1
DE LA REPRESSION DE L'INFRACTION D'ENRICHISSEMENT
ILLICITE EN DROIT POSITIF BURUNDAIS
LICENCE EN DROIT
par
NDIRAKOBUCA Gervais
Mémoire
Présenté à la Faculté des
Affaires et Sciences Professionnelles Département de Droit En
Remplissant Partiellement les Conditions Requises pour l'Obtention du
Diplôme
de
2
à
L'UNIVERSITE ESPOIR D'AFRIQUE
Bujumbura-Burundi Novembre, 2013
DECLARATIO L'ETUDIANT
Je déclare que ce mémoire est mon travail original
pour le bien de ma connaissance et n'a jamais été
présenté dans une autre université pour l'obtention de
grade académique.
NDIRAKOBUCA Gervais
Signature : Date: Le / /2013
Ce mémoire a été rédigé sous
la direction de :
NIYONGABO Pascal (MA)
3
Signature : Date: Le / /2013
4
AVANT-PROPOS
L'enrichissement illicite est une infraction prévue
dans la loi n°1/12 du 18 avril 2006 portant Mesures de Prévention
et de Répression de la Corruption et des infractions connexes et repris
dans le nouveau Code Pénal du Burundi de 2009. Cette infraction est
récente dans le droit positif burundais et mérite une
redéfinition dans les textes ci-haut cités car cette
dernière a été mal libérée par rapport aux
textes internationaux et régionaux que le Burundi a ratifiés.
Dans notre étude, nous nous intéressons à
mettre à nu les problèmes que rencontrent la justice burundaise
dans la répression de l'infraction d'enrichissement illicite. Nous
allons aussi voir si le législateur burundais a mis à la
disposition de la justice burundaise un arsenal juridique favorisant « la
répression de l'infraction d'enrichissement illicite »,
thème de notre travail de recherche.
5
DEDICACE
A notre Dieu Tout Puissant ; A toute ma famille.
6
REMERCIEMENTS
Le présent travail est le résultat des efforts
conjugués de beaucoup de personnes à qui nous devons nos vifs
remerciements.
En premier lieu, nous saisissons cette occasion pour remercier
notre épouse, qui nous a toujours compris quand elle a accepté de
s'occuper seule de l'éducation de nos enfants durant toute notre
formation académique.
En second lieu, nous tenons à remercier très
sincèrement Monsieur Pascal NIYONGABO (Maître Assistant) pour
avoir accepté de diriger ce travail malgré ses multiples
occupations. Sa disponibilité, ses conseils et suggestions judicieux
nous ont permis de nous dépasser durant la réalisation de ce
mémoire.
En troisième lieu, nos remerciements vont
également à la Direction de l'Université Espoir d'Afrique
et à tous les professeurs de ladite Université surtout ceux du
Département de Droit, pour la formation intellectuelle qu'ils nous ont
dispensée.
En quatrième lieu, nous ne saurions manquer de
reconnaître spécialement les magistrats, fonctionnaires et membres
des organisations de la société civile qui nous ont
généreusement donné des informations en rapport avec ce
travail.
Enfin, que notre voix de reconnaissance parvienne à
toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin,
à sa réalisation mais également à tous les
étudiants de la promotion 2008, pour leur encouragement et leur soutien
indéfectible.
Nous disons merci.
7
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
Art. : Article
BOB : Bulletin Officiel du Burundi
CNUC : Convention des Nations Unies contre la
Corruption
CUAPLC : Convention de l'Union Africaine sur la
Prévention et la Lutte Contre la
Corruption
éd. : édition
Ibidem. : Même auteur, même ouvrage
et même page Idem. : Même auteur, même
ouvrage
IGE : Inspection Générale de
l'Etat
OCDE : Organisation de la Coopération et
de Développement Economique
OLUCOME : Observatoire de Lutte Contre la
Corruption et les Malversations Economiques
ONU : Organisation des Nations Unies
Op.cit. : Opere citato (ouvrage
déjà cité)
p. : page
PARCEM : Parole et Action pour le Réveil
des Consciences et l'Evolution des Mentalités
RCCB : Rôle de la Cour Constitutionnelle
du Burundi
UA : Union Africaine
8
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Questionnaires distribués par
rapport aux Questionnairesretournés 54
Tableau 2 : Réponse à la Question
de savoir si on peut parler d'Enrichissement Illicite
au Burundi 55
Tableau 3 : Réponse à la Question
de savoir si l'Infraction d'Enrichissement Illicite
est bien définie dans le Droit Positif Burundais 55
Tableau 4 : Réponse à la Question
de savoir si la Loi Burundaise permet de réprimer toutes les Personnes
Susceptibles de commettre l'Infraction
d'Enrichissement Illicite 56
Tableau 5 : Réponse à la Question
de savoir si les Personnes privées peuvent être
poursuivies pour l'Enrichissement Illicite en Droit Positif
Burundais 57
Tableau 6 : Réponse à la Question
de savoir si la Cour Anti-corruption et son Parquet permettent une
Répression Efficace de l'Enrichissement
Illicite 57
Tableau 7 : Réponse à la Question
de savoir si vous avez déjà entendu parler de
l'Infraction d'Enrichissement Illicite en Droit Positif Burundais
58
Tableau 8 : Réponse à la Question
de savoir s'il existe des Juridictions pour
sanctionner les auteurs de l'Enrichissement Illicite 58
Tableau 9 : Réponse à la Question
de savoir si ces Juridictions sont Efficaces dans la
Répression de l'Enrichissement Illicite 59
Tableau 10 : Réponse à la Question
de savoir si le Droit Positif Burundaispermet
une Prévention Efficace de l'Infraction d'Enrichissement
Illicite 60
Tableau 11 : Réponse à la Question
de savoir s'il est possible de prévenir
l'Enrichissement Illicite 61
Tableau 12 : Réponse à la Question
de savoir s'il existe d'autres Organespublics
qui interviennent dans la lutte contre l'Enrichissement Illicite
61
Tableau 13 : Réponse à la Question
de savoir si la Société Civile intervient dans la
lutte contre l'Enrichissement Illicite 62
Tableau 14 : Réponse à la
Question de savoir si les Mécanismes non Juridictionnels de l'Etat
permettent une Prévention Efficace de l'Enrichissement
Illicite 63
Tableau 15 : Réponse à la
Question de savoir si les Mécanismes non Juridictionnels privés
permettent une Prévention Efficace de l'Enrichissement Illicite ----
63
Tableau 16 : Réponse à la Question
de savoir si la Méthodologie utilisée parla Société
Civile est Efficace pour la Prévention de l'Infraction
d'Enrichissement
Illicite 64
9
TABLE DES MATIERES
DECLARATION DE L'ETUDIANT ii
AVANT-PROPOS iii
DEDICACE iv
REMERCIEMENTS v
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vi
LISTE DES TABLEAUX vii
CHAPITRE I
PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE 1
Aperçu Historique 1
Intérêt du Sujet 6
Objectifs 6
Objectif Général 7
Objectifs Spécifiques 7
Questions de Recherche 7
Délimitation 7
Limitation 8
Organisation du Travail 8
Définition des Mots Clés 9
CHAPITRE II
DOCTRINE ET CADRE LEGAL 11
Des Généralités sur l'Infraction
d'Enrichissement Illicite 11
L'Enrichissement Illicite : Problématique de
Définition 12
Notion 12
Une définition juridique difficile à établir
12
L'enrichissement illicite : une corruption par défaut
13
L'Enrichissement Illicite : une Infraction « de
Conséquence » 15
Dénonciation auprès de la Brigade
Spéciale
Anti-corruption 36
10
Distinction et Rapport entre l'Enrichissement Illicite et
Quelques
autres Infractions 15
La Corruption 16
La corruption passive 17
La corruption active 18
Le Trafic d'Influence 18
Prise Illégale d'Intérêts 20
La Concussion 21
Soustraction et Détournement des Biens 22
Le Blanchiment 23
Fondement Juridique de la lutte contre l'Enrichissement Illicite
25
Le Cadre Normatif à portée Internationale 25
Le Texte à portée Universelle : la Convention des
Nations Unies
Contre la Corruption 25
Les Textes à portée Régionale 26
Le Cadre Normatif au Niveau Interne 26
La loi du 18 avril 2006 et le Code Pénal d'avril 2009
28
Mécanisme de la Prévention et de la
Répression de ces Infractions 29
Des Mécanismes non Juridictionnels Publics 29
De l'Inspection Générale de l'Etat 30
De la Cour des Comptes 31
Des Mécanismes non Juridictionnels privés 33
Des Mécanismes Juridictionnels 35
De la Brigade Spéciale Anti-corruption 35
Une autorité de police 35
Question de Recherche n°3 63
11
Du Parquet Général Près la Cour
Anti-corruption : une
Autorité d'Instruction et de poursuite 37
De la Cour Anti-corruption 38
Saisine de la Cour 38
Les Limites à la Poursuite pour Enrichissement Illicite
42
Limites émanant de la Loi du 18 avril 2006 42
Les Personnes Susceptibles d'être poursuivies pour
Enrichissement
Illicite 43
La Condition Préalable d'une Décision Judiciaire
43
La charge de la preuve 44
La dilution du principe d'administration de la preuve 45
Limites liées au Privilège de Juridiction 47
L'Exclusion des auteurs privés pour Enrichissement
Illicite 47
CHAPITRE III
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 50
Procédure de Recherche 50
Population 51
Echantillon 51
CHAPITRE IV
ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS 53
Question de Recherche n°1 55
Question de Recherche n°2
60
12
CHAPITRE V
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 67
Conclusion Générale 67
Recommandations 68
BIBLIOGRAPHIE 71
Annexe A : Demande d'Accès à la Documentation
74
Annexe B : Questionnaires 80
13
CHAPITREI
PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE
Il est actuellement observé que la plupart des payspauvres
sont le plus souvent classés parmi les paysqui viennent en tête de
la liste des pays dont les agents publics sont les plus corrompus. Le cercle
vicieux, corruption-pauvretés'observe dans les multiples méfaits
qu'entrainent la corruption (gaspillage de ressources financières
limitées, baisse de la croissance, augmentation des coûts de
transactions, baisse de la qualité, augmentation de l'incertitude,
création d'un environnement d'insécurité, etc).
Du point de vue social, la corruption crée une crise de
confiance entre gouvernés et gouvernants et comme on le dit«le
peuple regarde dans les mains de ceux qui gouvernent». Du point de
vuepolitique, la corruption porte atteinte aux valeurs démocratiques,
car dans une société corrompue, comme le fait remarquer avec
intérêt Philippe Le Billon, «si on ne fait pas attention, la
corruption peut reproduirel'instabilité et la violence carceux qui ont
bénéficié dusystème corrompu font tout pour se
maintenir au pouvoir »1.
Dans les sociétés africaines, la corruption est
enracinée dans les cultures ancestrales sous des formes variées.
En plus, selon Susan-Ackerman, la faiblesse des institutions publiques
opérant avec des règles floues et mal appliquées contribue
au renforcement de la corruption sur notre continent2.
La corruption est un phénomène social qui se
manifeste sous des formes criminelles diverses et variées et plusieurs
autres infractions lui sont assimilées. L'une d'elles, assez difficile
à cerner, à définir et même à réprimer
est l'enrichissement illicite,thème qui va occuper l'étude sous
examen.
1LE BILLON P., Buying Peace or Fueling War, «
ole of Corruption in Armed Conflicts », Journal of
1
International Development, Vol.15, University of British
Columbia, Vancouver, 2003, pp.413-26, cité par ACKERMAN S., «
Corruption and Government », in Journal of International
Peacekeeping, vol.15, 2008, pp.328-343
2Idem, pp.328-343
14
Pour assurer la prospérité des économies des
pays du monde et promouvoir la justice socio-économique qui doit les
caractériser, les plus importantes organisations internationales ont
pris le devant dans la mise en place des instruments de lutte contre la
corruption et ses infractions connexes.
Ces instruments juridiques de lutte contre la corruption et,
partant, contre
l'enrichissement illicite, sont des conventions internationales
prises dans le cadre des Nations Unies et le cadre régional en vue
d'éradiquer ce phénomène criminel mondial. Outre la
Convention des Nations Unies contre la Corruption qui a une vocation
universelle et, par voie de conséquence, la préséance sur
les autres, les principales conventions ayant le même objet sont les
suivantes:
La convention interaméricaine de lutte contre la
corruption (1996);
La convention relative à la lutte contre la corruption
impliquant les fonctionnaires des communautés européennes ou des
fonctionnaires des Etats membres de l'Union Européenne (1997);
La convention de l'Organisation de Coopération et de
Développement Economique
(OCDE) sur la lutte contre la corruption d'agents publics
étrangers dans les transactions commerciales internationales (1999);
La convention pénale sur la corruption du Conseil de
l'Europe (2002);
La convention civile sur la corruption du Conseil de l'Europe
(2002);
La convention de l'Union Africaine sur la prévention et la
lutte contre la corruption (2006).
Suite à ces conventions, de nombreuses réactions se
sont exprimées tant sur le plan national qu'international en vue de
sensibiliser les nations sur les dangers que constituent la corruption et ses
infractions connexes pour la stabilité des institutions et le bon
fonctionnement des services publics.
15
Notre recherche a porté essentiellement sur la Convention
des Nations Unies contre la Corruption ainsi que sur la Convention de l'Union
Africaine sur la Prévention et la Lutte contre la Corruption pour
l'état des lieuxet plus spécifiquement sur l'enrichissement
illicite.
En effet, ces deux textes constituent un cadre théorique
de la répression de l'infraction de l'enrichissement illicite sur le
plan international.
Il ressort de ces deux conventions qu'avant l'aspect
répressif, le dispositif préventif est préconisé.
Ces conventions prévoient un très large éventail de
mesures que les Etats Parties doivent adopter pour prévenir et
réprimer l'enrichissement illicite. Elles recommandent aux Etats membres
de mettre en place des politiques de transparence dans la gestion des affaires
publiques et des pratiques efficaces de prévention et de
répression de la corruption et ses infractions connexes dont
l'enrichissement illicite.Bien que l'infraction d'enrichissement illicite soit
prévue dans les deux textes internationaux ci- haut cités, elle
n'est pas encore universellement acceptée comme une mesure de lutte
contre la corruption, raison pour laquelle chaque Etat réprime
l'infraction d'enrichissement illicite en se conformant aux principes
fondamentaux de son propre système juridique.
Ainsi, l'article 20 de la Convention des Nations Unies contre la
Corruption invite les Etats Parties à la Convention d'envisager
d'adopter des mesures Législatives et autres nécessaires pour
conférer le caractère d'infraction pénale lorsque l'acte a
été commis intentionnellement à l'enrichissement
illicite(...) ».
Cette recommandation a rencontré l'assentiment du Burundi
qui a ratifié ces deux conventions. Le Burundi avait plusieurs raisons
de se soumettre à cette exigence conventionnelle au regard de sa
situation d'Etat post-conflit.
En effet, après une décennie de crises cycliques,
certains facteurs de risque de corruption sont susceptibles d'être
présents dans les Etats post-conflits.
16
L'état des lieux du cadre juridique, du cadre
institutionnel, de la prévention et de la répression en droit
positif burundais constitue le deuxième élément essentiel
de notre recherche. Bien que notre thème de recherche soit
intitulé «De la Répression de l'infraction d'Enrichissement
illicite en Droit Positif Burundais », nous ne pouvons pas passer sous
silence cet aspect préventif notamment en parlant des mécanismes
mis en place dans l'arsenal juridique national pour lutter contre la corruption
en général et l'enrichissement illicite en particulier.
Les Nations Unies, de même que l'Union Africaine, ont mis
à la disposition de leurs Etats Membres des Instruments juridiques de
lutte contre la corruption et de ses infractions connexes, en l'occurrence
l'enrichissement illicite.
C'est dans ce cadre que le Burundi, préoccupé par
la question de la bonne gouvernance politique, économique et sociale, a
ratifié par la loi n°1/033 et par la loi
n°1/024en date du 18 janvier 2005 respectivement la Convention
des Nations Unies contre la Corruptionet la Convention de l'Union Africaine sur
la Prévention et la Lutte contre la Corruption.
Plus spécialement, depuis que le Burundi s'est
engagé sur la voie de la démocratie, voie très longue et
parsemée d'embûches, la bonne gouvernance a été
identifiée comme passage obligé pour parvenir au
développement socio-économique de ses citoyens. Or, un des
redoutables freins à la bonne gouvernance est la Corruption ainsi que
ses infractions connexes.
Ainsi, dans sa Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et
de Lutte contre la Corruption, le Burundi a identifié sept axes
stratégiques et actions prioritaires pour une lutte efficace contre la
corruption. Le premier de ces axes fut la volonté politique de
3 Loi n° 1/02 du 18 janvier 2005 portant
ratification par la République du Burundi de la Convention de l'Union
Africaine sur la Prévention et la lutte contre la corruption, in
BOB no2 ter/2005, p.1
4 Loi n° 1/03 du 18 janvier 2005 portant
ratification par la République du Burundi de la Convention des Nations
Unies contre la Corruption, in BOB no2 ter/2005, p.2
17
mettreen place un cadre légal et conforme aux normes
internationales en matière de lutte contre la corruption.
Sur le plan matériel, deux lois constituent la pierre
angulaire de la prévention et de la répression de la corruption
et des infractions connexes. Il s'agit, en l'occurrence, de la loi n°1/12
du 18 avril 2006 portant mesures de prévention et de répression
de la corruption et des infractions connexes et de la loi n°1/05 du 22
avril 2009 portant révision du Code Pénal, sous réserve
d'autres textes législatifs et réglementaires relatifs à
la bonne gouvernance, notamment ceux relatifs à la Cour des comptes ou
à l'Inspection Générale de l'Etat. En 2006, le Burundi
s'est doté d'une loi spéciale relative à la
prévention et à la répression de la corruption et des
infractions connexes5. Cette loi venaità point nommé.
Elle entend apporter un grand remède à un des grands maux dont
souffrait alors et encore aujourd'hui le Burundi, la corruption6 et
ses infractions connexes, en instaurant un «nouveau mécanisme
spécial» destiné à prévenir et à
réprimer la corruption et les infractions connexes.
Ce mécanisme spécial est composé d'un
trio d'organes à savoir la Cour Anti-Corruption, le Parquet
Général Près ladite Cour ainsi que la Brigade
Spéciale Anti-Corruption7. La Cour Anti-Corruption et le
Parquet Général Près cette dernière ont
été créés par une loi unique le 13 décembre
20068 tandis que la Brigade SpécialeAnti-corruptionl'a
été deux semaines plus tard9. Toutefois, une des
infractions connexes à la corruption telle qu'elle apparaît
à l'article 58de la loi précitée est mal
énoncée et sa
5Loi n°1/12 du 18 avril 2006 portant mesures
de prévention et de répression de la corruption et des
infractions connexes, in B.O.B., n° 4/06, p.236
6 NIYONKURU A.P., L'impunité au Burundi :
causes, conséquences et issues,Revue de jurisprudence de la Cour
Suprême du Burundi,1 trimestre 2012, pp.78 et suivants
7 Loi n°1/12 du 18 avril 2006 portant mesures
de prévention et de répression de la corruption et des
infractions connexes, in B.O.B.,n° 4/06, p.236
8 Loi n°1/36 du 13 décembre 2006 portant
création de la Cour anti- corruption, in B.O.B.,
n°12/06, p.1746
9 Loi n°1/37 du 28décembre 2006 portant
création, organisation et fonctionnement de la brigadespéciale
anti-corruption, in B.O.B.,n°12 ter/2006, p.1786
18
répression paraît quasi-impossible. Ils'agit de
l'enrichissement illicite qui fait l'objet de notre recherche.
Etant donné que l'enrichissement illicite est une nouvelle
incrimination dont la mise en application n'a même pas encore eu lieu en
droit positif burundais, le thème dégage bien évidemment
des problèmes dans la société et pose une
problématique de recherche.
La recherche sur l'enrichissement illicite présente un
intérêttrès particulier. En effet, malgré
l'existence de multiples instruments de lutte contre la corruption et ses
infractions connexes, la commission de celles-ci n'est toujours pas facile
à détecter, mais sa manifestation matérielle, autrement
dit, sa conséquence, estperceptible par le simple citoyen.
Intérêt du Sujet
De toute évidence, la mise en oeuvre de la
répression de l'enrichissement illicite emporte indirectement celle de
la corruption et ses infractions connexes qui constituent toujours l'origine
illicite de richesse. Cela traduit les objectifs poursuivis par cette recherche
sur le thème sous analyse.
Notre recherche présente un intérêt double :
théorique et pratique. Sur le plan théorique, notre recherche
s'est intéressée aux contours et aux éléments
constitutifs d'une infraction récente dont la répression n'a
encore jamais eu lieu en droit positif burundais. Une redéfinition
claire et une proposition de procédure de mise en oeuvre de la
répression de l'enrichissement illicite constitue, dans notre
entendement, une contribution indéniable à la science
juridique.
Sur le plan pratique, l'existence d'un dispositif
répressif efficace constitue un élément dissuasif
important qui découragerait les serviteurs de l'Etat de «
s'enrichir illicitement » en utilisant le temps payé pour s'occuper
du plus pauvre en vue de
19
l'employer pour leurs propres affaires.Cette dissuasion
empêcherait aussi que les impôts récoltés pour le
bien commun soient détournés pour des caisses personnelles.
Objectifs
Les objectifs de notre travail sont de deux ordres. Il s'agit en
premier lieu de l'objectif général et, en second lieu, de
l'objectif spécifique.
Objectif Général
Notrerecherchea eu pour objectif global de mettre à nu les
manquements et les vides juridiques qui rendent inopérante la
répression de l'enrichissementillicite.Cela a eu pour finalité de
mettre en exergue les éléments constitutifs cohérents de
l'enrichissement illicite, de proposer une procédure rigoureuse de mise
en oeuvre de sa répression en vue de contribuer au renforcement de la
bonne gouvernance.
ObjectifsSpécifiques
Les objectifs spécifiques sont :
Faire l'Etat des lieux de la répression de l'infraction
d'enrichissement illicite au niveau international en général et,
en particulier, en droit positif burundais. Cela permet d'inviter le
législateur burundais à se conformer aux normes internationales
;
Analyser l'impact du dispositif répressif de cette
infraction au renforcement de la bonne gouvernance en évaluant la loi
par rapport à ses lacunes.
Questions de Recherche
Le droit positif burundais réprime-t-il l'infraction
d'enrichissement illicite ? Les mécanismes de prévention et de
répression de l'infraction d'enrichissement illicite existent-ils en
droit positif burundais ?
20
Si ces mécanismes existent, sont-ils efficaces ?
Quelles sont les limites aux mécanismes de
prévention et de répression de l'infraction d'enrichissement
illicite ?
Délimitation
Le problème de l'enrichissement illicite au Burundi est de
loin antérieur à sa récente incrimination par la loi
n°1/12 du 18 avril 2006 portant mesures de prévention et de
répression de la corruption et des infractions connexes, dont les
dispositions ont été reprises par le nouveau Code Pénal
burundais.Toutefois, il va de soi que l'examen sera particulièrement
limitédans le temps: à partir de la conception de cette loi.
Notre recherche a abordé la répression de
l'infraction d'enrichissement illicite uniquement sur base des instruments
conventionnels édictés par les organismesinternationaux (ONU, UA)
et ceux internes au Burundi.S'agissant de la délimitation de notre
travail dans l'espace, nous ne prétendons pas étendre notre
recherche à la diversité des pays dont les droits positifs
connaissent ou ne connaissent pas l'infraction faisant l'objet de notre
recherche. Il est à noter également que notre recherche se
circonscrit essentiellement dès la transposition des deux conventions
ci-haut évoquées en droit positif burundais.
Limitation
Dans la rédaction de ce travail, nous nous sommes
heurté à plusieurs obstacles: l'infraction est relativement
récente en droit positif burundais et, à notre connaissance, elle
n'a pas encore fait l'objet de plusieurs publications.En plus, l'inexistence du
dispositif répressif clairement rédigé, à notre
humble avis, a fait qu'aucun cas y relatif n'a jamais été
jugé pour servir de jurisprudence. Sur le plan international
également,quelques contraintes se dégagent notamment
l'inaccessibilité à la documentation jurisprudentielle sur ce
thème d'actualité dont la mise en oeuvre semble encore
problématique partout. Même la doctrine,
21
pourtant abondante sur l'infraction de la corruption,
s'avère très rare lorsqu'elle traite spécifiquement
l'infraction d'enrichissement illicite.
Il y a lieu de noter également que cette notion
d'enrichissement illicite se distingue mal de la corruption en
général et de ses infractions connexes en particulier.
Organisation du Travail
Nous avons consacré le premier chapitre à la
problématique de l'enrichissement illicite avant d'aborder le cadre
légal et doctrinal de la question ainsi que la procédure de
répression proprement dite dans le deuxième chapitre. Les
troisième et quatrième chapitres seront consacrés
respectivement à la méthodologie de la recherche et à
l'analyse et interprétation des résultats. La conclusion
générale et les recommandations constitueront le cinquième
et dernier chapitre.
Définition des Mots Clés
Service Public
Le terme « service public » désigne tout service
de l'Etat, des administrations publiques, des collectivités locales, des
établissements publics, des sociétés à
participation publique, des unités autogérées de droit
privé assurant la gestion d'un service public10.
Agent Public
Le terme « agent public » désigne toute personne
physique qui se trouve dans une situation statutaire, ou contractuelle
vis-à-vis d'une personne publique, qu'elle y exerce un emploi de
direction, de collaboration ou d'exécution, ou de fonction de
représentation d'une personne publique et quel que soit son
rang11.
10 Loi n 1/12 du 18 avril 2006 portant mesure de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes, art.2, p.2
11 Loi n 1/12 du 18 avril 2006 portant mesure de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes, art.2, p.2
22
Mandataires Publics
Le terme«mandataires publics » désigne les
mandataires politiques et les cadres de sociétés à
participation publique et des établissements publics12.
Personne Publique
Le terme « personne publique » désigne la
personne morale de droit public et la personne morale de droit privé
chargée d'une mission publique13.
Personne Dépositaire de l'Autorité
Publique
En droitfrançais,« la personne dépositaire de
l'autorité publique » est « toute personne qui est investie
par délégation dela puissance publique d'un pouvoir de
décision et de contrainte sur les individus et sur les choses, pouvoir
qu'elle exercede façon permanente ou temporaire. Cette définition
englobe les représentants de l'Etat et des collectivités
territoriales, les fonctionnaires de l'ordre administratif, les
représentants de la force publique, les officiers publics et
ministériels ainsi que tout autre personne exerçant des fonctions
d'autorité à l'exemple des militaires14 ».
La Personne investie d'un Mandat
Electif
« La personne investie d'un mandat électif »est
« toute personne élue chargée d'agir au nom et pour le
compte de ses électeurs, qu'elle soit ou non investie d'un pouvoir de
contrainte. Sont donc concernés les parlementaires
(députéset sénateurs), ainsi que tous les élus
locaux (conseillers municipaux, généraux, régionaux et les
exécutifs de ces collectivités
territoriales)15».
12 Loi n 1/12 du 18 avril 2006 portant mesure de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes,art.2, p.2
13 Loi n 1/12 du 18 avril 2006 portant mesure de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes,art.2, p.2
14www.justice.gouv.fr/consulté
le 9/9/013
15www.justice.gouv.fr/consulté
le 9/9/013
23
La Personne chargée d'une Mission de Service
Public
« La personne chargée d'une mission de service public
» s'entend, à la lumière de l'article 2 de la loi du 18
avril 2006, comme toute personne qui travaille pour « un service de
l'Etat, des administrations publiques, des collectivités locales, des
établissements publics, des sociétés à
participation publique, des unités autogérées de droit
privé assurant la gestion d'un service public 16».
16 Loi n°1/12 du 18 avril 2006 portant mesures
de prévention et de répression de la corruption et des
infractions connexes, p.3
12
CHAPITRE II
DOCTRINE ET CADRE LEGAL
L'enrichissement illicite est un concept relativement
récent dans la littérature juridique.C'est pour cela quela
doctrine nes'y est pas encore largement penchée. Contrairement à
la corruption et ses autres infractions connexes, peu de publications ont
été faites sur l'enrichissement illicite.
Nonobstant cet état de fait,des initiatives sont venues
des organisations
internationales,régionales et de la société
civile qui ont produit pas mal de rapports surle phénomène
d'enrichissement illicite et les actes répréhensibles qui en sont
l'origine. Dans ce chapitre deux aspects seront développés : Le
cadre conceptuel de l'enrichissement illicite afin de s'accorder sur son
contenu et ses rapports avec d'autres infractions à caractère
économiqueet le cadre normatif tant sur le plan international que
national.
Des Généralités sur l'Infraction
d'Enrichissement Illicite
Il est un constat préalable, la preuve des
éléments matériels des infractions à
caractère économique, surtout la corruption, est l'une des plus
difficiles à apporter,car elle demande des moyens le plus souvent
sophistiqués et coûteux qui ne sont pas disponibles pour la
majorité des pays en voie de développement.
En matière de corruption, par exemple, «la
seulepreuve tangible qu'une infraction a eu lieu entre l'agent public corrompu
et son partenaire dans la commission de l'infraction donc l'enrichissement de
l'agent corrompu devient la manifestation la plus visible de la corruption. Une
infraction comme celle de la corruption exige de démontrer d'une offre
ou d'une acceptation entre l'agent public corrompu et le corrupteur, ce qui
n'est pas facile
25
dans ces circonstances »17. La corruption,qu'elle
soit passive ou active, la difficulté de la preuve réside dans le
fait que ce comportement délictueux, est une infraction d'ombre.En
effet,les parties prenantes dans l'acte en tire chacune des
bénéfices et cultivent ainsi une relation de confiance
élevée. En conséquence, aucune des parties n'a
intérêt à révéler le pacte du moins
jusqu'à ce que l'une d'elles décide de rompre le silence. Les
victimes de cette infraction sont le public en général qui n'est
pas souvent au courant de cet acte qui est préjudiciable à son
égard.
L'une des fréquentes manifestations de cette infraction
est l'immense richesse d'un agent public ou mandataire public, malgré
ses petits revenus.En effet comme l'a bien observé Rafolisy Patrick Yves
Noël« L'extravagance de train de vie de détenteurs de charges
publiques et l'étalage ostentatoire de leur richesse constitueraient des
indices pouvant fonder une présomption de prévarication
»18.
Afin de prévenir que ceux qui tirent profit des
infractions à caractère économique puissent rester
impunis, des normes internationales et nationales ont été mises
en place pour permettre aux autorités de poursuite de traquer plus
facilement les délinquants économiques en érigeant
l'enrichissement illicite en une infraction autonome.
L'Enrichissement Illicite : Problématique de
Définition
Lorsqu'une personne n'est pas en mesure de prouver l'origine
licite deson
patrimoine, il peut être coupable d'enrichissement
illicite. L'infraction d'enrichissement illicite a été
instituée dans quelques pays, y compris le Burundi, pour sanctionner
certaines catégories de personnes dont le niveau de vie est sans commune
mesure avec leurs revenus légaux.
17 LINDY M., MICHELLE M., MARIANNE M., TAMMAR
B., Illicit Enrichment, STAR, The World Bank - UNODC, Conference
Edition, p.5
18 RAFOLISYP.Y.N., Protection juridique de
l'intégrité morale et développement durable : le cas de
Madagascar, Thèse de doctorat en droit privé et sciences
criminelles, Université de Limoges, Madagascar, 2008, p.270
26
Notion
Le mot illicite vient du latinillicitus. Il
désigne ce qui n'est pas permis par la loi ou par la morale.L'acte
illicites'entend ainsicomme un acte contraire au droit.On peut ainsi
déduire que l'enrichissement illicite est un concept qui désigne
le fait de s'enrichir par des moyens contraires à la loi.
Une définition juridique difficile à
établir
La notion juridique de l'enrichissement illicite est
précisée dans les textes internationaux et nationaux. C'est la
convention des Nations Unies contre la corruption qui a bien défini en
termes claires l'infraction d'enrichissement illicite. D'après la
Convention, l'enrichissement illicite s'entend comme « une augmentation
substantielle du patrimoine d'un agent public que celui-ci ne peut
raisonnablement justifier par rapportà ses revenus légitimes
»19.
Malgré que l'enrichissement illicite soit reconnu au
niveau international, l'incrimination autonome de l'acte d'enrichissement
illicite n'est pas universellement acceptée.
La définition de la Convention des Nations Unies contre la
Corruption fait ressortir trois élémentsimportants. D'une part,
il y a « une augmentation substantielle du patrimoine
d'un agent public »; par augmentation substantielle, il faut
comprendre : les actifs disproportionnée, les avoirs non conformes
aux revenus licites, ou au-dessus de ce qui est acquis légalement, mais
quel type de patrimoinefaut- il prendre en considération dans la
détermination de l'enrichissement illicite. Certains pays ont
inséré dans leur législation l'enrichissement en termes
d'avoir net en tenant compte les dettes et autres obligations. D'autres
tiennent compte du mode de vie d'un agent public au-delà de ce qu'il
doit mener grâce aux moyens licitement acquis.
19 Nations Unies, Convention contre la
corruption, art.20
27
L'intention frauduleuse qui doit être établie par un
transfert de fonds importants des individus ou groupe d'individus avec qui
l'agent public n'a aucune relation d'affaire ou par un paiement cash des sommes
importantes ou l'acquisition des meubles ou immeubles de grande valeur qui
dépassent les revenus de l'agent public.Ce qui est important c'est que
l'infraction d'enrichissement illicite n'est pas liée à aucune
faute, mais l'augmentation substantielle des actifs.
L'absence d'une justification raisonnable pour l'enrichissement
est un élément essentiel de l'infraction d'enrichissement
illicite. En effet, CNUC, CIALC et CUAPLC s'accordent à affirmer que
l'absence de justification pour l'enrichissement est un élément
essentiel pour l'infraction d'enrichissement illicite20.
Selon Alejandro E. Alvarez « cette infraction n'interdit pas
un acte particulier. Si l'infraction consiste à s'enrichir
illégalement, ce résultat d'enrichissement est le produit
illégal d'un acte qui n'est pas décrit dans cette norme
»21.
La question concerne à ce niveau le respect du principe
fondamental en droit pénal, le principe de la légalité
pénale (« nullum crimen, nulla poena sine lege
»22), reconnu dans presque toutes les
législationspénales modernes.
Ainsi, la convention a laissé une large marge aux Etats
parties en leur octroyant la latitude d'incriminer ou pas l'acte
d'enrichissement illicite.
L'enrichissement illicite : une corruption par défaut
Dans plusieurs législations, l'enrichissement illicite est
considéré, aussi bien que plusieurs autres délits, comme
une infraction connexe à la Corruption.
20 LINDY M., MICHELLE M., MARIANNE M., et TAMMAR B.,
op.cit,p.23
21 ALVAREZ A., L'incrimination de la corruption en
Argentine, cité par DELMAS MARTY M., Criminalité
économique et atteinte à la dignité de la personne,
vol.7, Fondation Maison des Sciences de l'Homme, Paris, 2001, p.32
22 Ce principe énonce qu'il n'y a ni crime ni
peine sans loi
28
De l'avis d'Alejandro E. Alvarez, « Le traitement juridique
de la corruption ne peut se prétendre complet sans l'analyse d'une
infraction conçuepar défaut, c'est-à-dire prévue en
cas d'échec du système judiciaire à prouver la corruption
»23.
L'enrichissement illicite a été érigé
en infraction autonome pour répondre aux besoins juridiquesen vue de
contourner les obstacles qu'il y a lorsqu'il faut s'acquitter du fardeau de la
preuve dans les cas de corruption et de certaines autres infractions à
caractère économique.
La preuve, comme l'indiquent André Vitu et Roger Merle,
est tout moyen permettant d'affirmer l'existence ou la non existence d'un fait
donné ou encore, l'exactitude ou la fausseté d'une
proposition24. En général, il revient au
MinistèrePublic de produire tous les éléments prouvant la
culpabilité du prévenu en vertu du principe selon lequel «
la charge de preuve incombe au demandeur ». Or, les actes de corruption
ayant eu lieu entre deux personnes et d'une façon clandestine, il serait
difficile à la partie poursuivante d'avoir des preuves. Le seul
élément matériel visible estl'immensité de la
richesse par rapport aux revenus légaux du corrompu.Ainsi, le
prévenu serait appelé à justifier l'origine légal
de sa richesse, atténuant ainsi le principe de présomption
d'innocence et la charge de la preuve, qui en droit pénal
général, revient à la partie poursuivante. Ceci constitue
une démarche contraire au principe de la procédure
pénale.
Dans certains pays25, les défenseurs des droit
de l'Homme se sont opposés à l'autonomisation de l'infraction
d'enrichissement illicite, car posant la question de droits fondamentaux,
notamment la présomption d'innocence.
23 ALVAREZ E.A., op.cit, p.33
24 MERLE R. et VITU A., Traite de droit criminel,
procédure pénale, 3èmeédition,
Edition Cujas, Paris, 1985, p.154
25C'est le cas de l'Italie en 1994, la Cour
Constitutionnelle italien a déclaré anti constitutionnel la loi
sur l'enrichissement illicite (loi n° 356 de 1992) car violant le principe
de présomption d'innocence, affaire n° 48/1994. Cité par
MUZILA L., On the Take: Criminalizing Illicit Enrichment to Fight
Corruption,
http://star.worldbank.org/star/publication/take-criminalizing-illicit-enrichment-fight-,
corruption, consulté le 01/ 08/2013
29
L'idée qui a été opposée à ces
défenseurs de droit de l'Homme a été que l'enrichissement
illiciteest du ressort du droit pénal spécial.En droit, le
spécial déroge au général et le délit
d'enrichissement illicite qui obéit à une procédure
spéciale ne doit se voir lui appliquer les principes
généraux en matière pénale.
L'Enrichissement Illicite : une Infraction « de
Conséquence »
Au coeur d'une infraction d'enrichissement illicite, comme c'est
le cas pour toute infraction pénale se trouvent les
éléments qui composentl'infraction.L'enrichissement illicite
résulte, dans la plupart des cas, de la commission d'autres infractions
notamment la corruption et ses infractions connexes.En effet, les
activités économiques qui conduisent à l'enrichissement
doivent être connues.Il est souvent difficile de connaitre les origines
d'immenses fortunes des agents publics.Il revient donc au fonctionnaire
présumé de s'être enrichi illégalement de prouver le
contraire.S'il n'arrive pas à justifier l'origine licite de sa fortune
alors son enrichissement est la conséquence des infractions qu'il aurait
commises.Nous allons voir les différentes infractions qui peuvent
conduire à un enrichissement illicite dans la section suivante.
Distinction et Rapport entre l'Enrichissement Illicite et
Quelques autresInfractions
En matière d'enrichissement illicite, c'est l'origine de
cet enrichissement qui intéresse le législateur. En fait,
l'auteur a acquis des richesses de manière illicite après avoir
commis d'autres infractions, prévues par le système pénal
général ou spécial. Il s'agit, dans
plusieurslégislations, des cas d'infractions quenous allons
évoquer dans les paragraphes qui suivent.
30
La Corruption
La Corruption, dans toutes ses variantes,est probablement l'une
des principales sources de l'enrichissement illicite.PierreLascoumes
définitla corruptioncomme étant :«le comportement du
détenteur d'une autorité qui, dans le cadre de ses fonctions
publiques ou privées, utilise sa situation de pouvoir pour
détourner une règle, à son profit, ou à celui d'une
autre personne ou d'une autre organisation »26.
Cette définition nous semble incomplète car elle
fait référence à une seule partie, celui qui reçoit
la corruption.La définition donnée par Transparency International
nous parait très pertinente dans le cadre de notre réflexion.
Selon cette organisation la corruption s'entend comme « Pratique qui vise
à proposer, sans droit, directement ou indirectement, des offres, des
promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques pour
obtenir d'une personne dépositaire de l'autorité publique,
chargée d'une mission de service public, qu'elle accomplisse ou qu'elle
s'abstienne d'accomplir un acte de sa fonction, de sa mission ou de son mandat
ou facilité par sa mission ou son mandat »27.
La corruption suppose un échange. Le coeur de cet
échange est désigné par les juristes anglo-saxons selon
l'adage latin quid pro quo. Le « quid » pour une
des parties, le corrupteur,est le plus souvent un don, un bien ou une
promessealors que le « quo » de l'autre partie, le corrompu,
est le plus souvent une décision ou absence de décision dans
l'exercice de ses fonctions.Ainsi, comme l'indique Fitzgerald Philip, «la
corruption fait clairement référence à unétat
bilatéral et synallagmatique (...). Synallagmatique puisque à
cause de l'échange entre les deux parties, ce qui constitue l'objet de
la démarche de l'un constitue le moyen utilisé par l'autre pour
atteindre le but et vice versa »28.
26 LASCOUMES P., Corruptions, Presses de
Science PO, Paris, 1999, p.36
27 Transparency International,Combattre la
corruption: enjeux et perspectives, Ed. Karthala, Paris, 2002 pp.186-189
28 FITZGERALD P.,Les dispositifs juridiques
internationaux dans la lutte contre la corruption des agents publics
étrangers, Thèse de doctorat en droit public,
Université du Sud Toulon-var, novembre 2011, p.16
31
Traditionnellement la doctrine distingue deux formes de
corruption en fonction de la qualité de l'auteur: la corruption passive
et la corruption active.
La corruption passive
La corruption passive désigne« Le fait pour un agent
public de solliciter ou d'accepter, directement ou indirectement, un avantage
indu, pour lui-même ou pour une autre personne ou entité, afin
d'accomplir ou de s'abstenir d'accomplir un acte dans l'exercice de ses
fonctions officielles »29.
Cette définition envisage deuxconduites : solliciter,
accepter qui marquent les différentes étapes de la
réalisation d'un accord illicite entre le corrupteur et le corrompu.
Deux cas sont possibles : le corrompu sollicite un avantage indu.Le corrupteur
consent à la sollicitation et le corrompu accepte l'avantage.
Le Code pénal burundais en son article 420 prévoit
que l'avantage peut avoir été sollicitéou
agréé, reçu par un intermédiaire à son
profit ou à celui d'autrui.30 Cette possibilitéofferte
par la législation burundaise permettrait de poursuivre toute
transactionillicite entre le particulier et le fonctionnaire, même sans
avantage économique directpour ce dernier.C'est l'hypothèse
où, par exemple le destinataire de l'avantage serait un parti
politique.
Unfonctionnaire peut accepter des dons ou cadeaux qui lui ont
été faitssans finalité apparente. Dansce cas une condition
préalable peut être soulevée. Il faut que le fonctionnaire
sacheque ces avantages lui ont été offertsen considération
de sa fonction «de telle façon que si cette fonctionn'était
pas occupée par le sujet actif, le particulier ne lui aurait pas fait ce
présent31.
29Les référentiels de la lutte contre la
corruption,
http://www.justice.gouv.fr/art_pix/1_1_Etude
Corruption200609partie4.pdf, consulté le 05/08/2013
30 Loi n°1/05 du 22 avril 2009, portant
révision du Code pénal, in B.O.B. n°4 Bis/2009,
p.891
31 ALVAREZ E.A., op.cit, p.40
32
L'autre comportement est celui qui peut surgir dans
l'hypothèse du fonctionnaire qui accepte les dons ou les cadeaux offerts
afin qu'il exécute un acte non prohibé par la loi. C'est le cas
d'un fonctionnaire qui monnaie les services publics.
La corruption active
L'infraction de corruption a lieu quand il y a deux parties,
celle qui corrompt et celle qui est corrompue. La corruption active d'agents
publics nationaux est définie dans la convention pénale sur la
corruption du Conseil de l'Europe comme : « Le fait de proposer,
d'offrirou de donner, directement ou indirectement, tout avantage indu à
l'un de ses agents publics, pour lui-même ou pour quelqu'un d'autre, afin
qu'il accomplisse ou s'abstienne d'accomplir un acte dans l'exercice de ses
fonctions »32.
Dans les cas de la corruption active, l'intention doit être
liée à un résultat ultérieur, à savoir un
acte que l'agent public doit accomplir ou s'abstenir d'accomplir en fonction de
l'intention du corrupteur.Peu importe que l'agent public ait agi ou se soit
abstenu d'agir.
Par ailleurs, d'après la convention pénale sur la
corruption du Conseil de l'Europe, le corrupteur peut agir à titre
personnel ou pour le compte d'une entreprise.Dans le cas où le
corrupteur agit dans le cadre d'une entreprise privée, celle-ci peut
être tenue responsable en tant que personne morale33.
Le Trafic d'Influence
D'après l'article 431 ducode pénal burundais, le
trafic d'influence est le fait pour «toute personne dépositaire de
l'autorité publique, chargée d'une mission de service public ou
investie d'un mandat public électif, desolliciter ou agréer, sans
droit, directement ou indirectement, pour son propre compte ou pour le compte
d'autrui, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des
avantages quelconques pour user de son influence
32 Conseil de l'Europe, Convention pénale sur
la corruption, art.2
33 Conseil de l'Europe, Convention pénale sur
la corruption, art.18
33
réelle ou supposée en vue de faire obtenir d'une
autorité ou d'une administration publique des distinctions, des emplois,
des marchés ou toute autre décision
favorable»34.
La convention des Nations Unies contre la corruptiondonne une
définition de
l'infraction de trafic d'influence beaucoup plusexplicite en son
article 18. D'après cet
article,il y a trafic d'influence lorsque les actes ont
été commis intentionnellement : « Au fait de promettre,
d'offrir ou d'accorder à un agent public ou àtoute autre
personne, directement ou indirectement, un avantage indu afin queledit agent ou
ladite personne abuse de son influence réelle ou supposée en
vued'obtenir d'une administration ou d'une autorité publique de
l'État Partie unavantage indu pour l'instigateur initial de l'acte ou
pour toute autre personne;
Au fait, pour un agent public ou toute autre personne, de
solliciter oud'accepter, directement ou indirectement, un avantage indu pour
lui-même ouelle-même ou pour une autre personne afin d'abuser de
son influence réelle ousupposée en vue de faire obtenir d'une
administration ou d'une autorité publiquede l'État Partie un
avantage indu »35.
Il ressort de ces dispositions que l'infraction de trafic
d'influence et celle de
corruption présentent des similitudes.En effet, comme pour
la corruption, le trafic d'influence peut être actif et passif. Un
corrupteur est coupable s'il offre, promet ou octroie un avantage indu à
une personne, de façon à ce que le destinataire exerce son
influence sur la prise de décision d'un agentpublic. Inversement, un
« revendeur d'influence » est coupable s'il demande, sollicite,
reçoit ou accepte un avantage indu d'une personne, en contrepartie de
l'exercice de son influence.
Néanmoins, la distinction entre ces dernières
réside dans le faitque le trafic d'influence suppose l'abus d'une
influence, réelle ou supposée, pour faire obtenir une
34 Loi n°1/05 du 22 avril 2009 portant
révision du Code pénal, art.431
35 Art.18 de la Conventions des Nations Unies sur la
lutte contre la corruption
34
faveur quelconque ou une décision favorable d'une
autorité publique ou d'une administration.
Ici, l'acte de complaisance n'est pas la décision
espérée, mais seulement la démarche promise et ce quelque
soit son résultat, voire son existence, l'auteur de l'infraction
n'étant pas lui-même habilité à prendre cette
décision36.
En fait, l'infraction ciblenon pas le décideur, maisles
personnes, qui prochesdu pouvoir, tentent d'obtenir des avantages en raison de
leur situation en influençant le décideur. L'infraction traite
donc ce qu'on appelle la «corruption ambiante»37.
En somme, le délit cibleplutôt les personnes
côtoyant les personnalités ayant du pouvoir et qui essaient
d'obtenir des avantages de par leur situation en influençant la personne
qui prend les décisions.
Prise Illégale
d'Intérêts
La prise illégale d'intérêt est
établie lorsqu'un agent public a pris ou trouvé dans ses rapports
avec l'administrationun quelconque intérêt personnel. Celui-ci
pouvant être pécuniaire, moral, politique, important, minime ou
insignifiant, ou bien plus important la satisfactiond'une vanitéou un
intérêt d'affection38.
D'aprèsl'article 440 du code pénal burundais, sera
puni pourprise illégale d'intérêt « toute personne
dépositaire de l'autorité publique, ou chargée d'une
mission de service public ou par une personne investie d'un mandat public
électif, qui prend, reçoit ou conserve, directement ou
indirectement, un intérêt quelconque dans une entreprise ou dans
une opération dont elle a, au moment de l'acte, en tout ou en partie, la
charge d'assurer la surveillance, l'administration, la liquidation ou le
paiement »39.
36 OCDE, Corruption, glossaires des normes
internationales, les Editions de l'OCDE, Paris, 2008, p.32,
www.sourceocde.org/economiestranstion/9789264044029,
visité le 15 août 2013
37 OCDE, Rapport explicatif, convention pénale
du Conseil de l'Europe, pp.65-66
38 Mairie-Conseils, Le délit de prise
illégal d'intérêt, Article mis en ligne le 20 mai 2013,
http://www.mairieconseils.net/cs/BlobServer?,
dernière visite le 18 août 2013
39 Loi n°1/05 du 22 avril 2009 portant
révision du Code pénal, art.440
35
L'instauration de ce délit dans le code pénal
burundais fait obstacle à ce qu'une personne exerçant une
fonction publique, ou ayant un mandat électif,se place dans une
situation où son propre intérêt entre en conflit avec
l'intérêt public dont elle a la charge. A titre d'exemple, un
fonctionnaire peut créer une entreprise sous le nom d'untiers. Cette
entrepriseva exécuter des marchés publics octroyés par ce
fonctionnaire. C'est ce qu'interdit le code pénal burundais.
D'après la jurisprudence française,le délit
de priseillégale d'intérêt « se consommeaussi par le
seul abus de la fonction indépendammentde la recherche de gainou tout
autre avantage personnel40.
La Concussion
Selon une approche imagée, on pourraitcomprendre la
concussion par le fait de « cueillir plus de fruits en secouant un arbre,
c'est-à-dire en plus de ceux qui tombent normalement par murissement
naturel »41. La Concussionpeut être définie comme
«fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique
ou chargée d'une mission de service public, soit de recevoir, exiger, ou
ordonner de percevoir à titre de droit ou contribution, impôt ou
taxe public, une somme qu'elle sait ne pas être due ou excéder ce
qui est du, soit d'accorder une exonération ou franchise de ces droits
en violation de la loi »42.
D'après l'article430ducode pénal burundais, peut
être poursuivie pour concussion « toute personne dépositaire
de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service
public, qui reçoit, exige ou ordonne de percevoir à titre de
droits ou contributions, impôts ou taxes, amende ou cautionnement,
revenus ou intérêts, une somme qu'elle sait ne pas être due,
ou excéder ce qui est dû »43.
40 Crim, 21 juin, 2000, n°99-86.871, Bull. crim
n°239
41 BEAU P., Concussion, Dalloz, Paris, 1977,
p.1
42 GUINCHARD S., et DEBARD T., Lexique des termes
juridiques, 19ème édition, Dalloz, Paris, 2012,
p.114
43 Loi n°1/05 du 22 avril 2009 portant
révision du Code pénal, art.430
36
Il ressort de cette définition que la personne susceptible
d'être poursuivie pour concussion doit être un dépositaire
de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service
publicqui aurait reçu ou exigé des avantages indus.
Il peut y avoir la concussion dans le cas où un
fonctionnaire en chargede gestion de fonds publics oude percevoir des
impôts, taxes ou amendes exige un montant supérieur ou
inférieur à celui qu'il était en droit de faire sortir ou
entrer dans la caisse de l'Etat.
La concussion conduit, en tout état de cause, à un
enrichissement illicite du simple fait que l'acte lui procure un gain illicite,
et cela en défaveur du Trésor Public.
Soustraction et Détournement des
Biens
Selon la définitiondonnée par les Maires de France,
lasoustractionou le détournement des bienspublics s'entend comme un
«acte par lequel un agent public détourne de leur destination,
à son profit ou à celui des tiers, des biens meubles ou
immeubles, de l'argent ou des valeurs appartenant à l'État ou
à un particulier, qui ont été mis en sa possession en
raison de ses fonctions à des fins de gestion, de garde ou autres
»44.
LaConvention desNations Unies sur la lutte contre la corruption
ajoute à l'infraction de soustraction et détournement des biens
publics donnés par les Maires de France l'usage illicite des biens par
un agent public. En effet en son article 17, la convention demande aux Etats
Partie« d'adopter des mesureslégislatives et autres
nécessaires pour conférer le caractère d'infraction
pénale, lorsque les actes ont été commis
intentionnellement, à la soustraction, au détournement ou
à un autre usage illicite, par un agent public, à son profit ou
au profit d'une autre personne ou entité, de tous biens, de tous fonds
ou valeurs publics ou privés ou de toute autre chose de valeur qui lui
ont été remis à raison de ses fonctions
»45.
44 MAIRIE-CONSEILS, article cité supra,
http://www.mairieconseils.net/cs/BlobServer?,
dernière visite le 18 août 2013
45 Convention des Nations Unies Contre la Corruption,
art.17
37
Le code pénal burundais en son article 435 va plus loinet
ajoute d'autres éléments. En effet, il définit cette
infraction comme « le fait pourtoute personne dépositaire de
l'autorité publique, chargée d'une mission de service public,
tout comptable public, tout dépositaire public ou l'un de ses
subordonnés, de détruire, détourner ou soustraire un acte
ou un titre, des fonds publics ou privés, des effets, pièces ou
titres en tenant lieu, ou tout autre objet qui lui a été remis en
raison de ses fonctions ou de sa mission »46.
Le faitde détruire des effets, pièces ou titres en
tenant lieu,peut constituer l'infraction de soustraction et de
détournement des biens dans le cas où, par exemple, un comptable
détruitle livre de caisse afin d'échapper au contrôle.
Le Blanchiment
Leblanchiment s'entend comme le« fait de faciliter, par tout
moyen, la justification mensongère de l'origine des biens ou des revenus
de l'auteur d'un crime ou d'un délit ayant procuré à
celui-ci un profit direct ou indirect, ainsi que d'apporter un concours
à une opération de placement, dissimulation ou de conversion du
produit de l'une de ces infractions»47.
En général, le blanchiment a eu lieu lorsqu'une
personne qui a acquisune richesse d'une façon illégale
chercheà la rendre légale. Il s'agitde déposer une somme
d'argent acquis d'une manière illégale dans un circuit
économique licite.
Le Conseil de l'Europe a défini leblanchiment comme
étant «la transformationde fonds illicitesen argent licite, donc
susceptible de faire l'objet d'un nouvel investissement dans des secteurs
légaux ou utilisables à des fins personnelles
»48.
46Loi n°1/05 du 22 avril 2009, portant
révision du code pénal de la République du Burundi, in
BOB n°04/06, art.435
47 GUINCHARD S., et DEBARD T., op.cit, p.114
48 LOUISJ., HERAIL et PATRICK R., Blanchiment
d'argent et crime organisé, PUF, Paris, 1996, p.50
49 Loi n°1/05 du 22 avril 2009, portant
révision du code pénal de la République du Burundi, in
BOB n°04/06, art.441
38
Sous le coup de l'article 441 du code pénal burundais,
serapoursuivi pour blanchiment quiconque procède49 :
A la conversion, le transfert ou la cession des biens en parfaite
connaissance que ceux-ci sont le produit d'une infraction en vue de dissimuler
ou déguiser l'origine illicite des dits biens ou d'aider toute personne
impliquée dans la commission de l'infraction à échapper
aux conséquences de son action ;
A la dissimulation ou le déguisement de la nature
véritable, l'origine, la situation, la disposition, le mouvement ou la
propriété de biens ou les droits, produits d'une infraction ;
A l'acquisition, la possession ou l'utilisation de biens dont
l'origine, au moment de l'acquisition, de la détention ou de
l'utilisation, est le produit d'une infraction. A la participation à
l'un des actes visés aux trois points précédents,
l'association pour commettre l'acte, le fait d'aider, d'inciter ou de
conseiller quelqu'un à le commettre ou le fait d'en faciliter
l'exécution.
Toutes ces infractions sont prévues par le code
pénal burundais. Leur caractère
commun est que leur commission conduit à un enrichissement
illicite. En effet, comme il a été noté
antérieurement, il n'existe pas une définition spécifique
à l'infraction d'enrichissement illicite. Ainsi, pour qu'une personne
puisse être poursuivie sous le chef de l'infraction d'enrichissement
illicite, il faut qu'elle aitcommis un ou plusieurs actes illicites
l'ayantconduit à acquérir une richesse dont l'origine ne peut
être légalement justifiée. D'où l'infraction
d'enrichissement illicite est considérée comme une
conséquence directe d'autres infractions à caractère
économique.
39
Fondement Juridique de la lutte contre l'Enrichissement
Illicite
Il n'existe pas, que ce soit au niveau international ou interne,
d'instrument juridique spécifique à l'enrichissement illicite. Il
a été considéré comme une infraction connexe
à la Corruption. Cette dernière a fait objet de conventions au
niveau international et régional (Nations Unies et Union Africaine) et
d'une loi spéciale au niveau interne burundais.
Le Cadre Normatif à portéeInternationale
Ce cadreest principalement conventionnelet n'engage que les Etats
Parties conformément auprincipepacta sunt
servanda50. Il comporte deux volets : l'un étant
universel et l'autre étant régional.
Le Texte à portée Universelle : la
Convention des Nations UniesContrela
Corruption
La Convention des Nations Unies Contre la Corruption est le
premier instrument juridiquement contraignant à s'appliquer à
l'échelle mondiale sur cette question. La CNUC a été
adoptée en 2003 et est entrée en vigueur en 2005. Elle est
ouverte à tous les pays et à toutes les organisations
économiques régionales.
La CNUC est unique, comparée aux autres conventions, non
seulement en raison de sa couverture mondiale, mais aussi du fait de
l'exhaustivité et du caractère détaillé de ses
dispositions.
Contrairement aux autres traités internationaux, la
convention laisse une très grande marge de manoeuvre aux Etats quant
à sa mise en application. Le paragraphe 9de l'article 30 laisse la
latitude aux Etats de définir les infractions qui relèvent
exclusivement du droit interne des Etats parties. C'est ainsi que les Etats
parties à la convention auront des infractions de portée
différente.
50 Article 26, convention de vienne sur le droit des
traités. Tout traité en vigueur lie les parties et doit
être exécuté par elles de bonne foi
40
Par rapport à l'infraction d'enrichissement illicite, en
son article 20, la CNUC dispose que«Sous réserve
de sa Constitution et des principes fondamentaux de son système
juridique, chaque État Partie envisage d'adopter les mesures
législatives et autres nécessaires pour conférer le
caractère d'infraction pénale, lorsque l'acte a été
commis intentionnellement, à l'enrichissement illicite (...)».
Par ailleurs, pour la première fois, cet instrument
multilatéral pose de manière contraignante le principe de la
restitution des avoirs acquis illicitement51. Le Burundi a
ratifié la Convention des Nations Unies par la loi n° 1/03 du 18
janvier 2005. Ce qui pourrait justifier les deux lois de 2006 sur la corruption
et ses infractions connexes.
Les Textes à Portée
Régionale
La Convention de l'Union africaine sur la prévention et la
lutte contre la Corruption (CUAPLC) est le principal texte juridique
adopté sur le continent africain en matière de lutte contre la
corruption. Elle est juridiquement contraignante. Adoptée en 2003, elle
est entrée en vigueur en 2006.
Toutes les dispositions de la CUAPLC sont obligatoires, y compris
celles sur la corruption dans le secteur privé. La convention fait
référence explicite sur l'enrichissement illicite et en donne une
définition claire.
L'enrichissement illicite est défini comme étant
«l'augmentation substantielle des biens d'un agent public ou de toute
autre personne que celui-ci ne peut justifier au regard de ses revenus
»52.
51 Selon l'article 31 de la CACC, « Chaque
État Partie prend, dans toute la mesure possible dans le cadre de son
système juridique interne, les mesures nécessaires pour permettre
la confiscation: a) Du produit du crime provenant d'infractions
établies conformément à la présente Convention ou
de biens dont la valeur correspond à celle de ce produit; b)
Des biens, matériels ou autres instruments utilisés ou
destinés à être utilisés pour les infractions
établies conformément à la présente Convention
2. Chaque État Partie prend les mesures
nécessaires pour permettre l'identification, la localisation, le gel ou
la saisie de tout ce qui est mentionné au paragraphe 1 du présent
article aux fins de confiscation éventuelle
52 Art.1 de la Convention de l'Union Africaine pour la
prévention et la lutte contre la corruption
41
En son article 8, alinéa 1, la CUAPLC dispose que«
Sous réserve des dispositions de leurs lois nationales, les Etats
parties s'engagent à adopter les mesures nécessaires pour
définir l'enrichissement illicite comme infraction, en vertu de leurs
lois nationales ».
La CUAPLCva plus loin et exige une transparence dans le
financement des partis politique53. Par ailleurs, la CUAPLC aborde
la prévention, l'incrimination, la coopération et l'assistance
mutuelle, ainsi que la restitution des avoirs.
La CUAPLCoffre aux Etats le choix de ne pas incriminer
l'enrichissement illicite si le droit national ne le permet pas. En effet,
beaucoup d'analystes ont considéré les dispositions sur
l'enrichissement illicite comme portant atteinte au principe
deprésomption d'innocence garanti dans les Constitutions de plusieurs
pays comme étant undroit fondamental.Le Burundi a ratifié la
CUAPLC le 18 janvier 200554.
Ces deux conventions posent des jalons aux Etats pour
prévenir et réprimer l'infraction d'enrichissement illicite. La
Convention des Nations Unies ne prévoit ni demécanismes de
suivini de mécanismes de sanctions à l'encontre des Etats qui ne
l'appliquent pas. En revanche, la Convention de l'Union Africaine
prévoit la mise en place d'un Comité consultatif 55 et
des mécanismes internes notamment une autoritéou une agence
nationale de lutte contre la corruption56.
LeCadre Normatif au Niveau Interne
Comme nous venons de le voir, le Burundi a ratifié les
deux instruments juridiques de lutte contre la corruption et les infractions
connexes. Par ailleurs, tous les deux textes demandent aux Etats
d'intégrer dans leur droit positif interne l'incrimination des actes de
corruption et d'autres infractions à caractère
économique.
53 Art.10 de la CUAPLC
54 Loi n° 1/02 du 18 janvier 2005 portant
ratification par la République du Burundi de la Convention de l'Union
Africaine sur la Prévention et la lutte contre la corruption
55 Art.22 de la Convention de l'Union Africaine pour
la Prévention et la Lutte Conte la Corruption
56 Art.20 de la Convention de l'Union Africainepour la
Prévention et la Lutte Conte la Corruption
42
La loi du 18 avril 2006et le Code Pénal d'avril 2009
Laloi n°1/12 du 18 avril2006 portant mesures de
prévention et de répression de la corruptionet des infractions
connexes dispose en son article 58«Est punie d'une servitude pénale
de trois ans à cinq ans et d'une amende portée du simple jusqu'au
double de la valeur du bien, toute personne dépositaire de
l'autorité publique, chargée d'une mission de service public ou
investie d'un mandat public électif, dont l'origine illicite a
été établie par une décision judiciaire ».
Cette disposition est intégralement reprise par le code
pénal burundais du 22 avril 2009 en son article 438.
Cependant, la loi apporte une innovation dans la
prévention et la répression de la corruption et des infractions
connexes en introduisant l'obligation aux mandataires publics de
déclarer leur patrimoine avant leur entrée en fonction.
En effet, le titre III de la loi précitéeconsacre
la déclaration du patrimoine par les différents mandataires
publics devant laCour d'Appel ou la Cour Suprême.
Pour les mandataires publics justiciables à la Cour
suprême, ils sont tenus de faire une déclaration certifiée
sur honneur exacte et sincère, de leurs biens et patrimoine ainsi que
ceux de leurs conjoints et enfants mineurs qu'ils soient propriétaires,
usagers ou détenteurs habituels57.En fin de mandat, le
mandataire public doit déposer auprès de la même
juridictionune déclaration de son patrimoine.
Pour les autres agents et mandataires publics justiciables aux
juridictions inférieures, ils sont tenus de faire leur
déclarationde patrimoine à la Cour d'Appel ou au Tribunal de
Grande Instance selon leur rang58.
Cetteclause de déclaration du patrimoine est
encadrée par l'obligation de confidentialité qui s'impose aux
dépositaires des déclarations.
57 La Convention des Nations Unies Contre la
Corruption, art.29
58 La Convention des Nations Unies Contre la
Corruption, art.32
43
Aussi faut-il remarquerque d'après nos recherches, il se
trouve que trèspeu de personnes concernéesne se soumettent que
partiellement à cette obligation. En effet, elles ne le font qu'en
début du mandat et jamais à la fin de celui-ci.
Il est juridiquement admis que toute règle de droit,
même solidement fondée, ne produit aucun effet, si elle n'est pas
mise en oeuvre selon les mécanismescohérents et
adéquats.Ainsi, le législateurburundaisa pris soin de
prévenir et de réprimer l'infraction d'enrichissement illiciteen
mettant en place des mécanismes y relatifs.
Mécanisme de la Prévention et de la
Répression de ces Infractions
Il existe des mécanismes non-juridictionnels et ceux
juridictionnels en matière de lutte contre les infractions à
caractère économique. Les premiers assurent la prévention
tandis que les seconds jouent le rôle répressif.
La distinction entre ces deux types de mécanismes
réside dans le fait que ceux dits juridictionnels sont étatiques
et donnent lieuà desdécisions revêtues de l'autorité
de la chose jugée. Quant aux mécanismes non juridictionnels, ils
se déroulent devant une instance ayantun caractère
étatique administratif ou non-étatique.Les décisions qui
en découlent restentnon contraignantes et donc non obligatoires en
droit59.
Des Mécanismes non Juridictionnels Publics
Afin d'assainir la gouvernance économique et dans
l'optique de se conformer à ses obligations internationales, le Burundi
a mis en place des mécanismes non juridictionnelsdeprévention des
infractions à caractère économique.
59 FREDERIC S., Droit international européen
des droit de l'Homme, 4e éd., PUF, Paris, 1999, p.280
44
De l'Inspection Générale de
l'Etat
L'Inspection Générale de l'Etat, une institution
supérieure de contrôle de l'Etatà caractère
administratif, a été créée pour la première
fois au Burundi par un décret du 27 septembre 200660.Elle a
été réorganisée, pour mieux accomplir ses missions,
par le décret n° 100/09 du 15 janvier 201061.Elle a pour
mission permanente d'inspecter et de contrôler l'organisation, le
fonctionnement et la gestion des services publics, les institutions de l'Etat
et les organismes publics ainsi que les entreprises ou associations
privées.
D'aprèsl'article 5 du décret no100/09 du
15 janvier 2010 portant réorganisation de l'Inspection
Générale de l'Etat, la mission de l'Inspection
Générale de l'Etat s'exerce également sur toutes les
personnes morales constituées sous forme d'établissements ou
d'association bénéficiant des concours financiers, avals ou
garanties de l'Etat et des autres personnes morales publiques.
Les missions de l'Inspection Générale de l'Etat
sont inopinées lorsqu'elles portent sur le contrôle des
caisses.Elles ne doivent doncfaire l'objet d'aucune communication
préalable.
Il ressort des missions de l'Inspection Générale de
l'Etat que son rôle préventif des infractions à
caractère économique conduisant à l'enrichissement
illicite est indéniable.En effet, toute tentative de détournement
des fonds publics, de mauvaise gestion, de gestion frauduleuseou de corruption
risque d'être détectée par l'Inspection
Générale de l'Etat.
Cependant, quand bien même des actes de détournement
ou de corruption étaient détectés, l'IGE ne serait pas
efficace car, comme l'indique l'article 68 du Décret n°100/09 du 15
janvier 2010 portant réorganisation de l'Inspection
Générale de l'Etat «les Inspecteurs de l'Etat n'ont aucun
pouvoir de décision vis-à-vis des organes contrôlés
et ne peuvent s'immiscer dans leur gestion à quelque titre que ce soit
».
60Décret n° 100/277 du 27 septembre
2006 portant Création, Attributions, Organisation et Fonctionnement de
l'Inspection Générale de l'Etat, in B.O.B. n°9/2006,
p.1272
61 Décret n°100/09 du 15 janvier 2010
portant réorganisation de l'Inspection Générale de l'Etat,
in B.O.B. n°1Ter/2010, p.231
45
En revanche, l'article 72 du Décretprécité
prévoit qu' « en cas d'irrégularités graves et
manifeste ou de faits et actes préjudiciables aux intérêts
de l'organisme contrôlé, l'Inspecteur de l'Etat, dans le
butd'assurer la sauvegarde des biens publics, est habilitéà
prendre ou à faire prendre des mesures conservatoires requises à
l'exclusion de toutesmesuresprivatives ou restrictivesdes libertés des
personnes en cause.
Cependant, pour ces dernières, l'Inspecteur
Général de l'Etat transmet immédiatement un rapport
circonstancié au Ministère Public pour action ».
De la Cour des Comptes
La Cour des Comptes, une institution rattachée à
l'Assemblée Nationale, a été créée par la
Loi du 31 mars 200462. L'article 2 dela même loi,
confère à cette dernièretrois principales missions,
à savoir, celle de contrôle, celle d'information et, anciennement,
celle juridictionnelle.
Il importe de signaler, à toutes fins utiles,
qu'avant2004, la Cour des comptes dont l'histoire date déjà de
1962, a existé comme une juridiction. En effet, l'art 8 du Décret
loi n°1/2 du 31 janvier 1989 portant création, organisation et
compétence de cette Cour des Comptesindiquait que cette dernière
était juge d'exception de certaines infractions pénales commises
par les agents ou mandataires publics au préjudice des personnes
publiques et veillait à l'application des lois spéciales
relatives aux incompatibilitésattachées aux fonctions des agents
ou mandataires publics et à la justification de l'origine licite de
leurs biens.
S'agissant du contrôle, la Cour des Comptes s'acquitte de
sa mission à trois niveaux.Le premier concerne le contrôle
financier par lequel la Cour des Comptes vérifie l'exactitude, la
fiabilité et l'exhaustivité des états financiers en
s'assurant de la conformité des opérations comptables à la
réglementation sur la comptabilité publique.
62 Loi n°1/002 du 31 mars 2004 portant
création, missions, organisation et fonctionnement de la Cour des
Comptes, in B.O.B. n°3 Bis/2004, p.251
46
L'autre niveau de contrôle s'occupe de la
légalité et s'exerce sur les recettes et les dépenses
publiques. Il permet à la Cour des comptes de vérifier leur
conformité à la loi budgétaire et de s'assurer de
l'application correcte des règles de droit dont ressortent les
opérations contrôlées.
Quant au dernier niveau de contrôle qui concerne le bon
emploi des deniers publics, sa nature est définie par
référence aux concepts d'économie, d'efficacité et
d'efficience en déterminant les ressources mises en oeuvre, leur
utilisation optimale et les résultats obtenus.
La seconde mission est celle d'information.Elle consiste pour la
Cour des Comptes à communiquer le résultat de ses missions de
contrôle à l'Assemblée Nationale.
Elle communique à l'Assemblée Nationale tout
engagement, ordonnancement ou paiement des dépenses faits au delà
ou en dehors des crédits prévus aux budgets. Dans ce même
cadre, la Cour des Comptestransmet à l'Assemblée Nationale
préalablement au vote, ses commentaires à propos de tous les
projets de budgets qui sont soumis au suffrage.
Aux termes de la loi créant la Cour des Comptes
précitée63, cette Cour était investie d'une
mission juridictionnelle à l'égard des ordonnateurs et des
comptables publics. Outre que le caractère juridictionnel de cette
mission la plaçait hors cadre des mécanismes non juridictionnels
sous examen, il ressort de notre recherche que cette mission a
été déniée à la Cour des Comptes pour cause
d'inconstitutionnalité par l'arrêt RCCB 160-161 que la Cour
Constitutionnellea rendu en date du 2 mars 2006.
En effet, l'article 178 de la Constitution précise que la
Cour des Comptes dépend de l'Assemblée Nationale.Elle est donc du
ressort du Pouvoir Législatif qui se distingue du Pouvoir Judiciaire. La
Cour Constitutionnelle a déclaréanticonstitutionnels les
articles
63 Article 2; litera c de la loi n 1/ 002 du 31 mars
2004 portant création, missions, organisation et fonctionnement de la
Cour des Comptes
47
2c,32,et 35de la loi du 31 mars2004, qui conféraient une
mission juridictionnelle à la Cour des comptes,car contraire à
l'article 178 de la Constitution64.
Bref, il nous semble que la Cour des Comptes n'a rien d'une Cour
sauf de nom, car il n'est qu'un instrument du Pouvoir Législatif.
Des Mécanismes non Juridictionnels Privés
Ces mécanismes sont essentiellement constitués par
les organisations et réseaux de la Société Civile.
Même si la notion de Société Civile reste
controversée parce qu'à ce jour il n'y a pas d'unanimité
sur sa définition appropriée, on s'accorde à penser
qu'elle comprend les organisations, structures et réseaux qui, tout en
opérant à l'écart des pouvoirs législatif,
exécutif et judiciaire, communiquent avec eux de multiples
façons.Autrement dit, la société civile est
composée des organisations et réseaux qui opèrent en
dehors de l'appareil de l'Etat.
Les caractéristiques majeures des organisations de la
Société Civile sont l'indépendance, l'autonomie, la
démarche non partisane et une ligne d'action axée sur la
citoyenneté65.
L'action de la Société Civile participe à la
promotion d'une citoyenneté active exigeante et réceptive au
plaidoyer contre la corruption et ses infractions connexes.Elle doit
entreprendre une action de sensibilisation favorisant une meilleure
gouvernance.
La Société Civile doit développer sa
capacité à amener les populations à s'approprier
activement le plaidoyer contre la corruption et ses infractions connexes.En
effet, il lui revient d'exercer une fonction de veille et d'alerte pour
provoquer le
64 La Cour des Comptes présente au Parlement un
rapport sur la régularité du compte général de
l'Etat et confirme si les fonds ont été utilisés
conformément aux procédures établies et au budget
approuvé par le Parlement. Elle donne copie dudit rapport au
Gouvernement
65 Transparency International,Combattre la
corruption: enjeux et perspectives, Ed. Karthala, Paris, p.186
48
développement d'un reflexe contre la corruption et ses
infractions connexes chez les citoyens qui en sont les principales
victimes66.
En ce qui concerne la Société Civile burundaise,
seules quelques organisations s'intéressent à la lutte contre
lacorruption et ses infractions connexes. Il s'agit, entre autres, du PARCEMet
de l'OLUCOME.Au regard de leurs statuts, certains de leurs objectifs sont en
dehors du cadre des Associations Sans But Lucratif. En effet, et à titre
d'exemple, certains engagements pris par l'OLUCOME à l'article 4 de ses
statuts semblent plutôt digne d'un Gouvernement ou tout au moins d'un
parti politique.A titre d'illustration, l'OLUCOME s'engageà «
promouvoir la mise sur pied d'une magistrature indépendante et
compétente dévouée à faire respecter l'Etat de
droit ».Ce type d'engagement est manifestement hors portée d'une
simple association car un domaine aussi régalien que la justice ou la
magistrature ne doit sa promotion ou sa mise sur pied qu'aux détenteurs
du pouvoir politique réel.Cet engagement peut aussi émaner d'un
parti politique qui en ferait la réalisation une fois élu pour
gérer les affaires du pays.
Selon Transparency International, la société civile
devait participer à la promotion d'une citoyenneté active,
exigeante et réceptive au plaidoyer contre la corruption, entreprendre
une action de sensibilisation favorisant une meilleure gouvernance, exercer une
fonction de veille et d'alerte pour développer un reflexe contre la
corruption chez les citoyens qui en sont victimes67.
L'inefficacité de certainesassociations de la
société civile burundaiseen matière de lutte contre les
malversations économiques résulte essentiellement de la mauvaise
définition de leurs objectifs ainsi que la mise en oeuvre qu'elles en
font.
Le rôle des mécanismes non juridictionnels est
essentiellement la prévention de la corruption et sesinfractions
connexes. Leur apport laisse à désirer au regard de leurs faibles
performances actuelles. Cependant en vue d'assurer une bonne répression
de toutes ces
66 Transparency International,Combattre la
corruption: enjeux et perspectives, Ed. Karthala, Paris, pp.186-189
67 Transparency International, op.cit.,
p.189
49
infractions, le législateur burundais a mis en place tout
un arsenal juridique chargé de leur répression.
Des Mécanismes Juridictionnels
La répression de l'infraction d'enrichissement illicite
est confiée à la Cour Anticorruption. Dans cette mission,
interviennent également le Parquet Général Près la
Cour Anti-corruption et la Brigade Spéciale Anti-corruption.
De la Brigade Spéciale
Anti-corruption
Créée par la loi du 28 décembre
200668, la Brigade Spéciale Anti-corruption est une
véritable Police Judiciaire en vertu de l'article 1 de ladite loi.Elle
exerce ces missions de police judiciaire en matière de corruption et de
ses infractions connexes telles que reconnues par la loi du 18 avril
200669.
Une autorité de police
La loi n° 1/37 du 28décembre 2006 octroie les
pouvoirs d'OPJ aux officiers de la Brigade Spéciale Anti-corruption. A
ce titre, ils ont les compétences de constater l'infraction
d'enrichissement illicite, d'en rassembler les indices, d'en rechercher
l'auteur, le cas échéant à procéder à la
garde à vue conformément au Code de Procédure
Pénale.
Les pouvoirs de l'officier de la Brigade Spéciale
Anti-corruption sont précisés aux articles 7,8, 9 et 10 de la loi
n°1/12 du 18 avril 2006 portant mesures de prévention et de
répression de la corruption et des infractions connexes.
Par ailleurs, cette loi lui a conféré trois
missions. La première consiste à exploiter les doléances
ou plaintes relatives aux faits soupçonnés de corruption ou
d'infractions connexes.La seconde est de saisir le Ministère public
à l'issue de ses investigations, des
68 Loi n°1/37 du 28 décembre 2006 portant
création, organisation et fonctionnement de la Brigade Spéciale
Anti-corruption, in B.O.B., 2006, n° 12 69Loin°1/12
du 18 avril 2006, portant mesures de prévention et de répression
de la corruption et des infractions connexes, in B.O.B.,
n° 4/06
50
faits susceptibles de constituer la corruption ou ses infractions
connexes. La dernière, quant à elle, consiste à
coopérer avec les organismes nationaux, étrangers et
internationaux de lutte contre la corruption et des infractions connexes.
Dénonciation auprès de la Brigade Spéciale
Anti-corruption
D'aprèsl'article 69dela Constitutionde la
République du Burundi70, les biens publics sont sacrés
et inviolables. Chacun est tenu de les respecter scrupuleusement et de les
protéger.Elle appelle ainsi, tout Burundais à défendre le
patrimoine de la nation.
Chaque citoyen burundais a le devoir civique de dénoncer
les actes qui portent préjudice au patrimoine de l'Etat. Au delà
du devoir civique, la loi prévoit une récompense
àquiconque aura contribué à la dénonciation des
infractions de corruptions et ses infractions connexes dont l'enrichissement
illicite71.
Par ailleurs,l'article 12 de la loi n°1/12 du 18 avril 2006
portant mesures de prévention et de répression de la corruption
et des infractions connexes, prévoit quependant l'enquête,
l'instruction et le procès, l'autorité compétente saisie
des infractions par la présente loi, doit prendre toutes les mesures
nécessaires pour assurer la protection des personnes qui ont
porté une aide quelconque ou qui ont collaboré avec les
autorités compétentes pour faire des investigations ou engager
des poursuites et les témoins à chargeou
àdécharge72.
Néanmoins, toute personne qui aura fait de fausses
déclarations écrites ou verbales ou ne reflétant pas la
vérité par rapportaux infractions prévues par la loi du 18
avril 2006,
70Loi n°1/ 010 du 18 mars 2005 portant
promulgation de la Constitution de la République du Burundi, art.69
71Loi n°1/12 du 18 avril 2006, portant mesures de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes, in B.O.B., n° 4/06. D'après cet article,
les primes prévues pour toute personne ayant dénoncé les
actes de corruption sont de l'ordre de 1/5 de la valeur des biens
confisqués de l'auteur de l'infraction et cent mille à trois cent
mille francs sont payés par le condamné au cas où
l'infraction dénoncé n'a pas entrainé la confiscation des
biens
72 Loi n°1/12 du 18 avril 2006 portant mesures
de prévention et de répression de la corruption et des
infractions connexes,art.12
51
sera punie d'une servitude pénale de cinq à dix ans
et d'une amende de cinq cent mille à un million de francs burundais.
Le législateur burundais, en octroyant une prime à
la personne ayant dénoncé l'infraction de corruption ou ses
infractions connexes, a encouragé les citoyens à la
responsabilité civique. Mais ce qu'il a donné par la main
gauchel'a récupéré par la main droite, au regard des
sanctions prévues en cas de fausses déclarations. Certes, les
fausses déclarations constituent une infraction, mais tout en
reconnaissant que les actes de corruption et des infractions connexes, et plus
particulièrement l'enrichissement illicite sont des faits qui se
commettent à l'abri des regards, la preuve estdifficile à
apporter par la personne ayant eu l'audace de les dénoncer.
L'apport de la Brigade Spéciale Anti-corruption dans la
lutte contre la corruption et ses infractions connexes reste minime car la
compétence personnelle de certains de ses agents ne colle pas avec les
missions spéciales confiées à cette institution. Il nous
semble en effet, qu'avant d'être un policier spécial, il faudrait
d'abord être un policier.
Du Parquet Général Près la Cour
Anti-corruption : une autorité d'instruction
et de poursuite
En matière de corruption, les diligences du
Ministère Public sont faites par le Parquet Général
Près la CourAnti-Corruption conformément aux dispositions de la
loi du 18 avril2006portant mesures de prévention et de répression
de la corruption et des infractions connexes73.Ce Parquet
Général Près la Couranti-corruption, supervisé par
le Procureur Général de la République, a pour mission de
rechercher à charge des personnes qui ne bénéficient pas
du privilège de juridiction prévues par les article 32 de la loi
régissant la Cour Suprême et 28 de cette même loi, les
infraction de corruptions et les infractions connexes à la corruption,
reçoit les dénonciations y relatives, fait tous les actes
73 Loi n°1/12 du 18 avril 2006 portant mesures de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes, art.24
52
d'instruction et saisit la Cour Anti-Corruption lorsqu'il ne
décide pas du classement sans
suite.
Pour les personnes qui bénéficient du
privilège de juridiction prévues par les articles cités au
précédent paragraphe, le Parquet Général de la
République se substitue au Parquet Général près la
Cour Anti-Corruption.
De la Cour Anti-corruption
Créée par la loi no1/36 du 13
décembre 2006 portant création de la cour anti corruption, la
Cour Anti-corruption est composée d'un Président, d'un
Vice-Président et d'autant de conseillers et de greffiers que de
besoin.Cette organisation est précisée à l'article 15 de
la loi du 18 avril 2006 précitée.
D'après l'article 22 de la loi no1 /12 du 18
avril portant mesures de prévention et de répression de la
corruption et des infractions connexes, la Cour Anti-corruption est seule
compétente pour connaitre des infractions de corruption et des
infractions connexes à la corruption.
Il est à noter que, d'aprèsl'article 23 de la loi
précitée, les arrêts rendus par la Cour anti-corruption
sont susceptibles d'opposition, d'appel devant la chambre judiciaire de la Cour
Suprême et de cassation devant la Cour Suprême siégeant
toutes chambres réunies.Ils sont susceptibles de révision
conformément à l'article 43 de la loi régissant la Cour
Suprême.
Saisine de la Cour
Le Procureur Général Près la Cour
Anti-corruption, une fois qu'il a rassemblé tous les
éléments, saisit la Cour anti-corruption. Dans le cas
d'infraction d'enrichissement illicite, les éléments de preuve ne
sont pas assez faciles à établir d'où se pose la question
de la charge de preuve.
53
L'établissement des éléments constitutifs de
l'infraction d'enrichissement illicite :
En général,le ministère publicconduit une
action publique au nom de l'intérêt général. En cas
d'une infraction qui a été commise contre la
société, l'Officier du Ministère Public saisit la Cour
pour que le préjudice qu'a subi la société soit
réparé et que l'auteur soit sanctionné.
Le Ministère Public doit donc rassembler tous les
éléments constitutifs de l'infraction qu'il croit susceptibles
d'emporter l'intime conviction du juge.
L'élément légal :
Conformément au principe de la légalité des
délits et des peines, l'enrichissement illicite est prévu par une
loi spéciale de lutte contre la corruption, loi n° 01/12 du 18
avril 2006, en son article 58 et le code pénal burundais en son article
438. En effet, ces deux articles disposent que«Est punie d'une servitude
pénale de trois ans à cinq ans et d'une amende portée du
simple jusqu'au double de la valeur du bien, toute personne dépositaire
de l'autorité publique, chargée d'une mission de service public
ou investie d'un mandat public électif, dont l'origine illicite a
été établie par une décision judiciaire ».De
ces dispositions, voyons les éléments matériels de
l'infraction d'enrichissement illicite.
Les éléments matériels :
Le plus souvent, les éléments matériels ne
sont pas difficiles à rassembler. Dans le cas de l'infraction
d'enrichissement illicite, l'élément matériel sera
constitué par les biens que leprévenu aura, qui sont visibles et
physiquement identifiables pouvant émaner desfaits de corruption, de
concussion, .... brefdes actes posés.
L'élémentmoral :
Le plus souvent c'est l'élément moral qui est
difficile à prouver. L'exception est faiteen matière
d'enrichissement illicite. En tant que « homo economicus », l'agent
public qui s'est enrichi illicitement savait très bien ce qu'il attend.
A ce niveau on peut présumer
54
son intention morale en commettant l'infraction. Ainsi, « la
seule constatationde la violation en connaissance de cause d'une prescription
légaleou réglementaire implique de la part de son auteur
l'intention coupable exigée de l'article 121-3 du code pénal
français »74.
Les peines :
Le législateur burundais a prévu des peines contre
toute personne coupable d'enrichissement illicite.
Des peines peu sévères :
Etre reconnu coupable d'enrichissement illicite estpuni par le
législateur burundais. La loi du 18 avril 2006 prévoit une
servitude pénale de trois à cinq ans et d'une amendeportée
du simple au double de la valeur du bien75.
Notons que les peines prévues pour les actes
d'enrichissement illicite sont moins dures que les peines prévues pour
les autres infractions à caractère économique
énoncées précédemment qui conduisent à
l'enrichissement illicite.
Faut-il souligner, à toutes fins utiles, que le
législateur burundais n'a pas prévu des sanctions à
l'encontre des personnalités devant faire les déclarations de
leur patrimoine qui omettraient de le faire ou qui feraient volontairement de
fausses déclarations de biens. On pourrait se demander s'il s'agit d'une
simple omission ou d'une volonté délibérée.
Des peines complémentaires :
Outre la peine de servitude pénale et d'amende, le
législateur burundais a prévu d'autres peines
complémentaires. Le code pénal du 22 avril 2009 prévoit la
confiscation des biens, l'interdiction définitive du territoire
burundais pour une durée déterminée qui ne peut être
inférieure à cinq ans pour tout étranger ; l'interdiction
pour une durée de dix ans
74 Cass. Cri., 11 janv. 1996, Bull. crim, n°19,
repris par LEROY, J., op.cit, p.220
75 Loi n°1/12 du 18 avril 2006 portant mesures de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes, in BOB, 4/06, art.58
55
au plus, d'exercer une fonction publique ou d'exercer la fonction
professionnelle ou sociale dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice
de laquelle l'infraction a été commise ; l'interdiction de droits
civiques, civils, politiques et de famille tels qu'ils sont
déterminés par la loi ;l'affichage ou la diffusion de la
décision prononcée76.
S'il s'agit des personnes morales, ces dernières peuvent
encourir des peines complémentaires allant de la confiscation
spéciale à l'interdiction pour une durée de cinq ans au
maximum : d'exercer directement ou indirectement l'activité
professionnelle ou sociale dans laquelle ou à l'occasion de l'exercice
de laquelle l'infraction a été commise ; la fermeture des
établissements de l'entreprise ayant servi à commettre les faits
incriminés; exclusion des marchés publics ; l'affichage ou la
diffusion de la décision prononcée77.
Par ailleurs, le législateur burundais est allé
plus loin en refusant la faveur aux condamnés pour l'infraction
d'enrichissement illicite de bénéficier, ni de la grâce, ni
de l'amnistie, ni de la grâce amnistiante aussi longtemps qu'ils n'auront
pas exécuté les réparations civiles prononcées par
la juridiction de jugement78.
L'article 438 du code pénal du Burundi reprend
intégralement les peines prévues par la loi n°1/12 du 18
avril 2006 portant mesures de prévention et de répression de la
corruption et des infractions connexes mais la formulation a changé au
niveau des sous titres. La loi prévoyait des « peines accessoires
». Le code pénal les a repris sous l'appellation « peines
complémentaires ».
Exécution du jugement :
De par la loi du 18 avril 2006, la Cour Anti-Corruption est seule
compétente pour connaître l'infraction d'enrichissement
illicite.
76 Loi n°1/05 du 22 avril 2009 portant
révision du code pénal du Burundi, art.443
77 Loi n°1/05 du 22 avril 2009 portant
révision du code pénal du Burundi, art.444
78 Loi n°1/05 du 22 avril 2009 portant
révision du code pénal du Burundi, art.445
56
Après l'exercice de toutes les voies de recours
prévues par la législation burundaise, la décision de la
cour acquiert l'autoritéde la chose jugée et la force
exécutoire. Ainsi la décision peut être
exécutée par voie de contrainte.
Le Ministère Public Près la Cour Anti-Corruption
poursuit l'exécution desdécisions de la cour conformément
à l'article 133 du Code de l'Organisationet de la Compétence
Judiciaires79.
Les Limites à la Poursuite pour Enrichissement
Illicite
Il existe des catégories de personnes qui, de par leur
position statutaire, sont les plus exposés à l'infraction de
corruption et ses infractions connexes pouvant conduire à
l'enrichissement illicite. Conformément à l'article 32 de la loi
régissant la Cour suprême, certaines personnalités
jouissent de privilèges de juridiction, ne pouvant être
poursuivies que par le Parquet Général en cas d'infraction. Par
ailleurs, le prévenu pour enrichissement illicite ne sera poursuivi
qu'après qu'une décision judiciaire ait été
établie préalablement.
Les éléments qui suivent peuvent constituer des
limites à la poursuite des personnes accusées d'enrichissement
illicite.
Limites émanant de la Loi du 18 avril 2006
Comme nous l'avons vu, c'est laloi n° 1/12 du 18 avril2006
et le code pénal burundais du 22 avril 2009qui définissent
l'infraction d'enrichissement illicite. Au fond, cette loi fait ressortir deux
limites à la poursuite pour délit d'enrichissement illicite.
Les Personnes Susceptibles d'être poursuivies
pour Enrichissement Illicite
La loi du 18 avril 2006et le code pénal de la
République du Burundi du 22 avril 2009 envisagent de poursuivre trois
catégories de personnes pour enrichissement illicite : il
79 Loin°1/12 du 18 avril 2006 portant mesures de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes, in B.O.B., n° 4/06
57
s'agitdetoute personne dépositaire de l'autorité
publique, toute personne chargée d'une mission de service public et
toute personne investie d'un mandat public électif.
Il s'agit des personnesà qui la communauté a
délégué des pouvoirs en son nom. Ainsi, cette loi
déroge au caractère généralde la loi.
Il est à noter que dans la loiburundaise, l'infraction se
limite seulement à ces personnes énumérées ci-haut
et exclut toute autre personne. Quiconquene figurant pas dans ces
catégories ne pourraêtre poursuivi pour enrichissement illicite
même si les autres éléments constitutifs de cette
infraction seront réunies.
Faut-ilremarquer, néanmoins, qu'en vertu de l'application
stricte de la loi pénale, la qualité doit être
présente au moment de la commission de l'infraction. Ainsi, la poursuite
pour enrichissement illicite reste applicable même après la
démission, le licenciement, la mise à la retraite
oul'achèvement de mission.
Comme il a été souligné ci haut, la loi du
18 avril 2006 innove en ce qu'elle introduit une clause exigeant au mandataire
public de faire une déclaration de leur patrimoine en début et en
fin de mandat. Nonobstant son caractère révolutionnaire, la
portée juridique de la « clause déclaratoire » est
limitée. En effet, celle ci ne prévoit pas de sanction au cas
où un mandataire public concerné se dérobait à le
faire.
La Condition Préalable d'une Décision
Judiciaire
Tout procès pénal est guidé par les
principes assurant les droits de la personne poursuivie et de la victime d'une
infraction. Dans le cas de l'infraction d'enrichissement illicite, le
prévenu est celui qui aacquis une richesse et qui n'est pas en mesure
d'en justifier l'origine licite. La loi burundaise pose une condition
préalable pour qu'une personne soit poursuivie sous le chef
d'enrichissement illicite. « Il faut qu'une décision judiciaire ait
été préalablement rendue ».Pour comprendre la
portéede cette condition, il nous semble utile d'analyser certains
principes qui gouvernent la procédure pénale.
58
La charge de la preuve
En matière pénale, la preuve consiste à
établir aussi bien l'existence d'un fait dans les formes
légalement admises que son imputation à une personne. La
condition de production de la preuve est régie par trois principes :
Le premier est énoncé selon l'adage actori
incombit probatio, la charge de la preuve incombe au demandeur. En vertu
du principe de la présomption d'innocence, le ministère public
doit « établir tous les éléments constitutifs de
l'infraction et l'absence de tous les élémentssusceptibles de la
faire disparaître »80 ; De ce principe, on déduit
un deuxième reus in excipiendo fit actor,qui met dans certaines
circonstances le défendeur en position de demandeurlorsqu'il excipe de
certains moyens de défense81 ;
Le deuxième principe vient atténuerle premier. En
effet,lorsque le défendeur invoque un fait justificatif, de nature
à effacerl'infraction, ou une cause de non imputabilité,
susceptible d'écarter sa responsabilité, c'est à lui qu'il
appartient d'en faire la démonstration ;
Le troisième principe est exprimé par l'adage
in dubio pro reo. Cette règle le dispense d'établir son
innocence par des preuves complètes, il suffirait qu'il crée un
doute suffisant qui empêche le juge de parvenir à une certitude de
culpabilité82. En matière d'enrichissement illicite,
le Ministère Public ne dispose pas souvent des
preuves suffisantes pour établir la culpabilité de
la personne mise en cause. Mais ce qui
reste constant est son immense richesse et son train de viequi
sont en déphasage total avec
le niveau de rémunération légale de la
personne accusée.
En droit burundais, le délit d'enrichissement illicite, en
raison de sa spécificité, obéit à un régime
dérogatoire au droit commun en matière pénale. Cette
précision est de
80 Crim., 24 mars 1949, Bull. crim,n°144
81 BUISSON J., Preuve, Recueil, Rép.
Pén. Dalloz, Paris, 1999, pp.2 et 3 ; cité dans RAFOLISY P.Y.N.,
op.cit., p.274
82 MERLE R. et VITU A., op.cit., p.154
59
taille car le délit d'enrichissement illicite, bien que
prévu dans le code pénal, est aussi prévu par une loi
spéciale, loi n°1/12 du 18 avril 2006.
Il revient ainsi à la personne, présumée
avoir acquis un bienqu'elle n'est pas en mesure de justifier de produire la
preuve de l'origine licite.
La dilution du principe d'administration de la preuve
La disposition de la loi du 18 avril 2006 et le code pénal
burundais, semblent dérogeraux deux premiersprincipesd'administration de
la preuve en matière d'enrichissement illicite.
En effet, d'après cette disposition, pour être
poursuivi pour enrichissement illicite, il faut qu'il y ait eu
préalablement une décision judiciaire qui établit
l'origine illicite du bien. La portée des deux premiers principes en
matière d'administration de la preuve devant le juge tombe à
l'eau. Le Ministère Publicn'aura pas besoin de produire de preuves autre
que la décision judiciaire déjà établie. Le juge
pénal ne fera que constater la décision judiciaire qui
établit l'origine illicite des biens avant de prononcer son jugement.
A notre avis, en conditionnant la sanction de l'enrichissement
illicite par une décision judiciaire préalable, le
législateur burundais serait parti du raisonnement selon lequel l'acte
d'enrichissement illicite est une conséquenced'autres infractions.
Ilaurait considéré que pour être poursuivi, il faut avoir
été condamné sous le chef d'une autre infraction à
caractère économique. L'enrichissement illicitedevient par le
coup une infraction en concours idéalavec la première.
La question qu'on pourrait se poser est l'autorité des
décisions des juridictions de jugement. En principe, une décision
de la Cour qui ne fait pas objet d'appel ou qui est rendue par la
dernière instance,acquiert l'autorité de la chose jugée.
Cette autorité « entraine l'impossibilitéde poursuivre
à nouveau pour les même faits, la personne qui,
60
pour ces faits, a déjà fait objet d'une
décision irrévocable de condamnation, d'exemption de peine,
d'acquittement ou de relaxe (non bis in idem) »83.
A cette préoccupation, Bernard Bouloc, citant la
jurisprudence française,donne un élément de
réponse. En effet, selon cet auteur, «un même fait ne peut
donner lieu à deux actions pénales distinctes
»84.« Un même fait autrement qualifié ne peut
pas entrainer une double déclaration de culpabilité
»85.
La doctrine va dans le même sens, «dès lors
qu'une juridiction s'était prononcée sur un fait matériel
donné, elle l'avait par la même occasionenvisagé sous
toutes les qualifications dont il était susceptibles
»86.
Toutes ces théories, aussi bien doctrinales que
légales, à les supposer connues par le législateur
burundais, auraient servi de motif suffisant pour ne pas conditionner les
poursuites pour enrichissement illicite à une décision judiciaire
préalable. Cette condition a pour effet de rendre les poursuites
purement et simplement impossibles.
Au cours de notre recherche, par ailleurs, il nous est apparu que
le projet de ladite loi transmis par le Gouvernement à
l'Assemblée Nationale, en son article 24, était
rédigé de manière à ne pas entraver les poursuites
pour enrichissement illicite.En plus, il était plus conforme à la
Convention des Nations Unies contre la corruption. Selon ce projet de loi
«l'enrichissement illicite est puni d'une servitude pénale de trois
à cinq ans et d'une amende portéeau double jusqu'à dix
fois la valeur du bien dont il n'est pas à mesure de justifier l'origine
licité, toute personne dépositaire de l'autorité publique,
chargée d'une mission de service publique ou investie d'un mandat
électif public ou toute autre personne qui se sera enrichie sans pouvoir
prouver que cet enrichissement est juste et légal ».Il apparait que
ce projet de loi était plus conforme à la Convention des Nations
Unies contre
83 BOULOC B., Procédure pénale,
23ème éd., Dalloz, Paris, 2012, p.1021
84Idem, p.1025, citant les jurisprudences, Crim. 9 mai
1961, JCP 1961.II.12223 85Ibidem, citant Crim. 3 mars
1966, Bull.1966, n°79, p.172
86 BOULOC B., op.cit, p.1024
61
la corruption et la Convention de l'Union africaine sur la
prévention et la lutte contre la corruption.
En définitive, la véritable raison de cet
état des faits ne pourrait être révélée que
par le législateur burundais lui-même.
Limites liées au Privilège de Juridiction
Le privilège de juridiction se définit comme
étant un droit, en faveur de certains dignitaires, magistrats ou
fonctionnaires, d'être jugés, pour les infractions à la loi
pénale qui leur sont reprochées, par une juridiction à
laquelle la loi attribue exceptionnellement la compétence87.
Or, la seule juridiction habilitéeà connaitre l'infraction
d'enrichissement illicite est la Cour anti corruption88.
Cependant, force est de constater quela Cour Anti-corruption ne
peut pas juger les personnes ayant le privilège de juridiction
puisqu'elles doivent être jugées parla Cour Suprême. Ceci
constitue une limite importante dansla mesure où la personne suspecte de
s'être enrichie illégalement ne pourra pas se voir
déférée devant un juge qui n'a pas de compétence
personnelle de la poursuivre. Ainsi, il y a des personnalités qui ne
seront jamais poursuivies pour enrichissement illicite.
L'Exclusion des Auteurs privés pour Enrichissement
Illicite
Ni la loi n °1/12 du 18 avril 2006portant mesures de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes, ni la loi n 1/05 du 22 avril 2009 portant révision du Code
pénal, aucun de ces textes ne poursuit les personnes privées pour
enrichissement illicite.
Cela constitue une lacune dans la mesure où des personnes
privées peuvent bénéficier des avantages indus et
s'enrichir illicitement souvent au détriment du Trésor
87 CORNU G., Vocabulaire des termes juridique,
8ème édition, PUF, Paris, 2010, p.529
88Loi n°1/12 du 18 avril 2006portant mesures de
prévention et de répression de la corruption et des infractions
connexes, in B.O.B., n° 4/06
89 Art.19,loi n°1/ 010 du 18 mars 2005 portant
promulgation de la Constitution de la République du Burundi
62
Public ou de l'utilité publique. Partons par exemple d'un
particulier qui se rendrait coupable de la fraude fiscale à grande
échelle.
Cettelacune aurait étécomblée parle
législateur burundais en s'inspirant de l'article 1er de la Convention
de l'Union Africaine pour la Prévention et la Lutte Contre la
Corruptionqui considère quel'infraction d'enrichissementillicite peut
être commise par « toute personne ».
En droit international se pose souvent la question d'ordre
juridiqueinterne à adopter par les Etats Parties aux traités. La
question est d'autant plus pertinente qu'elle se pose dans le cas de
l'application de la Convention de l'Union Africaine sur la Prévention et
la Lutte Contre la Corruption.
En effet, en son article 1989, la Constitution de la
République du Burundi reconnaitcertains textes internationaux comme
faisant partie intégrante de la Constitution du Burundi. Cet état
de fait confère au Burundi le statut d'un Etat moniste. Pourtant, dans
la pratique il se comporte comme un Etat dualiste.
Ceci se justifie par le fait que les textes ratifiés par
le Burundi doivent faire objet d'une transposition qui n'est pas, souvent,
intégrale. L'intérêt de cette analyse se trouve au niveau
de la volonté du législateur d'avoir ignoré
l'intégration de la définition de l'infraction de
l'enrichissement illicitetelle que prévue par la Convention de l'Union
Africaine sur la Prévention et la Lutte Contre la Corruption.
C'est ainsi qu'à ce jour, le droit positif burundais ne
réprime pas l'enrichissement illicite commis par des particuliers ou des
personnes dépourvu de mandat public ouagissant à titre
privée.
63
La Confiscation d'avoirs sans Condamnation,Moyens
Efficaces de prévenir
l'Enrichissement Illicite
La confiscation des avoirs sans condamnation est un moyen
efficace d'aider l'Etat à rentrer dans ses droits et de
récupérer les biens volés par les agents publics sans
moralité. Cela se trouve d'ailleurs encouragé par la Convention
des Nations Unies contre la Corruption qui en son article 54.b demande à
tous les Etats-Parties de « d'envisager prendre les mesures
nécessaires pour permettre à la confiscation de tels biens en
l'absence de condamnation pénale lorsque l'auteur de l'infraction ne
peut être poursuivi pour cause de décès, de fuite ou
d'absence ou dans d'autres cas appropriés »90.
Ce procédé est d'autant plus important que le vol
d'avoirs publics est un problème qui hantent les pays en voie de
développement surtout lorsque ces avoirs ont été
transférés à l'étranger.
En effet, les pays en voie de développement en
général et le Burundi en particulier se heurtent à de
sérieux obstacles liés à l'absence de la loi sur la
confiscation d'avoirssans condamnation, de moyens d'investigation, de pouvoir
judiciaire et de ressources financiers inadéquats (....). Le cas
où le suspect est décédé, en fuite, ou
bénéficiant d'une immunité officielle empêchant
toute enquête ou poursuite judiciaires sont de nature à compliquer
cette procédure de restitution des avoirs volés91.
Dans le cas de l'infraction d'enrichissement illicite, la
confiscation des avoirs sans condamnation serait un puissant moyen de
dissuasion pour ceux qui cherchent à s'enrichir par des moyens
malhonnêtes. Ainsi, l'exemple de la Colombie pourrait servir de
modèle pour beaucoup de pays à recouvrer les avoirs
volés.
En effet, le juge est saisi, lorsqu'il y a eu une augmentation
injustifiée des biens personnels à tout moment, et qu'aucune
explication sur l'origine licite de celle-ci n'a été
90 Article 54.b de la convention des Nations Unies
Contre la corruption
91THEODOREG. ; WINGATE G. et LARISSA Gr.,Biens Mal
Acquis. Un guide des bonnes pratiques en matière de confiscation
d'actifs sans condamnation, Library of congress, World Bank/StAR,
Washington DC,2009, p.25
64
fourni ou lorsque l'origine légale de la
propriété réclamée au cours du procès ne
peut être démontrée.
En ce qui concerne la protection du droit de
propriété, la Cour Constitutionnelle Colombienne a noté
que la loi ne protège que les droits de ceux qui ont acquis la
propriété par des moyens licites.Ceux qui acquièrent des
biens illégalement ne peuvent réclamer la protection offerte par
le système juridique92.
Cette décision de la Cour Constitutionnelle Colombienne se
trouve d'ailleurs appuyée par l'article 12(7) de la Convention des
Nations Unies contre les Crimes organisées qui dispose que :« les
Etats parties peuvent envisager la possibilité d'exiger qu'un
délinquant établisse l'origine licite du produit
présumé illicite ou des autres biens passibles de confiscation,
dans la mesure où une telle exigence est compatible avec les principes
de leurs droits nationaux et de la nature de toutes procédures
judiciaires et autres ».
Bien que la procédure jusqu'à l'exécution du
jugementen cas d'enrichissement illicite soit établie dans le droit
positif burundais, il apparaît qu'elle ne peut être applicable. Le
dispositif répressif mis en place pour lutter contre la corruption et
ses infractions connexes dont l'enrichissement illicite fait ressortir un bilan
mitigé. Jusqu'à ce jour aucune poursuite n'a été
engagée contre les personnes susceptibles d'avoir commis l'infraction
d'enrichissement illicite tel que prévu par la législation
burundaise.
92Cour Constitonnelle, Sentence C-374-94 Juge Gregorio
HernandezGalindo in THEODORE G. ; WINGATE G. et LARISSA Gr.,Biens Mal
Acquis. Un guide des bonnes pratiques en matière de confiscation
d'actifs sans condamnation, Library of congress, World Bank/StAR,
Washington DC,2009, p.226
53
CHAPITRE III
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Le gros du travail a été effectué
grâce à une recherche documentaire. Nous avons fait recours
à la littérature doctrinale. Les textes internationaux
etnationaux pertinents relatifs à la lutte contre les infractions
à caractère économique nous ont servi à
déterminer la base légale de la répression de l'infraction
d'enrichissement illicite.
Par ailleurs, une méthodologie d'approche et des
définitions des mots-clésadéquats sur la question ont
été adoptées pour combler certaines contraintes de la
recherche sur l'enrichissement illicite.
Afin d'obtenir des réponses à nos questions de
recherche, nous avons élaboré deux types de questionnaires
d'enquête qui ont été distribués aux
différents intervenants dans la lutte contre les infractions à
caractère économique mais également aux agents de
l'Etat.
Au cours de ce chapitre, nous allons décrire les
méthodes d'investigations utilisées au cours de notre recherche.
La répression de l'infraction d'enrichissement illicite en droit
positifburundais étant complexe de par sa nouveauté dans les
incriminations modernes et ses défis par rapport aux principes reconnus
en droit pénal, notamment sur la présomption d'innocence,
l'administration de la preuve, etc.
Ainsi, pour mener à bien notre recherche, nous nous
sommes focalisés sur quatre piliers incontournables pour toute
recherche. Il s'agit de la procédure de la recherche, la population,
l'échantillon et l'instrument de recherche.
Procédure de Recherche
La réalisation du présent travail a
été possible grâce aux sources suivantes :
La revue documentaire et les textes à portée
mondiale et régionale ainsi que nationale. Nous sommes allés
consulter différents ouvrages dans les bibliothèques de
66
l'Université du Burundi, de l'Université Espoir
d'Afrique ainsi qu'au Centre d'Etudes et de Documentation Juridique. La
consultation en ligne de différents sites web nous a été
également de grande utilité.
Et puis, nous avons effectué des visites aux Institutions
de l'Etat chargées de prévenir et de réprimer les
infractions à caractère économique ainsi qu'à
certaines organisations de la Société Civile luttant contre la
corruption et ses infractions connexes.Nous y avons requis les avis, les
opinions et certains documents.Aussi, notre recherche nous a conduit au
Ministère de l'Intérieur pour s'enquérir des objectifs que
se donnentcertaines organisations de la Société Civile en ce qui
concerne la prévention des infractions à caractère
économique.Enfin, nous avons élaboré un questionnaire
destiné à être soumis à notre population.
Population
La question de la répression de l'infraction
d'enrichissement illicite en droit positif burundais étant nouvelle dans
la législation burundaise, elle est encore essentiellement une affaire
des professionnels. C'est pour cela que pour en savoir davantage, nous nous
sommes intéressés, tout au courant de notre recherche, aux femmes
et aux hommes qui sont chargés de la prévention et de la
répression mais aussi aux fonctionnaires et membres des organisations de
la société civile.
Echantillon
L'échantillonnage est un sous-groupe de la population
choisie pour faire une enquête. Il nous a sembléque la population
pouvant être interrogée est très grande et qu'il serait
très difficile d'atteindre tout le monde. C'est pourquoi nous nous
sommes basé sur la technique d'échantillonnage. Grâce
à celle-ci, nous avons établi un échantillon auquel nous
allons administrer notre questionnaire.
67
Ainsi donc, notre échantillon sera constitué de
quarante personnes réparties comme suit : 10 personnes parmi les
officiers du Ministère Public, du Parquet Général
Près la Cour Anti-corruption et du Parquet Général de la
République ;
10 fonctionnaires de la Cour Anti-corruption et de la Cour
Suprême ;
10 personnes choisies parmi les membres de la
Société Civile ;
10 personnes choisies parmi les fonctionnaires de l'Etat.
Instrument de Recherche
Nos instruments de recherche sont les entretiens avec certaines
personnalitéset deux types de questionnaires distribués à
notre population. Plus précisément, le premier type comprend les
questions à dose hautement juridique et il s'adresse aux magistrats.Le
second, qui est essentiellement relatif à la prévention,est
destiné aux acteurs de la Société Civile et aux
fonctionnaires.
Au total, il s'agit dedix neuf questions dont
quinzefermées et quatre ouvertes.Entre cinq et six jours après la
distribution, les questions et les réponses devraient nous être
retournées.
Pour les questions fermées, l'enquêté devra
répondre par oui ou non aux questions lui adressées.
D'après François Singly, les questions ouvertes
sont celles où les personnes interrogées sont libres de
répondre comme elles veulent.D'où, l'enquêté est
libre de s'exprimer et de donner son avis.
CHAPITRE IV
ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
Le butmajeur de cette étude était d'essayer de
réuniret de répondre à certaines questions qui sont
àl'originede l'absence de répressionde l'infraction
d'enrichissementillicite en droit positif burundais.Dans ce chapitre, nous
allons répondre à nos questions de recherche à l'aide des
résultats que nous avons recueillis auprès des
enquêtés.
Rappelons à toutes fins utiles que nos quatre questions de
recherche sont :
Le droit positif burundais réprime-t-il l'infraction
d'enrichissement illicite ?
Les mécanismes de prévention et de
répression de l'infraction d'enrichissement
illicite existent-il en droit positif burundais ?
Si ces mécanismes existent, sont-ils efficaces ?
Quelles sont les limites aux mécanismes de
prévention et de répression ?
Deux instruments de recherche nous ontguidédans la
collecte des données. Il s'agit
de l'entretien et d'un questionnaire. Nous avons
élaboré deux types de questionnaires composés par des
questions ouvertes et celles fermées.
S'agissant des enquêtés, nous avons
sélectionné quatre catégoriesd'enquêtés
à savoir les Juges de la Cour Anti-corruption et ceux de la Cour
Suprême, les Magistrats du Parquet Général Près la
Cour Anti-corruption et ceux du Parquet Général de la
République et nous leur avons soumis un même questionnaire. Le
second type de questionnaires a été adressé à
certains fonctionnaires de l'Etat mais aussi à quelques membres des
Organisations de la Société Civile.
69
Tout enquêteur qui distribue les questionnaires
espère qu'ils lui soientretournéssi non en totalité, en
tout cas en grand nombre.Dans notre cas, la situation est
reflétée par le tableau ci-dessous.
Tableau 1 : Questionnaires distribués par raort
aux Questionnaires
56
retournés
Catégories
|
Questionnaires distribués
|
Questionnaires retournés
|
Pourcentage
(%)
|
Magistrature Assise
|
10
|
8
|
80
|
Magistrature Debout
|
10
|
9
|
90
|
Fonctionnaires de l'Etat
|
10
|
9
|
90
|
Membres des
Organisations de la Société Civile
|
10
|
9
|
90
|
Total
|
40
|
35
|
87 ,5
|
Source : Enquête sur terrain
Sur 10 copies de questionnaires distribués à chaque
catégorie de nos enquêtés, à savoir, les Magistrats
de la Cour Anti-corruption et ceux de la Cour Suprême, les Magistrats du
Parquet Général Près la Cour Anti-corruption et du Parquet
Général de la République, les fonctionnaires de
l'Etatainsi que les membres des Organisations de la Société
Civile, les copies des questionnaires retournées sont à huit pour
la première catégorie et neuf pour chacune des catégories
restantes soit 35 copies de questionnaires retournés sur 40 copies de
questionnaires distribués.
S'agissant des pourcentages, nous avons respectivement 80% et 90%
pour la magistrature assise et pour chacune des autres catégories.Le
pourcentage général est de 87,5%.Ce nombre de ceux qui ont
répondu est suffisamment significatifpour nous permettre de continuer
notre recherche et analyser les données.
70
Question de Recherche n°1
Q1. Le droit positif burundais réprime-t-ill'infraction
d'enrichissement illicite ? En vue d'obtenir la réponse à cette
question de recherche, nous avons élaboré une série de
questions que nous avons soumises aux enquêtés.
Tableau 2 :Réponse à la
Question de savoir si on peut parlerd'EnrichissementIllicite au
Burundi
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
Magistrature Assise
|
2
|
25
|
6
|
75
|
8100
|
|
Magistrature Debout
|
4
|
44,4
|
5
|
55,6
|
9100
|
|
Source : Enquête sur terrain
Dans ce tableau, nousconstatons que deuxMagistrats sur huit de
la Magistrature Assise acceptent que l'enrichissement illicite existe au
Burundi soit 25% tandis que six Magistrats des mêmes juridictions
n'acceptent pas l'enrichissementillicite soit75%.
Quant à la Magistrature Debout, quatre Magistratssur neuf
acceptent que l'enrichissement illicite existe au Burundisoit 44,4%, tandis que
cinq sur neufréfutent l'enrichissement illicite au Burundi soit
55,6%.
Tableau 3 :Réponse à la Question de
savoir si l'Infraction d'Enrichissement Illicite est bien définie dans
le Droit Positif Burundais
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
71
Magistrature Assise
|
2
|
25
|
6
|
75
|
8100
|
Magistrature Debout
|
1
|
11,1
|
8
|
88,9
|
9100
|
Source : Enquête sur terrain
Dans ce tableau, nous constatons que deuxMagistrats de la
Magistrature Assise sur huit soit 25% acceptent que l'infraction
d'enrichissement illicite est bien définie dans le droit positif
burundais tandis que six autres Magistrats des mêmes juridictions
reconnaissent que la même infraction est mal définie soit 75%.
Cependant, un seul Magistrat de la Magistrature Debout, soit
11,1%, constate que l'infraction d'enrichissement illicite est bien
définie sur neufMagistrats des mêmes Parquets, tandis que
huitMagistrats reconnaissent la mauvaise définition de l'infraction
d'enrichissement illicite en droit positif burundais soit 88,9%.
Tableau 4 :Réponseà la Question de savoir
si la Loi Burundaise permet de réprimertoutes les Personnes Susceptibles
de commettrel'Infraction d'EnrichissementIllicite
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
Magistrature Assise
|
3
|
37,5
|
5
|
62,5
|
8100
|
|
Magistrature Debout
|
2
|
22,2
|
7
|
77,8
|
9100
|
|
Source : Enquête sur terrain
Dans ce tableau, on constate que trois Magistrats sur huit de la
Magistrature Assise soit 37,5% confirme que la loi burundaise réprime
toutes les personnes susceptibles de commettre l'infraction d'enrichissement
illicite tandis que six autres Magistrats soit 62,5% des mêmes
juridictions constatent que la loi burundaise ne réprimepas toutes les
personnes susceptibles de commettre l'infraction d'enrichissement illicite.
72
En ce qui concerne la Magistrature Debout, deux Magistrats sur
neuf soit 22,2% constate que la loi burundaise réprime toutes les
personnes susceptibles de commettre l'infraction d'enrichissement illicite au
moment où sept autres Magistrats font remarquer que la loi burundaise ne
réprime pas toutes les personnes susceptibles de commettre l'infraction
d'enrichissement illicite soit 77,8%.
Tableau 5 :Réponse à la Question de savoir
si les Personnes privéespeuventêtre poursuivies pour
l'Enrichissement Illicite en Droit PositifBurundais
Réponses Enquêtés
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés%
|
|
Magistrature Assise
|
0
|
0
|
8
|
100
|
8100
|
|
Magistrature Debout
|
1
|
11,2
|
8
|
88,8
|
9100
|
|
Source : Enquête sur terrain
Dans ce tableau, nous remarquons que tous les Magistrats de la
Magistrature Assiseaffirment que les personnes privées ne peuvent pas
être poursuivies pourl'enrichissement illicite en droit positif burundais
soit 100%.
Quant à la Magistrature Debout, un Magistrat remarque que
les personnes privées peuvent être poursuivies pour
l'enrichissement illicite en droit positif burundaise soit 11,2% au moment
où pour les huit autres Magistrats, les personnes privées ne
peuvent pas être poursuivies pour l'enrichissement illicite en droit
positif burundais soit 88,8%.
Tableau 6 :Réponse à la Question de savoir
si la Cour Anti-corruption et sonParquetpermettent une Répression
Efficace de l'Enrichissement Illicite
Réponses Enquêtés
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés%
|
|
Magistrature Assise
|
3
|
37,5
|
5
|
62,5
|
8100
|
|
Magistrature Debout
|
4
|
44,5
|
5
|
55,6
|
9100
|
|

Total
Réponses
Oui
%
Non
%
73
Source : Enquête sur terrain
A la lecture de ce tableau,nous constatons que trois Magistrats
de la Magistrature Assise soit 37,5% confirment que la Cour Anti-corruption et
son Parquet permettent une répression efficace de l'enrichissement
illicite alors que cinqautres Magistrats, soit 62,5%, des mêmes
juridictions remarquent l'inefficacité dans la répression
d'enrichissement illicite.
Quant à la Magistrature Debout, quatreMagistrats, soit
44,5%, constatent l'efficacité de la Cour et de son Parquet au moment
où cinq autres Magistrats, soit 55,6%, font remarquer
l'inefficacité de la Cour et de son Parquet.
Tableau 7 :Réponse à la Question de savoir
si vous avez déjà entenduparlerde l'Infraction d'Enrichissement
Illicite en Droit Positif Burundais
Réponses Enquêtés
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés%
|
|
Fonctionnaires de l'Etat
|
9
|
100
|
0
|
0
|
9100
|
|
Membres des
Organisations de la Société Civile
|
9
|
100
|
0
|
0
|
9100
|
|
Source : Enquête sur terrain
Ce tableau nous montre que toutes les personnes à qui nous
avons soumis le questionnaire sont au courant de l'infraction d'enrichissement
illicite en droit positif burundais, soit 100% pour les fonctionnaires de
l'Etat ainsi que pour les membres des Organisations de la Société
Civile.
Tableau 8 :Réponse à la Question de savoir
s'il existe des Juridictions pour sanctionner les auteurs de l'Enrichissement
Illicite
74
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
Fonctionnaires de l'Etat
|
7
|
77,7
|
2
|
22,8
|
9100
|
Membres des
Organisations de la Société Civile
|
7
|
77,7
|
2
|
22,8
|
9100
|
Source : Enquête sur terrain
A la lecture de ce tableau, sept fonctionnaires soit 77,7%
confirment l'existence des juridictions pour sanctionner les auteurs de
l'enrichissement illicite tandis que deux autres fonctionnaires ne savent pas
que de telles juridictions existent soit 22,8%.
Quant aux membres des Organisations de la Société
Civile, septd'entre eux soit 77,7% de la société civile
confirment l'existence de ces juridictions pour sanctionner les auteurs de
l'enrichissement illicite alors que deux autres le nient soit 22,8%.
Tableau 9 :Réponse à la Question de
savoirsices Juridictions sont Efficaces dans la Répression de
l'Enrichissement Illicite
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
Fonctionnaires de l'Etat
|
1
|
11,1
|
8
|
88,9
|
9100
|
|
Membres des
|
1
|
11,1
|
8
|
88,9
|
9100
|
|
Organisations de la Société
|
|
|
|
|
|
|
Civile
|
|
|
|
|
|
|
Source : Enquête sur terrain
A l'analyse de ce tableau, un fonctionnaire de l'Etat ainsi qu'un
membre des Organisations de la Société Civile confirment
l'efficacité de ces juridictionsdans la répression de
l'infraction d'enrichissement illicite soit 11,1% dans chaque catégorie.
Dans chaque catégorie, huit autres enquêtés soit 88,9% par
catégorie remarquent l'inefficacité de ces juridictions dans la
répression de l'infraction d'enrichissement illicite.
75
L'interprétation globale qu'il y a lieu de donner aux
réponses recueillies pour toutes
les huit questions est que le droit positif burundais ne
réprime pas l'infraction de l'enrichissement illicite.Nous prenons donc
acte que les enquêtés ont répondu par la négative
à notre question de recherche.
Question de Recherche n°2
Q2. Les mécanismes de prévention et de
répression de l'infraction d'enrichissement illicite existent-ils en
droit positif burundais ?
Tableau 10 :Réponse à la Question de savoir
si le Droit Positif Burundais permet une Prévention Efficace de
l'Infractiond'EnrichissementIllicite
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
Magistrature Assise
|
2
|
25
|
6
|
75
|
8100
|
|
Magistrature Debout
|
2
|
22,2
|
7
|
77,8
|
9100
|
|
Source : Enquête sur terrain
Ce tableau nous montre qu'à la Magistrature Assise, deux
Magistrats soit 25% reconnaissentque le droit positif burundais permet une
prévention efficace de l'infraction d'enrichissement illicite alors que
sixautressoit 75% n'acceptent pas que le droit positif burundais permet une
prévention efficace de l'infraction d'enrichissement illicite.
De même, à la Magistrature Debout, les
résultats sont proches. En effet, deux de leurs Magistrats, soit 22,2%,
acceptent l'efficacité du droit positif burundais dans la
prévention de l'infraction d'enrichissement illicite.
Toutefois, septautres Magistrats soit 77,8% rejettent cette
efficacité de prévention de l'infraction d'enrichissement
illicite en droit positif burundais.
76
Tableau 11 :Réponse à la Question de savoir
s'il est possible de prévenir l'Enrichissement Illicite
Réponses Enquêtés
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
%
|
Magistrature Assise
|
8
|
100
|
0
|
0
|
8100
|
|
Magistrature Debout
|
8
|
88,9
|
1
|
11,1
|
9100
|
|
Source : Enquête sur terrain
A l'analyse de ce tableau, nous constatons que tous les
enquêtés de la Magistrature Assise reconnaissent qu'il est
possible de prévenir l'enrichissement illicite soit 100%.
Quant à la Magistrature Debout, un seul Magistrat parmi
les enquêtés constate l'impossibilité de prévenir
l'enrichissement illicite soit 11,1%alors que huit autres Magistrats soit 88,9%
confirment qu'il est possible de prévenir l'enrichissementillicite.
Tableau 12 :Réponse à la Question de savoir
s'il existe d'autres Organespublics qui interviennent dans la lutte
contrel'EnrichissementIllicite
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
Magistrature Assise
|
9
|
100
|
0
|
0
|
9100
|
|
Magistrature Debout
|
6
|
66,6
|
3
|
33,4
|
9100
|
|
Source : Enquête sur terrain
77
A travers ce tableau, nous remarquonsque tous les neuf
fonctionnaires, soit 100%,à
qui nous avons soumis le questionnaire reconnaissent qu'il existe
d'autres organes publics qui interviennent dans la lutte contre
l'enrichissementillicite.
Quant aux membres des Organisations de la Société
Civile six sur neuf membres, soit 66,6%, acceptent l'existence d'autres organes
publics intervenant dans la lutte contre l'enrichissementillicite.
Toutefois, trois autres de leurs membres, soit 33,4%, nient
l'existence d'autres organes publics quiinterviennent dans la lutte contre
l'enrichissementillicite.
Tableau 13 :Réponse à la Question de savoir
si la Société Civile intervientdansla lutte
contrel'Enrichissement Illicite
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
Fonctionnaires de l'Etat
|
9
|
100
|
0
|
0
|
9100
|
|
Membres des
|
8
|
88,9
|
1
|
11,1
|
9100
|
|
Organisations de la Société
|
|
|
|
|
|
|
Civile
|
|
|
|
|
|
|
Source : Enquête sur terrain
Ce tableau nous montre que neuf sur neuf fonctionnaires
enquêtés, soit 100%, reconnaissent l'action de la
société civile dans la lutte contre l'enrichissement illicite.
Quant aux membres des Organisations de la Société
Civile, un des enquêtés soit 11,1% nie l'action de la
société civile dans la lutte contre l'enrichissement illicite.
Toutefois, huitautres membres des Organisations de la Société
Civile soit 88,9% reconnaissent leur action dans la lutte contre ce
fléau économique.
Il ressort des réponses que les enquêtés ont
donné à toutes les quatre questions, que les mécanismes de
prévention et de répression de l'infraction d'enrichissement
illicite existent bel et bien en droit positifburundais. C'est donc par
l'affirmative qu'ils ont
78
répondu à notre question de recherche.
Question de Recherche n°3
Q3. Si ces mécanismes existent, sont-ils efficaces ?
Tableau 14 :Réponse à la Question de savoir
si les Mécanismes non Juridictionnels de l'Etat permettent une
Prévention Efficacedel'Enrichissement Illicite
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
Magistrature Assise
|
4
|
50
|
4
|
50
|
8100
|
|
Magistrature Debout
|
3
|
33,3
|
6
|
66,7
|
9100
|
|
Source : Enquête sur terrain
A la lecture de ce tableau, nous constatons que quatreMagistrats
de la Magistrature Assise soit 50% affirment que les mécanismes non
juridictionnels de l'Etat permettent une prévention efficace de
l'enrichissementillicite alors que quatre autres Magistrats soit 50% des
mêmes juridictionnels le nient.
A la Magistrature Debout, trois Magistrats soit 33,3%
reconnaissent l'efficacité des mécanismes non juridictionnels
dans la prévention de l'enrichissementillicite au moment où six
autres Magistrats soit 66,7% travaillant avec les premiers nient cette
efficacité des mécanismes non juridictionnels de l'Etat dans la
prévention de l'enrichissement illicite.
Tableau 15 :Réponse à la Question de savoir
si les Mécanismes non Juridictionnels privés permettent une
Prévention Efficace del'Enrichissement Illicite
79
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
Magistrature Assise
|
2
|
25
|
6
|
75
|
8100
|
|
Magistrature Debout
|
4
|
44 ,4
|
5
|
45,6
|
9100
|
|
Source : Enquête sur terrain
A travers ce tableau, nous constatons que deux magistratssur
huit, soit 25% de la Magistrature Assise constatent que les mécanismes
non juridictionnels privés permettent une prévention efficace de
l'enrichissement illicite.
Aux mêmes juridictions, six autres magistrats, soit 75%
font remarquer l'inefficacité à la prévention de
l'enrichissement illicite suite au manque de moyens humains et
matériels.
Quant à la Magistrature Debout, quatre magistrats sur
neuf, soit 44 ,4% répondent par l'affirmative tandis que cinq autres,
soit 45,6% nient l'efficacitéà la prévention de
l'enrichissement illicite.
Les pourcentages semblent être proches au niveau de la
Magistrature Debout du fait que les magistrats de cette dernière sont
les mieux indiqués à apprécier le travail des
mécanismes non juridictionnels privés car la Magistrature Debout
reçoit certaines informations de la part desdits mécanismes lors
de l'instruction de certains dossiers en rapport avec les infractions à
caractère économique.
Tableau16 :Réponse à la Question de savoir
si la Méthodologie utilisée par laSociété Civile
est Efficace pour la Prévention de l'Infraction
d'Enrichissement Illicite
Réponses
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Enquêtés
|
|
|
|
|
Enquêtés%
|
|
Magistrature Assise
|
1
|
12,5
|
7
|
87,5
|
8100
|
|
80
Magistrature Debout
|
3
|
33,3
|
6
|
66,7
|
9100
|
Fonctionnaires de l'Etat
|
3
|
33,3
|
6
|
67,7
|
9 100
|
Membres des Organisations de la Société Civile
|
8
|
88,9
|
1
|
11,1
|
9100
|
Source : Enquête sur terrain
A la question de savoir si la méthodologie utilisée
par la société civile serait efficace pour la prévention
de l'infraction d'enrichissement illicite, la majorité des
catégories enquêtées ne sont pas d'accord avec la
méthodologie utilisée par la société civile.En
effet, au niveau de la Magistrature Assise, un seul Magistrat soit 12,5%
répond parl'affirmative alors que septautres Magistrats soit 87,5% nient
la méthodologie utilisée par la société civile.
Au niveau de la Magistrature Debout, troisMagistrats soit
33,3%apprécient bien cette méthodologie de la
société civile au moment où six autres Magistrats
travaillant avec eux, soit66,7%,ne sont pas d'accord avec la
méthodologie utilisée par la société civile pour
une prévention efficace de l'infraction d'enrichissementillicite.
Quant aux fonctionnaires de l'Etat, ils atteignentles
pourcentages similaires à ceux trouvés au niveau de la
Magistrature Debout, c'est-à-dire 33,3% qui sont d'accord avec la
méthodologie de la société civile alors que 66,7%
n'apprécient pas cette méthodologie.
Enfin, au niveau des Organisations de la Société
Civile, 88,9% trouvent que leur méthodologie permet une
prévention efficace de l'infraction d'enrichissement illicite au moment
où un de leurs membres soit 11,1% constate que la société
civile ne dispose pas de moyens humains et matériels pour
prévenir l'infraction d'enrichissement illicite.
Notre question de recherche recueille donc une réponse
négative.Les mécanismes existent mais ils sont inefficaces dans
l'entendement des enquêtés qui ont répondu à deux
questions ci-dessus.
81
S'agissant des questionsouvertes, cellede savoir ce qu'il faut
faire pour lutter contre
l'enrichissement illicite, celle relative aux limites à la
répression ainsi que celle portant sur la nécessité de
réviser la loi, les réponses ont un point de convergence.Toutes
font état de trois éléments essentiels :
redéfinition de la procédure, réorganisation des
mécanismes en place et révision de la loi.
En nous basant sur ces réponses, nous proposerions la
révision des dispositions de la loi n°1/12 du 18 avril 2006 portant
mesures de prévention et de répression de la corruption et des
infractions connexes, pour réellement renforcer la prévention
etla répression.Cette révision permettrait de définir
clairement la procédure à suivre pour lasaisine des juridictions
en matière d'enrichissement illicite.Elle organiserait aussi les
mécanismes de suivi et de sanctions sévèresen
matière de déclarations du patrimoine.
70
CHAPITREV
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Conclusion Générale
Au cours de ce travail, nous avons exprimé en nos propres
termes l'intérêt que nous portons sur le sujet, à savoir,
l'infraction d'enrichissement illicite.Nos efforts se sont orientés vers
l'établissement de l'état des lieux en ce qui concerne aussi bien
la définition de cette infraction que sa répression.Nous avons
fait remarquer que même si cette infraction a
ététrès clairement définie par les conventions
internationales, le législateur burundais n'a pas reflété
cette clartédans la loi qui crée cette infraction en droit
positif burundais. Elle a été définie de manière
floue et incomplète, ce qui rend sa répression inopérante.
Le caractère incomplet réside dans le fait que certaines
personnes, notamment privées, sont exclus du champ d'application de la
loi répressive en droit positif burundais, alors quemême certaines
conventions internationales les y incluent de manière logique, à
notre avis.
Notre recherche s'est intéressé à la
littérature doctrinale qui entoure l'infraction d'enrichissement
illicite. Il s'avère que c'est une infraction récente que la
doctrine traite le plus souvent dans le cadre de la corruption tout en
reconnaissant cependant qu'elle est une infraction autonome.Nous avons
démontré ce caractère autonome tout en soulignant son
importance par rapports aux autres infractions qui lui sont proches.
C'est l'inapplicabilitéde la loi dans sa rédaction
actuelle qui peut justifier seule l'inexistence de la répression de
l'infraction d'enrichissement illicite car, au regard des
autreséléments de l'état des lieux, le cadre
institutionnel existe.En effet, les mécanismes institutionnels publics
et privés ont été mis en place pour prévenir et
réprimer cette
83
infraction.Toutefois, nous avons constaté qu'au niveau des
mécanismes institutionnels, précisément ceux dits
juridictionnels, il y a lieu d'améliorer.
La tentative de trouver des réponses à nos
questions de recherche nous a permis de nous rendre compte de quelques
manquements qu'accuse le droit positifburundais en matière de la
prévention et de la répression de l'infraction d'enrichissement
illicite.Nous ne prétendons pas les avoir relevés tous,
d'autreschercheurs pourrons le faire pour nous compléter.
D'après les résultats obtenus de la recherche, nos
quatre questions de recherche sont vérifiées.C'est sur cette base
que nous aimerions émettre quelques recommandations.
Recommandations
A travers les résultats de notre enquête sur la
répression de l'infraction d'enrichissement illicite en droit positif
burundais, nous recommandons :
Au Législateur
Mieux définir l'infraction d'enrichissement illicite en se
référant aux textes internationaux sur la corruption, surtout la
CUAPLC qui étend l'infraction aux personnes privées ;
Etoffer lesdispositions de la loi anticorruption en incluant des
clauses relative au gel, à la saisie, à la confiscation et au
recouvrement des avoirs acquis par le biais des actes decorruption en
général, et de l'enrichissement illicite en particulier ;
Prévoir les dispositions de la législation anti-corruption sur la
déclaration du patrimoine pour obliger les dépositaires des
déclarations de patrimoine de les exploiter pour contrôler, au
moins au début et à la fin des mandats ou fonctions des
déclarantsafin de comparer et constater s'il y a une augmentation
substantielle susceptible d'être d'origine illicite ;
84
Mettre en place une loi organique portant mise en application de
la Constitution qui prévoit la création de la haute Cour de
Justice pour connaitre des infractions de corruption pouvant être
commises par les plus hauts dignitaires de la République ; Pour plus de
spécialisation des juridictions anti-corruption, créer une
section d'appel au sein de la Cour Anti-corruption et laisser les dossiers
faisant objet de recours en cassation et en révision à la Cour
Suprême ;
Adapter la loi régissant la Cour des Comptespour lui
enlever la mission juridictionnelle que la Cour Constitutionnelle lui a
déniée.
Au Gouvernement
Sensibiliser les agents publics et mandataires publics afin
qu'ils déclarent leur patrimoine au début et à la fin de
leurs fonctions ou mandats ;
Prévoir des sanctionsdes agents publics et mandataires
publics qui n'ont pas déclaré leurs patrimoines ;
Faire une vulgarisation spéciale de la loi anti-corruption
en général et de l'enrichissement illicite en particulier
auprès de la population qui en est victime ; Leur doter de moyens
matériels et humains suffisants ;
Mettre en place un organe chargé de la gestion des
saisies.
Aux Organisations de la Société Civile
Bien définir leurs objectifs en évitant de
s'assigner des missions qui sont plutôt du domaine régalien de
l'Etat et en se penchant essentiellement sur les missions de sensibilisation,
de veille et d'alerte ;
Faire des dénonciations auprès des organes
administratifs et juridictionnels compétents ;
Contribuer à la vulgarisation des textes
législatifsrelatifs à la préventionet à la
répression des infractions àcaractère
économique.
73
LISTE DES REFERENCES
Les Textes Internationaux et
Régionaux
Conseil de l'Europe, Convention Pénale sur la
Corruption.
Convention de l'Union Africaine pour la Prévention et
la Lutte Contre la Corruption, 18 janvier 2005.
Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités.
Conventions desNations Unies contre la Corruption.
Les Textes Législatifs et
RèglementairesNationaux
Loi n°1/002 du 31 mars 2004portant Création,
Missions, Organisation et Fonctionnement de la Cour des Comptes, in
BOBno3Bis/2004.
Loi n°1/02 du 18 janvier 2005 portant ratification par la
République du Burundi de la Convention de l'Union Africaine sur la
Prévention et la Lutte contre la Corruption,in BOB
n°2Ter/2005.
Loi n°1/03 du 18 janvier 2005 portant Ratification par la
République du Burundi de la
Convention des Nations Unies contre la Corruption,in BOB
n°2 Ter/2005.
Loi n°1/010 du 18 mars2005portant Promulgation de la
Constitution de la République du Burundi, in BOB no3
Ter/2005.
Loi n°1/12 du 18 avril 2006 portant Mesures de
Prévention et de Répression de la Corruption et des infractions
connexes, in BOB no4/2006.
Loi n°1/36 du 13 décembre 2006 portant
Création de la Cour Anti-corruption,in BOB
no12/2006.
Loi n°1/05 du 22 avril 2009 portant Révision du Code
Pénal Burundais, inBOBn°4 bis/2009.
Décret n°100/277 du 27 septembre 2006 portant
Création, Attributions, Organisations et Fonctionnement de l'Inspection
Générale de l'Etat, in BOB n°9/2006.
Décretn° 100/09 du 15 janvier 2010 portant
réorganisation de l'Inspection Générale de l'Etat, in
BOB n°1Ter/2010.
86
Les Ouvrages consultés
Ackerman, Susan. 2008. Corruption et Gouvernement.
Copenhague : Consensus center.
Alvarez, Alejandro Emmanuel. 2001. L'incrimination de la
corruption en Argentine, cité par Delmas Marty.
Criminalité économique et atteinte à la dignité
de la personne. Paris : Fondation Maison des sciences de l'Homme.
Bouloc, Bernard. 1961. Procédure pénale.
23ème éd. Paris : Dalloz.
Geenberg, Theodore, Wingate, Grant et Gray, Larissa. 2009.
Biens Mal Acquis. Un guide des bonnes pratiques en matière de
confiscation d'actifs sans condamnation.World Bank/StAR, Washington DC:
Library of congress.
Herail, Jean Louis et Ramael, Patrick. 1996. Blanchiment
d'argent et crime organisé. Paris : PUF.
Lascoumes, Pierre. 1999. Corruptions. Paris : Presses de
Science PO.
Merle, Roger et Vitu, André. 1985. Traité de
droit criminel, procédure pénale. 3ème
éd. Paris : Edition Cujas.
Muzila, Lindy, Morales, Michelle et Marianne,
Mathias.2012.Illicit Enrichment, StAR, The World Bank-UNODC: Conference
Edition.
Sudre, Fréderic. 1999. Droit International
européen des Droits de l'Homme. 4ème éd.
Paris :
PUF.
Transparency International. 2002. Combattre la corruption :
enjeux et perspectives. Paris : Ed. Karthala.
Articles
Beau, Pascal. 1977.Concussion. Paris:Dalloz.
Le Billon, Philippe. 2003.Buying Peace of Fueling War: The
Role of Corruptionin Armed Conflicts. Cité par Ackrman Susan,
Corruption andGovernment.Washington DC: Library of congress.
Niyonkuru, Aimé Parfait. 2012. L'impunité au
Burundi : causes, conséquences etissues, Revuede Jurisprudence de la
Cour Suprême du Burundi, 1er trimestre. Bujumbura-Burundi.
Thèses de Doctorat
Fitzgerald, Philip. 2011.Les dispositifs juridiques
internationaux dans la luttecontre la corruption des agents publics
étrangers. Thèse de doctorat en droit public.Toulon-var :
Université du Sud Toulon-var.
87
Rafolisy, Patrick Yves Noël. 2008.Protection juridique de
l'intégrité morale etdéveloppement durable : le cas de
Madagascar. Thèse de doctorat en droit privé et sciences
criminelles.Limoges : Université de Limoges.
Revue de Jurisprudence
Cass, Cr., 11 Janv.1996, Bull.crim. N°19, repris par
Leroy J.
Cour Constitonnelle, Sentence C-374-94 Juge Gregorio Hernandez
Galindo in GeenbergTheodore, Wingate Grant et Gray Larissa. 2009. Biens Mal
Acquis : Un guide des bonnes pratiques en matière de confiscation
d'actifs sans condamnation. World Bank/StAR, Washington DC:
Library of congress.
Sites Internet
Mairie-Conseils. 2013. Le délit de prise illégal
d'intérêt. Paris : Département de Droit. Database
on-line.
http://www.mairieconseils.net/cs/BlobServer?,
consulté le 18 Août 2013.
Ministère de la Justice Français.2004. La
corruption passive. Paris : Département de Droit. Database
on-line.www.justice.gouv.fr,
consulté le 09 Septembre 2013.
OCDE. 2008. Corruption, glossaires des normes
internationales. Paris : Département de Droit. Database
on-line.
www.sourceocde.org/économiestranstion/9789264044029,
consulté le 15 Août 2013.
Service Central de Prévention de la Corruption. 2004.
Les référentiels de la lutte contre la corruption. Paris :
Département de Droit. Database on-line.
http://www.justice.
gouv.fr/art pix/1_1_EtudeCorruption200609partie4.pdf, consulté
le 05 Août 2013.
1
88
Annexe A
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2
89
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90
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tiniversité Espoir d'A ri ue
q
B.P. 7éL 238 Bujumbura, Burundi+257 22 23 7973/79 987
324
www.hopeafricauniversity.org
Agréée sous l'Ordonnance
Ministérielle n°610/1379 du 26 Sept 2003
3
N. Réf : UEA/2128/2013 Bujumbura, le 18/09/2013
V. Réf
Objet : Demande d'accès à la
documentation
Monsieur le Président,
|
A Monsieur le Président de !a Cour Constitutionnelle
à
BUJUMBURA
|
Nous avons l'insigne honneur de nous adresser auprès de
votre haute autorité pour vous demander de bien vouloir permettre
à notre étudiant NDIRAKOBUCA Gervais d'accéder aux
ressources d'information dans votre institution.
En effet, Monsieur le Président,
l'intéressé est un étudiant finaliste dans la
Faculté des Affaires et des Sciences Professionnelles,
Département Droit. Il voudrait recueillir des
informations qui serviraient d'appui à la rédaction de son
travail de fin
d'études. Ces informations sont relatives de la
Répression de l'Infraction d'Enrichissement Illicite en Droit Positif
Burundais. C'est dans ce contexte purement
académique que nous vous prions de bien vouloir lui
faciliter la collecte d'informations dont il aura besoin.
Tout en vous assurant que les renseignements recueillis ne
seront utilisés que
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pour des fins académiques, nous vous prions
d'agréer, Monsieur le Président, nos remerciements
anticipés.
Mgr. Dr. Gerald E. Bates
« La protection qu'offre la Sagesse est comme celle que
procure l'argent, mais la Sagesse
a un avantage: elle fait vivre ceux qui la possèdent
» (Ecclésiaste 7:12)
4
91
|
`université EspoircfAfrcque
B.P. 238 Bujumbura, uruttdi Tif. +257 22 23 7973/79 987
324
www.hopeafticauniversity.org
Agréée sous l'Ordonnance Ministérielle
n°610/1379 du 26 Sept 2003
|
|
N. Réf: UEA/2129/2013 Bujumbura, le 18/09/2013
V, Réf
Objet : Demande d'accès à la
documentation
Madame le Commissaire Général,
|
A Madame le Commissaire Général
de la Brigade Spéciale Prés la Cour Anticorruption
à
BUJUMBURA
|
Nous avons l'insigne honneur de nous adresser auprès de
votre haute autorité pour vous demander de bien vouloir permettre
à notre étudiant NDIRAKOBUCA Gervais d'accéder aux
ressources d'information dans votre institution.
En effet, Madame le Commissaire Général,
l'intéressé est un étudiant finaliste dans la
Faculté des Affaires et des Sciences Professionnelles,
Département Droit. Il voudrait recueillir des informations qui
serviraient d'appui à la rédaction de son travail de fin
d'études. Ces informations sont relatives de la Répression de
l'Infraction d'Enrichissement Illicite en Droit Positif Burundais. C'est dans
ce contexte purement
académique que nous vous prions de bien vouloir lui
faciliter la collecte d'informations dont il aura besoin.
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Tout en vous assurant que les renseignements recueillis ne
seront utilisés que pour des fins académiques, nous vous prions
d'agréer, Madame le Commissaire Général, nos remerciements
anticipés.
....e_zi,e Recteur
Mgr. Dr. Gerald E. Bates
« La protection qu'offre la Sagesse est comme celle que
procure l'argent, mais la Sagesse a un avantage: elle fait vivre ceux qui la
possèdent » (Ecclésiaste 7:12)
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(Université Espoir d'Ylfrique
O.P. 238 iujum6ura, Ourundi Tif +257 22 23 7973/79 987
324
wwwJiopeafricauniversiy org
Agréée sous l'Ordonnance
Ministérielle n°610/1379 du 26 Sept
2003
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N. Réf: UEA/2039/2013 Bujumbura, le 06/09/2013
V. Réf
Objet : Demande d'accès à
la documentation
A Monsieur le Président de la Cours Suprême
à
BUJUMBURA
Monsieur le Président,
Nous avons l'insigne honneur de nous adresser auprès de
votre haute autorité pour vous demander de bien vouloir permettre
à notre étudiant NDIRAKOBUCA Gervais d'accéder aux
ressources d'informations pour ses recherches de fin d'études.
En effet, Monsieur le Président, l'étudiant
cité ci haut est finaliste dans la Faculté des des Affaires et
Sciences Professionnelles, Département de Droit. Il voudrait recueillir
des informations relatives de la Répression de l'Infraction
d'Enrichissement Illicite en Droit Positif Burundais. Ces informations lui
serviraient d'appui à la rédaction de son mémoire. C'est
dans ce contexte purement pédagogique que nous vous prions de bien
vouloir lui faciliter la collecte d'informations dont il aura besoin..
Tout en vous assurant que les renseignements reccueillis ne
seront utilisés que pour des fins académiques, nous vous prions
d'agréer, Monsieur le Président, nos remerciements
anticipés.
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Mgr. Dr. Gerald E. Bates
~s La protection qu'offre la Sagesse est comme celle que
procure l'argent, mais la Sagesse a un avantage: elle fait vivre ceux qui la
possèdent » (Ecclésiaste 7:12)
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université Espoir d'Ytfrique
B. P. 238 Bujumbura, Burundi TéL +257 22 23 7973/79
987 324
www.hopeafcicauniversity.org
Agréée sous l'Ordonnance Ministérielle
n°610/1379 du 26 Sept 2003
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N. Réf: UEA/2037/20I3 Bujumbura, le 06/09/2013
V. Réf
Objet : Demande d'accès à la
documentation
A Monsieur le Directeur de la CEDJ à
BUJUMBURA
Monsieur le Directeur,
Nous avons l'insigne honneur de nous adresser auprès de
votre haute autorité pour vous demander de bien vouloir permettre
à notre étudiant NDIRAKOBUCA Gervais d'accéder aux
ressources d'informations pour ses recherches de fin d'études.
En effet, Monsieur le Directeur, l'étudiant cité
ci haut est finaliste dans la Faculté des des Affaires et Sciences
Professionnelles, Département de Droit. Il voudrait recueillir des
informations relatives de la Répression de l'Infraction d'Enrichissement
Illicite en Droit Positif Burundais. Ces informations lui serviraient d'appui
à la rédaction de son mémoire. C'est dans ce contexte
purement pédagogique que nous vous prions de bien vouloir lui faciliter
la collecte d'informations dont il aura besoin..
Tout en vous assurant que les renseignements reccueillis ne
seront utilisés que pour des fins académiques, nous vous prions
d'agréer, Monsieur le Directeur, nos remerciements anticipés.
~~L · DU
Le Recteur.
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Mgr. Dr. Gerald E. Bates
« La protection qu'offre ta Sagesse est comme celle que
procure l'argent, mais la Sagesse a un avantage: elle fait vivre ceux qui la
possèdent » (Ecclésiaste 7:12)
1
94
Annexe B
QUESTIONNAIRE AUX MAGISTRATS
1. Peut-on parler de la répression de l'infraction
d'enrichissement illicite au Burundi ?
2. Trouvez-vous que l'infraction d'enrichissement illicite est
bien définie dans le droit
positif burundais ?
Commentez
3. La loi burundaise permet-elle de réprimer toutes les
personnes susceptibles de commettre l'infraction d'enrichissementillicite ?
4. Les personnes privées peuvent-elles être
poursuivies pour enrichissement illicite en droit positif burundais ?
5. Le droit positif burundais permet-il une prévention
efficace de l'infraction d'enrichissement illicite ?
6. Pensez-vous qu'il est possible de
prévenirl'enrichissement illicite ?
7. Les mécanismes non juridictionnels publics
permettent-ils une prévention efficace de
l'enrichissementillicite ?
95
Commentez après avoir donné un exemple
8. Les mécanismes non juridictionnels privés
permettent-ils une prévention efficace de
l'enrichissementillicite ?
Commentez après avoir donné un
exemple
9. La méthodologie utilisée par la
société civile est-elle efficace pour la prévention de
l'infraction d'enrichissement illicite ?
10. Est-ce que la Cour Anti-corruption permet-elle une
répression efficace de
l'enrichissementillicite ?
11. Que faut-il faire pour lutter efficacement contre
l'enrichissement illicite en droit positif burundais ?
12. Quels sont les limites à la répression de
l'infraction d'enrichissement illicite en droit positif burundais ?
13. Est-il nécessaire de réviser la loi existante
?
96
QUESTIONNAIRE POUR LES FONCTINAIRES ET LA SOCIETE
CIVILE
2
1. Avez-vous déjà entendu parler de l'infraction
d'enrichissement illiciteen droit positif burundais ?
2. L'infraction d'enrichissement illicite est-elle
réprimée par la loi burundaise ?
3. Existe-t-il des juridictions pour sanctionner les auteurs de
l'enrichissement illicite ?
4. Ces juridictions sont-elles efficaces dans la
répression de l'infraction d'enrichissement illicite ?
Non
Oui
5. a) Existe-t-il d'autres organes publics qui interviennent
dans la lutte contrel'enrichissement illicite ?
b) Sont-ils efficaces ?
Pourquoi ?
6. La société civile intervient-elle dans la lutte
contre l'enrichissement illicite ?
Si Oui, comment appréciez-vous son rôle ?
97
7. La méthodologie utilisée par la
société civile est-elle efficace pour la prévention de
l'infraction d'enrichissementillicite?
8. Que faire pour lutter efficacement contre l'enrichissement
illicite ?
|