première école d'infirmiers en psychiatrie. A la fin du 19ème siècle, plusieurs infirmières diplômées en psychiatrie font partie du personnel des centres hospitaliers spécialisés. La tendance en cette époque consistait surtout à procurer un environnement favorable au client afin d'encourager sa guérison. Les infirmiers administraient les médicaments, supervisaient l'utilisation des traitements d'hydrothérapie, s'occupaient des soins physiques et diététiques des clients. Mais après les années 1930, l'évolution idéologique va contribuer d'une manière précise aux changements dans la pratique des soins infirmiers en psychiatrie. La responsabilité majeure des infirmières sera de créér un environnement interpersonnel favorable à la guérison du client.
En France, c'est Pinel au 18ème siècle qui va suggérer la création des écoles spécialisées pour la formation des infirmières. De nombreux textes vont réglementer cette formation: § Juin 1922 : Institution d'un Brevet de capacité professionnelle permettant de porter le titre d'infirmière diplômée français. Ce Brevet était délivré à tout infirmier y compris celui de l'hygiène mentale ; § L'arrêté du 26 Mai 1930 vient préciser la situation des infirmiers d'asiles et réglementer l'obtention de leur diplôme d'état ; cette formation dure cinq ans et sera composée de 57 cours théoriques et de nombreux stages pratiques ; § En 1958, le diplôme d'état d'infirmière psychiatrique française devient le diplôme d'infirmiers préfectoraux ; § L'arrêté du 12 Mai 1969 modifie l'appellation d'infirmiers psychiatriques qui devient infirmiers de secteur psychiatrique (ISP). La durée de formation des ISP est de 2 ans et 4 mois. Dix ans plus tard, un autre arrêté augmentera ce temps de cinq mois. Désormais, il faudra 33 mois de formation (cours théoriques et pratiques) pour être autorisé à passer le diplôme d'ISP. § Enfin le décret n°92-264 du 23 Mai 1992 va unifier les deux diplômes (secteur psychiatrique et soins généraux) et créer le diplôme d'état. En Afrique, la plupart des pays ne disposent pour la formation en psychiatrie d'aucun moyen révèle un rapport de l'OMS (2000) ; les pays d'Afrique francophone comptent en moyenne 0,05 psychiatre pour 1 000 000 d'habitants malgré la disponibilité des bourses de formations en psychiatrie en Europe pour les médecins.
Au Cameroun, très peu de personnels soignants optent pour la spécialisation en santé mentale. Le statistiques montrent que sur 444 médecins formés par l'ex-centre universitaire des sciences de la santé (CUSS), au terme de la 17ème année d'existence, trois seulement ont choisi se spécialiser en psychiatrie. L'évaluation des ressources existantes fait état des ressources humaines insuffisantes. L'on a longtemps utilisé pour les soins des malades mentaux des infirmiers généralistes ; cependant ces derniers ont le plus souvent fait preuve d'une insuffisance dans l'administration des soins et la conséquence immédiate est l'insuffisance des soins aussi bien en qualité qu'en quantité. C'est ainsi que plusieurs familles gardent leurs malades mentaux à domicile, sans traitement ; d'autres les traitent chez des guérisseurs ; certains encore abandonnent les leurs ; certaines enfin plus nombreuses estiment que leur statut social ne permet pas que les gens sachent qu'ils sont parents ou conjoints de malades mentaux. C'est ainsi que Makang Ma Mbock (2001) note que « plusieurs familles cachent leurs malades mentaux dans leurs maisons et pensent qu'il est honteux pour eux de se présenter dans un centre de soins. Pour expliquer la situation de leur malade, certains préfèrent parler de problème de nerfs.» Il ajoute que « les services de psychiatrie ne sont consultés qu'au cas où le malade présente une psychose aiguë avec agressivité ou tentative de meurtre. Parfois lorsqu'on ne peut plus contenir le malade à domicile, ou lorsqu'on est fatigué de lui donner les comprimés, ou lorsqu'on n'a plus d'argent pour faire le tour des guérisseurs et des exorcistes, le malade est retrouvé errant dans les rues et s'alimentant dans les poubelles.». C'est pour essayer de résoudre ces graves problèmes que le gouvernement camerounais offre chaque année des bourses de spécialisation en psychiatrie aux médecins et a créé deux cycles de spécialisation en soins infirmiers en psychiatrie dans les écoles nationales d'infirmiers de Yaoundé en 1981 et de Bamenda en 1984. L'on constatera un désintéressement des infirmiers pour cette spécialisation. La première promotion du cycle de Yaoundé comptera un seul étudiant sur cinq places mises au concours, tandis que les autres spécialités seront comblées et s'accompagneront des listes d'attente. Ces deux sections de formations formeront leurs portes en 1989, la crise économique aidant. Cependant, les problèmes de santé mentale ne feront que s'accroitre, favorisés par l'instabilité économique associée aux facteurs de souffrances tels que le VIH et le SIDA. La pauvreté ambiante, la dégradation de la santé physique des populations, la fréquence des divorces entraineront une augmentation des problèmes sociaux : § Un niveau élevé de stress ; § L'abus de substances novices ; § La persistance de taux élevé des suicides ; § Les comportements déviants.... Lors de la célébration de la journée mondiale de la santé, Ntone Enyeme (2011) notera les insuffisances en santé mentale. Il ressortait entre autre la limite en ressources humaines, la rareté des budgets, la vétusté des lieux de soins. Il notera aussi la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les rares personnes qui travaillent dans les services de psychiatrie. Parlant de ressources humaines et de structures de soins, la situation au Cameroun en 2004 se résumait à deux services de psychiatrie dans les hôpitaux (un service à l'hôpital Jamot de Yaoundé et un autre à l'hôpital Laquintinie de Douala) ; avec une répartition en ressources humaines comme suit : § 05 psychiatres ; § 15 infirmiers psychiatres ; Avec un ratio de : § 01 psychiatre pour 3 000 000 d'habitants § 01 infirmier pour 1 000 000 d'habitants § 01 lit d'hospitalisation pour 100 000 habitants. Constatant une insuffisance de l'offre de soins, le gouvernement décide de rouvrir un cycle de formation des infirmiers en santé mentale en 2004. Ce n'est qu'après le troisième concours et le réajustement de l'âge (de 35 à 45 ans) que l'école a pu faire le plein des 30 places mises au concours. Les effectifs seront dès lors de moins en moins comblés. § La 2ème promotion comptera 18 étudiants pour 30 places ; § La 3ème promotion aura 11 étudiants ; § La 4ème en aura 19 ; § La 5ème promotion comptera 3 étudiants ; § La 6ème promotion ne compte aucun étudiant. Tandis que les effectifs vont décroissant en santé mentale, les autres spécialités se comblent et s'accompagnent de listes d'attente. Face à cette situation, nous nous sommes posé la question de rechercher suivante : I-Quels sont les facteurs limitant le choix de la santé mentale comme spécialité par les étudiants de l'EIS Yaoundé? De cette question se dégage les questions spécifiques suivantes: QS1 : la formation des infirmiers diplômés d'état sur le module santé mentale est-elle suffisante pour permettre à ceux-ci de la choisir comme spécialisation ? QS2 : l'environnement de travail dans les services de psychiatries est-elle favorable pour susciter le choix de la santé mentale comme spécialisation ? QS3 : les représentations sociales des malades mentaux et de la maladie mentale dans la société ont elles une influence sur le choix de la spécialisation santé mentale par les infirmiers ? De ces questions se dégagent des hypothèses ci-après |
|