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Section 2 : La fonction de demande de monnaie
I- La demande de monnaie chez les classiques et les
néo-classiques
Pour les classiques, le seul motif de détention de la
monnaie est le motif de transaction. En plus, ils considèrent qu'il y a
absence d'interaction entre ce qui est monétaire et ce qui est
réel (activité économique de production et de consommation
des biens) et supposent même, que les agents économiques font une
évaluation précise de la monnaie à court terme comme
à long terme c'est-à-dire qu'ils anticipent le niveau
général des prix, ce qui est bien sûr irréaliste. On
comprend donc de l'analyse classique que la monnaie n'est pas détenue
comme réserve de valeur.
Cette approche par les transactions a été
formalisée à l'aide de deux équations bien connues :
l'équation de FISHER et celle de MARSHALL.
I-1- L'équation de FISHER
L'équation de FISHER s'écrit comme suit :
M.V + M'.V' = PT
Où :
M : représente les pièces de monnaie et les
billets de banques
M' : représente les dépôts bancaires
V : représente la vitesse de circulation des
pièces de monnaie et des billets de banque
V' : représente la vitesse de circulation des
dépôts bancaire
P : représente le niveau général des
prix
T : représente le volume des transactions dans
l'unité de temps.
Une formulation plus simple confondant les deux formes de
monnaie s'écrit : M.V = P.T
La vitesse de circulation est en fait le nombre de fois
où une unité de monnaie est échangée dans les
transactions. Il s'agit donc d'une vitesse moyenne puisque toutes les
unités monétaires ne s'échangent pas le même nombre
de fois.
Cette équation est basée sur le principe
évident suivant :
Toute transaction met en relation un acheteur et un vendeur
et par conséquent, chaque vente correspond un achat et le montant des
ventes est nécessairement égal au montant des ventes et ce, pour
l'ensemble de l'économie.
Cette équation nous dit tout simplement que les
dépenses totales mesurées par la quantité de monnaie
multipliée par le nombre moyen des échanges qu'une unité
monétaire a été échangée durant une
période donnée, sont nécessairement égales aux
nombre total de transactions effectuées durant cette même
période, multipliés par le prix moyen des biens
échangés.
Pour illustrer ce principe, considérons une
économie où il y a trois agents et un seul bien. En début
de période :
· Le premier agent possède 100 unités d'un
bien dont le prix est 1 DH mais ne possède pas de monnaie
· Le deuxième agent ne possède aucun bien
mais par contre possède 100 DH
· Le troisième agent lui aussi ne possède
aucun bien mais possède 200DH.
Agent 2 :
· 0 bien
· 100 DH
Agent 3 :
· 0 bien
· 200 DH
Début de période :
Agent 1 :
· 100 biens (prix unitaire 1 DH)
· 0 DH
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Au cours de la période, les deux échanges ont eu
lieu :
Echange 1 : l'agent 1 vend les 100
biens à l'agent 2 au prix unitaire de 1 DH Echange 2 :
l'agent 2 revend les 100 biens à l'agent 3 au prix
unitaire de 1 DH A la fin de la période on a la situation ci-dessous
:
Fin de période :
|
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Agent 1 :
|
Agent 2 :
|
Agent 3 :
|
· 0 bien
· 100 DH
|
· 0 bien
· 100 DH
|
· 100 biens
· 100 DH
|
|
Vérifions si l'équation de FISHER est vraie
pour cet exemple et calculons donc chacun des termes de cette équation
:
- Calcul de M :
La masse monétaire en circulation est évidemment
égale à 300 DH
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- Calcul de V :
Il y a eu deux échanges : le premier échange
concerne les 100 DH qui étaient chez l'agent 2. Chaque unité de
ces cents dirhams a donc une vitesse de 1 (échangée une seule
fois dans la période).
Le deuxième échange concerne les 100 DH qui
étaient chez l'agent 3 (parmi les 200 DH qu'il avait en début de
période). Chaque unité de ces cents dirhams a donc une vitesse de
1 (échangée une seule fois dans la période).
Par contre, les 100 unités monétaires non
utilisées par l'agent 3 durant la période, ont une vitesse
égale à zéro (non échangées dans la
période). La vitesse moyenne est donc :
(? 1 ? 0
200
~~~ i=1
300
|
200 ~
300
|
|
|
|
- Calcul de P :
Nous n'avons qu'un seul bien, donc le prix moyen est
évidement égal au prix de ce bien c'est-à-dire 1 DH.
- Calcul de T :
Pour le premier et le deuxième échange nous avons
100 transactions pour chaque échange (100 biens échangés
pour un prix unitaire de 1 DH). Donc, T = 200.
On peut maintenant vérifier l'équation :
Le membre droit de l'équation vaut : M. V = 300 X ~~~
~~~ = 200
Le membre gauche vaut : P.T = 1 x 200 = 200
L'équation est donc bien vérifiée.
D'une manière générale, on peut
démontrer cette équation de la façon suivante :
Soit une économie avec M unités monétaires.
Supposons qu'au cours d'une période il ya eu T Transactions et que lors
de chaque transaction un bien Bi a été vendu au prix Pi (les T
biens peuvent être identiques ou non). Supposons de plus que chaque
unité monétaire a été échangée ni
fois (ni peut être nul). Alors, étant donné que tous les
échanges de monnaie correspondent à toutes les transactions
effectuées durant la période, on a nécessairement :
M T
>n1 = >pi
i=1 j=1
Si on définit la vitesse moyenne comme suit :
? ni
M
i=l
~ ~ M
Alors on a : M.V = ? ~~
~ ~~~
De même, si on définit le prix moyen comme suit
:
? ~~ ~
~~~
~ ~ ~
Alors on a : P.T = ? ~~
~~~
~
Et par conséquent ; on a : M.V = P.T
Cette équation n'est pas une véritable fonction
de demande de monnaie. Elle ne traduit pas une encaisse monétaire
désirée, mais une encaisse nécessaire pour effectuer les
transactions. En effet, dans une économie, la monnaie qui circule est
nécessairement égale à la monnaie que réclament les
agents économiques en contrepartie de la valeur de leurs transactions
économiques.
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