UNIL I Université de Lausanne
Faculté des géosciences et de l'environnement
Master of Science in Geography
Etude comparée de la gestion de l'eau dans deux
communes frontalières: Saint-Julien-en-Genevois (France) et Bernex
(Suisse)
Marcellin Fagla
Sous la direction du Prof. Emmanuel Reynard
Commune de
Saint-Julien-en-Genevois (France)
Clichés: Marcellin Fagla (Mai 201 1)
Commune de Bernex
(Suisse)
Maîtrise universitaire ès sciences en
géographie 1 Août - 2011
11111111111111111111111111111111111111111111I11111111IIIIIi1Ii111i1II111Iiiiii
11111111lllllllllllll Institut de géographie, Université de
Lausanne www.uniLchligul
2
Remerciements
Cette oeuvre n'aurait pas pu être faite sans l'aide de
quelques personnes que nous tenons à saluer.
Ainsi, nos sincères remerciements vont à
l'endroit du professeur Emmanuel Reynard, notre directeur de mémoire,
qui a accepté de consacrer son temps si précieux à notre
modeste travail ;
Nous remercions chaleureusement M. Oliver Aki Kleiner,
Responsable entretien réseaux - eaux usées, M. François
Gagnebin et Mme Magaly Piguet, Chargés réseaux de distribution
eau potable, tous aux Services Industriels de Genève, pour leur
disponibilité et les réponses qu'ils ont apportées
à mes multiples interrogations en rapport avec les réseaux d'eau
dont ils sont en charge ;
Nous saluons aussi M. Frédéric Bachmann, Chef
projets au Service de la planification de l'eau de Genève pour toutes
les informations précieuses qu'il nous a fournies dans le cadre de ce
mémoire ;
Nous n'oublions pas Mme. Solenne Verbrugghe et M.
Jérôme Toccanier, respectivement Responsable Eau et Contrat de
rivière et Responsable du Service Assainissement à la
Communauté des Communes du Genevois ;
Enfin, nous avons une pensée particulière aux
agents de la mairie de Bernex ainsi qu'à toutes les autres personnes
qui, de près ou de loin ont apporté leur pierre à cet
édifice.
3
Dédicaces
Je dédie ce mémoire :
À ma chérie Cécile, elle qui est toute ma
raison de vivre et en qui je puise la force et le courage de repartir ;
À la famille La Framboise qui est devenue ma famille
d'adoption ; merci pour toute la confiance que vous avez mise en moi ;
À ma marraine et à toutes mes autres copines du
staff de l'UniL et de l'EPFL, dont je tais les noms mais qui se
reconnaîtront ; pour toute votre attention à mon endroit durant
ces trois années ;
À Giovanni par qui tout a été fait car rien
de tout ce qui a été fait n'aurait été fait sans
lui ;
À tous mes frères ; À tous les autres.
4
Sommaire
1. PARTIE INTRODUCTIVE 5
2. CADRE THÉORIQUE 14
3. MÉTHODES 43
4.CADRE LÉGAL 62
5. ÉTUDE DE CAS 90
6. DISCUSSION 117
7. CONCLUSION ET PERSPECTIVES 123
BIBLIOGRAPHIE 127
TABLE DES MATIÈRES 134
5
« Les pressions que les villes entrainent sur
l'environnement, les multiples échelles politiques, sociales et
économiques qui y sont associées, nous conduisent à
aborder ces nouveaux enjeux de la ville en terme de métabolisme urbain
et de métabolisme en boucle. L'écologie territoriale
apparaît comme une réponse innovante pour les acteurs publics et
privés en recherche de solutions ».1
1. Partie introductive
1.1. Cadre général
L'eau est une ressource naturelle essentielle à la vie,
vitale à l'Homme et à la ville qu'il habite. Cette importance de
l'eau à fait dire à Saint-Exupéry que « l'eau
n'est pas à l'origine de la vie ; elle est la vie
»2 , ceci, au vu de l'analogie entre le plasma sanguin et
le plasma marin et au vu de ce que l'eau est insubstituable. Si on peut
remplacer le charbon par le pétrole, le solaire par l'hydraulique, le
blé par le riz, rien, par contre, ne saurait remplacer l'eau, ce qui en
fait plus qu'une ressource. Bref, « elle est le bouillon de culture de
nos origines, l'appareil circulatoire du monde » (Kingslover, 2010 :
8).
Paradoxalement, elle est inégalement répartie
suivant les régions et la notion de besoins n'est pas universelle mais
relative puisque
« f...] les habitants de l'île de Malte
utilisent 35 litres d'eau par personne et par jour en zone urbaine et estiment
leurs ressources suffisantes. A Las Vegas, avec 500 litres par personne et par
jour, la ressource semble insuffisante ». (Leclerc et Scheromm, 2008
: 11)
1 Guyonnaud,
M-F. et Berland, M. (Décembre 2009).
Le métabolisme urbain, un outil de gestion durable. [Page web].
Disponible sur :
http://www.brgm.fr/dcenewsFile?ID=1058
, (consulté le 23 mai 2010).
2 Equipe Ocean Health. L'eau de mer, une substance
mystérieuse. [Page web]. Disponible sur :
http://www.oceanplasma.org/documents/accueil.html
, (consulté le 23 mai 2010).
6
De même, par exemple, les femmes dans le Nord du Kenya
doivent-elles parcourir plusieurs kilomètres pour pouvoir
s'approvisionner d'un bidon d'eau, trouble, la sécheresse ayant
plongé cette région dans une situation de stress hydrique. Comme
le Kenya, « [...] près de 2 milliards d'individus,
c'est-à-dire un tiers de l'humanité, vivent dans des pays en
situation de stress hydrique f...] » (Leclerc et Scheromm, 2008 :
10).
Selon l'ONU et repris par Dris, (2005) une zone est en
situation de stress hydrique quand ses ressources naturelles en eau douce sont
inférieures à 1700 m3 par personne et par an.
Toutes les statistiques montrent que les besoins en eau
augmenteront, en premier lieu, à cause de l'accroissement de la
population, qui est la plus importante menace pour la disponibilité de
la ressource, sans oublier les usages domestiques et industriels qui sont de
grands consommateurs d'eau. « Avec 5,6 milliards d'habitants
aujourd'hui, la Terre devrait être peuplée à l'horizon 2025
de plus de 8milliards d'individus. La demande mondiale en eau potable risque
d'augmenter de 650 % » (Leclerc et Scheromm, 2008 : 12-13).
Un problème d'approvisionnement en eau est en train de
s'ajouter à ceux déjà nombreux et encore non
résolus. Avec les changements climatiques, les conflits d'usage
s'exacerberont quant aux eaux de drainage et d'irrigation puisqu'on est en
train de passer progressivement au remplacement des ressources
pétrolières par les agroressources à savoir les
biocarburants pour les moteurs et le bois pour le chauffage, des sources
d'énergie voraces en eau.
Or, la réserve d'eau disponible n'est pas extensible
à souhait ; même si, sur le plan quantitatif, elle se renouvelle
grâce à son cycle naturel, les atteintes polluantes qui
dégradent sa qualité font que cette renouvelabilité est
limitée.
L'eau possède de nombreuses fonctions et rend des
services économiques importants. Dans leur étude sur le
« Développement historique des régimes institutionnels
en eau en Suisse entre 1870 et 2000 » Reynard, Mauch et Thorens en
sont même venus à lui trouver jusqu'à une dizaine de biens
et services rendus et affirment humblement que leur liste n'est pas
exhaustive.
« C'est ensuite une ressource multifonctionnelle. En
plus des fonctions d'approvisionnement (eau potable, eau industrielle), la
ressource en eau peut produire des biens et services dans de multiples domaines
très différents : par exemple une fonction de support
(navigation), de production industrielle (refroidissement de centrales
nucléaires), récréative (sports nautiques), culturelle
(paysages
7
hydrographiques), médicale (thermalisme), de
production alimentaire (eaux minérales), géomorphologique
(inondation, crues), etc. ». (Reynard, Mauch et Thorens, 2000 :
61)
Les besoins de plus en plus croissants en eau, son
inégale répartition pour répondre aux besoins et les
indéniables services qu'elle rend font qu'elle est source de nombreux
conflits, qu'on peut classer en quatre grandes catégories (Elimane,
2007) :
- Les conflits d'usage
La ressource ne manque pas, mais ce sont les usages qu'on veut
en faire qui sont différents ou contradictoires. C'est le cas quand il y
érection d'un barrage à des fins hydroélectriques ou
lorsqu'un fleuve est détourné à des fins d'irrigation au
profit exclusif d'un seul des États d'un bassin versant donné.
Le conflit d'usage qui existe en Valais (Suisse) entre les
hydroélectriciens et les pêcheurs quant au débit
résiduel est un exemple patent. (Reynard et al. 2006).
- Les conflits de pollution
Ici, ce n'est pas la quantité d'eau qui fait
problème mais sa qualité. Ce genre de conflit est souvent
dû à l'utilisation d'eaux communes. Ainsi, les usagers
situés en aval font les frais de la pollution
générée par les usagers en amont qui n'offrent aucune
contrepartie pour permettre aux usagers lésés de supporter les
coûts inhérents à la dépollution.
Il est à noter que la pollution des eaux internes pose
des problèmes, mais des problèmes d'une ampleur moindre que celle
des eaux transfrontalières.
C'est le cas du Danube qui est un fleuve international
transfrontalier unissant l'Europe occidentale à l'Europe orientale
jusqu'à la Mer Noire.
- Les conflits de distribution relative
Ici, il y a un manque relatif d'eau mais la quantité
disponible peut subvenir aux besoins de tous les usagers. On est
confronté à de tels conflits lorsqu'un des Etats du bassin
détourne trop d'eau vers ses terres et pour son seul usage ; il s'agit
en général de l'Etat en amont. C'est l'exemple des bassins du
Tigre ou de l'Euphrate.
8
- Les conflits de distribution absolue
Ici, la quantité d'eau disponible n'est pas en mesure
de satisfaire les besoins de tous les usagers en présence. Il naît
alors des conflits très forts car la survie dépend de la
maîtrise de la ressource. C'est le cas du bassin du Jourdain.
L'inégale répartition de la ressource en eau,
les difficultés d'y accéder, les conflits liés et
l'horizon sombre qui est le sien ont engendré une prise de conscience
internationale, comme en témoignent les multiples sommets et
conférences internationaux qui essaient tant bien que mal de trouver des
solutions à ce dysfonctionnement.
« À l'heure de la globalisation de
l'économie et de la société, la communauté
internationale l'a bien compris, elle qui multiplie depuis 10 ans les forums et
autres rencontres sur la thématique de l'eau. Toutes ces actions visent
à cerner les problèmes actuels et à y trouver des
solutions, bien souvent dans la douleur». (Reynard et al. 2006 :
1-2)
1.2. Problématique
Nous venons de montrer en quelques lignes la situation de
l'eau à l'échelle globale ; qu'en est-il à
l'échelle urbaine ?
« C'est l'eau, en vérité, qui permet le
fonctionnement des espaces urbanisés. A côté des lignes de
transports publics, des routes, des câbles électriques et des
systèmes d'information, ses réseaux composent les veines et les
artères de notre métabolisme quotidien ». (Pflieger,
2009 : 11)
Ainsi, la disponibilité de l'eau, surtout en
qualité d'eau douce, est un facteur d'implantation urbaine non
négligeable. Ce n'est pas pour rien que la plupart des villes que nous
connaissons aujourd'hui se sont implantées et développées
non loin des lacs, des rivières ou des fleuves.
« Historiquement, les villes se sont situées
au plus près des ressources hydriques. Les cinq villes suisses de plus
de 100'000 habitants sont toutes sur les rives d'un lac
9
(Zurich, Genève, Lausanne) ou aux abords d'un axe
fluvial majeur (Berne, Bâle). Les raisons étaient parfois
défensives (Berne) , elles permettaient parfois de meilleurs
échanges commerciaux (Bâle) , mais elles étaient toujours
vitales ». (Bochatay, 2004 : 12)
Mais le cycle naturel de l'eau est fortement perturbé
et modifié par les activités humaines, surtout au sein des villes
qui en dépendent fortement.
Aujourd'hui où 50% de la population mondiale vit dans
les villes, les défis à relever quant à la gestion de
l'eau en milieu urbain sont énormes, de même que les enjeux qui y
sont liés. Ces enjeux peuvent être regroupés en trois
grandes catégories, selon Reynard et al. (2006 : 1112) :
- une concentration spatiale des besoins en eau et des
rejets d'eaux usées.
En effet, pour leur fonctionnement, les villes, manquant
d'autonomie, importent de leur arrière-pays des ressources en eau
qu'elles métabolisent. Il s'ensuit des rejets qu'elles peinent à
éliminer normalement, surtout dans les régions où
l'épuration est inexistante.
- une imperméabilisation des sols.
Pour que l'eau puisse se renouveler à travers son cycle
naturel, il est indispensable aussi qu'elle s'infiltre ;
l'imperméabilisation des sols, surtout dans les villes, casse ainsi un
maillon de la chaîne de renouvellement de la ressource en eau.
- une vulnérabilité par rapport aux
aléas hydrologiques.
Cet enjeu est un impact de l'imperméabilisation des
sols car cette dernière entraine un fort ruissellement de l'eau en
surface. Ainsi, les zones urbaines situées dans les plaines alluviales
ou à proximité des fleuves sont constamment exposées aux
inondations.
« L'usage de la ressource aquatique par les espaces
urbains est important tant d'un point de vue quantitatif (l'alimentation en eau
potable des citadins est en France le deuxième poste de consommation de
l'eau) que d'un point de vue qualitatif (les rejets d'eaux résiduaires
urbaines restent parmi les principales causes de pollution des eaux de
surface). Mais aussi du point de vue des risques encourus vis-à-vis de
l'aléa inondation (la valeur économique des biens soumis à
cet aléa étant plus importante) ». (Da Cunha, 2007 :
20)
10
Au vu de ces problèmes liés à l'eau en
général et à la gravité de la situation dans les
villes, il importe qu'on rompe avec la politique de gestion traditionnelle,
sectorielle et cloisonnée de la ressource en eau et qu'on mette sur pied
une politique de gestion globale, intégrée et cohérente
car
« [...] la planification
intégrée est plus systématique, plus consistante,
coordonnée, anticipatrice et rationnelle que la politique
traditionnelle. Cette vision des choses considère que la planification
est nécessaire si les objectifs sont de parvenir à des processus
décisionnels plus cohérents et d'accorder plus d'importance aux
conséquences futures de la politique en question. » (Da Cunha,
2007 : 20)
Ressource dynamique, l'eau ne s'arrête pas aux
frontières qui sont définies comme des objets
géographiques séparant deux systèmes territoriaux
contigus, reconnus par un ensemble d'acteurs et servant de marqueur dans
l'espace. C'est pour cela que l'Union Européenne a commencé
à s'intéresser à sa gestion dans ses Etats membres
où elle prône une gestion intégrée,
concertée, coordonnée et durable. C'est à cette politique
globale, communautaire que les différentes lois et chartes
internationales liées à l'eau aspirent, en l'occurrence la
Directive Cadre sur la qualité des Eaux et des milieux aquatiques du 22
Octobre 2000, plus connue sous l'acronyme de DCE et dont « la
première ligne directrice est la généralisation de la
gestion concertée à l'échelle des bassins versants et non
aux échelles administratives. » (Leclerc et Scheromm, 2008 :
36).
Ainsi, dorénavant, il faudra une toute nouvelle
approche des politiques mises en oeuvre en matière de gestion des
ressources, politiques qui s'appuient sur une forte coopération entre
Etats riverains pour la recherche commune de solutions coordonnées, la
participation de tous, le partage d'informations et des
responsabilités.
C'est, entre autres, dans cette dynamique que s'inscrivent les
projets d'agglomération, celui franco-valdo-genevois par exemple, qui
opte pour une vision commune de l'avenir tant social, économique
qu'environnemental. « A partir de cette vision d'avenir
partagé, le moment est
11
venu d'agir pour structurer un mode de
développement durable et permettre une gestion coordonnée
à l'échelle de notre bassin de vie »3.
L'enjeu est maintenant de taille car les ressources
naturelles, l'eau dans le cas d'espèce, doivent être
gérées dans une logique de durabilité régionale et
transfrontalière. Ceci revient à « [...] passer de
politiques sectorielles à une démarche qui tisse des liens
»4.
Mais cela ne va pas de soi puisque les frontières
géographiques ainsi que les lois et les institutions juridiques qui vont
avec ont la « peau dure » et le chemin pour y arriver est long et
sinueux.
Aujourd'hui, toute gestion de ressources naturelles, quelles
qu'elles soient, doit s'inscrire dans cette noble logique et s'opérer
dans une optique de développement durable. Elle se doit de respecter les
intérêts tant environnementaux, sociaux qu'économiques.
La ville est le champ où se cristallisent les enjeux du
développement durable puisque c'est en son sein que se font les plus
grandes consommations de ressources naturelles et les pollutions diverses.
Ainsi, atteindre les objectifs du développement durable passera
nécessairement par l'intégration de la gestion des ressources
dans les politiques d'aménagement urbain. Il devient alors plus
qu'impérieux d'inclure les objectifs environnementaux dans les outils
d'aménagement que sont les schémas directeurs, les plans de
prévention des risques, les plans d'assainissement etc.
Deux objectifs sous-tendent le présent travail.
Dans un premier temps, il permettra de voir le degré de
la durabilité de la gestion des ressources en eau en milieu urbain, dans
deux communes frontalières notamment.
Dans un second temps, il permettra d'évaluer le
rôle de la frontière dans la gestion durable de l'eau.
Cela soulève un certain nombre de questions à
savoir :
- La gestion des ressources en eau dans nos deux communes
frontalières est-elle durable ?
- Quels rôles joue la frontière dans la gestion
des ressources en eau dans ces deux communes ?
3 Cramer R., Gaud, B. et Mermoud, J-C.
(Décembre 2007). Charte du projet d'agglomération
franco-valdo-genevois. Disponible sur :
http://www.terresainte.ch/am
ter/pdf/SchemaDAgglomeration.pdf (Consulté le 25/05/10).0
4 ibidem
12
- Puisque ces deux communes font partie d'un même projet
d'agglomération, celui franco-valdo-genevois, ce dernier
favorisera-t-il, à termes, l'harmonisation des modes de gestion des
ressources en eau dans ces communes ?
Au vu de ces questions, nous formulons deux hypothèses
:
- La frontière et les législations auxquelles
elle donne lieu influent sur le degré de durabilité et
l'intégrité de la gestion des ressources, celles en eau
notamment.
- Dans un contexte de globalisation et d'intégration
transfrontalière, un projet d'agglomération pourrait induire une
harmonisation des pratiques en matière de gestion durable des ressources
en eau.
Nous essayerons d'apporter des réponses à ces
questionnements grâce à des indicateurs de durabilité qui
seront nos clés de lecture de la gestion des trois étapes
urbaines de la ressource en eau dans notre périmètre
d'étude.
1.3. Déroulement de la recherche
Notre travail sera organisé de la manière suivante
:
Après cette partie introductive, nous présenterons
dans un deuxième temps le cadre
théorique de la recherche qui englobe
:
- la notion d'approche systémique de la gestion des
ressources en eau,
- la notion de métabolisme urbain et gestion de l'eau,
- la notion de bassin versant et gestion intégrée
de l'eau
- la notion de développement durable et gestion de
l'eau,
- la notion de la frontière et gestion de l'eau.
Ensuite, dans la troisième partie, nous
présenterons les méthodes de recherche qui
comportent deux approches :
- l'approche documentaire,
- l'approche LEMANO5 qui traite des indicateurs de
durabilité en matière de gestion de l'eau.
5 Outil d'aide à la décision mis au
point par l'Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL).
13
Dans la quatrième partie, nous présenterons le
cadre légal de la gestion de l'eau en France et en
Suisse, et ce, au regard de nos indicateurs de durabilité.
Dans la cinquième partie, nous effectuerons une
étude de cas, en présentant les
caractéristiques physiques et humaines de nos milieux d'étude et
en faisant un diagnostic des trois étapes urbaines de la gestion de
l'eau à savoir, l'approvisionnement, l'utilisation, l'évacuation
et l'assainissement dans ces deux communes. Il s'agira, en d'autres termes, de
faire une évaluation de la gestion de l'eau, sous l'angle du
développement durable grâce à neuf indicateurs de
durabilité inspirés de l'étude LEMANO.
C'est grâce à ces indicateurs de
durabilité que nous ferons une analyse comparée de la
durabilité de la gestion de l'eau dans les deux communes.
Dans la sixième partie, nous discuterons des
résultats et nous terminerons notre étude dans la
septième partie par la conclusion et les
perspectives.
14
2. Cadre théorique
2.1. Approche systémique de la gestion des
ressources en eau
Au vu des caractéristiques de l'eau que nous avons
énumérées plus haut, à savoir, l'eau comme
ressource vitale, ressource renouvelable, ressource ambiguë, ressource
source de conflits, au vu des trois composantes que sont la qualité, la
quantité et la dynamique et au vu de la multiplicité de ses
usages et fonctions et des préoccupations environnementales, sociales,
économiques et politiques dont elle fait l'objet, l'étude de sa
gestion ne peut être abordée que par une approche globale,
systémique qui prend en compte l'ensemble de ces éléments
ou parties et surtout les interactions dynamiques qui existent entre eux, en
lieu et place d'une approche analytique qui les traiterait par secteurs sans
vraiment mettre en exergue les liens qui existent entre eux. Cette approche est
intéressante car « elle permet de décrire la
réalité de la gestion dans sa globalité [...] d'analyser
autant la structure que le fonctionnement des systèmes de gestion de
l'eau [...] de comprendre le jeu complexe des acteurs ». (Reynard et
al. 2006 : 20).
La gestion de l'eau peut être considérée
comme un système, c'est-à-dire un ensemble
d'éléments structurés qui entretiennent entre eux des
liens très étroits de sorte qu'on ne saurait aborder l'un sans
aborder en même temps l'autre, « un ensemble
d'éléments et d'interactions entre les éléments,
organisés en fonction d'un but » (De Rosnay, 1975).
De même qu'un ensemble est composé de
sous-ensembles, le système « gestion de l'eau » est
constitué de sous-systèmes. Dans le cadre de notre étude,
l'unité spatiale du système de gestion de l'eau est la commune et
les sous-systèmes qu'il englobe sont au nombre de quatre (Charnay, 2010)
: le sous-système « ressources en eau », le
sous-système « aménagements », le sous-système
« usages » et le sous-système « acteurs ». Ces
différents sous-systèmes englobent aussi des
éléments internes qu'on peut appeler «
sous-sous-systèmes ».
Dans la suite, nous décrivons brièvement chacun
de ces sous-systèmes, leurs éléments importants et les
types d'interactions qui existent entre eux.
15
- Le sous-système «
ressources en eau ».
C'est l'ensemble des ressources en eau disponibles sur nos
périmètres d'étude à savoir l'hydrographie
(fleuves, rivières, lacs) et l'hydrogéologie (sources, nappes,
aquifères).
- Le sous-système « aménagements
».
Il évalue les travaux, les infrastructures et les
réseaux qui permettent l'exploitation des ressources disponibles. Ce
sont entre autres les infrastructures de stockages des retenues d'altitude,
ceux de captage des sources, les forages, le réseau d'approvisionnement
en eau potable, le réseau d'évacuation des eaux usées et
pluviales, les stations d'épuration, les barrages
hydroélectriques, les drainages agricoles, etc.
- Le sous-système « usages
».
C'est l'ensemble des biens et services dérivés
des ressources en eau disponibles. On peut citer par exemple, la consommation,
la production de biens et services économiques, le support
d'activités récréatives, le transport et l'absorption de
déchets, les usages médicaux, l'hydroélectricité,
etc.
Chacun de ces usages implique donc une action anthropique sur
les ressources par le biais des aménagements.
- Le sous-système « acteurs
».
C'est l'ensemble des personnes qui interviennent dans le
fonctionnement du système de gestion de l'eau : régulation,
gestion, aménagements, utilisation. Ce sous-système est
fondamental et influe grandement sur les trois autres.
On peut regrouper les acteurs en quatre grandes
catégories, selon Charnay, (2010 : 25) :
- les acteurs régulateurs qui ont une
vocation institutionnelle et qui encadrent la gestion de l'eau ; ce sont
l'Etat, ses services déconcentrés et ses établissements
publics ;
- les acteurs opérateurs : ils sont
appelés à prendre plusieurs types de décisions en
matière de gestion des ressources en eau. Ce sont les gestionnaires au
sens de maîtrise d'ouvrage ; ils sont soit publics (collectivités
territoriales) ou privés (exploitants) ;
-les acteurs réalisateurs : ils
exécutent les décisions prises précédemment et ont
la compétence d'études ou maîtrise d'oeuvre ;
16
- Les acteurs sociétaux regroupent les
associations, les usagers, les représentants socioprofessionnels, ainsi
que les chercheurs qui sont aussi des acteurs par leur rôle
d'expertise.
Outre les différentes influences exercées par
ses éléments internes, c'est-à-dire les
sous-systèmes, les uns sur les autres, le système « gestion
de l'eau » est à son tour influencé par des facteurs
externes que sont la climatologie, la topographie, le contexte
socio-économique, la géologie, le cadre politico-administratif et
législatif, les compétences techniques, les connaissances,
etc.
La figure 1 résume les différents
éléments internes du système de gestion de l'eau ainsi que
les facteurs externes qui l'influencent.
Figure 1 : Le système de gestion de l'eau et ses
influences externes Source : Charnay, 2010
17
2.2. Métabolisme urbain et gestion de l'eau
2.2.1. Métabolisme urbain
Nous sommes à l'ère de l'urbain
généralisé ou de « l'urbain sans lieu ni borne
» (Weber, 1996) et les villes concentrent la majeure partie de la
population humaine, des activités économiques et des services. Et
qui dit urbanisation dit plus de consommation de ressources, en eau notamment,
plus de ménages à raccorder au réseau urbain
d'évacuation des eaux usées, plus d'eaux usées à
traiter et donc plus d'infrastructures d'épuration à installer.
Il est important de signaler que
« La consommation par habitant diminue certes, mais
la population urbaine augmente, ce qui maintient les besoins des villes
à un niveau élevé. Par ailleurs, la concentration des
emplois dans les agglomérations urbaines contribue à renforcer
encore les besoins en eau des agglomérations ». (Reynard, 2008
: 37)
Pour son fonctionnement, la ville importe des flux de
matières et d'énergie qu'elle transforme ; il s'en suit une
production de nuisances et de rejets qu'il lui faudra éliminer faute de
quoi, elle se verra asphyxiée. Ce mécanisme d'importation, de
transformation et de rejets est appelé métabolisme.
En biologie, le mot métabolisme signifie «
ensemble des réactions chimiques de transformation de matière
et d'énergie, catalysées par les enzymes, qui s'accomplissent
dans tous les tissus de l'organisme vivant » (Le petit Larousse
illustré, 2006).
Pour les écosystèmes biologiques ou naturels
matures, ce métabolisme est caractérisé par une grande
autonomie, des flux de matières et d'énergie faibles, un taux de
recyclage de matières et d'énergie élevé, des
réseaux trophiques variés et spécifiques avec des
interactions complexes entre un nombre élevé d'espèces
dans des unités métaboliques que sont l'atmosphère, la
lithosphère, l'hydrosphère et la biosphère. Ce
métabolisme est hautement cyclique.
« Les écosystèmes biologiques ont
évolué jusqu'à fonctionner de manière
entièrement cyclique. Dans ce cas, il est impossible de distinguer entre
les ressources et les déchets,
18
car les déchets d'un organisme constituent une
ressource pour un autre organisme. Seule l'énergie solaire constitue un
apport extérieur ». (Erkman, 2004 : 44)
La figure 2 présente la structure et le fonctionnement de
l'écosystème naturel.
ENERGIE
SOLAIRE
PRODUCTEURS
?
m
VÉGÉTAUX
BIOSPHÈRE
CONSOMMATEURS
SECONDAIRES
(CARNIVORES)
PRIMAIRES
(HERBIVORES)
AUTRES
LITHOSPHÈRE
HYDROSPHÈRE
LITHOSPHÈRE
BIOTOPE
CHALEUR
CHALEUR
? p ?? ch ?Co
Figure 2 : Ecosystème naturel : structure et
fonctionnement Source : Da Cunha, 2010
I
ÈIT MI
La ville, par analogie est considérée comme un
écosystème mais un écosystème artificiel. Son
métabolisme est dit urbain et il peut être défini comme
étant
U
ÉCPOURS
« l'ensemble des transformations physico-chimiques
qui résultent du fonctionnement de l'espace urbain : dépenses
énergétiques et transformation de matières par les «
unités métaboliques » (ménages, entreprises,
administrations, etc.) ». (Da Cunha, 2010)
R
IÈRMAL
L'écosystème urbain, vu son fonctionnement
actuel peut être qualifié de juvénile car
caractérisé par une quasi absence d'autonomie, un flux de
matière et d'énergie élevé, un très faible
taux de recyclage de matières et d'énergie avec une
quantité importante de rejets et de pertes, donc d'entropie. Ici, les
unités métaboliques sont les logements, les équipements et
les
activités au sein de la ville. Le métabolisme
est dit linéaire avec une forte empreinte écologique.
« Les villes [...] ne possèdent pas
de boucles de rétroaction pour les biens consommés. La ville se
présente alors comme un système fonctionnant sur le mode d'un
« réacteur piston » ou « réacteur à flux
continu ». Autrement dit, les flux de matière ne se trouvent pas,
du moins pas encore, dans un état stationnaire ». (Erkman,
2004 : 84)
Ce dysfonctionnement est illustré par la figure 3.
Figure 3 : Ecosystème urbain avec
métabolisme linéaire et forte empreinte écologique
Source : Modifié, d'après Da Cunha, 2010.
Tout l'enjeu du développement urbain durable est
d'opérer une transition de l'écosystème artificiel,
juvénile et à métabolisme imparfait qu'est la ville,
consommatrice de ressources naturelles et d'énergie et
générant des déchets, tant organiques que minéraux,
vers un écosystème un peu plus mature et à
métabolisme un peu plus parfait, cyclique et où les inputs sont
minimisés, les outputs désirables maximisés, le recyclage
optimisé, les déchets réduits et valorisés. Ce
métabolisme cyclique ou en circuit est illustré par la figure
4.
20
Figure 4 : Ecosystème urbain avec
métabolisme en circuit et une faible empreinte écologique
Source : Modifié, d'après Da Cunha, 2010.
Pour parvenir à cette transition, il s'agira de
« [...] développer des stratégies
permettant de transformer son [de la ville]
système urbain hautement entropique actuel vers un
système urbain syntropique, c'est-à-dire un système urbain
qui cherche à minimiser sa production d'entropie, supportée par
l'environnement ». (Bochatay, 2004 : 11)
Ces stratégies résident dans la valorisation des
déchets comme des ressources, le bouclage des cycles de matières
et la minimisation des émissions dissipatives, la
dématérialisation des produits et des activités et enfin
la décarbonisation de l'énergie.
Pour ce qui est de la gestion durable de l'eau en milieu
urbain, les principes stratégiques de l'aménagiste sont :
- assurer la satisfaction qualitative et quantitative de la
demande en eau pour tous les
usages urbains,
- réduire au strict minimum les rejets polluants des eaux
usées,
- valoriser les eaux pluviales et maîtriser leur
évacuation,
- préserver les milieux naturels (protection des sols, des
captages, des milieux
récepteurs),
- trouver un bon cadre règlementaire en matière de
protection des ressources en eau.
« Enfin, d'une manière générale,
le défi majeur posé par l'écologie industrielle à
l'urbanisme et à l'aménagement du territoire réside dans
l'objectif de parvenir, à terme, à rendre l' «
écosystème urbs» aussi compact et auto-suffisant que
possible en eau, énergie, matériaux de constructions, aliments,
etc.) ». (Erkman, 2004 : 182)
C'est dans cette optique que nous avons entrepris la
présente oeuvre qui sera axée sur l'étude du
métabolisme de la ressource en eau, potable notamment, et ce, à
travers son cycle urbain : entrée (prélèvement, adduction,
distribution), transformation (usages domestiques industrielles et
économiques), sortie (collecte, évacuation, traitement), dans
deux communes frontalières de l'agglomération
franco-valdo-genevoise.
21
Nous mesurerons la durabilité de ce cycle urbain de
l'eau dans chacun de ces périmètres et verrons l'influence que
les frontières géographiques et les lois exercent sur cette
gestion.
2.2.2. Cycle urbain de l'eau
L e cycle urbain de l'eau peut être défini comme
l'ensemble des actions exercées au sein de la ville sur la ressource en
eau ; c'est l'insertion de la ville dans le cycle naturel de l'eau et les
perturbations qu'elle engendre sur ce cycle.
Pour son fonctionnement la ville nécessite de l'eau,
qu'elle puise dans les réservoirs naturels, qu'elle transforme, utilise
; puis, elle rejette, toujours dans ces réservoirs, les déchets
issus de la transformation et de l'utilisation. Toutes ces actions ont un
impact sur le cycle naturel de l'eau. Le cycle urbain de l'eau peut être
résumé en trois grandes étapes : approvisionnement en eau,
utilisation et enfin assainissement des eaux usées. La description de
ces trois étapes a été tirée des travaux de Jacques
Bordet, (2007) et de Reynard et al. (2006).
2.2.2.1. Approvisionnement
Pour couvrir les besoins humains en eau potable, l'eau doit
être produite et distribuée. Puisque les modes de production et de
distribution ne sont pas homogènes, un stockage intermédiaire est
indispensable. Pour des raisons de potabilité, elle doit subir des
traitements dont le nombre varie en fonction de l'origine de la ressource.
Prélèvement
L'eau doit être mobilisée dans une ressource en
eau brute, c'est-à-dire telle qu'elle se présente dans son milieu
naturel avant d'avoir été traitée. Cette mobilisation se
fait par un captage dans les eaux souterraines (nappes ou sources) ou dans les
eaux de surface (lacs, rivières, fleuves). Des puits
équipés de pompes permettent l'extraction de l'eau des nappes
phréatiques, alors que pour les sources, des ouvrages de captages de
sources (prise d'eau, conduite d'amenée et chambre d'eau) sont
nécessaires. Ces différentes techniques nommées pompages
permettent de transférer l'eau brute vers une station de traitement qui
transforme l'eau brute en eau potable. Ici, les substances indésirables
telles que particules en suspension, micro-organismes (bactéries, virus,
algues), certaines substances chimiques (nitrates, phosphates, pesticides,
etc.) sont éliminées. Plus l'eau est impure, plus les
étapes de traitement sont nombreuses.
22
Les eaux souterraines nécessitent moins de traitement,
soit une simple désinfection à l'aide d'ozone ou de chlore, alors
que les eaux de surface en nécessitent plus : préozonation qui
élimine les micro-organismes, floculation qui facilite la
décantation des particules en suspension puis filtrage. Ensuite on fait
une correction du pH grâce à la soude pour éviter la
corrosion des conduites et enfin, on ajoute du dioxyde de chlore pour
éviter le développement des germes.
La filtration sur membranes est une technique plus moderne
utilisée actuellement dans la potabilisation de l'eau. Injectée
dans des membranes de diamètres différents l'eau subit en une
seule opération la clarification et la désinfection.
Adduction
C'est l'acheminement de l'eau, des stations de traitement vers
les réservoirs de stockage, puis des réservoirs vers les
abonnés et ceci grâce à de nombreuses conduites. Il peut se
faire gravitairement lorsque le relief le permet ou par refoulement,
c'est-à-dire un pompage du bas vers le haut dans le cas contraire.
Les réservoirs jouent un rôle de
régulation entre la ressource et la demande en eau. On leur
reconnaît trois fonctions principales : garantir la distribution de l'eau
en quantité suffisante, réguler la pression dans les conduites,
servir de réserve d'eau pour la lutte contre l'incendie.
Distribution
Le réseau de distribution est constitué de
canalisations et de conduites qui transportent l'eau depuis les
réservoirs vers les abonnés. La distribution peut se faire par
gravité ou par refoulement. Le pompage par refoulement permet de
s'affranchir de la topographie. On distingue trois types de conduites : les
conduites principales qui amènent l'eau des réservoirs vers la
zone de distribution, les conduites de distribution qui amènent l'eau
à proximité des immeubles et les conduites de branchement qui
desservent les consommateurs.
On distingue trois types de réseaux :
23
Le réseau ramifié
Il a la structure d'un arbre, une conduite principale avec des
ramifications. Ce type de réseau a un désavantage lié au
fait qu'il possède des zones mortes aux extrémités des
ramifications, ce qui entraine la stagnation et la dégradation de l'eau.
Par contre sa construction nécessite peu de moyens financiers.
Le réseau maillé
Ici, les extrémités des conduites principales et
secondaires sont reliées entre elles et permettent le bouclage du
réseau. En cas de problèmes ou lors des travaux d'entretien,
l'eau est facilement acheminée par une boucle alternative. Son
coût de construction est cependant plus élevé, en
comparaison avec le réseau ramifié
Le réseau étagé
On a recours à ce type de réseau quand il existe
des contraintes topographiques dans la zone à alimenter. Ce
réseau est alors subdivisé en plusieurs zones de pressions
à l'aide de réservoirs intermédiaires qui régulent
la pression.
Tout ce réseau de distribution est enterré et
cet enchevêtrement constitue les veines et les artères du
métabolisme de la ville.
Bien qu'ils soient enterrés, les réseaux sont
exposés à des risques de détérioration d'origines
diverses, mécaniques ou chimiques.
En effet, les canalisations peuvent être
écrasées par des charges excessives (camion par exemple), ou bien
les sols peuvent bouger et entrainer la rupture des canalisations ou encore les
racines des arbres peuvent les obstruer. Ce sont ces contraintes
mécaniques qui sont à la base de la perte des réseaux.
2.2.2.2. Utilisation
Au milieu du 19e siècle, les utilisations
faites de l'eau en ville ont dominé le débat politique à
cause de la grande quantité de l'eau que la ville absorbe pour son
fonctionnement et les polluants qu'elle rejette dans la nature à la
suite de ces utilisations. Mais de nos jours la baisse de la consommation en
eau urbaine due à la désindustrialisation, au recul de
l'agriculture urbaine et à la conscience écologique des citadins,
le délaissement des pratiques agricoles
24
voraces en eau et des industries polluantes ainsi que la
généralisation de l'assainissement ont fait que le débat
est moins vif.
Les usages de l'eau peuvent être classés en trois
grandes catégories : les usages agricoles, les usages industriels puis
les usages domestiques et publics.
2.2.2.3. Assainissement
Au début du 19e siècle, la pression
démographique dans les villes a entrainé des problèmes de
santé car les eaux usées et les déchets étaient
simplement jetés par la fenêtre ou recueillis dans des caniveaux
situés au milieu de la chaussée ou bien envoyés dans des
cours d'eau ou les points bas de la ville ; cela a poussé les
autorités à prendre des mesures d'hygiène et
d'assainissement. Le tout-à-l'égout d'abord et en suite
l'installation de stations d'épuration vont permettre de pallier ces
difficultés. L'histoire de l'assainissement a ainsi un lien très
étroit avec l'hygiène, la maitrise de l'eau et la maitrise des
déchets. Il s'en dégage trois objectifs principaux pour le
système urbain : améliorer le confort des habitants car nul
n'aimerait voir des eaux usées ou pluviales stagner dans sa maison, dans
son jardin ou dans la rue ; garantir l'hygiène et la salubrité en
évitant les nuisances provenant des eaux usées et enfin,
permettre le développement de la ville car « le zonage
d'assainissement et la bonne gestion des eaux pluviales permettent une
urbanisation cohérente et à long terme » (Bordet, 2007
: 249).
L'assainissement est donc l'ensemble des techniques de
collecte des eaux usées et pluviales, de leur évacuation et de
leur traitement de façon à satisfaire aux normes de rejet. Le
traitement et l'élimination des boues en font aussi partie ;
l'assainissement peut être collectif ou non collectif.
Assainissement collectif
Collecte et transport des eaux
L'assainissement collectif est la collecte,
l'évacuation et le traitement des effluents domestiques et industriels
grâce à un réseau de canalisations souterraines
appelé égouts ; ces effluents sont acheminés dans une
station pour traitement puis rejetés dans le milieu naturel qui est le
plus souvent un cours d'eau. Les eaux de pluie aussi sont collectées et
acheminées via des canalisations et selon le cas vers une station de
traitement ou directement rejetées dans le milieu naturel.
25
On distingue deux types de réseaux de collecte : le
réseau unitaire et le réseau séparatif.
Le réseau unitaire est fait d'un
collecteur unique qui évacue les eaux usées et les eaux pluviales
jusqu'à une station d'épuration pour traitement. On y adjoint des
ouvrages connexes que sont les bassins d'eaux pluviales et les
déversoirs d'orage qui permettent d'acheminer les eaux pluviales
excédentaires directement dans les milieux récepteurs en cas de
fortes pluies. Les STEP sont ainsi soulagées, ce qui améliore
leur rendement.
Le réseau séparatif est
constitué de deux collecteurs distincts séparant eaux
usées et eaux pluviales à la source : l'un collecte et achemine
les eaux usées domestiques vers une station d'épuration pour
traitement et l'autre, les eaux pluviales qu'il évacue vers le milieu
naturel.
Les eaux usées subissent un traitement
mécanique, chimique et ou biologique, alors que les eaux pluviales ou
claires sont simplement filtrées et décantées avant
d'être acheminées vers le lac ou les cours d'eau.
Cette décantation et ce filtrage se font grâce
à des bassins de stockage des eaux de pluie qui sont
aménagés à l'amont de ce réseau pour réguler
les débits.
Traitement des eaux
On distingue deux types de traitement : le traitement extensif
des effluents par lagunage naturel et le traitement intensif par les stations
d'épuration.
Pour le lagunage naturel, les effluents,
surtout domestiques, sont conduits vers une zone humide artificielle
aménagée qui les épure grâce à
l'énergie solaire. Il s'agit de la reproduction des processus naturels
d'autoépuration qui consistent au traitement biologique des effluents
pendant un séjour assez long dans une série de bassins
étanches. L'autoépuration repose sur la dégradation de la
matière organique par les bactéries, les algues et les
végétaux présents. L'eau épurée est remise
dans un cours d'eau et les boues sont stockées au fond du bassin.
Ce type de traitement a un bilan environnemental positif
car
« f...] aucun raccordement électrique n'est
nécessaire, f...] la qualité bactériologique des eaux
rejetées est souvent excellente, proche des normes sanitaires des eaux
de baignage f...] le traitement de l'azote organique (DBO5-DCO) et de l'azote
est bon f...] celui du phosphore est correct avec 60/70% d'élimination
». (Bordet, 2007 : 283)
26
Il a un faible coût d'investissement et de
fonctionnement. Par contre, il nécessite un entretien régulier :
nettoyage, fauchage de la végétation, enlèvement des
boues, etc.
Pour ce qui est du traitement intensif, les
effluents de toutes sortes sont acheminés vers les stations
d'épuration qui sont des installations qui permettent de traiter ces
effluents par un procédé artificiel, en imitant le processus
naturel décrit ci-dessus. Ses nombreux procédés, dont
entres autres : les lits bactériens, disques biologiques et boues
activées, intensifient les phénomènes de transformation et
de destruction des matières organiques, d'où son nom.
Les stations d'épuration produisent de l'eau
épurée restituée dans le milieu et des boues qui subiront
encore des traitements.
Deux étapes majeures sont distinguées dans le
traitement intensif des eaux usées : le lavage de l'eau et le traitement
des boues.
Le lavage de l'eau comprend quatre étapes :
- un prétraitement où les déchets
organiques ou minéraux de grande taille susceptibles de gêner les
traitements ultérieurs sont séparés de l'eau. Le
prétraitement comprend les ouvrages tels que le
dégrilleur qui stoppe les matières
grossières et inertes véhiculées jusqu'à la station
par les collecteurs (chiffons, morceaux de bois, feuilles, plastiques, etc.),
le dessableur qui retient les sables et graviers qui se
déposent avant la station de dépollution car dommageables pour
les équipements mécaniques, le
dégraisseur-déshuileur qui retient les huiles,
les graisses et les hydrocarbures flottant et susceptibles de perturber le
traitement biologique.
Tous ces déchets issus du prétraitement sont
évacués avec les ordures ménagères. Les huiles et
les graisses sont traitées comme des déchets spéciaux.
- un traitement primaire qui permet la décantation des
matières en suspension et des matières colloïdales. On
obtient des boues primaires très fermentescibles.
- un traitement secondaire qui permet d'éliminer la
pollution organique colloïdale et dissoute par voie biologique. Les boues
produites sont séparées de l'eau grâce à un
clarificateur. On obtient alors des boues secondaires et un rejet liquide sans
aucune matière en suspension.
- un traitement tertiaire qui lui, permet une
élimination suffisante du phosphore et de l'azote car ces
minéraux, très nutritifs, accélèrent la
prolifération d'algues et de végétaux qui entraine
l'eutrophisation du milieu récepteur lorsqu'ils y sont
rejetés.
27
- un traitement de finition qui assure une épuration de
qualité préservant les milieux naturels. Il peut s'agir de
lagunes de finition, de filtration sur charbon actif, de filtration sur lits de
sable, etc.
Les boues issues du lavage de l'eau doivent être
traitées. Elles sont liquides et concentrent la pollution
traitée. Il est indispensable de les éliminer dans le respect de
l'environnement.
Le traitement des boues se fait en trois étapes :
- leur stabilisation par minéralisation qui
évite les fermentations et les nuisances. Elle se fait par voie
biologique aérobie dans un bassin d'aération ou par voie
anaérobie dans un digesteur ou encore par voie chimique et adjonction de
chaux.
- la réduction de leur volume par élimination de
l'eau dans un épaississeur ou par séchage-déshydratation
grâce à des lits de séchage ou des presses.
- leur stockage et leur conditionnement qui est fonction de
leur utilisation finale. Elles peuvent être incinérées et
ainsi valorisées pour la production d'énergie ou bien être
recyclées dans l'agriculture. Les problèmes qui se posent
à ce niveau sont le traitement adéquat des fumées issues
de l'incinération et les produits nuisibles présents dans ces
boues si elles doivent servir d'amendements agricoles.
La valorisation énergétique et agricole des
boues d'épuration est bénéfique pour les
collectivités. Mais il faut prendre des précautions en ce qui
concerne l'épuration des fumées et poussières
d'incinération, la protection des sols et des individus. Dans ce dernier
cas, une bonne connaissance des boues et une bonne organisation de
l'épandage sont nécessaires.
Assainissement non collectif
L'assainissement non collectif permet l'élimination des
eaux usées domestiques d'une habitation individuelle (assainissement
individuel) ou de plusieurs habitations (assainissement autonome) sur les lieux
mêmes où se trouvent ces habitations, la faible densité et
la dispersion de l'habitat dans ces zones induisant des coûts très
élevés si on envisageait un assainissement collectif.
Il s'agit ici de fosses septiques dans lesquelles les eaux
usées sont déversées et le traitement de ces eaux est
privé. Ce traitement est fait par le pouvoir épurateur naturel du
sol qui filtre l'eau. Le milieu récepteur est le sous-sol qui infiltre
l'effluent épuré. Les matières solides qui deviennent des
boues sont vidangées.
28
Ce type d'assainissement n'est pas souvent accepté par
les autorités et il constitue une étape transitoire vers
l'assainissement collectif car les dangers qui y sont liés sont
énormes. Ainsi l'assainissement non collectif n'est pas accepté
s'il existe une nappe trop proche, si le sol n'est pas assez perméable
pour permettre l'infiltration, s'il y a risque de contamination de captages,
etc.
2.3. Le bassin versant et la gestion
intégrée de l'eau
Le bassin versant encore appelé bassin hydrographique
ou bassin topographique a trait aux ressources en eaux de surface. C'est une
unité géographique naturelle constituée de
l'ensemble des pentes inclinées vers un cours d'eau ou
un plan d'eau et qui déversent dans ces milieux leurs eaux de
ruissellement. « Le bassin versant est défini comme la surface
qui
recueille les eaux s'écoulant dans un cours d'eau.
» (Reynard et al. 2000 : 7).
On distingue aussi le bassin hydrogéologique qui lui,
se rapporte principalement aux eaux souterraines ; c'est le territoire à
l'intérieur duquel les eaux souterraines se rejoignent pour
s'écouler vers un même exutoire. « Le bassin
hydrogéologique est à la ressource en eau souterraine ce que le
bassin hydrographique est à la ressource en eau de surface »
(Bordet, 2007 : 34).
En matière de gestion des ressources en eau, c'est
l'approche traditionnelle caractérisée par un système de
gestion sectorielle et fragmentée qui a toujours prévalu et qui
ne tient pas compte des interactions et des interdépendances entre les
différents sous-systèmes. Au vu des limites de cette approche,
une autre approche qu'on pourrait appeler moderne est proposée : celle
de la gestion intégrée qui elle, dans la définition de ses
objectifs d'action prend en compte non seulement la ressource en eau, mais
aussi les jeux d'acteurs et leurs implications, de même que les
aménagements et les différents usages qui ont cours dans un
espace donné.
« La gestion intégrée des ressources en
eau est donc une approche prenant en compte toutes les caractéristiques
du cycle de l'eau et ses interactions avec les autres ressources et
écosystèmes naturels »6.
6 Partenariat Mondial pour l'Eau, (2000). La gestion
intégrée des ressources en eau. *Page Web+. Disponible sur :
http://www.unep.org/civilsociety/GCSF8/pdfs/IWRMwaterefficiencyfre.pdf
, (consulté le 16/06/11).
29
En réponse à la complexité de la gestion
de l'eau et compte tenu de sa pertinence, la gestion intégrée par
bassin hydrographique se développe de plus en plus dans le monde.
« En 2001, le Sommet de la Terre de Rio a
également mis l'accent sur la gestion intégrée de l'eau
à l'échelle des bassins versants. De même, la
Directive-Cadre Européenne sur l'eau (2000) considère la gestion
intégrée comme l'un des instruments permettant d'atteindre un bon
état écologique en eau à l'horizon 2015 ».
(Reynard et al. 2006 : 22)
La France est pionnière dans cette démarche
puisque depuis 1964, avec la création d'une unité administrative,
le district hydrographique, elle tente d'y appliquer la gestion
intégrée des ressources en eau.
Le concept de gestion intégrée implique donc les
notions fondamentales d'organisation, d'interdépendance, de
hiérarchisation, de coordination et d'intégration, autant une
« intégration horizontale de la ressource, des usages et des
acteurs, qu'une intégration verticale des différentes
échelles de la gestion » (Charnay, 2010 : 39).
Selon Reynard, 2008, le modèle hydro-centré a
pour objectif « la gestion intégrée de l'ensemble des
usages d'un bassin versant, tenant compte à la fois des besoins des
différents groupes d'usagers, de la qualité et de la
quantité d'eau à disposition » alors que le
modèle urbano-centré a pour objectif central «
l'approvisionnement des métropoles urbaines en eau en suffisante et de
bonne qualité ».
Les deux modèles ont la même finalité
puisqu'il s'agit de considérer les ressources en eau des villes du point
de vue quantitatif et qualitatif, d'intégrer les sous-systèmes
« acteurs », « aménagements » et « usages
» et de faire en sorte qu'il y ait une imbrication des échelles, du
local au global, tout en conciliant les préoccupations
environnementales, sociales, économiques et politiques. «
Ainsi, la gestion par bassin versant est une gestion
intégrée, de même que peut l'être l'approche
urbano-centrée » (Veuthey, 2009 : 24).
La ville étant le front où s'opèrent les
jeux et les enjeux liés à l'eau,
« on peut s'attendre au cours des prochaines
années à une progressive emprise du modèle
urbano-centré de gestion des réseaux d'eau notamment dans le
domaine de
30
l'approvisionnement en eau potable, au détriment de
modèles plus holistiques de gestion par bassins versants ».
(Reynard 2008 : 36)
Bien que l'approche de gestion par bassin versant, encore
appelée modèle hydro-centré fasse
l'unanimité au niveau international, nous adoptons dans le cadre de
notre étude, l'approche de gestion par commune ou modèle
urbano-centré.
2.4. Développement durable et gestion de
l'eau
Nos propos ici, ont été largement
inspirés du cours de Bachelor « Développement Urbain
Durable » du professeur Antonio Da Cunha.
Au début des années 70, il y eut
émergence d'une prise de conscience relative au mal développement
des sociétés et des territoires, un développement qui
aggrave les inégalités : inégalités d'accès
aux ressources mais aussi et surtout destruction de ces dernières avec
un lot de pollutions en tout genre.
Les essais de solution pour pallier ce dysfonctionnement ont
d'abord conduit à la proposition de la croissance zéro
initiée par le Club de Rome en 1972 dans le Rapport « Meadows
».
Pour le Club de Rome, la solution à ce problème
de mal développement est l'arrêt de la croissance
démographique et de la croissance économique. L'évolution
des activités humaines consommant des ressources naturelles peut
être représentée par une courbe exponentielle de
croissance. Or, lesdites ressources ne sont pas extensibles ad vitam
aeternam ; on se trouve aux portes des limites des ressources avec ses
conséquences. Il urge donc d'infléchir la tendance exponentielle
de la croissance actuelle et de limiter les activités humaines aux
bornes d'une croissance zéro.
Mais cette thèse a été battue en
brèche et on lui a préféré
l'écodéveloppement comme alternative.
Les partisans de l'écodéveloppement trouvent que
les propositions ci-dessus sont très extrêmes car elles ne
constituent pas la garantie à la distribution des ressources et pourrait
même améliorer la situation des élites. Ils proposent alors
une voie moyenne, un développement des populations par
elles-mêmes, populations qui utilisent au mieux les ressources
naturelles, qui s'adaptent à un environnement qu'elles transforment sans
le détruire.
31
Une question d'envergure se pose alors : comment assurer la
compatibilité entre croissance, reproduction des ressources et
répartition des richesses ? Le concept de développement durable,
esquissé en 1987 dans le rapport Brundtland vient en réponse. Ce
rapport a formulé un certain nombre de recommandations ayant abouti
à la Conférence mondiale sur l'environnement et le
développement à Rio en 1992.
La solution tant recherchée a finalement
été trouvée : on peut parvenir à la croissance,
à une efficacité économique tout en respectant les
équilibres écologiques, en garantissant la solidarité
entre les différents groupes sociaux et les générations ;
donc « un développement qui répond aux besoins des
générations du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre
aux leurs. (CMED, 1988 : 43)7.
Concilier efficacité économique,
équilibre écologique et justice sociale est difficile certes mais
cela n'est pas impossible. Cette conciliation passera par «
l'exploration d'interfaces ou de zones d'intégrations entre ces trois
domaines » (Veuthey, 2009 : 24), trois domaines que sont
l'environnement, le social, l'économique. Ces interfaces ou zones
d'intégration sont encore appelées variables d'harmonisation,
entre les objectifs environnementaux, économiques et sociaux.
Elles se déclinent en trois entités :
- la viabilité qui implique l'harmonisation des
objectifs de reproduction du capital naturel et du capital
économique,
- l'effiquité qui harmonise les objectifs du capital
social et du capital économique et enfin
- la justice sociale qui signifie harmonisation des objectifs
de reproduction du capital naturel et du capital social.
Ces objectifs dudit concept sont mentionnés dans les
différents chapitres de l'Agenda 21 qui est un plan d'actions pour le
21e siècle adopté par les parties prenantes lors de la
Conférence de Rio.
Une attention particulière y a été
portée aux ressources en eau, à leurs usages et fonctions, en
l'occurrence en son chapitre 18.2
«L'eau est nécessaire à tous les aspects
de la vie. L'objectif général est de veiller à ce que
l'ensemble de la population de la planète dispose en permanence
7 Commission Mondiale pour l'Environnement et le
Développement, (1998). Evolution conceptuelle et historique du
développement durable. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.rncreq.org/pdf/Rapport%20DD.pdf
, (consulté le 19/06/2011).
32
d'approvisionnements suffisants en eau de bonne
qualité tout en préservant les fonctions hydrologiques,
biologiques et chimiques des écosystèmes, en adaptant les
activités humaines à la capacité limite de la nature et en
luttant contre les vecteurs des maladies liées à l'eau. Des
techniques novatrices, notamment la modernisation des techniques nationales,
sont nécessaires pour utiliser pleinement des ressources en eau
limitées et les préserver de la pollution
»8.
Cette citation souligne le caractère vital et l'importance
de la ressource en eau.
Alors des mesures ont été prises à tous
les niveaux, tant international que national pour atteindre ces objectifs. On
peut mentionner :
- la Conférence internationale sur l'eau et
l'environnement tenue à Dublin en1992 ; quatre principes directeurs en
ont découlé :
« - Principe 1 : L'eau douce -
ressource fragile et non renouvelable - est indispensable à la vie, au
développement et à l'environnement,
- Principe 2 : La gestion et la mise en
valeur des ressources en eau doivent associer usagers, planificateurs et
décideurs à tous les échelons,
- Principe 3 : Les femmes jouent un
rôle essentiel dans l'approvisionnement, la gestion et la
préservation de l'eau,
- Principe 4 : L'eau, utilisée
à de multiples fins, a une valeur économique et devrait
être reconnue comme bien économique ».
(Déclaration de Dublin, Principes directeurs, 1992)
Ouvrons une petite parenthèse pour dire que 15 ans plus
tôt, lors de la première Conférence internationale de l'eau
tenue à Mar del Plata, l'eau avait été reconnue comme un
bien commun. Mais au vu des problèmes qu'elle engendre, sa
raréfaction relative et l'horizon sombre qui est le sien, cette vision
de l'eau comme bien commun s'est estompée au profit d'une vision de
l'eau comme bien économique. L'idée qui se cache derrière
cette définition est que plus l'eau est chère, moins elle sera
utilisée et moins elle sera gaspillée.
Ceux qui défendent cette opinion arguent que
8 ONU, Division du Développement Durable,
(Décembre 2004). Protection des ressources en eau douce et de leur
qualité : Application d'approches intégrées de la mise en
valeur de la gestion et de l'utilisation des ressources en eau. [Page Web].
Disponible sur :
http://www.un.org/esa/sustdev/documents/agenda21/french/action18.htm
(consulté le 19/06/2011)
33
« les gaspillages de l'eau seraient dus au fait que
jusqu'à présent, la plupart de nos sociétés ont
considéré l'eau comme un bien social plutôt que comme une
marchandise. Cela aurait artificiellement maintenu et maintiendrait aujourd'hui
encore le prix de l'eau à des niveaux très bas, incitant à
une utilisation insouciante, gaspilleuse et inefficace [...] il faut donc,
affirme-t-on, finir avec l'eau, bien gratuit, disponible, abondant ».
(Petrella, 1999 : 64)
Il se soulève alors le vif débat du choix
à faire entre gestion privée de l'eau confiée aux grandes
firmes privées et la gestion publique opérée par l'Etat ou
directement par les collectivités publiques.
- l'institution du 22 mars comme journée mondiale de
l'eau, ce depuis 1993, conformément aux recommandations du chapitre 18
de l'Agenda 21,
- la Conférence interministérielle sur l'eau
potable et l'assainissement à Noordwijk en 1994, dont le programme
d'action est « [d'] assigner une haute priorité aux
programmes visant à fournir des systèmes de base d'assainissement
et d'évacuation des excréments dans les zones urbaines et rurales
»9
- le conseil mondial de l'eau, mis sur pied en 1996 pour
répondre aux préoccupations croissantes de la communauté
internationale face aux problématiques de l'eau,
- les forums mondiaux de l'eau dont le premier s'est tenu
à Marrakech en 1997, sur la houlette du Conseil mondial de l'eau,
reconnaît le besoin humain fondamental d'avoir accès à
l'eau saine et à l'assainissement. Le quatrième, tenu à
Mexico en 2006 réaffirme « le rôle crucial de l'eau et en
particulier de l'eau douce dans tous les domaines liés au
développement durable »10.
- la Conférence internationale sur l'eau douce tenue
à Bonn en 2001 ; elle s'est appesantie sur les termes de gouvernance, de
mobilisation des ressources financières, de renforcement des
capacités et de partage des connaissances en matière de gestion
de l'eau, clef du développement durable. Elle reconnait que l'eau
« est un élément capital pour la santé des
populations et leur subsistance, pour la croissance économique ainsi que
pour la préservation des écosystèmes
».11
- l'institution de l'année 2003 comme année
internationale de l'eau douce au troisième forum mondial de
l'eau,...pour ne citer que ceux-là, la liste étant
interminable.
9 UNESCO, (2006). Les grandes étapes. 1972-2003
: De Stockholm à Tokyo. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.unesco.org/water/wwap/index
fr.shtml , (consulté le 12/05/11).
10 ibidem
11 ibidem
34
Les multiples rencontres dont l'eau est au centre, la
pléthore de rapports, de déclarations, d'articles, de chartes,
d'évaluations et de publications attestent de l'importance de la
thématique de la gestion durable de l'eau.
2.5. Frontière et gestion de l'eau
La frontière est une limite qui circonscrit une aire,
l'aire de souveraineté d'une collectivité. Cette limite,
fixée par une communauté humaine induit une discontinuité
dans l'espace ; cette portion d'espace appropriée,
délimitée, structurée devient alors un territoire. De ce
territoire naît un Etat grâce à l'intervention d'un
système politique. Elle est « une limite physique qui fixe
l'aire territoriale d'un état nation et indique le champ d'exercice de
la souveraineté nationale » (Pelli, 2002 : 4).
La frontière est donc un instrument géographique
d'organisation de l'espace. Elle s'inscrit dans l'effort des
collectivités assoiffées de territoire d'assouvir cette soif mais
aussi dans le souci de s'émanciper en cherchant des valeurs nationales
dans le cadre d'un état organisé. « Elles [les
frontières] sont des limites, des discontinuités et de ce
fait, révélatrices de nombre de phénomènes
politiques, militaires, culturels, économiques » (Pradeau,
1994 : 15).
La frontière peut se présenter sous plusieurs
formes : une ligne de démarcation tracée sur le sol, il s'agit
ici d'une limite (frontière entre la Corée du Nord et la
Corée du Sud). Une barrière défensive créée
pour assurer la protection d'un Etat : ceci peut être un mur, des
grillages ou des barbelés (frontière séparant les
Etats-Unis d'Amérique du Mexique). Elle peut être un cours d'eau
(fleuve Maroni entre la Guyane et le Surinam) ou des crêtes de montagne,
ou bien encore un espace vide parsemé de bornes (au sein de la
forêt entre la Guyane et le Brésil).
D'une part, elle coupe l'espace et le sépare en deux
entités étatiques contiguës, juxtaposées avec des
spécificités politiques, législatives, administratives et
économiques propres à chacune d'elles ; la frontière
constitue alors une coupure. D'autre part, elle unifie, sert d'interface, de
lieu d'échange et de passage ; elle est encore couture. Puisqu'elle est
à la fois coupure et couture, Raffestin (1975) la qualifie de notion
ambivalente. Cette ambivalence de la frontière se situe aussi dans le
fait qu'elle peut être artificielle (car créée par la
société et marquée par des artifices : mur, grillages,
etc.) ou naturelle, quand des éléments naturels, hydrographiques
ou orographiques en sont les marqueurs.
35
La frontière enferme ou libère. En
deçà, elle est une prison. Au-delà un symbole de
liberté. Pour un refugié, politique ou économique, son
franchissement est une fuite vers la liberté ou vers des conditions de
vie meilleures.
« La frontière est un organisme vivant
animé (mais aussi instrumentalisé) par les volontés
politiques, les environnements et conjectures économiques,
traversé et irrigué par les populations frontalières
». (Picouet et Renard, 2007 : 117)
Dans son fonctionnement, la frontière mobilise
plusieurs acteurs : politiciens, douaniers, policiers, militaires,
commerçants, contrebandiers, etc. On lui assigne plusieurs fonctions
dont le nombre et la nature varient au gré des objectifs que l'Etat
s'est fixés. C'est donc la société qui « lui
attribue ainsi ses fonctions dominantes, ses valeurs, sa signification, par
ailleurs variables dans le temps long des hommes et de leurs territoires »
(Picouet et Renard, 2007 : 17).
Mais généralement, elles remplissent trois
fonctions principales, selon Raffestin et Guichonnet (1974 : 49 -53) :
- La fonction légale : la
frontière délimite l'aire territoriale à
l'intérieur de laquelle s'applique le droit positif d'un Etat. Autrement
dit, en deçà de l'aire délimitée ou
démarquée par la frontière, prédomine un ensemble
d'institutions juridiques et de normes qui règlent l'existence et les
actions des membres de la société.
« À l'abri des frontières, le droit
national est souverain, favorise le maintien d'un certain ordre public, permet
de réagir contre les abus définis par la loi. Elle constitue une
protection des acquis légaux, de certaines formes de culture et
d'organisation, du fonctionnement socio-politique et économique ».
(Wackermann, 2003 : 78)
- La fonction fiscale : cette fonction a
plusieurs objectifs, notamment celui de protéger le marché
national par le prélèvement de taxes sur les produits
étrangers. Cette politique a pour but de promouvoir et de favoriser
l'agriculture et l'industrie nationales en « les mettant à
l'abri des atteintes de la concurrence jugée dangereuse et en leur
réservant l'ensemble du marché national » (Guichonnet
et Raffestin, 1974 : 50).
Elle incite donc à la consommation locale. C'est le cas
des contrôles douaniers entre la Suisse et l'Italie par exemple. La
fonction fiscale peut aussi permettre d'alimenter un budget. Entre la
frontière séparant le Bénin et le Togo et au niveau des
frontières maritimes de ces deux
36
nations voisines, les taxes prélevées sur les
marchandises et les produits servent à alimenter le budget national.
- La fonction de contrôle : elle a pour
dessein de surveiller des personnes et des biens au franchissement de la
frontière. Il s'agit du contrôle de mouvements migratoires ou du
contrôle des capitaux et des biens. Ce sont donc des mesures d'exclusion
et d'interdiction opérées à la frontière qui
devient ainsi un filtre. L'effet filtre peut être subi ; c'est le cas de
pays sous embargo ou sous des mesures de boycott. Il peut aussi être
volontaire et recherché ; ceci passe par les refus et les
contrôles via l'arsenal législatif et règlementaire. Ces
mesures de refus ou de contrôles reposent sur des considérations
politiques, économiques, idéologiques, morales. Ces
empêchements à la libre circulation des personnes et des biens
montrent l'aspect négatif de la fonction de contrôle. En
même temps elle a des effets positifs dans la mesure où elle
« peut être utile pour empêcher la propagation de maladies
contagieuses ou interdire l'accès des plantes ou animaux
contaminés » (Pelli, 2002 : 42).
L'espace frontalier est une interface remarquable fait
d'éléments, de réseaux, de structures et de flux,
« donc bien le lieu de rencontre entre des enjeux et des
stratégies de pouvoirs et d'acteurs très différents,
situés à des niveaux scalaires multiples » (Picouet et
Renard, 2007 : 16).
Grâce au progrès de l'information et de la
communication, aux techniques et moyens de transport performants : le transport
aérien, les réseaux autoroutiers et la circulation ferroviaire
à grande vitesse, le monde est devenu fondamentalement un ;
l'affirmation « monde, village planétaire » est maintenant
plus vraie que jamais, comme en témoigne le flux des échanges
humains, matériels, immatériels. Dans ce contexte, les
frontières deviennent de plus en plus désuètes d'autant
plus que nous assistons dans une bonne partie du monde à
l'amoindrissement de leurs effets.
Les frontières ne sont plus des obstacles comme
autrefois mais des éléments de rapprochement des
sociétés et des économies complémentaires. Elles
perdent de plus en plus les fonctions qu'on leur reconnaissait. Cette
défonctionnalisation des frontières encore
appelée défrontiérisation n'est encore nulle part
achevée sauf dans le cas de l'Allemagne avec la chute du mur de Berlin
en 1990 et la réunification entre la RDA et la RFA.
37
Cette défonctionnalisation des frontières se
voit dans les efforts de coopération transfrontalière et
d'intégration entre des Etats. On peut citer comme exemple l'Union
Européenne en Europe, la CEDEAO en Afrique de l'Ouest.
Les frontières ne sont plus pour autant des limites de
souveraineté économique. Les frontières nationales
à vocation politique, législative, administrative sont toujours
présentes dans tous les Etats. Même dans un contexte
d'intégration, la fonction légale demeurera toujours. C'est
pourquoi l'idée d'un effacement total des frontières est une
illusion. Ceci s'explique aisément par les contrôles
d'identité au passage des frontières même dans un contexte
de tentative de suppression de celles-ci. La frontière ne saurait
disparaître totalement puisqu'elle a toujours une fonctionnalité,
même si celle-ci est partielle.
« L'homme, la société, dans leur vie
quotidienne, ont besoin de limites territoriales, mais ouvertes, de
frontières, mais ouvertes. Ils nécessitent un minimum
d'intégration spatiale, de sécurité territoriale [...]. Le
changement est inscrit dans l'identité». (Wackermann, 2003 :
169)
Pour la présente étude, c'est la fonction
légale de la frontière qui nous intéresse puisque c'est en
vertu de cette fonction que les lois régissant les actions et
comportements des individus dans la société sont établies.
Les lois régulant la gestion de l'eau dans un Etat donné entrent
également dans ce cadre.
2.6. La gestion de l'eau en France et en Suisse
2.6.1. Le cas de la France
La France dispose d'un potentiel aquatique exceptionnel.
« Les précipitations atteignent 440 milliards de m3
par an, dont en moyenne 100 milliards de m3 par an pour les usages
humains.» (Nicolazo & Redaud, 2007 : 61). Cette quantité
nécessaire aux usages humains provient à 81% des eaux de surface
et à 19% des eaux souterraines. Mais les pressions sur la ressource sont
nombreuses et variées. « La répartition pour les
différents usages est estimée à 22% pour les besoins
énergétiques, 25% pour les besoins domestiques, 49% pour les
besoins agricoles et 4% pour les besoins industriels» (Bordet, 2007 :
60).
38
Pour structurer la trame urbaine, chaque habitation doit
disposer d'eau potable sous pression à travers un réseau public
de distribution. La desserte en eau potable et en assainissement des
populations justifiant d'un équipement collectif est quasiment
complète. Ainsi, pour ce qui est du réseau public d'eau potable,
« les communes urbaines sont desservies à 100% depuis 1930
» (Bordet, 2007 : 112).
Trois grandes compagnies privées dominent très
largement le marché de distribution d'eau potable : Veolia (50%),
Suez-Lyonnaise des eaux (23%), et Saur (17%).
« A l'inverse des pays de tradition
fédéraliste comme l'Allemagne ou la Suisse, les villes
françaises ont été placées dans une situation de
dépendance technique et financière à l'égard de
l'Etat. L'Etat central fort a entretenu des collectivités locales
faibles [...] [et] n'a eu de cesse de bloquer toute
velléité d'extension du municipalisme [...] [puis] a
soutenu la création de grands groupes privés ».
(Pflieger, 2009 : 39-40)
Selon Nikolazo et Redaud, 2007, 85% de la distribution de
l'eau relève du secteur privé et 15% du secteur public. Dans le
domaine de l'assainissement, la répartition est moins
déséquilibrée : 55% relèverait du secteur public,
45% du secteur privé.
Toujours selon Nikolazo et Redaud, 2007, la moyenne nationale
pour la consommation d'eau potable est de 165 l par habitant et par jour. La
consommation à usage domestique a augmenté de 15% entre la fin
des années 70 et le début des années 90. Avec la prise de
conscience environnementale, cette hausse est désormais
stabilisée puisque
«d'une part l'essentiel des équipements de
desserte est assuré, d'autre part, des investissements importants sont
engagés pour réduire les fuites des réseaux. La hausse du
prix de l'eau et des récentes dispositions légales imposant une
facturation volumétrique et non plus forfaitaire, ont contribué
à accélérer les opérations d'économie d'eau
»12.
Le prix moyen de l'eau potable est de 2,75 Euros par
mètre-cube. Il varie fortement entre les communes. « Il se
situe dans une fourchette de 2 à 3,5 Euros par mètre-cube »
(Nicolazo & Redaud, 2007 : 105).
12 Redaud, J-L. (25 novembre 2002). Changement
climatique et impact sur les eaux en France. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.uicnmed.org/web2007/CDCambio
climatico/contenido/E/PDF/CC e2b.pdf , consulté le 08/05/11.
39
En 2000, le taux de raccordement aux installations collectives
de dépollution était d'environ 79% puisque, « [...] sur
29 millions de logements, 23 millions étaient raccordés à
un réseau et 5 millions à une fosse individuelle. Les autres
rejettent directement leurs effluents dans le milieu naturel »
(Bordet, 2007 : 254).
Mais l'effort d'équipement en STEP et le taux de
raccordement ont augmenté depuis. Les eaux souterraines sont très
utilisées pour les activités humaines (eau potable, industrie,
agriculture, etc.). Leur pollution est donc dangereuse pour la santé
humaine et pour le bon déroulement de toutes ses activités. Les
principaux polluants sont le nitrate, le phosphore et les pesticides. Selon
Lachavanne et al. 2009, en dehors de toute pollution, les eaux souterraines ont
une concentration naturelle en nitrates de 10 mg/l. Le dépassement de ce
seuil est dû aux activités humaines. Les nitrates sont
majoritairement agricoles pour les eaux souterraines et domestiques pour les
eaux de surface. L'excès d'azote et de phosphore concourt sur les
rivières et les lacs à des phénomènes
d'eutrophisation.
« Les agences de l'eau estiment que les ressources en
eaux souterraines seraient contaminées à 75% par l'agriculture
(dont 30% pour les excédents d'engrais en grande culture et 45%
l'élevage), 20% par les rejets domestiques et 5% par diverses pollutions
(décharges de déchets) ». (Bordet, 2007 : 189)
Selon l'Institut Français de l'Environnement (IFEn), en
2004, des pesticides étaient présents dans 96% des points de
mesure sur les eaux superficielles (49% de ces eaux ont une qualité
médiocre ou mauvaise) et 61% des eaux souterraines (27% sont de
qualité médiocre ou mauvaise).
Les infrastructures du réseau ne sont pas
systématiquement remplacées et le taux de perte était
estimé à 28% en 2008, selon la SSIGE. Ces infrastructures ne sont
remplacées qu'en cas de fuite ou de rupture. « Si les taux de
renouvellement actuels persistaient, l'âge moyen de renouvellement des
réseaux d'eau oscillerait selon les estimations entre 150 et 180 ans
»
( Pflieger, 2009 : 76).
2.6.2. Le cas de la Suisse
Les politiques publiques actives de régulation des
ressources en eau mises sur pied dès lors ainsi que l'hydrologie de la
Suisse font d'elle un pays privilégié en ce qui concerne les
40
ressources en eau, en comparaison avec les pays voisins. La
Société Suisse de l'Industrie, du Gaz et des Eaux affirme que
« contrairement à l'Europe, la Suisse dispose
de réserves d'eau surproportionnelles à ses besoins [...]. En
2009, les distributeurs suisses ont produit 0,967 milliard de mètres
cubes d'eau potable. »13, ce qui a valu à la Suisse
le nom de « Château d'eau de l'Europe ».
Selon les chiffres de la SSIGE (Société Suisse
de l'Industrie, du Gaz et des Eaux) 2008, rapportés par Pflieger en
2009, les prélèvements annuels totaux pour les besoins humains
s'élèvent à 4 milliards de m3. Ils sont
répartis en trois grandes catégories : 70% pour les usages
agricoles, 22% pour les usages industriels et 8% pour les usages domestiques.
Ainsi, sur le plan quantitatif, il n'y a pas de souci majeur à se faire
car « les ressources disponibles sont suffisantes et ce, même en
envisageant une augmentation de la consommation ou une diminution des
ressources mobilisables. » (Veuthey, 2009 : 26).
L'aspect quantitatif seul ne suffit pas dans le cadre de
l'étude des ressources en eau ; il y a bien d'autres paramètres
à considérer. « Lorsque l'on appréhende la
gestion de la ressource en eau, l'aspect quantitatif n'est qu'une des
caractéristiques à prendre en compte. Les aspects qualitatifs et
dynamiques sont également essentiels » (Veuthey, 2009 :
27).
Qu'en est-il de la qualité des ressources en eau ?
L'eau consommée en Suisse provient des sources (40%),
des nappes souterraines (40%) et des eaux de surface (20%). Les eaux
souterraines sont plus prisées car elles sont à l'abri de
pollutions, comparées, aux eaux de surface.
Selon l'Office Fédéral pour l'Environnement
(OFEV), en 2009, la concentration de nitrates dans les eaux souterraines a
dépassé l'exigence chiffrée de l'ordonnance sur la
protection des eaux (OEaux), fixée à 25 mg/l, dans 17% des
stations NAQUA14 échantillonnées. Dans 3% des
stations, elles ont même dépassé la valeur de
tolérance que l'ordonnance sur les substances étrangères
et les composants dans les denrées alimentaires (OSEC) fixe à 40
mg/l.15
La qualité des eaux superficielles s'est nettement
améliorée ces dernières années ; mais des efforts
restent à faire dans les régions encore à vocation
agricole et où l'élevage d'animaux est
13 Eau potable suisse, (2010). L'eau potable suisse,
une marque de qualité. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.trinkwasser.ch/fr/frameset_fr.htm?html/wasserversorgung/wvs_wasserabgabe_03_fr.htm~mainF
rame (consulté le 22/04/11).
14 Observatoire National des eaux souterraines.
15 Office Fédéral de l'Environnement,
(2009). Nitrates dans les eaux souterraines. *Page Web+.Disponible sur :
http://www.bafu.admin.ch/grundwasser/07500/07563/07577/index.html?lang=fr
, (consulté le 10/05/11).
41
intensif. Dans ces régions, la présence de
phosphore entraîne une eutrophisation des eaux de surface.
On doit cette substantielle amélioration de la
qualité des eaux, à l'obligation de se raccorder aux
installations de dépollution imposée depuis 1972, aux subventions
accordées par la confédération pour l'installation
d'ouvrages d'épuration depuis les années 70, à
l'interdiction du phosphore dans les produits de lessive instaurée en
1986 et enfin aux efforts de mise en séparatif des réseaux d'eaux
usées et pluviales.
Les services d'eau potable et d'assainissement sont en gestion
publique et municipale ; mais cela n'est pas allé tout seul ; il a fallu
se battre pour en arriver là. La rente urbaine
générée par la gestion publique et la volonté d'une
égalité dans la desserte des populations y ont concouru.
« [...] le choix d'une gestion de l'eau par la
municipalité a été le résultat d'un long processus
qui s'est situé, dans toute la Suisse, au coeur des politiques urbaines
de la fin du 19e siècle. Une ville après l'autre, et
parfois après divers épisodes de gestion privée, le
modèle suisse des services industriels s'est imposé ».
(Pflieger, 2009 : 26)
Par contre, dans le canton de Zoug, on note une ultime trace
de gestion privée.
La consommation d'eau potable est en baisse constante ; la
consommation individuelle est de 162 litres par jour. La consommation totale
ramenée au nombre d'habitants était, selon Reynard et al., (2000
: 21), de 500l/j/hab. en 1970 ; elle est d'environ de 400l/j/hab actuellement.
Cette baisse est surtout due à la fibre écologique des
consommateurs qui prennent de plus en plus conscience du caractère
précieux de l'eau, la nécessité de la préserver,
ainsi qu'à l'amélioration de la productivité des
réseaux ; « les restructurations du secteur industriel et la
délocalisation des industries les plus polluantes et les plus gourmandes
en ressources doivent aussi être considérées ».
(Bochatay, 2004 : 17).
Le prix de l'eau est en moyenne de 1,60 franc par
mètre-cube.
Le taux de raccordement de la population suisse aux STEP est
très élevé et est de 97%.
« En effet, 97 pour cent des personnes vivant en
Suisse bénéficient d'un logement directement raccordé
à une station d'épuration, ce qui place ce pays en
deuxième position, juste derrière la Hollande, sur la liste des
pays de l'OCDE ayant le taux de raccordement le plus élevé
». (Von Flüe, 2009)
42
Le renouvellement des infrastructures du réseau est
plus rapide en Suisse. « L'ensemble du réseau est
renouvelé tous les 75 ans ; la durée de vie théorique est
en général de 80 ans » (Pflieger, 2009 : 74).
Ce taux de remplacement a une incidence sur le taux de perte
en eau qui selon les données de la SSIGE est en moyenne de 12% en
2006.
43
3. Méthodes
Les méthodes sont les démarches, les moyens que
nous avons utilisés pour aboutir aux résultats de notre travail,
aux objectifs que nous nous sommes fixés. Elles sont
déclinées en une approche documentaire et en une approche par des
indicateurs de durabilité, approche élaborée par
l'Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL) et le Laboratoire
d'Ecologie et de Biologie Appliquée de l'Université de
Genève (LEBA-UNIGE).
3.1. Approche documentaire
La méthodologie adoptée au cours de la
présente étude a consisté en une recherche documentaire
dans des bibliothèques. Nous avons aussi eu recours à la
documentation disponible sur internet.
Pour la collecte des données, nous avons
élaboré un questionnaire en rapport avec le système de
gestion et en rapport avec nos indicateurs de durabilité, questionnaire
qui nous a servi de fil rouge lors de nos entretiens avec les autorités
administratives ainsi qu'avec des personnes ayant en charge la gestion de l'eau
dans nos communes d'étude. Les informations obtenues auprès
d'elles nous ont aidé à construire notre thématique
concernant la gestion durable de l'eau dans les deux périmètres
que sont Saint-Julien et Bernex.
Pour mesurer la durabilité de la gestion de l'eau, nous
avons eu recours à l'approche LEMANO, qui est une approche basée
sur des indicateurs de durabilité en matière de gestion des
ressources en eau. Cette approche est présentée ci-dessous.
3.2. Approche des indicateurs de durabilité
LEMANO
Les évaluations de la mise en application du concept du
développement durable ne peuvent se faire que grâce à des
critères, des indicateurs dits de durabilité. Quels sont-ils,
dans l'évaluation de la gestion durable de l'eau ? Nous les
présenterons dans le chapitre suivant.
Un indicateur est un outil d'évaluation et d'aide
à la décision qui permet de mesurer, de comparer,
d'apprécier et de communiquer sur l'état et l'évolution
d'une situation ou d'un
44
système. « Les indicateurs sont
également un moyen pour sensibiliser les collectivités et
l'économie privée aux formidables défis du XXIe
siècle » (Marthaler, 2006 : 2).
Par formidables défis du XXIe
siècle, l'auteur entend les défis du développement
durable. L'indicateur de durabilité est donc l'instrument qui permet de
faire l'état des lieux du développement durable et de mesurer le
cheminement des collectivités (privées et ou publiques) sur cette
voie.
L'indice quant à lui est la forme sous laquelle
s'exprime l'indicateur ; il est « la formulation mathématique
d'un indicateur et vise à donner une information compacte sur le
système observé » (Reynard et al. 2006 : 28).
Initié depuis 2003, LEMANO est un projet mené
par l'Association pour la Sauvegarde du Léman et le Laboratoire
d'Écologie et de Biologie Aquatique de l'Université de
Genève (LEBA-UNIGE) pour évaluer le degré de
durabilité de la gestion des ressources en eau dans la région
lémanique. Ce projet porte sur la définition d'un certain nombre
d'indicateurs de durabilité ; c'est une approche intégrée
de la gestion de l'eau qui a pour objectif de voir, à travers ces
indicateurs, si les ressources en eau de la région lémanique est
gérées dans une optique de développement durable. Il a
pour finalité
« d'élaborer et de fournir aux pouvoirs
publics de la région lémanique, en particulier les communes, un
outil d'évaluation et d'aide à la décision qui leur offre
les moyens d'inscrire la gestion de l'eau dans l'optique du
développement durable et de mettre en évidence les points forts
et les points faibles pour lesquels des améliorations devraient
être apportées ». (Lachavanne et al. 2009 : 3)
L'étude est réalisée à
l'échelle de quatre bassins versants de la région
lémanique « jugés représentatifs de la
diversité des conditions de la région concernée »
(Bigler et al. 2005 : 15). Il s'agit des bassins versants de la Versoix
(Ain-Vaud-Genève), de l'Aubonne (Vaud), de la Dranse de Bagnes (Valais)
du Foron de Sciez (Haute - Savoie).
La démarche adoptée se résume en 4
étapes :
- faire un inventaire de l'état et de l'usage de la
ressource en eau dans chacun des périmètres
considérés ;
- réfléchir sur le mode actuel de gestion des
ressources en eau au niveau des quatre bassins versants ;
45
- faire une analyse de ce mode de gestion,
- faire des propositions de solutions pour la gestion des
ressources en eau en accord avec les principes du développement durable
dans le cas où pour certains indicateurs, il est constaté une
gestion non durable.
Pour y arriver, l'équipe est partie d'une centaine
d'indicateurs de durabilité qui peuvent permettre de mesurer le
degré de durabilité de la gestion des ressources en eau. Mais
à l'arrivée, elle n'en a retenu plus que vingt et un que nous
avons mis dans le tableau 1 ; ces indicateurs ont été retenus
parce qu'ils « sont à la fois relativement faciles à
mesurer et dont l'acquisition peut se faire à des coûts
acceptables pour les pouvoirs publics communaux et cantonaux »
(Lachavanne et al. 2009 : 4).
Capitaux
|
N°
|
Indicateurs
|
Capital
environnemental
|
1
|
Surfaces imperméabilisées
|
2
|
Anthropisation des débits
|
3
|
Exploitation des aquifères
|
4
|
Concentration en nitrates (des eaux souterraines)
|
5
|
Qualité physico-chimique (des eaux de surface)
|
6
|
Peuplement de macro-invertébrés benthiques
|
7
|
Espèces piscicoles types
|
8
|
Anthropisation du réseau hydrographique
|
Capital
économique
|
9
|
Interruption de l'approvisionnement en eau potable
|
10
|
Pertes réseau (eau potable)
|
11
|
Raccordement aux installations d'assainissement
|
12
|
Efficience hydraulique des STEP (déversements)
|
13
|
Qualité chimique des effluents des STEP
|
14
|
Facteur d'utilisation de la puissance installée
(barrage)
|
Capital social
|
15
|
Qualité microbiologique de l'eau potable
|
16
|
Accès aux comptes de l'eau
|
17
|
Information des populations relative à l'eau potable
|
18
|
Sensibilisation de la population au respect de l'eau
|
19
|
Politiques de prix de l'eau potable
|
46
|
20
|
Collaboration des communes
|
|
21
|
Achèvement des études légalement
requises)
|
Tableau 1 : Les vingt et un indicateurs de
durabilité LEMANO
Après le calcul des indicateurs, les résultats
sont exprimés en pourcentages. L'équipe a indiqué un
optimum de durabilité et la comparaison entre les résultats
obtenus et cet optimum permet de se rendre compte de l'écart entre la
réalité mesurée sur le terrain et l'état
estimé durable à atteindre.
L'analyse et l'interprétation des résultats se
font au regard de cet écart et à l'aide d'une grille ; si
l'écart constaté est trop grand, il y a lieu d'appuyer sur la
sonnette d'alarme.
« Des scores inférieurs à 75% devraient
motiver les gestionnaires de l'eau à prêter une attention
particulière au domaine concerné et des scores inférieurs
à 50% devraient les inciter à mettre impérativement en
place des mesures correctives ». (Lachavanne et al. 2009 : 4)
L'équipe LEMANO a rencontré des
difficultés sur le terrain, notamment pour l'acquisition des
données (confidentialité, inexistence, incompatibilité,
incohérence, refus, coût des données cartographiques et
climatiques, etc.). Ces difficultés ont retardé le projet.
Dans le cadre de ce travail nos indicateurs ont
été tirés des vingt et un indicateurs du projet LEMANO
résumés dans le tableau 1.
Nous n'en avons retenu que neuf que nous avons
insérés dans le tableau 2, c'est-à-dire trois indicateurs
pour chaque pilier du développement durable et ceci, par souci
d'équilibre au niveau de chacun de ces piliers et au vu du temps court
qui nous est imparti pour la réalisation de ce mémoire.
Ils ont été aussi retenus pour leur pertinence
à illustrer les processus du développement urbain durable,
puisqu'il s'agit ici d'un mémoire de master en Etudes urbaines. De plus,
ces indicateurs que nous avons retenus sont ceux qui sont les plus liés
au métabolisme urbain et aux services de l'eau. Nous avons
également tenu compte, dans le choix des indicateurs, de la
facilité de leur mesure et de la facilité de leur acquisition.
47
Capitaux
|
N°
|
Indicateurs
|
Capital
environnemental
|
1
|
Surfaces imperméabilisées
|
2
|
Exploitation des aquifères
|
3
|
Concentration en nitrates (des eaux souterraines)
|
Capital
économique
|
4
|
Pertes de réseau (eau potable)
|
5
|
Raccordement aux installations d'assainissement
|
6
|
Efficience hydraulique des STEP (déversements)
|
Capital social
|
7
|
Accès aux comptes de l'eau
|
8
|
Information des populations relative à l'eau potable
|
9
|
Sensibilisation de la population au respect de l'eau
|
Tableau 2 : Les neuf indicateurs retenus
La démarche adoptée pour la description de nos
indicateurs est la suivante : après avoir fait un peu de lumière
sur l'indicateur en le définissant, nous mettons en exergue le lien
qu'on peut en établir avec le développement urbain durable avant
de présenter la formule qui permet de le calculer.
Ensuite, nous avons attribué des scores aux communes
pour ces indicateurs en nous inspirant de la grille d'attribution de score de
l'équipe LEMANO.
Les indices obtenus ont été regroupés en
cinq (5) classes et l'attribution de score est précédée
d'une appréciation verbale allant « du très bon » pour
les scores très élevés au « très mauvais
» pour ceux très bas. Une variation de couleurs, partant du vert
pour les scores très bons, passant par le jaune pour ceux moyens et
allant au rouge pour les scores très mauvais a permis de mettre plus en
exergue cette appréciat
3.2.1. Surfaces imperméabilisées
Définition
Les surfaces imperméabilisées sont les secteurs
du territoire rendus étanches, artificialisés par les
constructions et les aménagements de voiries (toitures, routes,
chaussées, parkings revêtus).
Elles rendent compte du taux d'urbanisation et du
développement socio-économique, et donc de la pression
exercée sur l'environnement par la ville.
En effet, l'imperméabilisation des sols influence le
cycle naturel de l'eau tant au niveau quantitatif (prélèvement,
réduction des débits), qualitatif (pollutions diverses) que
dynamique (dangers liés à l'eau). Entre autres perturbations, on
peut citer : un fort taux de ruissellement des eaux de pluie, une diminution de
leur infiltration, donc un déficit d'alimentation des nappes
phréatiques, une altération de la qualité des eaux de
surface causée par le transport des polluants urbains, avec pour
corollaires une augmentation des risques d'inondation et de la durée des
étiages.
Méthode de calcul
L'indice de surfaces imperméabilisées se calcule
comme suit :
ISI ×100
Où
ISI Indice de surfaces imperméabilisées [%] Si
Surfaces imperméabilisées [km2]
Stot Surface totale de la commune [km2]
48
L'attribution des scores est résumée au tableau
3.
49
Isi [%]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
< 3
|
Très bon
|
100
|
3-10
|
Bon
|
75
|
10-25
|
Moyen
|
50
|
25-60
|
Mauvais
|
25
|
> 60
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 3 : Grille d'attribution des scores pour l'indice
de surfaces imperméabilisées Source : Modifié
d'après Lachavanne et al. (2009)
3.2.2. Exploitation des aquifères
Définition
Les aquifères sont des « formations
géologiques constituées de roches perméables (formations
poreuse ou fissurée) contenant de façon temporaire ou permanente,
de l'eau utilisable et restituable naturellement ou par exploitation
»16.
Pour assurer l'approvisionnement en eau potable, les
ressources suivantes sont utilisées : les eaux souterraines
(aquifères et sources) et les eaux de surface (lacs, lagunes et
rivières).
Les eaux souterraines sont plus privilégiées car
leur qualité fait qu'elles nécessitent peu de traitement, en
comparaison aux eaux de surface. Elles sont par contre sujettes à
épuisement lorsque leur taux de renouvellement est inférieur
à leur taux de pompage.
« Les eaux de source sont de très bonne
qualité et jouent donc un rôle essentiel dans l'approvisionnement
en eau potable, surtout dans les Alpes ; elles nécessitent donc peu de
traitement, voire aucun. Les eaux des lacs et rivières, également
de bonne qualité nécessitent souvent plus d'opérations de
traitement que les eaux de source. Enfin, l'eau provenant d'aquifères
est le plus souvent de bonne qualité également »
(Veuthey, 2009 : 24).
16 Maison de l'Environnement de Dunkerque. Les mots de
l'eau. *Page Web+. Disponible sur :
http://www.maison-environnement.org/Documentation/Eau/a.htm
(consulté le 26/03/11).
50
Le prélèvement des eaux, qu'elles soient
souterraines ou superficielles, entraîne des perturbations dans le
système hydrologique, avec pour conséquences, selon Lachavanne et
al. (2009) :
- diminution continue de la hauteur de la nappe (le
système n'atteignant pas un nouvel équilibre) ou du débit
des sources, non liée à une période de diminution de la
pluviométrie et provenant par exemple de pompages excessifs et /ou de
l'imperméabilisation des sols en amont ;
- diminution de la qualité de l'eau de la nappe
liée à un pompage excessif pouvant changer la circulation de
l'eau souterraine (apport d'eau contaminée) ;
- diminution notable du débit des rivières, voire
assèchement, la nappe ne pouvant plus alimenter la rivière ou
trop de sources étant captées ;
- altération des écosystèmes en aval,
notamment l'assèchement des zones de marais ;
- effondrement du sol dû à un tassement du
réservoir suite à la surexploitation de l'eau souterraine
(situation extrême).
L'indice d'exploitation des aquifères est
évalué grâce à la grille ci-dessous :
Méthode d'évaluation
Critères
|
Réponses
|
Points
|
Baisse continue du niveau de la nappe indiquant qu'elle n'atteint
pas un nouvel équilibre
|
oui
|
1
|
non
|
0
|
Baisse de la qualité de l'eau liée aux
prélèvements
|
oui
|
1
|
non
|
0
|
Baisse de débit ou assèchements de rivières
proches
|
oui
|
1
|
non
|
0
|
Altération des écosystèmes directement en
aval du prélèvement
|
oui
|
1
|
non
|
0
|
Effondrement du sol (en cas de pompage)
|
oui
|
1
|
non
|
0
|
51
Indice d'exploitation
Tableau 4 : Evaluation de l'exploitation des
aquifères
Source : Lachavanne et al. (2009).
En somme, cet indicateur exprime l'impact des
prélèvements d'eau dans les aquifères
L'attribution des scores est basée sur la grille du
tableau 5.
Iexp [Points]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
0
|
Très bon
|
100
|
1
|
Bon
|
75
|
2
|
Moyen
|
50
|
3
|
Mauvais
|
25
|
> 3
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 5 : Grille d'attribution des scores de l'indice
d'exploitation des aquifères Source : Modifié
d'après Lachavanne et al. (2009)
3.2.3. Concentration en nitrates
Définition
Les nitrates sont des sels minéraux de l'acide nitrique
qu'on retrouve dans les eaux, qu'elles soient souterraines ou
superficielles.
Leurs concentrations naturelles dans les eaux souterraines sont
en général faibles et ne dépassent pas 6 à 10 mg/l.
Mais les activités anthropiques, surtout celles agricoles (engrais,
pesticides et germes fécaux) peuvent faire que ces valeurs deviennent
vite élevées.
« L'essentiel de la pollution des eaux continentales par
les nitrates provient à l'heure actuelle d'une part des activités
agricoles : élevage industriel et surtout surfertilisation azotée
dans les grandes cultures et d'autre part du rejet d'effluents
domestiques
chargés de matières organiques fermentescibles
par des habitations isolées et des agglomérations urbaines
»17.
Selon l'OMS et la Communauté européenne, l'eau
contenant des concentrations en nitrates supérieures à 50 mg/l
est impropre à la consommation.
« Les pays européens et la Suisse, se sont
fixé pour objectif de réduire les concentrations de NO3 dans les
eaux souterraines à 25 mg NO3/l d'ici 2015 » (Lachavanne et
al. 2009 : 213). La teneur en nitrates dans les eaux est un indicateur de la
qualité du milieu.
Méthode de calcul
52
Où :
C = Concentration moyenne en nitrates [mg/l]
Qi = Débit du captage ou de la station de pompage de la
ressource i [l/min] Ci = Concentration en NO3 de la ressource i [mg/l]
L'attribution des scores est faite grâce à la grille
du tableau 6.
C
NO3 [mg/l]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
< 5
|
Très bon
|
100
|
5 - 10
|
Bon
|
75
|
10 -25
|
Moyen
|
50
|
25 - 50
|
Mauvais
|
25
|
> 50
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 6 : Grille d'attribution des scores pour la
concentration en nitrates
17 Maison de l'Environnement de Dunkerque. Les mots
de l'eau. *Page Web+. Disponible sur :
http://www.maison-environnement.org/Documentation/Eau/a.htm
(consulté le 26/03/11).
53
Source : Modifié d'après Lachavanne et al.
(2009)
3.2.4. Performance du réseau de distribution d'eau
potable (pertes du réseau)
Définition
Dans les réseaux de distribution, une proportion de
l'eau se perd souvent entre le point de production de cette eau et les points
de consommation. Dans la plupart des cas, ces pertes sont causées par
les fuites dans les conduites, les marges d'erreur des compteurs, les
utilisations publiques (nettoyages des voies et des conduites, lutte contre les
incendies...) ainsi que les vols d'eau sur le réseau.
La cause principale de ces pertes est constituée par
les fuites enregistrées sur tout le réseau. Elles traduisent un
manque d'entretien des canalisations et /ou un sous-investissement dans les
infrastructures de distribution. En plus d'être une perte de la ressource
naturelle précieuse qu'est l'eau, ces fuites sont préjudiciables
sur le plan économique et représentent un danger pour la
santé publique puisque les contaminants peuvent s'infiltrer dans les
conduites par les points où l'eau s'échappe quand il y a baisse
de pression dans le réseau.
Il coule de source que dans une optique de
développement urbain durable, il est indispensable de les minimiser.
Ainsi, l'indice de performance donne une idée de
l'état général du réseau de distribution d'eau
potable.
Méthode de calcul
Ip = X 100
Où
Ip = Indice de performance [%]
Vcompt = Volume facturé
Vdist = Volume mis en distribution [m3/an]
Vgrat = Volume gratuit (fontaines, entretiens, etc.)
[m3/an]
54
La grille du tableau 7 permet d'attribuer les scores.
Ip
[%]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
> 95
|
Très bon
|
100
|
90 - 95
|
Bon
|
75
|
85 -90
|
Moyen
|
50
|
75 - 85
|
Mauvais
|
25
|
< 75
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 7 : Grille d'attribution des scores pour
l'indice de performance du réseau d'eau potable
Source : Modifié d'après Lachavanne et al.
(2009)
3.2.5. Raccordement aux installations de dépollution
Définition
La dépollution des eaux ou épuration est un
ensemble de techniques d'assainissement consistant à évacuer et
à purifier les eaux usées (effluents ménagers et
industriels).
Selon la Directive Européenne de 1991 relative au
traitement des eaux urbaines résiduaires,
« les communes de plus de 2000 habitants doivent
être raccordées à une station d'épuration afin
d'éviter les rejets sauvages, maîtriser les risques de pollution
et préserver la qualité de l'eau. Elles doivent installer, dans
les zones densément peuplées, un système d'assainissement
auquel les habitants se raccorderont »18.
18 Mairie de Romagnat. Directive n° 91/271 du
21/05/91 relative au traitement des eaux urbaines résiduaires.[Page
Web]. Disponible sur :
http://www.ville-romagnat.fr/dossiereau.asp
(consulté le 27/03/2011).
Les ambitions de cette Directive sont hygiéniques et
visent à éloigner des agglomérations les eaux
polluées des lieux habités jusqu'à un milieu naturel
à même de les recevoir sans aucun inconvénient pour
l'environnement. Son observation permettra de répondre aussi aux
exigences de la Directive Cadre Européenne sur la qualité des
Eaux et des milieux aquatiques du 23 octobre 2000.
Le taux de raccordement des populations aux installations de
dépollution rend indirectement compte de la pression anthropique due au
déversement d'eaux usées non traitées dans les eaux de
surface ou souterraines, déversement qui entraine une
détérioration de la qualité de ces milieux
récepteurs.
Cet indicateur, comme précédemment,
témoigne des investissements consentis par les collectivités
publiques ou privées dans les infrastructures de traitement de l'eau.
Méthode de calcul
Iracc = X 100 ou Iracc = X 100
Où
Iracc = Indice de raccordement [%]
Hconnectés= Habitants connectés au réseau
collecteur d'eaux usées
Htotal= Nombre total d'habitants
Bconnectés = Bâtiments connectés
Btotal = Nombre total de bâtiments
55
L'attribution des scores est basée sur la grille du
tableau 8.
56
Iracc
[%]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
> 95
|
Très bon
|
100
|
90 - 95
|
Bon
|
75
|
85 - 90
|
Moyen
|
50
|
80 - 85
|
Mauvais
|
25
|
< 80
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 8 : Grille d'attribution des scores pour l'indice
de raccordement Source : Modifié d'après Lachavanne et
al. (2009)
3.2.6. Efficience hydraulique des STEP
Définition
Les STEP ou stations d'épuration sont des installations
destinées à dépolluer les eaux usées urbaines
domestiques et industrielles. Leur rôle est de réaliser les
traitements nécessaires des eaux usées pour que les effluents
pollués ne portent pas atteinte aux milieux récepteurs ni
à la faune et la flore qu'ils abritent. Ces traitements peuvent
être de nature mécanique (dégrillage, dessablage
dégraissage, décantation), biologique (dégradation
bactériologique naturelle) et ou chimique (désinfection,
dénitrification, déphosphatation,...).
L'efficience hydraulique d'une STEP dépend de son
dimensionnement adéquat et de sa capacité à réduire
les déversements directs dans les milieux naturels situés en
aval. Ces déversements sont le plus souvent dus à une mauvaise
conception du réseau de collecteurs d'eaux usées parasité
par les eaux pluviales et à un sous-dimensionnement de la
capacité hydraulique des STEP qui n'arrivent plus à traiter en
totalité les eaux usées qu'elles reçoivent ; tous ces
dysfonctionnements ont un lien étroit avec les investissements faits
dans les infrastructures de collecte et d'assainissement des eaux
usées.
Pour résumer, l'indicateur d'efficience hydraulique des
STEP se rapporte donc au déversement d'eaux usées non
traitées dans les eaux de surface et mesure la capacité de ces
STEP à absorber les volumes d'eaux leur parvenant.
57
Méthode de calcul
Ie = X 100
Où
Ie = Indice d'efficience hydraulique de la STEP [%]
Dev STEP = Volume des déversements en tête des STEP
[m3/j] Cap STEP = Capacité hydraulique totale de la STEP
[m3/j]
La grille du tableau 9 permet d'attribuer les scores.
Ie
[%]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
< 5
|
Très bon
|
100
|
5 - 10
|
Bon
|
75
|
10 - 15
|
Moyen
|
50
|
15 - 30
|
Mauvais
|
25
|
> 30
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 9 : Grille d'attribution des scores pour l'indice
d'efficience hydraulique Source : Modifié d'après
Lachavanne et al. (2009)
3.2.7. Accès aux comptes de l'eau
Définition
Pour des raisons de transparence et pour établir un climat
de confiance entre gestionnaires et consommateurs, les comptes de l'eau doivent
être librement accessibles à ces derniers. L'indice d'accès
aux comptes de l'eau exprime la possibilité pour tous les consommateurs
de pouvoir librement accéder aux comptes de la production et de la
distribution de l'eau potable
58
de même qu'à ceux de l'assainissement des eaux
usées. Il permet aussi de savoir dans quelle mesure le principe de
réalité des coûts inhérents à la production,
distribution et assainissement est effectivement appliqué.
Méthode de calcul
Iacc = X 100
Où
Iacc = Pndice d'accès aux comptes de l'eau [%]
Popaccès = Population ayant un libre accès aux
comptes de l'eau
Poppas accès= Population n'ayant pas un libre
accès aux comptes de l'eau
L'attribution des scores est basée sur le tableau de la
grille 10.
Iacc
[%]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
> 100
|
Très bon
|
100
|
75 - 95
|
Bon
|
75
|
50 - 75
|
Moyen
|
50
|
25 - 50
|
Mauvais
|
25
|
< 25
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 10 : Grille d'attribution des scores pour
l'indice d'accès Source : Modifié d'après
Lachavanne et al. (2009)
3.2.8. Information des consommateurs relative à
l'eau potable Définition
Les gestionnaires de l'eau et les autorités de la
collectivité publique ont l'obligation d'informer les consommateurs sur
la qualité de l'eau qu'ils leur fournissent. Cet indicateur
59
mesure la diligence des distributeurs à respecter et
à se soumettre à cette obligation ainsi qu'à publier les
documents requis. Entre autres critères sur lesquels les populations
doivent être informées, on a : la provenance de l'eau, les
traitements qu'elle a subis, sa qualité microbiologique et chimique, sa
dureté et sa teneur en nitrates. Pour évaluer cet indicateur, des
points sont attribués à chacun de ces critères ; et quand
l'un d'eux n'est pas documenté, la note zéro (0) lui est
attribuée.
Le tableau 11 récapitule les critères ainsi que
la valeur des points qui leur sont attribués.
Critères
|
Points
|
Provenance
|
1
|
Traitement
|
1
|
Qualité microbiologique
|
3
|
Qualité chimique
|
3
|
Dureté totale en °F
|
1
|
Teneur en nitrates
|
1
|
Tableau 11 : Évaluation des critères de
l'indice d'information Source : Modifié d'après
Lachavanne et al. (2009)
À partir de ces critères et des points
attribués, on peut calculer l'indice d'information en pondérant
les points obtenus par le distributeur par le nombre de consommateurs
approvisionnés.
Méthode de calcul
Iinf
Avec
Iinf = Indice d'information
Pi = Points obtenus par le distributeur
Ni = Nombre d'habitants informés annuellement
Ntot = Nombre total d'habitants
60
L'attribution des scores est résumée dans la grille
du tableau 12.
Iinf
[points]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
> 8
|
Très bon
|
100
|
6 - 8
|
Bon
|
75
|
4 - 6
|
Moyen
|
50
|
2 - 4
|
Mauvais
|
25
|
< 2
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 12 : Grille d'attribution de score pour l'indice
d'information Source : Modifié d'après Lachavanne et al.
(2009)
3.2.9. Sensibilisation de la population
Définition
L'eau est une ressource irremplaçable, indispensable
à la vie et donc précieuse. Ainsi, dans une logique de
développement urbain durable ou de développement durable tout
court et par souci d'économie, elle se doit d'être
préservée. Comme toutes les autres ressources naturelles, elle ne
doit pas être gaspillée, dans l'intérêt des
générations actuelles et futures.
L'indicateur de sensibilisation de la population mesure
l'assiduité des gestionnaires et des autorités à inciter
les consommateurs à un usage de l'eau qui tienne compte des exigences du
développement durable. Ceci se fait par des programmes de
sensibilisation sur le caractère précieux de l'eau, qui induisent
un changement de comportement des individus quant à son usage. Ces
efforts de sensibilisation passent le plus souvent par la publication des
documents liés à la gestion de l'eau comme nous l'avions
mentionné plus haut ainsi que par l'envoi de lettres aux usagers et les
visites d'installations liées à la gestion, à la
production et à l'assainissement de l'eau.
61
Méthode de calcul
Isens = X 100
Où
Isens = Indice de sensibilisation de la population [%]
Popcib =Ppopulation ciblée par un programme de
sensibilisation Poptot = Population totale de la commune
L'attribution des scores est basée sur la grille du
tableau 13.
Isens
[%]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
95 - 100
|
Très bon
|
100
|
75 - 95
|
Bon
|
75
|
50 - 75
|
Moyen
|
50
|
25 - 50
|
Mauvais
|
25
|
0 - 25
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 13 : Grille d'attribution des scores pour
l'indice de sensibilisation Source : Modifié d'après
Lachavanne et al. (2009)
Ces différentes grilles d'attribution de score aux
communes pour ces indicateurs seront les clés d'appréciation de
la durabilité de la gestion de l'eau dans nos deux
périmètres d'étude.
62
4. Cadre légal
La France et la Suisse partagent une frontière commune
qui s'étend sur près de 573 km entre l'est de la France et
l'ouest de la Suisse. Chacun de ces Etats a développé une
législation en matière de gestion des ressources en eau ; ils
possèdent chacun des spécificités administratives et
institutionnelles propres à leur territoire.
Dans cette partie consacrée à la
législation, nous analyserons quelques aspects principaux des
législations suisse et française en matière de gestion
durable de l'eau, et ceci, au regard de nos neuf indicateurs de
durabilité. Cette analyse sera principalement axée sur les textes
pivots qui traitent de la gestion des eaux dans chacun de ces deux pays
à savoir :
- La loi sur l'eau n° 92-3 du 3 janvier 1992 (France),
- La loi fédérale sur la protection des eaux
(RS, 814.20) du 24 janvier 1991 (Suisse).
Les politiques publiques de l'eau s'inscrivant dans un cadre
européen, une législation communautaire est née en 2000 :
la Directive cadre européenne (DCE). Son objectif général
est d'atteindre d'ici 2015 un bon état des différents milieux sur
tout le territoire européen. Cette directive a été
adaptée dans la législation française en matière de
gestion de l'eau. Au vu de la diversité de nos indicateurs, nous
tirerons certains de nos propos de cette directive qui est plus ou moins la
« norme française » de gestion des eaux ainsi que de diverses
autres lois, ordonnances et outils de planification territoriale qui traitent
de près ou de loin de ces indicateurs en France et en Suisse.
Une comparaison de ces législations française et
suisse nous permettra de ressortir les points divergents en ce qui concerne la
gestion de l'eau, ce qui au final nous situera sur le rôle de la
frontière dans la gestion durable et intégrée des
ressources en eau dans ces deux Etats.
4.1. L'évolution du cadre légal en
France
En France, les lois de du 16 décembre 1964, du 3
janvier 1992 et du 30 décembre 2006 sont les clés de voûte,
les piliers sur lesquels repose la politique de l'eau.
63
« La première préoccupation du
législateur au début du 20ème siècle
était d'organiser une bonne règlementation des principaux usages
de l'eau : loi de 1898 sur les aménagements hydrauliques, loi de 1917
sur les installations insalubres (établissements industriels), loi de
1917 sur l'énergie hydraulique ». (Nicolazo & Renaud, 2007
: 217)
Mais ces différentes règlementations n'ont pas
pour autant résolu les problèmes de pollution qui se posaient ;
les actions administratives étaient en outre un peu dispersées.
Ceci a amené l'Etat à mettre sur pied dans les années 60,
une nouvelle loi, celle du 16 décembre 1964 qui a modifié
profondément le dispositif institutionnel national. Cette loi a
entrainé la création d'une nouvelle circonscription
administrative, le bassin hydrographique.
En effet, depuis la loi de 1964, tout le territoire
français a été découpé en 6 grands bassins
hydrographiques qui associent élus, usagers et administrations. Il s'en
est suivi la création des Agences de l'eau au niveau de chacun de ces
bassins et la définition d'un nouveau corps de règlementation des
pollutions basé sur la perception de redevances auprès des
usagers en fonction des volumes d'eau prélevés et des pollutions
induites.
Les Agences de l'eau sont nées de la volonté de
sortir des frontières administratives traditionnelles trop
bureaucratiques où seul l'Etat domine, et de faire participer l'ensemble
des acteurs de la gestion d'une ressource considérée comme un
bien collectif.
La loi du 3 janvier 1992, elle, affirme le caractère
patrimonial de l'eau ainsi que sa valeur écologique en son premier
article : «L'eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa
protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource
utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont
d'intérêt général».
Selon Nikolazo et Redaud, 2007, cette loi introduit de
nouveaux principes de planification grâce au Schéma Directeur
d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) et au Schéma
d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE).
Les SDAGE sont élaborés au niveau des bassins
hydrographiques par les comités de bassins ; ils définissent les
orientations générales de gestion et de protection des eaux .Ces
orientations sont le fruit d'une concertation entre tous et d'une participation
de toutes les forces vives concernées par la gestion de l'eau, au lieu
d'être une émanation de l'Etat et de l'administration
seulement.
Les SAGE sont élaborés à un
échelon plus local et sur l'initiative des Commissions locales de
l'eau.
64
Via ces outils, la loi de 1992 introduit des contraintes de
protection des écosystèmes et renforce le régime des
sanctions administratives grâce à la police des eaux.
La loi de 1992 indique en outre que l'organisation de
l'approvisionnement en eau potable et l'assainissement sur le territoire
communal sont du ressort des communes. L'intercommunalité est
très marquée puisqu'il est possible aux communes de s'associer
dans l'organisation de ces services pour mettre en commun les moyens de gestion
et rechercher des économies d'échelles.
Toujours selon ces mêmes auteurs, la loi sur l'eau et
les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 apporte, elle, de grandes
réformes aux agences par rapport aux redevances et crée
l'Office National des Eaux et des Milieux Aquatiques (ONEMA)
qui a pour rôle de fédérer l'ensemble des agences afin de
coordonner l'ensemble des actions. Cette loi introduit également le
concept de droit d'accès à l'eau pour tous ainsi que la prise en
compte des adaptations nécessaires aux changements climatiques dans la
gestion de l'eau.
Il est à mentionner aussi qu'aujourd'hui, l'essentiel
du droit de l'eau est intégré au code de l'environnement et de
plus en plus issu de la règlementation européenne.
En ce qui concerne le régime de propriété
des eaux de surface, le Code civil du 21 mars 1804 distingue les cours d'eau
domaniaux et ceux non domaniaux.
« Le régime juridique du cours d'eau est
l'élément essentiel de la détermination des droits et
obligations qu'entraîne la riveraineté d'un linéaire. Ce
régime peut être celui du cours d'eau domanial ou du cours d'eau
non domanial f...] ; est rivière non domaniale celle qui n'est pas
classée comme appartenant au Domaine Public
Fluvial».19
Les cours d'eau domaniaux sont les cours d'eau qui
« appartiennent aux voies navigables, ceux qui sont
maintenus dans le Domaine Public Fluvial malgré qu'ils soient
radiés de la nomenclature des voies navigables et enfin ceux dont
l'entretien et les usages ont été concédés aux
collectivités locales par l'Etat.
19 Ministère du développement durable.
(juin 2001). Gestion équilibrée de l'eau et gestion de l'espace.
*Page Web]. Disponible sur :
http://www.languedoc-roussillon.ecologie.gouv.fr/eau/guide/preambule.htm#top
, consulté le 07/05/11.
65
Ainsi donc, tous les autres cours d'eau qui n'entrent pas
dans ces trois catégories ci-dessus sont classés comme non
domaniaux »20.
En somme, les cours d'eau domaniaux appartiennent à
l'Etat et ceux non domaniaux aux propriétaires situés sur leurs
rives. L'obligation qui en découle est que l'entretien de ces cours
d'eau et de leurs rives incombe à ces propriétaires ; pour
garantir l'intérêt général, l'Etat assure le
contrôle de cet entretien.
« Le propriétaire riverain est tenu à
un curage régulier pour rétablir le cours d'eau dans sa largeur
et sa profondeur naturelles, à l'entretien de la rive par élagage
et recépage de la végétation arborée et à
l'enlèvement des embâcles et débris, flottants ou non, afin
de maintenir l'écoulement naturel des eaux, d'assurer la bonne tenue des
berges et de préserver la faune et la flore dans le respect du bon
fonctionnement des écosystèmes aquatiques
»21.
Quant aux eaux souterraines, elles sont sous la
propriété du propriétaire du sol sous lequel elles se
situent et il a donc le droit de disposer de ces eaux. Ces droits privés
de disposition sont toutefois limités lorsque l'intérêt
général est en jeu.
« La propriété du sol emporte la
propriété du dessus et du dessous [...] le propriétaire
peut faire au-dessous toutes les constructions et fouilles qu'il jugera
à propos, et tirer de ces fouilles tous les produits qu'elles peuvent
fournir [...] »22.
Mais de plus en plus, des voix s'élèvent contre
ce statut des eaux souterraines et souhaitent qu'on reconnaisse un simple droit
d'usage de ces eaux aux propriétaires plutôt qu'un droit de
propriété.
Il en est de même pour les eaux de surface, puisque la
loi sur les eaux de 1992 dispose que l'eau fait partie du patrimoine national
et donc non susceptible d'appropriation ; la prise de conscience
environnementale a fait que les droits d'usage ont fortement
évolué alors que le régime juridique des droits de
propriété est resté inchangé depuis le code civil
de 1804.
20 ibidem
21 ibidem 22ibidem
« Parce que l'eau est un bien collectif, parce que
l'eau fait partie du patrimoine de la nation, l'Etat détient seul (dans
certains cas, par délégation les maires) le pouvoir de
régulation des usages de l'eau C'est l'Etat, au niveau
déconcentré, le préfet, qui délivre les
autorisations de prélèvement, de dérivation, de rejets de
substances polluantes. Ces autorisations ne sont pas des droits ; elles peuvent
être, dans certaines conditions révisées ou retirées
par le préfet ». (Nicolazo & Redaud, 2007 : 132)
Le sous-système des acteurs englobe une
multiplicité d'intervenants à quatre échelles d'action que
sont l'échelle nationale, l'échelle du bassin hydrographique,
celle de la région et enfin celle du département et des
communes.
- Le niveau national est celui où se fait
l'élaboration de politiques ; cette tâche est assurée par
le ministère et ses services publics que sont l'ONEMA et le Conseil
National de l'Eau.
- Le bassin hydrographique est le niveau de coordination et de
stratégie ; c'est là que sont mises en place les politiques
nationales élaborées précédemment. Cette
coordination est assurée la Direction Régionale de
l'Environnement (DIREN) et le préfet de bassin avec l'aide des services
publics que sont les Agences de l'eau et le Comité de bassin.
- La région constitue le niveau de pilotage. On y
retrouve le préfet régional, l'ONEMA interrégional et le
conseil régional.
- Le département et les communes sont les niveaux
où s'opèrent les politiques. Les acteurs à ce niveau sont
les services techniques départementaux, le conseil général
des services techniques ainsi que les collectivités locales.
Il est à noter que l'Etat est présent à
chacun de ces niveaux par l'entremise de ses services
déconcentrés.
A ces groupes d'acteurs publics, il faut ajouter les associations
de protection de l'environnement, les scientifiques, les usagers et les acteurs
économiques.
4.2. L'évolution du cadre légal en
Suisse
66
En Suisse, toutes les politiques actuelles de l'eau reposent sur
la Loi fédérale sur la protection
67
des eaux (RS, 814.20) du 24 janvier 1991, (LEaux), qui a
remplacé deux autres lois : la Loi sur la protection des eaux contre la
pollution (LPEP) de 1955 et celle de 1971.
La structure fédérale de la Suisse influence
toutes ses politiques, notamment celles de l'eau. La
Confédération a une souveraineté sur toutes les eaux et
jouent le rôle de surveillant quant à la mise en oeuvre des
politiques publiques fédérales liées à l'eau. Par
contre, les cantons et les communes gardent toute leur autonomie par rapport
à la Confédération, surtout en matière de
propriété des eaux et d'approvisionnement en eau potable. Cette
autonomie fait que l'application de la politique fédérale varie
d'un canton à l'autre et est fonction des conditions locales. Les
communes ont la possibilité de se regrouper pour assurer certains
services comme les stations de potabilisation (cas de Lausanne par exemple) et
l'assainissement (cas de Genève par exemple).
Le Code civil de 1912 en ses articles 664 et 704 distingue les
eaux publiques des eaux privées respectivement. Les eaux publiques
englobent les eaux de surface (lacs et cours d'eau), les glaciers et les
névés ; « l'Etat en règle alors les droits de
disposition et d'usage par l'octroi d'autorisations (manifestations sportives)
de patentes (pêche) ou de concessions (droit exclusif d'usage de la
ressource contre paiement d'une redevance) » (Reynard et al. 2000 :
39).
Les eaux privées quant à elles regroupent les
sources et les eaux souterraines ; ces dernières font partie
intégrante des fonds sous lesquels elles sont situées et leur
propriété est acquise avec l'acquisition des sols.
Toutefois, il existe des exceptions comme dans le canton de
Glaris où les eaux de surface sont considérées comme des
eaux privées ; de même, dans le canton du Valais, le cours d'eau
de la Raspille est en propriété privée. Toutes les eaux de
source, non plus, ne sont pas considérées comme des eaux
privées ; on peut citer entre autres : les sources de tête de
cours d'eau, les sources jaillissant d'un glacier ou d'un terrain impropre
à la culture, les grandes sources ou nappes souterraines
d'intérêt général. Avec la limitation des droits
d'usage sur les eaux, le transfert progressif des processus décisionnels
relatifs aux eaux privées de la sphère privée vers la
sphère publique et l'intérêt général primant,
« aujourd'hui, les eaux souterraines sont généralement
considérées comme des eaux publiques » ( Reynard et al.
2000 : 43).
Selon Reynard et al. (2000), entre 1870 et 2000, le
système régulatif sur l'eau peut être résumé
en trois étapes comme suit :
- 1874-1912 : souveraineté de la
Confédération sur les eaux publiques ; les principaux acteurs en
cette étape sont l'Etat (Confédération et
cantons), les propriétaires (cantons, communes
68
et propriétaires privés), appropriateurs
(consortages, aménagistes, hydroélectriciens),
usagers finaux (populations riveraines, industries, services
industriels, consommateurs d'eau potable et d'électricité).
- 1912-1953 : adoption du code civil et distinction entre eaux
publiques et privées, puis transfert progressif des droits de
disposition dans la sphère publique ; ici, on retrouve à peu de
chose près les mêmes acteurs que précédemment.
- 1953-2000 : limitation progressive des droits d'usage pour
préserver les eaux sur les plans qualitatif et quantitatif ; à
cette étape un nouveau groupe d'acteurs apparaît : ce sont les
groupes de pression limités à la communauté scientifique,
les environnementalistes et protecteurs du patrimoine qui ont à coeur la
protection du paysage et qui réussissent à s'opposer à des
projets hydrauliques néfastes à l'environnement.
Pour conclure, nous pouvons dire qu'en Suisse, il n'existe pas
de loi unifiée qui régule la gestion de l'eau à
l'échelle des bassins hydrographiques comme c'est le cas pour la France.
Ici, les cantons sont l'échelon de base de gestion de l'eau.
En France, on note une multiplicité d'acteurs
intervenant à quatre niveaux d'échelle différents, ce qui
crée des problèmes de coordination dans la mise en oeuvre des
politiques de gestion de l'eau.
Pour ce qui est de l'approvisionnement en eau potable et
assainissement, l'unité spatiale de gestion est la commune dans les deux
cas. La législation suisse laisse une certaine autonomie aux
autorités locales qui peuvent opter pour un système de gestion
selon les conditions locales ; cette gestion est moins dirigiste en Suisse
où on parle du rôle de la Confédération en termes de
« surveillance » alors qu'en France, on parle du rôle de l'Etat
en termes de « contrôle et de sanction via la police des eaux
». L'intercommunalité est présente et encouragée dans
les deux cas d'étude.
Par contre, le mode de gestion varie fortement : en Suisse la
gestion publique municipale en régie est le mode exclusif alors qu'en
France, la gestion par délégation domine.
Le prix de l'eau varie grandement entre ces deux pays ainsi
que le taux de renouvellement des infrastructures. Ce prix est plus bas en
Suisse. La Suisse renouvelle plus rapidement son réseau par rapport
à la France.
69
4.3. Les indicateurs de durabilité à la
lumière du cadre légal
4.3.1. Le cas français
Les SDAGE sont des documents d'orientation et de planification
engageant l'ensemble des partenaires de la gestion de l'eau au niveau des
grands bassins hydrographiques. Ils définissent les voies et moyens
à mettre en oeuvre pour une gestion équilibrée des
ressources en eau ainsi que les objectifs de qualité et de
quantité des eaux à atteindre dans lesdits bassins. En somme, il
s'agit dans ce document de planification, « d'arrêter en commun
la politique de l'eau au niveau du bassin, avec pour prospective, les dix
à quinze ans à venir » (Nicolazo et Redaud, 2007 :
270).
En plus des lois, directives et ordonnances dont nous avions
parlé précédemment, nous ferons aussi recours aux SDAGE
dans cette partie consacrée à la législation car en
France,
«le législateur lui a donné une valeur
juridique particulière en lien avec les décisions administratives
et avec les documents d'aménagement du territoire. Ainsi, les programmes
et les décisions administratives dans le domaine de l'eau (autorisations
et déclarations au titre de l'article L. 214-1 et suivants du code
l'environnement, autorisations et déclarations des installations
classées pour la protection de l'environnement [...] ) doivent
être compatibles ou rendus compatibles avec les dispositions du SDAGE
»23.
En outre, le SDAGE est l'outil principal de mise en oeuvre de
la DCE qui elle, a été « transposée en droit
interne par la loi n°2004-338 du 21 avril 2004
»24.
23 Comité de Bassin Loire-Bretagne, (2007).
Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux. *Page
Web]. Disponible sur :
http://www.eau-loire-
bretagne.fr/sdage et
sage/projet de sdage/les documents/Projet Sdage1-15.pdf , (consulté
le 11/06/11).
24 Loi n° 2004-338 portant transposition de la
directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre
2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le
domaine de l'eau, disponible sur :
http://www.assemblee-nationale.fr/recueil-lois/2004/recueil-2.asp#P15306
, (consulté le 11/06/11).
70
4.3.1.1. Les surfaces
imperméabilisées
Le développement de l'urbanisation entraine toujours
une perturbation du cycle de l'eau, induisant des effets négatifs
importants sur le fonctionnement des milieux aquatiques.
Il est alors important de limiter l'imperméabilisation
du sol en veillant au respect du principe d'utilisation économe et
équilibrée de l'espace formulé dans la troisième
disposition générale du code de l'urbanisme :
« Les schémas de cohérence
territoriale, les plans locaux d'urbanisme et les cartes communales
déterminent les conditions permettant d'assurer : une utilisation
économe et équilibrée des espaces naturels, urbains,
périurbains et ruraux f...] la préservation de la qualité
de l'air, de l'eau, du sol et du sous-sol, des écosystèmes, des
espaces verts, des milieux, sites et paysages naturels ou urbains f...] la
prévention des risques naturels prévisibles, des risques
technologiques, des pollutions et des nuisances de toute nature
»25.
Il s'agit entre autres, de maitriser le degré
d'imperméabilisation des sols par une bonne densité des
constructions, l'utilisation de matériaux perméables, la
création des conditions pour une bonne infiltration des eaux,
l'aménagement des espaces verts, etc.
En d'autres termes, ceci revient à
« adopter des mesures de prévention au regard
de l'imperméabilisation des sols, visant la limitation du ruissellement
par le stockage et la régulation des eaux de pluie le plus en amont
possible tout en privilégiant l'infiltration à la parcelle des
eaux faiblement polluées »26 .
Les SDAGE ayant valeur juridique et les documents
d'aménagement du territoire devant leur être compatibles, sur
l'ensemble du territoire français, « il est vivement
souhaité que les
25 Service Public de Diffusion de droit, (Août
2008). Article L. 121-1 du Code de l'urbanisme, Dispositions
générales. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA000006175647&cidTexte=LEGITEXT00000
6074075&dateTexte=20090304 , (consulté le 11/06/11).
26 Comité de Bassin Loire-Bretagne, (2007).
Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux.
Troisième orientation fondamentale. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.eau-loire-bretagne.fr/sdageetsage/projetdesdage/lesdocuments/ProjetSdage1-15.pdf
(consulté le 11/06/11).
71
projets d'aménagement et de développement
durable (PADD) des documents d'urbanisme traitent de l'enjeu de l'infiltration
des eaux pluviales »27.
4.3.1.2. Exploitation des aquifères
Les aquifères sont alimentés directement ou
indirectement par les eaux de pluie pénétrant dans le sol. Des
pressions trop fortes peuvent entrainer la baisse de leur volume. Le volume de
l'aquifère est le « solde entre les sorties d'eaux naturelles
(sources, rivières), les sorties anthropiques (AEP, irrigation, etc.) et
la capacité de recharge de cette nappe (pluies, rivières) »
(Bordet, 2007 : 146).
En cas de multiplications de prélèvements
dispersés et incontrôlés, il se crée un grave
déséquilibre dans la ressource, déséquilibre dont
les effets peuvent durer longtemps. On parle alors de surexploitation
chronique. Pour ne pas en arriver à un tel extrême, des mesures
règlementaires et préventives sont prises pour limiter les
quantités d'eau prélevées. « La maîtrise
des prélèvements d'eau est un élément essentiel
pour le maintien du bon état des cours d'eau et des eaux souterraines,
ainsi que la préservation des écosystèmes qui leur sont
liés »28.
Il s'agit ici du bon état quantitatif des eaux
souterraines ; pour la Directive cadre européenne, « le bon
état est celui où le niveau de l'eau souterraine dans la masse
d'eau est tel que le taux annuel moyen de captage à long terme ne
dépasse pas la ressource disponible de la masse d'eau souterraine
»29.
L'appréciation de l'état quantitatif des masses
d'eau souterraines est réalisée grâce à des
critères physiques.
27 Comité de Bassin Rhin-Meuse, (2009).
Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux.
Troisième orientation fondamentale du thème 5 du SDAGE
Rhin-Meuse. Disponible sur :
http://www.eau2015-rhin-meuse.fr/dce/site/medias/documents/cdcb271109/pdf/Tome%2004Orientations%20fondamentales%20e
t%20dispositions.pdf , (consulté le 11/06/11).
28 Comité de Bassin Loire-Bretagne, (2007).
Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux.
Septième orientation fondamentale. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.eau-loire-
bretagne.fr/sdage et
sage/projet de sdage/les documents/Projet Sdage1-15.pdf (consulté le
11/06/11).
29 Directive-Cadre Européenne, (Novembre 2007).
Note relative aux eaux souterraines. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.eau-loire-bretagne.fr/sdage
et sage/projet de sdage/les documents/7-Note-Eaux-souterraines.pdf ,
(consulté le 12/06/11).
72
« En l'état actuel des réflexions, une
masse d'eau souterraine est considérée en bon état
quantitatif dès lors qu'il n'est pas constaté d'évolution
interannuelle défavorable de la piézométrie (baisse
durable de la nappe hors effets climatiques) et que le niveau
piézométrique qui s'établit en période
d'étiage permette de satisfaire les besoins d'usage, sans risque
d'effets induits préjudiciables sur les milieux aquatiques et terrestres
associés, ni d'intrusion saline en bordure littorale
»30.
Pour atteindre cet objectif du bon état quantitatif des
eaux souterraines, la DCE invite les parties signataires de ladite directive
à rendre opérationnels les programmes de mesures prévus
dans le plan de gestion des eaux, surtout au sein de chaque district
hydrographique. Elle insiste dans son quatrième chapitre sur le fait
que
« les Etats membres protègent,
améliorent et restaurent toutes les masses d'eau souterraines, assurent
un équilibre entre les captages et le renouvellement des eaux
souterraines afin d'obtenir un bon état des masses d'eau souterraines
»31.
Les dispositions à prendre pour y parvenir consistent
à assurer au maximum l'infiltration des eaux pluviales ou les eaux
résiduaires ne nécessitant plus d'épuration, à
recueillir et à réutiliser au maximum les eaux pluviales ou les
eaux issues des process industriels, ainsi qu'à faire des recharges
artificielles, dans le but de limiter les prélèvements dans les
ressources disponibles.
4.3.1.3. Concentration en nitrates
L'eau produite et distribuée doit être conforme
aux normes de qualité et propre à la consommation ; ainsi, elle
ne constitue pas un danger pour la santé du consommateur.
En France, les normes de qualité sont fixées par
le code de la santé publique. C'est l'Agence Française de la
Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) qui évalue les
risques sanitaires liés aux aliments alors que le Conseil
Supérieur d'Hygiène Publique de France (CSHPF) aide à la
gestion des risques sanitaires liés aux eaux destinées à
la consommation humaine.
« Les normes de qualité de l'eau
adoptées en France et en Europe reposent sur des valeurs guides
déterminées au niveau international » (Bordet, 2007 :
167).
30 ibidem
31 ibidem
73
Ces valeurs guides sont émises par l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS)). On entend par valeur guide l' «
estimation de la concentration d'une substance dans l'eau de boisson qui ne
présente aucun risque pour la santé d'une personne qui
consommerait cette eau pendant toute sa vie » (Bordet, 2007 :
168).
La Directive européenne du 12 novembre 2006 sur la
protection des eaux souterraines contre la pollution et la
détérioration est le cadre qui fixe les normes de qualité
en ce qui concerne les polluants présents dans l'eau, les nitrates
notamment. Elle stipule en ses articles premier et huitième que
«les eaux souterraines constituent une ressource
naturelle précieuse et devraient être en tant que telles
protégées contre la détérioration et la pollution
chimique. Cela est particulièrement important pour les
écosystèmes dépendant des eaux souterraines ainsi que pour
l'exploitation des eaux souterraines pour l'approvisionnement en eau
destinée à la consommation humaine [...] il convient de fixer des
normes de qualité pour les nitrates, les produits pharmaceutiques et les
produits biocides en tant que critères communautaires pour
l'évaluation de l'état chimique des masses d'eau
souterraines »32.
La norme alors fixée pour le nitrate est de 50 mg/l.
Quant à la directive cadre européenne du 23
octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans
le domaine de l'eau, elle invite vivement les
« Etats membres à mettre en oeuvre les mesures
nécessaires pour inverser toute tendance à la hausse
significative et durable de la concentration de tout polluant résultant
de l'impact de l'activité humaine afin de réduire progressivement
la pollution des eaux souterraines ».33
32 Ministère de l'Ecologie, du
Développement durable, des Transports et du Logement, (2008). Directive
n° 2006/118/CE du 12/12/06 sur la protection des eaux souterraines contre
la pollution et la détérioration. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.ineris.fr/aida/?q=consult
doc/consultation/2.250.190.28.8.4435/2.250.190.28.2.9 (consulté le
12/06/2011).
33 Directive cadre européenne du 23 octobre
2000, article 4, alinéa 3, disponible sur :
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2000:327:0001:0072:FR:PDF
, (consulté le 12/06/11).
74
4.3.1.4. Performance du réseau de distribution
(pertes d'eau)
Aucune des législations que nous avons
mentionnées n'a émis de norme ou de seuil en ce qui concerne les
pertes en eau du réseau d'eau potable.
Le SDAGE encourage les consommateurs à adopter un
comportement écocitoyen en recherchant et en éliminant toutes les
sources de gaspillage actuelles.
La DCE de 2000 demande aux Etats membres de « veiller
à ce que la politique de tarification de l'eau incite les usagers
à utiliser les ressources de façon efficace et contribue ainsi
à la réalisation des objectifs environnementaux de la
présente directive »34.
En effet,
« les volumes facturés (Ifen 2005) sont de 4,7
milliards de m3 pour 6,5 mis en distribution. Le reliquat non
payé est perdu dans les fuites du réseau (85%) ou utilisé
gratuitement (15%) par des administrations, des écoles, pour le
nettoyage de la voirie » (Bordet, 2007 : 118-119).
L'entretien et le renouvellement des réseaux en sont pour
beaucoup dans ces pertes. En France,
«la gestion oscille entre deux tendances : dans le
meilleur des cas, les conduites sont remplacées en cas de fuite ou de
rupture ; dans le pire des cas, les conduites ne sont pas remplacées et
le taux de perte du réseau peut s'élever à 70% dans
certaines communes » (Pflieger, 2009 : 74).
D'après le même auteur, le taux moyen de pertes
était de 28% en 2008 en France, alors que selon les normes
françaises un réseau en bon état ne perd pas plus de 20%
de son eau.
Dans le cadre de ce travail, nous prendrons comme
référence les seuils d'indice de performance du réseau
d'eau potable établis par l'Allemand D. Weimer en 2001. Ces valeurs
seront exposées plus bas.
34 ibidem
75
4.3.1.5. Raccordement aux installations de
dépollution
L'assainissement et l'urbanisation sont étroitement
liés de sorte qu'on ne saurait concevoir l'un sans l'autre. C'est pour
cela que le SDAGE souligne que
« l'ouverture à l'urbanisation d'un nouveau
secteur ne peut pas être envisagée si la collecte et le traitement
des eaux usées qui en seraient issus ne peuvent pas être
effectués dans des conditions conformes à la
règlementation en vigueur et si l'urbanisation n'est pas
accompagnée par la programmation des travaux et actions
nécessaires à la réalisation ou la mise en
conformité des équipements de collecte et de traitement
»35.
La Directive européenne du 21 mai sur les eaux urbaines
résiduaires transcrite en droit français par le décret
n° 94-469 du 3 juin 1994, postule en son troisième article,
alinéa 1 que « les Etats veillent à ce que toutes les
agglomérations soient équipées de système de
collecte des eaux urbaines résiduaires »36.
La loi sur l'eau de 1992 quant à elle, confie aux
communes la responsabilité de l'assainissement.
« Les communes prennent obligatoirement en charge les
dépenses relatives aux systèmes d'assainissement collectif,
notamment aux stations d'épuration des eaux usées et à
l'élimination des boues qu'elles produisent, et les dépenses de
contrôle des systèmes d'assainissement non collectif
».37
Le raccordement à ces systèmes d'assainissement
collectif est rendu obligatoire par l'article L.1331-1 du Code de la
santé publique qui
« impose le raccordement des immeubles aux
réseaux publics de collecte disposés pour recevoir les eaux
usées domestiques et établis sous la voie publique à
laquelle ces
35 Comité de Bassin Rhin-Meuse, (2009).
Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux.
Première orientation fondamentale du thème 5 du SDAGE Rhin-Meuse.
Disponible sur :
http://www.eau2015-rhin-meuse.fr/dce/site/medias/documents/cdcb271109/pdf/Tome%2004Orientations%20fondamentales%20e
t%20dispositions.pdf , (consulté le 11/06/11)
36 Ministère de l'Ecologie, du
Développement durable, des Transports et du Logement, (1998). Directive
du 21 mai 1991 sur les eaux urbaines résiduaires. [Page Web]. Disponible
sur :
http://www.ineris.fr/aida/?q=consult
doc/consultation/2.250.190.28.8.4451 , (consulté le 13/06/11).
37 Communauté de Communes d'Evran,
(septembre 200).Loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 sur l'eau, article 35. [Page
Web]. Disponible sur :
http://www.cc-evran.fr/ressources/loieau.pdf
(consultée le 13/06/11).
76
immeubles ont accès (directement ou non). Cette
opération doit être effectuée dans un
délai de deux ans à compter de la mise en
service du réseau public de collecte »38.
Dans les zones à habitat dispersé, le
raccordement aux réseaux publics de collecte entrainerait
d'énormes investissements. Ainsi, des solutions de collecte individuelle
ou autonome sont préconisées ; ces systèmes doivent
néanmoins assurer un niveau identique de protection de l'environnement
au même titre que les systèmes de collecte publics.
4.3.1.6. Efficience hydraulique des STEP
Les eaux épurées sortant des STEP ne contiennent
plus qu'une partie infime de la pollution entrante. «
L'épuration ne permet pas d'éliminer totalement la pollution et
l'eau, au sortir des STEP, est encore non potable » (Veuthey, 2009 :
46).
La charge polluante encore présente dans ces effluents
dépend du rendement de la STEP qui, lui, dépend des
investissements faits dans ces installations.
La Directive européenne du 21 mai 1991 sur les eaux
urbaines résiduaires, reprise en droit français par
l'arrêté du 22 décembre 1994, impose un minimum de
rendement aux STEP. Conformément à l'article 10 de ladite
directive,
« Les Etats membres veillent à ce que les
stations d'épuration des eaux urbaines résiduaires soient
conçues, construites, exploitées et entretenues de manière
à avoir un rendement suffisant dans toutes les conditions climatiques
normales du lieu où elles sont situées. Il convient de tenir
compte des variations saisonnières de la charge lors de la conception de
ces installations »39.
Les SDAGE imposent le développement d'une
métrologie des réseaux d'assainissement puisque
« La performance des systèmes
d'épuration domestique passe par un bon rendement des ouvrages
épuratoires ainsi que des ouvrages de transfert de la pollution. Les
rejets
38 Sénat français, (2007).
Application de l'Article L.1331-1 du Code de la santé publique. [Page
Web]. Disponible sur :
http://www.senat.fr/questions/base/2007/qSEQ070801531.html
(consulté le 13/06/11).
39 Ministère de l'Ecologie, du
Développement durable, des Transports et du Logement, (1998). Directive
du 21 mai 1991 sur les eaux urbaines résiduaires, article 10. page Web].
Disponible sur :
http://www.ineris.fr/aida/?q=consultdoc/consultation/2.250.190.28.8.4451
, (consulté le 13/06/11).
77
directs par les réseaux sont susceptibles d'avoir
un impact fort sur les milieux aquatiques. Il est donc essentiel de bien
connaitre le fonctionnement du réseau pour bien maitriser l'impact du
système d'assainissement »40.
Le contrôle des installations de dépollution est
assuré par les communes qui
« doivent mettre en place une surveillance des
systèmes de collecte des eaux usées et des stations
d'épuration en vue d'en maintenir et d'en vérifier
l'efficacité, de vérifier les conséquences sur le milieu
récepteur »41.
Conformément à l'article R. 2224-15 du Code
général des collectivités territoriales, « les
résultats de la surveillance sont communiqués par les communes
(ou leurs délégataires) à l'agence de l'eau et au
préfet »42.
4.3.1.7. Accès aux comptes de l'eau
L'eau fait partie du patrimoine de la nation et nul ne
saurait l'approprier. L'eau brute est un don du ciel et donc gratuite ;
par contre, l'eau potable a un prix, le prix à payer pour avoir une eau
conforme aux normes de qualité telles que l'exige la loi. Le prix de
l'eau, c'est le prix du service qu'elle induit ; ce n'est pas le prix du
produit.
Les variations de prix constatées sur le territoire
sont la conséquence des disparités sur les plans techniques,
économiques, du service, des objectifs visés et des
compétences des collectivités publiques ou des
délégataires.
« Les augmentations sont dues aux efforts de
qualité de service et d'intégration de l'environnement. C'est
pourquoi les acteurs publics et privés doivent expliquer et
mieux
40 Comité de Bassin Loire-Bretagne, (2007).
Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux.
Troisième orientation fondamentale. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.eau-loire-
bretagne.fr/sdage et
sage/projet de sdage/les documents/Projet Sdage1-15.pdf (consulté le
11/06/11).
41 Service Public de la Diffusion du Droit, (2007).
Arrêté du 22 juin 2007 relatif à la collecte, au transport
et au traitement des eaux usées des agglomérations
d'assainissement ainsi qu'à la surveillance de leur fonctionnement et de
leur efficacité, article 17.[Page Web]. Disponible sur :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=1B3EF23A3D3EE8132E8DED42FB735940.tpdjo1
3v
2?idArticle=LEGIARTI000006878232&cidTexte=LEGITEXT000006056589&dateTexte=20091023
(consulté le 13/06/11).
42 Service Public de la Diffusion du Droit. Code
général des collectivités territoriales, article R.
2224-15, lettre d. [Page Web]. Disponible sur :
http://assainissement.developpement-durable.gouv.fr/recueil/01TF/03CGCT/08R222410.pdf
(consulté le 13/06/11).
78
justifier le prix figurant sur la facture [...] le prix de
vente de l'eau doit être calculé pour que l'équilibre du
service soit assuré : remboursement d'emprunt, exploitation et
entretien, renouvellement, rémunération de l'exploitant ».
(Bordet, 2007 : 228)
Ainsi, le prix facturé permet d'assurer les
dépenses d'investissement et de fonctionnement de
même que le paiement des taxes et des redevances.
Sur la facture d'eau, on a les éléments qui suivent
:
- l'eau potable : origine de la ressource, la production,
l'acheminement, la distribution,
les redevances de prélèvement perçues par
l'agence de l'eau,
- la collecte et le traitement des eaux usées,
- les impositions faites au profit des organismes publics.
Outre ces comptes-rendus qui se font par le biais des factures
d'eau, le SDAGE impose de
« rendre des comptes sur les politiques publiques en
lien avec l'eau, notamment en se fondant sur les principes suivants :
hiérarchiser les priorités et mettre l'accent sur ce qui est le
plus important, se fixer une obligation de résultats et pas seulement de
moyens, être transparent, évaluer les politiques publiques
»43.
Ces comptes-rendus se font grâce au Rapport annuel sur
le Prix et la Qualité des Services publics d'eau potable et
d'assainissement (RPQS). C'est un outil de communication entre les élus,
les délégataires et les usagers de l'eau.
«Le délégataire produit chaque
année avant le premier juin à l'autorité
délégante un rapport comportant notamment les comptes
retraçant la totalité des opérations afférentes
à l'exécution de la délégation de service public et
une analyse de la qualité de service. Ce rapport est assorti d'un annexe
permettant à l'autorité délégante
d'apprécier les conditions d'exécution du service public
»44.
43 Comité de Bassin Rhin-Meuse, (2009).
Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux.
Troisième orientation fondamentale du thème 6 du SDAGE
Rhin-Meuse. Disponible sur :
http://www.eau2015-rhin-meuse.fr/dce/site/medias/
documents/cd cb 271109/pdf/Tome%2004 Orientations%20fondamentales%20e
t%20dispositions.pdf , (consulté le 13/06/11).
44 Service Public de la Diffusion du Droit, (2002).
Article L. 1411-3 du Code général des collectivités
publiques. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=7C8EBDC808FC57EAA60B4FE1291423.tpdjo1
79
Un certain nombre d'indicateurs devant figurer dans ce rapport
est édicté par le Code général des
collectivités territoriales.
« Les articles R. 2224-1 à 4 du CGCT fixent la
liste des indicateurs techniques (protection de la ressource, qualité,
volumes prélevés et comptés, pertes, rendements,
interruptions de service, conformité de l'assainissement non collectif),
financiers (tarifications, dettes, investissements, impayés) et de
développement durable (qualité de services à l'usager,
gestion financière et patrimoniale, performance environnementale) qui
doivent figurer dans le rapport ». (Bordet, 2007 : 231)
Le rapport sur le prix et la qualité du service est
présenté par le maire et est disponible dans les mairies ; il
doit pouvoir être consulté librement. Il peut être
également disponible sur le site internet de certains
délégataires.
4.3.1.8. Information des consommateurs relative
à l'eau potable
Pour atteindre les objectifs d'une gestion
intégrée et durable de l'eau ainsi que ceux du bon état
écologique des masses d'eau tels que le veut la DCE, il est important
que tous les acteurs concernés, surtout les consommateurs soient
impliqués. Et pour que le consommateur s'implique dans la gestion de
l'eau, il doit disposer des éléments de compréhension
nécessaires pour prendre des positions éclairées. Il doit
être, non seulement informé, mais aussi être
formé.
Le SDAGE invite à l'amélioration de
l'accès à l'information et à la formation sur l'eau.
« Dans l'esprit de la Charte de l'environnement et de
la Convention d'Aarhus, il s'agit de faciliter l'accès aux
données publiques sur l'eau et d'améliorer l'information de tous
les publics sur la gestion durable de l'eau ainsi que sur les résultats
acquis. Le développement de portails internet du système
d'information sur l'eau au niveau
3v
2?cidTexte=LEGITEXT000006070633&idArticle=LEGIARTI000006389215&dateTexte=&categorieLien=cid
, (consulté le 13/06/11)
80
national et au niveau du bassin y contribue ainsi que la
mise à disposition des études sur l'eau
»45.
La Directive cadre sur l'eau postule que l'information, la
consultation et la participation du public sont la clef du succès pour
l'atteinte de ses objectifs.
« Le succès de la présente directive
nécessite une collaboration étroite et une action
cohérente de la Communauté, des Etats membres et des
autorités locales, et requiert également l'information, la
consultation et la participation du public, y compris des utilisateurs
»46.
Les maires sont invités à saisir l'occasion de
la publication du rapport sur le prix et la qualité du service pour
assurer une telle information. Ils sont également encouragés
à mettre l'information à disposition sur leur site Internet et
à en informer le public par la voie du bulletin municipal. Ils doivent
également veiller à ce que ces informations soient
régulièrement mises à jour.
4.3.1.9. Sensibilisation de la population
L'eau n'est pas une ressource disponible qu'on peut consommer
sans limite. Elle est un important facteur de développement
économique, social et démographique. La demande en eau mondiale
est forte et le restera ; il faudra trouver des stratégies pour
satisfaire les besoins en eau actuels et à venir.
Il est alors demandé aux consommateurs, des
comportements écocitoyens et une évolution positive des
mentalités qui impliquent une prise de conscience collective des enjeux
de durabilité liés à l'eau.
Le SDAGE énonce le devoir d'informer, de sensibiliser,
de favoriser les échanges, de mobiliser tous les acteurs, de favoriser
l'émergence de solutions partagées et surtout de favoriser la
prise de conscience.
45 Comité de Bassin Loire-Bretagne, (2007).
Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux.
Quinzième orientation fondamentale. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.eau-loire-bretagne.fr/sdage
et sage/projet de sdage/les documents/Projet Sdage1-15.pdf (consulté
le 13/06/11).
46 Directive Cadre Européenne, (octobre 2000).
Considérant 14. [Page Web]. Disponible sur :
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2000:327:0001:0072:FR:PDF
(consulté le 13/06/11).
81
« L'atteinte des objectifs de qualité
fixés par le SDAGE nécessite la mobilisation de tous les citoyens
ainsi que l'évolution des comportements individuels et collectifs. C'est
pourquoi le SDAGE énonce que la sensibilisation et l'éducation
des citoyens à la gestion de l'eau sont d'intérêt
général au bassin. Il s'agit ainsi de développer la prise
de conscience de la valeur du patrimoine lié à l'eau et aux
milieux aquatiques auprès de tous les publics. Ces actions doivent
être mises en place dans le cadre de démarches globales et de
programmes d'actions cohérents. Pour être efficace, la
sensibilisation s'appuie sur la mobilisation des acteurs de l'eau et sur
l'exemple local et elle intègre une communication sur les gestes
individuels ou collectifs qui préservent la ressource
»47.
Ces actions de sensibilisation, de formation,
d'éducation et d'information dans le domaine de l'eau sont
financées par les Agences de l'eau.
4.3.2. Le cas Suisse
4.3.2.1. Les surfaces
imperméabilisées
Cet indicateur est directement lié à
l'aménagement du territoire. En Suisse, c'est la loi
fédérale du 22 juin 1979 sur l'aménagement du territoire
(LAT) qui régule l'utilisation du sol. Elle mentionne les plans
« d'aménagement que les cantons seront appelés à
établir en vue d'assurer une utilisation judicieuse du sol et une
occupation rationnelle du territoire » (Ruegg, 2008).
Cette loi invite la Confédération, les cantons
et les communes à coordonner leurs efforts d'aménagement du
territoire pour : « protéger les bases naturelles de la vie,
telles que l'air, l'eau la forêt et le paysage
»48.
Les villes connaissent aujourd'hui un développement
effréné ; la Suisse n'est pas en marge de cette urbanisation
grandissante et surtout dispersée qui grignote les aires agricoles et
naturelles.
47 Comité de Bassin Loire-Bretagne, (2007).
Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux.
Quinzième orientation fondamentale. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.eau-loire-
bretagne.fr/sdage et
sage/projet de sdage/les documents/Projet Sdage1-15.pdf (consulté le
13/06/11).
48 Confédération suisse, (2008). Loi sur
l'Aménagement du territoire. Article 1, alinéa 2a de la LAT 1979.
* Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/7/700.fr.pdf
, (consulté le 5/06/2011).
82
« Entre 1985 et 1997, la Suisse a perdu chaque jour
11 hectares de terres cultivables, deux tiers ont cédé la place
à des zones bâties. Le Conseil fédéral souhaite
stabiliser la surface d'urbanisation à 400 m2 par habitant
». (Da Cunha, 2010)
La stabilisation des surfaces d'urbanisation passe par :
- la construction de la ville dans et sur la ville,
- la coordination entre politique de transport et politique
d'aménagement,
- la bonne organisation des centralités,
- l'urbanisme végétal, etc.
En son article 27, alinéa1, la Loi
fédérale de 1991 sur la protection des eaux insiste sur le fait
que « les sols soient exploités selon l'état de la
technique, de manière à ne pas porter préjudice aux eaux
[...] »49.
Toutes ces mesures permettront de limiter la consommation de
la ressource sol dont dépend en grande partie l'équilibre de la
ressource en eau.
4.3.2.2. Exploitation des aquifères
Les aquifères sont au registre des eaux souterraines.
Le prélèvement de l'eau dans les aquifères fait baisser
localement leur niveau. En cas de surexploitation, il se crée un
déséquilibre durable dans la ressource : pollution, intrusion
marine irréversible, destruction des captages. C'est pour cela que des
mesures règlementaires sont prises pour limiter les quantités
prélevées.
L'article 43 de la loi fédérale de 1991 sur la
protection des eaux stipule en son alinéa 1 que
«les cantons veillent à ce que les
prélèvements opérés dans une nappe souterraine ne
soient pas supérieurs à la quantité d'eau qui l'alimente.
Les prélèvements peuvent toutefois excéder temporairement
les apports, à condition qu'ils ne portent préjudice ni à
la qualité des eaux souterraines, ni à la
végétation »50.
49 Confédération suisse, (Janvier 2011).
Loi fédérale de 1991 (RS, 814.20) sur la protection des eaux.
[Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c814
20.html (consulté le 5/06/2011).
50 ibidem
83
En cas de prélèvement excessif, pour
rééquilibrer le système, on a parfois recours aux
techniques de réalimentation ou de soutien artificiel des nappes ; il
s'agit du prélèvement d'eaux de surface dans un barrage ou dans
une rivière proche. Ces eaux sont envoyées dans des zones
d'infiltration situées près du champ captant.
La LEaux invite vivement les cantons à
« améliorer, dans toute la mesure du possible,
l'état des nappes souterraines lorsqu'elles sont surexploitées ou
que leur alimentation a été réduite, en diminuant les
prélèvements, en alimentant artificiellement les nappes ou en
stockant de l'eau potable dans le sous-sol».51
La protection des captages est aussi nécessaire pour
préserver la qualité de l'eau des aquifères. Ces mesures
tant règlementaires que pratiques garantissent une gestion durable des
eaux souterraines.
4.3.2.3. Concentration en nitrates
La loi fédérale de 1991 sur la protection des
eaux n'a pas émis de normes concernant la teneur de certains
éléments dans l'eau de consommation. L'eau étant une
denrée alimentaire de premier ordre, c'est dans l'Ordonnance du 26 juin
1995 sur les Substances Etrangères et les Composants dans les
denrées alimentaires (OSEC), que nous avons trouvé ces normes. Le
législateur y a mis des valeurs de tolérance, c'est-à-dire
des valeurs qui
« expriment le nombre de microorganismes dont on
admet empiriquement qu'il ne doit pas être dépassé lorsque
les matières premières sont choisies avec soin, que les
règles de bonnes pratiques de fabrication sont respectées et que
le produit est conservé dans des conditions appropriées. Lorsque
la valeur de tolérance est dépassée, le produit est
réputé amoindri dans sa valeur
marchande»52.
Pour l'eau potable cette valeur de tolérance pour le
nitrate est de 40 mg/l. A partir de cette valeur, des mesures correctives
doivent être prises.
51 Confédération suisse, (Janvier 2011).
Loi fédérale de 1991 (RS, 814.20) sur la protection des eaux.
Article 1, alinéa2. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c814
20.html (consulté le 5/06/2011).
52 Département Fédéral
Intérieur, (2011). Ordonnance du 5novembre 2005 sur l'Hygiène
(OHyg), article 5, alinéa 6. [Page Web]. Disponible sur :
www.admin.ch/ch/f/rs/c817
024 1.html , (consulté le 05/06/2011).
84
En outre, l'Ordonnance du 23 novembre 2005 sur les
Denrées Alimentaires et les Objets Usuels (ODAlOUs) indique les
exigences auxquelles la qualité de l'eau potable doit répondre.
Ces exigences sont contraignantes pour tout distributeur d'eau potable. Ce
dernier doit démontrer que l'eau qu'il distribue est exempt de tout
agent pathogène et que les teneurs en substances chimiques qu'elle peut
contenir ne présentent aucun danger pour la santé du
consommateur. Cette ordonnance stipule que53 :
- une eau potable de qualité est inodore, incolore et sans
faux goût,
- elle doit être en particulier exempte de tout germe
pathogène (bactéries, virus),
- elle doit satisfaire aux exigences hygiéniques et
microbiologiques fixées par la
législation,
- elle doit respecter rigoureusement les valeurs de
tolérance et les valeurs limites
fixées pour les substances étrangères, les
composants et les organismes parasites,
- elle doit être propre à la consommation du point
de vue physico-chimique.
Cependant, l'eau potable doit contenir certains
oligoéléments en infime concentration, les sels minéraux
indispensables à l'organisme.
4.3.2.4. Performance du réseau de distribution
d'eau potable (pertes).
Nous n'avons trouvé, ni dans la Loi
fédérale de 1991 sur la protection des eaux, ni dans les
ordonnances des indications sur les pertes du réseau, si ce n'est des
invitations à l'économie de l'eau.
Nous nous sommes alors référé à
l'étude de D. Weimer (2001) sur le réseau allemand. Cet auteur a
émis des seuils d'indice de performance du réseau de distribution
d'eau potable et indique qu'en règle générale, quel que
soit le type de réseau, « le pourcentage de pertes
réelles est faible s'il est inférieur à 8%, moyen s'il est
entre 8 et 15% et élevé s'il excède 15% »
(Weimer, 2001).
Avec un taux de perte moyen de 12% en 2006, la Suisse se situe
donc dans la moyenne dans ce classement. Pflieger (2009), dans son étude
sur « l'Eau des villes » cite Apothéloz, 2005 :
« le taux jugé satisfaisant en Suisse est de 10%
».
53 Confédération suisse, (2010).
Ordonnance du 23 novembre 2005 sur les Denrées Alimentaires et les
Objets Usuels (ODAlOUs), article, alinéa. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/817_02/index.html
(consulté le 05/06/2011).
85
4.3.2.5. Raccordement aux installations de
dépollution
C'est dans le domaine de la protection des eaux, donc dans la
Loi fédérale de 1991 sur la protection des eaux, que l'on trouve
la plupart des obligations qui incombent aux pouvoirs publics et aux
particuliers quant au raccordement aux installations de dépollution.
Elle énonce que pour bénéficier d'un
permis de construire ou pour rénover un bâtiment, le maître
d'ouvrage doit démontrer au préalable que le rejet des eaux
usées est conforme aux principes de protection des eaux. C'est ce que
souligne l'article 17 de la LEaux :
« Un permis de construire ou de transformer un
bâtiment ne peut être délivré qu'aux conditions
suivantes :
- dans le périmètre des égouts
publics, le déversement des eaux polluées dans les égouts
ou l'utilisation de ces eaux à des fins agricoles sont garantis
, ·
- hors du périmètre des égouts
publics, l'évacuation correcte des eaux polluées est
assurée par un procédé spécial , · le
service cantonal de la protection des eaux doit avoir été
consulté , ·
- l'évacuation des eaux qui ne se prêtent pas
à un traitement dans une station centrale d'épuration est
garantie »54.
L'obligation de se raccorder à ces égouts
publics et aux stations d'épuration est formulée dans l'article
11 de la même loi en son alinéa 1 : « les eaux
polluées produites dans le périmètre des égouts
publics doivent être déversées dans les égouts
»55.
Il existe par contre des dérogations spéciales
ou exceptions pour les zones qui ne se situeraient pas dans le
périmètre des égouts publics. Ici, d'autres moyens
d'évacuation des eaux peuvent être utilisés, pourvu que la
protection des eaux soit assurée.
4.3.2.6. Efficience hydraulique des STEP
En vertu de l'article 10 de la LEaux, « les cantons
veillent à la construction des réseaux d'égouts et des
stations d'épuration des eaux usées f...]
»56.
L'efficience de ces installations dépend en grande
partie des moyens techniques et financiers investis.
54 Confédération suisse, (Janvier 2011).
Loi fédérale de 1991 (RS, 814.20) sur la protection des eaux.
[Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c814
20.html (consulté le 5/06/2011).
55 ibidem
56 ibidem
86
Dans l'article 57 de la LEaux, il est dit que la
Confédération « peut participer financièrement au
développement d'installations et de procédés permettant
d'améliorer l'état de la technique dans l'intérêt
général de la protection des eaux, en particulier dans le domaine
de la lutte à la source »57.
.
En outre, leur entretien incombe aux Cantons qui «
veillent à l'exploitation économique de ces installations
»58. En vertu du principe de la causalité, ils
doivent veiller
« à ce que les coûts de construction,
d'exploitation, d'entretien, d'assainissement et de remplacement des
installations d'évacuation et d'épuration des eaux concourant
à l'exécution de tâches publiques soient mis, par
l'intermédiaire d'émoluments ou d'autres taxes, à la
charge de ceux qui sont à l'origine de la production d'eaux
usées».59
Ce sont ces subventions et taxes qui permettent
d'améliorer l'exploitation des installations de dépollution et de
les adapter aux exigences légales d'évacuation et
d'élimination des eaux usées.
4.3.2.7. Accès aux comptes de l'eau
Dans la Loi fédérale sur la protection des eaux
de 1991 ou dans l'Ordonnance sur la protection des eaux de 1998, il n'est pas
clairement fait mention de la possibilité pour les consommateurs d'avoir
librement accès aux documents relatifs à la production d'eau
potable et à l'assainissement.
Ces deux textes, en leurs articles 52 et 50 respectivement,
traitent de la « procédure concernant la publication et la
communication des relevés et de contrôles des déversements
d'eaux provenant d'exploitations artisanales ou industrielles
»60.
57 ibidem
58 ibidem
59 Confédération suisse, (Janvier 2011).
Loi fédérale de 1991 (RS, 814.20) sur la protection des eaux.
Article 60, alinéa1 [Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c814
20.html (consulté le 06/06/2011).
60 Confédération suisse, (Janvier 2011).
Loi fédérale de 1991 (RS, 814.20) sur la protection des eaux.
[Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c814
20.html (consulté le 06/06/2011).
87
Nous avons alors eu recours à la Loi
fédérale du 17 décembre 2004 sur le principe de la
transparence dans l'administration (LTrans) dont le but est de «
promouvoir la transparence quant à la mission, l'organisation et
l'activité de l'administration »61.
Cette loi insiste sur l'information du public quant au
fonctionnement de l'administration, « garantissant [ainsi]
l'accès aux documents officiels »62.
Eu égard au principe de transparence, la LTrans souligne
en son article 6, alinéa 1 et 2 que
« toute personne a le droit de consulter des
documents officiels et d'obtenir des renseignements sur leur contenu de la part
des autorités. Elle peut consulter les documents officiels sur place ou
en demander une copie »63.
Ainsi, le consommateur d'eau potable peut demander d'avoir
accès aux comptes de sa consommation et de l'assainissement s'il estime
avoir été surfacturé. Cette loi est contraignante pour le
distributeur qui doit se plier aux demandes du consommateur par souci de
transparence. Il s'établit ainsi un climat de confiance entre
distributeur et consommateur.
4.3.2.8. Information des consommateurs relative
à l'eau potable
Les consommateurs d'eau ont le droit d'être
renseignés sur les caractéristiques de l'eau qu'on leur fournit
et sur son état. Ces caractéristiques peuvent être la
nature de la ressource (souterraine ou superficielle) sa provenance, sa teneur
en éléments physico-chimiques, etc. Ainsi, les autorités
en charge de la gestion de l'eau et les distributeurs d'eau ont le devoir de
les renseigner sur ces différentes caractéristiques
conformément à l'article 50 alinéa 1 de la LEaux qui
stipule que « la Confédération et les cantons examinent
les résultats des mesures prises [...] et informent le public sur la
protection des eaux et l'état de celles-ci »64.
L'Ordonnance sur le principe de la transparence dans
l'administration indique le moyen par lequel et à quelles conditions
l'information peut être donnée :
61 Confédération suisse, (2006). Loi
fédérale du 17 décembre 2004 sur le principe de la
transparence dans l'administration. Buts et objectifs. [Page Web]. Disponible
sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c152_3.html
(consulté le 06/06/2011).
62 Confédération suisse, (2006). Loi
fédérale du 17 décembre 2004 sur le principe de la
transparence dans l'administration. Article 1, disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c152_3.html
(consulté le 06/06/2011).
63 ibidem
64 Confédération suisse, (Janvier 2011).
Loi fédérale de 1991 (RS, 814.20) sur la protection des eaux.
[Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c814
20.html (consulté le 06/06/2011).
88
« [...] l'autorité compétente publie
aussitôt que possible sur internet les documents officiels importants si
cela n'occasionne pas des frais disproportionnés et si la publication
sur internet ne contrevient à aucune disposition légale
»65.
C'est l'Ordonnance du Département fédéral
intérieur du 23 novembre 2005 qui précise la qualité de
l'information à fournir et la fréquence avec laquelle elle doit
être donnée en ce qui concerne l'eau potable, l'eau de source et
l'eau minérale :
« toute personne qui exploite des infrastructures
d'eau potable pour remettre de l'eau potable aux consommateurs est tenue
d'informer ceux-ci au moins une fois par année, de manière
exhaustive, au sujet de la qualité de l'eau potable
»66.
Ici, l'information fournie doit être
détaillée, claire et compréhensible pour tous les
consommateurs au vu de la place importante qu'occupe l'eau potable.
4.3.2.9. Sensibilisation de la population
La consommation d'eau tend à la baisse en Suisse.
Outre les moyens techniques mobilisés
(amélioration des conduites) et la délocalisation des industries
grandes consommatrices d'eau que nous avions mentionnés plus haut, la
sensibilisation des consommateurs par rapport à la valeur inestimable de
l'eau joue un grand rôle dans cette tendance à la baisse.
Par souci de préserver la ressource précieuse
qu'est l'eau tant sur le plan quantitatif que qualitatif, les consommateurs
reçoivent des conseils de la part des autorités en charge de la
gestion de l'eau de même que des producteurs. Conformément
à l'article 50 de la Loi sur la protection des Eaux qui mentionne en ses
alinéas 2 et 3 que « les services de la protection des
65 Confédération suisse, (2006).
Ordonnance du 24 mai 2006 sur le principe de la transparence dans
l'administration, article 19. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c152_31.html
, (consulté le 06/06/2011).
66 Confédération suisse, (janvier 2006).
Ordonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur l'eau potable, l'eau de source et
l'eau minérale, article 5[Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c817_022_102.html
(consulté le 06/06/2011).
eaux conseillent les autorités et les particuliers
[en recommandant] des mesures propres à prévenir ou
à réduire les atteintes nuisibles aux eaux
»67.
Cette démarche entrainant une évolution des
comportements des individus dans le sens de la durabilité est
bénéfique pour l'environnement puisque la ressource naturelle
qu'est l'eau s'en trouve préservée.
En conclusion de cette partie législative, nous pouvons
dire que les lois suisses et françaises relatives à la gestion de
l'eau et en rapport avec nos indicateurs de durabilité poursuivent en
général les mêmes objectifs. Ceux sont, l'utilisation
mesurée du sol favorisant une bonne infiltration des eaux, la bonne
gestion des eaux pluviales, la bonne gestion quantitative et qualitative des
eaux souterraines et de surface, la bonne gouvernance par la participation de
tous à la gestion de l'eau, l'information et la sensibilisation ; c'est
seulement les mots pour le dire qui diffèrent un peu.
En ce qui concerne les normes de qualité, elles sont un
peu plus sévères en Suisse qu'en France.
De même, les pertes en eau sont plus réduites en
Suisse qu'en France.
89
67 Confédération suisse, (Janvier
2011). Loi fédérale de 1991 (RS, 814.20) sur la protection des
eaux. [Page Web]. Disponible sur :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/c81420.html
(consulté le 06/06/2011).
90
5. Étude de cas
Notre ambition, pour ce travail de mémoire, nous le
rappelons, est d'évaluer la gestion durable de l'eau dans deux communes
de l'agglomération franco-valdo-genevoise à savoir
Saint-Julien-en-Genevois en France et Bernex en Suisse. L'idée majeure
est de voir comment s'y fait la gestion des ressources en eau et, dans une
logique transfrontalière, quelles influences la frontière et donc
les lois peuvent exercer sur la durabilité de la gestion des ressources
naturelles, l'eau dans le cas d'espèce.
Ces deux communes ont donc été choisies car
elles sont situées de part et d'autre de la frontière (4 km de
distance l'une de l'autre) et justement parce que notre étude porte sur
le rôle de la frontière.
Dans le souci d'avoir des résultats diversifiés,
ces deux communes ont été retenues parce qu'elles ont des
caractéristiques démographiques, socio-économiques et
institutionnelles différentes. Les dites caractéristiques sont
détaillées un peu plus bas.
En outre, puisqu'elles font partie du même projet
d'agglomération, quoique dans des Périmètres
aménagés coordonnés d'agglomération (PACA)
différents, elles ont été retenues car en plus de
l'influence de la frontière, nous avons voulu voir dans quelle mesure le
projet d'agglomération pourrait induire une harmonisation des modes
durables de gestion de l'eau.
5.1. La commune de Saint-Julien-en-Genevois
5.1.1. Caractéristiques générales
Ville frontière avec le canton de Genève,
Saint-Julien est située dans le département de la Haute-Savoie
entre Vuache et Mont Salève dans la région Rhône-Alpes.
Elle est à 10 km de la ville de Genève et à 4 km de la
commune de Bernex. Avec une altitude de 460 m, elle s'étend sur 10,56
km2 et a une population de 12000 habitants68. Sa
densité est de 1136,36
68 Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques, (2010). Statistiques de 2010. [Page Web]. Disponibles sur :
http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/recensement/populations-legales/commune.asp?annee=2008&depcom=74243
, (consulté le 03/04/11).
91
habitants par km2. Le dynamisme économique
de la région et la possibilité de travailler à
Genève font que la population croît d'années en
années comme en témoigne la figure 11.
Données : INSEE, (2010).
Figure 5 : Evolution de la population de la Commune de
Saint-Julien
Les prévisions démographiques annoncent la
poursuite de cette hausse continue.
Ses principaux hameaux sont Cervonnex, Crache, Lathoy, Norcier,
Thairy, Thérens.
Sur le plan économique Saint-Julien compte environ 150
enseignes faites de commerces, d'artisans et prestataires de services ainsi que
de nombreuses zones industrielles. On y dénombrait 4497 emplois en
2007.69
Selon les statistiques de la commune de 1973 citées par
Dufour et Avanthay en 1975, la part du secteur primaire dans l'économie
de la commune de Saint-Julien était de 2,5% ; celle du secteur
secondaire était de 17,4% alors que le secteur tertiaire avait une part
de 45,1%. Ce qui fait en tout 65%. Les 35% restants des emplois étaient
détenus par les frontaliers.
Sur le plan hydrologique, il existe le ruisseau de l'Arande
qui traverse le village d'Archamps jusqu'à St-Julien. Elle conflue dans
la localité de Saint-Julien avec le Nant de Ternier.
Plus à l'ouest, coulent le Nant de la Folle et le Grand
Nant qui se joignent avant de se jeter dans le ruisseau de Ternier, formant
ainsi, à la sortie de Saintt-Julien, l'Aire proprement dite.
69 Saint-Julien-en-Genevois. (Juillet 2011). In
Wikipedia. [ en ligne]. Disponible sur :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Julien-en-Genevois
, (consulté le 02/08/11).
92
Photos 3 et 4 : Ruisseaux de Ternier-Arande
Clichés : Marcellin Fagla (Mai 2011)
5.1.2. La gestion de l'eau à Saint-Julien
La nappe phréatique du Genevois est une nappe
transfrontalière, qui alimente la commune de Saint-Julien au moyen du
puits de Crache et celle de Bernex grâce aux puits de Soral et de
Perly.
La nappe du Genevois est une nappe transfrontalière
exploitée par le canton de Genève et le département de la
Haute-Savoie. Elle a une longueur de 19 km, une largeur variable entre 1.5 et 5
km avec une profondeur qui se situe entre 50 à 90 mètres. Elle
s'étend du quartier des Eaux-vives à Genève jusqu'à
la région de Chancy. L'épaisseur de la zone saturée est de
10 à 40 mètres.
Elle est naturellement alimentée par l'infiltration
directe des eaux de surface et par l'infiltration à travers le lit de
l'Arve. Pour maintenir son équilibre, elle est artificiellement
réalimentée par de l'eau pompée de l'Arve grâce
à la station de Vessy. « Par exemple, 7,5 millions de
m3d'eau ont été injectés en 1995 ».
70
Selon les Services Industriels de Genève, l'eau y est
d'excellente qualité et la réserve totale d'eau utilisable est
estimée à environ 16.8 millions de m3. Les
prélèvements représentent environ 15 millions de
m3 par an. Les niveaux de la nappe sont régulièrement
suivis par le Service de Géologie du canton de Genève grâce
à la gestion d'une quarantaine de piézomètres
répartis sur l'ensemble de la nappe.
70 Etat de Genève. Service de géologie.
La nappe du Genevois. [Page Web]. Disponible sur :
http://etat.geneve.ch/dt/geologie/nappegenevois-270-1775.html
(consulté le 20 juillet 2011).
93
Il existe une commission d'exploitation de la nappe du
Genevois qui a été instituée en 1978 et qui comprend trois
représentants du département de la Haute-Savoie et quatre
représentants du Canton de Genève. Ces représentants sont
désignés parmi les professionnels qui ont en charge la gestion de
l'eau ainsi que parmi les membres de l'administration. Ladite commission a pour
but d'assurer la gestion quantitative et qualitative de la nappe.
Chaque année, les membres de la commission se
réunissent pour faire le point sur les prélèvements, les
conditions de réalimentation, les travaux structurants à
réaliser, etc.
La figure 6 montre les composantes de la gestion de l'eau dans
les deux communes d'étude.
Figure 6 : Composantes de la gestion de l'eau entre
Saint-Julien et Bernex. Source : Service de géologie.
République et Canton de Genève.
94
La Communauté des Communes du Genevois (CCG), est un
Etablissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI) qui a
été créé le 1er janvier 1996 au titre de
la loi d'Aménagement du Territoire du 6 février 1992 et remplace
le Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple (SIVOM) du canton de
Saint-Julien-en-Genevois.
Elle regroupe 17 communes dont Saint-Julien, et a pour
compétences la construction, la gestion et l'entretien des
équipements et infrastructures d'intérêt communautaire,
l'approvisionnement en eau potable et l'évacuation des eaux usées
de ses communes, la collecte et le traitement des déchets, la protection
et la mise en valeur de l'environnement, l'élaboration des contrats de
rivières, etc. Elle gère une compétence partielle en
fournissant aux communes de l'eau en appoint de leurs ressources surtout en
période d'étiage. Trente-quatre réservoirs communaux sont
raccordés au réseau Communautaire par un système de vannes
automatiques qui se déclenchent dès que le niveau d'eau dans ces
réservoirs est bas. L'exploitation et l'entretien de ces
réservoirs, ainsi que des sources qui les alimentent sont sous la
responsabilité de chaque commune. Dans ces trente-quatre
réservoirs, on compte celui de Saint-Julien (avec deux cuves),
raccordé au réseau de la CCG par l'intermédiaire d'une
vanne commandée à distance par l'exploitant de son réseau
qui est Veolia.
Plus de 80% de l'eau fournie par le réseau
communautaire aux communes est tirée de la nappe du Genevois.
En 2008 et 2009, les prélèvements dans la nappe
du Genevois grâce au puits de Crache s'élèvent
respectivement de 866842 m3 et 1143925 m3.
Le prélèvement dans la nappe du Genevois repose
sur un système de quotas. Ce quota est de 400'000 m3.
Au-delà de ce volume, la CCG doit payer pour le volume
supplémentaire qu'elle prélève. Sur l'année
hydrologique novembre 2008 - novembre 2009, la CCG a prélevé 1
085 354 m3 dans la nappe du Genevois, soit 171% du quota
autorisé. Le dépassement s'élève à 685 354
m3. (CCG, rapport eau potable, 2009).
Les besoins en eau de la commune de Saint-Julien sont de plus
en plus grands puisque en 2006 et 2007, la consommation en eau potable sur le
réseau communautaire s'élevait à 252'475 m3 et
297'063 m3 respectivement. (CCG, rapport eau potable, 2007).
En 2009, la CCG a fourni à la commune de Saint-Julien
429078 m3 d'eau et le volume vendu par la commune de Saint-Julien
à ses usagers est de 752260 m3. La part du réseau
communautaire est ainsi de 57% alors que celle du réseau communal est
43%. Ce volume rapporté au nombre d'habitants de la commune, la
consommation d'eau est alors d'environ 175l/hab./j.
95
Outre l'eau provenant de cette nappe, la commune est
également alimentée en eau potable par la source du Salève
et le puits de Ternier.
Les besoins en eau de la commune sont principalement pour les
usages domestiques et agricoles (irrigation et élevage).
Photo 5 : Borne-fontaine Photo 6 :
Borne-incendie
Clichés : Marcellin Fagla (Saint-Julien, Mai 2011)
Le mode de gestion dans cette commune est l'affermage ; cette
gestion a été confiée au prestataire privé Veolia.
« Le contrat de délégation de service a
été signé le premier janvier 1997et dure jusqu' au 31
décembre 2009 ». (CCG, rapport eau potable, 2009).
Photos 7 et 8 : Service des eaux de
Saint-Julien
Clichés : Marcellin Fagla (Mai 2011)
La commune de Saint-Julien possédait sa propre station
d'épuration et elle déversait dans la rivière de l'Aire
ses effluents épurés, ce qui permettait l'alimentation de cette
rivière même en période d'étiage.
96
La qualité de l'Aire à l'aval de la station
d'épuration de Saint-Julien-en-Genevois était
particulièrement dégradée et était très
mauvaise ; ceci a conduit à la fermeture de cette station
d'épuration en novembre 2001. Les mêmes causes de
dégradation qualitative de l'Aire ont fait que la station
d'épuration de la plaine de l'Aire aussi a été
fermée et transformée en station de pompage. Les eaux
usées provenant de la plaine de l'Aire sont acheminées à
la station d'épuration d'Aïre de même que celles de la
commune de Saint-Julien-en-Genevois pour traitement.
« Le raccordement des STEP de Saint-Julien et de la
Plaine de l'Aire à celle d'Aïre se répercute
défavorablement sur le régime des débits de l'Aire,
fortement dépendant de leurs déversements d'alors aujourd'hui
supprimés »71.
Une réflexion à ce sujet est actuellement
menée par le Département de l'Intérieur, de l'agriculture
et de l'environnement du canton de Genève pour lui conserver son niveau
d'étiage.
« Plus de 94% du réseau d'assainissement de la
commune de Saint-Julien est en séparatif ». (CCG et DIAE,
2003).
La compétence assainissement était du ressort de
la Direction Générale des Eaux. Mais cette compétence a
été transférée à la Communauté de
Communes du Genevois. Ce transfert a été adopté en Conseil
communautaire le 10 juin 2002. Ainsi, la gestion de l'assainissement collectif
et autonome deviendra communautaire à compter du 1er janvier 2003. La
CCG a confié aux SIG l'exploitation du réseau d'assainissement
des communes dont elle a la charge, dont Saint-Julien.
La compétence gestion et assainissement des eaux
pluviales est quant à elle restée communale.
5.2. La commune de Bernex
5.2.1. Caractéristiques générales
Située à l'ouest de l'agglomération
genevoise, la ville de Bernex se trouve dans le district et canton de
Genève dont elle est l'une des 45 communes. Elle a une altitude moyenne
de 425 m
71 Mairie de Bernex. Environnement de la Commune de
Bernex. Etat des connaissances et bilan. [en ligne]. Disponible sur :
http://www.bernex.ch/files/4eau.pdf
(consulté le 02/04/11).
97
et s'étend sur une superficie de 12,95 km2
avec une population de 9761 habitants en 201072. Sa densité
est de 753,74 habitants par km2.
Depuis les années 60, sa population n'a pas
cessé de croître au fil des années et des recensements
comme le montre le diagramme de la figure 7.
Figure 7 : Evolution de la population de la commune de
Bernex Données : Mairie de Bernex, (2010)
La commune de Bernex s'étend du Rhône à la
frontière française et compte sept villages et hameaux : Bernex,
le centre, Lully, Sézenove, Loex, Chèvres, Cressy et Challoux.
Le point culminant de la commune se situe au Signal avec une
altitude de 506 m.
Sur le plan physique, le coteau de Bernex est limité au
nord par le Rhône, au sud par la plaine de l'Aire, à l'ouest par
le nant de Goy et à l'est par le nant et la forêt de
Veyrier-Pinchat. Elle est ceinturée au nord par une forêt massive
qui masque presque le Rhône et du bois moins massif au niveau de
Sézenove.
La commune de Bernex est à dominance agricole ; 60% de
sa surface est vouée à l'agriculture, environ 700 hectares dont
90 hectares de vignes travaillées par une douzaine de vignerons. La
culture principale de la commune est la vigne. Les surfaces boisées
occupent environ 240 hectares soit 18% de la surface de la
commune73.
Ses deux principaux cours d'eau sont le Rhône qui fait
frontière avec Vernier et Satigny, et l'Aire qui fait frontière
avec Perly-Certoux.
72 Commune de Bernex, (2009). Bernex en chiffres.
[Page Web].Disponible sur :
http://www.bernex.ch/?q=node/6
, (consulté le 06/04/11).
73 Office Cantonal de la Statistique, (Juillet 2007).
Nos statistiques. Bernex. Disponible sur :
http://www.bernex.ch/files/Statistiques-surfaces.pdf
, (consulté le 29/05/11).
98
La rivière de l'Aire, d'une longueur d'environ 11 km
(dont 9 km sur sol suisse) se jette dans l'Arve. Elle possède un
régime pluvial. Ses eaux proviennent du Mont-de-Sion.
L'Aire est une rivière en danger car elle a subi des
opérations de canalisation.
En effet à partir des années 1890, l'Aire a subi
des travaux de canalisation sur son
cours amont jusqu'au pont de Lully puis dans les années
trente, elle a subi le même sort sur son cours aval. Lors de l'extension
du réseau routier dans les années soixante, l'Aire a
été enterrée sous la route des Jeunes. Puis, plusieurs de
ses affluents ont subi le même sort lors de la construction de
l'autoroute de contournement dans les années quatre-vingts. En outre,
« elle est soumise à une importante pression d'urbanisation,
notamment sur son bassin versant français » (DIAE, 2003). Mais
depuis 2002, elle subit de nombreux travaux de renaturation afin de lui
redonner de l'espace ainsi que ses fonctions naturelles. Les premiers travaux
de renaturation du cours d'eau ont porté sur 600 mètres de son
tronçon entre le pont des Marais et le pont du Centenaire à
Genève. Ces travaux ont pour objectifs
« de reconquérir et de préserver la
qualité des eaux, de mettre en valeur le milieu naturel, de restaurer un
milieu favorable à l'installation de biocénoses
diversifiées en redonnant au cours d'eau ses caractéristiques de
milieu vivant ». (DIAE, 2003).
Ce projet de revitalisation permet aussi de garantir la
protection contre les crues de l'Aire dans les zones habitées de lully
et de Certoux.
Se faisant par étapes, « l'ensemble du projet
s'échelonnera sur une période de 6 à 8 ans jusqu'aux
alentours de 2010 » (DIAE, 2003).
Outre ces deux principaux cours d'eau, on en a plusieurs
autres de taille beaucoup plus modeste qui sont des affluents du Rhône et
de l'Aire ; ce sont : « le nant de Goy, le nant des Picolattes, le
nant de Lagnon, le nant de Chèvre, le nant de la
Genévrière, le ruisseau de Boule et le ruisseau des Evaux
»74.
Il y existe également de nombreux plans d'eau qui sont en
fait de petits étangs.
74 Mairie de Bernex. Environnement de la Commune de
Bernex. Etat des connaissances et bilan. [ en ligne]. Disponible sur :
http://www.bernex.ch/files/4eau.pdf
(consulté le 29/05/11).
99
Photo 9 : L'Aire (vers pont de Lully)
Cliché : Marcellin Fagla (Mai 2011) Photo 10 :
Étang du Signal de Bernex Cliché : Marcellin Fagla (Mai
2011)
Sur le plan économique, la commune de Bernex totalise
environ 2056 emplois. La part du secteur primaire est de 8,5% ; celle du
secteur secondaire est de 15,5% alors que celle du tertiaire est de
76%75 comme le montre la figure 8.
Figure 8 : Répartition des types d'emplois dans la
commune de Bernex Données : Mairie de Bernex, (2009)
Ces différents chiffres et graphes donnent une
idée sur la taille de nos deux périmètres d'étude ;
on constate que la commune de Saint-Julien est de taille un peu plus grande que
celle de Bernex sur le plan de la densité de population et des
emplois.
75 Office Cantonal de la Statistique, (Juillet 2007). Nos
statistiques. Bernex. Disponible sur :
http://www.bernex.ch/files/Statistiques-surfaces.pdf
(consulté le 06/04/11).
100
5.2.2. La gestion de l'eau à Bernex
La commune de Bernex est traversée dans son sous-sol par
les deux nappes principales du canton ; il s'agit de la nappe du Rhône au
nord et de la nappe du Genevois au sud.
La nappe du Rhône est essentiellement alimentée par
le Rhône.
Bernex possède en plus de ces deux nappes profondes, une
nappe superficielle, celle de l'Aire dont l'épaisseur varie entre 1 et 3
mètres. Elle a une longueur d'environ 4,5 kilomètres et une
largeur maximale de 1,5 kilomètre à l'amont de Lully ; elle est
transfrontalière et s'étend sur territoire français
jusqu'à Norcier et Thérens.
« Cette nappe est principalement alimentée par
les infiltrations météoriques directes ainsi que, dans une
moindre mesure, par des écoulements en provenance des coteaux adjacents.
De plus, en fonction des conditions météorologiques, 10 à
20% de l'alimentation de la nappe est apportée par la rivière
». (DIM, 2010).
Les volumes d'eau qui y sont contenus sont évalués
à 670'000 m3.
La nappe superficielle de l'Aire est exploitée grâce
à des puits de captage pour les usages agricoles par les
maraîchers de la plaine de l'Aire.
La partie nord de la commune de Bernex (Loëx et
Chèvres) est alimentée par l'eau pompée du lac
Léman après qu'elle ait subi un traitement conséquent.
La partie sud, quant à elle, est alimentée par de
l'eau provenant de la nappe souterraine du Genevois, eau qui ne
nécessite aucun traitement au vu de sa qualité, sinon un simple
ajout de chlore pour garantir sa qualité dans le réseau.
C'est au Signal de Bernex, point le plus haut de la commune que
se situent les réservoirs qui alimentent la commune en eau potable. Ces
réservoirs, au nombre de quatre sont gérés par les SIG et
peuvent contenir jusqu'à 39'000m3 d'eau.
101
Photos 11 : Local des réservoirs d'eau des
SIG
Photo 12 : Plaque de l'année internationale de
l'eau (2003) Clichés : Marcellin Fagla (Mai 2011)
La consommation moyenne d'eau des habitants de Bernex pour les
besoins ménagers est de 180l/hab/j. Il n'existe pas sur le territoire de
la commune d'industrie forte consommatrice d'eau raccordée au
réseau de distribution d'eau potable.
Les eaux usées de la commune étaient
traitées à la STEP de la plaine de l'Aire ; mais la pollution que
les effluents épurés engendraient sur la rivière de l'Aire
ont fait que cette station d'épuration a été
supprimée et transformée en station de pompage depuis 2001. Elles
sont maintenant acheminées jusqu'à la STEP d'Aïre où
elles sont traitées. Les effluents épurés sont
rejetés dans le Rhône.
Les hameaux de Bernex, Lully, Sézenove, Cressy et
Challoux sont reliés à la STEP d'Aïre alors que ceux de Loex
et Chèvres sont, eux, reliés à la STEP de Vernier-ouest
Outre les eaux usées des communes du canton de
Genève dont Bernex, elle reçoit également les eaux
usées venant des communes de Saint-Julien, de
Collonges-sous-Salève et de l'Est Gessien en France.
Au 31 décembre 2009, le nombre d'habitants
raccordé à la STEP d'Aïre est de 402'852.
« En 2010, les huit stations d'épuration
exploités par SIG ont réceptionné 79'845'000 m3 d'eaux
usées, soit une hausse de 3'614'000 m3 (+ 4.53%) comparativement
à 2009 » (SIG, 2010).
Le nombre d'habitants du canton de Genève
raccordés à la STEP d'Aïre au 31 décembre 2010 est de
370'948 alors que celui des habitants français raccordés est de
37'090, donc en tout 408'038 personnes.
Comme nous l'avions mentionné plus haut, en 2010, c'est
en tout un volume de 64'369'059 m3 d'eaux usées qui est entré
dans la STEP d'Aïre ; à la sortie, on a eu jusqu'à
61'565'659 m3 d'eaux traitées biologiquement, donc un pourcentage de
95,64% de volume traité et restitué au Rhône. Le solde
représente les déversements directs au milieu
récepteur.
Les boues produites en 2010 ont un volume de
195'597m3. La totalité des boues fraîches produites a
été traitée à la STEP d'Aïre puisqu'elle est
équipée depuis 2007 de machines de traitements
complémentaires pour le tamisage des refus de laveurs de sables ainsi
que de machines pour la filtration des boues fraîches épaissies
à digérer. Après digestion, déshydratation et
séchage thermique, les boues séchées sont
évacuées en cimenteries où elles sont valorisées en
énergie pour la production de ciment.
102
La commune de Bernex est bien avancée en ce qui
concerne la mise en séparatif de son réseau ; en effet, selon la
CCG et le DIAE, (2003), plus de 95% du réseau est en
séparatif.
Le réseau d'assainissement peut être
subdivisé en trois parties. On distingue :
- le réseau privé qui est à
l'intérieur des immeubles dont le financement et l'entretien sont
à la charge du propriétaire ;
- le réseau secondaire qui transporte les eaux
usées des immeubles jusqu'à l'intérieur de la zone
à bâtir ; il est financé par la taxe d'écoulement,
les crédits de construction et le fonds cantonal d'assainissement ; son
entretien est sous la responsabilité des communes ;
- le réseau primaire qui transporte les eaux
usées de la zone à bâtir vers la station d'épuration
; il appartient au canton et est financé par la taxe d'épuration
qui est fonction du m3 d'eau consommé. Il est entretenu par
les Services industriels de Genève.
La gestion des eaux pluviales de la commune est faite par le
service des infrastructures de la commune de Bernex.
Le réseau d'eau potable et d'assainissement est
géré par les Services Industriels de Genève qui est un
établissement autonome de droit public du canton de Genève ayant
pour mission de fournir l'eau, le gaz, l'électricité,
l'énergie thermique au canton. Il fournit également des
prestations et des services en matière de
télécommunication ; il assure aussi le traitement des
déchets de même que l'évacuation et le traitement des eaux
usées du canton de Genève et de certaines communes voisines.
Le conseil d'administration des SIG est composé
de76 :
- un membre de chaque parti représenté au Grand
Conseil,
- des membres du Conseil d'Etat,
- des membres du Conseil municipal de la ville de
Genève,
- un membre du Conseil administratif de la ville de
Genève,
- des membres du Conseil municipal des autres communes et
- des membres du personnel des Services Industriels de
Genève.
76 Etat de Genève, (1973). Loi sur
l'organisation des Services Industriels de Genève. *Page Web+.
Disponible sur :
http://www.ge.ch/legislation/rsg/f/s/rsgL235.html
(consulté le 28/05/ 2011).
Les Services Industriels de Genève traitant les eaux de
Saint-Julien, tous les propos ici tenus concernant ces services valent
également pour Saint-Julien ; c'est seulement les chiffres relatifs
à la gestion de l'eau spécifiques à chacune de nos deux
communes qui varieront.
5.3. Liens hydrographiques entre Saint-Julien et
Bernex
Outre le fait que les communes de Saint-Julien et Bernex
s'approvisionnent en eau dans une même nappe (nappe du Genevois) et
qu'elles font traiter leurs eaux usées par un même service (SIG),
elles se situent aussi sur un même bassin versant, le bassin versant de
l'Aire. Le bassin versant de l'Aire est compris entre 369 m et 1300 m
d'altitude. « Elle a une surface de 72 km2, dont la plus
grande partie, 52 km2 se trouve en territoire français »
(DIM, 2010). Les communes concernées par ce bassin versant sont au
nombre de six en France et neuf en Suisse, dont entre autres, Saint-Julien et
Bernex. Le bassin-versant de l'Aire est intégré dans le
contrat-rivières transfrontalier du Genevois entre Arve et Rhône
dont Saint-Julien et Bernex font partie. Ce contrat est un accord de gestion
globale de rivières conclu entre le département de la
Haute-Savoie, la région Rhône-Alpes, le canton de Genève et
les usagers des rivières du bassin franco-genevois. Il a pour objectif
d'améliorer la qualité de l'eau des rivières
concernées, d'entretenir leurs berges et de limiter les dangers
liés aux crues.
Du fait que ces communes appartiennent au même bassin
versant, les autorités en charge de la gestion de l'eau s'emploient
à coordonner leurs efforts pour mettre sur pied une politique commune de
gestion des eaux.
« Des études d'ensemble sur l'Aire ont en outre
permis une collaboration transfrontalière fructueuse ». 77
77 Mairie de Bernex. Environnement de la Commune de
Bernex. Etat des connaissances et bilan. [ en ligne]. Disponible sur :
http://www.bernex.ch/files/4
eau.pdf (consulté le 29/05/11).
103
104
Figure 9 : Carte des liens hydrographiques entre
Saint-Julien et Bernex
Source : Département du Territoire. République et
Canton de Genève, Septembre 2009.
5.4. Evaluation de la durabilité de la gestion
de l'eau
5.4.1. Le cas de Saint-Julien
5.4.1.1. Les surfaces
imperméabilisées
La surface totale de la commune de Saint-Julien est de 1060
ha.
Selon les données du modèle de simulation du
Service de la Planification de l'Eau du Département de
l'Intérieur et de la Mobilité du canton de Genève, la zone
à bâtir a une surface d'environ 410 hectares avec un taux
d'imperméabilisation de 32 % actuellement et 37% à l'état
futur et ceci, hors projet d'agglomération78.
Ainsi, rapporté à la surface totale de la
commune, l'indice d'imperméabilisation de la commune est de 12.38%.
78 Direction de l'Intérieur et de la
Mobilité. (2010). Schéma de protection d'aménagement et de
gestion des eaux Aire-Drize. Genève.
105
Cet indice est alors compris dans l'intervalle [10 ; 25] de
notre grille d'attribution de score. L'appréciation verbale qui va avec
est « Moyen » et le score est de 50%.
5.4.1.2. Exploitation des aquifères
La nappe phréatique du genevois étant
exploitée par nos deux communes et faisant l'objet d'un accord
transfrontalier réglé par une convention, c'est elle qui sera
considérée comme ressource pour l'expression de l'indice. Ce qui
en sera dit ici, vaudra également pour la commune de Bernex.
D'après les informations des SIG qui assurent la
gestion de ladite nappe, les volumes prélevés dans la nappe sont
en effet plus importants que sa réalimentation naturelle de sorte que
dans les années 60 - 70, son niveau a baissé drastiquement.
Dès les années 1980, il a fallu créer une station de
pompage pour la réalimenter. Ainsi, des quotas ont été mis
en place pour les parties bénéficiaires. Au-delà de ces
quotas, chaque partie bénéficiaire doit participer
financièrement selon des règles établies dans la
convention, à la réalimentation artificielle de la nappe.
La réalimentation artificielle à partir de
l'Arve permet, malgré une exploitation importante de la nappe, de
conserver un niveau satisfaisant. Ainsi, il n'y a
« ni baisse continue du niveau de la nappe indiquant
qu'elle n'atteint pas un nouvel équilibre , ni baisse de la
qualité de l'eau liée aux prélèvements , ni baisse
de débit ou assèchements de rivières proches, ni
altération des écosystèmes directement en aval du
prélèvement, ni effondrement du sol ». (SIG, 2010)
L'indice d'exploitation de la nappe du Genevois est alors
égal à 0. L'appréciation verbale de la grille
d'attribution de score est « Très bon » et le score est de
100%.
5.4.1.3. Concentration en nitrates
Selon le bilan annuel 2010 de la qualité de l'eau
potable des SIG, la concentration moyenne de la nappe du genevois en nitrates
est de 11.5mg/L, ce qui est largement au-dessous de la valeur guide de 50 mg/L
de l'OMS reprise par la législation française.
Cette concentration moyenne se situe dans la fourchette [10 ;
25] de notre grille d'attribution de score. L'appréciation verbale qui
lui correspond est « Moyen » et le score est de 50%.
106
5.4.1.4. Performance du réseau de distribution
d'eau potable (pertes du réseau)
Selon les indications du rapport sur le prix et la
qualité de service de l'eau potable 2009 de la CCG, les pertes en eau
sont peu importantes sur le réseau de la CCG.
Les volumes perdus en 2009 s'élèvent à 37
917 m3, pour une production de 1 223 395 m3, soit 3% des
volumes prélevés. (CCG, rapport eau potable, 2009).
Ce taux de 3% constitue le taux moyen en ce qui concerne les
pertes en eau des dix-sept communes que regroupe la Communauté des
Communes du Genevois.
Nous n'avons pas eu de données relatives au taux de
perte en eau potable du réseau de la commune de Saint-Julien qui fait
l'objet de notre étude. Ainsi, cet indicateur n'a pas pu être
calculé.
5.4.1.5. Raccordement aux installations de
dépollution
D'après le rapport annuel 2010 des SIG, la population
totale de la commune de Saint-Julien au 31 décembre 2010 est de 12'000
habitants. Tous ces 12'000 habitants sont raccordés à une STEP,
celle d'Aïre, soit un taux de raccordement de 100%.
L'appréciation verbale de la grille d'attribution de
score est « Très bon » et le score est de 100%.
5.4.1.6. Efficience hydraulique des STEP
La STEP d'Aïre traitant à la fois les eaux
usées de Saint-Julien et de Bernex, l'indice d'efficience hydraulique
des STEP sera alors la même dans les deux cas.
Cette STEP a une capacité de 600'000
Equivalents-Habitants, et 408'038 habitants y sont raccordés. Les
entrées en tête de la STEP sont de 64'369'059 m3 et le
volume à la sortie est estimé à 61'565'659 m3.
(SIG, 2011). Cela correspond à 95.64% de volume traité. Ainsi, le
pourcentage de volume d'eaux usées partiellement traitées
déversées dans le milieu récepteur qu'est le Rhône
est de 4.36%.
Avant le raccordement des eaux usées de la commune de
Saint-Julien à la STEP d'Aïre, des estimations ont
été faites pour les besoins futurs ; le réseau de ladite
commune a alors été
107
dimensionné pour 16'000 habitants ; ce chiffre
représente les estimations de la population de cette commune à
l'horizon 201579.
« Le début de l'année 2010 a
été marqué par un froid hivernal. Cette situation
climatique a affecté partiellement l'efficacité du traitement
biologique de la STEP d'Aïre et a mené au déversement de
4.3% du volume global d'eaux usées partiellement traitées. La
gestion maîtrisée du traitement de l'eau durant les saisons
tempérées et le fonctionnement modulé du traitement des
boues ont permis de limiter au minimum les déversements durant le reste
de l'année.
Ainsi, au bilan annuel, malgré les très
fortes charges régulièrement mesurées à
l'entrée de la STEP d'Aïre, les rendements globaux de l'abattement
de la pollution ont encore été améliorés permettant
ainsi de réduire les déversements [...]. Durant ces
dernières années, la déshydratation et le séchage
des boues a provoqué une surcharge en azote de la STEP d'Aïre. Ce
problème a été jugulé par la mise en service
à partir de mars 2010, d'une unité de traitement
spécifique de l'azote. Cette nouvelle installation fonctionne maintenant
à satisfaction et permet de soulager les traitements biologiques de la
STEP d'Aïre »80.
Le commentaire ci-dessus illustre l'efficacité de
l'exploitation de la STEP d'Aïre. L'appréciation verbale de la
grille est « Très bon » et le score est de 100%.
5.4.1.7. Accès aux comptes de l'eau
Les populations de la commune de Saint-Julien ont un libre
accès aux comptes de l'eau potable qu'ils consomment et du traitement de
leurs eaux usées.
En effet, les factures qu'elles reçoivent contiennent
les informations relatives aux comptes de l'eau potable et de l'assainissement
des eaux usées. De plus le délégataire Veolia, dans le
rapport annuel sur le prix et la qualité du service public publie ses
résultats d'exercice annuels. Dans ces résultats d'exercice, il
est présenté, en plus des travaux effectués sur le
réseau, les investissements effectués et les
bénéfices obtenus.
79 Département de l'Intérieur, de
l'Environnement et des Affaires Régionales, (1996). Raccordement des
eaux usées de Saint-Julien sur le réseau genevois. Note de
synthèse. Genève.
80 Services Industriels de Genève, (2011).
Rapport d'Activité 2010. Genève. Activité eaux
usées.
108
A titre d'exemple, pour l'exercice 2009, le résultat
d'exploitation est positif. En effet, « les produits se sont
élevés à 1'014' 529 € dont 867 545 € ont
été reversés à la CCG. Les charges étaient
de 982 252 € ». (CCG, 2010).
Ce rapport est disponible sur le site internet de la CCG et du
délégataire Veolia et accessible à tous.
Ainsi l'indice d'accès aux comptes de l'eau est de 100%
; l'appréciation verbale de la grille d'attribution de score est «
Très bon » et le score est de 100%.
5.4.1.8. Information des consommateurs relative
à l'eau potable
La Communauté de communes du Genevois, ainsi que le
délégataire Veolia Eau informent les populations de la commune de
Saint-Julien sur la provenance et la qualité de l'eau qu'ils leur
fournissent grâce au rapport sur le prix et la qualité du service
ainsi que par le bulletin municipal. Un exemplaire de ce bulletin municipal
peut être consulté sur :
http://www.saint-julien-en-genevois.fr/images/pdf/avril_2003.pdf.
En outre, Veolia publie chaque mois un bulletin d'information
relative à l'eau, intitulé « La Lettre », bulletin
qu'il joint aux factures des abonnés.
Ces documents sont disponibles et accessibles à tous sur
internet et dans les locaux de Veolia.
Le score relatif à l'indice d'information est de 100%
et l'appréciation verbale de la grille est « Très bon
».
5.4.1.9. Sensibilisation de la population
La commune de Saint-Julien a mis sur pied des mesures de
sensibilisation de sa population sur les enjeux liés à l'eau. En
effet, des actions de communication et de sensibilisation sont faites avec la
parution d'articles d'information dans le bulletin municipal.
La Communauté de communes du Genevois quant à
elle, dans le cadre du contrat de rivières Rhône-Arve sensibilise
ses citoyens grâce à la diffusion de plaquettes, à la tenue
de conférences de presse, à des expositions itinérantes,
à des pages sur son site internet de même que des visites de
terrain.
« Des actions de communication ont d'ores et
déjà été engagées avec la parution
d'articles d'information, la tenue de conférences de presse, la
diffusion d'une plaquette
109
franco-suisse à destination des particuliers et la
réalisation des premiers panneaux d'une exposition itinérante.
Ces actions seront poursuivies de manière à informer et
sensibiliser la population locale et plus particulièrement les
élus, les services techniques des communes, les professionnels et les
scolaires ». (CCG et DIAE, 2003).
Le score de l'indice de sensibilisation est de 100% et
l'appréciation verbale est « Très bon ».
5.4.1.10. Conclusion
L'application des neuf indicateurs LEMANO retenus dans le cadre
de cette étude, à la gestion de l'eau dans la commune de
Saint-Julien, a permis de se rendre compte que le capital environnemental des
ressources en eau de la commune est passablement altéré alors que
les meilleurs scores sont obtenus par les capitaux économiques et
sociaux, impliquant une gestion très bonne des ressources en eau en ce
qui concerne les aspects sociaux et économiques. Nous résumons
dans le tableau de la figure 14 l'évaluation de la durabilité de
la gestion de l'eau dans la commune de Saint-Julien.
Capitaux
|
N°
|
Indicateurs
|
Appréciation
|
Capital
environnemental
|
1
|
Surfaces imperméabilisées
|
Moyen:50%
|
2
|
Exploitation des aquifères
|
Très bon:100%
|
3
|
Concentration en nitrates (des eaux souterraines)
|
Moyen:50%
|
Capital
économique
|
4
|
Pertes réseau (eau potable)
|
Données non disponibles
|
5
|
Raccordement aux installations d'assainissement
|
Très bonne:100%
|
6
|
Efficience hydraulique des STEP (déversements)
|
Très bon:100%
|
Capital social
|
7
|
Accès aux comptes de l'eau
|
Très bon:100%
|
8
|
Information des populations relative à l'eau potable
|
Très bon:100%
|
9
|
Sensibilisation de la population au respect de l'eau
|
Très bon:100%
|
110
Tableau 14: Récapitulatif de l'évaluation
de la durabilité de gestion de l'eau à Saint-Julien
5.4.2. Le cas de Bernex
5.4.2.1. Les surfaces
imperméabilisées
Selon les données de l'aménagement du territoire,
la surface de la commune de Bernex est de 1295 hectares ; celle de la zone
à bâtir est de 199 hectares, donc environ 15 % de la surface de la
commune.
Selon les données du Schéma de protection
d'aménagent et de gestion des eaux, sur les bassins versants d'eaux
pluviales, sur ces 199 ha de surface urbaine, le taux
d'imperméabilisation moyen est de 41 % à l'état actuel. Il
sera de 45 % à l'état futur, mais c'était encore sans
compter les développements prévus de Bernex Nord et
Est81.
Puisque l'indice d'imperméabilisation du sol que nous
calculons se rapporte à la surface de la commune, il est alors de
6.3%.
Cet indice est alors compris dans l'intervalle [3 ; 10] de notre
grille d'attribution de score. L'appréciation verbale qui va avec est
« Bon » et le score est de 75%.
5.4.2.2. Exploitation des aquifères
L'indice d'exploitation de la nappe du genevois est 0 comme
mentionné plus haut. L'appréciation verbale de la grille
d'attribution de score est « Très bon » et le score est de
100%.
5.4.2.3. Concentration en nitrates
La concentration moyenne de la nappe du genevois en nitrates qui
est de 11.5mg/L, est largement inférieure à la valeur de
tolérance de 40 mg/L imposée par l'Ordonnance du 26 juin 1995 sur
les Substances Étrangères et les Composants dans les
denrées alimentaires (OSEC). Cette concentration moyenne se situe dans
la fourchette [10 ; 25] de notre grille d'attribution de score.
L'appréciation verbale qui lui correspond est « Moyen » et le
score est de 50%.
81 Direction de l'Intérieur et de la
Mobilité. (2010). Schéma de protection d'aménagement et de
gestion des eaux Aire-Drize. Genève
111
5.4.2.4. Performance du réseau de distribution
d'eau potable (pertes du réseau)
Selon les données des SIG, le taux de perte du
réseau d'eau potable de la commune de Bernex est de 10% ; en se
référant au seuil de perte émis par Weimer, ce taux se
trouve dans la moyenne.
Ainsi, l'indice de performance du réseau de
distribution est de 90%. L'appréciation verbale de la grille
d'attribution de score est « Bon » et le score est de 75%.
5.4.2.5. Raccordement aux installations de
dépollution
La population de la commune de Bernex au 31 décembre
2010 est, selon les SIG, de 9'761 habitants. Les habitants raccordés
à la STEP d'Aïre sont au nombre de 9'371 ; 218 sont
raccordés à la petite STEP de Vernier-ouest, soit au total 9'589
habitants. Ceux non raccordés sont au nombre de 172 (SIG, 2011). Le taux
de raccordement de cette commune à la STEP d'Aïre est de 96%. Ce
taux, ajouté à celui de la STEP de Vernier-ouest, fait que le
taux de raccordement aux installations de dépollution de la commune est
de 98.24%.
L'appréciation verbale de la grille d'attribution de
score est « Très bon » et le score est de 100%.
5.4.2.6. Efficience hydraulique des STEP
Ici, comme dans la commune de Saint-Julien, le pourcentage de
volume d'eaux usées non traitées par la STEP d'Aïre dans le
milieu récepteur qu'est le Rhône est de 4.36%.
L'appréciation verbale de la grille est « Très bon » et
le score est de 100%.
5.4.2.7. Accès aux comptes de l'eau
Comme les habitants de Saint-Julien, ceux de Bernex ont aussi
accès aux comptes de l'eau via les factures que les SIG leur envoient.
En outre les comptes d'exploitation sont présentés dans le
rapport annuel général élaboré par les SIG et
disponible sur internet et disponible à tous sur :
http://www.sig-
ge.ch/ img/documents/pdf/corporate/mieux%20vivre/etat
financier 10 ang.pdf
L'indice d'accès aux comptes de l'eau est de 100% et
l'appréciation verbale est « Très bon ».
112
5.4.2.8. Information des consommateurs relative
à l'eau potable
Le laboratoire des Services Industriels de Genève
réalisent des analyses de l'eau pour en assurer le contrôle de
qualité. Les populations sont alors informées sur la
qualité de l'eau potable qu'on leur fournit grâce au bilan annuel
de la qualité de l'eau potable.
Ce bilan est accessible sur le site et dans les locaux des
SIG. Le bilan 2010, par exemple, est accessible via le lien :
http://www.sig-
ge.ch/_img/documents/pdf/particuliers/eau_geneve/qualite_eau_2010.pdf
.
Ce bilan présente les volumes d'eau consommés,
la provenance de l'eau, sa qualité chimique et microbiologique.
Des informations relatives à l'eau sont aussi
disponibles sur le site « eau de Genève » de l'Etat de
Genève.
Ainsi, l'indice d'information de la commune de Bernex est 100%
et l'appréciation verbale est « Très bon ».
5.4.2.9. Sensibilisation de la population
Les SIG organisent des journées de l'eau pendant
lesquelles ils sensibilisent les populations sur l'importance de l'eau. Les
efforts de sensibilisation se font par le canal de brochures qui accompagnent
les factures d'eau et qui traitent d'un thème donné relatif aux
ressources en eau.
La sensibilisation se fait aussi sur les sites internet des SIG
et de l'Etat de Genève.
L'indice de sensibilisation de la commune de Bernex est de
100% et l'appréciation « Très bon ».
5.4.2.10. Conclusion
Les neuf indicateurs LEMANO retenus pour cette étude
montrent que la gestion de l'eau en termes de capital social et
économique dans la commune de Bernex, est très bonne alors
qu'elle est passable pour le capital environnemental
Ci-dessous, dans le tableau 15, nous récapitulons
l'évaluation de la durabilité de l'eau à Bernex.
113
Capitaux
|
N°
|
Indicateurs
|
Appréciation
|
Capital
environnemental
|
1
|
Surfaces imperméabilisées
|
Bon : 75%
|
2
|
Exploitation des aquifères
|
Très bon : 100%
|
3
|
Concentration en nitrates (des eaux souterraines)
|
Moyen : 50%
|
Capital
économique
|
4
|
Pertes réseau (eau potable)
|
Bon : 75%
|
5
|
Raccordement aux installations d'assainissement
|
Très bon : 100%
|
6
|
Efficience hydraulique des STEP (déversements)
|
Très bon : 100%
|
Capital social
|
7
|
Accès aux comptes de l'eau
|
Très bon : 100%
|
8
|
Information des populations relative à l'eau potable
|
Très bon : 100%
|
9
|
Sensibilisation de la population au respect de l'eau
|
Très bon : 100%
|
Tableau 15: Récapitulatif de l'évaluation
de la durabilité de gestion de l'eau à Bernex
5.5. Le projet d'agglomération et la gestion de
l'eau
Le projet d'agglomération est un projet de
développement urbain, social, économique, culturel
équilibré et équitable d'un territoire donné.
Le projet d'agglomération franco-valdo-genevois dont la
charte a été signée le 5 décembre 2007 cherche
à répondre aux besoins et attentes des populations du bassin de
vie autour de Genève et qui cherchent à bâtir ensemble un
territoire, un cadre de vie de qualité, selon les principes du
développement durable. Il est surtout fondé sur des
développements coordonnés avec un réseau performant de
transports publics et a pour finalité d'accueillir d'ici 2030, 200'000
habitants et 100'000 emplois supplémentaires.
114
Ce projet est issu « de la volonté des
collectivités partenaires du projet à surmonter les handicaps de
la frontière et à construire ensemble un développement
durable »82.
Ceci passe par la maîtrise de l'étalement urbain,
une meilleure répartition habitat-emploi et une gestion saine et durable
des ressources naturelles.
L'agglomération transfrontalière
franco-valdo-genevoise est caractérisée par une ville centre et
coeur de l'agglomération, Genève, autour de laquelle les autres
communes sont polarisées. Le périmètre politique de
l'agglomération est constitué de deux pays (France et Suisse),
deux cantons (Genève et Vaud), deux départements (Ain et
Haute-Savoie), une région (Rhône-Alpes) avec à la
clé, environ 208 communes, 2000km2 de superficie, 860'694
habitants, 403'341 emplois83.
Ce périmètre est subdivisé en huit
secteurs localisés ou périmètres d'étude encore
appelés Périmètre Aménagé Coordonné
d'Agglomération (PACA). Ce sont : les PACA Bernex, Saint-Julien - Plaine
de l'Aire, Nyon - Saint-Cergue - Morez, Genève - Eaux-Vives - Annemasse,
Carouge - Veyrier - Etrembières, Genève - Meyrin - Saint Genis,
Genève - Ferney - Gex, Genève - Rolle. C'est au sein de ces
périmètres que sont élaborées des études
à l'échelle locale sous forme de lignes directrices.
Les orientations dudit projet sont notamment84 :
- « promouvoir un espace de vie commun par le
rapprochement des populations et le rééquilibrage
habitat-emploi,
- maitriser l'étalement urbain, développer
un transfert modal en faveur des transports publics et mobilité
douce,
- entretenir la vocation internationale de
l'agglomération, renforcer son attractivité, son rayonnement et
améliorer sa capacité d'accueil,
- maintenir et favoriser la qualité du cadre de
vie, préserver le climat, valoriser les paysages, les espaces naturels
et agricoles,
- favoriser les investissements publics en matière
de transport,
- assurer une bonne gouvernance en coordonnant les
politiques générales et locales,
- gérer les ressources naturelles locales (sol, eau
énergie) dans une logique de durabilité régionale et
transfrontalière ».
82 Projet d'Agglomération
franco-valdo-genevois, (2007). Présentation générale.
[Page Web]. Disponible sur :
http://www.projet-agglo.org/articles-fr/12,25-caracteristiques.html
(consulté le 17/06/11).
83 ibidem.
84 ibidem.
115
Les deux communes qui font l'objet de notre étude
appartiennent aux PACA Bernex et Saint-Julien / Plaine de l'Aire. La mise en
oeuvre du projet d'agglomération au niveau de ces PACA consistera
à faire de Saint-Julien et de Bernex de véritables centres
régionaux, c'est-à-dire des villes moyennes de plus de 15'000
habitants qui constituent des pôles secondaires de l'agglomération
avec un haut niveau de services et d'équipements.
Ainsi, l'axe Bernex devra accueillir à termes, plus de
15'000 emplois et 21'000 habitants supplémentaires alors que l'Axe
Saint-Julien, 14'000 emplois et 32'000 habitants supplémentaires.
Accueillir des habitants et des emplois supplémentaires
implique mobiliser des ressources en eau supplémentaires et assainir
plus de volumes d'eaux usées. Mais les acteurs publics se soucient peu
de cet aspect de l'aménagement du territoire en relation étroite
avec la gestion de l'eau. Le débat est plutôt vif entre les
acteurs de ces deux PACA sur la question : quel est le périmètre
qui accueillera le plus d'emplois et quelle est la commune qui accueillera le
moins d'habitants ? Ceci, au vu des avantages qu'on tirerait à
accueillir des emplois et ceux qu'on perdrait en n'accueillant que des
logements. Les acteurs de Saint-Julien se sentent lésés dans les
accords puisqu'ils doivent accueillir plus de logements que d'emplois et
refusent de faire de leur périmètre une cité dortoir,
comme en témoigne ce coup de gueule :
« Chaque semaine le canton de Genève accorde des
exonérations de l'impôt sur les sociétés à
des entreprises qui s'installent. Ces entreprises amènent avec elles
leurs salariés qui ont besoin de se loger. Mais dans le même temps
les communes Genevoises s'opposent aux constructions de logements. Seulement
1230 logements ont été construits à Genève en 2009
alors que Genève attirait plus de 10'000 habitants dans le Genevois
[....].
Genève s'est engagé en 2007 à construire
2500 logements par an seulement ! Le canton a violé ce faible engagement
en 2008, puis en 2009... et 2010 s'annonce tout aussi catastrophique. Il est
temps de faire respecter les engagements pris par Genève
»85.
Développement durable oblige, étant donné
le développement que connaissent actuellement les villes avec leur
prédation sur les ressources naturelles, globalisation aidant, les
politiques de développement des Etats-nation voisins ne peuvent plus
être menées de façon isolée, confinée. Il
leur est indispensable de mettre en place une gestion territoriale
concertée et de
85 Antoine Vielliard, (2010). Portevoix, novembre
2010. Qualité de vie à Saint-Julien-en-Genevois : crèches,
appartements, maisons, activités. [En ligne]. Disponible sur :
http://antoinevielliard.hautetfort.com/list/numeros
de portevoix/1709026153.pdf (consulté le 17/06/2011).
116
développer des alliances qui leur permettront de
relever ensemble les défis qui se posent aujourd'hui, surtout en
matière de gestion des ressources, celles en eau notamment. Les efforts
ne devraient plus être trop concentrés sur seulement la
création et le renforcement des pôles d'activités, le
maintien d'un haut niveau d'équipements et de services au
détriment des ressources naturelles.
117
6. Discussion
6.1. Evaluation de la durabilité de la gestion
de l'eau
La gestion de l'eau, dans les communes de Saint-Julien et de
Bernex, au regard des neuf indicateurs LEMANO que nous avons retenus oscille
entre une gestion moyenne (score de 50%) et une très bonne gestion
(score de 100%).
Pour ces deux communes, la gestion du capital social à
savoir accès aux comptes de l'eau, information des populations relative
à l'eau potable et sensibilisation est durable (score de 100%) ; 100%
des indicateurs sociaux témoignent donc d'une gestion durable.
Pour ce qui est du capital environnemental, dans la commune de
Saint-Julien, 33% des indicateurs (exploitation des aquifères : score
100%) dénotent d'une gestion durable alors que 66% de ces indicateurs
(surfaces imperméabilisées et concentration en nitrates : score
50%) présentent une gestion moyenne.
Pour ce même capital, dans la commune de Bernex, 33% des
indicateurs (exploitation des aquifères) indiquent une gestion durable,
33% s'en rapprochent (surfaces imperméabilisées : score 75%) et
33% indiquent une gestion moyenne (concentration en nitrates : score 50%).
Sur le plan économique, la commune de Saint-Julien
affiche une gestion durable pour son capital économique. En effet, 100%
des indicateurs économiques témoignent d'une gestion durable avec
chacun un score de 100%. Il faut rappeler tout de même que l'indicateur
relatif aux pertes en eau du réseau n'a pas pu être
calculé.
Dans la commune de Bernex, 66% des indicateurs
économiques (raccordement aux installations de dépollution et
efficience hydraulique des STEP : score 100%) témoignent d'une gestion
durable alors que 33% (pertes en eau du réseau : score, 75%) s'en
rapprochent. Dans les deux communes, la gestion du capital environnemental est
déficiente et des efforts restent à faire par rapport à
l`imperméabilisation des sols et à la concentration en nitrates
de la nappe du genevois. De même, des améliorations sont
nécessaires pour la commune de Bernex quant aux pertes en eau de son
réseau d'eau potable.
Globalement, en tenant compte des indicateurs de
durabilité que nous avons retenus, on peut dire que le bilan de la
gestion en eau est positif dans nos deux communes puisque la commune de
Saint-Julien présente une gestion durable pour 75% des indicateurs
considérés
118
(6 sur 8) et la commune de Bernex affiche une gestion durable
pour 67% des indicateurs calculés (6 sur 9).
Le degré de la durabilité de la gestion de l'eau
dans ces deux communes est résumé dans les tableaux des figures
10 et 11.
Environnemental
Économique
Social
Figure 10 : Degré de durabilité de la
gestion de l'eau à Saint-Julien
Environnemental
Économique
Social
Figure 11 : Degré de durabilité de la
gestion de l'eau à Bernex
119
La même étude a été faite en 2010 par
l'équipe LEMANO dans la commune de Gex, une commune française,
située dans le département de l'Ain. Cette étude est
intitulée « Bilan de la gestion des eaux dans la commune de Gex
». Là, ce sont tous les vingt et un indicateurs LEMANO qui ont
été retenus. Mais des difficultés d'acquisition de
données ont fait que tous ces vingt et un indicateurs n'ont pas
été appliqués. L'équipe LEMANO a pu obtenir les
données relatives aux neuf indicateurs que nous avons retenus ; ainsi,
nous pouvons comparer nos résultats avec ceux de ladite étude.
Ces résultats sont consignés dans le tableau 16.
Capitaux
|
N°
|
Indicateurs
|
Appréciation
|
Capital
environnemental
|
1
|
Surfaces imperméabilisées
|
Bon:75%
|
2
|
Exploitation des aquifères
|
Moyen : 50%
|
3
|
Concentration en nitrates (des eaux souterraines)
|
Bon:75%
|
Capital
économique
|
4
|
Pertes réseau (eau potable)
|
Très mauvais : 0%
|
5
|
Raccordement aux installations d'assainissement
|
Bon: 75%
|
6
|
Efficience hydraulique des STEP (déversements)
|
Données non disponibles
|
Capital social
|
7
|
Accès aux comptes de l'eau
|
Moyen: 50%
|
8
|
Information des populations relative à l'eau potable
|
Très bon:100%
|
9
|
Sensibilisation de la population au respect de l'eau
|
Très bon:100%
|
Tableau 16 : Récapitulatif de
l'évaluation de la durabilité la gestion de l'eau à Gex
Source des données : Lachavanne et al. 2010.
Les résultats obtenus dans la commune de Gex sont
très contrastés. Les principes de gestion durable de l'eau dans
cette commune sont respectés seulement pour 25% (c'est-à-dire 2
sur 8) des indicateurs considérés. Les deux meilleurs scores
(100%) sont obtenus par le capital social. Les capitaux environnementaux et
économiques sont dégradés.
120
Ces résultats corroborent ceux que nous avons obtenus pour
les communes de Saint-Julien et Bernex à savoir que le capital
environnemental est souvent dégradé au profit de ceux
économiques et sociaux.
Des critiques peuvent être formulées par rapport
à notre travail en ce qui concerne le nombre d'indicateurs choisi. Les
bons résultats obtenus dans les communes de Saint-Julien (75%) et Bernex
(67%) auraient pu varier si nous avions calculé tous les vingt et un
indicateurs. En effet, l'équipe LEMANO, dans le cadre de l'étude
sur la commune de Gex, a pu calculer quinze indicateurs de durabilité
sur les vingt et un. Elle a ainsi obtenu un degré de durabilité
de 40% (6 sur 15) pour cette commune. Ayant retenu seulement neuf de ces
indicateurs, dans le cadre de la comparaison de nos résultats avec les
leurs, nous avons obtenu un degré de durabilité beaucoup plus
bas, 25% (2 sur 8). C'est pour cela que les conclusions que nous tirons dans
cette étude ne concernent strictement que les neuf indicateurs que nous
avons retenus.
6.2. Evaluation du rôle de la
frontière
Il s'agit dans cette rubrique de voir si les frontières
et les lois qu'elles imposent dans chacun des Etats qu'elles circonscrivent en
sont pour quelque chose dans les résultats observés
précédemment concernant la gestion de l'eau dans les deux
communes frontalières.
Dans le cadre de la présente étude force est de
constater que pour nos différents indicateurs, la gestion de l'eau dans
les communes de Saint-Julien et de Bernex est conforme à la
législation en vigueur, les normes émises n'ayant pas
été dépassées, les prescriptions et obligations
ayant été respectées.
Malheureusement, il n'en est toujours pas ainsi car dans bien
des cas les lois ne sont pas appliquées ou sont mal appliquées ou
ne sont pas respectées. Il se dégage les principales questions
suivantes : pourquoi les lois sont-elles difficiles à appliquer sur le
terrain ? Sont-elles mal conçues ou bien s'agit-il d'un manque de
volonté politique ?
En général ce ne sont pas les lois qui sont mal
conçues ; il s'agit en fait d'un manque de volonté politique et
très souvent, un poids prépondérant est accordé aux
aspects sociaux et économiques au détriment des aspects
environnementaux.
Pour preuve, il est évident qu'en matière de
gestion de l'eau, un réseau séparatif est plus durable qu'un
réseau unitaire. Il nous a été rapporté par les
gestionnaires de l'eau du canton de Genève que nous avons
interviewé, que presque toute la ville de Genève est en
réseau
121
unitaire, alors qu'étant le berceau du
développement durable, elle devrait être la première
à donner le bon exemple en mettant son réseau d'évacuation
d'eaux usées en séparatif. Mais ce n'est pas le cas ; les
intérêts économiques ont prévalu sur ceux
écologiques.
« Au cours des dix dernières années,
les débits résiduels minimaux (art. 31 LEaux) n'ont que rarement
été augmentés après la pesée des
intérêts car les intérêts économiques sont
manifestement privilégiés par rapport aux intérêts
écologiques. Les cantons profitent en général des
dérogations prévues par les dispositions sur les débits
résiduels minimaux » (Bigler et al. 2005 : 17).
Le développement durable, dans ses principes d'action,
exige que le même poids soit accordé à ses trois piliers
que sont l'environnement, la société et l'économie. Il
urge alors qu'on en tienne compte dans la pesée des
intérêts en jeu.
Aux termes de cette analyse, nous en revenons aux questions
que nous nous étions posées au début. Les réponses
que nous donnons sont étroitement liées aux neuf indicateurs que
nous avons retenus pour l'étude ; nous ne voulons pas verser dans des
généralisations car il se pourrait que pour l'un ou l'autre des
douze indicateurs LEMANO restants, qu'on n'ait pas les mêmes
résultats et donc pas les mêmes réponses.
- La gestion des ressources en eau dans nos deux communes
frontalières est-elle durable ?
- Quels rôles joue la frontière dans la gestion
des ressources en eau dans ces deux communes ?
- Puisque ces deux communes font partie d'un même projet
d'agglomération, celui franco-valdo-genevois, ce dernier favorisera-t-il
à terme, l'harmonisation des modes de gestion des ressources en eau dans
ces communes ?
A la première question, nous pouvons répondre
à l'affirmatif car dans la première commune, Saint-Julien, la
gestion de l'eau est considérée comme durable pour six
indicateurs sur les neuf retenus (dont 8 calculés), soit un degré
de durabilité de 75%. De même pour la seconde commune, Bernex, la
gestion est durable pour six des neuf indicateurs retenus soit un degré
de durabilité de 67%.
122
Ainsi, nous pouvons dire, toujours selon nos indicateurs
retenus, que le degré de durabilité de la gestion de l'eau est
plus grand à Saint-Julien qu'à Bernex quoique dans les deux cas,
le capital environnemental présente les scores les plus faibles.
A la deuxième question, on peut dire que la
frontière, sous-entendu les lois, régule la gestion de l'eau dans
nos deux communes en les orientant vers un état considéré
comme durable.
6.3. Evaluation de l'impact du projet
d'agglomération
A la troisième question nous ne pouvons pas dire
à l'état actuel des choses que le projet d'agglomération
favorisera à terme l'harmonisation des pratiques de gestion durable de
l'eau puisque l'objectifs principal du projet d'agglomération, c'est la
mise sur pied d'infrastructures performantes et d'aménités de
qualité. Les ressources naturelles, dont l'eau, ne sont pas au premier
plan et ne sont pas considérées au même titre que les
infrastructures et équipements.
Pour ce qui est des hypothèses que nous avions
formulées, nous pouvons dire pour la première que la
frontière et les législations influent positivement sur la
gestion des ressources en eau et donc sur le degré de durabilité
et l'intégrité de la gestion de l'eau dans les communes de
Saint-Julien et Bernex, comme nous venons de le démontrer.
En effet, la conformité de nos communes aux exigences de
la loi régulant la gestion de l'eau et le respect des normes
émises leur ont permis d'arriver aux bons résultats
observés.
Quant à la deuxième hypothèse on ne peut
pas garantir que dans un contexte de globalisation et d'intégration
transfrontalière, un projet d'agglomération pourrait induire une
harmonisation des pratiques en matière de gestion durable des ressources
en eau puisque les objectifs principaux que vise le projet
d'agglomération, ce sont en priorité comment mieux gérer
la mobilité, mieux répartir la construction de logements et la
localisation des emplois, comment maîtriser l'étalement urbain,
comment développer les services à la population.
123
7. Conclusion et perspectives
7.1. Conclusion
Vu la place importante qu'occupe l'eau, sa gestion doit se
faire de façon durable, c'est-à-dire de sorte à satisfaire
aux exigences du développement durable qui se résument à
la satisfaction des besoins actuels en garantissant celle de demain. Cette
gestion durable de l'eau est donc l'affaire de tous ; elle doit se faire dans
un esprit participatif, impliquant tous les protagonistes concernés :
élus, professionnels, experts, profanes et ce, à toutes les
échelles, du local au global, donc en s'affranchissant des vicissitudes
des frontières et avec pour point de mire les ressources en eau, tant
superficielles que souterraines. D'où l'importance de l'approche
systémique qui prend en compte toutes ces considérations,
s'opposant ainsi l'approche sectorielle à laquelle on a souvent recours
et qui pose problème en matière de gestion durable et
intégrée de l'eau.
En plus, pour orienter résolument la gestion des
ressources en eau dans le sens de la durabilité, il est indispensable de
mettre au point des unités de mesure du degré de prise en compte
des critères du développement durable dans la gestion de l'eau ;
ces unités de mesure sont les indicateurs de durabilité ; de
même, un cadre légal qui règlemente la gestion est
indispensable.
Dans le cadre de ce travail, nous avons utilisé les
indicateurs LEMANO qui sont des outils d'aide à la décision
souples et faciles d'utilisation ; leur définition et la manière
dont ils sont évalués sont simples et faciles à
comprendre. Ils ont le mérite de permettre la mesure du degré de
durabilité de la gestion de l'eau de manière objective et
tangible, en se basant sur des postulats et des résultats concrets et
non sur des théories peu fiables et volatiles. Les résultats
auxquels ils aboutissent peuvent servir d'argument pour justifier une action
à entreprendre dans le cadre de la gestion de l'eau. Ce sont donc des
outils à promouvoir et à faire connaître à tous les
acteurs en charge de la gestion de l'eau, dans le but d'atteindre les objectifs
du développement durable en matière de gestion des ressources en
eau.
124
Le champ d'application de la gestion durable de l'eau est le
bassin versant comme le veut la Communauté Internationale ; mais nous
l'avons appliquée à l'échelle de communes
frontalières. Une en France et une en Suisse, tout en prenant en
considération la ressource en eau, les acteurs, les usages et en leur
accordant la même importance, le fil rouge étant le contenu des
textes et lois prévalant dans lesdites communes, l'objectif, de voir
comment la ville s'insère dans le cycle naturel de l'eau et comment elle
l'influence, le but, la mesure de la durabilité. En effet, les villes
possèdent une grande empreinte écologique qu'il s'agit de
réduire. Cette réduction ne peut pas se faire si on ne fait pas
un diagnostic de la situation actuelle, diagnostic qui permet de mieux orienter
les actions à venir. C'est ce à quoi nous nous sommes
attelé dans ce travail de mémoire.
Il s'est avéré, malgré la
frontière qui existe entre ces deux Etat-nations, que les textes et lois
régulant la gestion de l'eau sont similaires et poursuivent le
même objectif : celui de la gestion durable et intégrée des
ressources en eau. Ce qui veut dire que si les lois sont correctement
appliquées, atteindre un état durable et intégré
des ressources en eau n'aurait pas été un problème.
Malheureusement il existe parfois des carences dans
l'application de la loi, ce qui fait que les objectifs de la gestion durable de
l'eau sont difficiles à atteindre puisque - constat amer -
l'environnement est le parent pauvre du développement durable, trop
d'importance étant accordée aux pôles social et
économique, contrairement à ce qu'imposent les lois. Une
économie efficace et performante, une société juste,
équitable et solidaire dans un environnement équilibré,
tels sont les buts visés par le développement durable.
Les raisons des carences dans l'application de la loi sont le
plus souvent le manque de volonté politique, le manque de moyens
d'accompagnement (surtout financiers, de contrôle et de sanction), ce qui
induit un laisser-aller et un laisser-faire qui ne disent pas leur nom.
Les clés pour vraiment parvenir à une gestion
durable et intégrée des ressources sont à chercher dans la
conclusion d'alliances et de partenariat entre Etats riverains, de sorte que
les actions à développer pour atteindre la durabilité et
l'intégration s'inscrivent dans un référentiel commun
approuvé par tous les partenaires impliqués.
Les partenariats qui existent déjà et qui
oeuvrent dans ce sens sont à saluer et à encourager. Ainsi, il
faudra développer et améliorer davantage la coopération
transfrontalière dans les structures comme :
- la Commission d'exploitation de la nappe du
genevois. Mise sur pied en 1978, cette commission qui regroupe des
représentants du canton de Genève et du département de la
Haute-Savoie a pour tâches de proposer un programme d'utilisation de la
nappe
125
souterraine transfrontalière qu'est la nappe du
Genevois, dans le but de la sauvegarder et de préserver la
qualité de ses eaux.
- le Comité Régional Franco-Genevois qui est une
instance transfrontalière ayant signé un protocole d'accord en
1997 entre les parties françaises et le canton de Genève et
visant à mettre en oeuvre des actions cohérentes en
matière de gestion de l'eau à l'échelle des bassins
versants et non plus des frontières.
- la Commission Internationale pour la Protection des Eaux du
Léman qui est un organisme franco-suisse chargé de veiller sur la
santé du lac Léman et de ses bassins
versants par la coordination de la politique de l'eau entre la
France et la Suisse.
- l'Association pour la Sauvegarde du Léman qui est une
association franco-suisse fondée en 1980 et dont le but est de
sauvegarder le Léman et les rivières qu'il alimente grâce
aux actions telles que « rivières et rives propres », les
campagnes d'information, les revues Lémaniques, les animations, les
projets de recherche, etc.
- les Contrats de rivières qui sont des approches
dynamiques et des outils de concertation et d'action réunissant tous les
acteurs de l'eau pour bâtir et mette en oeuvre des programmes d'action
visant la restauration des rivières et de leurs bassins versants.
C'est au sein de ces structures d'avenir, et porteuses
d'espérance que se feront l'identification des problèmes et les
échanges d'idées et d'expériences pour trouver des
solutions aux problèmes qui se posent, pour anticiper les conflits
éventuels afin d'instaurer une dynamique de gestion durable des
ressources en eau dans un esprit de coopération et de
complémentarité entre les différentes couches
concernées par la gestion de ce patrimoine naturel commun qu'est l'eau,
source de vie et d'un bien-être exceptionnel.
7.2. Perspectives
Ici, nous faisons des propositions en rapport avec les
faiblesses constatées dans nos communes quant à la gestion de
l'eau.
- Puisque les intérêts économiques et sociaux
l'emportent souvent sur ceux environnementaux, il faudra désormais
créer un équilibre. Il ne s'agira plus
126
simplement d'édicter des lois mais il faudra de plus en
plus accompagner les mesures prévues par la loi d'instruments de
financement et de contrôle efficaces et efficients.
- Il urge de freiner l'urbanisation grandissante de nos
communes d'étude, surtout avec le projet d'agglomération et les
développements prévus sur les périmètres de
Saint-Julien et Bernex, urbanisation qui entraîne une augmentation
exagérée de la proportion des sols imperméables.
- Il faudra limiter la pression sur la nappe du Genevois
même si elle est réalimentée par les eaux superficielles et
veiller à faire diminuer sa concentration actuelle en nitrates.
- Il faudra aussi améliorer la performance du
réseau de distribution d'eau de la commune de Bernex en limitant les
pertes et faire un effort pour que le raccordement de sa population aux
installations de dépollution soit total.
- Les normes de qualité étant différentes
entre la France et la Suisse, la gestion cohérente et harmonieuse des
eaux transfrontalières s'en trouve entravée, puisqu'une substance
polluante interdite en aval peut être tolérée en amont.
Ainsi, l'interdiction se trouve sans aucun effet bénéfique. En
outre, si entre deux Etats voisins situés sur le même bassin
versant, les normes de qualité ne sont pas uniformes, les normes
restrictives émises par l'un sont alors inefficaces. Il faut donc dans
le cas d'espèce établir des normes communes de qualité
entre ces deux Etats afin de favoriser une véritable protection des
ressources en eau.
127
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http://antoinevielliard.hautetfort.com/list/numeros_de_portevoix/1709026153.pdf
site du blog d'Antoine Vielliard, conseiller municipal de la minorité
à Saint-Julien-en-Genevois et délégué à la
communauté de communes du Genevois
Revues
Kingslover (2010). L'eau, allons-nous en manquer ?
National Geographics. Numéro spécial. Avril 2010.
134
Table des Matières
1. PARTIE INTRODUCTIVE 5
1.1. CADRE GÉNÉRAL 5
1.2. PROBLÉMATIQUE 8
1.3. DÉROULEMENT DE LA RECHERCHE 12
2. CADRE THÉORIQUE 14
2.1. APPROCHE SYSTÉMIQUE DE LA GESTION DES RESSOURCES EN
EAU 14
2.2. MÉTABOLISME URBAIN ET GESTION DE L'EAU 17
2.2.1. Métabolisme urbain 17
2.2.2. Cycle urbain de l'eau 21
2.2.2.1. Approvisionnement 21
Prélèvement 21
Adduction 22
Distribution 22
Le réseau ramifié 23
Le réseau maillé 23
Le réseau étagé 23
2.2.2.2. Utilisation 23
2.2.2.3. Assainissement 24
Assainissement collectif 24
Collecte et transport des eaux 24
Traitement des eaux 25
Assainissement non collectif 27
2.3. LE BASSIN VERSANT ET LA GESTION INTÉGRÉE DE
L'EAU 28
2.4. DÉVELOPPEMENT DURABLE ET GESTION DE L'EAU 30
2.5. FRONTIÈRE ET GESTION DE L'EAU 34
2.6. LA GESTION DE L'EAU EN FRANCE ET EN SUISSE 37
2.6.1. Le cas de la France 37
2.6.2. Le cas de la Suisse 39
3. MÉTHODES 43
3.1. APPROCHE DOCUMENTAIRE 43
3.2. APPROCHE DES INDICATEURS DE DURABILITÉ LEMANO 43
3.2.1. Les surfaces imperméabilisées 48
Définition 48
Méthode de calcul 48
3.2.2. Exploitation des aquifères 49
Définition 49
Méthode d'évaluation 50
3.2.3. Concentration en nitrates 51
Définition 51
Méthode de calcul 52
3.2.4. Performance du réseau de distribution d'eau
potable (pertes du réseau) 53
Définition 53
Méthode de calcul 53
3.2.5. Raccordement aux installations de dépollution
54
Définition 54
Méthode de calcul 55
135
3.2.6. Efficience hydraulique des STEP 56
Définition 56
Méthode de calcul 57
3.2.7. Accès aux comptes de l'eau 57
Définition 57
Méthode de calcul 58
3.2.8. Information des consommateurs relative à l'eau
potable 58
Définition 58
Méthode de calcul 59
3.2.9. Sensibilisation de la population 60
Définition 60
Méthode de calcul 61
4. CADRE LÉGAL 62
4.1. L'ÉVOLUTION DU CADRE LÉGAL EN FRANCE 62
4.2. L'ÉVOLUTION DU CADRE LÉGAL EN SUISSE 66
4.3. LES INDICATEURS DE DURABILITÉ À LA
LUMIÈRE DU CADRE LÉGAL 69
4.3.1. Le cas français 69
4.3.1.1. Les surfaces imperméabilisées 70
4.3.1.2. Exploitation des aquifères 71
4.3.1.3. Concentration en nitrates 72
4.3.1.4. Performance du réseau de distribution (pertes
d'eau) 74
4.3.1.5. Raccordement aux installations de dépollution
75
4.3.1.6. Efficience hydraulique des STEP 76
4.3.1.7. Accès aux comptes de l'eau 77
4.3.1.8. Information des consommateurs relative à l'eau
potable 79
4.3.1.9. Sensibilisation de la population 80
4.3.2. Le cas Suisse 81
4.3.2.1. Les surfaces imperméabilisées 81
4.3.2.2. Exploitation des aquifères 82
4.3.2.3. Concentration en nitrates 83
4.3.2.4. Performance du réseau de distribution d'eau
potable (pertes). 84
4.3.2.5. Raccordement aux installations de dépollution
85
4.3.2.6. Efficience hydraulique des STEP 85
4.3.2.7. Accès aux comptes de l'eau 86
4.3.2.8. Information des consommateurs relative à l'eau
potable 87
4.3.2.9. Sensibilisation de la population 88
5. ÉTUDE DE CAS 90
5.1. LA COMMUNE DE SAINT-JULIEN-EN- GENEVOIS 90
5.1.1. Caractéristiques générales
90
5.1.2. La gestion de l'eau à Saint-Julien 92
5.2. LA COMMUNE DE BERNEX 96
5.2.1. Caractéristiques générales
96
5.2.2. La gestion de l'eau à Bernex 100
5.3. LIENS HYDROGRAPHIQUES ENTRE SAINT-JULIEN ET BERNEX 103
5.4. ÉVALUATION DE LA DURABILITÉ DE LA GESTION DE
L'EAU 104
5.4.1. Le cas de Saint-Julien 104
5.4.1.1. Les surfaces imperméabilisées 104
5.4.1.2. Exploitation des aquifères 105
5.4.1.3. Concentration en nitrates 105
5.4.1.4. Performance du réseau de distribution d'eau
potable (pertes du réseau) 106
5.4.1.5. Raccordement aux installations de dépollution
106
136
5.4.1.6. Efficience hydraulique des STEP 106
5.4.1.7. Accès aux comptes de l'eau 107
5.4.1.8. Information des consommateurs relative à l'eau
potable 108
5.4.1.9. Sensibilisation de la population 108
5.4.1.10. Conclusion 109
5.4.2. Le cas de Bernex 110
5.4.2.1. Les surfaces imperméabilisées 110
5.4.2.2. Exploitation des aquifères 110
5.4.2.3. Concentration en nitrates 110
5.4.2.4. Performance du réseau de distribution d'eau
potable (pertes du réseau) 111
5.4.2.5. Raccordement aux installations de dépollution
111
5.4.2.6. Efficience hydraulique des STEP 111
5.4.2.7. Accès aux comptes de l'eau 111
5.4.2.8. Information des consommateurs relative à l'eau
potable 112
5.4.2.9. Sensibilisation de la population 112
5.4.2.10. Conclusion 112
5.5. LE PROJET D'AGGLOMÉRATION ET LA GESTION DE L'EAU
113
6. DISCUSSION 117
6.1. EVALUATION DE LA DURABILITÉ DE LA GESTION DE L'EAU
117
6.2. EVALUATION DU RÔLE DE LA FRONTIÈRE 120
6.3. EVALUATION DE L'IMPACT DU PROJET D'AGGLOMÉRATION
122
7. CONCLUSION ET PERSPECTIVES 123
7.1. CONCLUSION 123
7.2. PERSPECTIVES 125
BIBLIOGRAPHIE 127
TABLE DES MATIÈRES 134
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