![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction1.png)
UNIVERSITE DU BURUNDI
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET
ADMINISTRATIVES
EFFETS DE L'INFLATION SUR LA FISCALITE BURUNDAISE:
Evaluation à l'aide d'un Modèle à Correction d'Erreurs
(1990-2011)
Par
CA
Denis NDAGIJIMANA
Composition du Jury
Président : Dr Dominique NIYONDIKO Directeur : Dr
Gilbert NIYONGABO
p
Mémoire présenté et défendu
publiquement en vue de l'obtention du grade de Licencié en Sciences
Economiques et Administratives
Membre : M. Révérien
NIZIGIYIMANA
JeanLc KAZOYA
Option : Economie Politique
:
Directeur de
BUJUMBURA, 1AVRIL, 2013
DEDICACES
A Dieu Tout Puissant,
A nos parents,
A nos frères et soeurs,
A mon épouse Dévote NIKUNDANA
A tous ceux qui prônent la progression de la recherche
scientifique,
A tous ceux qui nous tiennent à coeur.
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction2.png)
Denis NDAGIJIMANA
REMERCIEMENTS
Un homme conscient, honnête et surtout reconnaissant,
doit remercier toute personne ayant de loin ou de près, contribué
à l'aboutissement de la réussite du présent travail.
Nos vifs remerciements s'adressent au Dr. Gilbert NIYONGABO,
Directeur de ce mémoire. Son expérience, sa rigueur scientifique,
ses conseils et ses remarques scientifiques nous ont été
d'importance incontournable pour nous guider dans nos premiers pas de la
recherche. Qu'il soit rassuré de nos sentiments de gratitude.
Cependant, les erreurs qui seraient contenues dans ce travail
s'imputent à notre entière responsabilité.
Nos vifs remerciements s'adressent également au Dr.
Dominique NIYONDIKO et à Monsieur Révérien NIZIGIYIMANA,
respectivement Président et Secrétaire du Jury, pour le temps
sacrifié à lire ce travail et d'en procéder à
l'évaluation.
A nos parents, pour les efforts conjugués en notre
égard. A nos frères et soeurs pour leur affection et le partage
de la paix, le pain et la peine ; spécialement à Gérard
NKENGURUTSE pour tous les sacrifices, à ma chère épouse
Dévote NIKUNDANA pour la louable contribution, à Monsieur
Fulgence NDEREYIMANA pour tout ce qu'il a fait dans la réalisation de ce
travail.
Nous disons sincèrement merci.
II
Denis NDAGIJIMANA
III
LES SIGLES ET ABREVIATIONS
% : Pourcentage
ADF : Augmented Dickey-Fuller
BEN : Burundi Enterprise Network
BRB : Banque de la République du Burundi
CSLP II : Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte
contre la Pauvreté « deuxième
génération »
CT : Court Terme
CURDES : Centre Universitaire de Recherche pour le
Développement Economique et Social
DB : Déficit Budgétaire
Dr : Docteur
EAC : East African Community
FSEA : Faculté des Sciences Economiques et
Administratives
IDEC : Institut de Développement Economique du Burundi
INVPRI : Investissement Privé
INVPU : Investissement Public
IPC : Indice des Prix à la Consommation
IS : Impôt sur les Sociétés
ISTEEBU : Institut des Statistiques et d'Etudes Economiques du
Burundi
LT : Long Terme
MBIF : Millions de Francs Burundais
MCE : Modèle à Correction d'Erreurs
MCO : Moindres Carrés Ordinaires
MPDR : Ministère de la Planification du
Développement et de la Reconstruction
iv
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PP : Phillips et Perron
RFD : Recettes Fiscales Directes
RFI : Recettes Fiscales Indirectes
RFT : Recettes Fiscales Totales
SOCABU : Société d'Assurance du Burundi
TINF : Taux d'Inflation
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UB : Université du Burundi
V.C : Valeur Critique
V
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Evolution des recettes fiscales au Burundi 34
Tableau 2 : La part des recettes fiscales dans le PIB
(1990-2011) 42
Tableau 3 : Evolution des investissements publics et
privés au BURUNDI (1990-2010) 48
Tableau 5 : Résultats des tests de stationnarité
des séries en niveau (ADF et PP) 64
Tableau 6 : Résultats des tests de stationnarité
des séries en différence première (ADFet PP) 65
Tableau 7 : Résultats de l'estimation de la relation de
long terme 66
Tableau 8: Résultats des tests de stationnarité
(ADF et PP) sur la série des résidus 67
Tableau 9 : Présentation des résultats de
l'estimation du modèle de court terme 69
VI
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique1 : Evolution par source des recettes fiscales au
Burundi (1990-2011) 35
Graphique 2 : Recettes fiscales indirectes et directes dans le
total des recettes fiscales (1990-2011)
38
Graphique 3 : Evolution des recettes des taxes à
l'importation et à l'exportation (1990-2011) 40
Graphique 4 : Evolution des investissements privés et
publics en MBIF (1990-2010) 44
Graphique 5: Evolution des dépenses courantes et des
dépenses en capital au Burundi (1992-2011)
51
Graphique 6 : Evolution et orientation des dons
accordés par les partenaires au Burundi (1992-2011)
en millions de francs burundais 52
Graphique 7 : Evolution de l'indice des prix à la
consommation au BURUNDI (1990-2011) 53
Graphique 8 : Evolution du déficit budgétaire au
BURUNDI (1990-2011) en MBIF 55
Graphique 9 : Résultats du test de CUSUM et de CUSUM of
SQUARES 70
VII
TABLE DES MATIERES
DEDICACES i
REMERCIEMENTS ii
LES SIGLES ET ABREVIATIONS iii
Résumé 1
0. INTRODUCTION GENERALE 2
0 .1. Motivation et choix du sujet 3
0.2. Problématique et hypothèse de travail 3
0.3. Démarche méthodologique 4
0.3.1. Délimitation du sujet, les données et
leurs sources 4
0.3.2. Méthodologie d'analyse 5
0.4. Articulation du travail 5
CHAPITRE I. APPROCHE THEORIQUE SUR LA FISCALITE ET
L'INFLATION 6
Introduction 6
Section 1 : Fondements théoriques de la
fiscalité 8
I.1.1. Origines de l'impôt 8
I.1.2. Théories explicatives des fondements de
l'impôt 9
I.1.3. Etablissement et qualités de l'impôt 12
I.1.3.1. Etablissement de l'impôt 12
I.1.3.2. Qualités de l'impôt 13
I.1.4. Principales catégories d'impôts 14
I.1.5. Distinction entre impôt et taxe 15
I.1.6. Impôt et l'investissement privé 16
I.1.7. Impositions contributo-compensatives versus impositions
contributives 16
I.1.8. Impôt sur le revenu, impôt sur le capital
et impôt sur la dépense 17
I.1.8.1. Impôts sur le revenu 17
I.1.8.2. Impôts sur le capital 18
I.1.8.3. Impôts sur la dépense 18
VIII
I.1.9. Effets de l'impôt sur le bien-être des
agents économiques 18
I.1.9.1. Analyse comparative du bien-être 20
I.1.9.2. Minimisation de la perte sociale occasionnée
par l'impôt 24
I.1.9.3.Evaluation d'un système fiscal 24
Section 2 : Relation théorique entre
l'inflation et la fiscalité 25
I.2.1. Causes de l'inflation 25
I.2.2. Typologie de l'inflation 26
I.2.3. Conséquence de l'inflation 27
I.2.4. Effets de l'impôt dans le niveau des prix 27
I.2.5. Distorsions fiscales consécutives à
l'inflation 28
I.2.6. Effets de l'inflation sur le revenu 29
I.2.7. Inflation vue comme stimulant de l'investissement 30
I.2.8. Effets de l'inflation sur les recettes fiscales 31
Synthèse du premier chapitre 32
CHAPITRE II. ANALYSE DECRIPTIVE DE LA STRUCTURE ET
EVOLUTION DES
RECETTES FISCALES ET DE L'INFLATION AU BURUNDI
33
Introduction 33
Section1 : Fiscalité burundaise et son
rendement 33
II.1.1. Recettes fiscales au BURUNDI 34
II.1.2. Structure des recettes fiscales au Burundi 35
II.1.3. Prépondérance des recettes indirectes
par rapport aux recettes directes 37
II.1.4. Contribution du commerce extérieur dans les
recettes fiscales via la taxation 39
Section2 : Investissement et dépenses publiques
au Burundi 43
II.2.1. Investissements au BURUNDI 43
II.2.2. Dépenses publiques au BURUNDI 50
II.2.3. Inflation au BURUNDI 53
II.2.4. Déficit budgétaire au BURUNDI 54
Synthèse du deuxième chapitre
56
ix
CHAPITRE III. INVESTIGATION EMPIRIQUE DE LA RELATION
ENTRE
INFLATION ET FISCALITE AU BURUNDI 57
Introduction 57
Section 1. Présentation des données et
méthodologie d'analyse 58
III.1.1. Présentation du modèle et choix des
variables 58
III.1.2. Modèle économétrique 59
III.1.3. Approche méthodologique 59
III.1.3.1. Test de racine unitaire 59
III.1.3.1.1. Test de Dickey- Fuller et Dickey-Fuller
augmenté 60
III.1.3.1.2. Test de Philips et Perron (1988) 60
III.1.3.2. Revue théorique sur la cointégration
et le modèle à correction d'erreur 61
III.1.3.2.1. Condition de cointégration 62
III.1.3.2.2. Modèle à correction d'erreur 63
Section 2. Présentation et
interprétation des résultats 63
III.2.1. Présentation des résultats de
l'estimation 63
III.2.1.1. Tests de racine unitaire 64
III.2.1.2. Test de cointégration 65
III.2.1.2.1. Relation de long terme 66
III.2.1.2.2. Test de racine unitaire sur la série des
résidus 67
III.2.1.3. Estimation du Modèle à Correction
d'Erreurs 68
III.2.1.3.1. Test de stabilité du modèle 70
III.2.1.3.2. Test de diagnostic sur les résidus 71
III.2.1.3.2.1. Résultats du test de normalité
des résidus de Jarque et Bera 71
III.2.1.3.2.2. Résultats du test
d'autocorrélation des résidus 72
III.2.1.3.2.3. Résultats du test
d'héteroscédasticité 72
III.2.2. Interprétation globale et économique
72
Synthèse du troisième chapitre
75
CONCLUSION GENERALE 76
RECOMMANDATIONS 78
BIBLIOGRAPHIE 79
ANNEXES 83
Résumé
L'objectif général visé dans le
présent travail de recherche est d'étudier les effets de
l'inflation sur les recettes fiscales au Burundi au moment où
l'inflation affecte négativement la quasi-totalité des variables
macroéconomiques au Burundi. Pour ce faire, notre méthodologie
d'analyse adoptée est une analyse empirique ; celle-ci a
procédé par des tests de racine unitaire et la
cointégration entre les variables envisagées, les tests de
stabilité des paramètres du modèle pour toute la
période de l'étude et les tests de diagnostic sur les
résidus.
Les résultats de ces tests ont
révélé la cointégration entre les variables du
modèle, ce qui nous a conduit à estimer un Modèle à
Correction d'Erreurs. De plus les tests de stabilité ont fourni des
résultats en faveur de la stabilité du modèle. En somme,
les résultats obtenus, sur appui de notre méthodologie, ont
montré que l'inflation a des effets négatifs mais qui ne sont pas
significatifs sur les recettes fiscales burundaises, contrairement à la
théorie et notre hypothèse de départ.
Pour cela, nous avons suggéré au
gouvernement de conjuguer les efforts afin de maitriser l'évolution des
prix afin de réduire ses effets néfastes sur la fiscalité
qui risquent de changer d'ampleur, vue sa montée progressive ; de
profiter de l'inflation étrangère pour stimuler les exportations
du Burundi par l'accroissement, la diversification de la production et ainsi
accroitre la capacité des importations ; d'accorder une place de choix
aux nouveaux secteurs porteurs de croissance, le commerce transfrontalier et
les technologies modernes. Cela permettra d'élargir l'assiette fiscale
et tendre vers l'autonomie financière.
1
Mots -clés :
Recettes fiscales, contribuable, inflation, Burundi,
impôt.
2
0. INTRODUCTION GENERALE
Tous les pays sont considérés comme des
entreprises qui arrêtent des objectifs à atteindre afin de
procurer à leurs partenaires des biens et services de qualité.
L'atteinte de ces objectifs est subordonnée à la
disponibilité des ressources financières.
Cependant, la plupart des pays pauvres dont fait partie le
Burundi sont confrontés à l'insuffisance des moyens permettant
d'assurer à leur population les services de base1 et leurs
budgets sont structurellement déficitaires. Le financement du budget est
assuré en partie importante par les ressources extérieures; les
ressources intérieures proviennent des contributions des agents
économiques (résidents) via la fiscalité comme le
soutiennent les termes de Richard Bird cité par Hakizimana
(1999)2.
Cette assertion de Richard Bird apporte aussi un appui chez
Kirschen et al. (1967) repris par Bashirahishize (1999). Selon cet
auteur, afin d'atteindre leurs objectifs, les gouvernements disposent d'une
gamme d'instruments qui peuvent être :Les instruments de monnaie et de
crédit. Ici, on énonce les emprunts et les prêts publics,
les opérations sur la dette existante, les instruments du taux
d'intérêt, les instruments agissant sur la création du
crédit bancaire, les instruments agissant sur les prêts et les
emprunts des autres agents. De plus on compte sur les instruments du taux de
change, les instruments de contrôle direct, les instruments des finances
publiques (les instruments des dépenses publiques et les instruments des
recettes publiques). Dans le cas qui nous préoccupe ici, c'est le
dernier instrument qui nous intéresse le plus, d'où la
formulation de notre sujet de recherche intitulé EFFETS DE
L'INFLATION SUR LA FISCALITE BURUNDAISE: Evaluation à l'aide d'un
Modèle à Correction d'Erreurs (1990-2011).
1Nourriture, santé, scolarisation,
sécurité, infrastructures de production, etc.
2Lorsqu'il dit que le système fiscal est un des
instruments les plus importants de la politique du développement dans
tout le pays.
3
0 .1. Motivation et choix du sujet
La connaissance quantitative des effets des variables qui
expliquent les recettes fiscales dans une économie constitue la
première réussite pour pouvoir connaître avec une certaine
précision quelle politique économique faut-il faire et sur quel
instrument faut-il concentrer le plus d'effort. Au Burundi, les recettes
fiscales constituent une part importante dans la couverture des dépenses
publiques. Parmi ces dépenses, il y en a celles qui sont
récurrentes occasionnant la sortie des fonds dont le montant a tendance
à s'accroître alors que le montant des recettes fiscales est
fonction de la conjoncture économique du pays. L'exiguïté de
l'assiette fiscale et l'inflation grandissante affectent d'une manière
ou d'une autre les recettes fiscales, ce qui occasionne les écarts entre
les prévisions et les réalisations.
Les recettes fiscales devraient donc être stables et
protégées de l'érosion inflationniste afin de permettre au
gouvernement d'atteindre les objectifs arrêtés.
0.2. Problématique et hypothèse de
travail
Le Burundi, pays sous développé, connaît
un déficit budgétaire structurel depuis une longue
période. Le financement du budget de l'Etat se fait au moyen des
recettes publiques dont les recettes fiscales qui sont basées sur une
assiette imposable réduite ainsi que les fonds en provenance de
l'extérieur et l'emprunt intérieur. Les fonds extérieurs
n'étant pas toujours exempts de conditionnalités.
A côté de cette exiguïté de
l'assiette fiscale, le Burundi a connu et connaît jusqu'aujourd'hui un
taux d'inflation croissant qui n'est pas sans conséquences sur
l'économie nationale et sur les recettes fiscales en particulier. En
effet, l'Etat est à la fois consommateur et investisseur comme nous
explique Nyandwi (2004) et, selon cet auteur, la hausse des prix entraîne
l'élévation des dépenses publiques et donc,
l'accroissement du déficit. Les dépenses publiques étant
établies sans anticiper le comportement inflationniste, les
retombées sont prévisibles. Tous ces éléments
ci-haut évoqués nous ont suscité l'interrogation
suivante:
4
Quelle est l'incidence de l'inflation sur la fiscalité
burundaise ? Pour répondre à cette question, nous sommes parti de
l'hypothèse suivante :
A long terme, l'inflation qui est une hausse
généralisée, cumulative et autoentretenue des prix, a une
influence négative sur les recettes fiscales, ceteris paribus.
0.3. Démarche méthodologique
Le présent travail exige une lecture fouillée et
bien documentée. C'est pourquoi nous faisons l'aperçu de la
littérature existante ainsi que les travaux antérieurs
malgré leur effectif très restreint. Ainsi donc, pour la partie
théorique de ce travail, nous nous sommes servis des ouvrages et revues
écrits par des auteurs variés, ayant traité les
thèmes plus proches au nôtre.
A cet effet, la bibliothèque de la Faculté des
Sciences Economiques et Administratives de l'Université du Burundi,
celle de le Banque Centrale et de l'IDEC nous ont servi d'une source
importante. Les sites internet ont été aussi consultés
afin de recueillir les idées variées.
0.3.1. Délimitation du sujet, les données et
leurs sources
Cette étude est menée spécifiquement sur
le Burundi et les estimations que nous avons faites sont basées sur des
données annuelles couvrant une période de 22 ans,
c'est-à-dire de 1990 à 2011. Après ce stade, nous avons
procédé à la collecte des données utiles à
notre travail auprès des institutions susceptibles de fournir des
données fiables.
Ici, nous citons l'ISTEEBU, la BRB, et le Ministère des
finances. Ces données concernent essentiellement les séries
suivantes :
Les recettes fiscales, l'indice des prix à la
consommation, le produit intérieur brut, les dépenses
publiques.
5
0.3.2. Méthodologie d'analyse
Pour éviter de tirer des conclusions fallacieuses, nous
nous sommes appuyé à l'outil économétrique qui est
à notre disposition avec le logiciel EVIEWS 5.0 pour faire des tests
nécessaires. Dans notre modèle, nous testons d'abord la
stationnarité (ou la non stationnarité) des séries.
Pour le cas présent, nous utilisons les tests de
Dickey- Fuller Augmenté (Augmented Dickey-Fuller ou ADF) et de Phillips
et Perron. Ensuite, nous avons analysé les relations de long terme (test
de coïntégration) entre les séries et enfin, nous avons
procédé par l'estimation du modèle à correction
d'erreurs. Nous avons envisagé également d'appliquer les tests
complémentaires servant à diagnostiquer la stabilité du
modèle sur toute la période ainsi que les tests de diagnostic sur
les résidus. Ici, nous nous bornons aux tests de CUSUM et CUSUM of
SQUARES ainsi que le test de Breusch-Godfrey et celui de White.
Pour le cas de tester la relation de cointégration,
nous suggérons l'existence de deux méthodes pour le test :
Application des différents tests de racine unitaire (ADF, P.P.) sur les
résidus en vérifiant l'existence de la stationnarité en
niveau.
0.4. Articulation du travail
Notre travail de recherche est scindé en trois
chapitres. Le premier se focalise sur les généralités sur
les variables citées. Il s'agit de comprendre et d'expliquer les
concepts clés et certaines relations théoriques entre les
variables. Dans le second chapitre, nous présentons les données
recueillies et leur comportement (évolution) durant la période
sous étude. Quant au dernier chapitre, il est consacré à
l'analyse économétrique pour vérifier la
véracité de l'hypothèse. Ce sera donc le moment de
confirmer ou d'infirmer notre hypothèse.
Enfin, nous clôturons notre travail par une conclusion
générale dans laquelle nous émettons quelques
recommandations.
6
CHAPITRE I. APPROCHE THEORIQUE SUR LA FISCALITE ET
L'INFLATION
Introduction
Tous les pays en voie de développement ont en commun le
problème de ressources pour financer les investissements productifs,
répondre aux besoins des populations et assurer la soutenabilité
dynamique des finances publiques. Actuellement, il est évident que la
tendance pour les pays développés est de diminuer ou maintenir en
stagnation les aides publiques alors que tous les gouvernements sont dans la
voie d'atteindre les objectifs du millénaire pour le
développement (OMD) qui nécessitent des moyens techniques et
financiers suffisants.
A cet effet, tous les gouvernements doivent être en
mesure de cibler les sources de financement et renforcer les capacités
de mobilisation de ressources qui sont à leur portée ; ils
doivent savoir en leur esprit qu'il existe une différence notable entre
les pays en développement et les pays industrialisés portant sur
le poids des prélèvements. Cela transparaît chez
Bénassy et al. (2004) en citant les propos de Fjesldstad et
Rakner (2003) où il énonce que les pays en développement
font face à un triple problème :
Premièrement, ils ont un besoin aigu de revenu pour
fournir les services publics de base, notamment en matière
d'éducation et de santé ;
Ensuite, ceux qui détiennent le pouvoir politique et
les ressources sont peu nombreux, sont réticents à payer les
impôts et ont les moyens d'y échapper ;
Enfin, la clef de la collecte fiscale est la coercition,
très inégalitaire car elle frappe davantage les plus pauvres, or
ces derniers ont très peu de ressources à partir desquelles payer
les impôts et chercher à y échapper. Ces différents
problèmes auxquels les pays pauvres font face s'installent suite
à l'absence de l'équité fiscale. Les dirigeants
devraient donc s'inspirer de l'avis de Moubachir (2007, p.51) qui affirme
à cet égard que « il y a, entre l'impôt et les
dépenses, une relation tellement étroite que l'on peut dire que
la dépense d'intérêt général est le fondement
et la mesure de l'impôt moderne ».
7
Conçu comme le terme général
désignant l'ensemble des réglementations concernant les
impôts, la fiscalité est le meilleur moyen du financement du
budget. Ainsi, pour couvrir le budget, divers types de son financement existent
; entre autre l'emprunt intérieur, l'emprunt extérieur, avances
de la Banque centrale, l'imposition, les dons, etc.
En ce qui est du financement par l'emprunt intérieur,
pour le cas du Burundi, elle ne parvient pas à la satisfaction de la
couverture du budget et cette voie provoque le plus souvent des distorsions par
l'effet d'éviction en défaveur du secteur privé ;
c'est-à-dire que le secteur privé manque des fonds pour investir.
Pour cela, beaucoup de pays recourent le plus souvent à l'emprunt
extérieur. Celui-ci présente l'avantage de l'entrée des
devises ainsi que la levée des tensions inflationnistes. Cependant,
cette voie permet aux générations présentes de faire
répercuter la charge de paiement de la dette sur les
générations futures. Le recours à la banque centrale par
la création monétaire est le moyen dont dispose certains
pays3 et n'a pas de coût comme l'endettement extérieur
exige les intérêts. C'est la banque centrale qui se charge de
réguler cette procédure en agissant sur la quantité de la
masse monétaire à faire circuler à travers les agents
économiques. Ici, on doit savoir que la grande masse monétaire en
circulation qui ne correspond pas à la production ne fait qu'occasionner
l'inflation.
Une autre alternative pouvant servir le pays à financer
son budget est l'accumulation des arriérés. Celle-ci, lorsqu'elle
concerne les arriérés internes, provoque des effets pervers du
fait qu'elle entraîne une baisse des revenus des ménages et la
faillite des entreprises locales faisant accroître le chômage. Si
cette accumulation concerne les arriérés extérieurs, la
conséquence primordiale est le paiement des intérêts de
retard ainsi que la perte de la crédibilité envers les pays
prêteurs. Enfin, la fiscalité est jugée comme meilleur
moyen de se procurer des ressources de financement en adoptant les taux
optimaux d'imposition. Certains pays sont le plus souvent contraints de
rehausser le taux d'imposition pour avoir des recettes fiscales suffisantes.
3 Les pays ayant fait l'union monétaire ne
peuvent pas recourir à cette opération sans accord de la Banque
centrale commune
8
Toutefois, le montant des recettes attendues de cette hausse
du taux d'imposition peut ne pas être atteint comme l'affirme la
thèse selon laquelle « trop de taux tue les totaux »
illustrée par la courbe de Laffer; mais cette dernière doit
être bien maîtrisée pour ne pas entraîner
l'inflation.
Section 1 : Fondements théoriques de la
fiscalité
I.1.1. Origines de l'impôt
Comme le montre Ardant (1971), l'idée de l'impôt
est née dans l'Antiquité dans le proche Orient et autour de la
Méditerranée. En effet, lors des conquêtes de l'Irak et de
la Syrie, les combattants étaient devenus mécontents de la part
qui leur revenait après avoir conquis les terres et furent
emportés par le désir de se partager ces dernières.
Cependant, le Calife Omar leur expliqua qu'il s'agit d'une
politique de courte vue ne pouvant satisfaire aux conquérants. Il a
montré comment ils peuvent tirer profit de la population conquise par
paiement d'impôt foncier et une capitation. L'impôt a alors vu le
jour lorsque les conquérants ont aboli le prélèvement
désordonné pour céder la place à la perception du
tribut. Les égyptiens et les perses eux, ont profiter la bonne heure
pour créer des protectorats en assurant un minimum de protection et un
minimum de liberté aux pays conquis. C'est ainsi que le pillage fut
transformé en redevance ; mais les paysans des terres conquises voyaient
que c'est la persistance du pillage par le fait qu'il n'y avait pas de
procédures ni de contrepartie, d'où désespoir pour le
produit de leur travail.
Le remède à cette situation a été
de proportionner le prélèvement aux ressources de celui qui le
subit. Cela a permis à l'Etat de disposer des biens
(éventuellement la monnaie) avec lesquels il achètera ce dont il
a besoin au moment où il en aura besoin. Via cette voie, l'individu ne
risque pas d'être dépourvu de ce à quoi il tient le plus.
Il peut sacrifier les biens auxquels il est le moins attaché. Il se met
alors au travail en vue de se procurer de quoi payer, ce qui devient alors
l'impôt.
9
Postérieurement à l'antiquité, le
français Turgot qui était adepte de l'école classique
s'est efforcé de démontrer que la corvée était
moins efficace que l'impôt en avançant les arguments de son
école.
I.1.2. Théories explicatives des fondements de
l'impôt
Dans le monde moderne, il n'existe aucun gouvernement sans
impôts car les ressources fiscales permettent à chaque
gouvernement de financer ses projets. Comme le met en évidence le
paragraphe précédent, le prélèvement fiscal date de
l'antiquité mais a été légitimé au cours de
la période et il y a des théories permettant de justifier le
prélèvement fiscal effectué par les gouvernements. Ainsi,
l'impôt est compris comme contrepartie des services rendus par l'Etat.
Sur base de cette théorie, l'impôt est la contrepartie ou le prix
des services rendus par l'Etat, une sorte de prime, d'assurance payée
par les citoyens pour jouir en sureté de leurs droits. Ce premier
fondement de l'impôt sème alors la confusion pour la distinction
entre l'impôt et la taxe pour autant que l'impôt soit défini
comme prélèvement obligatoire sans contrepartie
déterminée alors que la taxe se définit comme la
contrepartie d'un service rendu par les administrations. Par voie de
conséquence, la taxe dispose une contrepartie qui est
déterminée. De plus, l'impôt est considéré
comme expression de la solidarité. Considéré au même
degré que la défense du territoire qui consiste à ce que
ceux qui sont capables de défendre le territoire le font au profit de
tous, l'impôt est l'expression d'une solidarité nationale qui
consiste à ce que les uns paient l'impôt profitable pour tous.
L'impôt permet alors de réaliser une redistribution
nécessaire à une certaine paix sociale.
Selon la thèse classique sur les fondements du
prélèvement de l'impôt, il y a eu beaucoup de controverses
et d'opposition sur le bien-fondé du prélèvement de ce
dernier.
10
Gaudement (1977, p.104) considère l'impôt comme
« le prix des avantages que la société procure aux
individus » ; le même auteur poursuit : « les revenus
de l'Etat sont une portion que chaque citoyen donne de son bien pour avoir la
sureté de l'autre ou pour en jouir agréablement ».
D'après cette thèse, l'objectif du prélèvement
fiscal n'est autre que la couverture des dépenses publiques sans avoir
d'influence économique.
Selon la thèse classique, il n'y a aucun
intérêt pour les citoyens de continuer à subir des
prélèvements qui n'ont aucun avantage sur le niveau
économique pour le pays en général et pour le contribuable
en particulier.
Ainsi donc, cette neutralité absolue de l'impôt
n'a plus de sens de nos jours car l'imposition vient alourdir les prix et
diminuer le pouvoir d'achat des citoyens. Cela a donné alors naissance
à la thèse moderne.
La thèse moderne est celle qui considère
l'impôt non seulement comme moyen de financer le budget national mais
aussi comme ayant un rôle important sur le volet économique et
social. L'impôt constitue une source de moyens d'investissement public en
appuyant le secteur privé car il est évident qu'il y a des
secteurs d'investissement pour lesquels les investisseurs privés sont
réticents dans la réaction. Il s'avère alors très
important de considérer un système fiscal comme un tout et de
l'appliquer de sorte qu'il soit capable de donner à l'économie
des impulsions souhaitables (Nzitonda, 2011).
Un autre aspect important dans la thèse moderne,
à côté du caractère économique, est le
rôle de justice sociale. Pour ce cas, le système fiscal le plus
juste est celui qui mesure l'imposition par rapport aux ressources et aux
charges de chacun.
L'impôt peut aussi être vu comme la participation
aux charges publiques en fonction des facultés contributives et comme
expression de la souveraineté. Pour le premier point, concernant
l'impôt considéré comme participation aux charges
publiques, les sujets d'un Etat doivent contribuer au soutien du gouvernement,
chacun le plus possible, en fonction de ses facultés,
c'est-à-dire en proportion du revenu dont il jouit sous la protection de
l'Etat.
11
Quant au second, l'on sait d'abord par définition que
l'impôt est défini comme prélèvement
pécuniaire par voie d'autorité, à titre définitif
et sans contrepartie. Il est la manifestation de la souveraineté de
l'Etat ou l'absolue nécessité du consentement des contribuables,
consentement exprimé, à la suite d'un débat contradictoire
par le biais de leurs représentants (Assemblée Nationale).
Cependant, ces théories justifiant les fondements de
l'impôt connaissent des limites et sont critiquées. Concernant la
thèse selon laquelle l'impôt est la contrepartie des services de
l'Etat, Hayek (1989) intervient sur le fait que chaque contribuable soumis
à l'impôt devrait savoir exactement quelle somme il doit verser et
à quelles dépenses publiques ce prélèvement
servira.
Ainsi, chaque citoyen devrait savoir à quelle hauteur
il devra financer un projet public qui lui semble intéressant. C'est
ainsi que dans le 3ème Tome de Droit, Législation et
Liberté, Hayek aborde l'analyse coût-avantage à laquelle
tout contribuable devrait pouvoir procéder pour décider de la
charge fiscale dont il est prêt à s'acquitter.
A propos du caractère de solidarité nationale
que revêt l'impôt, cette thèse dépasse du collectif
à l'individuel. Les prélèvements obligatoires comprenant,
en plus des impôts, les cotisations sociales, sont une manifestation de
cette thèse. De même, en cas de catastrophe naturelle, les
citoyens sont souvent appelés à verser des contributions de
solidarité. La solidarité n'implique pas un droit individuel sur
la communauté en cas de renversement de la situation. Ainsi par exemple,
un contribuable qui paie des impôts pendant les années de
prospérité ne pourra pas réclamer d'être pris en
charge s'il vient de perdre toute la fortune pour une raison ou une autre, sauf
dans les pays développés ou on a mis en place des systèmes
fiscaux avec une technique de carry back4 ou de report en
arrière pour une certaine catégorie de contribuables dont la
situation a subi un retournement.
4Il s'agit d'une technique introduite
dans certains pays aisés permettant le remboursement d'une partie des
impôts payés précédemment, en cas de retournement de
la situation.
12
En ce qui est de l'impôt considéré comme
une participation aux charges publiques en fonction des facultés
contributives, cette théorie est celle qui a beaucoup influencé
la pensée fiscale contemporaine traduite par la progressivité des
taux d'imposition en fonction du volume des revenus imposables, la franchise ou
encore la faible imposition des régimes forfaitaires. Enfin, dans la
thèse de l'impôt, expression de la souveraineté, ce sont
des représentants de l'opinion majoritaire qui consentent à
l'impôt.
Cependant, le consentement à l'impôt par la
majorité, qui confère à l'impôt un pouvoir de
contrainte le rendant obligatoire à tous, ne traduit pas le consentement
à l'impôt par chacun des contribuables fait individuellement.
Encore plus, l'impératif de rechercher une
complexité fiscale dictée par la globalisation de
l'économie ainsi que l'adhésion aux accords de
libre-échange limitent la souveraineté d'action des
législateurs nationaux et limitent par-là même l'expression
de la souveraineté fiscale.
I.1.3. Etablissement et qualités de
l'impôt
I.1.3.1. Etablissement de l'impôt
Quatre principes doivent gouverner l'établissement de
l'impôt selon Smith (1776) : La commodité pour les contribuables,
économie dans la perception, équité dans la
répartition du poids de l'impôt et efficacité,
c'est-à-dire la rentabilité pour l'Etat.
Malgré les principes de Smith, l'établissement
de l'impôt connaît trois problèmes majeurs : il faut d'abord
savoir sur quoi porte l'impôt (c'est-à-dire le problème de
l'assiette fiscale), ensuite la manière par laquelle il faut
procéder pour calculer le montant de l'impôt (problème de
liquidation) et le dernier est lié aux modalités de paiement de
l'impôt (problème de recouvrement).
13
La détermination de l'assiette fiscale : l'assiette de
l'impôt consiste à déterminer la base imposable, il s'agit
d'une opération visant à rechercher, qualifier et évaluer
la matière imposable pouvant être le revenu,
bénéfice, les plus-values, etc. Ainsi, l'impôt doit
s'appliquer à la matière imposable.
La liquidation de l'impôt : à la base imposable,
on applique un taux d'imposition ou un tarif. Il s'agit du calcul du montant
que le contribuable est obligé de verser à l'Etat.
Le taux d'imposition est le ratio entre le montant
versé en impôt ou taxe et la valeur hors taxes et impôts des
consommateurs ou revenus d'un (des) individu(s) cible des impôts. Il est
d'environ 40% sur les bénéfices des sociétés au
Burundi (Ndayizeye, 2011).
Le recouvrement : cette opération consiste à
percevoir l'argent sous forme d'impôt, opération effectuée
par le comptable de la comptabilité générale. L'argent des
impôts passe par la main du contribuable au patrimoine de l'Etat.
I.1.3.2. Qualités de l'impôt
Bouvier (2004, p.213) distingue quatre caractéristiques
de l'impôt que sont la productivité, la modération des
taux, la stabilité et l'élasticité.
Par productivité, on veut dire que l'impôt doit
rapporter plus par rapport aux frais utilisés pour sa perception. La
modération des taux signifie que le taux d'imposition doit être
fixé de telle sorte que les contribuables ne tentent pas de faire
l'antifiscalisme basé sur la fraude et l'évasion fiscales. La
stabilité qui veut que, malgré des cas de variation de la
matière imposable, l'impôt ne doit pas suivre ces variations. Il
doit être stable.
Enfin, la qualité d'élasticité se
présente surtout pour le cas d'impôt direct payé par les
consommateurs d'un bien. Lorsque l'impôt payé sur la consommation
des biens ou produits augmente, les vendeurs vont réduire la
quantité de ces biens ou produits susceptibles d'être vendus.
14
I.1.4. Principales catégories d'impôts
On distingue l'impôt direct et l'impôt indirect :
l'impôt direct est assis sur des données constantes (le revenu ou
le capital, ce qui permet la perception à intervalles réguliers,
en principe chaque année). Par contre, l'impôt indirect est assis
sur des faits intermittents, des ventes et sa perception continue tout au long
de l'année. Bénassy (2004, p.442) nous fait une classification
d'impôts.
La définition administrative que cet auteur nous
fournit révèle que l'impôt direct est celui qui frappe
directement un revenu ou un bien, du seul fait qu'une personne dispose de ce
revenu ou de ce bien.
Selon le même auteur, les impôts qui entrent dans
cette catégorie pour les ménages sont : l'impôt sur le
revenu, les taxes sur le patrimoine(les taxes foncières, impôt sur
la fortune). Pour les entreprises, les impôts directs sont par exemple
l'impôt sur les sociétés (IS) et les impôts locaux
comme taxe professionnelle. L'impôt indirect touche, au contraire,
indirectement les facultés contributives, car il n'est
prélevé sur le contribuable que lorsque ce dernier effectue une
dépense ou utilise son revenu (TVA, par exemple).
Cette distinction est très importante sur le volet
psychologique car, les impôts directs sont fortement ressentis par les
contribuables, par opposition aux impôts indirects qui sont
incorporés dans les prix et répercutés le plus souvent sur
les consommateurs.
Par ailleurs, la distinction entre redevable et contribuable
apporte une autre sorte de distinction entre l'impôt direct et
impôt indirect : le redevable est celui qui doit verser le montant de
l'impôt au trésor public. Cependant avec l'impôt direct, le
redevable est en même temps le contribuable, et par contre, avec
l'impôt indirect le redevable est différent du contribuable.
15
I.1.5. Distinction entre impôt et taxe
Il existe une confusion terminologique faite par beaucoup de
gens et surtout dans le monde des profanes. Cependant, ces deux notions sont
distinctes et cette différence nous est révélée en
partant des définitions longtemps émises de ces deux concepts.
D'après Moubachir (2007, p.13) :«
L'impôt peut être défini comme un
prélèvement pécuniaire, de caractère obligatoire,
effectué par voie d'autorité, à titre définitif,
sans contrepartie déterminée, en vue d'assurer le financement des
charges publiques de l'Etat, des collectivités territoriales et des
établissements administratifs ».
De par cette définition, il ressort six
caractéristiques à savoir : un prélèvement
pécuniaire, un prélèvement de caractère
obligatoire, un prélèvement effectué en vertu des
prérogatives de puissance publique, un prélèvement
effectué à titre définitif, un prélèvement
effectué sans contrepartie déterminée, un
prélèvement destiné à assurer le financement des
charges publiques de l'Etat, des collectivités territoriales et
établissements publics administratifs. Parmi ces
caractéristiques, il y en a deux qui ont attiré l'attention de
Moubachir (2007) ; il s'agit de l'absence de contrepartie
déterminée et le financement par l'impôt de l'ensemble des
charges publiques.
Ainsi, l'absence de contrepartie permet de détacher la
taxe de l'impôt en ce sens que la taxe est définie par Moubachir
comme prélèvement perçu en contrepartie de l'utilisation
d'un service public ou d'un ouvrage public ou comme un
prélèvement établi en contrepartie d'un service mis
à la disposition du redevable et perçu au profit de l'Etat ou
d'un établissement public administratif. Concernant l'autre
critère de distinction entre ces deux concepts, la couverture de
l'ensemble des charges publiques constitue le fondement de la mesure des
impôts au moment où la taxe a une vocation à assurer le
financement intégral ou non des dépenses occasionnées par
un service déterminé. Selon Ndorere (2007), quoique ces deux
concepts diffèrent, aujourd'hui les deux concepts (impôt et taxe)
sont utilisés indistinctement aussi bien par les théoriciens que
les praticiens.
16
I.1.6. Impôt et l'investissement privé
Au moment où l'investissement privé procure des
ressources importantes dans recettes fiscales, l'impôt n'est pas toujours
favorable à cet investissement. L'investissement privé
étant indissociable de l'épargne privée, Radelet et
al. (2008) souligne que certaines études prouvent que
l'impôt conduit le comportement de la consommation du secteur
privé vers la réduction, avec nul effet sur l'épargne pour
les pays en développement mais il signale aussi que d'autres ont abouti
à une conclusion que le degré de substituabilité entre
l'épargne privée et l'impôt est très
considérable. Pour cela Radelet et al. (2008) explique que les
effets sur l'épargne des différents impôts ne sont pas de
même degré.
Selon Radelet et al. (2008, p.525) : «
L'impact d'impôts différents sur la capacité
d'épargne ne sera pas le même. Tandis que le
prélèvement de lourds impôts sur la vente d'articles de
luxe, élastiques par rapport aux prix, réduira les taux de
croissance de leur consommation, la forte imposition des revenus des
sociétés risque, dans une large mesure, de réduire une
épargne des firmes que celles-ci auraient pu investir dans leurs
affaires. »
De ce qui précède, il est appréhensible
que l'impôt peut contribuer négativement pour les investisseurs
privés.
Dans un autre angle d'observation, étant donné
que l'épargne est le résidu de la consommation(le revenu qui
n'est pas consommé est épargné), la réduction de la
consommation qui est due à l'impôt élevé peut
être orientée vers l'investissement.
I.1.7. Impositions contributo-compensatives versus
impositions contributives
L'apport de Moubachir (2007) est indéniable pour ce
sujet de distinction entre impôt et taxe, car il a mis en évidence
deux nouveaux concepts d'imposition. Il s'agit des impositions
contributo-compensatives et les impositions contributives.
Les impositions contributo-compensatives empruntent à
la taxe la notion de contrepartie, et à la redevance, la notion
d'équivalence.
17
En effet, ces impositions constituent un mode de
répartition des dépenses déterminées non pas selon
les facultés contributives des individus, mais par la
nécessité de mutualiser des coûts en contrepartie d'une
obligation collective d'intervention. Elles interviennent pour compenser les
effets négatifs sur l'environnement ou l'aménagement du
territoire. Au contraire, les impositions contributives contribuent au
financement des dépenses d'intérêt général
à finalité sociale ou économique et, à ce titre,
sont généralement affectées à des
établissements publics, fonds ou organismes.
I.1.8. Impôt sur le revenu, impôt sur le
capital et impôt sur la dépense
I.1.8.1. Impôts sur le revenu
Selon Capul (2008), l'impôt sur le revenu est un
impôt progressif versé par les personnes physiques sur l'ensemble
des revenus qu'elles ont perçus durant une année. Cet impôt
porte sur le revenu net imposable (assiette) qui est calculée en faisant
la somme des tous les revenus (salaires, pensions, bénéfice de
l'activité individuelle ou libérale, revenu immobilier, revenus
de l'épargne, etc.). Il s'agit d'un impôt progressif car le taux
d'impôt n'est pas unique, mais s'accroît avec l'augmentation du
revenu imposable. Cet impôt a une part très considérable
dans les recettes totales dans les pays les plus industrialisés tandis
que, au contraire, cet impôt est presque inexistant dans les pays
sous-développés.
Mankiw (1998) montre que cet impôt a un impact dissuasif
sur l'épargne. Il poursuit en disant que la forte taxation des revenus
décourage l'épargne alors que le taux d'épargne d'un pays
est un facteur clé de sa prospérité économique
à long terme. Cet auteur ne laisse pas de condamner la double imposition
de certains revenus de l'épargne ; il s'agit, cette fois- ci des agents
économiques qui achètent des actions dans une entreprise devant
ainsi payer l'impôt sur les sociétés et qui subissent
également un autre impôt sur les dividendes perçus.
18
I.1.8.2. Impôts sur le capital
Ces impôts frappent les biens appartenant au
contribuable, c'est-à-dire son patrimoine quelle que soit la forme sous
laquelle ils se présentent : immeubles, terres, valeurs
mobilières ou biens mobiliers, etc.
I.1.8.3. Impôts sur la dépense
Ce type d'impôt s'abat sur le revenu consommé,
c'est-à-dire tous les achats qui sont effectués par le
consommateur. Ils sont incorporés dans les prix des produits ou des
services et sont donc supportés par l'acheteur du fait qu'ils viennent
s'ajouter au prix.
Cependant, c'est le commerçant ou l'industriel qui
assurent la collecte des impôts et qui versent leur montant au fisc.
I.1.9. Effets de l'impôt sur le bien-être des
agents économiques
A côté des difficultés apparentes dans
l'établissement de l'impôt, on ne peut pas négliger son
incidence sur le bien être des agents économiques. Dans ce
point-ci, il faut distinguer les effets d'une taxe aussi bien sur les acheteurs
et les vendeurs que sur le gouvernement. Le bien-être des acheteurs est
mesuré par le surplus du consommateur, c'est-à-dire la somme que
les acheteurs sont prêts à consacrer à l'achat d'un bien,
diminué du prix effectivement payé ; tandis que le
bien-être du vendeur est appréhendé sur base du surplus du
producteur, c'est-à-dire la somme perçue par les vendeurs d'un
bien, diminué des coûts de production. Pour le gouvernement, on ne
peut pas parler du bien-être car, n'étant pas un individu, mais
joue un rôle non négligeable.
19
Graphiquement, Mankiw illustre comment la taxe affecte les agents
:
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction3.png)
Prix
Offre
Q2
Q1
Quantité
A
PB
B C
P1
E
Demande
PS
D F
Où :PB= Prix payé par les acheteurs
: P1= Prix hors taxe
:PS= Prix perçu par les vendeurs
Source :Mankiw (1998, p.211)
Sur ce graphique, la taxe réduit les surplus du
consommateur (B+C) et du producteur (D+E) plus qu'elle n'accroît la
recette fiscale (B+D). La différence, appelée perte sèche
générée par la taxe, est représentée par la
surface C+E. En l'absence de la taxe, le prix et la quantité
d'équilibre se trouvent à l'intersection de deux courbes. Le prix
est P1, la quantité vendueQ1.Comme la courbe de demande
reflète la volonté d'acheter des acheteurs, le surplus du
consommateur est la surface comprise entre la courbe de demande et le prix,
soit A+B+C. De la même façon, parce que la courbe d'offre
reflète les coûts supportés par les vendeurs, le surplus du
producteur est la surface comprise entre le prix et la courbe d'offre, soit
D+E+F. En l'absence de la taxe, la recette fiscale est évidemment
égale à zéro.
20
Le surplus total qui est la somme des surplus du consommateur
et du producteur, est représenté par la surface entière,
soit A+B+C+D+E+F. En présence de la taxe, le prix payé par les
acheteurs s'élève et devient PB, de sorte que le surplus du
consommateur est réduit à la surface A. Le prix perçu par
les vendeurs descend pour s'établir à PS, et le surplus du
producteur est réduit à la surface F. La quantité vendue
baisse de Q1 à Q2. Le gouvernement perçoit une recette fiscale
égale à la surface B+D. En présence de la taxe, le surplus
total est égal à la somme des surplus du consommateur et du
producteur et de la recette fiscale. Ce surplus total est donc égal
à la surface A+B+D+F.
I.1.9.1. Analyse comparative du bien-être
Sur base de cette figure ci haut, on peut maintenant mesurer
l'impact de la taxe en comparant le bien-être avant et après
l'apparition de la taxe. Du fait de la taxe, le surplus du consommateur diminue
de la surface B+C, et le surplus du producteur diminue de la surface D+E. La
recette fiscale augmente de la surface B+D. La taxe pénalise alors
à la fois les acheteurs et les vendeurs et favorise le gouvernement.
Ce graphique montre que si le taux de taxation continue
à augmenter, il y a une phase où la recette fiscale commence
à diminuer par le fait qu'une taxe élevée entraîne
une réduction de la taille du marché (car elle affecte les
offreurs et les demandeurs). Donc une taxe élevée ne rapporte
rien au gouvernement car personne n'achèterait ni vendrait le
produit.
D'après certains auteurs, l'existence des impôts
affecte les décisions individuelles. Pour Mankiw (1998, p. 320) «
Si les le gouvernement décide de lever une taxe sur les cornets de
glace, les gens en mangeront moins et mangeront plus de yaourts glacés.
Si le gouvernement taxe les habitations, les gens vivront dans les petits
logements et dépenseront davantage de ressources dans d'autres biens. Si
le gouvernement taxe fortement les revenus du travail, les gens travailleront
moins et prendront plus de loisirs. ».
Cette idée de Mankiw (1998) montre que, dans la
structure de recettes fiscales, on doit mettre une attention
particulière sur les ressources en provenance de l'imposition du revenu
qui peut avoir des effets négatifs sur le rendement du travail. Le fait
que l'imposition affecte fortement les revenus entraîne la
conséquence pour les agents de ne plus attacher une importance
très particulière au travail car le revenu émanant de ce
dernier étant érodé par l'imposition. Ils peuvent faire
une substitution entre le travail et le loisir, ce qui constitue des effets
néfastes pour l'économie.
Comme les impôts affectent les comportements, ils
génèrent de pertes sèches. Les pertes sèches sont
définies par Mankiw (1998, p.320) comme « la diminution du
bien-être du contribuable non compensée par une augmentation de
revenu pour le gouvernement. Autrement dit, c'est la baisse de
l'efficacité liée au fait que les gens allouent des ressources en
fonction des incitations fiscales et non plus en fonction de vrais coûts
et bénéfices des biens et services consommés. »
Tous ces arguments prouvent alors le fondement de la courbe de Laffer qui
traduit que « Trop de taux tue les totaux ». D'après Arthur
Laffer, l'accroissement du taux d'imposition n'entraîne pas
nécessairement une hausse parallèle des recettes de l'Etat.
Schématiquement, la courbe de Laffer se présente de la
manière suivante :
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction4.png)
t1 t* t2 t3
Taux de fiscalité
Rendement de l'impôt
0
R*
R
21
Source : Duthil et Marois (1997, p.56)
22
De par ce graphique, la fiscalité est
caractérisée par une zone de rendement décroissant avec
les taux d'imposition et une zone de rendement croissant avec les taux
d'imposition. Au taux zéro, les recettes fiscales sont nulles.
Entre 0 et t', l'accroissement du
taux d'imposition favorise l'augmentation des recettes fiscales car c'est une
zone où les contribuables tolèrent la hausse du taux
d'imposition.
Au taux d'imposition t', les recettes fiscales sont
à un niveau maximum. Au-delà de t', les recettes
fiscales commencent à décroitre suite au comportement
adopté par les contribuables devant la lourdeur de l'impôt. Aux
taux t1 et t2, le rendement fiscal est identique mais la tendance
n'est pas la même car t2 se trouve dans la phase de décroissance
des recettes fiscales alors que en t1, le rendement est dans sa phase de
croissance. Au taux d'imposition t3, les contribuables sont
découragés et fuient l'impôt jusqu'à ce que la base
imposable devienne nulle. Le gouvernement n'a donc pas intérêt de
hausser le taux d'imposition au-delà de t' car la base
imposable diminue suite à évasion fiscale et la fraude
fiscale.
Nous comprenons que la notion de la perte sèche n'est
pas moins similaire à l'interprétation de la courbe de Laffer et
ne profite à personne parmi les agents économiques(les acheteurs,
les vendeurs et le gouvernement), d'où on va voir sa minimisation dans
le point qui va suivre.
Mais, avant d'entamer ce point, il s'avère plus utile
d'élucider la distinction entre ces deux notions de fraude fiscale et
évasion fiscale. Cette distinction réside dans le
caractère de légalité comme l'explique Bobe (1978). En
effet, la fraude fiscale est illégale alors que l'évasion fiscale
est légale. Cette illégalité de la fraude fiscale la rend
très difficile à connaître et à contrôler.
Bobe (1978, p.112) révèle que «
l'importance de la fraude fiscale, et les bénéfices qu'en
retirent diverses catégories de contribuables dépendent du
régime d'imposition, des moyens d'information et de recoupement de
l'administration fiscale ainsi que l'organisation et les méthodes de
contrôle fiscal. »
23
Cela peut servir dans l'explication de la fraude fiscale
importante dans les pays en développement où le secteur informel
n'est pas encore éradiqué. La corruption constitue aussi un
facteur favorisant dans la fraude fiscale. Parmi les raisons majeures de ce
comportement d'adopter la fraude fiscale, il y a la pression fiscale
élevée associée à une inégale
répartition de l'impôt entre les contribuables.
Quant à l'évasion fiscale, elle est
considérée comme supérieure à la fraude fiscale
suite à cette couverture par la loi ; c'est-à-dire qu'elle est
reconnue et permise. L'évasion fiscale est aussi prise en
considération lors l'appréhension du revenu (modes
d'évaluation et déductions diverses). Le cas d'évasion
fiscale habituel et appréhensible pour notre pays concerne les
exonérations.
En revanche, Bobe (1978, p.118) reproche autant à la
fraude qu'à l'évasion fiscale de l'immoralité en ces
termes : « si la fraude est condamnable du point de vue civique, et
l'évasion regrettable quant à la clarification des choix fiscaux,
elles ont toutes les deux pour inconvénients d'engendrer des
inégalités horizontales et verticales ; ce qui est contraire
à l'équité. »
Ces arguments de Bobe (1978) peuvent aussi servir dans les
justifications des détournements de commerce qui peuvent ruiner la
concurrence alors que cette dernière joue un très important en
matière commerciale.En effet, il y a risque que la fraude fiscale et
l'évasion fiscale s'entremêlent dans certains cas pratiques, et
c'est dans ces cas que le détournement du commerce peut avoir lieu.
Comme la notion de la perte sèche n'est pas moins
similaire à l'interprétation de la courbe de Laffer et ne profite
à personne parmi les agents économiques(les acheteurs, les
vendeurs et le gouvernement), nous allons voir sa minimisation.
24
I.1.9.2. Minimisation de la perte sociale
occasionnée par l'impôt
Pour essayer de maintenir cette perte sociale (ou perte
sèche) à un niveau relativement bas, Mankiw (1998) propose de
taxer là où offre et demande sont peu sensibles aux prix. Plus
précisément, le taux de taxation sur chaque marché doit
être inversement proportionnel aux élasticités-prix
compensées de l'offre et de la demande.
Pour lui, l'élasticité-prix compensée
désigne le taux de variation de l'offre ou de la demande lorsque le prix
varie de 1% à revenu constant (c'est-à-dire que l'on compense
forfaitairement la variation du revenu due à la variation de prix de
manière à éliminer l'effet revenu).
Landais (1998) quant à lui propose la procédure
de réduire les effets distorsifs des impôts en s'inspirant des
néoricardiens qui sont aussi favorables à l'attitude
budgétaire connue sous le nom de « lissage fiscal »
ou d' « approche équilibrée de la politique
budgétaire ». Cette attitude recommande de laisser le plus
possible les taux d'impôt constants, ceux-ci ne devant pas s'ajuster pour
couvrir les besoins temporaires liés à des variations de recettes
et de dépenses. C'est à cette condition que l'on minimise les
effets distorsifs des impôts et les coûts de transaction
associés à leur perception. Bref, pour les néoricardiens,
il est souhaitable de creuser des déficits en récession et de les
compenser par des excédents en période d'expansion.
I.1.9.3.Evaluation d'un système fiscal
Smith (1984) révèle qu'un système fiscal
peut être jugé selon nombreuses normes. Il évoque le fait
qu'un système fiscal doit procurer des recettes suffisantes, mais aussi
un système fiscal doit être équitable. Un système
fiscal devrait pour être efficace, être simple et moins
coûteux, cela veut dire qu'il faut minimiser ou réduire
définitivement le gaspillage et partant, moins d'inconvénients
possibles pour les contribuables et pour l'Etat. Un bon système fiscal
doit est censé réduire et non amplifier les fluctuations
économiques.
25
Section 2 : Relation théorique entre l'inflation
et la fiscalité
L'intérêt de la présente section est de
savoir comment s'entretiennent les interrelations entre ces deux variables,
autrement dit, si l'impôt a une influence sur le niveau des prix et
réciproquement. Mais avant de s'atteler à ces relations,
qu'est-ce que l'inflation, quelles sont ses origines, sa typologie, ses
conséquences, et son unité de mesure ?
En effet, l'évolution des prix est un
phénomène qui fait objet de préoccupation des
décideurs politiques et les économistes. Il s'agit donc d'un
indicateur prépondérant pour juger de la santé d'une
économie. L'inflation est une hausse généralisée et
durable des prix. Lorsque le prix d'un seul bien ou de quelques biens augmente,
il n'y a pas forcement d'inflation car les prix des autres biens peuvent ne pas
bouger, voire diminuer. L'inflation correspond alors à une hausse du
prix moyen de tous les biens et services. Mais, pour Capul (2008), il faut
aussi que ce mouvement de hausse de prix soit durable.
I.2.1. Causes de l'inflation
Les économistes distinguent plusieurs causes de
l'inflation :
L'inflation par la monnaie : cette conception voit
dans la hausse des prix le résultat d'une création
monétaire excessive. Cette explication est apparue depuis le XVI
ème siècle avec l'afflux des métaux
précieux d'Amérique provoquant une hausse des prix et fut
nommé « théorie quantitative de la monnaie ».
L'inflation d'origine monétaire émane donc d'une
croissance de la masse monétaire trop importante par rapport à la
croissance de la production.
L'inflation par la demande : ce type d'inflation
résulte du déséquilibre entre l'offre et la demande des
biens. C'est-à-dire que la demande excède l'offre des biens sur
le marché. Pour éradiquer l'inflation de ce genre, il faut
stimuler et accroitre la production.
L'inflation par les coûts : l'inflation de ce
type est déclenchée d'une part par la hausse des salaires qui
sont les coûts de production.
26
L'augmentation des salaires permet aussi de stimuler la
demande du fait que le revenu des ménages est accru mais cette
augmentation des salaires sera raflée par la hausse immédiate des
prix d'où le cercle vicieux. La poursuite du profit
(élément du prix) proportionnel à la hausse des salaires,
qui est habituellement un comportement rationnel pour une entreprise, prouve
que tous les éléments d'une hausse continue sont réunis.
Nous devons aussi signaler qu'il existe d'autres éléments de
coûts pouvant être inflationnistes comme les matières
premières et les taux d'intérêt.
Pour les matières premières, on suggère
le cas du pétrole qui est l'exemple le plus connu dans le monde. Quant
au taux d'intérêt, les frais qu'ils induisent peuvent
également accentuer l'inflation.
L'inflation par structure : ce type d'inflation est
conçu par Bezbakh (1990) comme celle qui est occasionnée par les
revendications salariales par les syndicats, la législation sociale,
globalisation en matière de revenus, validation par l'Etat des
créances privées.
L'inflation constitue donc un danger pour le niveau de vie des
agents ; il est alors de stricte nécessité de la combattre ou
à faire baisser son taux. Le taux d'inflation d'après Capul
(2008) correspond au taux de variation de l'indice des prix à la
consommation entre deux dates.
Supposons que l'indice est de 146 pour l'année 1
(I1=146) et 155 pour l'année 2 (I2=155) ; le taux d'inflation entre ces
deux dates est ainsi obtenu de cette manière :
taux d'inflation = ??2-??1
??1 * 100, ce qui entraîne :
taux d'inflation =
|
155 - 146
|
* 100 = 6,16 %.
|
146
|
I.2.2. Typologie de l'inflation
Les différents types d'inflation se distinguent selon
leur degré de hausse. Le taux de croissance annuel du niveau
général des prix sert de cette distinction.
27
Ainsi, lorsque ce taux est positif mais réduit, on est en
présence d'une inflation rampante. Cette inflation peut se transformer
en une hausse de deux chiffres (à partir de 10% par an) et on la
qualifie d'inflation galopante. C'est celle qui a frappé les pays
industrialisés dans les années 1970. Par la suite, si cette
hausse devient très spectaculaire, on parle d'hyperinflation.
I.2.3. Conséquence de l'inflation
L'inflation entraîne une perte du pouvoir d'achat de la
monnaie (on peut parler, dans une certaine mesure de dépréciation
de la monnaie au niveau interne).Comme le pouvoir d'achat représente la
quantité de biens et services qu'un certain revenu permet d'obtenir, la
hausse des prix conduit à une chute de la quantité des biens que
permet d'acheter une certaine somme.
Nous venons de montrer les causes, la typologie et les
conséquences de l'inflation. Mais il est aussi important de savoir
comment mesurer le degré de l'inflation. Ce qui permet alors de mesurer
l'ampleur d'une hausse des prix est l'indice des prix à la consommation.
Mesurer l'inflation consiste alors à mesurer l'évolution, la
variation de cet indice. On s'intéresse d'abord aux prix des produits
qui sont consommés par les ménages. Les prix à la
production et les prix de gros ne sont tenus en compte.
I.2.4. Effets de l'impôt dans le niveau des prix
Lorsqu'un contribuable frappé par l'impôt
effectue une transaction sur les biens et services, il essaie de faire ce qui
lui est possible pour répercuter la charge fiscale sur une autre
personne et cette dernière essayera de la transférer à une
autre et ainsi de suite.
En effet, le contribuable est préoccupé de ne
pas perdre son bien-être suite à l'introduction d'un impôt
et fait répercuter cette charge aux autres individus via
l'échange et cet individu qui supporte l'impôt va l'incorporer
dans les prix de vente. Donc, le niveau des prix monte chaque fois que la
charge fiscale pèse sur les contribuables.
28
I.2.5. Distorsions fiscales consécutives à
l'inflation
Parmi les éléments qui affectent les incitations
pour le comportement des gens à la consommation, les impôts jouent
également un rôle important et conduisent les gens à la
modification et faire une allocation suboptimale des ressources comme le
déclare Mankiw (1998, p.778). Etant donné alors ces modifications
de comportement, on peut s'interroger sur ce que peut influencer l'inflation
dans ce même moment.
Mankiw (1998, p.778) nous fournit des éclaircissements
: « le problème est accru en période inflationniste, car
le code des impôts tient rarement compte de l'inflation ».
Cet auteur précise aussi que les économistes qui se
sont penché à cette question ont abouti à la conclusion
que l'inflation alourdit le fardeau fiscal qui pèse sur les revenus de
l'épargne. En nous inspirant de l'exemple proposé par cet auteur,
nous avons mis en évidence un exemple pouvant servir d'éclaircir
ce phénomène :
Supposons que vous avez acheté des actions à la
SOCABU en 2000 pour une valeur de 20 millions. En 2013, vous les revendez
à 90 millions ; c'est-à-dire que vous avez réalisé
un profit de 70 millions de BIF qui doit être à vos revenus et
devra supporter l'impôt. Supposons ensuite que le niveau
général de prix ait doublé entre 2000 et 2008. Cela
revient à dire que les 20 millions investis en 2000 sont
équivalents (en termes de pouvoir d'achat) à 40 millions
d'aujourd'hui (2013).
En revendant le titre à 90 millions, le gain
réel, c'est-à-dire l'accroissement du pouvoir d'achat) n'est en
fait que 50 millions. En vous imposant sur la base de 70 millions, le code des
impôts surestime l'ampleur des gains en capital et surimpose en ce type
de revenu. Pour corriger ce problème, il s'avère
nécessaire de mettre une politique fiscale indexée à
l'inflation.
Pour Mankiw (1998, p.778) : « l'impôt pourrait
ne s'appliquer qu'à la plus-value réellement
réalisée, après prise en compte de l'inflation. De
même, dans le cas des intérêts
perçus, l'impôt pourrait ne s'appliquer
qu'à l'intérêt réellement perçu .
».
29
Cet auteur poursuit en disant que, dans un monde idéal,
la fiscalité devrait être telle que l'inflation n'aurait pas
d'impact sur le montant d'impôts dus.
I.2.6. Effets de l'inflation sur le revenu
Dans les pays sous-développés en
général et le Burundi en particulier, le gouvernement fait face
au problème de rétrécissement de l'assiette fiscale. C'est
ainsi que le gouvernement a tendance à augmenter les recettes
nécessaires pour le financement du budget.
Norman Keiser cité par Ndoreraha (2003), a donné
le rôle de l'inflation sur la croissance économique. La
réponse qu'il a donnée a été « ça
dépend » dans la mesure où une augmentation des prix
encourage dans les premiers temps l'investissement. Cette idée, comme
poursuit Ndoreraha (2003), « fut également confirmée par
A. Siaen qui souligna que l'accélération ou l'apparition de
l'inflation stimulait les entreprises initialement mais d'une façon
malsaine. »
Au début, les agents économiques sont victimes
d'une illusion de court terme provoquée par la hausse du niveau des prix
et de l'élargissement des débouchés. A cet effet, ils font
des investissements et on assiste à une croissance de courte
durée. Lorsque l'inflation s'accélère, le comportement qui
guide le consommateur est de s'endetter par le fait qu'il juge
intéressant de consommer aujourd'hui plutôt que demain et le
producteur espérant une hausse future des prix des biens produits
augmente son niveau d'investissement.
Cependant, cette illusion n'a plus de sens dans le long terme
car les entrepreneurs commencent à voir leur profit diminuer suite
à la hausse consécutive des coûts de production. Dans ce
cas l'investissement tourne vers des biens refuges qui sont improductifs comme
les maisons, les métaux précieux etc. En bref, l'inflation
accroît la consommation présente au détriment des
investissements productifs.
30
I.2.7. Inflation vue comme stimulant de
l'investissement
Quoique nous accusons beaucoup de maux économiques
à l'inflation, cette vision n'est pas toujours partagée. Certains
économistes révèlent que l'inflation peut être d'une
importance primordiale pour l'essor économique comme nous apprend
Perkins et al. (2008,p. 563) :« ...la hausse des prix pouvait
stimuler l'initiative commerciale et industrielle privée, l'inflation
étant réputée contribuer à l'abandon, par le
travail et le capital, des secteurs économiques en déclin pour
passer à des secteurs dynamiques. » Cependant, les mêmes
économistes n'oublient pas de signaler que cette règle n'est pas
générale et soulignent le cas des pays en
développement.
En fait leur argument en faveur de l'inflation, pour Perkins
et al. (2008,p. 563), trouve son fondement dans la mesure où la
hausse généralisée des prix contribue dans
l'accélération. « du transfert du travail et du capital
des secteurs traditionnels ou de subsistance vers les secteurs modernes au
potentiel de développement maximal ». Cela ne paraît
donc pas pour le cas du Burundi ou pour tout autre pays en voie de
développement. En effet, cette mobilité des ressources des
secteurs traditionnels vers les secteurs modernes évoquée pour
les pays à économie poussée a lieu grâce au fait que
ces pays sont porteurs de divers secteurs économiques et qui sont aussi
très développés.
Dans les pays en développement comme le Burundi
où les secteurs économiques ne sont pas encore
développés, ce comportement d'abandon ou de transfert des
ressources d'un secteur au profit d'un autre n'est pas encore souhaitable.
Ici, nous dévons savoir que les pays
développés peuvent même renoncer à la production de
tel ou tel autre produit pour s'approvisionner sur le marché
étranger en raison du prix concurrentiel mais aussi de leur
capacité à couvrir la totalité des importations pouvant
satisfaire la demande domestique. Dans le paragraphe suivant nous parlons des
effets de l'inflation sur les recettes fiscales.
31
I.2.8. Effets de l'inflation sur les recettes fiscales
Selon Ndoreraha (2003), l'analyse de ces effets se fait sur
base du commerce extérieur, d'une part, et à travers le niveau du
revenu qui augmente en courte période.
Selon cet auteur, lorsqu'il y a une inflation, la
conséquence évidente est la hausse des prix domestiques par
rapport aux prix extérieurs. Le comportement des consommateurs est de
s'approvisionner par les produits extérieurs du fait que ces derniers
sont moins chers. Dans cette logique, on assiste à un
élargissement de l'assiette imposable qui entraîne une
augmentation des recettes fiscales par la voie d'impôt à
l'importation tandis que les exportations prennent de moins en moins
d'importance.
L'analyse de cette théorie nous a
intéressé, étant donné que la qualité d'une
théorie est d'être réfutable. En effet, on ne peut pas nier
la part des importations dans les recettes fiscales mais ça
dépend aussi de l'ampleur de cette inflation. Cette théorie
semble être valable mais n'intervient pas pour juguler le
problème. Le concepteur de cette théorie aurait
considéré les recettes fiscales nominales au lieu de se focaliser
sur les recettes fiscales réelles. C'est cette critique que nous venons
de faire qui nous a poussé à formuler notre hypothèse de
manière suivante: A long terme, l'inflation qui est une hausse
généralisée des prix, a une influence négative sur
les recettes fiscales pour autant que les taux de taxation ne changent
pas, l'objectif étant celui de déceler le signe et la
significativité de l'inflation envers les recettes fiscales. Ici, nous
ne pouvons pas nous passer non plus de l'augmentation des recettes fiscales via
l'importation qui fait perdre la compétitivité des productions
locales, en particulier celles utilisant des intrants en provenance de
l'extérieur dans le processus de leur production et qu'ils exacerbent
les pressions inflationnistes intérieures. Due (1973, p.88), quant
à lui, dit qu'il y a dépendance entre les importations et les
exportations « comme les ressources en devises limitent la
capacité d'importer, toute baisse des exportations pousse les
autorités à restreindre les importations, ce qui amoindrit
l'assiette de perception des droits de douane. »
32
Par- là, les articles qui ont le plus de chance
d'être affectés par ces restrictions ou d'être interdits
à l'importation, comme le souligne le même auteur, sont
précisément ceux qui procurent les plus grosses recettes car le
gouvernement donnera toujours la préférence aux denrées
alimentaires indispensables et aux biens de production qui sont importants pour
la croissance économique. Par voie de conséquence, la baisse des
recettes douanières peut être beaucoup plus forte,
proportionnellement que ne sont la baisse des exportations et la diminution des
devises étrangères disponibles.
Synthèse du premier chapitre
Au cours de ce chapitre, notre préoccupation
était de mette en évidence les concepts clés et les
relations théoriques entre les variables envisagées. Nous avons
notamment vu les effets de l'impôt sur le bien- être des agents
économiques ; nous venons de voir que l'impôt diminue le bien-
être de la population. Nous avons mis en évidence les causes et
typologie de l'inflation.
Ensuite nous avons vu la part des impôts dans la hausse
des prix, la relation existante entre l'inflation et les recettes fiscales et
le lien entre les exportations et importations. Enfin, nous avons pu montrer
les effets de l'inflation sur la vie des agents. Dans le chapitre qui suit,
nous procédons par une analyse descriptive des variables que nous avons
considérées comme devant être mises à
l'épreuve dans notre travail.
33
CHAPITRE II. ANALYSE DECRIPTIVE DE LA STRUCTURE ET
EVOLUTION DES RECETTES FISCALES ET DE L'INFLATION AU BURUNDI
Introduction
Dans le chapitre précédent, il était
question de l'élucidation des concepts clés et l'exploitation de
la théorie existante. Nous avons pu découvrir la relation
théorique entre certaines variables à travers divers ouvrages et
revues consultés.
Le présent chapitre, comme son intitulé le
traduit, vise l'analyse descriptive des diverses variables dont les recettes
fiscales et l'inflation qui sont considérés comme variables
d'intérêt dans notre travail. Ainsi, au Burundi comme dans
d'autres pays, les prélèvements fiscaux ont pour principal but
d'assurer le financement dans la couverture des dépenses de
fonctionnement nécessaires à l'efficacité de l'Etat.
Dans ce même sens, les prélèvements
correspondent aux sommes nécessaires à la couverture des frais
généraux nécessaires à l'économie. Si ces
ressources destinées à assurer l'efficacité de l'Etat sont
moins élevées, la majeure partie de ces ressources issues des
prélèvements fiscaux sera orientée vers le secteur
productif. Ici, nous sommes conscients que les ressources utilisées dans
le financement des investissements en ressources humaines (santé,
éducation, etc.) et en infrastructures (routes, écoles, etc.)
sont des investissements de base car ils constituent le moteur créateur
de richesse. Le point qui va suivre illustre comment les recettes fiscales ont
évolué depuis 1990 jusqu'en 2011.
Section1 : Fiscalité burundaise et son
rendement
La présente section se consacre à l'analyse
descriptive de la fiscalité burundaise surtout en ce qui concerne la
structure des recettes fiscales (c'est-à-dire leurs grandes composantes)
et leurs évolutions au cours du temps ciblé par le présent
travail de recherche.
34
II.1.1. Recettes fiscales au BURUNDI
Les recettes fiscales au Burundi ont connu une certaine
évolution même si cette dernière n'a pas suivi le rythme
des dépenses publiques. En effet, depuis 1990 jusqu'en 2011
(période de 22 ans), les recettes fiscales ont presque doublé
comme nous le montre le tableau ci-dessous.
Tableau 1 : Evolution des recettes fiscales au
Burundi
Années
|
RFD
|
RFD/RFT (%)
|
RFI
|
RFI/RFT (%)
|
RFT
|
1990
|
6485,6
|
26,17113573
|
18295,9
|
73,82886427
|
24781,5
|
1991
|
8761,9
|
27,86092907
|
22686,8
|
72,13907093
|
31448,7
|
1992
|
9917,4
|
29,76249782
|
23404,4
|
70,23750218
|
33321,8
|
1993
|
9903
|
30,07078157
|
23029,3
|
69,92921843
|
32932,3
|
1994
|
9079
|
25,16240965
|
27002,6
|
74,83759035
|
36081,6
|
1995
|
9669,7
|
23,72199026
|
31092,9
|
76,27800974
|
40762,6
|
1996
|
10818,1
|
30,6575528
|
24468,8
|
69,3424472
|
35286,9
|
1997
|
11470,3
|
29,20330775
|
27807,1
|
70,79669225
|
39277,4
|
1998
|
13543,7
|
24,4271381
|
41901,6
|
75,5728619
|
55445,3
|
1999
|
16066
|
26,81165588
|
43855,7
|
73,18834412
|
59921,7
|
2000
|
19511,4
|
23,60443214
|
63148,5
|
76,39556786
|
82659,9
|
2001
|
28466
|
31,16989487
|
62859,3
|
68,83010513
|
91325,3
|
2002
|
31900
|
33,29853862
|
63900
|
66,70146138
|
95800
|
2003
|
32100
|
30,45540797
|
73300
|
69,54459203
|
105400
|
2004
|
36200
|
30,86104007
|
81100
|
69,13895993
|
117300
|
2005
|
41900
|
29,88587732
|
98300
|
70,11412268
|
140200
|
2006
|
44600
|
29,01756669
|
109100
|
70,98243331
|
153700
|
2007
|
53100
|
31,18027011
|
117200
|
68,81972989
|
170300
|
2008
|
67200
|
30,76923077
|
151200
|
69,23076923
|
218400
|
2009
|
80584
|
31,30341283
|
176844,8
|
68,69658717
|
257428,8
|
2010
|
114358,4
|
32,99158466
|
232270,6
|
67,00841534
|
346629
|
2011
|
123972,2
|
26,12544247
|
316998,1
|
66,80300603
|
474526,7
|
Avec : RFI : Recettes Fiscales Indirectes , RFD : Recettes
Fiscales Directes
RFT : Recettes Fiscales Totales
Source : BRB, rapports annuels
(1990-2011) et Calculs de l'auteur pour les colonnes 3 et 5.
35
Au regard de ce tableau, les recettes fiscales ont connu une
évolution très lente de 1990 jusqu'en 1995 ; cela est
justifié par l'exiguïté de l'assiette de l'impôt et la
faiblesse de la production.
Entre les années 1996 et 1997, les recettes fiscales
ont subi une baisse suite à l'embargo infligé par les pays
partenaires du Burundi ; le Burundi avait du mal à exporter ses produits
vers l'extérieur ou d'importer les biens, ce qui a fait chuter les
ressources émanant des taxes sur le commerce extérieur. Le point
qui va suivre nous montre la part des échanges commerciaux avec
l'extérieur sur le niveau de la fiscalité au Burundi.
II.1.2. Structure des recettes fiscales au Burundi
Les recettes fiscales peuvent être analysées
selon leur source. Pour le cas du Burundi, les principales sources sont
l'imposition sur revenu, l'imposition sur commerce tant intérieur
qu'extérieur. C'est ainsi que traduisons ces sources, leurs parts dans
les recettes fiscales globales et leurs tendances au cours de la période
d'étude par un graphique de manière suivante :
Graphique1 : Evolution par source des recettes fiscales
au Burundi (1990-2011)
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction5.png)
Montant en MBIF
300000
250000
200000
150000
100000
50000
0
1990
Années
Impôt sur le revenu Impôt sur le commerce
intérieur
Impôt sur le commerce extérieur
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
99 99 99 99 99 99 99 99 99 99 00 00 00 00 00 00 00 00 00
00 01 01
Source : Etabli par l'auteur à
partir des données de la BRB (rapports annuels, 1990-2011)
36
Le graphique ci-contre met en évidence la structure des
recettes fiscales au Burundi avec l'évolution de ses différents
constituants sur la période de 1990 jusqu'en 2011.
Ainsi, les recettes fiscales au Burundi sont
constituées principalement par les ressources qui proviennent de
l'impôt sur le commerce intérieur, de l'impôt sur le
commerce extérieur et de l'impôt sur le revenu. Par simple
observation de ce graphique, nous remarquons une domination manifeste de
l'impôt sur le commerce intérieur par rapport aux autres types
d'impôt dans le total des recettes fiscales durant toute la
période considérée pour notre étude (1990-2011).
Quant à l'impôt sur le revenu, il occupe la
seconde place dans les composantes des recettes fiscales ce qui prouve aussi
son importance dans le financement du budget de l'Etat via sa contribution dans
les recettes publiques ; cependant l'impôt sur le revenu ne doit pas
être la cible principale pour se procurer des ressources car la lourde
imposition du revenu conduit, dans les pays sous-développés,
à une substitution du travail au loisir, avec une action négative
sur l'épargne des ménages comme l'exprime Mankiw (1998).
Le commerce extérieur occupe un niveau relativement
très bas par rapport aux autres composantes, cela est alors dû au
fait que les produits exportés sont moins diversifiés et que les
recettes d'exportation sont toujours tributaires des cours mondiaux du
café.
En effet, la quantité du café ou d'un autre
produit exporté du Burundi ne peut pas exercer une influence sur le prix
pratiqué sur le marché international, d'où les recettes
d'exportation ne peuvent pas être maitrisées avec un certain
degré de stabilité.
L'évolution des recettes sur le commerce
extérieur a été lente au cours de notre période
d'étude ; entre les années 1995 et 1997, il se manifeste une
diminution notoire des recettes qui est induite par l'embargo qui freina les
exportations et les importations.
Les recettes du commerce extérieur concernent aussi
bien les importations que les exportations ; or, nous constatons la faible part
du commerce extérieur dans les recettes fiscales comparativement aux
autres sources. Cela constitue donc une mise en cause des propos de Ndoreraha
(2003) qui dit que l'inflation peut générer des recettes fiscales
par la taxation des importations.
37
II.1.3. Prépondérance des recettes indirectes
par rapport aux recettes directes
Dans les pages antérieures (chapitre 1),
Bénnassy et al (2004) nous montrent la distinction entre l'impôt
direct et l'impôt indirect. Ainsi, pour elle, l'impôt direct frappe
directement le contribuable tandis que l'impôt indirect frappe le
contribuable si et seulement si ce dernier effectue une dépense avec son
revenu. Au Burundi, l'impôt indirect est de loin prédominant par
rapport à l'impôt direct. En effet, l'impôt direct est
constitué par l'imposition des bénéfices des
sociétés et des revenus et, ce type d'impôt occupe une
place très importante dans le total des impôts dans les pays
très développés alors que l'imposition indirecte procure
des recettes minimales.
Cela est expliqué par le fait que les pays
industrialisés disposent beaucoup d'entreprises et industries qui sont
sujettes à l'imposition sur les bénéfices
réalisés et l'impôt professionnel. Les pays
sous-développés, dont fait partie le Burundi, disposent peu
d'industries et entreprises pouvant procurer les ressources fiscales de ce
type. Quoique les impôts directs et indirects apportent beaucoup de
recettes selon le niveau économique de chaque pays
(développés et sous-développés, respectivement),
Muzellec (2009) met en évidence que ces impôts disposent des
avantages et des inconvénients.
Du côté de l'impôt direct, ce dernier
dispose d'un avantage d'être beaucoup stable avec une meilleure
élasticité. C'est-à-dire qu'une augmentation du taux
entraîne une augmentation du rendement5. Ensuite, le
recouvrement est aisé et se caractérise par une grande justice
(discrimination en fonction des facteurs contributifs). En ce qui concerne les
inconvénients, Muzellec (2009) accuse l'impôt direct d'une faible
élasticité économique ; c'est-à-dire qu'il
manifeste avec retard les conséquences de l'expansion économique.
En plus, l'impôt direct est peu indolore, cela s'explique par les effets
très ressentis vis-à-vis des contribuables. Du côté
de l'impôt indirect, celui-ci est a l'avantage d'être très
peu ostensible, peu apparent et très toléré.
C'est-à-dire que les effets ne sont pas directement ressentis par le
contribuable.
5 L'augmentation du taux d'imposition a des limites et doit se
référer à la courbe de Laffer
38
Ensuite, il est caractérisé par une grande
productivité et une élasticité légale et
économique (surtout en période inflationniste) et le recouvrement
est immédiat.
Cependant, il a pour inconvénients, d'abord
d'être peu discriminant, ensuite, il est moins juste et son recouvrement
est coûteux suite aux contrôles qui sont nombreux. Enfin, son
rendement dépend de l'économie car il est très
gênant en période de crise. Le graphique qui va suivre montre
ainsi l'évolution de ces impôts et leur contribution dans le total
des recettes fiscales pour le cas du Burundi sur la période de 22 ans
(de 1990 à 2011).
Graphique 2 : Recettes fiscales indirectes et directes
dans le total des recettes fiscales (1990-2011)
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction6.png)
350000
300000
Montant des erecettes
250000
200000
150000
100000
50000
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Années
Recettes fiscales directes Recettse fiscales indirectes
Source : construit par l'auteur à
partir des rapports annuels de la BRB (1990-2011)
La lecture de ce graphique fait apparaître que le
Burundi est parmi les pays sous-développés suite à la
prépondérance de l'imposition indirecte par rapport à
l'imposition directe. Ce phénomène traduit alors l'absence des
entreprises et les industries dont les bénéfices peuvent
être imposés directement. L'imposition directe, au Burundi, ne
concerne qu'une catégorie très étroite comme l'impôt
sur le revenu.
39
A titre illustratif, pour le cas du Burundi, les impôts
indirects sont passés de 73,8% des recettes fiscales totales en 1990,
à 66,8% en 2011.
Par contre, les recettes fiscales directes ne
représentent que 26,17% et 26,12% des recettes fiscales totales
respectivement pour les mêmes années. Cela prouve alors le recours
du Burundi à l'imposition indirecte de plus en plus qu'à
l'imposition directe. Nous signalons également que sur toute la
période (1990-2011), la part est restée minime et n'a jamais
approché la moyenne. Le point culminant se situe pour l'année
2002 avec 33,29%.
II.1.4. Contribution du commerce extérieur dans les
recettes fiscales via la taxation
L'intensité de la pratique du commerce extérieur
constitue la force économique des pays partout dans le monde. Le
commerce extérieur étant l'ensemble des exportations et des
importations, ces deux variables sont interdépendantes. En effet, la
capacité d'importer est subordonnée à celle d'exportation
puisque ce sont, en principe, les ressources (devises) d'exportation qui
permettent d'importer comme nous rappelle Due (1973).
Selon Burtle (1984.p.475) dans l'encyclopédie
économique « les importations sont des biens qui, dans le cours
des échanges internationnaux, entrent dans un pays et proviennent d'un
autre, le premier pays se définissant comme l'importateur, le second
comme l'exportateur. » Tandis que, poursuit Burtle (1984, p.401), les
exportations sont considérées dans le commerce extérieur
comme « des biens prélevés dans un pays et transmis
à un autre pays, le premier pays étant l'exportateur et le second
l'importateur. »
Une économie saine est caractérisée par
la prépondérance des exportations par rapport aux importations.
Les importations peuvent être soit les équipements (machines ou
intrants par exemple) qui peuvent contribuer dans l'accroissement de la
production, ou d'autres biens qui sont nécessaire dans une nation mais
que cette dernière ne produit pas ou n'est pas en mesure de produire une
quantité nécessaire pour la satisfaction de la demande
intérieure. Ces biens divers qui sont importés ou exportés
sont soumis à des taxes à l'entrée ou à la sortie
selon leur nature.
40
Cela contribue alors dans l'accroissement des recettes
fiscales et partant, contribue dans le financement des dépenses
publiques.
Au Burundi, les importations dominent les exportations ce qui
cause un manque des ressources nécessaires pour pouvoir se procurer des
biens en provenance de l'extérieur.
Bien que l'imposition des importations puisse procurer des
recettes considérables, si les exportations sont très
réduites, ces recettes ne peuvent pas être
considérées comme durables suite à
l'interdépendante entre les exportations et les importations
déjà évoquée ci-haut. Le graphique suivant nous
montre l'évolution des recettes fiscales en provenance des importations
et des exportations pour le cas du Burundi.
Graphique 3 : Evolution des recettes des taxes à
l'importation et à l'exportation (1990-2011)
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction7.png)
Source : Auteur sur base des
données tirées des rapports annuels de la BRB (1990- 2011)
L'analyse de ce graphique montre que, bien que les ressources
qui émanent des impôts sur le commerce extérieur
contribuent considérablement dans le total des recettes fiscales, ces
ressources peuvent aussi être analysées profondément pour
voir si l'économie du pays est saine ou pas, en se basant sur l'origine
de ces ressources.
41
Ainsi, l'analyse détaillée met en
évidence la part des impôts en provenance des importations et
celle des impôts sur les exportations dans le total des recettes fiscales
en provenance du commerce extérieur.
Ce graphique illustre les faits : Toute la période sous
étude est marquée par la faiblesse des impôts sur les
exportations. L'année 1998 a été
caractérisée par la montée en flèche des
impôts sur les exportations par rapport aux autres années
malgré qu'elle soit fort inférieure aux recettes fiscales en
provenance des importations pour la même année.
Par ailleurs, on observe une chute pour l'année
suivante et qui a persisté car se sont fait remarquer des faibles
variations positives ou négatives depuis cette année-là
(1990). La reprise s'est manifestée en 2008 mais cette reprise n'a pas
pu perdurer dans les années qui ont suivi (c'est-à-dire de 2009
à 2011).
Quant aux recettes fiscales qui proviennent des importations,
elles ont pris une place prépondérante dans le total des recettes
fiscales sur le commerce extérieur.
Sur notre période d'étude, ces recettes ont pris
la part nettement supérieure à celles des recettes fiscales
liées aux exportations.
Cependant, la variation n'a pas été très
forte de 1990 à 1997, mais depuis 1998 la variation a été
positive et rapide, avec une allure haussière, ce qui est indissociable
à l'ouverture des frontières avec la fin de l'embargo. A titre
illustratif, en 1998 les recettes des taxes à l'importation ont
augmenté de 85.5 % par rapport à l'année
précédente.
A présent que nous sommes préoccupé par
la fiscalité burundaise, nous pouvons montrer la par les recettes
fiscales dans le produit intérieur brut dans le tableau qui suit :
42
Tableau 2 : La part des recettes fiscales dans le PIB
(1990-2011)
Années
|
RFT (MBIF)
|
PIB au prix courant (MBIF)
|
RFT/PIB (%)
|
Variation
(%)
|
1990
|
24781,5
|
196656
|
12,60145
|
|
1991
|
31448,7
|
204951
|
15,3445
|
2,743051
|
1992
|
32821,8
|
225857
|
14,53212
|
-0,81238
|
1993
|
33099,1
|
264637
|
12,50736
|
-2,02476
|
1994
|
33545,2
|
251760
|
13,32428
|
0,816918
|
1995
|
41455
|
249865
|
16,59096
|
3,266682
|
1996
|
35359,2
|
265414
|
13,32228
|
-3,26868
|
1997
|
39246,8
|
342817
|
11,44832
|
-1,87396
|
1998
|
55445,3
|
400166
|
13,85558
|
2,407251
|
1999
|
59956,4
|
455443
|
13,16441
|
-0,69116
|
2000
|
86595
|
511039
|
16,94489
|
3,780477
|
2001
|
95513,4
|
549980
|
17,3667
|
0,421814
|
2002
|
95907,7
|
584605
|
16,40556
|
-0,96115
|
2003
|
105587,4
|
644700
|
16,37776
|
-0,0278
|
2004
|
177259,2
|
748500
|
23,68192
|
7,304167
|
2005
|
159031,1
|
860900
|
18,47266
|
-5,20927
|
2006
|
163639,3
|
946400
|
17,29071
|
-1,18194
|
2007
|
185707,2
|
1060100
|
17,5179
|
0,227182
|
2008
|
237095,5
|
1386200
|
17,10399
|
-0,41391
|
2009
|
278800,5
|
1637100
|
17,03015
|
-0,07384
|
2010
|
363087,2
|
1843900
|
19,69126
|
2,661118
|
Source : -BRB, rapports annuels et
calculs de l'auteur pour les deux dernières colonnes
L'analyse de ce tableau montre que les recettes fiscales
contribuent dans le PIB même si leur part n'est pas très
considérable. L'analyse en termes de variation montre que la variation
de la part des recettes fiscales dans le PIB a été faible,
parfois même négative. L'année 2004 a connu une variation
exceptionnelle par rapport aux autres années. Cela se manifeste par une
variation de 7% par rapport à l'année précédente.
Les années 1995, 2000 et 2004 sont marquées par une variation
considérable en comparaison avec les autres années de la
période d'étude.
43
Section2 : Investissement et dépenses publiques
au Burundi
La présente section a pour objectif de mettre en
évidence l'évolution des investissements et des dépenses
publiques au Burundi étant donné que ces deniers sont
jugés influencer les recettes fiscales burundaises. L'investissement et
les dépenses sont des éléments importants dans le niveau
des recettes. Les dépenses élevées par rapport aux
recettes font que le déficit soit creusé ; son financement, selon
la voie adoptée, peut entretenir l'inflation et tomber dans un cercle
vicieux.
II.2.1. Investissements au BURUNDI
Le Burundi est un pays qui a connu une crise sociopolitique
pendant une période importante, ce moment a été traduit
par des hostilités diverses faisant la fuite des capitaux qui pourraient
favoriser la croissance économique. Mais après avoir
instauré un climat apaisé, des politiques visant à attirer
les capitaux sont mises sur pied particulièrement via le code des
investissements. Ce point se préoccupe d'analyser l'évolution et
répartition entre les investissements privés et publics dans les
investissements globaux depuis 1990 jusqu'en 2010. Nous entendons par
investissements publics, ceux financés ou pris en charge par l'Etat
tandis que les investissements privés sont ceux des particuliers
(entreprises, ménages, etc.)
44
Graphique 4 : Evolution des investissements privés
et publics en MBIF (1990-2010)
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction8.png)
Source : auteur sur base des
données du MPDR
Ce graphique illustre l'évolution des investissements
public et privé depuis 1990 jusqu'en 2010. De l'analyse de ce graphique,
il ressort que l'investissement public a pris une part importante dans le total
des investissements pendant une longue période ; c'est-à dire de
1990 jusqu'à 2005.
A partir de l'année 2006, l'investissement public a
augmenté mais moins proportionnellement par rapport à
l'investissement privé qui a connu une augmentation de 90,5% par rapport
à l'année précédente (2005) tandis que les
investissements publics ont varié de 54,7% par rapport à la
même année. Cela trouve la justification dans les élections
de 2005 qui ont donné lieu à un nouveau gouvernement,
démocratique, ce qui a incité les investisseurs privés qui
exigent un climat des affaires stable.
Depuis l'année 2002, les investissements ont
commencé à augmenter simultanément grâce au
cessez-le feu. Cependant, l'investissement privé a subi une variation
négative en 2007 (-26,12%). En résumé, l'investissement
privé a commencé à se faire sentir beaucoup plus à
partir de l'année 2006 où il surpassé
considérablement l'investissement public et curieusement, l'analyse de
l'évolution de ces investissements (privés et publics) illustre
la théorie de l'effet d'éviction du secteur public au secteur
privé.
45
Ici nous signalons que le concept d'effet d'éviction
désigne le phénomène qui conduit l'activité
économique du secteur public à supplanter celle du secteur
privé. L'investissement est le moteur de la croissance économique
et doit être stimulé et entretenu.
Cependant, plusieurs contraintes rongeuses d'investissement
sont à identifier. En Afrique par exemple comme le souligne Sall et al.
(2000), c'était une région qui est perçue comme manquant
d'un environnement propice à l'investissement ce qui fait que les
investisseurs (tant étrangers que nationaux) se sont abstenus d'y
engager leurs ressources. Cet auteur évoque les lois et les contrats qui
n'étaient pas appliqués et les biens privés qui
n'étaient pas respectés, l'instabilité politique qui
était aigue et les retournements de la situation politique qui
étaient monnaie courante et, enfin le manque d'infrastructures physique
et humaine pour soutenir un investissement dynamique.
Le Burundi qui, lui aussi, est le pays du continent africain
n'a pas été à l'abri de ces bouleversements qui ont pour
conséquence de constituer un frein à la croissance
économique via les investissements privés.
Si Sall (2000) évoque les lois et contrats qui
n'étaient pas de rigueur, il y en a d'autres qui ont d'autres angles
d'observation et c'est le cas des experts des conventions fiscales entre pays
développés et pays en voie de développement. La plupart
des pays en voie de développement sont préoccupés par la
croissance économique soutenue, une croissance qui serait durable et,
cette croissance doit être axée sur les investissements
privés. C'est cette raison qui pousse ces pays à revoir le plus
souvent leur taux d'imposition à la baisse, au titre d'avantage fiscal,
pour attirer les capitaux étrangers. Cependant, leurs anticipations
jugées rationnelles ne le sont pas toujours ; cela peut avoir pour
origine, la législation fiscale du pays d'origine de l'investisseur
étranger comme le montre le rapport des Nations Unies (1969).
46
En effet, comme le stipule le rapport précité,
les experts des pays en voie de développement ont fait observer que les
avantages fiscaux qu'ils accordaient en vue de favoriser l'attractivité
en faveur des capitaux étrangers étaient anéantis et ne
faisaient que continuer à assurer l'augmentation des recettes fiscales
du pays d'origine de l'investisseur, à moins qu'une exonération
ou une imputation spéciale pour dégrèvement d'impôt,
octroyée par son pays d'origine, ne permette à l'investisseur
étranger d'en conserver le bénéfice.
A ces propos des Nations Unies, qui datent de plus ou moins
longtemps, il y en a d'autres qui ont tenté récemment de les
rejoindre, c'est le cas notamment de Radelet et al. (2008, p.528) : «
La fiscalité d'un pays dont l'application réduit
l'épargne privée tendra à amputer les investissements
privés intérieurs. [...]S'il existe à
l'étranger des perspectives de rentabilité qui promettent des
revenus après impôts supérieurs à ceux en vigueur
dans tel pays en développement, les capitaux dudit pays auront tendance
à émigrer pour tirer parti du phénomène. »
Ce cas peut être traduit par un exemple bien concret et bien
appréhensible : Considérons que les détenteurs de capitaux
au Burundi puissent obtenir une rentabilité moyenne avant impôt de
15 % de leurs investissements et que les revenus du capital y soient soumis
à l'imposition au taux de 35%. La rentabilité après
impôt s'élève donc à 9.75%.
Les mêmes fonds étant investis au Kenya où
les capitaux sont moins rares pourraient obtenir une rentabilité de 14%
seulement avant impôt, mais soumis à un impôt limité,
soit 20%.
La rentabilité après impôt au Kenya
s'élève alors à 11.6%. En considérant
l'écart de la rentabilité (1.85%) après impôt, cela
suffit pour inciter les détenteurs de capitaux burundais de faire
l'exode vers le Kenya. En effet, comme le soutient Radelet et al.
(2008, p.528) : « En général, les pays qui cherchent
à imposer une fiscalité nettement plus lourde sur les revenu du
capital voient fréquemment leur épargne intérieure
émigrer vers des pays qui appliquent une fiscalité plus
légère sur le capital. »
47
Ce raisonnement de Radelet ne s'écarte pas des
études de Porteba et Summers (1984) repris par Wouters (2003) ; ainsi
après avoir étudié la valorisation des dividendes sous
différents régimes fiscaux au Royaume-Uni, ces deux chercheurs
ont conclu que les taxes affectent cette valorisation des dividendes. En effet,
il apparaît dans leur étude que tout changement dans le taux
d'imposition s'est traduit par des changements substantiels en ce qui concerne
les suppléments du taux de rentabilité qu'exigent les
investisseurs en contrepartie de rémunération des dividendes ; ce
qui indique que les taxes expliquent au moins une partie de la relation d'une
fonction croissante entre la rentabilité et le taux de rendement.
Ainsi donc, en se raisonnant sur les arguments de Radelet et
al.(2008), il est fort compréhensible que, quel que soit le
taux d'imposition appliqué pour attirer les investissements
étrangers, les investisseurs étrangers seront obligés de
prendre en compte la législation fiscale du pays d'origine ( imposition
des revenus obtenus à l'étranger) et celle du pays d'accueil.
48
Tableau 3 : Evolution des investissements publics et
privés au BURUNDI (1990-2010)
Années
|
INVPU
|
Variation en %
|
INVPRI
|
en Variation %
|
TOTAL
|
Variation en %
|
1990
|
29733
|
14,63104
|
5259
|
57,40796
|
34992
|
19,51228
|
1991
|
32117
|
8,018027
|
6190
|
17,70299
|
38307
|
9,473594
|
1992
|
39523
|
23,05944
|
2323
|
-62,4717
|
41846
|
9,23852
|
1993
|
33384
|
-15,5327
|
1565
|
-32,6302
|
34949
|
-16,4819
|
1994
|
33000
|
-1,15025
|
1000
|
-36,1022
|
34000
|
-2,71539
|
1995
|
20000
|
-39,3939
|
12250
|
1125
|
32250
|
-5,14706
|
1996
|
20416
|
2,08
|
12294
|
0,359184
|
32710
|
1,426357
|
1997
|
14980
|
-26,6262
|
6995
|
-43,1023
|
21975
|
-32,8187
|
1998
|
23900
|
59,54606
|
3300
|
-52,8234
|
27200
|
23,77702
|
1999
|
29900
|
25,1046
|
4800
|
45,45455
|
34700
|
27,57353
|
2000
|
32700
|
9,364548
|
5900
|
22,91667
|
38600
|
11,23919
|
2001
|
30900
|
-5,50459
|
9100
|
54,23729
|
40000
|
3,626943
|
2002
|
43400
|
40,45307
|
12400
|
36,26374
|
55800
|
39,5
|
2003
|
52000
|
19,81567
|
17100
|
37,90323
|
69100
|
23,83513
|
2004
|
64900
|
24,80769
|
19200
|
12,2807
|
84100
|
21,70767
|
2005
|
75500
|
16,33282
|
67500
|
251,5625
|
143000
|
70,03567
|
2006
|
116800
|
54,70199
|
128600
|
90,51852
|
245400
|
71,60839
|
2007
|
134800
|
15,41096
|
95000
|
-26,1275
|
229800
|
-6,35697
|
2008
|
126800
|
-5,93472
|
246900
|
159,8947
|
373700
|
62,61967
|
2009
|
92900
|
-26,735
|
292900
|
18,63102
|
385800
|
3,237891
|
2010
|
213300
|
129,6017
|
307000
|
4,81393
|
520300
|
34,86262
|
Source : -MPDR, Service
macroéconomique
-Calculs de l'auteur pour les colonnes 3, 5 et 7
Le tableau ci-dessus montre la part des investissements
privés et publics dans les investissements globaux. Il ressort de ce
tableau que les investissements publics prennent le devant, avec des
écarts assez forts par rapport aux investissements privés. Sur
toute la période d'analyse, les montants affectés par le
gouvernement dans l'investissement public excèdent la part des
investisseurs privés. Cependant depuis l'année 2006, les
investissements privés ont surpassé les investissements publics
à l'exclusion de l'année 2007.
La faiblesse des investissements privés peut d'une
certaine manière avoir des effets sur les recettes fiscales d'autant
plus que ce sont les investisseurs privés qui sont les principaux
contribuables en matière d'impôt. Ainsi donc, nous pouvons nous
interroger sur la cause de cette faiblesse des investissements privés
par rapport aux investissements publics. Une des causes serait un manque
d'environnement propice qui fait que notre pays ne soit pas attractif envers
les investisseurs étrangers. Ici nous soulignons l'inflation progressive
qui occasionne l'érosion du pouvoir d'achat et les capitaux, les taux
d'intérêt bancaires qui sont très élevés,
l'enclavement de notre pays qui lui confère un le degré
d'attractivité moins élevé par rapport aux autres pays de
voisins. Une autre cause importante est le climat politique qui est parfois
instable au Burundi. Cela constitue une réalité incontestable ;
même remarquable sur le graphique précédent : en effet,
à partir de l'année 2000, les investissements ont connu le sort
favorable. Enfin, le taux d'imposition est une variable très importante
dans l'attraction des investisseurs. La délimitation spatiale du
présent travail se borne sur le cas du Burundi, mais étant
donné que le Burundi n'est pas « une île », nous nous
permettons de faire un aperçu pour constater la situation des autres
pays et, nous nous contentons plus particulièrement des pays de l'East
African Community pour voir le taux d'imposition appliqué. Le petit
tableau qui suit fournit les taux d'imposition des revenus qui sont
appliqués dans les pays de l'East African Community.
Tableau 4 : Taux d'imposition sur les revenus
pratiqués au sein l'EAC
Pays
|
Taux d'imposition
|
Burundi
|
35%
|
Kenya
|
25%
|
Rwanda
|
30%
|
Tanzanie
|
35%
|
Uganda
|
20%
|
49
Source : Ndorere (2007, p.15)
50
Ce tableau fait apparaître que si les investisseurs
tiennent le taux d'imposition comme critère primordial pour apporter
leurs capitaux, le Burundi serait moins attractif, au même rang que la
Tanzanie car, ce sont les deux pays pratiquant des taux d'imposition
élevés, avec des écarts fort considérables par
rapport aux autres pays de la communauté.
Dans cet ordre d'idées, les investisseurs rationnels
nationaux qui voient leur pays gangréné par l'imposition
élevée et l'inflation progressive auront tendance à migrer
vers des zones qui sont favorables pour rentabiliser leurs capitaux. Selon ce
critère, les détenteurs de capitaux burundais et / ou tanzaniens
peuvent migrer vers l'Uganda ou vers le Kenya où les taux d'imposition
sont concurrentiels.
Quoique les investissements publics aient été
supérieurs à ceux privés pour la grande partie de la
période d'étude, il est aussi intéressant d'analyser
profondément la part allouée aux dépenses d'investissement
dans le total des dépenses publiques. Cela apparaît dans le
paragraphe qui va suivre en faisant montrer l'évolution des
dépenses en capital par rapport aux dépenses courantes ou
dépenses de fonctionnement.
II.2.2. Dépenses publiques au BURUNDI
Les dépenses publiques constituent le voute de
croissance économique pour un pays6. Au Burundi, le taux de
croissance des dépenses publiques évoluent rapidement et
positivement d'années en années. Cependant, la croissance
économique ne suit pas le même rythme que celui de ces
dernières et, cela est principalement dû à l'orientation
des ressources du budget de l'Etat. Le graphique qui suit nous montre
l'allocation des ressources budgétaires pour le cas du Burundi entre les
opérations courantes et les dépenses en capital.
6 Les dépenses publiques contribuent dans la
croissance économique si l'investissement productif est
privilégié lors de l'allocation des ressources.
51
Graphique 5: Evolution des dépenses courantes et
des dépenses en capital au Burundi (1992-2011)
|
600000 500000 400000 300000 200000 100000
0
|
|
Niveau des dépenses
|
|
Dépenses courantes Dépenses en capital
Années
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Source : Graphique élaboré
par l'auteur sur base des rapports de la BRB (1992-2011)
La lecture de ce graphique prouve une dominance très
manifeste des dépenses courantes par rapport aux dépenses en
capital sur la période de 1995 jusqu'en 2011.
Depuis 1995 jusqu'en 2011, les dépenses courantes ont
évolué considérablement par rapport aux dépenses en
capital.
Cela justifie l'absence de priorité pour les secteurs
productifs et le privilège en faveur des dépenses de
fonctionnement en matière d'allocation des ressources.
L'évolution de ces deux catégories de dépenses montre que
les dépenses courantes ont passé de 48,9% du total des
dépenses en 1992 à 72,05 % en 2011, tandis que les
dépenses en capital ont passé de 51,09 % du total des
dépenses à 27.94 % pour les mêmes années. Cette
évolution illustre alors la place accordée à
l'investissement au Burundi ; avec cette proportion allouée aux
investissements, nous voyons qu'il y a encore un grand pas à franchir
surtout en matière d'allocation des dépenses publiques où
nous constatons que le secteur productif n'est pas dans la place de choix.Les
dépenses courantes sont dominées à majorité par les
salaires.
52
Selon le rapport de la BRB (2011, p.23), les motifs
explicatifs ayant entraîné la hausse des dépenses courantes
est imputable à l'augmentation des dépenses au titre de
rémunération du personnel de 52199.1MBIF consécutive
à la poursuite de la transposition et la régularisation du
personnel enseignant et médical. Si nous constatons une
prépondérance des dépenses courantes par rapport aux
dépenses d'investissement, il est question pour le moment présent
d'analyser dans d'autres coins pour déceler la place accordée
à l'investissement dans un pays. Nous analysons maintenant l'orientation
des dons (dons courants et dons en capital) par les pays partenaires du
Burundi. Ainsi, le graphique qui suit retrace l'évolution et
l'orientation des dons accordés au Burundi par ses partenaires.
Graphique 6 : Evolution et orientation des dons
accordés par les partenaires au Burundi (1992-2011) en millions de
francs burundais
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction10.png)
Montant en MBIF
200000
180000
160000
140000
120000
100000
40000
80000
60000
20000
0
Dons en capital Dons courants
Années
Source: établi par l'auteur
sur base des ds de la BRB, rapports annuels (1996-2011)
La lecture de ce graphique montre que les dons courants
prennent une place de choix , en défaveur des dons en capital dans le
total des dons sur presque toute la période concernée. Les dons
courants ont passé de 22.6% du total des dons accordés en faveur
du Burndi en 1996 pour atteindre 59.2% en 2011, tandis que les dons en capital
ont passé de 77.4% à 40.7% pour les mêmes années.
Ici , nous suggérons les cas extremes des années 2005 et 2010,
où les dons courants correspondent à 76.6% et 72.5%
respectivement.
53
Cette illustration graphique contribue donc à montrer
la baisse quasi continuelle des dons en capital.
II.2.3. Inflation au BURUNDI
L'inflation qui est définie comme une hausse
généralisée des prix des biens et services, est
appréhendée au BURUNDI par la mesure de l'indice des prix
à la consommation (IPC) des ménages de BUJUMBURA comme l'annonce
le cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté
(CSLP, 2009). L'évolution positive et accrue de cette variable constitue
un impact négatif sur le pouvoir d'achat des consommateurs.
Le graphique suivant retrace l'évolution de l'indice
des prix à la consommation au cours de la période
concernée par la recherche.
Graphique 7 : Evolution de l'indice des prix à la
consommation au BURUNDI (1990-2011)
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction11.png)
Niveau de l'IPC
250
200
300
150
100
50
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
IPC
Années
Source : Etabli par l'auteur à
partir des données en annexe 1
Ce graphique illustratif de l'évolution de l'inflation
montre que l'indice des prix à la consommation a connu une allure
haussière remarquable depuis 1996 jusqu'en 2011.
54
La période d'avant 1996 est celle qui semble plus ou
moins douloureux car l'indice des prix à la consommation oscille entre
20 et 50. Il n'y a eu aucun évènement qui a pu contrecarrer cette
hausse perpétuelle des prix, à l'exception de l'année 2002
qui a affiché une légère baisse du taux d'inflation (107.8
contre 109.3 en 2001).
Cette situation de l'inflation justifie alors la diminution de
la capacité des agents à s'approvisionner en biens et services
dont ils ont besoin. La variation de cette variable prouve que sur toute la
période d'étude, les prix ont toujours connu une hausse
continuelle. En bref, l'inflation a constitué un élément
déterminant dans la baisse du niveau de vie des agents.
II.2.4. Déficit budgétaire au BURUNDI
Le déficit budgétaire est
appréhendé comme le solde négatif entre les recettes
publiques et les dépenses publiques. Son financement n'est pas
aisé pour les pays pauvres comme le Burundi qui compte sur l'endettement
extérieur et les dons par les pays partenaires. Ce solde peut engendrer
des effets néfastes selon la modalité de son financement choisie.
Les dons et aides ne sont pas exempts des préalables (exigences) par les
pays donataires. Ils peuvent connaître un retard ou bien, il peut arriver
que les bailleurs de fonds n'honorent pas leur engagement.
Dans ce cas, le Burundi n'a d'autres voies de sortie de cette
impasse que de faire recours aux avances de la banque centrale. Le financement
du déficit budgétaire par les avances de la banque centrale va,
en conséquence entretenir et occasionner l'inflation et le pays se
retrouve dans un cercle vicieux. Bref, lorsque les recettes sont
inférieures aux dépenses, et que le solde est financé par
les avances de la banque centrale, il y aura toujours entretien en faveur de
l'inflation, c'est-à-dire que le déficit budgétaire cause
l'inflation dans l'économie. Ainsi, le graphique suivant traduit l'image
évolutive du déficit budgétaire au Burundi.
55
Graphique 8 : Evolution du déficit
budgétaire au BURUNDI (1990-2011) en MBIF
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction12.png)
Source : Etabli par l'auteur à
partir des données de l'annexe 3
Le solde budgétaire étant la différence
entre les dépenses publiques et les recettes publiques, il laisse
constater que le Burundi vit au-dessus de ses moyens car les dépenses
excèdent de loin les recettes, ce qui se manifeste par le solde qui est
toujours négatif avec un creusement de plus en plus croissant.
Au BURUNDI, le déficit budgétaire est devenu
structurel comme le montre le graphique ci-dessus. L'année 1993 a
été une année de déclin car c'est à partir
de là que la situation économique de Burundi est devenue critique
suite à la crise sociopolitique qui aurait occasionné les
dépenses énormes pour intervenir aux sinistrés ce qui a
aussi touché l'appareil productif car les producteurs étaient
dans les camps des réfugiés.
Au regard de ce graphique, il transparait que le
déficit budgétaire est devenu de plus en plus profond.
L'année 2009 est celle où le déficit budgétaire a
atteint son pic par rapport aux autres années avec une variation de
197.5% par rapport à l'année qui la précède
(2008).
56
Synthèse du deuxième chapitre
L'objectif du deuxième chapitre était de
recourir à l'analyse descriptive des variables envisagées dans la
présente étude. Nous avons mis en évidence
l'évolution des recettes fiscales, leur décomposition et la
contribution du commerce extérieur dans les finances publiques par le
biais de sa part dans les recettes fiscales. Ensuite, nous venons de voir que
le commerce intérieur joue une part prépondérante dans les
recettes d'impôt par rapport au commerce extérieur et à
l'impôt sur le revenu.
Nous avons remarqué que les recettes fiscales en
provenance des importations sont supérieures à celles
liées aux exportations. L'investissement privé qui devrait
être promu est encore très faible par rapport à
l'investissement public, ce qui répond à la théorie de
l'effet d'éviction. Enfin, nous avons mis en lumière
l'évolution de l'inflation et du déficit budgétaire dont
l'accroissement rapide et profond traduit un caractère d'une
économie malsaine. Dans le chapitre qui suit, nous avons soumis les
variables aux tests économétriques pour tirer des conclusions sur
base des résultats.
57
CHAPITRE III. INVESTIGATION EMPIRIQUE DE LA RELATION
ENTRE INFLATION ET FISCALITE AU BURUNDI
Introduction
Au cours des chapitres précédents, notre
objectif était d'élucider la relation théorique et
descriptive entre l'inflation et les principaux déterminants des
recettes fiscales. Une étude qui est jugée intéressante
comme celle-ci n'aurait pas à se limiter à ces analyses
théorique et descriptive. Il convient alors de faire recours à
une analyse empirique. En effet, la théorie devrait incarner une
pertinence empirique permettant d'expliquer et prévoir des faits
observables. L'économétrie est une technique statistique
employée en économie, constituant un lien entre la théorie
et la pratique afin de juger de la pertinence ou non d'un postulat. C'est ainsi
que Bourbonnais (2000, p.6) révèle que
l'économétrie est un outil qui est à la portée des
économistes et qui leur permet de confirmer ou d'infirmer les
théories qu'ils ont construites. Il ajoute que les théoriciens
postulent des relations mais, que l'application des méthodes
économétriques n'a autre rôle que de fournir des
estimations sur la valeur des coefficients ainsi que la précision.
L'analyse empirique est d'une importance capitale en ce sens
qu'elle permet de confirmer ou d'infirmer, avec objectivité les
différentes théories économiques en servant des
données chiffrées et réelles. Elle est contre les
suppositions faites le plus souvent sur base des théories et la logique
du bon sens. Donc, pour mener notre analyse économétrique, une
série d'étapes et des tests est indispensable. Le présent
chapitre est scindé en deux sections dont la première est
destinée à la présentation du modèle et choix des
variables, la méthodologie utilisée ainsi que la
modélisation MCE.
Dans la seconde section, nous avons présenté les
résultats des tests avant de passer à l'estimation d'un
modèle à correction d'erreurs dont nous avons, ensuite,
analysé la stabilité et le diagnostic des résidus. Enfin,
nous avons terminé par interprétation des résultats
obtenus de ces tests.
58
Section 1. Présentation des données et
méthodologie d'analyse
III.1.1. Présentation du modèle et choix des
variables
D'après Bourbonnais (2000, p.1), « le
modèle est un outil que le modélisateur utilise lorsqu'il cherche
à comprendre et à expliquer des
phénomènes.»
Consécutivement à cette importance
attachée au modèle par Bourbonnais, pour le choix du
modèle nous nous sommes inspiré du modèle d'Aghevli et
Khan (1977, 1978) qui est basé sur des équations à quatre
facteurs : les prix, les dépenses publiques, les recettes et la masse
monétaire. Quant à nous, nous nous sommes intéressé
à l'équation des recettes tout en soulignant que
l'équation des recettes d'Aghevli et Khan incluait comme variables : les
prix et le niveau de revenu réel (comme variables exogènes) et
recettes fiscales (comme variable endogène). Ainsi, sur base du
modèle de ces deux auteurs, nous prenons ce modèle mais en
ajoutant la variable dépenses publiques. D'où la formalisation de
notre modèle de manière suivante :
RFR=f (PIBR, IPC, DPR) ;
Avec RFR : recettes fiscales réelles
PIBR: produit intérieur brut en termes réels
IPC : indice des prix à la consommation
DPR : dépenses publiques réelles
Dans cette relation, les recettes fiscales réelles
varient en fonction de la variation du produit intérieur brut et des
dépenses publiques en termes réels, mais aussi en fonction de la
variation du niveau général des prix.
L'équation s'écrit : RFR=PIBR+IPC+DPR+å.
59
III.1.2. Modèle économétrique
Dans le présent travail, nous sommes
préoccupé d'estimer une fonction des recettes fiscales. Cela ne
manquera pas à apporter une idée auprès des
autorités budgétaires du pays ciblé par la présente
étude. Notre fonction comprend des variables transformées selon
le modèle log-linéaire en vue de nous permettre à
interpréter les coefficients associés aux variables en termes
d'élasticités.
La fonction est ainsi la suivante :
LRFRt=ao+a1LPIBRt+a2LIPCt+a3LDPt+åt .
Dans ce modèle, la variable « recettes fiscales
réelles » (LRFR) est la variable endogène tandis que les
dépenses publiques réelles (LDPR), le produit intérieur
brut réel (LPIBR) et le niveau général des prix (LIPC)
sont considérées comme variables exogènes. Le terme de
l'erreur åt qui est un terme aléatoire ; il représente
d'autres variables omises qui pourraient aussi contribuer à
l'explication de la variable endogène. Selon nos attentes dans les
résultats, le niveau général des prix affiche un signe
négatif pour dire qu'elle joue un rôle contraignant sur les
recettes fiscales et cela trouve le fondement dans les théoriciens qui
montrent les effets négatifs de l'inflation sur les déterminants
des recettes fiscales.
III.1.3. Approche méthodologique
Nous nous sommes donné comme objectif d'étudier
les effets de l'inflation sur les recettes fiscales pour le cas du Burundi. La
première étape a concerné le test de racine unitaire.
Ensuite nous avons abordé l'analyse de la relation de long terme
(cointégration) entre les variables et enfin nous avons estimé le
MCE et pour ce dernier les tests de stabilité pour toute la
période ont été faits. Cala constitue les instruments
clés pour arriver à l'objectif poursuivi.
III.1.3.1. Test de racine unitaire
Les tests de racine unitaire ont pour objectif de
vérifier la stationnarité des séries et la
stationnarité renvoie à l'invariance temporelle des
propriétés des séries temporelles.
60
Bourbonnais (2005) indique que « si ces
caractéristiques c'est-à-dire son espérance
mathématique et sa variance se trouvent modifiées dans le temps,
la série chronologique est considérée comme non
stationnaire ; dans le cas de processus invariant, la série temporelle
est alors stationnaire.»
A partir des propos de cet auteur, nous devons en premier
temps étudier les caractéristiques liées à
l'espérance mathématique et la variance des séries
envisagées. Lorsque nous constatons que ces caractéristiques se
conservent(ne sont pas sujettes à modification) dans le temps, nous
concluons que cette série est stationnaire.
E (Yt)= E (Yt+m)= ì ?t et ?m, la
moyenne est constante et indépendante du temps.
Var (Yt)<8, ?t, la variance est finie et indépendante
du temps.
Cov (Yt, Yt+k) = E [(Yt-ì) (Yt+k-ì)]= ãk,la
covariance est indépendante du temps.
En bref, une série ne comportant ni tendance ni
saisonnalité, et que aucun facteur n'évolue avec le temps est
qualifiée de stationnaire.
III.1.3.1.1. Test de Dickey- Fuller et Dickey-Fuller
augmenté
Connus comme tests servant dans la détection de la
tendance (tests de racine unitaire ou unit root test), ces tests interviennent
pour vérifier la stationnarité de manière adéquate
d' une série. Les tests de Dickey-Fuller permettent de mettre en
évidence le caractère stationnaire ou non d'une série par
la détermination d'une tendance déterministe ou stochastique.
III.1.3.1.2. Test de Philips et Perron (1988)
L'analyse proposée par Phillips et Perron
préconise de revoir le comportement des tests de racine unitaire dans le
cas de la présence d'une évolution de tendance de la série
chronologique étudiée. Il s'agit d'un prolongement des tests de
Dickey et Fuller.
Le test de Phillips et Perron (1988) est construit sur une
correction non paramétrique de la statistique de Dickey-Fuller pour
prendre compte des erreurs hétéroscédastiques.
61
Il se déroule en deux étapes :
Premièrement, on estime par les moindres carrés
ordinaires, les trois modèles de base des tests de Dickey-Fuller et on
calcule les statistiques associées.
Dans un second temps, on procède par estimation d'un
facteur correctif qui est établi à partir de la structure de
covariance des résidus de telle sorte que les transformations
réalisées conduisent à des distributions identiques
à celles du Dickey-Fuller standard.
Pour le test de PP et ADF, la règle de décision est
la suivante :
? Si la valeur calculée d'ADF ou de PP est
inférieure (ou supérieure en valeur absolue) à la valeur
criqtique , on conclue que la série est stationnaire ;
? Si la valeur calculée d'ADF ou de PP est
supérieure(ou inférieure en valeur absolue) à la valeur
critique ; la série n'est pas stationnaire.
Nous tenons à signaler que le test de Philip et Perron
vise la correction des insuffisances de test de stationnarité de
Dickey-Fuller augmenté, d'où l'importance de celui-ci.
III.1.3.2. Revue théorique sur la
cointégration et le modèle à correction d'erreur
Lorsqu'on découvre qu'il y a présence de la
racine unitaire dans une série macroéconomique, la théorie
en rapport avec les chroniques ou séries non stationnaires subit des
développements dans l'analyse de ces séries. Engle et Granger
(1978) indiquent qu'une combinaison de deux ou plusieurs séries non
stationnaires peut être stationnaire.
L'existence de cette combinaison prouve que les séries
sont cointégrées. Une telle combinaison est alors appelée
équation de cointégration et peut être
interprétée comme étant une équation qui montre la
relation de long terme entre les variables.
A titre d'exemple, la consommation et le revenu sont le plus
souvent cointegrés.
62
III.1.3.2.1. Condition de
cointégration
La cointégration se préoccupe d'analyser et
vérifier l'existence des évolutions ou allures identiques dans le
temps entre deux ou plusieurs variables. Elle permet donc de faire
l'identification de la relation de long terme entre deux variables en
recherchant le vecteur de cointégration et en éliminant son effet
en cas de possibilité.
Une série est intégrée d'ordre d
(noté Xt--I(d)), s'il convient de la différencier
dfois afin de la stationnariser. Selon Bourbonnais (2000), deux séries
Xt et Yt sont dites cointégrées si les deux conditions sont
vérifiées :
? Elles sont affectées d'une même tendance
stochastique de même ordre d'intégration d ; ? Une combinaison
linéaire de ces séries permet de se ramener à une
série d'ordre d'intégration inférieur.
Soient xt--I (d)
yt--I (d)
tel que á1x1+á2x2 -- I (d-b), où
[á1,á2] est le vecteur de cointégration.
Dans le cas général à k variables, on a :
x1,t-- I(d) x2,t -- I(d)
...
xk,t -- I(d)
On note Xt = [x1t, x2t, .xkt]
Lorsqu'il existe un vecteur de cointégration á =
[á1, á2, , ák] de d áXt--I (d-b), ainsi les k
variables sont cointégrées et le vecteur de cointégration
est á.
On note que Xt--CI (d,b) avec b>0. [á1,á2] est
le vecteur de cointégration.
Il existe plusieurs méthodes servant de
vérification de la relation de cointégration entre les variables.
Les plus couramment utilisées sont celles de Engle&Granger et
Johansen. Dans notre travail nous utilisons celle d'Engle&Granger.
63
III.1.3.2.2. Modèle à correction
d'erreur
La cointégration des séries et leur non
stationnarité soulève des problèmes d'estimation. La bonne
qualité statistique du modèle (R2 élevé
et les coefficients significatifs) est due à la non stationnarité
des séries. Ainsi, lorsqu'on fait la régression directe, on ne
fait qu'engendrer les erreurs car la relation entre les variables émane
d'une tendance, ce qui fait comme conséquence les erreurs de
prévision. Pour remédier à cette situation, on fait
disparaître la tendance commune ou la relation commune de
cointégration et on cherche la liaison réelle entre les variables
au moyen d'un modèle à correction d'erreur. D'après
Bourbonnais (2005), lorsque la cointégration entre les variables
été révélée par les tests, on se trouve
devant deux cas de situation : soit en présence d'un vecteur unique de
cointégration, soit en présence de plusieurs vecteurs de
cointégration. Si le vecteur de cointégration est unique, on peut
procéder par la méthode d'estimation en deux étapes de
Engle et Granger suivants :
Etape 1 : estimation par les moindres carrés
ordinaires(MCO) de la dynamique de long terme
Yt =a+âxt +et
Etape 2 : estimation par les MCO de la dynamique du court
terme.
Section 2. Présentation et interprétation
des résultats
III.2.1. Présentation des résultats de
l'estimation
Dans cette partie, nous présentons les résultats
des tests et des estimations de modèle utilisé dans cette analyse
: tests de racine unitaire, tests de cointégration et estimation du
modèle à correction d'erreur.
64
III.2.1.1. Tests de racine unitaire
Les tests de stationnarité ont pour avantage de disposer
une information sur le caractère tendanciel ou saisonnier des
variables.
Le tableau suivant montre les résultats trouvés
à partir des tests de stationnarité.
Tableau 5 : Résultats des tests de
stationnarité des séries en niveau (ADF et PP)
Type de variables
|
En niveau
|
Décision statistique
|
ADF
V.C (au seuil de 5 %)
= -3.012363
|
PP
V.C (au seuil de 5 %)
= -3.012363
|
LRFR
|
0.537543
|
0.222722
|
Non stationnaire
|
LPIBR
|
0.141526
|
-0.373158
|
Non stationnaire
|
LDPR
|
0.115791
|
0.115791
|
Non stationnaire
|
LIPC
|
-0.486143
|
-0.486202
|
Non stationnaire
|
Source : Nous-mêmes à
partir du logiciel eviews 5.0 et des données en annexe.
Ce tableau est un récapitulatif des résultats
des tests de stationnarité en niveau de Dickey-Fuller Augmenté et
de Philips et Perron. La lecture de celui-ci renseigne que toutes les variables
admettent une racine unitaire. En effet, pour toutes les variables, les
statistiques des tests ADF et PP concluent à leur non
stationnarité car elles sont supérieures à la valeur
critique au seuil de 5%.
En définitive, nous retenons que toutes les variables
sont non stationnaires en niveau. En conséquence nous testons la
stationnarité en différence première. Le tableau qui suit
montre alors les résultats des tests ADF et PP des variables en
différence première.
65
Tableau 6 : Résultats des tests de
stationnarité des séries en différence première
(ADFet PP)
Type de variables
|
En première différence
|
Décision statistique : I
(1) Oui / Non
|
ADF
V.C (au seuil de 5 %)
= -3.020686
|
PP
V.C (au seuil de 5 %)
= -3.020686
|
LRFR
|
-3.973504
|
-3.979797
|
Oui
|
LPIBR
|
-3.193662
|
-3.193662
|
Oui
|
LDPR
|
-3.576050
|
-3.235485
|
Oui
|
LIPC
|
-3.901402
|
-3.872615
|
Oui
|
Source : Nous-mêmes à partir
du logiciel eviews 5.0 et des données en annexe.
Ce tableau montre de manière synthétique les
résultats des tests de stationnarité en différence
première. En effet, les tests ADF et PP montrent que toutes les
statistiques des tests sont inférieures aux valeurs critiques au seuil
de 5%.
En conclusion, l'analyse de la stationnarité aboutit
aux résultats traduisant la non- stationnarité en niveau, de
toutes les variables (LRFR, LPIBR, LDPR, LIPC). Cependant, le recours à
la différenciation a conduit à la stationnarité de toutes
les séries en première différence. En d'autres termes,
toutes ces séries sont intégrés d'ordre un.
III.2.1.2. Test de cointégration
Dans notre travail, le test de cointégration a pour
finalité d'étudier la relation de long terme entre les variables
suivantes : LRFR, LPIBR, LDPR, LIPC. L'analyse de la cointégration entre
les variables exige que celles-ci soient intégrées de même
ordre, généralement d'ordre un I (1).
66
Dans cette analyse, nous nous empruntons la méthode
d'Engle et Granger qui se fait en deux étapes dont la première
consiste à estimer la relation de long terme par les MCO. On
dégage ensuite le résidu åt issu de cette régression
; et pour la seconde étape, on procède par le test de
stationnarité des résidus de l'équation statique.
III.2.1.2.1. Relation de long terme
Pour estimer la relation de long terme, nous estimons les
paramètres de l'équation
suivante :
LRFRt=ao+a1LPIBRt+a2LIPCt+a3LDPt +åt
Avec a0, a1, a2, a3 : les coefficients à estimer.
åt: le terme d'erreur
Ci-après, nous présentons les résultats de
l'estimation des coefficients dans un tableau par
la méthode des moindres carrés ordinaires.
Tableau 7 : Résultats de l'estimation de la
relation de long terme
Variable expliquée
|
Variables explicatives
|
Coefficient
|
t-statistique
|
Probabilité
|
LRFR
|
LPIBR
|
0.720126
|
6.878214
|
0.0000
|
LIPC
|
-0.048691
|
-0.727895
|
0.4760
|
LDPR
|
0.318250
|
2.511038
|
0.0218
|
C
|
-1.634112
|
-2.652099
|
0.0162
|
Source : Nos soins à partir du
logiciel eviews 5.0 et des données en annexe.
La lecture de ce tableau montre que les coefficients
conduisent à l'équation de long terme suivante :LRFR= -1.634112 +
0.720126 LPIBR - 0.048691 LIPC + 0.318250 LDPR
R2 = 0.93 R2 ajusté = 0.92 F-stat = 8.604
DW=1.635 Prob (F-stat) = 0.000000
Les résultats comme R2 ajusté = 0.92,
montrent que le modèle est globalement bon.
67
Cela a pour signification que la variable endogène est
expliquée à 92% par les variables exogènes prises en
considération.
La statistique de Fisher intervient aussi dans la validation
du modèle avec une probabilité significative au seuil de 5%.
Enfin, pour tester l'existence de la relation de long terme, nous devons nous
rassurer que le résidu qui est issu de la régression est
stationnaire en niveau. Sinon, les variables du modèle ne sont pas
cointégrées.
III.2.1.2.2. Test de racine unitaire sur la série
des résidus
Pour le présent test comme déjà
annoncé dans le point précédent, la préoccupation
majeure consiste à se rendre sûr de la stationnarité en
niveau. Nous nous empruntons de méthodes d'ADF et de PP pour tester la
stationnarité sur la série des résidus.
Dans le tableau suivant, nous présentons les
résultats trouvés.
Tableau 8: Résultats des tests de
stationnarité (ADF et PP) sur la série des résidus (En
niveau)
|
Modèle avec constante
|
Modèle avec constante et tendance
|
ADF
|
PP
|
ADF
|
PP
|
Valeur calculée
|
-3.581208
|
-4.126255
|
-3.47052*
|
-3.743229
|
V.C au seuil de 5%
|
-3.012363
|
-3.012363
|
-3.644963
|
-3.644963
|
Décision
|
Stationnaire
|
Stationnaire
|
Non
|
stationnaire
|
* : statistique supérieure à la valeur critique au
seuil de 5%. Source : Nous-mêmes à partir
d'eviews 5.0
Les résultats présentés dans ce tableau
montrent que les statistiques trouvées pour tous les tests sont
inférieures aux valeurs critiques au seuil de signification de 5%,
exception faite pour la statistique d'ADF dans le cas du modèle avec
constante et tendance où la valeur critique est inférieure
à la valeur calculée (-3.644963< -3.470528).
68
Cependant, le test de PP pour le même modèle
affiche une statistique inférieure à la valeur critique au seuil
de 5% ; ce qui permet de conclure en faveur de la stationnarité des
résidus en niveau car le test de PP apporte des corrections au test ADF
et est plus performant que ce dernier.
En définitive, la relation de long terme étant
estimée par les MCO dans le point ci-haut et la stationnarité de
la série des résidus en niveau étant aussi prouvée,
nous tirons la conclusion de la cointégration entre toutes les variables
(LRFR, LPIBR, LIPC et LDPR).
Cependant, la cointégration des séries et leur
non stationnarité soulève des problèmes d'estimation. Pour
remédier à cette situation, on fait disparaître la tendance
commune ou la relation commune de cointégration et on cherche la liaison
réelle entre les variables au moyen d'un modèle à
correction d'erreur et cela fait objet du point qui va suivre.
III.2.1.3. Estimation du Modèle à
Correction d'Erreurs
Lorsque les variables sont cointégrées, cela
atteste la relation de long terme entre elles. Outre cette relation de long
terme, il peut arriver qu'il y ait des perturbations dans le court terme
faisant écart avec cette relation d'équilibre (de long terme). Le
recours à l'estimation du modèle à correction d'erreurs
permet de mettre en évidence la relation de court et de long terme entre
les variables. Ainsi, Engle et Granger proposent une méthodologie
d'estimation qui se fait en deux étapes.
Dans la première étape, il envisage d'abord
d'estimer la relation de cointégration par les MCO et ensuite de tester
la stationnarité du résidu estimé.
La stationnarité des résidus conduit à la
conclusion que les séries sont cointégrées, et cela a
été vérifié dans le présent travail de
recherche.
La seconde étape concerne l'estimation par la
méthode des MCO de la relation du modèle dynamique (court terme)
qui est de la forme suivante :
ÄLRFR = f30 + f31ÄLPIBR + f32ÄLIPC +
f33ÄLDPR + f34ÄLPIBRt-1 + f35ÄLIPCt-1+
f36ÄLDPRt-1 + f37ÄLRFRt-1 + f38 RESt-1
69
Avec :
f30, f31, f38, les paramètres à estimer
A : l'opérateur mathématique des
différences
RES :le résidu
Dans cette équation, f38 est le coefficient
qualifié de force de rappel et ô le résidu.
Selon Bourbonnais (2003), la validation du modèle
à correction d'erreurs exige que la
valeur du coefficient f38(force de rappel) soit
négative et significative. Dans le tableau
ci-après, nous présentons les résultats
de l'estimation pour la relation de court terme :
Tableau 9 : Présentation des résultats
de l'estimation du modèle de court terme
Variable expliquée
|
Régresseur
|
Coefficient
|
t-stat
|
Probabilité
|
D(LRFR)
|
C
|
-0.000280
|
-0.004618
|
0.9964
|
D(LRFR(-1))
|
0.761629
|
3.489604
|
0.0051
|
D(LPIBR)
|
0.431845
|
2.192655
|
0.0507
|
D(LPIBR(-1))
|
-0.407357
|
-1.659328
|
0.1253
|
D(LIPC)
|
0.344772
|
0.845707
|
0.4157
|
D(LIPC(-1))
|
-0.504347
|
-1.472556
|
0.1689
|
D(LDPR)
|
0.356630
|
2.126838
|
0.0569
|
D(LDPR(-1))
|
0.045777
|
0.263993
|
0.7967
|
RES (- 1)
|
-1.352322
|
-4.377880
|
0.0011
|
R2= 0.844197 F-stat =7.450256
R2 ajusté = 0.730886 DW = 2.164046
Prob (F-stat) = 0.001640
|
Source : Nos soins à partir de
l'Eviews 5.0 et des données de l'annexe
Les résultats de l'estimation synthétisés
dans ce tableau montrent que le coefficient associé au résidu ou
force de rappel est négatif et statistiquement significatif au seuil de
signification de 5%.
70
En effet, la valeur de la force de rappel est égale
à -1.352322 et la probabilité qui lui est
associée est de 0.0011. L'appréciation du
modèle est fondée sur le coefficient de détermination
trouvé (R2 = 0.84) et la probabilité associée
à la statistique de Fisher 0.16%. Le sens rattaché à ces
indicateurs est que, dans le court terme le comportement (variation) des
recettes fiscales réelles en cours D(LRFR) est fonction de la variation
des variables retenues à 84% et ces dernières sont globalement
significatives en se référant à la probabilité
associée à la statistique de Fisher. Ainsi, les résultats
que nous avons trouvés dans ce processus tel que recommandé par
Engle et Granger(1987) nous conduisent alors à la validation du
modèle à correction d'erreurs.
III.2.1.3.1. Test de stabilité du
modèle
Pour analyser la stabilité de notre MCE, nous avons
fait recours aux tests des résidus récursifs, CUSUM et CUSUM of
SQUARES TESTS. Ces derniers ont été établis par Brown et
Evans (1975). Le CUSUM TEST se distingue du CUSUM of SQUARES TEST par le fait
que le premier teste la présence ou non de l'instabilité
systématique et le second quant à lui teste la présence ou
non de l'instabilité aléatoire. Ci-après, nous
présentons les résultats obtenus de ces tests.
Graphique 9 : Résultats du test de CUSUM et de
CUSUM of SQUARES
10
5
0
-5
-10
01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11
CUSUM 5% Significance
01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11
CUSUM of Squares 5% Significance
![](Effets-de-l-inflation-sur-la-fiscalite-burundaise-valuation--l-aide-d-un-modele--correction13.png)
-0.4
0.8
0.4
0.0
1.6
1.2
Source : auteur à l'aide de
l'Eviews 5.0
L'observation des graphiques issus des tests de CUSUM et CUSUM
of SQUARES nous montre une stabilité systématique et
aléatoire de notre modèle au cours de notre période de
travail.
Autrement dit, quoi que les perturbations économiques
n'aient pas été absentes pour le cas du Burundi, les variables
déterminants des recettes fiscales que nous avons introduites dans notre
modèle n'ont pas connu des changements brusques et brutaux pouvant
mettre profondément en cause les recettes fiscales.
III.2.1.3.2. Test de diagnostic sur les
résidus
Notre but est de tester la normalité de Jarque et Bera
et l'absence d'autocorrélation de Breusch-Godfrey (1978) et
l'hétéroscédasticité avec le test deWhite
(1980).
III.2.1.3.2.1. Résultats du test de
normalité des résidus de Jarque et Bera
Series: Residuals
Sample 1990 2011
Observations 22
Mean Median Maximum
Minimum
Skewness
Kurtosis
Jarque-Bera
Probability
|
|
5 4 3 2 1
0
|
|
-0.2 -0.1 -0.0 0.1 0.2
71
Source : auteur à l'aide d'Eviews
5.0 et des données de la régression.
Std. Dev.
0.000000 0.007438 0.154509
-0.199759 0.107507 -0.314733
2.088671
1.124520
0.569920
Le graphique obtenu du test de normalité des
résidus de Jarque et Bera affiche une statistique avec une
probabilité supérieure à 5%. (0.56992 >0.05). Cela
prouve que les résidus sont normalement distribués. Quant
à l'analyse de la statistique de Skewness, elle est négative
(-0.314733<0) et cela traduit que la distribution est décalée
vers à gauche. Le Kurtosis montre que la distribution est plus aplatie
qu'à la normale ; cela transparaît à travers sa statistique
inférieure à 3 (2.088671<3).
En bref, avec le test de Jarque et Bera, notre modèle
est bon et peut servir pour des fins de prévision.
III.2.1.3.2.2. Résultats du test
d'autocorrélation des résidus
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test
|
F-stat : 0.348740
|
Prob : 0.562596
|
Obs*R-squared : 0.442238
|
Prob : 0.506044
|
Source : auteur à partir de Eviews
5.0 et les données de régression
De ce tableau, nous constatons que la statistique de
Breusch-Godfrey reporte une valeur de 0.442238 avec une probabilité
supérieure à 5%(0.506044>0.05). Ainsi donc, ces statistiques
nous permettent d'accepter l'hypothèse d'absence
d'autocorrélation des erreurs.
III.2.1.3.2.3. Résultats du test
d'héteroscédasticité
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 2.079492 Probability 0.118268
Obs*R-squared 13.40497 Probability 0.145121
72
Source : auteur à partir de Eviews
5.0
L'analyse de ce tableau montre qu'à chaque statistique de
test est associé une probabilité. Ainsi, l'hypothèse de
l'homoscédasticité ne peut pas être rejetée au seuil
de 5% car la probabilité de se tromper en rejetant cette
hypothèse est de 14.5%.
III.2.2. Interprétation globale et
économique
Dans cette phase consacrée à
l'interprétation globale des résultats trouvés dans notre
travail de recherche scientifique, il est aussi le moment opportun de rappeler
les résultats attendus relatifs à l'hypothèse de la
recherche. En effet, cette vérification se fait par analyse des signes
des coefficients associés aux variables indépendantes. Lorsqu'une
variable indépendante est affectée d'un coefficient
négatif et statistiquement différent de zéro, cela veut
dire que cette variable contribue négativement dans la variation de la
variable dépendante.
73
De l'analyse de la relation de long terme après avoir
corrigé les déséquilibres par le coefficient de la force
de rappel, nous constatons qu'à long terme l'inflation influence
négativement la variation des recettes fiscales avec une statistique de
Student égale à -0.727895 dont la probabilité est nulle
(0.4760 > 0,05). En conséquence, la nullité du coefficient
associé à l'inflation nous permet de conclure que les effets
négatifs de l'inflation sur les recettes fiscales ne sont pas
significatifs, ce qui est contraire au fondement de notre théorie.
D'où notre hypothèse est infirmée.
Quant aux autres variables, nous constatons qu'à long
terme le produit intérieur brut réel (PIBR) influence
positivement et significativement les recettes fiscales réelles (RFR)
avec une statistique de Student égale à 6.878214; une variation
du PIBR de 1% entraîne une augmentation de RFR de 0.72%. Cela montre que
le PIB est une variable macroéconomique dont il faut promouvoir la
croissance pour assurer le financement autonome des dépenses publiques
via les recettes fiscales collectées. Enfin, les dépenses
publiques réelles contribuent positivement et significativement mais en
faible proportion par rapport au PIB; la variation des dépenses
publiques réelles de 1% entraine une augmentation des recettes fiscales
réelles de 0.31%. Après l'analyse de la relation de long terme,
nous abordons la relation de court terme pour constater le comportement des
variables.
Ainsi, cette analyse montre les effets positifs non
significatifs de l'inflation au cours de l'année D(LIPC) sur les
recettes fiscales au cours de la même année D(LRFR) ; on constate,
cependant que les recettes fiscales au cours de l'année sont
affectés négativement mais pas significativement par le niveau
des prix de l'année précédente D (LIPC (-1)).
En ce qui concerne le produit intérieur brut
réel, que ce soit celui de l'année en cours D(LPIBR) ou celui
décalé d'une période D(LPIBR (-1)), aucun d'entre eux
n'affecte significativement les recettes fiscales même si celui
décalé d'une période les affecte négativement. Les
dépenses publiques, pour leur tour, affectent positivement mais les
effets ne sont pas significatifs que ça soit pour l'année en
cours ou l'année précédente.
74
Enfin, la relation de court terme montre que les recettes
fiscales de l'année en cours D(LRFR) dépendent largement,
positivement et significatives à 76% des recettes fiscales de
l'année précédente.
Au regard et analyse des résultats que nous avons
trouvés grâce à notre modèle à correction
d'erreurs, la relation de long terme prouve les effets négatifs mais
sans significativité. Quant à la relation de court terme
l'inflation n'a l'effet négatif qu'avec décalage d'une
période sans significativité non plus. A ce stade, notre
hypothèse de recherche est infirmée. L'infirmation de cette
hypothèse est en contradiction avec la théorie.
Au départ, et c'était le fondement de notre
recherche, nous avons voulu mettre en cause les propos de Ndoreraha(2003) qui
dit que lorsqu'il y a une inflation, la conséquence évidente est
la hausse des prix domestiques par rapport aux prix extérieurs, ce qui
modifie le comportement des consommateurs en adoptant à s'approvisionner
par les produits extérieurs du fait que ces derniers sont moins chers.
Dans cette logique, on assiste à un élargissement de l'assiette
imposable qui entraîne une augmentation des recettes fiscales par la voie
d'impôt à l'importation tandis que les exportations prennent de
moins en moins d'importance.
De plus, dans la partie de l'analyse descriptive, nous avons
remarqué la prépondérance des importations par rapport aux
exportations en matière d'apport des recettes fiscales. De notre part,
nous avons émis l'absence de compétitivité pouvant
provenir du fait de compter sur les recettes fiscales liées aux
importations qui alourdissent les prix à la vente.
Cela étant, un travail de recherche scientifique
à pour qualité d'être réfutable ;
c'est-à-dire qu'un bon travail de recherche se termine en laissant la
marge remarquable de poursuite. Ce résultat peut provenir de l'une ou
l'autre variable pouvant jouer dans la variation des recettes fiscales mais n'a
pas été intégrée. Les variables comme «
corruption » et « exonérations fiscales » pourraient
être parmi les éléments rongeurs des recettes fiscales
malgré la complexité, la clandestinité et manque des
données.
75
Synthèse du troisième chapitre
Dans ce troisième chapitre, notre objectif était
l'analyse empirique des effets de l'inflation sur les recettes fiscales
réelles. Nous avons intégré des autres variables qui
peuvent contribuer dans les recettes fiscales en s'appuyant sur la
théorie économique.
Comme nous l'avions énoncé dans la
méthodologie, nous avons entrepris les tests variés (test de
racine unitaire, cointégration, etc.). Les résultats des tests de
racine unitaire ont montré qu'aucune variable n'est stationnaire en
niveau, mais qu'elles le sont en différence première et la
cointégration a été confirmée par test.
Après estimation du modèle à correction d'erreurs, les
résultats globaux nous ont permis de déceler la
réalité empirique. En effet, le produit intérieur brut
réel exerce un effet positif et énorme sur les recettes fiscales
réelles, ce qui ne s'écarte pas de la théorie
économique. Quant à l'inflation, l'effet négatif sur les
recettes fiscales réelles constaté n'est pas significatif,
d'où notre hypothèse est infirmée. Non plus, les
dépenses publiques ont des effets non significatifs sur les recettes
fiscales. Nous avons enfin terminé nos analyses par les tests de
diagnostic sur les résidus pour découvrir la fiabilité de
notre modèle pour servir de prévision.
76
CONCLUSION GENERALE
Vers la fin du présent travail de recherche, nous
sommes appelé à revenir aux points saillants qui l'ont
caractérisé, dégager une conclusion générale
et d'émettre nos recommandations se rapportant à
l'hypothèse et aux résultats obtenus de la recherche que de
manière générale.
Notre travail a pour thème « EFFETS DE
L'INFLATION SUR LA FISCALITE BURUNDAISE: Evaluation à l'aide d'un
Modèle à Correction d'Erreurs (1990-2011) »et
a pour objectif de vérifier les effets du niveau général
des prix sur les recettes fiscales au Burundi. Dans la partie introductive de
notre travail, nous avons montré l'intérêt du sujet, la
question qui se pose, l'hypothèse de la recherche, la
délimitation (temporelle et spéciale) et la méthodologie
d'analyse.
Dans le premier chapitre,nous avons pu montrer les
aspects théoriques des deux concepts (variables), leurs
caractéristiques et leur relation. La première section
s'intéresse aux fondements théoriques de l'impôt, quant
à la seconde section, elle traite de l'inflation dans l'économie
en général et s'intéresse à la relation
théorique entre l'inflation et la fiscalité en particulier.
Le second chapitre s'est intéressé à une
analyse descriptive des variables, ce qui a permis de déceler le
comportement des variables au cours de la période d'étude. Cette
analyse n'a pas permis d'aboutir à la conclusion de notre travail et
nous avons ensuite abordé le troisième chapitre.
Au troisième et dernier chapitre de notre travail,
l'analyse n'est autre qu'empirique. Il comprend la présentation des
variables, la méthodologie d'analyse envisagée d'une part.
D'autre part, il comprend l'analyse empirique proprement dite qui teste
économétriquement les effets de l'inflation sur les recettes
fiscales. Cette analyse commence par les tests de racine unitaire. Les
résultats obtenus ont montré que toutes les variables (LRFR,
LIPC, LDPR, LPIBR) ne sont stationnaires en niveau avec les tests de PP et ADF,
mais qu'elles sont stationnaires en première différence
(c'est-à-dire intégrées d'ordre un).
77
Nous avons, par la suite, passé à l'analyse de
la cointégration avec la méthode d'Engle et Granger ; les
résultats ont prouvé la relation de long terme entres toutes les
variables, ce qui nous a dicté à estimer le modèle
à correction d'erreurs en vue d'analyse la dynamique de court et de long
terme.
Ainsi, après estimation de MCE, les résultats
obtenus ont traduit pour le long terme l'influence positive et significative du
produit intérieur brut réel (LPIBR) dans l'accroissement des
recettes fiscales réelles. L'analyse du coefficient montre que
l'accroissement de 1% du LPIBR entraine celui des LRFR de 0.72%. Cela a
montré l'importance du PIB dans le financement des dépenses
publiques par le biais de la fiscalité. Cependant, à court terme,
cette importance ne se démontre pas car le coefficient est
statistiquement nul. Les dépenses publiques ont affiché des
effets non significatifs pour le court et le long terme.
Concernant l'inflation, qui est la variable
d'intérêt dans notre travail, la dynamique de long terme montre
que l'inflation(LIPC) a des effets négatifs mais non significatifs au
seuil de 5% ;(Coefficient : -0.048691, Probabilité: 0.4760). Quant
à la dynamique de court terme, les résultats concluent en
défaveur du signe escompté avec coefficient et probabilité
pour D(LIPC) (respectivement 0.344772 et 0.4157) et pour D (LIPC (-1)) nous
avons -0.504347 et 0.1689 (respectivement).
A l'issu des résultats obtenus, notre hypothèse
de départ libellé comme suit : A long terme, l'inflation qui
est une hausse généralisée des prix a une influence
négative sur les recettes fiscales pour autant que les taux de taxation
ne changent pas est infirmée.
Le rejet de notre hypothèse va à l'encontre de
la théorie de départ. Au début de notre travail nous
sommes parti des effets négatifs observés de l'inflation sur la
plupart des variables macroéconomiques au Burundi, cela nous a
incité à interroger la littérature théorique
existante. Nous avons voulu également vérifier le fondement des
propos de Ndoreraha (2003) qui dit que l'inflation est profitable pour les
recettes fiscales via les importations.
78
Cependant, la tendance à nous inquiéter sur ses
propos émane également des travaux existants à ce sujet
malgré qu'ils soient très réduits. Au CONGO, Umba di
mamona (2005) en étudiant l'influence de l'inflation sur la
fiscalité congolaise (1995-2004) avec sa méthodologie
basée sur les enquêtes et interviews, a trouvé que les
effets sont négatifs.
Notre résultat peut provenir de l'une ou l'autre
variable pouvant jouer dans la variation des recettes fiscales mais qui n'a pas
été intégrée. Les variables comme « corruption
» et « exonérations fiscales » pourraient être
parmi les éléments rongeurs des recettes fiscales malgré
la complexité, la clandestinité et manque des données
d'où cette recherche n'est pas toute close et ouvre d'autres canaux de
recherche.
RECOMMANDATIONS
A la fin d'un travail de recherche pertinent pour les finances
publiques d'un pays qui affiche un déficit budgétaire important,
et au vu des résultats trouvés, il est utile de faire quelques
recommandations qui s'y rapportent.
Au gouvernement:
? de conjuguer les efforts afin de maitriser
l'évolution des prix afin de réduire ses effets néfastes
sur la fiscalité qui risquent de changer d'ampleur, vue sa montée
progressive ;
? de profiter de l'inflation étrangère pour
stimuler les exportations du Burundi par l'accroissement, la diversification de
la production et ainsi accroitre la capacité des importations ;
? d'accorder une place de choix aux nouveaux secteurs porteurs
de croissance, le commerce transfrontalier et les technologies modernes. Cela
permettra d'élargir l'assiette fiscale et tendre vers l'autonomie
financière.
Au secteur privé :
? De profiter les avantages du code des investissements pour
rentabiliser les capitaux, ce qui a pour conséquence la création
d'emploi.
79
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Cadres stratégique de croissance et de lutte contre la
pauvreté. Bujumbura.
83
ANNEXES
84
Annexe 1 : Données utilisées dans la
régression (exprimées en MBIF sauf IPC)
Variables Années
|
IPC
|
PIB
|
DP
|
RF
|
1990
|
28,1
|
196656
|
54547,8
|
24781,5
|
1991
|
30,1
|
204951
|
60005,7
|
31448,7
|
1992
|
32,8
|
258391
|
70237
|
32821,8
|
1993
|
34,5
|
261956
|
68832,6
|
33099,1
|
1994
|
37,9
|
286548
|
60926,8
|
33545,2
|
1995
|
43,4
|
301754
|
58632,6
|
41455
|
1996
|
51,9
|
265414
|
70807,2
|
35359,2
|
1997
|
65,6
|
346099
|
78598,1
|
39246,8
|
1998
|
77,8
|
400166
|
103059,3
|
55445,3
|
1999
|
80,5
|
455443
|
117305,8
|
59956,4
|
2000
|
100
|
511039
|
130203
|
86595
|
2001
|
109,3
|
549980
|
166072,2
|
95513,4
|
2002
|
107,8
|
584605
|
236239,3
|
95907,7
|
2003
|
119,3
|
644680
|
265542,3
|
105587,4
|
2004
|
129,3
|
748846
|
297515
|
177259,2
|
2005
|
146,3
|
860902
|
299135,9
|
159031,1
|
2006
|
150,3
|
946400
|
318611
|
163639,3
|
2007
|
162,9
|
1060100
|
393193,6
|
185707,2
|
2008
|
202,4
|
1911139
|
438236,2
|
237095,5
|
2009
|
224,4
|
2205440
|
537419,8
|
278800,5
|
2010
|
240,3
|
2565465
|
673537,5
|
363087,2
|
2011
|
263,3
|
2895197
|
768962,4
|
440974,7
|
Source : BRB, rapports annuels
85
Annexe 2 : Données utilisées dans la
construction des graphiques (en MBIF)
Variables Années
|
Recettes fiscales directes
|
Recettse fiscales indirectes
|
Recettes des taxes à l'importation
|
Recettes des taxes à l'exportation
|
INVPU
|
INVPRI
|
1990
|
6485,6
|
18295,9
|
3481,8
|
192,6
|
29733
|
5259
|
1991
|
8761,9
|
22686,8
|
4027,6
|
445,4
|
32117
|
6190
|
1992
|
9917,4
|
23404,4
|
5990,1
|
1104,8
|
39523
|
2323
|
1993
|
9903
|
23029,3
|
5575,7
|
714,2
|
33384
|
1565
|
1994
|
9079
|
27002,6
|
5540,8
|
2618,8
|
33000
|
1000
|
1995
|
9669,7
|
31092,9
|
6063,1
|
3912,9
|
20000
|
12250
|
1996
|
10818,1
|
24468,8
|
4385,2
|
1293,5
|
20416
|
12294
|
1997
|
11470,3
|
27807,1
|
4716,7
|
603,6
|
14980
|
6995
|
1998
|
13543,7
|
41901,6
|
8751,1
|
4562
|
23900
|
3300
|
1999
|
16066
|
43855,7
|
9055,3
|
28,4
|
29900
|
4800
|
2000
|
19511,4
|
63148,5
|
12683,3
|
21,9
|
32700
|
5900
|
2001
|
28466
|
62859,3
|
13041,1
|
94,4
|
30900
|
9100
|
2002
|
31900
|
63900
|
13829,6
|
21,3
|
43400
|
12400
|
2003
|
32100
|
73300
|
16132,2
|
82,8
|
52000
|
17100
|
2004
|
36200
|
81100
|
15570,4
|
131,6
|
64900
|
19200
|
2005
|
41900
|
98300
|
18463,8
|
121,7
|
75500
|
67500
|
2006
|
44600
|
109100
|
25372,3
|
185,7
|
116800
|
128600
|
2007
|
53100
|
117200
|
24553
|
99,2
|
134800
|
95000
|
2008
|
67200
|
151200
|
32047,7
|
1880,6
|
126800
|
246900
|
2009
|
80584
|
176844,8
|
30357,8
|
72,2
|
92900
|
292900
|
2010
|
114358,4
|
232270,6
|
32770,4
|
216,9
|
213300
|
307000
|
2011
|
123972,2
|
316998,1
|
48829,7
|
162
|
|
|
Source : BRB : Rapports annuels
(1990-2011) MPDR, Economie burundaise (1990-2010)
86
Annexe 3. Strucure des recettes fiscales et dons (en
millions de Fbu)
Variables Années
|
Impôt sur le revenu
|
Impôt sur le commerce intérieur
|
Impôt sur le commerce extérieur
|
Dons en capital
|
Dons courants
|
1990
|
6485,6
|
12009,7
|
6211
|
|
|
1991
|
8761,9
|
14132
|
8463,6
|
|
|
1992
|
9141,2
|
15051,8
|
8257,8
|
|
|
1993
|
9654,7
|
15424,6
|
7706,8
|
|
|
1994
|
7545,3
|
17372,3
|
8336,3
|
|
|
1995
|
9363,4
|
19004,3
|
12768,2
|
|
|
1996
|
10614
|
16886,1
|
7478,1
|
7226,2
|
2106,7
|
1997
|
11148,4
|
20493,1
|
7274
|
4194,7
|
6075,8
|
1998
|
13244,6
|
25077,3
|
16854,8
|
3673
|
6801,3
|
1999
|
15739,9
|
31314
|
12541,7
|
4661
|
6693,6
|
2000
|
19286,9
|
45043,4
|
18105,1
|
6281,2
|
9593,6
|
2001
|
28466
|
44147,6
|
18711,7
|
26808
|
16350,6
|
2002
|
31617,2
|
44408,3
|
19542,3
|
20516,3
|
42499,1
|
2003
|
31951,3
|
49423,4
|
23833,7
|
37592,8
|
27690,7
|
2004
|
35671
|
56932,5
|
24479,3
|
31329,4
|
40469,4
|
2005
|
41957,2
|
66488,2
|
33041,5
|
24000
|
79000
|
2006
|
44560,8
|
83177,4
|
25852,3
|
32912,5
|
71700
|
2007
|
53079,5
|
92548
|
24666,9
|
67147,4
|
94517,4
|
2008
|
66830,6
|
120484,6
|
33929
|
20449,4
|
117085,1
|
2009
|
84699,9
|
147350,9
|
34382,6
|
17996,9
|
88754,6
|
2010
|
114358,4
|
195129,7
|
37140,9
|
65365,1
|
172708
|
2011
|
123972,2
|
248383,8
|
68614,3
|
83218,3
|
121144,4
|
Source : BRB, rapports annuels
87
Annexe 4 : Résultats bruts de l'estimation du
MCE : long terme
Dependent Variable: LRFR Method: Least Squares
Date: 03/29/13 Time: 20:50
Sample: 1990 2011
Included observations: 22
Variable
|
Coefficient Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-1.634112 0.616158
|
-2.652099
|
0.0162
|
LIPC
|
-0.048691 0.066893
|
-0.727895
|
0.4760
|
LPIBR
|
0.720126 0.104697
|
6.878214
|
0.0000
|
LDPR
|
0.318250 0.126740
|
2.511038
|
0.0218
|
R-squared
|
0.935900 Mean dependent var
|
6.809038
|
|
Adjusted R-squared
|
0.925217 S.D. dependent var
|
0.424628
|
|
|
Akaike info
|
|
|
S.E. of regression
|
0.116121 criterion
|
-1.305408
|
|
Sum squared resid
|
0.242712 Schwarz criterion
|
-1.107037
|
|
Log likelihood
|
18.35949 F-statistic
|
87.60433
|
|
Durbin-Watson stat
|
1.635296 Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
Source : Résultats trouvés
à partir d' eviews 5.0
88
Annexe 5 : Résultats bruts de l'estimation MCE :
court terme
Dependent Variable: D(LRFR) Method: Least Squares
Date: 04/01/13 Time: 04:15
Sample (adjusted): 1992 2011
Included observations: 20 after adjustments
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-0.000280
|
0.060628 -0.004618
|
0.9964
|
D(LRFR(-1))
|
0.761629
|
0.218257 3.489604
|
0.0051
|
D(LPIBR)
|
0.431845
|
0.196951 2.192655
|
0.0507
|
D(LPIBR(-1))
|
-0.407357
|
0.245495 -1.659328
|
0.1253
|
D(LIPC)
|
0.344772
|
0.407673 0.845707
|
0.4157
|
D(LIPC(-1))
|
-0.504347
|
0.342498 -1.472556
|
0.1689
|
D(LDPR)
|
0.356630
|
0.167681 2.126838
|
0.0569
|
D(LDPR(-1))
|
0.045777
|
0.173404 0.263993
|
0.7967
|
RES(-1)
|
-1.352322
|
0.308899 -4.377880
|
0.0011
|
R-squared
|
0.844197
|
Mean dependent var
|
0.039966
|
Adjusted R-squared
|
0.730886
|
S.D. dependent var
|
0.166624
|
S.E. of regression
|
0.086438
|
Akaike info criterion
|
-1.756607
|
Sum squared resid
|
0.082188
|
Schwarz criterion
|
-1.308527
|
Log likelihood
|
26.56607
|
F-statistic
|
7.450256
|
Durbin-Watson stat
|
2.164046
|
Prob(F-statistic)
|
0.001640
|
Source : Résultats trouvés
à partir de Eviews 5.0
|