Epigraphe
Proverbe espagnol
« Voyageur, il n'y a pas des routes. C'est en
marchant qu'on les trace ».
Dédicace
A tous ceux qui, comme moi, croient encore au destin de
grandeur, de stabilité, de paix, de prospérité et de
puissance véritable de cette grande nation au coeur du continent
africain.
MUKENDI TSHIMANGA Rossy.
Avant-propos
Les divers apports reçus dans la production de cette
oeuvre scientifique ne peuvent nous laisser indifférent. Raison pour
laquelle nous avons tenu à témoigner notre gratitude à
tous ceux qui y ont concouru.
Nous remercions très sincèrement le Professeur
Ordinaire BIYOYA MAKUTU KAHANDJA Baudouin Philippe pour avoir dirigé de
main de maître le présent mémoire. Sa rigueur scientifique
et ses diverses orientations nous ont permis de produire un travail de
qualité que la communauté scientifique congolaise et d'ailleurs
pourront apprécier à sa juste valeur.
Nous exprimons également notre gratitude à tout
le personnel académique, scientifique et administratif de
l'Université Pédagogique National en général et de
la Faculté des Sciences sociales administratives et politiques en
particulier qui a contribué efficacement à notre formation
intégrale, durant toutes ces années passées sur le
campus.
Nous pécherions si nous omettons de remercier
très chaleureusement nos parents, Fernand Ignace TSHIMANGA MUKENDI et
Madeleine NGALULA KAPAJIKA qui, contre vents et marées, ne se sont pas
lassés d'accomplir le dur labeur de façonnement de l'homme que
nous sommes aujourd'hui.
A nos oncles, tantes, frères et soeurs, fils, cousins
et cousines, neveux et nièces, collègues et camarades
d'auditoire, amis et amies disons grand merci pour l'estime, la confiance, le
soutien et l'amour qu'ils nous ont témoignés et apportés
durant ce parcours de combattant.
MUKENDI TSHIMANGA Rossy
SIGLES, SIGNES ET ABREVIATIONS
ANR : Agence Nationale de Renseignement
CEEAC : Communauté Economique des Etats d'Afrique
Centrale
CIAT : Comité International d'Accompagnement à
la Transition
CND : Centre National de Documentation
COMESA : Marché Commun des Etats d'Afrique Orientale
et Australe
CONADER : Commission Nationale du Désarmement, de
Démobilisation et de Réintégration
CPR : Corps de Protection Rapproché
DGM : Direction Générale de Migration
DMIAP : Direction Militaire des Activités
Anti-Patrie
EM : Ecosystème pour le Millénaire
Etc : et cetera/ et le reste
FAC : Forces Armées Congolaise
FAP : Forces d'Auto défense Populaire
FARDC : Forces Armées de la RDC
FAZ : Forces Armées Zaïroise
FMI : Fond Monétaire International
FNI : Front National d'Ituri
IDE : Investissement Direct Etranger
MLC : Mouvement pour la Libération du Congo
MONUC : Mission des Nations Unies au Congo
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
PIB : Produit Intérieur Brut
PNB : Produit National Brut
PPA : Parité du Pouvoir d'Achat
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés
RCD : Rassemblement Congolais pour la Démocratie
RCD-N : Rassemblement Congolais pour la
Démocratie-Nationale
RCD-ML : Rassemblement Congolais pour la
Démocratie-Mouvement de Libération
RDC ou RD Congo : République Démocratique du
Congo
SADC : Communauté pour le Développement de
l'Afrique Australe
SMI : Structure Militaire d'Intégration
SNIP : Service National d'Intelligence et de Protection
USA : Etats Unis d'Amérique
UPI : unité de Police intégrée
N° : Numéro
% : Pourcentage
= : égalité
INTRODUCTION GENERALE
1. Problématique
La République Démocratique du Congo est une
immense géographie, un sous continent qui pour évoluer en tant
que structure politique ou géopolitique aurait le devoir
d'équilibres indispensables internes et externes. C'est en tant
qu'administration efficace et système politique cohérent et
stable que la RD Congo peut valablement compter comme membre à part
entière de la communauté internationale utile à sa
population et aux autres nations du monde. Et quand on prend en plus en compte
l'immensité des ses ressources naturelles qui attirent des convoitises
étrangères, la RD Congo ne saurait contribuer autrement à
la paix du monde. Elle doit être un Etat au sens plein du terme.
Cependant, depuis quelque temps et à la suite à
la fois des mutations du système mondial et des mutations
régionales et internes, la RD Congo est devenue un simple espace vide de
pouvoir de l'Etat parce que celle-ci aura été effondrée.
Ce vide géopolitique comme il fallait s'y attendre a aspiré
rebellions, armées étrangères et milices de tout genre et
plongé le pays dans un cycle infernal de guerres d'agression, de
pillages des ressources naturelles, des tueries et des déplacements des
populations, à la base d'une plus grande instabilité
régionale.
Ce déclin de l'Etat congolais a été
ressenti par toute la communauté internationale comme un mal
géopolitique, aussi est-elle venue au secours de ce dernier pour
chercher les voies de paix et de sécurité par la cessation des
hostilités et des arrangements politiques et institutionnels de
restauration de l'ordre politique national.
Dans la mesure où cette quête mondiale de la paix
coïncidait avec la tendance générale de recomposition des
rapports de forces mondiaux, recomposition stratégique autour de
l'organisation de la région des Grands Lacs et de l'ensemble de la
région et aussi de la reforme ou transformation de l'Organisation de
l'Unité Africaine (OUA) en Union Africaine (UA), et face à la
montée des nouvelles puissances mondiales africaines ; asiatiques
et latino-américaines ; comment devrait se poser la question de la
renaissance de la république démocratique du Congo ? Pour
avoir par le passé été une nation pivot de
l'équilibre régional dans le cadre de la lutte idéologique
stratégique Est-Ouest en Afrique, la RD Congo peut-elle sans risque pour
sa propre stabilité et pour la stabilité régionale
demeurer un simple espace des matières premières ouvert au
commerce de tous et exposé aux convoitises
étrangères ? Ou devrait-elle saisir cette opportunité
pour renaître à la puissance et à l'influence
régionale ?
2. Hypothèse de
travail
Le fait que le monde se réorganise devrait obliger le
Congo à se réorganiser à l'intérieur en fonction
des dynamiques mondiales. La résolution de cette équation serait
rendue difficile vu l'état d'effondrement actuel du pays mais pas
impossible pour autant.
Pour ce faire, nous estimons que si le Congo désire
renaître dans toute sa splendeur, tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur, il ne devrait pas se contenter d'une simple
restauration de la légitimité institutionnelle, soit-elle
démocratique, résultant d'une ingérence de la
communauté internationale mais qu'il devrait plutôt travailler
à l'inversion de l'informalisation de l'Etat soit à son
empuissancement en vue de mieux exprimer son indépendance et sa
souveraineté mais aussi de s'engager dans n'importe quel projet
géopolitique et d'en tirer le maximum de profit ou gain possible. Ce qui
procéderait d'une synergie nationale aux fins de consolider la
démocratie, de restructurer et de revigorer l'administration et la
justice, l'économie, l'armée, la police et les officines de
sécurité ainsi que la diplomatie.
Les réformes que nous préconisons dans
différents secteurs de la vie nationale, si elles sont menées
à bon escient devraient produire cet empuissancement en permettant
à l'Etat congolais de remplir pleinement et convenablement ses fonctions
de régulation et de coordination (politique) ; de contrôle,
suivi et exécution des décisions prises (administration) ;
de protection des droits et libertés ainsi que d'harmonisation des
rapports et activités au sein du groupe (justice) ; de
sécurisation des personnes et de leur bien ainsi que de défense
du territoire national (armée et police) ; et enfin celle de
gestion et de stabilisation de son environnement extérieur
(diplomatie).
C'est dire en d'autres termes que la problématique de
la renaissance ou de la reconstruction de la RD Congo se poserait doublement,
en termes existentiel et praxéologique. Le premier volet (existentiel)
procéderait d'une géopolitique interne consistant au
contrôle de la vie sociale soit au rétablissement complet de
l'autorité de l'Etat afin de procurer à la nation la consistance
propre dans la gestion de son indépendance et de sa souveraineté.
Le second volet (praxéologique) renverrait au jeu de puissance soit
à la participation active et effective de l'Etat congolais dans les
interactions diplomatico stratégiques ainsi qu'au jeu
d'interdépendance du monde post guerre froide. Car, comme toute nation
responsable, l'Etat congolais devrait sans relâche travailler à
se donner un rang et à jouer un rôle dans l'ordre mondial en
construction au niveau de la sous région, de la région et du
monde.
3. Choix et
intérêt du sujet
Le choix de ce sujet est dicté par le sens du devoir
qui caractérise les intellectuels en général et les
internationalistes en particulier, celui de penser le devenir de leur nation
dans un monde complexe et dynamique. Cette étude nous permet non
seulement d'intérioriser la configuration et les dynamiques du
système international post blocs mais également et surtout de
pénétrer les dimensions internes et externes de l'effondrement et
donc du déclin de l'Etat congolais présenté comme moteur
d'intégration économique et de stabilité pour l'ensemble
du continent africain. Cela en vue de rechercher des mécanismes
efficaces d'empuissancement de l'Etat et de sa réinsertion dans la
dynamique de la gouvernance mondiale.
L'intérêt de cette étude réside
dans le fait que les analyses qui en découleront pourront
vraisemblablement éclairer l'action du pouvoir public, orienter
objectivement et rationnellement les stratégies ou politiques à
mettre en oeuvre dans le cadre de la reconstruction du pays. Il s'agit pour
nous, en tant que scientifique, de donner à la volonté politique
de reconstruction du Congo démocratique telle qu'exprimée par ses
dirigeants une grille de lecture, un référentiel parmi tant
d'autres dans l'atteinte de cet objectif.
4. Approche
méthodologique et théorique
La scientificité d'une étude repose
essentiellement sur la démarche intellectuelle que le chercheur adopte
dans l'explication du phénomène étudié
(méthode), sur les mécanismes employés pour la collecte
des données (technique) ainsi que sur le cadre théorique auquel
il fait référence.
4.1. Méthodes et
techniques de recherche
Dans le cadre de cette étude, nous avons opté
pour la méthode géopolitique et pour la technique
documentaire.
La géopolitique, écrit François Thual,
construit sa démarche sur des conflictualités des pouvoirs autour
des enjeux territoriaux, le territoire étant porteur des promesses
d'identité, de prospérité et de puissance. Face à
ces conflictualités congénitales, deux postures
stratégiques semblent s'imposer aux Etats en vue d'assurer leur survie
et de garantir leur destin respectif. Il s'agit de
« contrôler » et « contrer ».
Contrôler consiste à imposer directement où indirectement
sa volonté ou son influence sur les autres pour satisfaire ses ambitions
identitaire, économique et de puissance qui fondent ce désir de
territoire. Contrer suppose en retour un refus de se faire imposer une
volonté ou influence extérieure quelconque. C'est donc de cette
dialectique entre le désir et son objet que se forme la méthode
géopolitique1(*).
L'action de l'Etat étant d'abord
« réflexive » ou ethnocentrique par essence, il
importe au préalable pour chaque Etat de maîtriser parfaitement sa
propre géographie ou espace, de contrôler effectivement et
efficacement son propre territoire par des administrations civiles et
militaires pour espérer s'engager sans risque ou avec un coût
réduit, marginal dans l'autre volet stratégique, celui de la
puissance. La renaissance de la RD Congo devrait impérativement
s'articuler autour de ces deux variantes stratégiques
c'est-à-dire travailler à doter l'Etat des ressources ou moyens
propres pour exercer l'autorité publique sur l'ensemble du territoire
national d'une part, et d'autre part de s'engager dans le jeu de puissance et
d'interdépendance à l'échelle continentale et/ou globale.
Car de l'avis de Robert Bosc, un Etat qui ne dispose pas de consistance propre
ne peut jouer ni de la puissance, ni de la communication2(*).
Faudrait-il cependant insister sur le fait que ce projet de
renaissance de la RDC étant porteur des ambitions ou intentions de
puissance ne suscitera absolument pas l'enthousiasme de certains Etats du
continent et d'ailleurs qui tirent visiblement profit du déclin de ce
pays. Le Congo doit donc se préparer à faire face à
l'adversité que va immanquablement lui imposer certains Etat qui voient
dans ce réveil du géant une menace de transformation de
l'équilibre stratégique dans cette partie du monde. C'est pour
ainsi dire que l'aboutissement du processus de reconstruction du Congo
entraînera la déchéance de certains Etats qui
paradoxalement travailleront à le contrecarrer ou à en limiter
l'impact.
La technique documentaire pour sa part nous permet de
collecter des données dans divers supports scientifiques (documents
écrits) en fonction desquelles nous allons élaborer nos faits.
4.2. Cadre théorique
A. Pertinence du cadre théorique
Toute recherche qui ambitionne de se hisser à un niveau
scientifique doit être menée dans un cadre théorique
explicite. Ce cadre théorique permet en effet de préciser le sens
donné aux concepts manipulés. Il assure une lisibilité du
texte tout en permettant une articulation entre les différentes parties,
de manière à faire du travail un ensemble cohérent,
permettant ainsi une interprétation pertinente des données
recueillies. C'est, à notre avis, une des conditions à remplir
pour partager les résultats avec la communauté scientifique.
Le pôle théorique est, selon Mashauri Kule,
« le lieu de la formulation systématique des objets
scientifiques. Il propose en outre des règles d'interprétation
des faits, de spécification et de définition des solutions
provisoirement données aux problématiques. Ainsi, le pôle
théorique est le lieu d'élaboration des langages scientifiques et
détermine le mouvement de la conceptualisation ».
La théorie, ajoute ce même professeur, n'est pas
un luxe en sciences sociales, mais bien plutôt une
nécessité : affirmer pouvoir s'en passer est un leurre qu'on
doit refuser sous peine de se priver du fondement même de toute science.
Le progrès de la recherche et celui de l'élaboration
théorique sont non seulement parallèles, mais bien
indissociables. Ce progrès ne consiste pas seulement en une accumulation
de faits, mais en un changement qualitatif dans la structure des
systèmes théoriques. En conclusion « Pas de
théorie, pas de science »3(*).
Pour nous conformer à cette exigence scientifique, nous
avons dans la panoplie de théories des relations internationales,
opté pour la théorie néo réaliste.
B. Fondements de la théorie
néoréaliste
Le néo réalisme ou réalisme structurale
est l'une des nombreuses théories qui fondent la discipline scientifique
des relations internationales. Représentée principalement par
Kenneth Waltz à travers son oeuvre Théory of international
politics 1979 (TIP), oeuvre écrite à contre-courant des
thèses néolibérales en vogue - La théorie
réaliste se construit autour de la dialectique agent/structure dans
l'explication des relations internationales.
De la bouche même de Kenneth Waltz, « le nouveau
réalisme, différemment à l'ancien, commence par proposer
une solution au problème de la dissociation entre les facteurs internes
et les facteurs externes du système politique international [on se
rappelle que la théorie classique établit une démarcation
entre le domestique et l'international, ce qui lui a été
reproché par les libéraux]. En dépeignant le
système international comme un tout, avec deux niveaux, celui de la
structure et celui de l'acteur, à la fois distincts et
interconnectés, le néoréalisme établit l'autonomie
de la politique internationale et rend possible une théorie sur
elle4(*).
En effet, Les deux niveaux sont distincts mais liés.
La structure, qui détermine l'ensemble, obéit à un
principe d'organisation, l'anarchie internationale, dont découle une
logique dominante, la recherche de la sécurité. Ensuite, la
distribution inégale des capacités des acteurs étant une
caractéristique essentielle de la structure, l'interaction de ces
derniers opère différents arrangements possibles. Trois principes
règlent donc le système de Waltz et Un changement au niveau de
l'un de ces trois principes d'ordre, de différenciation et de
distribution constituerait un changement dans la structure du système,
voire un changement de système.
1) Il est anarchique et décentralisé,
c'est-à-dire dépourvu de toute autorité supérieure
aux autres. Bien que très différentes par bien des aspects, les
unités sont formellement égales entre elles.
Celle-ci est au centre de son analyse et au centre du
système en raison de la primauté du politique. Celle-ci tient
moins au fait que la menace de la violence et du recours à la force
caractérise le milieu international qu'à la différence de
structure qui sépare le domestique et l'externe. Tandis que
l'intégration est la marque du premier, une interdépendance
anarchique frappe le second. Dans ce principe d'ordre, qu'est paradoxalement
l'anarchie internationale, réside la « structure profonde » du
système, celle qui détermine le comportement des acteurs. Dans ce
contexte où l'interdépendance est avant tout source de
vulnérabilités, le self-help est nécessairement le
principe d'action qui, compte tenu des risques encourus, accorde la
priorité au politique. Si la politique nationale est le domaine de
l'autorité, de l'administration et de la loi, la politique
internationale est celui de la puissance, de la lutte, et des arrangements. En
politique intérieure la force est le dernier recours. En politique
extérieure elle est omniprésente parce qu'elle est dissuasive.
2) Les États souverains ont un caractère unique
en ce sens qu'ils remplissent les mêmes objectifs, ont les mêmes
missions. Les différences sont liées à leurs
capacités, non à leur fonction qui est, fondamentalement, de
garantir leur propre sécurité. Celle-ci constitue le paradigme de
la politique internationale chez Waltz. Pour Waltz, l'équilibre de la
puissance n'est qu'un mode instrumental pour atteindre la
sécurité. En effet, l'État dispose de deux moyens pour
atteindre celle-ci : ses propres ressources, et les alliances qu'il peut
passer.
3) La distribution inégale des capacités
engendre une hiérarchie des unités, et la configuration
(plutôt que la structure) d'un système change quand cette
distribution est modifiée. En effet, soutient Waltz, faibles ou forts
les États ne se différencient pas par leurs fonctions, mais par
leurs moyens. Ce qui fait réellement la différence entre un
système et un autre, c'est le nombre des grandes puissances. La
hiérarchie des puissances a l'avantage de résorber l'anarchie et
d'éviter le déchaînement de la violence. Car ce sont les
plus puissants qui définissent les règles et sont les plus
sensibles à la balance avantages/inconvénients dans l'usage de la
force5(*).
C. Corrélation entre la théorie choisie
et l'objet de l'étude
La théorie néo réaliste convient
parfaitement pour cette étude dans la mesure où la renaissance de
la RD Congo en tant que projet d'empuissancement répond à une
double nécessité : Il s'agit d'abord de redonner à
l'Etat les capacités d'assurer le contrôle effectif de son espace
national et de la vie sociale ; et ensuite de recréer les
conditions de survie soit d'auto conservation de l'Etat congolais dans
l'indépendance et la souveraineté lui permettant ainsi de
contribuer véritablement aux objectifs de sécurité et de
développement poursuivis par tous les dans l'international post blocs.
Nous pensons que dans son état de faillite ou de mal
souveraineté le Congo ne peu être qu'une
« présence-absence » dans les relations
internationales où la puissance demeure encore le facteur structurant
malgré les changements intervenus. Ce qui se confirme d'ailleurs avec
les agressions répétées dont fait l'objet la Rdc depuis
1996. Ne pouvant absolument pas déléguer son pouvoir de
sécurité à un autre Etat ou à une organisation
internationale, fut-il l'ONU, la renaissance du Congo s'inscrirait finalement
dans une approche ethnocentrique et interactive. Son destin l'oblige à
recréer des conditions de son autonomie et à produire des
excédents nécessaires à sa participation dans la dynamique
de la gouvernance globale.
5. Délimitation du
sujet : dans le temps et dans l'espace
L'exploitation optimale d'un thème de recherche
nécessite une circonscription à la fois temporelle et spatiale.
Celle-ci permet d'effectuer des analyses rigoureuses et poussées.
5.1. Dans le temps
Notre étude tient compte de deux terminus ;
l'année 2001 (terminus ad quo) et l'année 2007 (terminus ad
quem). Durant cette période, d'importants changements sont intervenus
aussi bien dans la politique interne que dans l'environnement international.
Le pays est sorti d'une longue période de guerre et la
transition démocratique a connu son épilogue avec l'installation
des institutions issues des urnes suscitant du coup les espoirs de voir le
Congo se reconstruire et de jouer véritablement son rôle d'ancre
de stabilité pour l'Afrique et le monde.
Sur le plan international, des transformations notables ont
émaillé le processus de redéfinition du système
international imposée par la fin de la guerre froide, obligeant ainsi
les sociétés - parties à revisiter leurs postures à
l'intérieur même du système.
5.2. Dans l'espace
Nous nous limitons ici à l'examen de la situation
congolaise au regard des intérêts géopolitiques et
géostratégiques considérables que revêt ce pays pour
l'ensemble du monde. Nous sommes convaincu qu'en résorbant son
effondrement, la RDC contribuera efficacement à la paix et à la
sécurité ainsi qu'à la prospérité de
l'Afrique et du monde.
6. Plan
résumé
En plus de l'introduction et de la conclusion, trois chapitres
constituent la charpente de cette étude. Le premier chapitre est
consacré à l'examen du système international, ses
réalités et ses dynamiques, ce qui demeurent et ce qui a
changé depuis la fin de la guerre froide.
Le deuxième chapitre répond à la
question du pourquoi et du comment de la renaissance d'un Congo effondré
du fait des crises et des années de mauvaises gestions de la chose
publique. Et le troisième et dernier chapitre réservé aux
perspectives, présente les stratégies possibles ou probables d'un
aboutissement crédible du processus de reconstruction de l'Etat et pour
un retour assuré de la RD Congo dans la géopolitique mondiale
soit dans la gestion enjeux et défis de l'ordre ou désordre
post-guerre froide.
PREMIER CHAPITRE :
REALITES ET DYNAIMQUES DU MONDE POST-BLOCS.
La renaissance de la RD Congo qui se décline en termes
de réinvention du système d'organisation interne de l'Etat
dépend d'un ensemble de variables déterminantes qui sont à
la fois d'ordre interne et externe. Si le premier est fonction de la
volonté politique des acteurs nationaux, la seconde est liée
à l'état ou à la nature de l'environnement international
en l'occurrence le contexte post guerre froide.
De même que l'organisation d'une entreprise tient
à la taille et aux exigences du marché, nous pensons que la
reconstruction de l'Etat congolais devrait forcement se référer
aux réalités et dynamiques du système international en
présence pour éviter un éventuel déphasage. Raison
pour laquelle nous nous attelons au préalable dans ce chapitre à
examiner le monde d'après guerre froide qui lie en partie le destin de
la nation congolaise.
Section 1 : le
système mondial post-blocs : continuité ou
rupture ?
Le qualificatif post blocs ou post-bipolaire ou même
post-guerre froide désigne le système ou la phase des relations
internationales qui succède au duopole
américano-soviétique. Succession qui relève des
changements, des bouleversements ou des mutations intervenus dans
l'organisation des rapports des forces entre les nations du monde.
En effet, si le monde bipolaire reposait sur des
critères de lisibilité et de prévisibilité et aussi
de résolution des conflits diplomatico-stratégiques qui
l'imposait6(*) ; les
qualités nécessaires pour maîtriser le monde à
naître, par contre, ont partie lié avec l'abstraction :
l'avenir est impossible à fixer de façon concrète et
l'analyse des rapports entre l'espoir et la réalité envisageable
relève, par essence, de la conjecture7(*).
Pendant la guerre froide puis la coexistence pacifique,
écrit Bertrand Badie, chaque camp s'organisait, de gré ou de
force, pour contenir ou défier celui qui lui faisait face. A
l'intérieur des deux blocs, le leader assurait la protection du plus
petit ou du plus faible, aménageait des alliances, construisait sa
puissance de manière à se mesurer à l'autre champion.
Aussi la bipolarité était-elle centripète et chaque pole
exerçait-il un évident magnétisme qui se cristallisait
dans des valeurs communément partagées et qui entraînait
selon la formule consacrée, un univers de stabilité
hégémonique. Mais depuis 1989, ajoute-t-il, nul ne sait vraiment
dans quel système le monde évolue8(*).
La société internationale de l'après
guerre froide ne ressemble en rien à celle de la guerre froide :
qu'il s'agisse de sa structure, de son fonctionnement, de ses principes ou des
valeurs dont elle s'inspire. Le monde a changé mais demeure instable,
incertain et imprévisible. Sa caractéristique fondamentale est la
complexité : privé de ses repères traditionnels, il
est à la recherche d'un nouvel équilibre, d'un nouvel ordre
international, sous peine d'être menacé par l'anarchie ou de
basculer dans le chaos9(*).
Tous ces troubles que nous observons ne peuvent pas être
regardés comme autant de suspensions momentanées d'un statu quo
salutaire, prévient Henry Kissinger. Ils révèlent au
contraire une transformation inéluctable de l'ordre mondial,
résultant des modifications structurelles internes qui touchent un
certain nombre de ses participants majeurs, en même temps que la
démocratisation de la politique, de la globalisation de
l'économie et de l'instantanéité des
communications10(*).
Ces analyses attestent avec suffisance la rupture entre ces
deux mondes, entre ces deux systèmes, entre ces deux périodes de
l'histoire des relations internationales. Mais cette rupture n'est pas absolue
pour autant, plusieurs données semblent perdurer et lier à ce
titre le nouveau système en construction et l'ancien en vertu de ce que
Thierry de Mont Brial appelle la loi de « conservation » ou
des « invariants »11(*).
Les données permanentes de la scène et du jeu
tant au niveau des acteurs internationaux que des méthodes diplomatiques
peuvent se résumer ainsi : les rivalités entre grandes
puissances et compétition entre Etats n'ont pas cessé ; le
recours à la force ou à la violence demeure lorsqu'il s'agit de
défendre les intérêts nationaux importants ; la
souveraineté en voie d'érosion n'est pas morte ; le sous
développement, la misère et la pauvreté sont loin
d'être éradiqués dans les sociétés de
l'hémisphère Nord et de l'hémisphère sud, et les
inégalités entre Etats se sont aggravées. Si le soft power
de James Nye prend de plus en plus d'importance, le hard power n'a pas
disparu12(*).
Soulignons également cette forte tendance au
réarmement (projet du bouclier antimissile américain, la question
du nucléaire coréen et iranien, ...) ainsi qu'un fort relent de
l'endiguement développé par certaines puissances euro
américaines vis-à-vis de la Chine, de la Russie, etc.
Cependant, le désordre institutionnel ne semble
être une panacée pour aucun membre de la communauté
internationale. Qu'il s'agisse des puissants, des faibles ou même des
Etats en effondrement comme le Congo Kinshasa, l'heure est à la
restructuration, à la recomposition du système international soit
à la recherche d'un nouvel ordre mondial devant garantir paix,
stabilité et prospérité aux sociétés
parties. Ainsi pour Daniel Colard, « le monde est appelé
à faire sa perestroïka et à procéder à son
aggiornamento : à problèmes et défis nouveaux,
système international nouveau. Gérer les transitions est une
tâche délicate pour éviter les dérapages et les
déstabilisations. Et les adaptations passent par la durée, le
facteur temps jouant un rôle essentiel »13(*).
En effet, face à cette absence de modélisation
de l'ordre international en présence, trois questions fondamentales
semblent s'imposer à priori pour comprendre l'environnement dans lequel
la RDC est appelée à évoluer et duquel dépend
également en partie la réussite de son processus de
reconstruction. Il s'agit de dire : Dans quel monde sommes-nous
entrés avec l'implosion du bloc socialiste ? Quels sont les grands
enjeux de ce système ? Qu'elle est, finalement la santé de
l'Afrique face aux crises de la mondialisation ?
Section 2 : Le monde
post-blocs : Gouvernance et enjeux
Il est question de relever dans cette section les traits
caractéristiques du monde de l'après guerre froide. Et à
ce titre nous abordons la problématique de sa gouvernance, faisons le
point sur sa configuration géopolitique ainsi que sur ses principaux
enjeux, et enfin évoquons la situation particulière du continent
africain où la plupart des Etats sont en faillite et ont du mal à
s'assumer et à s'affirmer dans ce système international en
transition.
2.1. Problématique de la gouvernance mondiale.
L'ambition de construire un ordre mondial ou mieux de
créer des conditions de gouvernance mondiale est une constante dans les
relations internationales. Depuis le XVIIème, les Etats souverains qui
sont apparus à la suite des traités de westphalie cherchent
résolument à construire un ordre international stable et
sécurisant pour tous. Il faut trouver un équilibre acceptable
entre différents acteurs pour éviter la guerre et favoriser la
satisfaction des intérêts des uns et des autres.
Dans ses analyses sur le nouvel ordre mondial, Henry Kissinger
souligne le caractère séculaire de ce désir de
recomposition stratégique du monde. Il semblerait, écrit-il,
qu'à chaque siècle surgisse, avec une régularité
qui ferait croire à une loi de la nature, un pays ayant la puissance, la
volonté et l'élan intellectuel et moral nécessaire pour
modeler le système international conformément à ses
valeurs propres.
Il note, en effet, que si le XVII ième
siècle a été celui de la France de Richelieu qui fonda
l'ordre mondial sur l'Etat nation et déterminé par la recherche
de l'intérêt national comme but ultime ; le XVIII
ième siècle britannique avec la notion
d'équilibre des forces ; le XIX ieme siècle
d'abord celui de Metternich qui reconstruisit le concert européen, et
Allemand ensuite avec Bismarck qui le démantela et transforma l'ordre
mondial en un jeu impitoyable de politique de puissance ; le XX
ieme siècle aura été fortement influencé
par les Etats-Unis14(*).
Mais cette constatation ne doit pas pour autant
éclipser la particularité du monde bipolaire dans lequel
soviétiques et américains proposaient des modèles de
sociétés contradictoires. Socialistes et libéraux se sont
affrontés idéologiquement pendant près d'un demi
siècle tout en évitant à l'humanité les souffrances
et les atrocités d'une troisième guerre mondiale à
caractère nucléaire.
Jusqu'à l'implosion de l'union soviétique,
écrit Jean Ziegler, un homme sur trois, sur terre, vivait sous un
régime communiste. Or les régimes communistes récusaient
la démocratie pluraliste, le suffrage universel et l'exercice des
libertés publiques qui le fondent. Les régimes communistes
accordaient la priorité absolue au progrès social de leurs
populations15(*).
Devrions-nous alors considérer l'implosion de l'union
soviétique comme un acte consécrateur de l'ère
hégémonique américaine ? La pax americana serait-elle
véritablement opérationnelle ?
A ces questions Bertrand Badie reste sceptique et
considère que, l'incertitude est d'autant plus grande, depuis 1989, que
les lois les plus simples de l'arithmétique on été
défiées : la disparition d'un pole ne signifiait peut
être pas la domination sans partage du monde par celui qui faisait face.
Deux moins un ne valait pas toujours un16(*).
Cette position est également partagée par Henry
Kissinger et André Kaspi. Le premier estime que ce qui est nouveau dans
ce nouvel ordre planétaire ce que pour la première fois, les
Etats-Unis ne peuvent ni prendre leurs distances avec le monde ni le
dominer17(*). Le second
affirme que les Etats-Unis ne veulent plus être le gendarme du monde
comme ils l'on été, au moins pour une partie de la
planète, de 1945 à 1975, tout au plus se contentent-ils de jouer
les shérifs18(*).
Mais à la différence de Badie qui rattache cette
situation à la transformation du « power politics »
en « protest politics » car, l'apparence unipolaire a
surtout conduit à une curieuse mutation : dès qu'il se
révèle unique, le pole hégémonique est davantage
sujet à contestation qu'objet de sollicitation19(*) ; André Kaspi
table sur la volonté d'autolimitation de la puissance américaine.
Il admet que l'hégémonie se heurte à des limites mais que
ces limites sont celles que les américains se fixent eux-mêmes,
dans la mesure où ils ne souhaitent pas utiliser n'importe comment tous
les moyens que la nature et l'histoire leur ont accordés20(*).
Malgré ces vicissitudes, une réalité
demeure évidente : les Etats-Unis sont de loin supérieurs
à toutes les autres nations du monde. Il est la seule puissance globale
du monde post blocs. A l'aube du nouveau millénaire, ils jouissent d'une
prééminence avec laquelle les plus grandes empires du
passé eux-mêmes ne sauraient rivaliser. Qu'il s'agisse d'armement
ou de dynamisme économique, de science ou de technologie, d'enseignement
supérieur ou de culture populaire, l'Amérique exerce un ascendant
sans précédent su l'ensemble de la planète.
Le bilan de cette puissance tel qu'établit par Annie
Zwang révèle que, les Etats-Unis possèdent la
supériorité militaire (ils sont la puissance spatiale
majeure) ; leur budget militaire pourtant en diminution équivaut
encore à plus de 4% du PNB. Ils s'appuient sur un formidable arsenal, y
compris nucléaire, accentué par la désorganisation de leur
rival russe. Leur stratégie repose sur deux axes : le
contrôle des mers et des océans grâce à des flottes
présentes sur « les points chauds » du globe, et
grâce à la permanence de forces dans les zones à risque. Le
pacifique est surveillé par la septième flotte (pacifique nord)
et par la troisième (mère de chine). La sixième flotte est
en méditerranée et la deuxième dans l'atlantique.
Leur action est renforcée par d'importants services de
renseignement et par un système de communication très
sophistiqué avec des satellites espions. Les Etats-Unis sont les
premiers vendeurs d'armes de la planète et assurent près de la
moitié du marché21(*).
Cette ascendance se manifeste également au niveau des
institutions internationales dont l'ONU principalement. Le gouvernement de
Washington finance 26% du budget ordinaire de fonctionnement de l'ONU,
l'essentiel du budget spécial pour des opérations de maintien de
la paix (les 72000 casques bleus actifs dans 18 pays) et une grande partie des
budgets des vingt-deux organisations spécialisées. Quant au
Programme Alimentaire Mondial qui a nourri 91 millions de personne en 2004,
Washington y contribue à hauteur de 60% essentiellement en livrant des
aliments prélevés sur le surplus américain22(*).
Sans la puissance américaine, fait remarquer Thierry de
Mont Brial, l'effectivité des résolutions de cette organisation,
tout au moins dans les cas les plus graves, serait encore plus faibles qu'elles
ne les sont23(*).
En effet, si l'empire américaine ou la « pax
americana » parait informelle et même illusoire, son
leadership, sa prépondérance ou son hégémonie dans
l'international post blocs par contre, reste évidente. Les Etats-Unis
constituent le centre d'impulsion dans la conduite des affaires mondiales
malgré les oppositions, les contestations et même les
prétentions de certains acteurs de vouloir se constituer en pole
politico stratégique autonome ou en contre hégémonie. Sa
puissance lui permet de se représenter dans toutes les grandes aires
géopolitiques du monde et d'y jouer un rôle déterminant
voire décisif.
Section 3 : Les
systèmes et grands enjeux du monde post blocs.
Comme nous l'avons dit précédemment, le
système international post blocs ne correspond à aucun
modèle ou construction intellectuelle existant ; il est illisible,
imprévisible, instable, incertain. Privées des repères,
les relations internationales sont entrées dans une séquence de
désordre quasi continue et dont l'issu n'est pas connue. Ce
caractère polygénique conduit à des approches disparates
sur la nature et les enjeux du monde de l'après guerre froide rendant
du coup impossible tout recours à une formule unique pour
interpréter l'ordre international en présence.
Face à cette difficulté d'avoir une approche
globale, les spécialistes des relations internationales semblent se
contenter des analysent compartimentées ou régionalisées
de ce nouveau contexte international. Ainsi la perception des enjeux
diffère de ce fait, suivant que l'on se trouve dans une région ou
dans une autre.
3.1. Les différents
systèmes du monde post blocs.
Nous basant sur les analyses de Henry Kissinger, nous pouvons
distinguer quatre systèmes internationaux au moins dans cette
séquence des relations internationales et chacun d'eux correspondant
à des motivations précises sauf peut être le système
africain où le jeu ne semble pas encore être clairement
défini parce que les acteurs sont pour la plupart en situation de mal
souveraineté.
· Le système occidental ou
euro-américain
Les idéaux historiques de l'Amérique peuvent
fort bien régenter les relations entre les Etats-Unis et l'Europe
occidentale ; ils peuvent même s'appliquer à tout le
continent américain. Ici la version idéaliste de la paix
fondée sur la démocratie et le progrès économique
fait la preuve de sa pertinence. Les Etats sont démocratiques, les
économies sont libérales, les guerres inconcevables sinon
à la périphérie, où elles peuvent être
déclenchées par des conflits ethniques. Les différends
éventuels ne sont pas réglés par la guerre ni par la
menace de guerre. Les préparatifs militaires sont une réaction
aux menaces extérieures à cette sphère. Ils ne visent pas
d'autres pays de la région Atlantique ou du continent
américain24(*).
· Les grandes puissances
d'Asie
Plus vaste géographiquement et beaucoup plus
peuplé que les pays de l'Europe du XIXème
siècle, se considèrent comme des rivales stratégiques.
L'Inde, la Chine, le Japon, la Russie avec, légèrement à
la traîne, la Corée et les Etats d'Asie du Sud-est, estiment que
certains pays de la région peuvent effectivement menacer leur
sécurité nationale. Le danger serait encore plus grand si
plusieurs de ce pays s'associaient. Le risque de guerre entre ces puissances
n'est pas imminent, mais il n'est pas nul pour autant.
L'accroissement des budgets militaires est censé mettre
les pays concernés à l'abri de l'agressivité
éventuelle des autres. Comme dans l'Europe du XIXème
siècle, une longue période de paix est parfaitement envisageable
en Asie - et même probable -, mais, en l'occurrence, l'équilibre
des forces jouera un rôle décisif25(*).
· Le moyen orient
Les conflits au Moyen orient ressemblent beaucoup à
ceux qui ont déchiré l'Europe au XVIIème
siècle. Leurs racines ne sont pas économiques, comme en Asie,
mais idéologiques et religieuses. Ici les principes issus du
traité de Westphalie ne s'appliquent pas. Il est difficile d'accepter un
compromis quand le conflit ne porte pas sur un grief précis, mais sur la
légitimité voire sur l'existence même de l'autre camp.
Toute tentative de compromis sur la question de ce que chaque
partie considère comme son lieu saint ne peut que mettre en relief le
caractère inconciliable de leurs positions.
· Le système africain
Celui-ci ne correspond aucunement au précédent
de l'histoire diplomatique. Car c'est en vain que l'on chercherait pour
éclairer sa situation par un précédent dans l'histoire
européenne. Bien que les Etats qui le composent se qualifient de
démocraties, leur action politique ne repose pas sur un principe
idéologique unificateur. Et la politique africaine n'est pas
dominée non plus par le concept d'équilibre des forces. Le
continent est trop grand et l'influence de la plupart de ces pays trop faible
pour cela.
La fin de la guerre froide a entraîné, dans une
large mesure, celle de la rivalité des grandes puissances à
propos de l'Afrique. Sur ce continent, la pauvreté est omni
présente. Le chaos qui en résulte a transformé certains
pays africains en havre pour des groupes terroristes, pour le blanchiment de
l'argent et pour les syndicats du crime26(*).
Mais au-delà des questions respectives de chacune de
ces zones ou sous-systèmes, se trouvent des enjeux et défis qui
requièrent des réponses globales et nécessitent
l'implication de l'ensemble de la communauté internationale.
3.2. Les grands enjeux du monde
post blocs
Les changements survenus dans les relations internationales
consécutifs au démantèlement du duopole américano
soviétique n'ont pas résolu l'ensemble de questions qui se
posaient jadis, ils en ont au contraire, créés quelques-unes en
plus. Et tous ces problèmes anciens et nouveaux à résoudre
constituent des enjeux et défis à relever dans l'ordre mondial en
présence.
Il s'agit notamment des questions d'ordre juridique (le droit
international), d'ordre économique, elles portent également sur
la défense et la stratégie ainsi que sur plusieurs autres enjeux
qualifiés de transversaux.
· Le droit international
Le droit international est le droit de la
société internationale. Or cette société
contrairement à une société d'individus ; est
largement exempte de régulations, de normes, de valeurs acceptées
par tous. Elle apparaît plus comme la jungle décrite par Hobbes,
Machiavel et autres que comme une communauté apaisée et
policée par un hypothétique pacte social ou contrat social.
Déjà à l'intérieur d'un Etat de
droit, le système juridique et judiciaire n'est qu'un amortisseur,
seulement en partie efficace, de la brutalité des rapports humains.
L'imperfection fondamentale de toute construction juridique est encore plus
flagrante s'agissant du droit international27(*).
Il n'existe toujours pas d'autorité pour assurer
l'ordre et le respect de normes, et pas de police qui posséderait le
monopole de la violence. Les seules entités capables de faire appliquer
un « droit » sont les grandes puissances qui disposent de
la contrainte. Mais personne ne peut venir limiter, réglementer l'usage
de la force, sinon une coalition plus puissante d'Etats menacés28(*).
Le droit n'a finalement pas réussi à s'imposer
comme facteur structurant des relations internationales, l'équilibre des
forces demeurent le seul refuge pour le maintien ne fut-ce que minimal de la
sécurité et de la paix mondiale. Mais cela n'exclut pas le fait
pour les Etats de s'engager dans des traités et accords
bilatéraux et multilatéraux pour tenter de réguler et de
stabiliser les affaires mondiales dans nombre de ses aspects.
Le principal enjeu dans ce domaine reste toujours celui
d'instaurer une autorité supranationale et bienveillante qui donnerait
au droit international toute sa pertinence. Un droit accepté par tous
les Etats et qui se poserait en substitue au mécanisme westphalien
d'équilibre des puissances dans cette quête de stabilité et
de sécurité collective.
· L'économie
internationale
Les questions économiques revêtent de une plus
grande d'importance dans les relations internationales de l'après guerre
froide à tel enseigne que certains tentent de l'ériger en
principe d'ordre, en facteur structurant dans cet international qui ne cesse de
se mondialiser et de modifier les fonctions de la puissance. Car toute
politique des Etats modernes vise à maximiser l'intérêt de
la nation en termes de production des richesses. La politique
étrangère inclut de plus en plus des considérations
économiques importantes qui deviennent parfois l'unique ressort de la
diplomatie, la guerre étant devenue une menace virtuelle pour beaucoup
d'Etats. Cette économicisation des rapports internationaux explique le
fait que ce soient les chefs d'entreprises qui accompagnent désormais
les chefs d'Etat et des gouvernements dans leur déplacement à
l'étranger, alors qu'à une certaine période, seuls les
politiques étaient admis dans ce cercle fermé de la
diplomatie.
A cette ère de la mondialisation, note le Professeur
Mokili Jeannot, la compétition économique prend des allures
vertigineuses. La bonne santé d'un pays se mesure désormais
à l'importance de ses exportations et à la
compétitivité de ses produits sur les marchés
internationaux. C'est à l'intensité des mouvements des biens et
des capitaux qu'on mesure aujourd'hui la prospérité du
globe29(*).
Cependant les pays pauvres d'Afrique, d'Asie et
d'Amérique latine éprouvent des sérieuses
difficultés à s'intégrer dans ce jeu de mondialisation des
économies. Ils ne parviennent pas à assurer leurs
économies et à participer aux échanges. La mondialisation
fait plus l'affaire des nations industrialisées dont les produits ne
cessent de générer des plus valus. Un petit nombre seulement
d'Etats de ces régions ont réussi à percer
économiquement. On parle de plus en plus des nouveaux pays
industrialisés ou pays émergents qui tentent de s'organiser, de
se regrouper pour peser considérablement dans la conduite des affaires
mondiales. Ce qui pourrait à la limite et selon certaines
prévision entraîner des changements considérable dans
l'équilibre mondial.
Le rapport publié par le Goldman Sachs en octobre 2003
prédit pour sa part le déclin économique des USA au profit
du dragon et de l'éléphant asiatiques. Selon ce rapport, le
XXIième siècle sera celui de la Chine et de l'Inde. Le
PIB de la chine dépasserait celui des USA en 2040. Quant à
l'Inde, dont la population rattrapera celle de la chine vers 2030 pour
atteindre 1,9 milliards à la fin du siècle, son PIB croisserait
celui de quatre grandes économies européennes en 2035.
De fait, le PIB de ces deux géants calculé aux
prix intérieurs, c'est-à-dire à parité de pouvoir
d'achat (PPA) avoisinerait en 2004 6900 milliards de dollars pour la chine et
3100 milliards pour l'Inde. Ils se situeraient donc respectivement au
deuxième rang et quatrième rang mondial, après les
Etats-Unis et le Japon, et auraient contribué pour près de 40%
à la croissance mondiale30(*).
· Défense et
stratégie
Avec l'écroulement de l'URSS, des équilibres
locaux ou régionaux de la guerre froide ont été rompus, le
risque d'un affrontement direct entre puissances nucléaires s'est
étiolé ; mais les conflits armés n'ont pas disparu
pour autant ils se sont transformés. Ces transformations de la nature
des conflits obligent également une évolution dans les
réponses à y apporter. Il faut désormais se
préoccuper des moyens de faire face aux conflits infra étatiques,
aux risques de prolifération des armes de destruction massive et au
développement du terrorisme international31(*).
Ces conflits armés font d'énormes ravages
humanitaires et sont porteurs d'instabilités politiques dans plusieurs
régions du monde. C'est le cas par exemple de l'Afrique centrale
où l'on assisté à la plus grande guerre d'Afrique moderne
qui a mis aux prises sept nations autour de la RDC, causant des millions des
morts civils et militaires et obligeants des milliers des personnes à
l'errance. Cette instabilité est loin d'être jugulée
malgré les efforts déployés et les risques d'embrasement
reste donc permanents.
· Les enjeux transversaux
Les enjeux transversaux concernent une variété
de question qui au fil des ans ont acquis une nette importance et
nécessite de ce fait des réponses appropriées de la part
de l'ensemble des sociétés parties du système
international en présence. Il s'agit entre autre de :
l'environnement, l'énergie, la migration, la santé et la
criminalité internationale.
- l'environnement
Les pratiques humaines éprouvent
considérablement l'écosystème. Les études
menées à cet effet font état d'une dégradation
à haute échelle de l'environnement qui menace la vie sur notre
planète et les prévisions sont encore plus alarmistes. Le
principal défi à relever est de réduire sensiblement les
émissions des gaz à effet de serres qui détruisent la
couche d'ozone entraînant des changements climatiques à la base
des catastrophes naturelles dans plusieurs régions du monde et d'autres
menaces plus sérieuses encore sont attendues.
Le groupe d'experts et des responsables environnementaux,
membres du Programme appelé Evaluation des Ecosystèmes pour le
Millénaire (EM), a fait remarquer dans son premier rapport qu'au cours
des 50 dernières années, la demande croissante en nourriture, en
eau douce, en bois de construction, en fibres et en combustibles a
provoqué des changements sans précédents dans les
écosystèmes. Ces changements ont mis à rude épreuve
la capacité de la terre à subvenir aux besoins des
générations futures. On a sur exploité sa capacité
à polliniser les cultures, à renouveler l'air par les plantes
sauvages et à recycler les éléments nutritifs par les
océans. De plus, une vague d'extinction massive d'espèces menace
la planète32(*).
Le quotidien canadien Globe and Mail, rapporte de son
coté que, les humains dégradent la planète à un
rythme qui augmente le risque de bouleversements écologiques
susceptibles de causer des maladies, la déforestation ou l'apparition de
zones mortes dans les océans. Les zones humides, les forêts, les
savanes, les zones de pêche côtière, les estuaires et
d'autres habitats qui recyclent l'air, l'eau et les éléments
nutritifs nécessaires à la vie sont entrain de subir une
détérioration irréversible33(*).
Plusieurs initiatives ont été menées et
d'autres sont attendues pour préserver la planète terre d'une
éventuelle disparition. L'attention se tourne plus vers les pays
industrialisés considérés comme étant des grands
pollueurs dont notamment les USA, la chine, l'Allemagne, la grande Bretagne, la
France, le japon, etc. ceux-ci doivent prendre des engagements pour
réduire leur niveau de pollution mais aussi mettre des moyens financier
pour préserver certaines réserves écologiques telles que
la forêt amazonienne en Amérique latine et la forêt
équatoriale en Afrique centrale dont plus de la moitié se trouve
sur le territoire de la RD Congo.
- L'énergie
L'eau, le pétrole, l'électricité, le gaz,
le charbon et autres minerais et hydrocarbures font l'objet d'une demande
croissante aussi bien pour les industries que pour les ménages. Ces
ressources énergétiques étant épuisables et
inégalement reparties sont pourtant indispensables dans bien des cas et
font l'objet d'une sur exploitation qui pourrait conduire à leur
épuisement. Il y a aussi les aspects géopolitique et
géostratégique liés à l'accès ou à la
captation de ces ressources. Le pétrole est actuellement
considéré comme le facteur fondamental des conflits à
travers le monde. Plusieurs analystes soutiennent que l'eau douce se fait de
plus en plus rare en surface et qu'elle pourrait très bientôt
alimenter les guerres dans certaines régions du monde.
Les risques de rareté ont conduit les
communautés scientifiques à travers les pays à se
concentrer sur la recherche des nouvelles générations
d'énergies ou des énergies renouvelables moins polluantes. C'est
le cas des biocarburants que l'on produirait à partir des certains
végétaux en remplacement aux fuels habituels. Mais cette
entreprise ne sera pas sans danger. Cette nouvelle entreprise ne sera pas sans
danger, les spécialistes estiment déjà qu'elle aura des
effets négatifs qu'elle pourrait éventuellement accentuer la
famine à travers le monde.
- La migration
Les mouvements des populations constituent l'un des plus
grands défis des relations internationales en présence. Des
milliers de personnes émigrent quotidiennement et pour diverses raisons
vers des régions ou pays qu'ils jugent plus confortables pour leur
survie et cela parfois au péril de leur vie. L'Europe, l'Amérique
du Nord et certains pays émergents de l'hémisphère sud
sont confrontés à l'afflue des immigrants qui arrivent par mer,
air ou route.
La gestion de ces mouvements migratoires clandestins dans la
plupart des cas, oblige les Etats de départ généralement
pauvres et les Etats de destination (occidentaux) à plus de
coopération. Les pays pauvres devant, certainement avec l'appui des pays
riches, travailler à créer des conditions de vie acceptables sur
leur territoire pour casser le mythe migratoire d'un eldorado européen
et américain.
- La santé
La mondialisation a accéléré les risques
de propagation et de contagion à travers le monde dans la mesure
où elle accroît les contacts entre les hommes et l'intensification
des échanges dans tous les sens. Les humains et certains produits sont
devenus des vecteurs des maladies surtout en cas de migration clandestine et de
contrebande.
Il faut désormais redouter des catastrophes sanitaires
à l'échelle mondiale car, les épidémies et les
maladies infectieuses transmissibles font régulièrement leur
apparition. En dehors du Sida et de la malaria on peut citer des maladies
comme : la méningite, la dingue, le choléra, le thyphus, le
virus Ebola, la polyomyélite, le sras (syndrome respiratoire aigu
sévère), la grippe aviaire, la vache folle ; le virus
influenza (grippe) de type A et de sous type H1N1...
Il y a une nécessité de mettre sur pieds des
politiques ou mécanismes solides au niveau des Etats et des
institutions internationales spécialisées comme l'OMS pour
éradiquer ces maladies qui menacent grandement les vies humaines dans
différentes régions du monde. La malaria par exemple est la plus
grande cause de mortalité en Afrique et le Sida ne cesse de gagner du
terrain.
- La criminalité
internationale
La criminalité transfrontalière prend des
proportions extraordinaires au fur et à mesure qu'on s'enfonce dans la
mondialisation. La notion de la plus value semble ne pas profiter qu'aux
Etats seuls, plusieurs entités criminelles sont décidées
de jouir des bénéfices de la mondialisation pour renforcer leur
capacité de nuisance ou faire prospérer leur trafic jugé
pourtant illicite. En plus du phénomène de la mondialisation la
montée en puissance du crime organisé pourrait bien aussi
s'expliquer par la profusion des Etats en faillite ou effondrés.
Le terrorisme, le narco économie ou narco business, les
trafics humains, les pirateries sur terre, sur mer et dans les avions, la cyber
criminalité, le blanchiment d'argent, etc ; sont autant des trafics
illégaux qui mobilisent les politiques des Etats et de la
communauté internationale. La coopération internationale en
matière de répression et de démantèlement des
réseaux criminels s'intensifie de plus en plus dans certains domaines
mais dans d'autres domaines comme la cyber criminalité par exemple
certains Etats sembles retissant voyant dans les
« hackers » ou pirates informatiques des
opportunités pour faire face à la guerre informatique qui se
profile (cas de la cyber-armée Iranienne).
Les Etats et la communauté internationale doivent en
outre actualiser de façon permanente leurs méthodes de lutte car,
ces groupuscules, tels des laboratoires, travaillent à mettre sur pieds
des mécanismes plus subtils de contournement des systèmes de
sécurité et de contrôle imaginés par les services
officiels. Mais la tâche semble plus rude d'autant plus que, la
pauvreté grandissante dans plusieurs coins de la planète et la
persistance de la corruption même dans des pays développés
offrent à ces cartels et groupuscules des opportunités pour
perpétuer ces sales besognes.
En effet, l'état actuel du monde en ce début du
XXIème siècle porte à croire que les relations
internationales policées et régulées ne sont pas à
venir. La refonte des alliances imposée par l'implosion du
système bipolaire laisse l'impression d'un désordre
généralisé. Les facteurs d'instabilité se sont
accrus dans la plupart des domaines, et il en résulte une
difficulté de plus en plus grande, pour n'importe quels pays, n'importe
quelle force ou institution, à contrôler l'évolution des
affaires mondiales.
Cette configuration du monde post blocs parait
préoccupante d'autant plus que le nombre d'Etats africain, asiatique et
latino américain pataugent dans un chaos social, économique,
sécuritaire et politique dramatique qui risque de mener à
l'éclatement la plupart d'entre eux, faute d'attention
particulière d'une communauté internationale elle-même en
mal des repères.
Mais il est tout aussi possible que le
démantèlement de ces Etats effondrés soit une alternative
à la stabilité et à la pacification des relations
internationales car, il n'est pas certain, note François Thual, qu'une
planète hyper balkanisé signifierait obligatoirement une
situation de guerre totale. Ce n'est pas forcément le schéma qui
correspondrait à la guerre de tous contre tous La prolifération
sur la scène internationale des Etats de dimension géographique
réduite et moins ambitieux ; et sur lesquels dominerait un nombre
limité des puissances, faciliterait peut être le contrôle et
la gestion des crises de la mondialisation34(*).
Ainsi, la République Démocratique du Congo qui a
été diagnostiquée comme une des « Etats en
faillite » le plus exemplaire de la planète a le devoir de
renaître et d'échapper à la conjecture s'agissant de la
conduite de son destin. Cela d'autant plus que plusieurs enquêtes
attestent de l'existence des schémas ou plans de balkanisation du
territoire de ce pays ; les guerres à répétition dans
la partie est de la république serait en effet l'une des
stratégies machiavéliques arrêtées par ces forces
sans visages.
Les difficultés du Congo, comme nous l'avons soutenu
depuis le début de cette étude, sont de deux ordres ;
existentiel et praxéologique. Ce qui en principe devrait l'obliger
à recréer son indépendance et sa souveraineté en
vue d'abord de quitter son stade actuel qui le réduit à un simple
réservoir des matières premières autorisant toutes
les ambitions même cyniques de ses prédateurs ; mais surtout
et par la suite de retrouver sa place dans le concert des nations et de jouer
son rôle d'ancre de stabilité et de socle d'intégration
économique africaine.
Dans son livre intitulé l'empire de la honte, jean
Ziegler écrit : « pétri du sentiment
pénible de son infériorité, de son indignité,
découvrant que ni la faim ni la dette ne sont inévitables,
l'homme honteux du tiers monde peut, lui aussi, prendre conscience et se lever.
Souffrant de son déshonneur, l'affamé, le chômeur, l'homme
humilié raval sa honte aussi longtemps qu'il croit sa situation
immuable. Il se transforme en combattant, en insurgé, en
révolté dès lors que la prétendue fatalité
révèle ses failles. La victime devient alors acteur de son
destin35(*).
Le déclin de la RDC n'est donc pas une fatalité,
il est un phénomène largement réversible. Son effondrement
s'origine dans l'informalisation de l'appareil de l'Etat et dans une absence de
politique d'anticipation et d'aggiornamento de ses décideurs. Seul un
processus d'inversion global, réfléchi, méthodique et
suivi des tendances actuelles lui permettrait de renaître à la
puissance et à la grandeur.
Cette ambition de renaissance qui relève
essentiellement de la géopolitique devrait obliger la RDC à ne
compter que sur ses propres facteurs, ses propres atouts, ses capacités
mobilisatrices et créatrices internes. Cette approche endogène
s'impose d'autant plus qu'aucun exemple contemporain n'atteste l'aptitude de la
communauté internationale à reconstruire avec succès un
Etat effondré et de même aucun Etat ne peut faire totalement pour
l'autre ce qu'il n'est pas en mesure d'entreprendre par lui-même. L'appui
des partenaires doit être minoré, revêtir un
caractère supplétif.
DEUXIEME CHAPITRE :
LES AXES MAJEURS DU PROCESSUS DE RENAISSANCE DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.
La renaissance dont question dans ce chapitre se veut
absolument aux antipodes de celle que les Etats-Unis ont fait miroiter au
continent africain dans la dernière décennie du XXème
siècle. Au sens américain, la renaissance ne traduisait au fond
qu'une simple reconsidération par la super puissance mondiale de ses
rapports avec l'Afrique. C'est dire que ce continent cessait d'être une
chasse gardée pour devenir un terrain nivelé sur lequel les
Etats-Unis allaient intervenir directement pour défendre ses
intérêts.
La renaissance ici qui est synonyme de reconstruction ou de
refondation nationale, s'entend d'une démarche visant à repenser
l'Etat, à rationaliser son existence présente en le dotant des
moyens suffisants et indispensables dans l'exercice de son indépendance
et de sa souveraineté ainsi que dans l'exercice de sa
responsabilité locale, régionale et globale. Car, comme
l'écrit robert Bosc : « un Etat qui n'a pas des
consistances propres ne peut jouer ni de la puissance, ni de la communication,
il n'existe pas, s'effondre du dedans »36(*).
L'ambition de renaissance doit également être
perçue comme étant une réponse de la nation congolaise
à l'endroit de certains fondamentalistes occidentaux qui pensent que
l'Etat en Afrique devrait disparaître car artificiel37(*). Cette approche
négationniste ne débouche sur rien de concret et semble
même subversive d'autant plus qu'elle tend à légitimer la
refonte de la territorialité des Etats africains avec le risque de
conduire à un désordre généralisé sur le
continent alimentant de ce fait l'insécurité et
l'instabilité mondiales qu'on a du mal à juguler depuis la fin de
la guerre froide. L'Occident chercherait en outre de sortir l'Afrique des
relations internationales contemporaines en ressuscitant les empires et
royaumes précoloniaux ; ce qui visiblement consacrerait
l'échec du devoir civilisateur dont il s'est toujours targué.
Cet anti africanisme est de tout point de vue désuet.
La différence entre les Etats sur la scène internationale,
faisons nous le devoir de rappeler, ne repose pas tant sur la nature mais
plutôt sur le degré. Les Etats en Occident sont naturellement
l'égal des Etats africains ; ils sont censés disposer des
mêmes éléments constitutifs, remplir les mêmes
missions et poursuivre des finalités identiques. Seul le degré ou
la puissance permet d'établir une hiérarchisation entre les Etats
puissants, moyens et faibles.
En effet, l'empuissancement de l'Etat qui constitue le produit
final de ce projet de renaissance suppose la prise en compte d'un certain
nombre des facteurs ou variables, c'est à dire des domaines prioritaires
sur lesquels il faudrait centrer l'action publique pour garantir un
achèvement complet et utilitaire du processus en cours.
Section 1 : Examen des
facteurs déterminants
Nous examinons ici une série de variables qui doivent
en principe sous-tendre le processus de renaissance ou de refondation du Congo.
Bien aiguisées, celles-ci permettront de corriger les insuffisances
structurelles de l'Etat, de garantir son autonomie et de renforcer ou
d'affermir ses capacités d'action à l'intérieur comme
à l'extérieur. Il s'agit entre autres du facteur politique, du
facteur administratif et judiciaire, du facteur économique, de la
diplomatie ainsi que du secteur de la sécurité.
1.1. Le facteur
politique : nécessité de consolider la démocratie
La politique est au coeur de tout système
d'organisation sociale. Elle est l'intelligence organisationnelle pour aboutir
à la réalisation du destin national. « Tout est
politique », disait Hegel dans ses analyses philosophiques de la
société38(*). C'est la politique qui planifie le
développement à l'intérieur et décide de la paix ou
de la guerre dans les rapports entre les nations. C'est également par
elle que sont redistribuées les richesses d'un pays. C'est en elle que
l'Etat trouve finalement d'existence réelle. Bref tout changement social
véritable relève irrévocablement de la volonté
politique.
Partant de cette thèse, nous pouvons affirmer comme
william Zartman que l'effondrement de l'Etat est à la fois une cause et
un effet politique qui ont leurs implications économiques et
sociales39(*). Son
inversion complète ne devrait également que dépendre
d'elle (la politique) mais à condition que la substance du pouvoir ne
demeure la même car, en toute évidence, seule une bonne politique
permettrait de corriger les effets néfastes des mauvaises politiques
antérieures. Ce qui pose naturellement la question de la nature du
système politique en RD Congo.
L'expérience de ce pays atteste suffisamment que
l'informalisation de l'Etat résulte des pratiques nuisibles, anti
républicaines des pouvoirs autoritaires qui se sont
succédés depuis juin 1960, ceci du fait qu'au bout de compte, la
tyrannie détruit elle-même l'Etat impitoyable qu'il a
été créé40(*). D'où la nécessité pour le Congo
renaissant de se muer en véritable société
démocratique, synonyme de dépérissement de
l'héroïsme traditionnel des dirigeants, de prise en compte des
critères objectifs dans la gouvernance de l'Etat mais surtout de
responsabilisation du peuple dans la conduite de son destin. C'est pour ainsi
dire que la renaissance du Congo ne peut être ni plus ni moins que la
rançon de la stabilité politique ancrée dans les valeurs
de la démocratie moderne.
1.1.1. La démocratie dans le processus de
renaissance de la RDC
La démocratie est une façon d'exister d'une
communauté et de se gouverner par un renforcement de sa cohésion
et de mobilisation des énergies dans la réalisation du bonheur
collectif ainsi que dans l'action face aux contraintes et sollicitations de
l'environnement extérieur.
La démocratie diffère du totalitarisme non pas
par ses méthodes du pouvoir mais par son fonctionnement et sa
finalité. Edouard Balladur considère à ce sujet que, si le
principe de la politique, la conquête du pouvoir demeure identique
à ce qu'il fut toujours, son but affiché est différent. A
notre époque, ajoute-t-il, le pouvoir ne peut plus prétendre
être à lui-même sa seule fin, au service d'un
intérêt égoïste. Le peuple qui en est le maître
ultime, entend qu'il soit exercé pour son bien être, la sauvegarde
de son avenir, pas uniquement pour satisfaire les instincts de domination de
qui le détient41(*).
Ainsi, les élections référendaires et
politiques organisés en RD Congo et qui ont conduit à
l'installation des institutions de la troisième république,
constituent les prémices d'une démocratisation qui, de par sa
fragilité, nécessiterait un renchérissement, une
consolidation pour éviter de tomber dans des formes
dévoyées ou approximatives de celle dont le pays a besoin pour
assurer sa renaissance.
Cependant, outre sa version institutionnelle, la
démocratie en tant que système d'organisation politique est
porteuse d'un certain nombre des valeurs aux quelles il faudrait
désormais se conformer.
1.1.2. Démocratie : un
phénomène historique de la société congolaise
La survie et la continuation du processus de
démocratisation au Congo dépendent fortement de l'entendement que
le peuple a de celui-ci, de l'image qu'il s'en fait et de son minimum de
conscience sur les règles de fonctionnement. Ce qui voudrait en surplomb
que ce processus ne puisse pas être présenté comme
étant une stratégie occidentale et dont le Congo ne serait qu'un
simple gestionnaire, ce malgré les appuis considérables
reçu de ce dernier dans la restauration de la légitimité
des institutions du pays. Il ne devra également pas avoir l'apparence
d'une simple formalité protocolaire pour s'assurer de l'accès
à l'aide internationale. Car l'aide au développement est devenue
depuis la fin de la guerre froide une prime à la bonne gouvernance,
à la transparence et aux efforts de libéralisation
économique.
La démocratie doit être considérée
comme étant une propriété de la nation congolaise, le
résultat de son inventivité ou géni propre et le produit
de son évolution historique. Elle doit exprimer le désir ardent
de l'ensemble de la nation congolaise de changer son destin en brisant
véritablement le cercle vicieux de l'autoritarisme qui a longtemps
durant conditionné la sphère politique de ce pays et
empêcher son développement économique et social ainsi que
son affirmation en tant que puissance du monde.
Ce changement de regard s'impose tant pour la classe politique
que pour le reste de la population et sa connaissance est indispensable car, le
doute, le pessimisme et l'ignorance de la population vis-à-vis de ce
processus conduiraient inexorablement à la passivité laquelle
hypothéquerait considérablement le projet de renaissance de
l'Etat.
Il n y a donc pas d'incompatibilité entre la
pauvreté et la démocratie comme le fait croire une certaine
théorie42(*). Mais
cette ouverture à la démocratie doit se faire avec plus de
réflexion, moins de précipitation et le Congo devrait se donner
au nom de celle-ci le droit de disposer d'elle-même, c'est-à-dire
d'adapter la démocratie à ses réalités
socio-économiques propres. Formaliser la démocratie de sorte
à la rendre complètement opérationnelle et porteuse de
croissance.
Toute fois, la politique, comme le note Georges Burdeau, ne
préoccupe pas l'homme. Ce qui l'intéresse ce sont les valeurs
auxquelles elle s'adosse pour en faire le fondement de la discipline à
la quelle il est astreint. C'est pour ainsi dire que l'adoption de la
démocratie comme principe politique pour le Congo renaissant implique un
strict respect des vertus qui accompagnent ce système d'organisation.
1.1.3. Les vertus démocratiques au
bénéfice de la renaissance de la RDC
La démocratie n'est pas qu'un style de gouvernement,
elle est une culture, une philosophie, une attitude de vie et une
manière d'exister que chaque nation doit adapter à ses
réalités propres. Cette adéquation préserve le
processus des déviations éventuelles qui à terme
pourraient produire des simples sensations démocratiques.
Au-delà des formes, mécanismes, techniques et
méthodes démocratiques, fait remarquer Honoré Ngbanda, il
y a l'esprit démocratique, contenu irréductible de la
démocratie et sans lequel ceux-là ne sont que parure, oripeaux,
voire supercherie. Ce contenu, c'est d'une part, partant de la valeur humaine,
l'idée que le peuple des citoyens est la réalité de la
quelle s'exerce le pouvoir et, d'autre part, en découlant certains
principes qui sont autant des
valeurs « démocratiques » : dialogue et
participation, respect de l'intérêt général (bien
être matériel et spirituel des citoyens, et bien commun, au sens
thomiste du terme).
L'esprit démocratique, ainsi compris dans sa substance,
ajoute-t-il, est l'âme même de la démocratie, abstraction
faite des spécificités des formes et des mécanismes de sa
matérialisation. Sans lui, toute
« démocratie » est vide de contenu et simple
illusion car seul l'esprit démocratique donne un contenu vrai, une
substance réelle à la démocratie.
En quoi donc le système des valeurs
démocratiques serait utile à la renaissance de la
République Démocratique du Congo ?
Outre son aspect organisationnel - le gouvernement de type
démocratique obéit au principe de séparation des pouvoirs
où l'on peut alors distinguer clairement les branches exécutive,
législative et judiciaire opérant chacune en toute
indépendance - la démocratie comme système des valeurs
servirait de fondement à la renaissance du Congo pour plusieurs raisons
à savoir : le rétablissement de la confiance entre les
différentes composantes de la société, la
définition commune du destin national, l'émulation des dirigeants
face à la pression résultant de l'alternance ainsi que le
renforcement de la stabilité politique et de la paix civile.
a. La confiance retrouvée entre les
différentes composantes sociales
La bêtise de l'autocratie a toujours été
celle de créer un fossé entre la classe dirigeante et la masse.
Le dictateur se méfie du peuple, s'éloigne de lui et se montre de
plus en plus indifférent à ces revendications, insoucieux de son
bien être, et à tôt fait de paraître inhumain,
inutile. Il suscite l'aversion, la haine. La société devient en
effet l'arène de l'hypocrisie et de la méfiance
collective43(*).
Cette attitude du dictateur s'explique en grande partie par le
mécanisme de son arrivée au pouvoir ; la force, la violence.
Car bien que la coopération entre les hommes implique une
autorité, c'est le mode d'exercice de cette autorité et le choix
des gouvernants qui sont l'essence de la politique44(*).
Le suffrage démocratique véritable (universel,
égal et secret) vient alors rétablir cette confiance et cette
franchise qui se sont effritées par la boulimie du dictateur. Il permet
aux citoyens de se choisir librement des dirigeants en qui ils placent toute
leur confiance et en font une source d'autorité et d'identité.
Par le suffrage, la société démocratique
renonce à la violence comme mécanisme de transformation sociale
pour s'attacher aux mécanismes républicains de gestion
institutionnelle. Elle consacre également la méritocratie comme
mode de promotion sociale et répugne la médiocrité et
l'obscurantisme entretenu par le militantisme aveugle qui fonde le
système autoritaire. Plus une société évolue dans
la pratique des vertus démocratiques, plus les considérations
irrationnelles du genre ethnique, tribal, clanique héritées de
l'autocratie sont donc condamnées à s'étioler.
Cette restauration de la confiance et de la franchise par les
urnes facilite le dialogue libre et responsable qui permet de dégager
des principes d'action dans l'immédiat et de poser les jalons d'un
avenir radieux.
b. la définition commune du destin national
par la promotion des libertés individuelles et
la participation citoyenne
La mutilation des libertés individuelles et publiques
que le pouvoir autoritaire organise et encourage, empêche tout
débat constructif et toute contestation en cas d'abus ou de
dépravation. Le tyran ne compte que sur son héroïsme
traditionnel et ignore le bien être général. C'est lui le
« guide éclairé », l'« intelligence
sociale absolue », la «vérité
immuable ».
En démocratie par contre, la société se
construit autour des libertés individuelles et collectives. Quand elle
règne, le politique ne cherche plus à faire peur, mais à
plaire45(*). Les
libertés garantissent la concertation permanente entre
différentes couches sociales, laquelle permet de susciter un
véritable sentiment d'appartenance à la nation et de renforcer la
cohésion au sein de la communauté. La concertation promeut
l'égalité des chances et permet d'apprécier objectivement
les opinions et les capacités de chaque citoyen. La valeur sociale de
l'action concertée démontre que, elle seule est capable de
produire la prospérité d'un pays.
La participation des citoyens dans le processus de prise des
décisions dans une communauté politique comme nous l'avons dit
réveille en eux le sentiment d'appartenance au groupe, suscite le
réflexe de résistance et de défense face aux
problèmes qui touchent à la cohésion et à
l'unité nationale, et permet de dégager le consensus pour
définir la marche présente et future de l'Etat.
c. Un leadership responsable face à la
pression de l'alternance
Le développement d'un Etat dans ses divers aspects est
dans une large mesure dépendant de la volonté politique. Ce sont
les hommes d'Etat qui ont en charge le destin de la nation ; ce sont eux
qui élaborent des programmes d'action et définissent des
stratégies pour produire le développement et la puissance voulus.
Un grand président, disait Théodore Roosevelt,
doit être un éducateur qui doit jeter un pont entre le futur de
son peuple et l'expérience vécue de ce peuple46(*). Cette thèse n'est
soutenable qu'en démocratie où le dirigeant est soumis en
permanence à une course contre la montre est s'atèle à
marquer l'histoire de son empreinte avant que le peuple ne le remercie par un
vote négatif.
Le futur devient pour tout gouvernement démocratique
son champ d'action. Le désir de construire un édifice pour lequel
la postérité lui sera reconnaissante constituera sa principale
motivation. Et ce continuum d'investissement réussi par les pouvoirs qui
vont se succéder de manière pacifique pourra constituer à
terme un riche legs dans la réalisation du destin manifeste congolais.
Et en dépersonnalisant du même coup la gestion de la cité,
la prospérité et la puissance nationale fruits de cette
alternance devront jouir d'une certaine longévité. C'est à
dire que la démocratie devrait permettre à la RD Congo de
maintenir sa stabilité politique condition sine qua non de son
émergence et de sa puissance sur la scène internationale.
d. Le renforcement de la stabilité
politique et de la paix civile par la promotion et la distribution
équitable de la richesse nationale
Dans une société démocratique, le citoyen
constitue la source et la finalité du pouvoir politique ; il est au
centre des préoccupations de tout gouvernement. La construction de la
nation se fait avec les hommes pour les hommes et le développement rime
et rythme avec l'homme pris dans sa liberté47(*).
Le pouvoir démocratique ne garantit les droits et
libertés des citoyens qui en retour restent attacher aux valeurs
républicaines dont celle liée à la confiance aux
institutions établies. Le gouvernement doit également se
préoccuper de la qualité de vie de la population, de son bonheur
car, la liberté ne peut s'exercer que par des hommes à l'abri du
besoin, prévient Saint-Just48(*). L'Etat veille ainsi sur le pouvoir d'achat de la
population, sa sécurité alimentaire, son accès à
l'éducation, à la santé, à un logement salubre,
à l'eau et à l'électricité...Bref, l'Etat se souci
de l'épanouissement individuel et collectif des citoyens en distribuant
équitablement la richesse produite par la nation.
Nous sommes d'avis que la renaissance de la RD Congo ne sera
pas un effet du hasard, elle doit être pensée, conçue,
planifiée et décidée par l'ensemble de la
communauté avec une vigilance soutenue des différents
gouvernements qui vont s'alterner.
Cependant, même démocratique, le pouvoir n'agit
pas directement sur la société. Il opère par des
auxiliaires ou des intermédiaires administratifs et techniques pour plus
de pertinence dans l'action publique et assurer la proximité des
décisions qui seront prises sur les populations concernées. En
l'absence de ces intermédiaires, l'action publique ne produira que des
effets d'annonce et sera condamnée à l'inefficacité et
à l'ineptie. La justice constitue aussi un intermédiaire de
taille, elle permet de maintenir l'harmonie et l'équilibre au sein de la
société et fixé un certain seuil de responsabilité
et de moralité qui favorise l'épanouissement véritable
d'un Etat car, la justice élève une nation.
1.2. Les facteurs administratif
et judiciaire
1.2.1. Aspect administratif
L'administration constitue l'armature de base de tout Etat
moderne. Elle est l'auxiliaire du pouvoir politique. Elle assure la
cohérence de la démarche du gouvernement, rationalise son action,
renforce et purifie son organisation et couronne ses devoirs du sens de
responsabilité dans la réalisation du bien être
général. L'administration joue le rôle
d'intermédiaire dans les rapports entre le pouvoir politique et la
population. C'est elle qui inspire les décisions des organes politiques
et se charge en même temps de les exécuter, non pas de
manière aveugle, mais en appréciant les conditions
d'exécution des dites décisions et peut dans certains cas
infléchir celles-ci dans le souci de servir la population49(*).
Dans les pays en voie de développement, le rôle
de l'administration est davantage renforcé comme le souligne Crawford
Young : « l'administration n'est pas seulement l'organisme qui a
la responsabilité des services publics essentiels, elle est encore,
devant le risque de désintégration qui menace ces pays, le
principal élément de cohésion. Si les partis politiques se
révèlent incapables de réaliser l'intégration
nationale, c'est l'administration qui doit prendre sur elle ce
fardeau »50(*).
Il conclut que toute faiblesse du secteur politique met en évidence
l'importance du secteur administratif.
En RD Congo, l'administration se trouve dans un état
lamentable, elle est complètement inopérante ou presque. A
l'exception peut être des villes, Kinshasa compris, où
l'administration fonctionne de façon relative et dont les effets de son
action sont plus ou moins visibles ; dans les zones rurales par contre,
les services publics sont en faillite.
Cette défaillance est la résultante des
années de mauvaises gouvernances, des crises politiques, des guerres et
se trouve être à la base du sous développement de la
population congolaise et de l'insécurité qui règne dans le
pays. Car, la multiplicité et la technicité croissante des
problèmes à résoudre en l'absence d'une solide
administration plonge l'Etat dans un immobilisme structurel lui permettant ni
d'assurer le contrôle de la population moins encore de garantir son bien
être.
Mais comment cette administration efficace dans les
premières heures de sa création, se retrouve-t-elle aujourd'hui
désarticuler ?
· Les différentes phases
d'évolution de l'administration congolaise
L'évolution de l'administration congolaise correspond
à la courbe politique du pays ; elle s'étale sur deux
grandes périodes à savoir : la période coloniale et
la période du Congo indépendant et souverain.
a. La période coloniale
(1885-1960)
Le coeur du système colonial avait été
l'administration. Elle avait systématiquement
pénétré la société congolaise et l'avait
organisée. La densité de l'administration au Congo, fait
remarquer Raymond Leslie Buell, était la plus forte de toute l'Afrique,
à l'exception de la Mauritanie et du Dahomey. Il n'était pas
possible à un congolais, qu'il résidât en ville ou dans la
brousse, de ne pas s'apercevoir qu'il
était administré : ce qui différenciait le
système belge des autres, c'est l'extension de l'administration, sa
présence et son organisation dans la brousse même.
Malgré son caractère colonial, l'administration
mise en place par le Roi Léopold II et reformée par la Belgique
bien après, était une structure viable à tel enseigne
qu'on ne ressentait pas immédiatement les conséquences d'une
nomination mal faite, alors que dans le cas d'un administrateur territorial,
qui occupait un poste de commande dans l'immédiat, on ne tardait pas
à payer l'erreur51(*).
Le régime colonial organisa l'administration, par le
décret royal d'avril 1887, en deux structures essentielles :
l'administration centrale et l'administration locale. L'administration centrale
ou le gouvernement comprenait l'administration centrale métropolitaine,
tenue par le roi qui concentrait le pouvoir entre ses mains ainsi que le
gouvernement général, tenu par un administrateur
général représentant officiel du roi dans la colonie qui
prit le titre de Gouverneur général et assisté d'un vice
Gouverneur dès 1889.
L'administration locale était quant à elle
organisée à l'intérieur de la colonie et avait en charge
des zones urbaines ainsi que les zones rurales. L'élément le plus
efficace de cette administration était le service territorial. Celui-ci
dirigé par des agents européens blancs secondés par des
assistants noirs52(*).
La réforme opérée par la Belgique
à travers notamment la charte coloniale n'apportât pas des
changements structurels et fonctionnels notables. Elle consista
spécifiquement en la suppression des abus les plus criants du
système léopoldien très contesté par l'Occident.
Dans le fond, la Belgique poursuivit intégralement l'oeuvre coloniale
c'est-à-dire l'exploitation du territoire et du peuple congolais au
profit du royaume. Le paternalisme, système institué à cet
effet, consista à prendre en charge les congolais
considérés comme des perpétuels enfants.
L'agronome (un par territoire), secondé par des
assistants africains et tout un réseau de
« moniteurs » formé de façon rudimentaire et
chargés de mettre en contact pratiquement toute la population avec le
système administratif, était une figure aussi familière
qu'impopulaire. La législation autorisant 60 jours par an (45
après 1955) de travail obligatoire dans l'agriculture (ou autres travaux
principalement) fut appliquée jusqu'en 1960, bien qu'à ce moment
on l'eut en pratique largement abandonnée. On pratiquait surtout ce
travail obligatoire dans les régions cotonnières, qui couvraient
des larges surfaces surtout à l'Est, et dans les banlieues rurales de
centres urbains ainsi que dans les camps miniers, afin de procurer à la
population africaine des éléments de base de son régime
alimentaire.
Dès 1937, on estimait que ce système touchait
700.000 chefs de famille. Qu'il s'agisse des agents européens de
l'administration ou des agents des compagnies privées, on semblait avoir
pris pour norme un agent pour 2 à 3000 ouvriers.
L'administration se faisait sentir de bien d'autres
manières encore. C'étaient les villages qui étaient
chargés d'entretenir le réseau, relativement dense, des routes
secondaires. Jusqu'à l'introduction généralisée -
assez récente - du transport par automobile et camions, les
réquisitions de main d'oeuvre pour le portage furent une scène
courante de la vie des villages. En beaucoup d'endroit, l'administration avait
réquisitionné des villages, pour se loger à
proximité des routes. Jadis on avait pratiqué sur une grande
échelle le recrutement forcé pour les mines, les plantations et
l'armée ; après la guerre le problème fut
plutôt de mettre fin à l'exode rural. Les excellents services
médicaux eux-mêmes se montraient partout : l'on fit de vastes
campagnes d'immunisation pour déceler et éliminer les
épidémies surtout la maladie de sommeil.
Les officiers de l'administration étaient
obligés de passer 20 jours par mois dans la brousse ; les
instructions qu'ils recevaient soulignaient que, le gouvernement attachait la
plus grande importance à ce que les fonctionnaires territoriaux visitent
fréquemment les diverses parties du territoire soumis à leur
autorité et entrent chaque fois en relations avec les
indigènes53(*).
Le constat est que l'administration coloniale a
été opérationnelle peu importe sa barbarie, ses
finalités et ses bénéficiaires. Mais l'immobilisme
structurel de la Belgique ne permit pas de préparer la relève.
Aucune disposition n'a été prise pour assurer une continuation
responsable et efficace de cette administration après
l'indépendance. Pas de perspective pour la formation et même la
responsabilisation graduelle des autochtones congolais. Le peuple devrait par
contre être maintenu dans l'ignorance pour éviter des
contestations. « Pas d'intellectuels, pas des
problèmes » pensait le colonisateur.
L'ère post coloniale présageait inexorablement
un vide administratif, c'est-à-dire que le Congo devint
indépendant en l'absence de toute tradition administrative. La
gouvernabilité de l'Etat était complètement compromise.
b. l'administration à l'ère du Congo
indépendant et souverain (1960 à ce jour).
La décolonisation du Congo, la plus rapide qu'un pays
africain ait connu, s'est faite dans la douleur. L'indépendance a
directement donné lieu à des crises et des guerres qui n'ont pas
permis aux nouveaux dirigeants congolais, peu ou pas formés, de se
concentrer sur l'avenir de ce jeune Etat. L'échec d'une
communauté belgo congolaise conduisit à la rupture de l'Etat
normal au sein de ce nouvel Etat avec pour toile de fond la question de
l'africanisation.
De même que dans tous les autres secteurs de la vie de
l'Etat, les congolais revendiquèrent la commande de l'administration
occasionnant ainsi le départ des agents européens sans qu'ils
n'aient véritablement divulgué le secret de l'organisation et du
fonctionnement de cette administration qu'ils ont tenu d'un bout à
l'autre pendant près d'un siècle.
Du jour au lendemain et par une stratégie de
remplissage, des simples agents congolais se virent placés devant la
responsabilité d'administrer le pays. Cette absence d'expertise dans ce
secteur vital ne pouvait qu'avoir des conséquences funestes. Le pays
aura été quasiment placé sous tutelle en recourant
à l'assistance technique et administrative de l'ONU pour éviter
des dommages irréparables.
Mais la conception même de cette assistance en faisait
une armature parallèle et totalement étrangère à
l'administration congolaise, et qui de plus ne fonctionnait qu'au niveau
central et provincial. Le fonctionnaire, lui, restait derrière son
bureau, contemplant sans pouvoir y apporter remède. Dans ces
circonstances, il est remarquable que le travail de routine ait pu continuer
dans l'administration centrale et que dans beaucoup de territoires,
l'administrateur ait si souvent réussi à maintenir l'ordre public
d'une façon satisfaisante54(*).
La dégradation de l'administration va davantage
s'empirer et ce malgré les tentatives de reforme, du fait de la
persistance des crises et des conflits armés sanglants. Elle perdit de
son efficacité et ne constitua plus ce rempart contre les troubles
politiques que connaissait désormais le pays. La partition de l'Etat en
plusieurs zones où régnaient des wars lords ou seigneurs de
guerre aura consacré le démembrement de cette administration
déjà mal en point.
L'évolution de l'administration va malheureusement
correspondre à la courbe tumultueuse du secteur politique. Aux
différents changements politiques correspondaient autant de scissions ou
de regroupements des secrétariats généraux ou
d'adaptations terminologiques. Tout cela ne cessa de bouleverser la physionomie
de l'administration congolaise.
Le désordre s'accentua surtout avec la politisation de
tous les secteurs de la vie nationale sous la deuxième
république ; l'administration fut complètement soumise au
MPR parti - Etat. Ce qui ne fut d'ailleurs pas sans conséquences car, la
suppression de certains organes du parti dès 1980 entraîna un
déversement dans l'administration d'un personnel pléthorique et
non qualifié. La révolution de mai 1997 ainsi que le coup d'Etat
de janvier 2001 vont en rajouter. Les reformes décrétées
à chaque changement politique n'auront été que des effets
d'annonce. Le chaos administratif est encore évident à ce
jour.
Ce rappel historique nous permet d'affirmer que si c'est par
l'administration que l'entreprise coloniale a trouvé d'assise
véritable, c'est par elle aussi que le Congo renaissant doit chercher
à assurer le contrôle et la maîtrise de son espace
géopolitique interne en changeant simplement des moyens et des
finalités. L'administration doit constituer le premier palier sur le
quel l'élite politique congolaise incontestablement
légitimé par un processus électoral devra s'accouder pour
la réalisation du bien être collectif.
La forme unitaire fortement décentralisée
consacrée par la constitution de février 2006 ne pourra produire
des résultats escomptés que dans l'hypothèse d'un
aboutissement rationnel et réel d'un processus de reforme global de
l'administration. Cette réforme devra consister non seulement dans
l'adaptation de l'administration aux critères d'organisation moderne
(aspect structurel) mais aussi dans l'amélioration des conditions de
travail ainsi que de traitement des fonctionnaires congolais (aspect
fonctionnel).
La réforme devra aussi être intégrale,
c'est-à-dire prendre en compte tous les échelons de
l'administration à la fois les services centraux, qui se limitent aux
fonctions de direction, les services locaux qui assurent les fonctions
d'exécution et de gestion quotidienne ainsi que les services
spécialisés qui sont plus techniques et se chargent du
contrôle, de la surveillance et de la réglementation de tous les
domaines de la vie des populations en milieux urbain et rural.
Il s'agira en outre de résoudre à tout prix la
question des interférences des cabinets politique dans les
activités de l'administration, principale friction, de paralysie et de
gabegie. L'amalgame qui a toujours régné entre les deux niveaux
doit être entièrement solutionné pour permettre à
l'administration de remplir véritablement ses missions au
bénéfice de la souveraineté interne et du bien être
des citoyens. Les cabinets qui ne sont que des institutions d'appoint,
permettent aux responsables politiques de gérer la clientèle
politique mais ne peuvent en aucun cas se substituer à l'administration
qui normalement assume la gestion du pays au quotidien.
Cependant, quoi que servant d'auxiliaire au pouvoir public
dans la réalisation du bien être général, et bien
que jouissant du privilège du préalable dans l'accomplissement de
ses missions, l'administration de même que les institutions politiques
doivent subir le contre poids d'un pouvoir judiciaire véritablement
indépendant et organisé.
1.2.1. Le domaine de la justice
De même que pour l'administration, la justice doit
impérativement trouver sa place propre dans l'organisation de la
société congolaise renaissante. Elle doit constituer comme dans
toute société démocratique moderne le rempart contre
l'absolutisme des pouvoirs exécutif et législatif. L'organe
judiciaire est censé veiller sur la licéité ou la
légalité des décisions et des actions des dirigeants
à l'égard de la population, maintenir l'harmonie entre les
différentes couches de la société et préserver la
moralité au sein de la communauté.
L'histoire renseigne cependant que l'appareil judiciaire
congolais a toujours été délibérément
maintenu dans un état permanent de déliquescence. Tous les
régimes ou gouvernements qui se sont succédés avant et
après l'indépendance du pays ne l'ont pas véritablement
placé au centre de leurs préoccupations. Mais avaient-ils
intérêt à prendre un tel risque ?
Il est évident que l'organisation d'une vraie justice
était absolument incompatible avec l'entreprise coloniale exclusivement
ancrée dans l'exploitation aveugle du congolais. Et les gouvernements
qui se sont succédés depuis l'indépendance du pays n'ont
pas pu corriger cette situation. La phobie d'un pouvoir judiciaire
indépendant et véritablement organisé aura
été une constante dans l'histoire de ce pays. C'est ce qui aura
fait de l'Etat l'arène de l'impunité, de la contre bande, de la
corruption, de la gabegie, de mutilation des droits et libertés, etc.
Un Congo renaissant ne saurait s'accommoder à un tel
obscurantisme. Il doit être une fonction absolument inverse des
républiques antérieures dont les pratiques iniques ont conduit
à l'effondrement actuel du pays. L'instauration d'un Etat de droit est
une donne essentielle dans ce processus de reconstruction ou de refondation du
pays.
· L'impératif d'instauration d'un
Etat de droit
Il est un fait que l'adoption de la démocratie comme
principe d'organisation politique n'induit pas automatiquement l'effacement du
cynisme naturel des citoyens et des dirigeants. L'instauration de l'homme dans
l'ordre institutionnel démocratique implique nécessairement aussi
son insertion dans un nouvel ordre juridique harmonieux et réellement
opérationnel.
La société congolaise, comme toute
société humaine, n'est pas un paradis d'intérêts
bienveillants et mutuellement harmonieux, mais une arène où
s'affrontent les cupidités et passions, susceptibles de s'harmoniser
pourvu que les factions soient tenues en lisière et qu'un pouvoir
centrale sage puisse s'exercer dans l'intérêt
général55(*). Mais l'idée du bien commun n'est envisageable
que dans un Etat de droit, dans une société où les droits
et libertés des citoyens s'imposent à ceux qui détiennent
l'imperium. Dans ces pays où le droit au bonheur est garanti et
où le peuple est préservé de la tyrannie de ceux qui le
gouvernent et où les peuple souverain jouit de son droit naturel
à l'insurrection.
Le Congo renaissant doit être un véritable Etat
de droit, une grande nation où la primauté du droit sera
garantie, la loi prenant le dessus sur toute autre considération. Ce qui
implique un rajustement structurel et la consolidation de
l'indépendance de l'appareil judiciaire de sorte que l'égale
protection des lois devant les cours et tribunaux soit la base de toute
coopération judiciaire. Que l'on soit riche ou pauvre, que l'on
appartienne à une majorité ou à une minorité
ethnique ou religieuse, que l'on s'oppose au gouvernement ou qu'on le
soutienne, chaque citoyen devra avoir droit à une protection
égale devant la loi.
Une bonne justice devrait permettre de consolider la
cohésion nationale et la confiance du peuple aux institutions
démocratiques, de stimuler les investissements en garantissant le
respect de la propriété privée, la sécurisation
juridique des affaires ainsi que des investisseurs, mais surtout
d'éviter l'arbitraire qui risquerait de compromettre le changement tant
souhaité.
Pour ce faire, il ne suffit pas seulement de repenser les
structures mais aussi de songer à l'amélioration des conditions
sociales et économiques des personnes censées dire le droit sur
l'ensemble du territoire national. Car, la justice élève une
nation.
1.3. Le facteur
économique
L'effondrement de l'Etat congolais est intimement lié
à l'effondrement du secteur formel de son économie, ceci d'autant
plus que la dérive économique ne permet plus à l'Etat
depuis un certain temps de générer suffisamment des ressources
pour accomplir les missions essentielles inhérentes à sa raison
d'être.
En effet, si en 1960, la RDC était un des pays les plus
industrialisés d'Afrique centrale et que seuls la Rhodésie
(Zimbabwe actuel) et le Kenya offraient un paysage comparable - une
économie principalement extractive et exportatrice des minerais,
diversification de celle-ci avec une branche manufacturière encore
liée, dans ses performances, au secteur de l'exportation, le secteur
agricole constituait une des bases de production et d'accumulation des
ressources pour le financement du développement56(*) -, il compte aujourd'hui parmi
les pays pauvres très endettés de la planète. Son
économie a viré essentiellement vers l'informel, les
unités industrielles et commerciales des grands centres sont en faillite
et la production dans l'arrière pays est marginale sinon inexistante.
Le Congo actuel développe ni une économie de
production des bien ni celle de production des services et ne développe
pas comme d'autres Etats du sud une économie de substitution pour faire
face à la détérioration ou au déclin des termes
d'échange sur le marché mondial57(*). Il demeure entièrement ou presque tributaire
des importations pour desservir son marché intérieur en produits
finis, agro alimentaires et autres.
Tout ceci explique les difficultés
éprouvées par la RD Congo d'assurer la stabilité et la
fluidité de son économie donc le contrôle de son
marché intérieur, de disposer de suffisamment des ressources pour
investir à l'intérieur et au delà de ses
frontières mais surtout de réaliser des excédents qui lui
permettent de prendre part effectivement à la grande messe des
souverainetés. L'Etat aura été contraint de s'endetter au
près des Etats occidentaux et des institutions financières
internationales avec toutes les conséquences néfastes que cela a
comporté sur sa souveraineté.
En remontant l'histoire, nous pouvons expliquer ce
déclin économique et son rapidement basculement dans l'informel
à travers deus facteurs majeurs : La non
compétitivité des acteurs économiques congolais ainsi que
la persistance des réflexes politiques
« économicides ». Fernand Tala-Ngai fait largement
le point là dessus. Il constate d'une part, les insuffisances des
opérateurs économiques de la première
génération et de ceux qui les ont succédés jusque
là de conserver et de rationaliser les acquis économiques de la
colonisation, de les consolider et finalement de les adapter aux
évolutions et exigences du marché mondial.
si le nouvel Etat n'avait ni la compétence ni les
moyens de contrôler efficacement l'économie nationale et que les
insuffisances de la classe moyenne autochtone après le départ
massif des colons belges entraînèrent la régression
accentuée du Congo qui pourtant était considéré
comme l'un des pays subsahariens à posséder une infrastructure
industrielle capable de le faire entrer dans sa phase
d'industrialisation ; les républiques qui se sont
succédées n'ont pas pu, à travers les reformes
entreprises, mobiliser des ressources humaines dans le secteur
économique, c'est-à-dire la formation des opérateurs
économiques pourvus d'une véritable culture industrielle
comprenant la nécessité d'un transfert de technologie et le
besoin d'une production des biens de substitution.
D'autre part, le marasme économique du Congo
résulte des actions destructrices de certains dirigeants du pays qui
confondent poste politique et affaires. L'amalgame entre la politique et
l'économie est devenu au fur et à mesure une
réalité permanente de la société congolaise. Les
détenteurs du pouvoir politique se sont progressivement emparés
des unités de productions et commerciales à tel enseigne qu'il
faille désormais passer par la politique ou les politiciens pour avoir
accès à l'économie58(*).
Cette situation est restée inchangée
malgré les changements des régimes. C'est bien à ce niveau
que Robert Mac Namara, ancien président du FMI, parlant du
sous-développement et du chômage en Afrique, insiste sur la
responsabilité des dirigeants africains dans l'effondrement de leurs
économies. Le problème, écrit-il, vient en grande partie
des politiciens africains qui se servent de leur position pour se procurer,
à eux seuls, ainsi qu'à leurs amis, des emplois, des
marchés, des monopoles publics et des gains illicites. L'Etat devient du
même coup de moins en moins capables de produire des biens et des
services au profit de la masse, de la population59(*).
A cette gestion patrimonialiste s'ajoute
inéluctablement les aides internationales reçues de certains
Etats et organismes financiers qui a placé l'Etat congolais en situation
de « perfusion » économique. Les efforts de
redressement ont nettement étaient ralentis, toutes les politiques
économiques ne consistaient désormais qu'à obtenir un
satisfecit des partenaires lequel était indispensable à la
continuation des programmes qui servaient d'orifice à une
économie lézardée. Du supplétif l'aide s'est
rapidement transformée en opium.
Cette informalisation du secteur économique aura
été la cause principale de la dépendance du pays et du
déclin de sa souveraineté. Le Congo aura été
extrêmement vulnérable vis-à-vis des partenaires. Les
agitations autour des accords sino-congolais dans le cadre des cinq chantiers
illustrent parfaitement cette dépendance. Steffan Marysse aurait en
effet raison de considérer qu'un pays est tributaire des
décisions extérieures concernant sa politique économique
s'il doit faire appel à l'extérieur parce qu'il ne
génère pas suffisamment des ressources économiques en
lui-même pour faire face à ses multiples besoins en importation et
remboursement de dettes extérieures60(*).
Mais même dans l'hypothèse que ces programmes,
stratégies et plans des partenaires sont conçus avec plus ou
moins de bonne foi, l'échec sera toujours au rendez-vous car les
facteurs politiques générateurs des précédents
échecs persistent. Il est nécessaire pour les congolais de
développer un nationalisme économique fondé sur une
gestion consciente et orthodoxe des ressources publiques. Le miracle
économique congolais sera fonction de la moralisation de la vie publique
et de la promotion des intelligences dans ce secteur. La gestion de
l'indépendance et de la souveraineté du Congo est tributaire de
sa capacité à assurer de façon autonome ses charges
publiques et de dégager des excédants pour mener une politique
étrangère cohérente et efficace.
1.4. Le facteur
diplomatique
La diplomatie est au coeur des relations internationales.
C'est par elle généralement que les Etats procèdent aux
ajustements des leurs intérêts respectifs. Etant aux antipodes de
la violence ou de la force, la diplomatie demeure en tout temps et en tout lieu
l'expression d'une vision géopolitique clairement définie. C'est
ce qui fait dire à Jules Cambon cité par François Scheer
que, tant que les gouvernements des divers pays auront des rapports entre eux,
il leur faudra des agents pour les représenter et les renseigner, et
qu'on leur donne le nom qu'on voudra, ces agents feront de la
diplomatie61(*).
Cependant, si l'action extérieure est dans le monde
d'aujourd'hui la condition dont dépend le succès de tout le reste
comme l'affirme Marcelle Merle62(*), celle -ci devra en toute évidence être
conduite de façon suivie, sérieuse et pas trop maladroite. Raison
pour laquelle les Etats veillent en permanence sur la qualité de leurs
appareils diplomatiques (centrale et antenne de représentation) ainsi
que sur la situation matérielle et financière des diplomates.
En RD Congo, la diplomatie se trouve dans un état
sinistre, lamentable au point d'infléchir la notion même de la
noblesse inhérente à la fonction. N'étant
extérieure que de part sa destination, cette défectuosité
de la diplomatie congolaise ne peut trouver d'explication cohérente que
dans l'informalisation qui affecte le pays depuis plusieurs années et
qui se ressent encore dans ces premiers instants de la troisième
république.
En effet, outre l'inexistence d'une politique
étrangère ou d'une ligne de conduite extérieure claire, la
diplomatie congolaise et rongée par plusieurs autres maux encore. Il
s'agit entre autres : d'un personnel pléthorique et
démotivé à la centrale et dans les missions diplomatiques,
des salaires impayés, le non rapatriement des diplomates et leurs
familles, des nominations fantaisistes, de l'arbitraire, du favoritisme, du
tribalisme, etc63(*).
Les missions diplomatiques sont laissées à
l'abandon et la fonction elle-même demeure toujours personnalisée
malgré les changements politiques de la dernière décennie.
L'attitude des politiciens congolais pendant la transition 1+4 aura
été encore plus machinale, en soumettant la désignation
des diplomates de la république aux combines incongrues des composantes
et entités. Il a fallu recourir à des concertations afin de
définir le quota de chaque groupe aux motifs d'éviter une
nouvelle crise et de sauver le processus politique. A quoi devrait donc servir
pareille diplomatie ? A qui le diplomate devrait-il rendre compte ?
Et de qui devrait-il recevoir des instructions ?
A cette ère de la globalisation, la diplomatie
permanente demeure encore un facteur insurmontable et c'est par elle que le
Congo pourra parvenir à se créer des rapports de forces
favorables et indispensables à sa stabilité, sa
prospérité et sa puissance à l'échelle tant locale,
régionale que globale. La redynamisation de l'appareil diplomatique
congolaise est une nécessité à laquelle ne pourrait se
soustraire le gouvernement de la république.
Pour y parvenir effectivement, nous convenons avec Tshibasu
Mfuadi que, pour mener une bonne diplomatie, à la hauteur de sa grandeur
et de ses ambitions, la RD Congo aurait l'obligation de mettre en place des
moyens humains et financiers nécessaires64(*).
a. Moyens humains : Professionnalisation de
la fonction du diplomate
La RD Congo ne doit pas continuer à mener une
diplomatie sans diplomates, c'est-à-dire que la gestion quotidienne des
affaires étrangères doit être confiée à un
personnel qualifié. Le savoir faire, la capacité de mobiliser des
soutiens politiques extérieurs et l'expertise technique sont plus que
jamais nécessaires. Et le bannissement de l'improvisation et de
l'amateurisme doit constituer le fer de lance de ce projet de restauration.
Il est d'autant plus vrai que l'élargissement des
champs de la politique étrangère dans les relations
internationales contemporaines nécessite davantage des
technicités dans la conduite des négociations au point qu'il soit
devenu impossible d'attendre des seuls agents du Ministère des affaires
étrangères et de la Coopération internationale une
universelle compétence. Mais cela ne fait pas du diplomate un acteur
suranné, car lui seul maîtrise mieux que quiconque la
mécanique des négociations. Il faudrait simplement associer au
travail perpétuel de ce dernier l'expertise voulue pour plus de
solidité et de rentabilité dans l'action extérieure du
pays.
Il faudrait également que le gouvernement de la
république s'interdise de faire de la diplomatie un dépotoir ou
un fourre-tout à laquelle seraient destinés tous ceux qui ne
trouveraient pas des postes à occuper à l'intérieur soit
encore comme un mécanisme ou une stratégie de mise en quarantaine
des potentiels adversaires politiques. Comme l'écrit Henry Mova Sakany,
c'est le Ministère des Affaires Etrangères et de la
Coopération Internationale qui doit assumer la responsabilité de
la politique dans son élaboration, responsable politiquement devant le
chef de l'Etat et le parlement. Il répondra de toutes les actions
entreprises pour engager le Congo à l'extérieur. Il doit marquer
de son empreinte la politique étrangère congolaise65(*).
Il s'agit pratiquement d'insister sur la gestion rationnelle
et responsable de l'ensemble du personnel diplomatique congolais, de la
centrale aux antennes de représentation, que nous estimons constituer le
pilier du processus de renaissance du pays dans son volet international.
b. Moyens financiers
Toujours dans cette perspective managériale de
professionnalisation et d'efficience, il serait raisonnable que le gouvernement
alloue au secteur de la diplomatie un budget nécessaire et
conséquent en vue d'assurer un traitement de qualité à son
personnel, d'acquérir des infrastructures et des outils modernes de
travail mais surtout de mener à bien des actions dans
l'intérêt supérieur de la nation.
Il est inadmissible que le fonctionnaire congolais qui doit
s'engager dans la bataille diplomatique contre des éventuelles
unités opposées au processus de renaissance ou à tout
projet de puissance du Congo avenir soit continuellement clochardisé. Le
caractère contre productif de cette diplomatie congolaise trouve
principalement son explication dans les conditions de traitement
déplorable des fonctionnaires en mission à l'étranger.
Ceux-ci consacrent tout leur temps à rechercher les moyens de survie et
passent finalement à coté de l'essentiel. Ils sont dans ce
contexte exposés à la compromission, à la corruption et
à divers autres égarements qui les discréditent et
ternissent du même coup l'image de la nation.
Dans ce cadre, un nombre limité mais
équilibré des postes diplomatiques à l'étranger et
un personnel qualifié, bien rémunéré et
suffisamment équipé vaudra mieux qu'un pléthore
budgétivore, démotivé et peu rentable. Le recours au
mécanisme d'accréditation multiple ou de zone diplomatique
devrait grandement servir dans l'allégement des charges mais surtout
dans le renforcement des actions des actions de l'appareil diplomatique
congolais. Convient-il d'ailleurs de souligner ici et à la suite du
Professeur Mpasi Makenga que, l'absence de mission permanente dans un ou
plusieurs pays n'est pas synonyme d'inimitié ou de
déconsidération car le recours à la diplomatie active dans
les rapports entre souveraineté relève davantage de
l'opportunité, de la stratégie et surtout des moyens66(*).
Nous considérons qu'une meilleure politique
étrangère de la république démocratique du Congo ne
sera possible que dans l'hypothèse d'un réaménagement de
l'appareil diplomatique congolaise entendu comme machine ou outil de conversion
des aspirations républicaines en actions stratégiques au service
de la puissance, de la croissance et de l'identité de l'Etat.
1.5. De la
sécurité et défense en RD Congo
Ce secteur s'avère très capital en RD Congo vu
la porosité de ses frontières et l'insécurité qui y
règne, occasionné par la présence des bandes armées
dans plusieurs coins du pays, et ce malgré la normalisation de la vie
politique consécutive aux élections de 2006. Les variables
sécurité et défense s'entendent respectivement de
l'aptitude de l'Etat à garantir l'intégrité de son
territoire face aux menaces extérieures et de sa capacité
à mettre sa population à l'abri des désordres
intérieurs etc.
Relevant de la souveraineté du gouvernement congolais,
ces missions font-elles intervenir à la fois la police et l'armée
ainsi que toutes les officines de sécurité d'appoint telles que
l'ANR, la DMIAP, le SNIP, la DGM ; le CND ; etc.
Cependant, malgré sa sensibilité ce secteur n'a
pas échappé au processus d'informalisation de l'Etat et aura peut
être même constitué l'épicentre du dit processus dans
la mesure où, écrit Anicet Mobe Fansiama :
« politiquement, le Maréchal Mobutu n'avait aucun
intérêt à organiser une armée redoutable,
disciplinée, républicaine et commandée par des officiers
compétents, patriotes et soucieux de servir les intérêts de
la nation, cela risquait de compromettre les desseins du régime. Et le
pouvoir révolutionnaire, a semblé reprendre à son compte
la politique suivie sous le régime précédent :
étoffer le corps des officiers à partir d'un noyau dur
composé d'élément originaire de la région
présidentielle67(*).
L'armée au Congo parait foncièrement
protéiforme dans sa nature. Le militaire congolais change constamment
des statuts, il est un temps dans l'armée régulière
(loyaliste), un autre temps dans la rébellion (mutin) et par la magie de
la politique redevient loyaliste. Ces variations sont motivées par des
considérations tribalo politiques mais surtout par un affairisme
à ciel ouvert.
En outre, le rôle de l'armée congolaise et sa
place ont aussi variés de façon continue depuis sa
création suivant le voeu de la puissance colonisatrice et les visions
des tenants des régimes qui se sont succédés à la
tête du pays. L'on peut ainsi remarquer que si la Force Publique a servi
de bras armé à l'aventure coloniale belge (le roi et l'auteur)
c'est-à-dire d'outil pour la conquête du Congo, de son
appropriation et d'asservissement de sa population, les FAZ et les FAC ont
constitué des outils à la dévotion politique des
dirigeants politiques qui pouvaient les utiliser dans le champ politique pour
terroriser leurs adversaires. L'image laissée par les FARDC durant la
transition politique 1+4 aura été celle d'un conglomérat
ou d'une armée de juxtaposition acquise aux causes ethnico
idéologiques et servant d'instruments de défense et de chantage
pour le compte des composantes et entités au pouvoir.
En effet, comme l'on pouvait s'y attendre, le vide
sécuritaire créé par cette série des pratiques
rétrogrades des décideurs a aspiré sur le territoire
national rebellions, armés étrangères et milices de tout
genre à la base de l'insécurité et de l'instabilité
interne et régionale. Et a nécessité par la suite
l'implication de la communauté internationale à travers notamment
la MONUC, aux fins de dissuader toute tentative de recours à la force
qui menacerait le processus politique, de la part de tout groupe armé
congolais ou étranger et d'assurer la protection des civils sous la
menace imminente des violences physiques68(*).
Pour réhabiliter ce secteur, un processus de
réforme a été enclenché dès l'ouverture de
la transition de 2003 avec l'appui considérable de la communauté
internationale. En abrégé SSR, cette réforme du secteur de
la sécurité en RDC consiste non seulement en la formation et
l'intégration d'une armée et d'une police nationale, mais aussi
à la mise en oeuvre du programme de désarmement, de
démobilisation et de réinsertion pour les combattants congolais
et tous les groupes étrangers opérant sur le territoire
congolais69(*).
1.5.1. Processus de reforme du secteur de la
sécurité en RD Congo
1.5.1.1. Cadre juridique et politique de
la réforme
La réforme du secteur de la sécurité en
RD Congo s'appui sur trois documents qui lui donnent toute sa
légitimité. Le premier l'Accord Global et inclusif, signé
à Pretoria le 17 décembre 2002 par la plupart des
ex-belligérants congolais et qui consacre tout un chapitre à
l'armée. Il prévoit ainsi la création d'un conseil
supérieur de la défense, dirigé par le Président de
la république et chargé entre autres, de donner un avis sur la
formation d'une armée intégrée et sur la politique de
défense. Le deuxième est la constitution de la transition
ratifiée le 02 avril 2003. Le troisième est l'acte d'engagement
de Dar-es-Salam signé par les autres chefs des groupes armés non
signataires de l'Accord de Pretoria.
Il convient de rappeler que l'objectif de l'intégration
est de constituer l'embryon des forces armées de la RD Congo sur la base
des éléments éligibles issus des composantes et
entités membres engagés dans ce processus politique. Le plan
prévoyait trois étapes dans ce processus de brassage, à
savoir la formation de brigades d'infanterie pour le maintien de la
sécurité pendant les élections, la formation d'une
unité de réaction rapide et enfin l'établissement d'une
force de défense forte à l'horizon 201070(*).
1.5.1.2. Les forces et groupes armés
cibles
L'intégration de l'armée et de la police
concerne plus précisément les forces et groupes
suivants :
1. Les forces et groupes signataires de l'Accord de Pretoria.
Il s'agit ici des ex forces armées congolaises (FAC),
du mouvement pour la libération du Congo (MLC), du rassemblement
congolais pour la démocratie (RCD), du rassemblement congolais pour la
démocratie nationale (RCD-N), du rassemblement congolais pour la
démocratie - mouvement de libération (RCD-ML) ainsi que des
Maï-Maï.
2. Les signataires de l'acte d'engagement de
Dar-es-Salam : le FNI, le PUSIC, l'UPC/RP, le FAP et le FDPC.
3. Les groupes armés non signataires des accords de
paix, implantés à l'Est du pays, qui acceptent le principe du
désarmement volontaire.
4. Les combattants congolais se trouvant à
l'extérieur du pays.
1.5.1.3. Restructuration et intégration de
l'armée
Le processus d'intégration consiste en
l'identification, la sélection, le brassage et le recyclage des
éléments éligibles dans le cadre de la mise sur pied d'une
nouvelle armée nationale. Conçu et supervisé par le
conseil supérieur de la défense et le gouvernement, le processus
est mis en oeuvre par la Structure Militaire d'Intégration (SMI),
créée par le décret n°04/014 du 13 mai 2004 portant
nomination des membres du bureau.
La SMI collabore avec le Ministère de la Défense
et la Commission Nationale du Désarmement, de la Démobilisation
et de la Réintégration (CONADER). Elle bénéficie
par ailleurs d'un appui de la Monuc et du Comité International
d'Accompagnement à la Transition (CIAT).
Deux grandes étapes sont à prendre en compte
à cet effet, il s'agit des critères d'éligibilité
(a) et de l'intégration dans l'armée (b).
a. Les critères
d'éligibilité
Dans la pratique, les candidats au brassage doivent remplir
sept critères à savoir :
- La nationalité
- Le choix volontaire
- L'aptitude physique, médicale et mentale
- La bonne moralité
- Un bon profil psychologique
- Un minimum de six ans d'études primaires
- Avoir l'âge requis, c'est-à-dire 18 ans et 40
ans au minimum pour la troupe et les sous-officiers, et 45 au minimum pour les
officiers supérieurs.
Pour ce dernier point, les militaires de toutes
catégories hautement qualifiés peuvent bénéficier
d'une dérogation. Les enfants soldats sont exclus du processus et
démobilisés71(*).
Figure 1 : plan d'intégration de
l'armée
Mise en place de la Structure Militaire
d'intégration (SMI)
Centre d'orientation :
(SMI/CONADER)
- Identification
- Sélection
- orientation
- choix volontaire
Sensibilisation et information
Centre de regroupement
- Récupération des armes des forces
- Désarmement des groupes ou individus
- Enregistrement des armes par Monuc
- Renvoi des non combattants
- Transfert des mineurs aux organisations
spécialisées
Centre d'orientation :
(SMI/CONADER)
- Identification
- Sélection
- orientation
- choix volontaire
Programme Démobilisation et réintégration
(DDR)
Centre de brassage:
- Sélection militaire
- Brassage et recyclage (les soldats)
- Renvoi au programme DDR (candidats non retenus)
Centre de brassage:
- Sélection militaire
- Brassage et recyclage (les soldats)
- Renvoi au programme DDR (candidats non retenus)
Redéploiement des brigades
intégrées sur le terrain
Source : Sebahara Pamphile, op cit.
b. Les phases d'intégration de
l'armée.
L'intégration de l'armée se fait en plusieurs
séquences dont les plus importantes sont :
- Le regroupement des compagnies au point de cantonnement
(pour contrôler des listes nominatives) et celui des groupes ou individus
armés au point de désarmement par la Monuc ;
- Le transport des forces vers le quartier
général de la brigade où s'opère le recensement des
personnes et du matériel ainsi que la récupération des
armes avec la certification de la Monuc. A ce stade, les enfants soldats sont
directement confiés aux organisations
spécialisées ;
- Le transport vers les centres d'orientation,
gérés conjointement par la SMI et la CONADER. Des
activités de « tronc commun » consistent en
l'identification, l'orientation et le choix volontaire des combattants. Des non
combattants sont renvoyés chez eux à ce stade.
- Enfin, le transport, d'une part, des éléments
éligibles vers `les centres de brassage » de l'armée
où s'opèrent la sélection militaire, le brassage et le
recyclage pendant une période de 45 jours et d'autres part, le transfert
des éléments non éligibles au programme DDR pour une
réinsertion dans le société. Des personnes jugées
inaptes militairement dans les centres de brassage sont également
envoyées au programme DDR pour un retour à la vie civile.
1.5.1.4. Bilan du processus de
brassage
Le bilan du processus d'intégration de l'armée
congolaise est mitigé. D'une part, des progrès significatifs ont
été accomplis sur le plan de la sécurité et de la
stabilité grâce à l'appui important de la communauté
internationale. D'autre part, les actions réalisées restent
fragiles et le plan stratégique de la reforme de l'armée connait
beaucoup de retard dans sa mise en oeuvre.
Jusqu'en 2005, six brigades ont été
intégrées et déployées à Kinshasa et dans
les zones où les tensions et les violences étaient les plus
importantes, à savoir l'Ituri, le Nord Kivu et le Sud Kivu. Cependant,
seules trois brigades sur les six sont suffisamment équipées et
ont participé aux opérations menées contre les groupes
armés qui attaquent les populations en Ituri et dans les deux Kivu.
Par ailleurs, le brassage de six nouvelles brigades a
commencé en janvier 2006. Réalisée dans les centres de
brassage suivants :
- Kisangani avec l'appui de la Belgique ;
- Kitona avec l'appui de l'Angola ;
- Kamina avec l'appui de la Belgique et de l'Afrique du
Sud ;
- Luberizi avec l'appui de l'Union Européenne.
1.5.1.5. Formation d'une police
intégrée
Le mémorandum sur l'armée et les forces de
sécurité signé le 29 juin 2003 par les signataires de
l'Accord global et inclusif prévoyait la création de deux
unités de police. La première est un corps de protection
rapproché (CPR) responsable de la sécurité des leaders
politiques et des sites des institutions de la transition. La seconde est une
unité de police intégrée (UPI) chargée d'assurer la
sécurité dans le pays.
Aujourd'hui, la police congolaise est constituée
à 95% d'anciens membres des forces de l'ordre (gendarmerie, garde civile
et police de circulation) du régime Mobutu. Son effectif se situait
entre 90.000 et 114.000 policiers en 200572(*).
Dans le cadre de sa reforme, l'accent est mis sur le
renforcement des capacités des policiers à assurer la
sécurité pendant la période électorale et
même après. Le plan stratégique de formation de la police
prévoyait la formation de 740.631 policiers :
- 50.000 à Kinshasa ;
- 11.491 à Goma ;
- 8.000 à Gbadolité ;
- 2.640 à Béni ;
- 1.500 à Isiro ;
- 1000 à Lulindo.
La Monuc, avec plus de 700 policiers, appui significativement
le gouvernement dans la réforme de la police. Les deux partenaires ont
élaboré en 2005, un plan national de formation de la police. Ce
plan décrit les activités de formation qui seront menées
avec l'appui de la Monuc mais aussi des partenaires bilatéraux,
notamment l'Angola, l'Afrique du Sud, la France et l'Union Européenne,
jusqu'en mars 2006.
Au niveau des réalisations, au 15 novembre 2005, 17.800
membres de la police territoriale avaient suivi une formation de base sur les
mesures de sécurité statique à mettre en oeuvre dans les
centres d'inscriptions et de votes. En outre, 5300 policiers ont suivi une
formation en matière de lutte anti émeutes dispensée par
la Monuc dans les grandes villes du pays. Des policiers de la Monuc sont
également déployés sur le terrain auprès de
l'inspecteur général de la police et de tous les inspecteurs
provinciaux à qui ils donnent des conseils de planification et de
gestion des opérations.
La France a formé et équipé deux
bataillons de la police d'intervention rapide basés dans la capitale.
L'Angola et l'Afrique du Sud participent également à la formation
des unités chargées d'assurer l'ordre surtout pendant les
élections73(*).
Malgré ces quelques réalisations de formation,
les défis restent encore nombreux dans ce domaine, d'ordre humain mais
surtout logistique. Et à l'instar de la reforme de l'armée, des
efforts restent à fournir en matière de lutte contre la
corruption, qui s'intensifie à cause notamment de la
précarité des conditions de travail et des salaires très
bas.
Ce processus de reforme présenterait, à notre
avis, des défaillances considérables qui risquent non seulement
de prolonger indéfiniment ledit processus mais aussi et surtout de
biaiser les résultats final attendu : formation d'une
véritable armée nationale, intégré, moderne et
à la fois offensive, défensive et dissuasive et pouvant
intégrer les mécanismes africains et international de
sécurité et de stabilité, ainsi que d'une police nationale
disciplinée, intégrée et citoyenne.
1.5.2. Critique du processus de réforme du
secteur de la sécurité en RD Congo
Les faiblesses liées à ce processus de
refondation de l'armée et de la police sont d'ordre divers et
varié parmi lesquelles figurent : la question d'approche, les
critères d'éligibilité (avec un accent très
particulier sur l'identification de la nationalité des candidats), la
pluralité ou diversité des intervenants, la forte
dépendance du processus aux financements extérieurs, le manque de
civisme et de moralité dans le chef des premiers produits
déployés sur terrain.
a. Question d'approche
L'approche politico militaire qui fonde ce processus de
réforme du secteur de la sécurité semble
prémonitoire à une politisation à grande échelle de
la future armée et police congolaise et semble en même temps aussi
ignorer la mauvaise foi de plusieurs acteurs politiques dont la plupart ne
dispose que des milices ou groupes armés comme moyen de survivance
politique. Pour ceux-ci ce processus s'apparente à un suicide
politique.
La formation de l'embryon de la nouvelle armée
congolaise à partir des éléments issu des
différentes factions armées, présuppose que tous les
protagonistes désormais impliqués dans le processus de paix,
devraient accepter de se priver de leur force de frappe, c'est-à-dire
d'abandonner complètement leurs armes et leurs troupes. Mais loin de
jouer le jeu de l' « armée
intégrée », note Thierry Vircoulon, les partis au
pouvoir se sont efforcés de maintenir des chaines de commandement
parallèles. Pour ce dernier, le processus d'intégration s'est
heurté à deux problèmes majeurs : la
comptabilité militaire et la répartition du pouvoir.
- La comptabilité militaire ; elle a
été un motif de dissensions dès le début de la
reforme. Lors de l'accord de Sun city, les belligérants avaient
déclaré environ 220.000 soldats, chiffre qui avait
« évolué » jusqu'à 340.000 avant
d'être révisé à 240.000 par le conseil
supérieur de la défense en 2004. Deux recensements
étrangers (réalisés par l'Afrique du Sud et l'Union
Européenne) ont conclu que le « gouvernement »
gonflait ses effectifs d'au moins 50% afin d'engranger une plus- value sur le
financement des troupes réévaluées à 100.000
hommes.
- La répartition du pouvoir militaire ; celle-ci a
donné lieu à un véritable exercice diplomatique. Les
commandements des dix régions militaires du pays ont été
nommés selon l'accord sur le partage du pouvoir et sont chargés
de superviser le processus d'intégration sur le terrain. Cette
duplication de la composition du gouvernement de transition au niveau militaire
a permis de tasser la crise qui se profilait.
Ainsi dans sa composition, le pouvoir militaire compte :
3 commandants membres des ex forces armées congolaises (FAC), 2 de l'ex
RCD Goma, 2 du MLC, 1 du RCD-ML, 1 du RCD-N et 1 de Maï Maï74(*).
b. Critères
d'éligibilité : la question de
nationalités
La question de la nationalité constitue une autre
brèche dans ce processus de reforme du secteur de la
sécurité en RDC. L'armée congolaise de demain si elle doit
être véritablement nationale et patriotique ne devrait compter
dans ses rangs que des autochtones ayant intériorisé le sens de
la bravoure, du sacrifice et de l'honneur.
La difficulté ici réside dans la faillite de
l'administration publique. La paralysie du service d'état civil sur
l'ensemble du territoire national ayant pour conséquence l'absence des
cartes d'identités et des documents administratifs nécessaires
pour certifier et authentifier la nationalité de tous ces hommes en
armes candidats volontaires au processus de brassage et d'intégration
dans l'armée congolaise. Cette carence expose largement le processus de
refondation de l'armée et de la police à des manoeuvres
subversives qui à la longue devraient compromettre le
secret-défense et partant, le succès des opérations qui
seront menées sur terrain par les FARDC et la PNC.
Quoique la présence des étrangers soit admise au
sein des grandes armées du monde, en RDC cette option serait plus
compromettante que bénéfique par le simple fait que le pays ne
dispose pas encore d'une base solide et des mécanismes adéquats
de contrôle d'une quelconque « légion
étrangère ».
c. La diversité des
intervenants
Le risque de formation hétéroclite des troupes
devant constituer la future armée et police nationale congolaise est
trop grand du fait de la prolifération des intervenants d'origines
diverses. L'on devra de ce fait s'attendre, si aucun palliatif n'est
apporté, à la constitution d'une armée de
« juxtaposition » plutôt qu'à un
« corps d'armée ».
Cette inquiétude s'accentue d'autant plus que le
pouvoir militaire censé assurer la supervision sur terrain de
l'intégration desdites troupes n'a pas été
constitué de façon autonome. Il est donc nécessaire et
impératif de réduire le nombre d'intervenants et de rationaliser
la gestion du personnel militaire à travers notamment la revisitation
des critères de mise en place des commandements au sein de
l'armée.
d. La dépendance
financière
La reforme du secteur de la sécurité en RD Congo
dépend fortement des interventions des partenaires bilatéraux et
multilatéraux en termes de financement des différentes phases de
son exécution ainsi que de rémunération et
d'équipement des troupes. Cette dépendance explique le fait que
le gouvernement ne contrôle pas totalement la programmation des
opérations dans le cadre de ce processus de réforme. Et rien ne
semble encore acquis pour autant car, la reforme de l'armée n'est pas
éligible à l'aide publique au développement.
Il est dans ce contexte fort peu probable que le processus
n'arrive à terme à l'horizon prévu soit l'an 2010. Le
Congo devrait redoubler d'ardeur dans la relance de son économie pour
générer des ressources financières locales indispensables
au financement du processus de refondation de ce secteur, car l'armée
constitue le coeur de la souveraineté de tout Etat moderne.
e. Question du civisme et de la moralité
des troupes
Ce volet est très déterminant dans la
reconstitution de l'armée et de la police nationale en cours. Elle
rappelle le « pro domo » du général Mahele
à la conférence nationale souveraine qui préconisait en
son temps une nouvelle éthique militaire compatible avec les exigences
de la démocratie pluraliste instituée depuis 1990. Cette
thèse est aussi appuyée par Anicet Mobe Fansiama qui
considère que, les exigences de la démocratie sont incompatibles
avec la logique d'une armée prétorienne, de soudards et de
mercenaires. Il nous faut donc, ajoute-t-il, bâtir une armée de
citoyens qui soit un instrument de protection des populations civiles contre
toute agression extérieure afin de garantir la souveraineté et
l'indépendance de l'Etat dont les institutions garantissent et
protègent à l'intérieur l'exercice des libertés
individuelles.75(*)
Le comportement sur terrain des troupes brassées et
intégrées attestent suffisamment que le processus n'insiste pas
assez sur la moralisation de la fonction militaire. Ainsi mises à
l'épreuve dans un premier temps en Ituri, rapporte Thierry Vircoulon,
ces forces brassées envoyées au combat sans logistique, ont
remplacé les milices dans l'exploitation illégale des mines
aurifères à Mongwalu.
La corruption des militaires, de l'homme du rang à
l'officier, est un phénomène d'une ampleur peu commune. La
militarisation de l'activité minière est le meilleur symbole. Au
Katanga, les autorités ont-elles décidé en octobre 2005 de
démilitariser la cité de Tenké Fungurumé pour
prévenir un affrontement généralisé entre policiers
et militaires. La reforme du secteur de sécurité à la mode
congolaise, conclut-il, ressemble plus à un replâtrage
qu'à une refondation.76(*)
Nous pensons globalement qu'il faille dans l'immédiat
recadrer ce processus de reforme du secteur de la sécurité qui
à terme devra doter l'Etat congolais d'une police efficace,
disciplinée et sécurisante ainsi que d'une armée
professionnelle, citoyenne et au service des ambitions géopolitiques du
pays tant à l'intérieur qu'au niveau régional et/ou
global. A la formation physique, morale et civique des troupes devra être
associée une solde conséquente pouvant permettre aux militaires
et leurs familles de vivre décemment.
En effet, la renaissance du Congo, entendue comme étant
cette volonté, cette détermination de l'ensemble de la nation
congolaise à s'engager dans un processus d'inversion de son
informalisation, demeure le projet idéal et susceptible de doter l'Etat
des moyens nécessaires non seulement pour recouvrer sa
souveraineté interne mais aussi pour jouer un rôle de premier plan
dans la géopolitique africaine et mondiale.
Section 2 : Dimensions
géopolitiques externes du Congo renaissant.
La participation de la RD Congo dans le processus de
recomposition stratégique africaine et globale constitue le second volet
de ce projet national de renaissance. Elle suppose pour le Congo la recherche
d'un rang et l'exercice d'un rôle stratégique majeur tant sur le
plan local, régional que global. Cette ouverture au monde ne le destine
pas uniquement à des sollicitations mais aussi et davantage à des
contraintes de tout genre. Cela relève de la réalité
internationale car, dans le système international, avant même
qu'une puissance montante se manifeste de façon agressive, elle suscite
des réactions préventives destinées à
réduire ses responsabilités d'action77(*).
De ce fait, la conduite extérieure de la RD Congo dans
l'international post-blocs devrait reposer sur trois leviers à
savoir : l'axe diplomatico-stratégique, l'axe économique ou
la mondialisation ainsi que l'axe institutionnel. Cette vision tri
articulée apparait également dans les analyses du Professeur
Philippe Biyoya Makutu sur la géopolitique de l'Afrique centrale et la
stabilité régionale. Il parle d'un triptyque géopolitique
consistant à :
- La résorption de l'instabilité et de
l'insécurité résultant des conflits armés intra et
inter-étatiques ;
- La gestion de la délicate situation de
marginalisation et d'exclusion du continent africain du marché et de
l'économie mondiale en même temps que sa conversion d'enjeu de
politique mondiale en nécessité géopolitique
africaine ;
- La réadaptation des règles du jeu globalitaire
par la promotion du principe de la mise en commun des solidarités
humaines, commerciales et sécuritaires par la mobilisation des
investissements étrangers, ou alors impliquer les géants
industriels dans la construction du destin africain78(*).
2.1. La dimension
diplomatico-stratégique
La RD Congo évolue dans un environnement
essentiellement trouble. Elle en serait même l'épicentre dans la
mesure où ses longues années de faillite ont stimulé les
ambitions dévorantes des anciens et nouveaux prédateurs de la
République désireux, pour certains, de jouir inlassablement de
ses richesses naturelles et, pour d'autres, d'étancher leur
avidité territoriale. C'est de ce choc des postures géopolitiques
autour du Congo que résultent ces conflits et désordres quasi
permanents en Afrique centrale et dans le Grands-lacs singulièrement.
Des analysées plus poussées établissent
trois facteurs fondamentaux dans l'explication de cette instabilité
dans la région des grands lacs qui sont de nature identitaire ou
ethniciste, stratégique et économique. La vision ethniciste est
celle de type endogène selon laquelle les conflits naissent de
l'inadéquation des structures d'Etats légués par la
colonisation et des structures socio-ethniques légués par
l'histoire. Pour cette première famille de pensée, le
problème fondamental consiste dans la révision des
frontières de façon à homogénéiser
ethniquement, si cela est possible, le maximum de pays afin de stabiliser
l'Afrique.
Le deuxième type d'explication repose sur un
affrontement géopolitique entre, d'un coté la France, de l'autre
les Anglo-saxons, terme vague qui définirait l'alliance entre les
Américains et les Anglais pour contrer la puissance française et
si possible s'emparer de certaines parties de son domaine d'influence. Pour les
tenants de cette école, la plupart des guerres d'Afrique seraient
déclenchées par des luttes d'influences entre puissances
« impérialistes » rivalisant pour s'évincer
l'un l'autre des domaines qu'ils s'étaient constitués. La
thèse centrale de cette école affirme que les Etats-Unis sont
installés en Afrique depuis le Président Reagan dans le but de
contrôler les richesses de ces pays et d'en évincer les vielles
influences européennes et leur notion de
« pré-carré » limitatif pour ces
observateurs.
Le troisième groupe d'analyse considère que la
plupart des conflits d'Afrique ont pour but le contrôle des richesses
minières, pétrolières voire agricoles de l'Afrique. Dans
cette école inspirée du marxisme, il y aurait une sorte
d'instrumentalisation à plusieurs étages. Le premier étage
consisterait dans l'instrumentalisation des ethnies par des groupes financiers
lesquels seraient appuyés par les grands Etats. L'objectif de ces grands
groupes économiques multinationaux serait de créer en fait des
« Etats clients », des sortes d'émirats
pétroliers, uranifères voire diamantifères. Cette
troisième école voit dans l'instrumentalisation du
phénomène ethnique et l'intervention des Etats africains, la main
toujours invisible des puissances capitalistes grandes métropoles
impérialistes qui, après la colonisation et la période de
décolonisation, joueraient aujourd'hui les pays africains les une contre
les autres, dans le but de contrôler les bases minières et
énergétiques nécessaires à l'industrie
mondiale79(*).
A ces motivations pourraient aussi être associés
les micro-impérialismes africains comme celui du Nigeria, de l'Ouganda,
de l'Afrique du Sud, de l'Angola, de la Libye et autres. Ce groupe restreint
d'Etat développent, pour leur propre compte, un expansionnisme local qui
contribue à raviver l'instabilité.
La renaissance de la RD Congo serait dans ce contexte
liée à l'avenir de la paix et de la stabilité dans la
région ; autant voudra-t-elle de la paix sur son territoire
à la même proportion devra-t-elle s'engager à contribuer
à la stabilité régionale. Il n'y aura pas de
véritable paix en RD Congo sans le concours de l'Afrique et il ne serait
pas également possible de penser l'intégration, le
développement et la stabilité du continent en l'absence de la
puissance Rdcongolaise. Le devoir d'empuissancement est inéluctable
pour ce pays et suppose un engagement sur deux fronts essentiellement ; le
front politique et diplomatique et le front militaire.
a. Le front politique et
diplomatique
Si les différentes guerres qui ont conduit à la
déstabilisation du Congo sont d'ordre économique, les
réponses à y apporter devront-elles aussi être de
même ordre. C'est-à-dire qu'il faudrait que la RDC mette à
nouveau ses richesses naturelles à contribution pour stabiliser son
environnement et renforcer sa marge de manoeuvre dans la région et dans
le monde.
La RDC devrait alors consentir à faire des concessions
plus larges à l'endroit des puissances occidentales et principalement de
l'hégémon américain pour les résigner à la
« sous-traitance » et les amener à revenir à
une coopération directe car, c'est en vain que le Congo cherchera
à imposer une quelconque souveraineté sur ses propres richesses
en l'état actuel des choses. Plus considérables seront les
concessions, davantage la situation du Congo suscitera l'attention des
puissances occidentales qui dictent la géopolitique dans la
région.
Le gouvernement congolais devrait forcément mener une
diplomatie de charme avec le concours d'un collège des diplomates
chevronnés, constitué pour la circonstance, afin de
reconquérir la confiance et la considération de ces puissances
occidentales qui, depuis 2001, ont prouvé qu'elles maîtrisaient
parfaitement la géopolitique dans les grands lacs en décidant de
la restauration de la légitimité institutionnelle dans ce pays.
C'est en s'alliant à ces puissances du monde que la Rd Congo peut
réellement espérer guérir de son mal géopolitique
actuel.
Il faudrait en même temps aussi trouver des voies et
moyens de renforcer la coopération avec les autres Etats de la
région. L'élan panafricain nous obligerait à resserrer les
liens autour des mécanismes bilatéraux et multilatéraux de
paix et de stabilité dans la sous région et sur l'ensemble du
continent. Le Congo devrait s'ériger en porteur d'un projet de
consolidation de l'intégration régionale en envisageant, de
même que la France et l'Allemagne, un rapprochement et une cohabitation
cimentée avec ses agresseurs d'aujourd'hui.
b. Le front militaire
Etant donné que le succès diplomatique ne
conduira pas automatiquement au retour de la sécurité et de la
stabilité dans le pays, il est logique d'envisager des actions
militaires non seulement contre les différents groupes armés
étrangers et locaux actifs dans la partie Est du pays - étant
entendu qu'ils auront perdu leur appuis extérieurs -, mais aussi contre
toute autre tentative d'agression des Etats qui l'entourent peu importe leurs
motivations.
Ce qui implique comme nous l'avons souligné ci haut, un
recadrage et une accélération du processus de refondation de
l'armée mais aussi la reconsidération du rôle de cette
même armée dans le système d'organisation politique global.
Tant il est vrai que, les déconfitures de l'armée congolaise
durant toutes ces années sont moins des défaites militaires que
la faillite du politique et d'une certaine conception militaire pervertie par
des considérations politiciennes80(*).
Cependant, bien que les questions géopolitiques et
géostratégiques occupent une place prépondérante
dans la conduite extérieure de l'Etat congolais, il n'en demeure pas
moins qu'il faille à tout prix également résoudre celle de
sa géo économie ou de sa participation dans la dynamique de la
mondialisation.
2.2. La question de la
mondialisation
Cette autre dimension praxéologique obligerait l'Etat
congolais à s'engager dans un jeu économique qui conditionne de
plus en plus les rapports internationaux et dans lequel le monopole de l'Etat
fait l'objet des controverses. Tout devenant donc économique et
gestionnel, écrit le Professeur Kambayi Bwatshia, ceux des Etats, des
nations qui sauront s'inscrire dans la mondialisation, ceux là
survivront81(*).
Si en effet, le phénomène de la mondialisation
ne laisse aucun Etat indifférent, il ne profite pas à tous par
ailleurs. L'on peut constater que si les firmes multinationales, le bloc
Nord-Américain, les Etats membres de l'Union Européenne et
quelques individualités telles que le Japon, la Chine, l'Inde, la
Russie, le Brésil et autres bénéficient des effets de la
mondialisation, l'Afrique en générale et la partie subsaharienne
particulièrement semble être marginalisée. Cela d'autant
plus que les Etats concernés développent une attitude beaucoup
plus contemplative que participative, ils subissent tout simplement les effets
de la mondialisation.
La situation semble paradoxale dans la mesure où cette
région du monde est volontiers vantée pour ses
considérables richesses naturelles quand bien même elles seraient
inégalement reparties. François Bost note que, la lecture des
indicateurs économiques témoigne d'une très large
exclusion de cette région de la dynamique contemporaine de
mondialisation de l'économie dans les domaines tels que les
échanges internationaux, l'intégration financière ou
encore le progrès technologiques. Pire l'écart avec les autres
régions (notamment les pays émergents dynamiques d'Asie
orientale) ne cesse de s'accroître, comme si ces pays étaient
condamnés à stagner, prisonniers du cercle infernal du
sous-développement.
En 2004, précise l'auteur, l'Afrique subsaharienne
n'entrait plus qu'à hauteur de 1% seulement dans le PIB mondial, de 1,5%
dans le commerce mondial (contre 6% dans les années 1960 et 3,9% en
1982), tandis que les investissements directs étrangers (IDE) l'ont
totalement oubliée (1% à peine), en raison de la très
faible attractivité de la région au regard des exigences
contemporaines des firmes transnationales et de son cumul de handicaps
structurels : pauvreté persistante, faiblesse de la croissance
économique, industrialisation embryonnaire, déficience des
infrastructures élémentaires, endettement massif, très
faible niveau d'alphabétisation, instabilité politique, absence
de démocratie, guerres civiles multiples, corruption, etc82(*).
Malgré ces faibles statistiques e la région, le
Congo peut tout comme les individualités asiatiques et autres,
échapper à la névrose tiers-mondiste et participer
activement à cette compétition économique mondiale. Il
devrait à tout prix et dans une vision mercantile se doter des moyens
suffisants pour conquérir des marchés plutôt que de se
complaire comme ses pairs africains, d'une simple possession des richesses
naturelles. Il devrait s'atteler à :
- créer des conditions d'accroissement, de
diversification et d'amélioration de la qualité de sa
production ;
- remettre en état et moderniser les infrastructures de
base utiles aux transactions économiques nationales et internationales
telles que les ports et les aéroports, les routes de dessertes
agricoles, les moyens de transports, etc ;
- créer non seulement des conditions d'accueil des
investissements étrangers mais aussi former et promouvoir une classe des
investisseurs locaux dynamique et capable de rivaliser d'ardeur dans la
conquête des marchés en Afrique et partout ailleurs.
Plus les transactions seront considérables et
diversifiées, plus l'Etat va engager une plus value devant lui permettre
d'assurer totalement ses charges et aussi de dégager des
excédants nécessaires à sa politique extérieure.
Un Congo transformé en nécessité
économique mondiale du fait des sommes investies par des grands groupes
économiques et financiers transnationaux pourrait
bénéficier d'une attention soutenue de la communauté
internationale, question de sécuriser les affaires. Ce qui impacterait
automatiquement sur la paix et la stabilité dans ce pays.
Mais Quoi qu'il ne soit pas condamné à
évoluer suivant le rythme économique du continent, le Congo
aurait cependant l'obligation de consolider les rapports avec ses pairs
africains en s'engageant de façon responsable dans la dynamique de
l'intégration régionale. Les élans de solidarité
devraient constituer pour ce pays un multiplicateur de forces dans sa
participation aux flux internationaux ainsi que dans sa quête de
stabilité et de paix.
2.3. L'axe d'intégration
institutionnelle
La balkanisation de l'Afrique a toujours constitué un
facteur de vulnérabilité extérieure, un
élément limitatif aux possibilités de croissance interne
et une variable réductrice du poids de la région dans les
négociations internationales. Pour annihiler cette dissociation, les
pères fondateurs de l'organisation de l'Unité Africaine (OUA),
aujourd'hui Union Africaine (UA), se sont résolus de coordonner et
d'intégrer leur coopération pour offrir des meilleurs conditions
d'existence aux peuples d'Afrique. Et parmi les stratégies
arrêtées figurent celle visant à constituer des ensembles
d'intégration dans toutes les sous régions et dans divers
domaines, cela sous la coordination de l'OUA83(*).
L'intégration régionale apparait toute fois une
idée-force. Elle se traduit par une multiplicité de projets. Elle
vise, face à la montée des blocs régionaux, à
accroitre les capacités de négociation de l'Afrique. Elle peut
augmenter la crédibilité et restaurer la confiance des
opérateurs. Elle permet une intégration et une coordination de
politiques économiques et peut rendre les ajustements plus efficients.
Elle est un moyen d'ouvrir les économies vers l'extérieur
à un rythme acceptable. Elle peut réduire les conflits84(*).
Malgré les avantages que recèlent
théoriquement le projet d'intégration ainsi que les intentions
des gouvernements, le regroupement des Etats africains semblent en veilleuse.
Le processus d'intégration dans cette région végète
encore et les quelques ensembles de solidarité existants sont quasi
improductifs. Le caractère plutôt facial de ces regroupements
n'arrange guerre les affaires du continent qu'il s'agisse de la politique, de
l'économie, du commerce, de la sécurité, des finances, de
la technique et de la technologie.
La RD Congo qui participe depuis plusieurs années dans
nombre de ces ensembles sous régionaux et régional (UA, COMESA,
SADEC, CEEAC...) aurait l'obligation de faire un bilan et au besoin de recadrer
sa position suivant les exigences de rationalité. Ce qui n'exclut pas la
possibilité de retrait de certaines organisations et/ou institutions
pour des raisons d'ordre financier soit encore d'incompatibilité avec sa
nouvelle vision du monde. Le pays pourrait éventuellement aussi prendre
certaines initiatives dans ce sens suivant des gains probables qui devraient en
découler. Une ouverture et une intégration plus forte avec la
Tanzanie par exemple devrait permettre la création d'un corridor
transocéanique indien-atlantique profitable aux économies des
deux pays et des autres Etats qui voudront les rejoindre.
C'est seulement à travers une démarche
d'ensemble que le continent africain, menée par des nations comme la RD
Congo, pourra prendre de l'envol et relever les défis immenses que lui
lance le reste de l'humanité. Les Etats de la région devraient
solidariser pour faire du continent un havre de paix et de stabilité
politique sur fond de respect des principes démocratiques et des droits
humains, un pôle de croissance et de développement utile au jeu
de la mondialisation.
Il appert que l'effondrement actuel du Congo l'oblige à
opérer des profondes restructurations pour espérer compter de
nouveau et valablement comme membre à part entière de la
communauté internationale utile à sa population et aux autres
nations du monde. Et étant entendu qu'aucun exemple contemporain
n'atteste l'aptitude de la communauté internationale à
reconstruire véritablement un Etat effondré, nous pensons que le
destin du Congo dépend essentiellement si non exclusivement du travail
de fond que devrait abattre ses citoyens dans la réinvention du
système d'organisation interne et dan la conduite d'une politique
extérieure cohérente et suivie.
Cette ambition salutaire de renaissance de l'Etat congolais
revêt en effet un caractère binaire et cumulatif tel que
présenté dans le graphique ci-dessous.
Figure 2 : Portrait robot du processus de
renaissance de la RD Congo.
Renaissance = praxéologie binaire
Aspect extérieur :
Repositionnement du pays sur la scène mondiale
Aspect interne : réinvention du système
d'organisation globale
Axe diplomatico-
Stratégique
Politique = démocratie
Axe économique/
Mondialisation
Administration
Axe
Institutionnel
Justice
Economie
Diplomatie
Armée et police
Source : Auteur.
TROISIEME CHAPITRE :
LES PERSPECTIVES D'UN ABOUTISSEMENT EFFECTIF DU PROJET
DE RENAISSANCE EN RD CONGO
Il est question dans ce chapitre de procéder à
la prescription d'un certain nombre des stratégies d'accompagnement ou
simplement d'attitudes pouvant garantir un aboutissement certain du projet de
renaissance de la Rdc. Ce projet, comme nous l'avons soutenu
précédemment, repose sur un désir d'empuissancement de
l'Etat congolais au bénéfice de sa survie dans
l'indépendance et la souveraineté ainsi que du renforcement de
son rang et de son rôle dans la dynamique de la recomposition
stratégique en Afrique et dans le monde.
Cette prospection est opérée sur deux flancs,
le premier est d'ordre interne ou national et le second se rapporte à la
gestion des rapports avec les entités extérieures.
Section 1 : Les
mécanismes nationaux d'accompagnement
Les dirigeants et peuples de la Rdc doivent s'accorder autour
d'un certain nombre des mesures et d'attitudes susceptibles d'annihiler le
galvaudage éventuel du projet de renaissance en cours. Les
précautions à prendre portent entre autres sur : La
continuation de la campagne de réconciliation nationale,
l'établissement d'une synergie entre les composantes de la
société congolaise (gouvernants et gouvernés) au
delà du simple exercice électoral, le bannissement de
l'irrationnel et de la démesure, l'autonomisation stratégique de
l'Etat par la résolution définitive de la problématique
liée à la présence des forces onusiennes sur le territoire
de la Rdc.
A. La réconciliation
nationale
Les années de guerre ont généré
haine, désolation, infamie, méfiance, anxiété et
bien d'autres maux encore dans la vie des millions des congolais qu'il faudrait
à tout prix panser. Le désir du vivre ensemble dans la paix et
dans l'espérance d'un avenir commun aura été fortement
dilué. Les oppositions fratricides ont offert aux ennemis de la
république l'opportunité de mettre en exécution leurs
projets et plans à la fois funestes et cyniques. Le contexte actuel
devrait obliger l'ensemble de la nation congolaise à s'engager dans une
vaste campagne de pardon et de réconciliation à travers la
création d'une structure nationale de paix et de
réconciliation.
Cette entité chargée de réconciliation
devra être une fonction absolument inverse de celle que le pays a connue
durant la période de transition 1+4. Le conseil permanent pour la paix
et la réconciliation ne devra absolument pas assouvir les
appétits de positionnement de certains politiques en mal de
repère mais constitué une cellule stratégique de
production de l'intelligence pour le renforcement de la cohésion et de
la solidarité nationale. Il s'agira en d'autres termes pour cette
structure, de mener des actions à impact visible pouvant permettre aux
frères ennemis d'hier de se regarder de nouveau comme membres d'une
même communauté et désormais engagés sur la voie de
la paix véritable et de refondation de l'Etat. Conformément aux
voeux des pères fondateurs, l'unité devra servir de soupape dans
la construction d'un pays plus beau qu'avant ou la paix et l'amour seront des
valeurs indissolubles.
C'est cela même le sens intrinsèque, ontologique
de l'exorcisme collectif chanté par tous dans la mesure où cette
campagne de réconciliation nationale sera l'occasion offert à
tous d'obtenir le pardon libérateur au nom des millions des victimes
de ces périodes de violences paroxystiques. Pour marquer de
manière indélébile cette cohésion et cette
solidarité retrouvées, des édifices et monuments devront
être construits dans tous les coins du pays et baptisés du nom des
dates, des villes, des événements et des hommes qui ont
marqué la mémoire collective. Ces oeuvres architecturales
devraient en permanence nous rappeler sur les proscriptions mais aussi sur les
valeurs que tout congolais devrait observer et cultiver.
B. L'indispensable synergie
entre composantes nationales
La renaissance du Congo ne devra pas ressembler à une
action providentielle du sommet au profit d'une base naïve, contemplateur
et irresponsable mais plutôt constituer une affaire nationale qui
préoccupe tout citoyen, tous les fils et filles de ce pays pris
individuellement et collectivement. Les congolais doivent renoncer à ce
mythe des politiciens héroïques et magiciens qui peuvent
réussir un mandat sans le peuple. La gestion verticale aura
montré ses limites durant toutes ces années
d'indépendance, un indispensable apport horizontal devrait inaugurer une
nouvelle ère de gestion perpendiculaire de la république. C'est
pour ainsi dire que toutes les couches sociales devraient prendre une part
active dans ce travail de reconstruction de l'Etat. Car l'Etat constitue le
premier bien public, l'héritage que tout congolais devrait revendiquer,
préserver et en assurer la prospérité.
Pour ce faire, les programmes politiques, les plans et
stratégies imaginés dans le cadre de ce projet de renaissance
devraient catégoriquement cesser d'être une affaire exclusive du
gouvernement en consacrant un champ d'intervention beaucoup plus large pour les
citoyens de manière à les responsabiliser dans la construction de
l'avenir de la nation. L'histoire renseigne que toutes ces nations qui ont
prospéré et gouverné le monde ont d'abord cherché
à construire un pacte républicain, un contrat d'engagement et de
responsabilité mutuel. La Rdc si elle désir parvenir à un
certain seuil de croissance et de puissance devrait suivre cette même
trajectoire en tenant compte de ses réalités sociologiques
particulières.
Il n y aurait par exemple pas de programme du gouvernement ou
de « cinq chantiers » du chef de l'Etat mais plutôt
un programme national de reconstruction devant être suffisamment
divulguer et enseigner de manière à déterminer la part de
tout citoyen résidant au pays ou expatrié. Il ne s'agit pas
simplement de promouvoir le civisme fiscal mais principalement de créer
des dynamiques de participation directe des citoyens aux efforts de
reconstruction. Car, sans le concours ou la complicité explicite de
l'opinion publique, aucun gouvernement ne peut faire face aux défis de
sa survie et de son environnement externe.
C. Bannissement de
l'irrationnel et de la démesure.
Pour atteindre son point d'achèvement le projet de
renaissance de l'Etat congolais requiert des nouvelles attitudes, des nouveaux
reflexes dans la gestion de la chose publique. Les différentes actions
à mener dans le cadre de ce processus doit s'inscrire dans une logique
de programmation efficace et suivie. Une évaluation
régulière doit être envisagée pour s'enquérir
sérieusement de l'état d'avancement du projet.
Il faudrait à cet effet renoncer à des
décisions fantaisistes et partisanes, au népotisme, au tribalisme
au clanisme sous toutes ses formes. Ces attitudes rétrogrades du
passé ont conduit à un nivellement vers le bas de la
société congolaise et aura été la cause
première de l'effondrement de l'Etat. Le principe de rationalité
publique devrait nous dissuader par exemple de procéder au
découpage territorial tel que disposé dans la constitution en
l'absence d'une véritable administration, de nous engager dans un cycle
électoral trop couteux au nom de la démocratie, de concevoir des
projets et programmes publics dépendants entièrement du
financement extérieur...
La lutte contre la corruption doit constituer la
priorité des priorités dans cette phase de reconstruction
nationale. Touts les moyens doivent être mis en oeuvre pour assurer une
gestion orthodoxe et rigoureuse des recettes publiques. La dilapidation des
ressources de l'Etat doit être sévèrement
sanctionnée non seulement par un emprisonnement prolongé de
l'incriminé mais faudrait-il encore instituer des mécanismes de
restitutions volontaire ou forcé des fonds détournés ou
volés dans le trésor public.
Le processus de reconstruction nationale ne saurait aboutir
effectivement en l'absence d'une véritable entreprise de moralisation de
la vie publique et d'un sursaut patriotique. Une prise de conscience
collective est nécessaire quant à l'aboutissement réel de
ce projet de renaissance.
D. Le retrait des forces onusiennes et l'autonomisation
stratégique de l'Etat
La présence des forces étrangères sur le
territoire congolais dans le cadre onusien aura été
nécessaire durant toutes ces années de guerre mais cela
n'enlève en rien son caractère d'ingérence. Plusieurs
analystes ont estimé que, dans un pays où l'autorité de
l'Etat a cessé d'exister depuis des années, il était
logique et même criminel, de continuer à brandir le droit de
« non ingérence » dans les affaires
intérieures d'un Etat. André Kabanda Kana a estimé, pour
sa part, qu'en l'absence d'une armée propre capable de défendre
les frontières du pays des agressions extérieures et sa
population, il devenait urgent de mettre à la disposition de la Rdc une
force internationale dans le cadre de l'ONU (comme la Monuc) suffisamment
équipé en hommes et en matériels, cela permettra
l'instauration de la paix, en ordonnant le retrait effectif et définitif
de toutes les troupes étrangères, et en procédant au
désarmement de toutes les forces négatives et autres milices qui
opèrent sur le territoire congolais et dans son voisinage85(*).
Cette analyse surestime les capacités de la mission
onusienne. L'auteur semble complètement ignorer le caractère
impartial et volontariste de toute mission de paix. L'ONU dans son rôle
de maintien de paix qui autorise l'ingérence militaro humanitaire n'a
pas pour mission de résoudre la crise mais plutôt d'obtenir une
cessation des hostilités et de faciliter les conditions de
négociation ou de dialogue entre les belligérants. Toute action
militaire sans perspective politique même dans le cadre onusien est
condamnée à l'échec. Ce sont donc les parties en
belligérance qui doivent faire preuve de disponibilité, de
souplesse et de volonté pour un retour définitif de la paix dans
le pays. La paix est donc une solution localement inventée avec
l'accompagnement de la communauté internationale.
L'armée onusienne qui n'a pas vocation à faire
la guerre, n'offre aucune garantie pour la défense du territoire
congolais ainsi que pour la sécurisation de sa population. Sa
présence n'est pas en plus dissuasive car même dans les zones
où les casques bleus sont massivement déployés, les forces
négatives continuent à opérer et à commettre des
exactions, des viols et plusieurs autres crimes sur les populations civiles. Le
rempart de la Monuc n'est pas fiable dans tous les cas.
Nous ne récusons pas ici les multiples actions
salvatrices menées par la mission onusienne dans divers secteurs de la
vie nationale (politique, économique, sécuritaire,
humanitaire...), mais nous craignons simplement que le flou qui règne
autour de son rôle dans la crise se révèle fatal et que sa
présence prolongée ne serve de prétexte aux dirigeants
congolais pour ne pas parfaire la reforme du secteur de sécurité
en cours. Car, plus l'horizon du retrait des troupes onusiennes se prolongera,
plus le processus de reforme du secteur de sécurité va patauger.
La Monuc se présente désormais comme un opium interdisant la
constitution d'une armée congolaise moderne et crédible.
Le départ de la Monuc serait en effet plus
bénéfique que son maintien intemporel. Mais il ne faudrait pas y
aller dans la précipitation et la brutalité ;
l'échéance de ce retrait définitif devrait, à notre
avis, correspondre avec celle retenus pour l'atteinte des Objectifs du
Millénaires pour le développement, soit en 2015. Temps que les
dirigeants congolais devraient capitaliser en accélérant et
consolidant la réforme du secteur de sécurité
lancée depuis 2004.
L'autonomisation stratégique de la Rdc n'est possible
que par un recours exclusif à une armée des citoyens bien
formée, bien traitée et bien équipée au service de
la politique de défense et de sécurité
décidée par les dirigeants politiques ainsi que des ambitions
géopolitiques sous régionales et régionales. Toute
présence militaire étrangère sur le territoire congolais
même agissant pour le compte du gouvernement congolais est synonyme de
dépendance, de dépréciation de la souveraineté
nationale.
Les congolais ne doivent pas avoir peur du lendemain mais
plutôt se munir d'espérance pour mieux négocier les virages
qui mènent à sa rencontre. Et les crises qui sévissent
dans le pays ne devraient pas essentiellement être regardées comme
vicieuses, elles pourraient grandement aussi contribuer à rendre les
congolais beaucoup plus responsable de leur destin. Car, c'est en faisant
l'expérience de l'échec qu'un peuple trouve des orientations
nouvelles dans la définition d'un avenir meilleur et plus sûr.
Section 2 : les
mécanismes internationaux d'accompagnement
Les stratégies à ce niveau sont d'ordre
exclusivement politique et diplomatique. Il s'agit comme nous l'avons soutenu
supra, de batailler fermement pour la reconversion des prédateurs
actuels en partenaires ou alliés pour la paix et le développement
de la Rdc. Le rang et le rôle géopolitiques du nouveau Congo sera
fonction des efforts consentis dans la stabilisation de son environnement.
Outre ce devoir de positionnement stratégique, le Congo
devrait à tout prix rechercher des voies et moyens de résoudre
définitivement la question des populations réfugiées sur
son territoire. Ces réfugiés, pour la plupart originaire du
Rwanda et de l'Ouganda qui ont afflué depuis les années 1990
à l'Est du territoire congolais jouent un rôle perturbateur, se
constituent en spolliers dans les relations entre la Rdc et ces Etats
précités. La présence de ces refugiés a servi de
prétexte aux agressions répétées du territoire
congolais, lesquelles ont occasionné des massacres des paisibles
citoyens congolais et des dégâts énormes sur le plan
économique, social, environnemental, etc.
La lâcheté des grandes puissances dans la
tragédie rwandaise de 1994 - qui ne trouve d'explication que dans la
boulimie du pouvoir des belligérants rwandais de l'époque :
le gouvernement d'Habyarimana et les FPR - ne devra pas indéfiniment
être payée par les congolais. Il convient dès lors que les
dirigeants congolais fassent davantage pression sur l'ensemble de la
communauté internationale qui a décidé de l'ouverture des
frontières congolaises pour accueillir ces populations en
détresse, afin d'organiser méthodiquement et rapidement le retour
de ces réfugiés dans leurs pays d'origine. En attendant, la Rdc
devrait envisager des mesures unilatérales d'encadrement strict et peut
être même de délocalisation de ces derniers vers
l'hinterland jusqu'à ce que les mesures de leur rapatriement volontaire
soit garanties.
Il ne sera désormais plus question pour le Congo
d'admettre de servir de terre de refuge à des milliers de vies humaines
victimes des politiques barbares dans leurs Etats et qu'en retour il assiste au
massacre programmé et systématique de sa propre population par
des armées étrangères revanchardes et cela sous la barbe
d'une communauté internationale complaisante.
CONCLUSION GENERALE
La renaissance de l'Etat est un besoin bien réel en
cette phase historique de la République Démocratique du Congo.
L'idée fait depuis un certain temps l'unanimité au sein de sa
classe politique ainsi que de l'ensemble de sa population. La vision centrale
dans ce qui apparaît comme une nouvelle philosophie sociale est celle de
redonner à l'Etat les moyens nécessaires et suffisants dans
l'exercice de sa souveraineté sur son territoire et dans ses rapports
avec d'autres entités souveraines. La reconstruction n'est en
réalité que cette quête d'empuissancement de l'Etat
congolais. Comment y parvenir dans un monde en recomposition ? comment
faire passer l'Etat de son stade actuel de simple espace des matières
première ouvert au commerce de tous et exposé aux convoitises
étrangères à celui d'une véritable
communauté de destin ? Quelles sont les opportunités qui lui
sont offertes pour renaître à la grandeur, à la puissance
et à l'influence ? C'est à ces différentes
préoccupations que nous avons tenté de répondre dans ce
mémoire.
Nous sommes partis de l'hypothèse selon laquelle, la
redéfinition des rapports des forces mondiaux devrait
impérativement amener le Congo à se réorganiser à
l'intérieur en fonction des dynamiques mondiales. Cette
réorganisation ne devrait pourtant pas se borner en une simple
normalisation de la vie politique mais qu'à celle-ci devrait
correspondre un sérieux travail de réinvention de l'ensemble du
système publique. L'empuissancement serait l'axiome majeur dans la
conduite du destin national.
Des résultats de nos investigations est analyses, il
ressort que le monde n'est plus même dans sa configuration post blocs, il
a changé tant dans ses caractéristiques que dans son
fonctionnement. L'avortement du désire d'instauration d'un nouvel ordre
mondial plus paisible et plus sécurisant, bâti sur des nouvelles
valeurs politique et économique (la démocratie et le
libéralisme) a accentué l'instabilité et les menaces qui
pesaient déjà sur les sociétés parties, rendant
ainsi difficile le contrôle des affaires mondiales par une entité
quelconque. Mais le comble c'est que face à ces convulsions post-blocs,
le Congo se retrouve dans un Etat d'effondrement poussé qui
hypothèque l'exercice effectif de la souveraineté de l'Etat
à l'intérieur et réduit considérablement sa marge
de manoeuvre dans ses rapports avec d'autres souverainetés.
Tous les secteurs vitaux de l'Etat sont en faillite et
nécessitent une profonde restructuration. Cette déliquescence ne
s'explique fondamentalement que par la nature du système d'organisation
politique que le pays a connu depuis son accession à
l'indépendance et à la souveraineté. L'effondrement de
l'Etat, comme nous l'avons souligné, était à la fois une
cause et un effet politique qui ont leurs implications économiques,
sociales et autres et qu'en définitive, la tyrannie détruisait
elle-même l'Etat impitoyable qu'elle a créé.
Pour guérir de ce mal géopolitique, nous avons
estimé, conformément à notre hypothèse ou position
de départ que, l'Etat congolais devrait s'inscrire dans un processus de
reconfiguration reposant sur une praxéologie binaire mais concomitante
impliquant à la fois le redressement de son système public global
interne et un effort de repositionnement sur la scène mondiale.
Le redressement du système public interne devrait se
traduire par la continuation et la consolidation du processus
démocratique, la restauration de l'administration et de la justice
véritable, le renforcement des capacités de production et de
mobilisation des richesses, la reforme en profondeur du secteur de
sécurité ainsi que la redynamisation et rationalisation de
l'appareil diplomatique du pays.
Certaines démarches ont déjà
été amorcées dans ce sens, mais avec pourtant moins
d'emphase et qu'il faudrait procéder d'urgence à des rajustements
ou recadrages pour parvenir aux résultats escomptés
c'est-à-dire doter l'Etat des moyens ou des capacités d'accomplir
effectivement les missions inhérentes à sa raison d'être.
Il s'agit en d'autres termes pour la Rdc de passer du stade de la
souveraineté aspirationnelle consacrée par le droit
internationale à la souveraineté praxéologique ou
opérationnelle qui dépend de la maîtrise de certains
déterminants de la puissance.
Le volet repositionnement prend en compte la conduite de
l'Etat dans ses rapports avec le monde extérieur. Il présuppose
le recouvrement par le Congo de son rang d'acteur stratégique
régional au bénéfice du rayonnement national, de la
stabilité et de la paix en Afrique centrale et sur l'ensemble du
continent. Ce qui procéderait d'un engagement responsable du pays dans
le jeu diplomatico-stratégique, dans le flux commercial et financier
mondial ainsi que dans l'organisation des espaces d'intégration ou de
solidarité africains. Un rapprochement avec les puissances occidentales
est souhaitable dans sa quête de paix et de stabilité étant
donné que celles-ci jouent un rôle majeur dans la distribution des
cartes dans cette région. Sa participation au jeu de la mondialisation
lui permettra de consolider son économie et de réaliser des
excédents nécessaires à sa politique
étrangère. Le jeu d'intégration devrait finalement servir
de multiplicateur dans la résolution des deux précédentes
équations.
Nous avons finalement insisté sur une série de
mesures d'accompagnement qu'il faudrait adopter pour que le processus atteigne
effectivement son point d'achèvement. Le destin du Congo ne pourra
être que celui que les congolais eux-mêmes auront
décidé. La réversibilité de l'informalisation de
l'Etat dépendrait exclusivement de la volonté, de
l'inventivité ou créativité et de la
sérénité de toutes les composantes de la
société. Une prise de conscience collective sous l'impulsion des
dirigeants légitimes, patriotes et visionnaires reste le meilleur
encrage pour la renaissance du Congo dans ce monde en recomposition.
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TABLE DES MATIERES
Epigraphe................................................................................................i
Dédicace................................................................................................ii
Avant-propos..........................................................................................iii
Sigles, signes et
abréviations..............................................................................iv
1.
problématique
1
2.
Hypothèse de travail
2
3.
Choix et intérêt du sujet
3
4.
Approche méthodologique et
théorique
4
4.1. Méthodes et techniques de recherche
4
4.2. Cadre théorique
5
5.
Délimitation du sujet : dans le temps
et dans l'espace
9
5.1. Dans le temps
9
5.2. Dans l'espace
9
6.
Plan résumé
10
PREMIER CHAPITRE : REALITES ET DYNAIMQUES DU
MONDE POST-BLOCS.
11
Section 1 : le système mondial
post-blocs : continuité ou rupture ?
11
Section 2 : le monde post-blocs :
gouvernance et enjeux
14
Section 3 : Les systèmes et grands
enjeux du monde post blocs.
17
3.1. Les différents systèmes du monde
post blocs.
18
3.2. Les grands enjeux du monde post blocs
20
DEUXIEME CHAPITRE : LES AXES MAJEURS DU
PROCESSUS DE RENAISSANCE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.
30
Section 1 : Examen des facteurs
déterminants
31
1.1. Le facteur politique :
nécessité de consolider la démocratie
31
1.2. Les facteurs administratif et judiciaire
39
1.3. Le facteur économique
47
1.4. Le facteur diplomatique
50
1.5. De la sécurité et défense
en RD Congo
54
Section 2 : Dimensions géopolitiques
externes du Congo renaissant.
67
2.1. La dimension
diplomatico-stratégique
68
2.2. La question de la mondialisation
71
2.3. L'axe d'intégration
institutionnelle
73
TROISIEME CHAPITRE : LES PERSPECTIVES D'UN
ABOUTISSEMENT EFFECTIF DU PROJET DE
RENAISSANCE EN RD CONGO.........................
76
Section 1 : Les mécanismes nationaux
d'accompagnement
76
La réconciliation nationale
77
L'indispensable synergie entre composantes
nationales
78
Bannissement de l'irrationnel et de la
démesure.
79
Section 2 : les mécanismes
internationaux d'accompagnement
81
CONCLUSION GENERALE
83
BIBLIOGRAPHIE
86
TABLE DES MATIERES
90
* 1 Thual. F,
Contrôler et contrer, stratégies
géopolitiques, Ellipses, Paris, 200 pp6-7.
* 2 Bosc. R, Le
Tiers monde dans la politique internationale,
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* 3 MASHAURI KULE,
Séminaire de méthodologie de recherche en sciences sociales,
cours inédit, L1 RI, SSAP, UPN, Kinshasa, 2006-2007,
p13
* 4 Dussouy G,
Les théories de l'interétatique Traité de
Relations internationales (II). Paris, L'Harmattan, 2007,
p119
* 5 Dussouy G, Op
Cit, pp20-21
* 6 Biyoya Makutu. P,
Initiation à la géostratégie théorique, cours
inédits, L1 RI, SSAP, UPN, 2006-2007, p15.
* 7 Kissinger, La
diplomatie, Fayard, Paris, 1994.
* 8 Badie. B, les pièges
de l'unipolarité, « in l'Etat du monde
2005 », la découverte, Paris, 2004, p30.
* 9 Sary Ngoy. B, Politique
étrangère des grandes puissances, cours inédits, L1 RI,
SSAP, UPN, Kinshasa, 2006-2007, p38
* 10 Kissinger. H,
La nouvelle puissance américaine, Fayard,
Paris, 2002, p438.
* 11 Thierrry de Mont Brial,
L'action et le système du monde, PUF, Paris,
2002, p238.
* 12 Sary Ngoy, Op
Cit, p38.
* 13 Mova Sakany.H,
Congo : survie et grandeur, pari d'une géopolitique
nouvelle dans la mondialisation, Safari, Kinshasa, 2001,
p414.
* 14 Kissinger.H,
Op Cit, p9
* 15 Ziegler. J,
L'empire de la honte, fayard, Paris, 2005, p25.
* 16 Badie. B, Op
cit, p30.
* 17 Kissinger.H,
Op Cit, p11
* 18 Kapsi. A, Op
Cit, p199
* 19 Badie. B, Op
Cit, p31.
* 20 Kaspi. A, Op
Cit, p202.
* 21 Zwang. A, Les
Etats-Unis et le monde : rapport de puissance 1898-1998,
Ellipse, Paris, 2000, p 130.
* 22 Ziegler. J, Op
Cit, p68
* 23 Mont Brial. T,
Op Cit, p408.
* 24 Kissinger. H, La nouvelle
puissance américaine, Op Cit, p22
* 25 Kissinger. H,
Op Cit, pp22-23
* 26 Idem, p223.
* 27 Faure. J et Prost. Y,
Relations internationales, Ellipses, Paris, 2004,
p393.
* 28 Faure. J et Prost,
Op Cit, p393.
* 29 Mokili. J, Pratique du
commerce international, cours inédit, L1 RI, SSAP, UPN, Kinshasa,
2006-2007, p57.
* 30 Baillot Jean.
J, 2004, année du dragon et de l'éléphant,
in « l'Etat du monde 2005 », op.
Cit. p30
* 31 Faure. J et Prost Y,
Op. Cit, p427
* 32 Témoins de
Jéhovah, « La terre subviendra-t-elle aux besoins des
générations futures ? », in
réveillez-vous, juillet 2008, p12
* 33
ibidem
* 34 Thual. F, Op
Cit, p31
* 35 Ziegler. J, Op
Cit, p19.
* 36 Bosc.R, Le
tiers monde dans la politique internationale, Aubier Montaigne,
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* 37 François Soudan,
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* 38 Bénoit F-P,
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* 39 Zartman .W,
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* 40
Idem, p8
* 41 Balladur. E,
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* 42 Kambayi Bwatshia, Grands
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* 45 Balladur. E,
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* 46 Kissinger.H, La
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* 47 Kambayi Bwatshia,
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* 48 Ziegler. J, Op
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* 49 Professeur Bola,
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* 50 Crawford Y,
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* 51 Crawford Y, Op
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* 52 Prof Tshisungu, Histoire
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* 53 Crawford. Y,
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* 54 Crawford Y, Op Cit,
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* 55 Calles. D P,
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* 57 Mokili, Op
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* 58 Tala-Ngai, Op
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* 59 Afrique espoir n°43,
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