CONCLUSION GENERALE
La renaissance de l'Etat est un besoin bien réel en
cette phase historique de la République Démocratique du Congo.
L'idée fait depuis un certain temps l'unanimité au sein de sa
classe politique ainsi que de l'ensemble de sa population. La vision centrale
dans ce qui apparaît comme une nouvelle philosophie sociale est celle de
redonner à l'Etat les moyens nécessaires et suffisants dans
l'exercice de sa souveraineté sur son territoire et dans ses rapports
avec d'autres entités souveraines. La reconstruction n'est en
réalité que cette quête d'empuissancement de l'Etat
congolais. Comment y parvenir dans un monde en recomposition ? comment
faire passer l'Etat de son stade actuel de simple espace des matières
première ouvert au commerce de tous et exposé aux convoitises
étrangères à celui d'une véritable
communauté de destin ? Quelles sont les opportunités qui lui
sont offertes pour renaître à la grandeur, à la puissance
et à l'influence ? C'est à ces différentes
préoccupations que nous avons tenté de répondre dans ce
mémoire.
Nous sommes partis de l'hypothèse selon laquelle, la
redéfinition des rapports des forces mondiaux devrait
impérativement amener le Congo à se réorganiser à
l'intérieur en fonction des dynamiques mondiales. Cette
réorganisation ne devrait pourtant pas se borner en une simple
normalisation de la vie politique mais qu'à celle-ci devrait
correspondre un sérieux travail de réinvention de l'ensemble du
système publique. L'empuissancement serait l'axiome majeur dans la
conduite du destin national.
Des résultats de nos investigations est analyses, il
ressort que le monde n'est plus même dans sa configuration post blocs, il
a changé tant dans ses caractéristiques que dans son
fonctionnement. L'avortement du désire d'instauration d'un nouvel ordre
mondial plus paisible et plus sécurisant, bâti sur des nouvelles
valeurs politique et économique (la démocratie et le
libéralisme) a accentué l'instabilité et les menaces qui
pesaient déjà sur les sociétés parties, rendant
ainsi difficile le contrôle des affaires mondiales par une entité
quelconque. Mais le comble c'est que face à ces convulsions post-blocs,
le Congo se retrouve dans un Etat d'effondrement poussé qui
hypothèque l'exercice effectif de la souveraineté de l'Etat
à l'intérieur et réduit considérablement sa marge
de manoeuvre dans ses rapports avec d'autres souverainetés.
Tous les secteurs vitaux de l'Etat sont en faillite et
nécessitent une profonde restructuration. Cette déliquescence ne
s'explique fondamentalement que par la nature du système d'organisation
politique que le pays a connu depuis son accession à
l'indépendance et à la souveraineté. L'effondrement de
l'Etat, comme nous l'avons souligné, était à la fois une
cause et un effet politique qui ont leurs implications économiques,
sociales et autres et qu'en définitive, la tyrannie détruisait
elle-même l'Etat impitoyable qu'elle a créé.
Pour guérir de ce mal géopolitique, nous avons
estimé, conformément à notre hypothèse ou position
de départ que, l'Etat congolais devrait s'inscrire dans un processus de
reconfiguration reposant sur une praxéologie binaire mais concomitante
impliquant à la fois le redressement de son système public global
interne et un effort de repositionnement sur la scène mondiale.
Le redressement du système public interne devrait se
traduire par la continuation et la consolidation du processus
démocratique, la restauration de l'administration et de la justice
véritable, le renforcement des capacités de production et de
mobilisation des richesses, la reforme en profondeur du secteur de
sécurité ainsi que la redynamisation et rationalisation de
l'appareil diplomatique du pays.
Certaines démarches ont déjà
été amorcées dans ce sens, mais avec pourtant moins
d'emphase et qu'il faudrait procéder d'urgence à des rajustements
ou recadrages pour parvenir aux résultats escomptés
c'est-à-dire doter l'Etat des moyens ou des capacités d'accomplir
effectivement les missions inhérentes à sa raison d'être.
Il s'agit en d'autres termes pour la Rdc de passer du stade de la
souveraineté aspirationnelle consacrée par le droit
internationale à la souveraineté praxéologique ou
opérationnelle qui dépend de la maîtrise de certains
déterminants de la puissance.
Le volet repositionnement prend en compte la conduite de
l'Etat dans ses rapports avec le monde extérieur. Il présuppose
le recouvrement par le Congo de son rang d'acteur stratégique
régional au bénéfice du rayonnement national, de la
stabilité et de la paix en Afrique centrale et sur l'ensemble du
continent. Ce qui procéderait d'un engagement responsable du pays dans
le jeu diplomatico-stratégique, dans le flux commercial et financier
mondial ainsi que dans l'organisation des espaces d'intégration ou de
solidarité africains. Un rapprochement avec les puissances occidentales
est souhaitable dans sa quête de paix et de stabilité étant
donné que celles-ci jouent un rôle majeur dans la distribution des
cartes dans cette région. Sa participation au jeu de la mondialisation
lui permettra de consolider son économie et de réaliser des
excédents nécessaires à sa politique
étrangère. Le jeu d'intégration devrait finalement servir
de multiplicateur dans la résolution des deux précédentes
équations.
Nous avons finalement insisté sur une série de
mesures d'accompagnement qu'il faudrait adopter pour que le processus atteigne
effectivement son point d'achèvement. Le destin du Congo ne pourra
être que celui que les congolais eux-mêmes auront
décidé. La réversibilité de l'informalisation de
l'Etat dépendrait exclusivement de la volonté, de
l'inventivité ou créativité et de la
sérénité de toutes les composantes de la
société. Une prise de conscience collective sous l'impulsion des
dirigeants légitimes, patriotes et visionnaires reste le meilleur
encrage pour la renaissance du Congo dans ce monde en recomposition.
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