La problématique de l'intégration de l'Afrique face à la multiplicité des organisations sous- régionales africaines( Télécharger le fichier original )par Timothée MBOMBO KASANKIDI Université de Kinshasa - Licence 2011 |
2.1.3. Les économies dualistesLa notion de dualisme, introduite par Boeke correspond à une réalité évidente dans les pays pauvres du Tiers-Monde, en Afrique et en Asie. Il s'agit de la coexistence d'une société traditionnelle, surtout rurale et d'une société moderne : industries, banques, plantations, etc. qui se résument à un enclave contrôlé par l'étranger. Ces deux secteurs entretiennent plus des liens et on peut parler d'inarticulation de la société. L'inarticulation se manifeste par l'absence de segment productif dans l'économie nationale qui devrait être complétée par l'importation.55(*) Dualisme et inarticulation résultent de l'introduction brutale au cours du XIXème siècle, dans des sociétés homogènes mais pauvres et stagnantes du monde de production capitaliste. Ils traduisent donc le choc dû à la confrontation de deux cultures différentes. Les principaux aspects du dualisme sont bien mis en valeur par PENOUIL (1979) qui présente les caractéristiques opposées de deux secteurs : - Technologie de l'outil contre technologie de la machine ; - Artisanat contre industrie ; - Économie contre industrie ; - Économie de substance peu monétarisée, troc et autoconsommation contre l'économie d'échanges monétaires ; - Système de valeur différente : recherche du profit, volonté d'expansion et d'accumulation dans le secteur moderne, alors que le secteur traditionnel se caractérise par une absence de motivation pour la production, l'acceptation de statu quo des comportements fatalistes et résignés. Cependant, entre ces deux secteurs, des activités intermédiaires se sont développées surtout en milieu urbain, formant ce qu'on appelle le secteur informel ou non structuré. Il s'agit de petits métiers, vendeurs ambulants, petits restaurateurs, réparateurs divers, etc. qui forment la trame colorée et misérable des villes africaines. PENOUIL soutient que ces occupations représentent environs les tiers des emplois urbains et présentent les caractéristiques suivantes : - activités dérivant du secteur moderne qui commercialisent, réparent, transforment des biens industriels ; - activités monétaires qui fournissent des revenues à leurs titulaires et permettent la survie en ville ; - activités peu capitalistique (un stage sur deux planches) qui ignorent bien entendu, les techniques de gestion (comptabilité, etc.).56(*) Le secteur informel dans les villes africaines remplit plusieurs rôles. En premier lieu, il est au service des couches les plus modestes de la ville dont il permet de satisfaire les besoins essentiels. Ensuite, le secteur informel joue un rôle d'accueil des populations rurales récemment arrivées à la ville ; zone tampon entre le secteur rural traditionnel et le secteur industriel moderne, il offre généralement son premier emploi au nouvel arrivé et lui permet de s'intégrer plus lentement, dans le milieu urbain. * 55 BOEKE, cité par BRASSEUL, J., op.cit., p.16 * 56Penouil cité par Brasseul, J., op-cit |
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