II-3- Particularités de la conservation et de la
gestion de la faune au Nord-Cameroun
Pour Roulet (2004), le Cameroun est l'un des pionniers en
matière de chasse sportive en Afrique Centrale et de l'Ouest et offre
des conditions correctes de prélèvements fauniques. Konate (2001)
affirme que les textes relatifs à la chasse sont plus avantageux pour
les opérateurs économiques du secteur et à l'Etat que pour
les populations. La gestion de cette faune génère en effet de
nombreuses taxes provenant de :
- droits et frais de permis de chasse
- l'établissement des licences des Guides de chasse
- droits d'affermage (délégation de d'exploitation
des zones de chasse aux guides chasse par
l'Etat, moyennant des paiements annuels à l'hectare
alloué).
- taxes d'abattage des animaux (chaque espèce abattue
selon la réglementation en vigueur, a un
coût à payer obligatoirement par l'amodiataire de la
ZIC).
- droits de pêche
- entrées dans les différents parcs
- taxes sur armes
- ventes aux enchères des produits saisis (au profit de
l'Etat)
- droits de chasse photographique
- taxes de collectes (des carcasses après
récupération des trophées par les chasseurs).
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La répartition des recettes issues du paiement des droits
d'affermage se fait de la manière suivante :
- 27,5% pour le Trésor public
- 22,5% pour le Fond spécial chargé de la Faune
- 40% pour les communes6 riveraines aux aires
protégées
- 10% pour les communautés7 riveraines aux
aires protégées. C'est en 1994, après la révision
de sa loi forestière, que l'administration camerounaise en
matière de faune, a décidé que 10% des revenus issus de la
chasse dans les ZIC reviendraient aux populations riveraines.
Les populations riveraines bénéficient des
quotes-parts des recettes relatives aux droits de location et/ou d'affermage
des zones de chasse. Elles sont impliquées dans les activités de
conservation en tant que gardes chasse ou guides touristiques villageois,
employés dans les campements de chasse. Les cahiers des charges des
Guides prévoient également des réalisations sociales en
faveur des communautés riveraines desdites ZIC, telles que la
construction d'écoles, l'aménagement et l'entretien des
routes.
Toutefois, cette chasse sportive génère certes
d'importants revenus à travers ces diverses taxes, mais impose
également des restrictions de prélèvements (au niveau du
droit d'usage) aux populations riveraines des aires protégées
(Yasuda, 2012). En effet, le droit de prélèvement des populations
pour la consommation se trouve réduit car peu de guides de chasse sont
enclins à laisser abattre, sans rétribution financière,
des espèces animales dans leur zone. D'où la création des
ZICs à cogestion et à gestion communautaire.
6 Les communes sont des collectivités
territoriales dirigées par des maires et des conseils municipaux
élus au suffrage universel.
7 Groupements de personnes ayant des
intérêts communs et vivants aux alentours des AP
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