DEDICACE
A Dieu Tout Puissant ;
A Toi, Cher époux RURANGIRWA Straton ;
A vous nos regrettés parents ;
A toutes les victimes du génocide ;
A notre fils RURANGIRWA INEZA A. Quentin ;
A la famille GAKWANDI Callixte ;
A notre belle-famille ;
A notre soeur NTAKIRUTIMANA Rénatha .
REMERCIEMENTS
Ce travail est le fruit des efforts
conjugués de plusieurs personnes aux quelles nous sommes redevables.
Nos vifs remerciements s'adressent
principalement au Recteur de l'U.L.K. et à tout le corps professoral du
Département de Sociologie pour les efforts fournis tout au long de notre
formation tant humaine qu'intellectuelle.
Notre pensée va
également à nos regrettés parents à qui nous devons
notre éducation de base.
Nous tenons à exprimer notre
sincère gratitude à notre mari RURANGIRWA Straton pour les
conseils et les encouragements qui sont à la base de la
réalisation de ce travail.
Notre reconnaissance va
particulièrement au Professeur MBONYINKEBE S.Déo qui a bien
accepté d'assurer la direction de ce mémoire en dépit de
ses multiples occupations. Ses conseils et ses remarques ont enrichi notre
pensée et notre goût pour la recherche. Qu'il nous soit permis de
lui exprimer notre profonde gratitude pour sa direction, ses conseils, ses
suggestions et ses corrections tout au long de la réalisation de ce
travail.
Qu'il nous soit permis de
remercier le Pasteur Jean Bosco KABAMBA de l'Eglise Evangélique de la
Restauration de Butare et tous les membres de cette église pour les
informations qu'ils nous ont fournies.
Notre profonde reconnaissance va
aussi au Gouvernement Rwandais à travers le Fonds d'Assistance aux
Rescapés du Génocide (FARG) qui a appuyé toute notre
formation.
Nous ne pouvons pas oublier d'exprimer nos remerciements
à tous nos condisciples de promotion avec qui nous avons partagé
l'expérience de la vie estudiantine.
Enfin, que toutes les personnes qui
nous sont chères et que nous ne nous pouvons pas citer nommément
trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude et de notre
sincère attachement.
NTAWUHIGIMANA Jeannette
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
% : Pourcentage
§ : paragraphe
ADEPR : Association Des Eglises
Pentecôtiste au Rwanda
AERG : Association des Etudiants
Rescapés du Génocide
AMAERG: Association des Anciens Membres de
AERG
ARG : Association des Rescapés du
Génocide
AVEGA : Association des Veuves du
Génocide AGAHOZO
Dr : Docteur
E.E.R :Église
Épiscopale du Rwanda
E.E.R : Eglise Evangélique de la
Restauration
E.R.C. : Evangelical Restoration Church
Etc : Et Caetera
F :Féminin
M : Masculin
M.R.N.D : Mouvement Révolutionnaire
National pour le Développement
Mgr : Monseigneur
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
p : page
Prof : Professeur
R.C : Restoration Church
U.L.K : Université Libre de
Kigali
U.N.R : Université Nationale du
Rwanda
Ep : Epître
Co : Corinthien
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition des répondants par
âge........................................41
Tableau 2 : Répartition des répondants par
sexe.......................................42
Tableau 3 : Répartition des répondants par
niveau d'études......................43
Tableau 4 : Répartition des répondants par
profession..............................43
Tableau 5 : Répartition des répondants par
leur nationalité.......................44
Tableau 6 : Répartition des répondants
selon qu'ils étaient au Rwanda pendant le
génocide............................................................45
Tableau 7 : Répartition des répondants
selon leur appartenance religieuse pendant le
génocide............................................................46
Tableau 8 : Questionnaire administré et rendu par
âge ...........................46
Tableau 9 : Questionnaire administré et rendus par
sexe..........................46
Tableau 10 : Questionnaire administré et rendus
par niveau d'études........47
Tableau 11 : Les raisons qui poussent les
répondants à adhérer
à E.R.C
........................................................................48
Tableau 12 : Témoignages des fidèles
pendant le culte..............................50
Tableau 13 : Importance des témoignages des
fidèles pendant le culte.......51
Tableau 14 : Les leçons tirées des
activités des ministères........................52
Tableau 15 : Conséquences des enseignements des
cellules de prière.........56
Tableau 16 : Solidarité entre les membres
...............................................58
Tableau 17 : Signes de
solidarité..............................................................58
Tableau 18 : Les catégories
bénéficiant de l'assistance sociale...................59
Tableau 19 : Le rôle de E.R.C en
général et les groupes de
prière..............................................................................61
Tableau 20 : Le rôle des Eglises à la
reconstruction du lien social au
Rwanda...........................................................................63
Tableau 21 : Les obstacles rencontrés par les
Eglises dans leur contribution à la reconstruction du lien
social......................................64
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Répartition des répondants par
âgé...........................................41
Figure 2 : Répartition des répondants par
sexe.........................................42
Figure 3 : Répartition des répondants par
profession ...............................43
Figure 4 : Répartition des répondants selon
la nationalité........................44
Figure 5 : Répartition des répondants selon
le fait d'avoir été au Rwanda pendant le
génocide...........................................................45
Figure 6 : Les raisons qui poussent les répondants
à adhérer à l'Eglise Evangélique de la Restauration
..........................................49
Figure 7 : Les leçons tirées des
activités des ministères.............................53
Figure 8 : Conséquences des enseignements des
cellules de prière.............57
Figure 9 : Les catégories bénéficiant
de l'assistance sociale........................60
LISTE DES ANNEXES
1.Opérationnalisation des hypothèses.
2.Ibibazo bigenewe abayoboke ba l'Eglise Evangélique de la
Restauration
3. Questionnaires réservé au fidèles de
l'Eglise Evangélique de la Restauration
4. Table de détermination de l'échantillon.
5. Organigramme de l'Eglise Evangélique de la
Restauration
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
LISTE DES TABLEAUX
iv
LISTE DES FIGURES
v
LISTE DES ANNEXES
vi
TABLE DES MATIERES
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
1. Choix et intérêt du sujet
1
1.1. Intérêt personnel
1
1.2. L'intérêt académique
1
1.3. Intérêt scientifique
2
1.4. Intérêt social
2
2. Délimitation du sujet
2
3. Problématique
3
4. Hypothèses
8
5. Objectifs de la recherche
9
5.1. L'objectif global
9
5.2. Objectifs spécifiques
9
6. Méthodologie de la recherche
9
7. Subdivision du travail
12
PREMIER CHAPITRE : CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
13
1.1 Définition des concepts
13
1.1.1 Eglise
13
1.1.2 Lien social
14
1.1.3 Religion
17
1.2 Généralités sur les
Eglises au Rwanda
19
1.2.1 Contexte historico-politique :
les missions chrétiennes
19
et les politiques au Rwanda
19
1.2.2 La politique de l'exclusion de l'autre et les
Eglises
24
1.2.2.1. Situation socio - culturelle et Eglises
au Rwanda.
25
1.2.2.2 Le rôle de l'Eglise dans la
reconstruction du lien social
27
1.3 Présentation de l'Eglise
Evangélique de la Restauration
30
1.3.1 Historique
30
1.3.2 Eglise Evangélique de la Restauration
de Butare
32
1.3.3 Mission
32
1.3.4 Organisation et structure de l'
E.R.C/Butare
33
1.3.5 Le patrimoine et les ressources humaines
de l'E.R.C
35
1.3.5.1 Patrimoine
35
1.3.5.2 Ressources humaines
35
DEUXIEME CHAPITRE : LA PARTICIPATION
DES NOUVELLES RELIGIONS A LA RECONSTRUCTION DU LIEN SOCIAL
37
2.1 Informations relatives aux
enquêtés
37
2.1.1 Présentation du terrain
d'enquête
37
2.1.2 Univers de l'enquête
37
2.1.3 Construction de l'échantillon
37
2.2 La collecte des données
39
2.2.1 Déroulement de l'enquête
39
2.2.2 Les modalités de collecte et
traitement des donnés
39
2.2.3 les difficultés rencontrées
39
2.3 Présentation de la population
enquêtée
40
2.4 Présentation, analyse et
interprétation des résultats de l'enquête
46
2.4.1 Les raisons qui poussent les
répondants à adhérer à l'Eglise Evangélique
de la Restauration
47
2.4.2 Témoignages des fidèles pendant
le culte
49
2.4.3 Importance des témoignages des
fidèles pendant le culte
50
2.4.4 Appartenance aux ministères
51
2.4.5 Les leçons tirées des
activités des ministères
51
Discussion de la première
hypothèse
53
TROISIEME CHAPITRE : LA CONTRIBUTION DE
L'EGLISE EVANGELIQUE DE LA RESTAURATION A L'EPANOUISSEMENT SPIRITUEL ET A
L'ENGAGEMENT ETHIQUE
55
3.1 Cellules de prière
55
3.2 Solidarité entre les membres
57
3.3 Signes de la Solidarité
57
3.4 Assistance aux nécessiteux et
vulnérables en tant qu'exemple de l'amour du prochain de la compassion
et de l'integrité
58
3.5 Le rôle de l'Eglise Evangélique de
la Restauration en général et les groupes de prières dans
la reconstruction du lien social
60
3.6 Le rôle des églises à la
reconstruction du lien social au Rwanda
62
3.7 Les obstacles rencontrés par les Eglises
dans leur contribution à la reconstruction du lien social.
63
Discussion de la deuxième
hypothèse
65
CONCLUSION GÉNÉRALE
67
1. Synthèse
67
2. Recommandations
69
BIBLIOGRAPHIE
71
INTRODUCTION GENERALE
1. Choix et intérêt du sujet
L'intérêt d'une étude
sur la contribution des nouvelles religions à la reconstruction du lien
social au Rwanda est à la fois personnel, académique,
scientifique et social.
1.1.
Intérêt personnel
L'idée de réaliser une
étude sur la reconstruction du lien social au Rwanda par la religion
après le génocide de 1994, nous est venue d'abord de la
curiosité personnelle. En effet, la reconstruction du lien social par la
religion est un sujet d'actualité dans le contexte rwandais actuel
où on assiste, ces dernières années, à une
prolifération spectaculaire des nouvelles religions après le
génocide qui a emporté plus d'un million de personnes et qui a
eu pour conséquence, entre autres, une énorme
décomposition du lien social. Ce travail est donc d'abord une
réflexion personnelle sur le sujet qui nous a conduite à une
compréhension, tout à fait personnelle aussi, de ce
phénomène de prolifération des nouvelles religions par
rapport à la reconstruction du lien social.
1.2.
L'intérêt académique
Ce travail a aussi un intérêt académique.
Il s'agit d'un travail de recherche de fin d'études inscrit dans le
programme de formation de deuxième cycle d'études universitaires.
Il nous a permis, sinon de faire la synthèse de ce que nous avons appris
durant notre formation, du moins de mettre en pratique certaines
théories et d'approfondir certains aspects selon l'orientation du
travail.
1.3.
Intérêt scientifique
Ce travail s'inscrit dans le cadre d'autres travaux qui n'ont
cessé jusqu'ici d'apporter, après le génocide rwandais,
leur contribution à la compréhension des raisons ayant
provoqué la décomposition du lien social et les voies et moyens
de sa reconstruction.
Il est vrai que ce problème, étudié sous
l'angle de la religion, a intéressé quelques autres chercheurs,
mais le domaine des nouvelles religions dont la prolifération est
presque devenue un véritable phénomène social au Rwanda,
ces dernières années, demande encore à être assez
analysé. C'est un peu l'originalité de ce travail qui
s'intéresse spécialement à la description et à
l'évaluation de la contribution de l'Eglise Evangélique de la
Restauration à la reconstruction du lien social entre ses fidèles
et au Rwanda en général. En effet, très peu de travaux ont
été consacrés à cette confession qui n'a pourtant
pas cessé de gagner du terrain depuis son introduction au Rwanda
après le génocide. Ainsi, ce travail constitue globalement une
contribution à l'élargissement des connaissances sur les raisons
susceptibles de détruire le lien social et les stratégies de sa
reconstitution par la religion.
1.4.
Intérêt social
Ce travail a enfin un intérêt social dans ce sens
qu'il peut servir aux acteurs de l'unité et de la réconciliation
nationales dans la conception d'une stratégie globale de reconstitution
du lien social.
2. Délimitation du sujet
La reconstruction du pays après le génocide,
autant que la reconstruction du lien social déchiré par ce
dernier est, comme nous l'avons dit, un sujet d'actualité. C'est aussi
un sujet de recherche qui pourrait intéresser plus d'un domaine de la
vie sociale. Mais, il va aussi sans dire que les limites du temps et de moyens
qui sont celles d'un mémoire de licence ne nous ont pas permis le loisir
d'étendre notre recherche au delà du cas de l'Eglise
Evangélique de la Restauration de Butare.
Ensuite, il fallait pour nous de limiter notre travail
à l'étude de la contribution de l' « Eglise
Evangélique de la Restauration» de Butare à la
reconstruction du lien social au Rwanda ; Ce qui nous a
évité de nous disperser dans tous les sens au risque de perdre la
maîtrise de notre sujet, ce qui risquait de nuire
énormément à la réalisation des objectifs et
à la vérification de nos hypothèses de recherche.
Dans le temps, le travail se limite à la période
d'après le génocide rwandais d'avril 1994 à 2004.Il est
évident que nous avons été de temps en temps amenée
à faire référence à la période
précédente mais c'était souvent dans le souci d'être
plus complète, d'apporter plus d'éclairage sur la période
qui nous intéressait, de mettre en évidence certains aspects et
d'apporter plus de consistance à notre argumentation.
3. Problématique
Le génocide qui a eu lieu au Rwanda en 1994 a, non
seulement causé beaucoup de pertes humaines et matérielles, mais
il a aussi profondément touché les valeurs morales et culturelles
de la société rwandaise, telles la solidarité, la
tolérance, le respect mutuel et celui de la vie et de la dignité
humaine, la justice, l'honnêteté, la confiance, la conscience
nationale, le patriotisme, etc.
Ainsi, on se trouve actuellement en présence d'une
société rwandaise complètement déchirée, une
société caractérisée par la désunion entre
les personnes, par le sentiment de méfiance et, à la limite, par
le sentiment de haine et d'intolérance.
Cependant, les efforts fournis depuis la fin de la
tragédie par les différents acteurs de la politique de
l'unité et de la réconciliation nationale, ou plutôt de la
reconstruction du pays en général, afin de trouver les voies de
sortie de toutes ces difficultés accumulées pendant ces
périodes les plus sombres de l'histoire du pays, donnent l'espoir que le
Rwanda est capable de se relever de ce coup dur qui lui a été
apporté par ces malheureux événements.
En effet, après ces événements, beaucoup
d'institutions publiques et privées sont passées à
l'oeuvre, appuyées par la volonté politique du gouvernement
rwandais ainsi que par des efforts individuels de la part de beaucoup de
Rwandais, ce qui est un bon signe, car c'est même souvent par l'individu
que tout doit commencer.
Il est évident que parmi les acteurs de l'unité
et réconciliation nationale et de la reconstruction du pays figure en
première ligne l'Etat qui, garant de l'unité nationale, de la
sécurité et du développement durable du pays, a pour
tâche d'élaborer la politique de reconstruction du lien social
qui, en toute évidence, est essentiellement basée sur
l'éducation populaire et d'assurer la mise en oeuvre de cette politique
par ses différentes institutions.
Dans cette lourde tâche, l'Etat est aidé d'abord
par les diverses organisations et associations publiques ou privées,
locales ou internationales qui, pour leur contribution à la
reconstruction sociale, apportent leur concours dans les différents
domaines de l'éducation populaire, de justice, de soutien psychosocial
aux victimes, d'appui matériel à différentes initiatives,
du développement durable, etc. Il s'agit notamment pour les
organisations locales et publiques des différentes commissions
créées par le gouvernement pour lutter contre l'idéologie
du génocide, sensibiliser la population sur l'unité et la
réconciliation, gérer les procès du génocide et
punir les coupables, apporter l'assistance aux rescapés du
génocide et réduire la pauvreté : Commission
d'unité et réconciliation, Commission nationale des droits de
l'homme, les juridictions gacaca, le Fonds d'assistance aux rescapés du
génocide, le Programme national de réduction de la
pauvreté, etc. Pour les organisations locales privées, il faut
surtout signaler le rôle de toutes les associations des rescapés
du génocide : IBUKA, ARG, AERG, AMAERG, AVEGA-AGAHOZO, etc. Au
niveau international, il s'agit notamment des différents pays
étrangers, des organismes du système de l'ONU et ONG qui
assistent le Rwanda dans différents domaines pour sa reconstruction
après le génocide et pour son développement durable.
Ensuite, l'Etat est aussi aidé par les
différentes confessions religieuses qui sont également des
institutions privées dont on a d'ailleurs constaté la
prolifération ces dernières années comme nous l'avons
signalé dans les paragraphes précédents. Bien que parfois
plus discrètes, en comparaison avec les institutions publiques qui ont
à leur disposition toute la presse publique pour diffuser leurs
activités, il n'en reste pas moins que les Églises rassemblent
une grande proportion de la population sur laquelle elles sont susceptibles
d'exercer une importante force d'influence par leurs divers enseignements. Et,
on n'oubliera pas qu'en plus de ces enseignements, et sans compter les
émissions que les différentes Églises font passer à
Radio-Rwanda, Radio 10, Radio Flash, etc. certaines confessions
possèdent leurs propres organes de presse comme, par exemple,
l'Église catholique qui a à sa disposition le journal Kinyamateka
qui atteint une grande partie de la population rwandaise jusque dans les fonds
des campagnes et la Radio-Maria du diocèse de Kabyayi.
L'expérience du Rwanda a montré que l'influence
des Églises a été à bien d'égards et
malheureusement ambivalente, et force est de constater que certains
responsables et membres de certaines Églises ont été
impliqués directement ou indirectement dans les malheureux
événements qui ont endeuillé le Rwanda en 1994, en portant
ainsi beaucoup de tort aux institutions et aux fidèles qu'ils sont
plutôt sensés servir. Cela, ajouté au fait que beaucoup
d'Églises ont été transformées pendant les
événements en véritables abattoirs par les bourreaux, a
terriblement ébranlé la foi de certaines âmes qui n'ont pas
su dépasser le mythe de l'évêque ou du prêtre
« surhumain » pour comprendre et pouvoir gérer la
situation. Ce qui explique peut-être pourquoi les nouvelles
Églises qui n'étaient pas au Rwanda pendant le génocide
gagnent de plus en plus de fidèles au détriment de celles
installées au Rwanda depuis plus d'un siècle.
Ainsi, sans trop risquer de basculer dans une espèce
de procès aux Églises, ce qui n'est d'ailleurs ni dans notre
intention ni dans nos compétences, nous pouvons dire tout simplement
que, dans ce sens, les Églises ont d'une façon ou d'une autre,
joué un rôle, bien que presque jamais avoué1(*), à la fois dans le
génocide, dans la destruction de la foi qu'elles sont sensées
cultiver, dans la décomposition du lien social qui devrait être
entretenu en quelques manières par la foi en Dieu.
En effet, dans les pays comme le Rwanda, marqués par
une longue tradition religieuse, la foi est un mot chargé d'un sens
particulier et la véritable foi peut rendre beaucoup de services
à la vie sociale. Par contre, la perte de la foi est susceptible de
causer aussi beaucoup de dégâts, et souvent on ne se
représente pas assez que là « où la foi en Dieu
disparaît, l'ordre moral est lui même compromis2(*) », car « la
perte de la foi en Dieu entraîne la perte des principes universels et
finalement la destruction de tout ce qui lie les hommes entre eux3(*) », ce qui conduit,
à la limite, au « chaos moral et social »,
car dans ces conditions, « les hommes agissent comme des monstres
inhumains dont la puissance redoutable n'est guidée par aucune puissance
spirituelle4(*) .»
Mais, si nous nous intéressons aux nouvelles religions
dans ce travail, c'est avant tout, comme nous avons eu l'occasion de le dire
précédemment, pour mettre en évidence la contribution
« positive » de ces religions et notamment celle de
l'Eglise Evangélique de la Restauration à la reconstruction du
lien social au Rwanda. Car, il est sans aucun doute que si les Églises
possèdent une puissance, une force d'influence, bien qu'ayant
été destructrice à certains moments, il s'agit d'une force
qui peut également être mise au service d'une solution valable au
problème social rwandais.
En effet, il est évident que cette solution ne peut
que passer par une rééducation morale, une conversion des moeurs
et des esprits. Et, ceci dit, nous devons signaler que, à y voir de
près, ce ne sont pas souvent les institutions qui sont plus malades que
les hommes et qui doivent être guéries, car elles sont souvent
basées sur de bons principes, c'est plutôt l'homme chargé
de faire respecter ces principes et ces institutions, qui doit être
renouvelé, et l'expérience confirme cette
vérité : « toute transformation
extérieure demeure vaine si elle ne s'accompagne pas , si elle ne
jaillit pas d'une transformation intérieure5(*). » Sinon, comme
disaient les latins, « Quid leges sine
moribus ? » (Que peuvent les lois sans les
moeurs ? ). D'après C. Van Gestal,
« l'échec profond des mouvements modernes provient de ce
que, négligeant de changer l'homme lui-même, ils n'ont pas
frappé à la racine du mal6(*). »
Ainsi donc la reconstruction du lien social est non seulement
l'affaire des institutions publiques, mais c'est aussi l'affaire des
institutions privées y compris les institutions religieuses et surtout
l'affaire de chaque Rwandais, en tant que membre d'une société
et/ou d'une institution religieuse qui est appelée à changer et
qui accepte de revoir ses moeurs, de raffermir sa foi pour bâtir une
société basée sur un nouvel ordre social. La
prolifération des nouvelles Églises et les changements
fréquents d'appartenance religieuse qu'on observe actuellement sont
peut-être révélateurs à la fois de la
méfiance vis-à-vis de certaines Églises ayant failli
à un moment ou à un autre à leur mission et de cette
quête de reconstruire et d'appartenir à une société
nouvelle en passant par l'Église. Ce qui va nous préoccuper tout
au long de notre travail sera de répondre à une série des
questions suivantes; Pourquoi les nouvelles religions attirent-elles
actuellement beaucoup de Rwandais ? Et, pour le cas de l'Eglise
Evangélique de la Restauration qui nous intéresse, pourquoi gagne
-t-elle de plus en plus de fidèles ? Qu'est ce qui attire ses
fidèles ? Quelle réponse apporte-t-elle à cette
préoccupation des Rwandais de reconstruction morale de leur
société, de reconstruction du lien social ? Notre travail
qui est, comme nous l'avons dit au départ, une modeste contribution aux
recherches précédentes sur les problèmes sociaux rwandais
se propose de réfléchir sur ces questions, d'évaluer et de
mettre particulièrement en évidence le rôle de l'Eglise
Evangélique de la Restauration dans tout ce travail de transformation,
de conversion, de reconstruction du lien social au Rwanda.
4. Hypothèses
L'hypothèse de recherche est définie comme une
réponse provisoire à la question que l'on se pose au début
de la recherche. Ainsi, nous aurons à vérifier (confirmer ou
infirmer) les hypothèses suivantes :
· Les nouvelles religions dont l'Eglise
Evangélique de la Restauration participent beaucoup à la
reconstruction du lien social au Rwanda grâce à la qualité
des enseignements qu'elles offrent et à la façon dont ces
enseignements sont transmis ;
· L'Eglise Evangélique de la Restauration à
l'instar d'autres nouvelles religions offrent aux chrétiens des cadres
d'épanouissement spirituel et d'engagement éthique qui conduisent
à la reconstruction du lien social
5. Objectifs de la recherche
5.1.
L'objectif global
· Décrire et évaluer la contribution des
nouvelles religions à la reconstruction du lien social au Rwanda.
5.2.
Objectifs spécifiques
· Dégager le rôle de l'Église
Évangélique de la Restauration de Butare dans la reconstruction
du lien social ;
· Identifier les stratégies utilisées par
cette Église dans la création d'un espace favorable à
l'établissement ou au renforcement du lien social entre ses
fidèles;
6. Méthodologie de la recherche
Il importe de distinguer sous ce titre deux concepts :
-La méthode qui est une
opération intellectuelle coordonnant un ensemble d'opérations et,
en général, plusieurs techniques ;
-Les techniques ne sont donc que des
outils mis à la disposition de la recherche et organisés par la
méthode dans ce but. La technique sans méthode ne suffit pas, la
méthode sans technique ne serait pas efficace. Voici donc la
méthode et les outils que nous avons utilisés dans notre
travail :
1. Techniques
· Technique documentaire :
nous avons consulté les ouvrages, les articles scientifiques et les
mémoires de fin d'études disponibles notamment à la
bibliothèque de l'Université Nationale du Rwanda et celle de
l'U.L.K., au Centre de gestion des conflits de l'U.N.R. et à
l'« Eglise Evangélique de la Restauration ». Nous avons
exploité aussi les rapports pertinents sur les églises et la
société, notamment sur la situation du Rwanda et les
églises.
· Technique
questionnaire : Compte tenu de nos hypothèses de
travail ainsi que des variables et indicateurs correspondants nous avons
dressé un questionnaire comprend 12 questions certaines de types
fermés et d'autres de type ouvert. Ce dernier type de questions
étant choisi pour permettre aux enquêtés de s'exprimer un
peu plus librement. Ce questionnaire était adressé aux membres de
l'Eglise Evangélique de la Restauration et à ses responsables
(Pasteurs, ...) pour connaître exactement la contribution de cette
Église dans la reconstruction du lien social au Rwanda.
Compte tenu du temps imparti et des contraintes liées
aux moyens financiers, il était impossible et peut-être pas
nécessaire, de mener une enquête exhaustive auprès de tous
les membres de l'Eglise Evangélique de la Restauration de Butare. Ainsi,
nous avons procédé à la détermination de
l'échantillon qui s'élève à 84 (voir
détail au chapitre II) .
· Technique
d'interview : cette technique a été
utilisée en complément à notre enquête par
questionnaire. L'interview concernait à la fois les membres de l'Eglise
Evangélique de la Restauration et ses responsables (Pasteurs, ...)
· Observation directe :
elle nous a permis de nous rendre compte de la situation de l'Eglise
Evangélique de la Restauration, de connaître la
réalité, d'être témoin de l'expérience
quotidienne des fidèles, d'entrer en contact avec eux. Nous avons
eu à observer les activités de l'Eglise Evangélique de la
Restauration, notamment en assistant à ses enseignements pendant les
importants rassemblements des fidèles qui se font tous les
dimanches.
2. Méthode
· La méthode
historique : elle a consisté en une description de
l'évolution chronologique de l' « Eglise Evangélique de
la Restauration» depuis son implantation au Rwanda, en une description de
ses activités et de sa structure, ce qui nous a fait déjà
à cette étape un clin d'oeil sur ses stratégies. Par cette
même méthode, nous avons aussi pu évoquer le passé
conflictuel du Rwanda avant et après l'indépendance, jusqu'au
génocide de 1994.
· La méthode systémique :
Elle nous a permis de nous rendre compte de la contribution des
nouvelles religions en tant que système bien structuré et de
comprendre l'interaction qui existe entre les nouvelles religions et la
population pour la reconstruction du lien social
· La méthode statistique
:La méthode nous a été d'une utilité
surtout lors du dépouillement du questionnaire. Elle intervient pour une
présentation claire et condensée des observations
quantifiées(sous forme des tableaux de manière à pouvoir
les traiter et en tirer des déduction logiques sur base par exemple de
la fréquence d'apparition d'une même réponse à une
question, la pourcentage, etc.
7. Subdivision du travail
La structure de notre travail respecte la décision du
comité de gestion portant règlement du mémoire et du
rapport de stage de 2ème cycle d'enseignement à l'ULK.
Ainsi, ce travail est articulé autour de parties suivantes:
- Une introduction générale qui sert de pivot du
travail et qui expose toutes les considérations théoriques et
méthodologiques sur lesquelles est basée notre recherche. On y
trouve les données sur le choix et l'intérêt du sujet, la
problématique, les objectifs et les hypothèses de recherche, la
délimitation du sujet ainsi que la méthodologie utilisée
(méthodes et techniques).
- Le reste du travail est traité en trois chapitres,
dont un chapitre sur le cadre théorique (définition des concepts
et revue de la littérature sur le sujet), un autre qui concerne la
vérification de la première hypothèse, et enfin un
chapitre consacré à la vérification de la deuxième
hypothèse.
- A la fin du travail, nous donnons, comme il se doit, une
conclusion générale qui contient la synthèse du travail et
les recommandations dégagées des résultats de notre
recherche pour les études ultérieures.
PREMIER CHAPITRE : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
1.1 Définition des concepts
1.1.1 Eglise
Dans cette étude, nous entendons
l'Église, en même temps comme « peuple de
Dieu » et en tant
qu' « hiérarchie»7(*). Le deuxième concept est
fortement lié aux services exercés au sein de l'institution,
tandis que le premier a une extension plus large qui inclut à la fois
les membres de l'hiérarchie et tous les baptisés ou tous les
fidèles. En tant que « peuple de Dieu »,
l'Église désigne ainsi une « communauté de
fidèles professant une même foi »8(*). Dans les Écritures, le
mot « Église » indique
« l'ensemble des gens qui ont cédé à la
bonne nouvelle de Jésus et qui ont été rachetés par
son sang, tout cela dans un contexte d'ensemble, un contexte local et enfin
universel »9(*).
La définition de l'Église à la fois en
tant qu' ensemble de fidèles ayant une même foi, ensemble
localisé, puis universel se trouve par exemple, dans le premier
Épître de Saint Paul apôtre aux Corinthiens. Fustigeant le
manque d'unité des chrétiens de Corinthe, il reprit le mot
Eglise pour désigner le corps des rachetés qui se
rassemblent ou se réunissent pour adorer Dieu. L'Eglise est donc d'abord
pour Saint Paul une assemblée de chrétiens dont on doit
déplorer les divisions quand il arrive d'en constater et, c'est ce qu'il
fait quand il dit : « ... lorsque vous vous réunissez
en assemblée, il y a parmi vous des divisions,... » (1
Co. 11.18).10(*)
Ensuite, il utilise le mot Église pour
désigner le corps des rachetés dans un endroit précis,
donc Église localisée. Il appelle « Église
de Dieu qui est à Corinthe » (1 Co 1.2)11(*) le corps des rachetés
de Corinthe.
Et enfin, il utilise le mot Église pour
signifier la totalité des rachetés du monde entier,
c'est-à-dire l'Église universelle quand il dit :
« car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef
de l'Église, qui est son corps et dont il est le
Sauveur » (Ep 5.23) 12(*).
1.1.2 Lien social
Quant au lien social, nous le comprendrons comme
l'ensemble des relations qui unissent des individus faisant partie d'un
même groupe social et /ou qui établissent des règles
sociales entre les individus ou groupes sociaux différents13(*) . Il s'agit des relations
qui permettent d'assurer la cohésion sociale et l'intégration des
individus, soit par le partage de valeurs communes, soit par la reconnaissance
sociale de différences lors de l'établissement des règles
sociales. Les liens sociaux permettent également aux individus
d'acquérir une identité sociale. Du point de vue de la religion,
Joachim Wach comprend le rôle de cette dernière dans le
renforcement du lien social comme suit :
« l'analyse psychologique ou sociologique des
valeurs religieuses dont un groupe se réclame, quel que soit le mode de
pénétration, ne peut nier le caractère contraignant de ces
valeurs qui influent sur le groupe. Il en est ainsi de toute
expérience : l'existence d'expériences communes ou
parallèles au sein du groupe produit pour ainsi dire force puissante de
cohésion. Et les besoins de protection du groupe jouent ainsi leur
rôle dans la création des sentiments de solidarité qui
unissent les membres.14(*) »
QUENNADI Ossipon cité par NTAMUTURANO Pascal nous
fournit une autre définition du lien social qu'on peut comprendre comme
« lien d'interaction des individus et des groupes d'individus
poursuivant des buts sociaux déterminés, dans les conditions
concrètes de lieu et de temps15(*) ». Mais c'est surtout la Banque de
ressources interactives en Sciences Sociales mise à jour le 28/08/2003
qui nous a donné, pendant notre recherche, plus de détails sur la
définition du lien social. Pour cette dernière définition,
le lien social peut être appréhendée de trois points de
vue : par rapport à ses enjeux, à sa tendance et à
ses indicateurs:
A) LIEN SOCIAL : Enjeux
La notion de lien social est souvent utilisée de
manière floue ce qui n'empêche de déboucher sur des
analyses parfois radicales de l'évolution de la société.
D'un côté, la société serait
perçue comme totalement permissive : la restauration du lien social
passerait d'abord par le respect des règles collectives et devrait
prendre la forme d'une légitimité renforcée de toute
autorité.
D'un autre côté, la société
actuelle serait perçue comme porteuse d'un nouveau « contrat
social » adaptée à l'individualisme croissant qui
prendrait la forme de relations sociales de proximité,
interpersonnelles, associatives, etc. et qui déboucherait sur de
nouvelles formes de solidarité et de vie collective.
B) LIEN SOCIAL : Tendance
Il y a une crise du lien social pour trois raisons :
ü le déclin de l'autorité (policiers,
parents, enseignement, etc.) ;
ü « des ratés » lors du
processus de socialisation (faiblesse des liens familiaux, des liens de
voisinage, etc.) ;
ü difficultés d'établir de nouvelles
règles de vie commune du fait
de l'individualisme croissant (monde du travail par
exemple).
De nouvelles formes de liens sociaux : moins verticaux et
plus horizontaux (entre individus se considérant comme égaux, par
des relations interpersonnelles) d'où des règles plus souples
moins institutionnalisées mais qui existent néanmoins peuvent
être efficaces. Mais là aussi, il se pose la question de savoir si
l'on peut parler de liens sociaux si ceux-ci sont peu durables, peu
institutionnalisés ? Si ces liens sociaux peuvent permettre
l'intégration de tous et l'acquisition d'une identité
sociale ?
C) LIEN SOCIAL : Indicateurs
Il n'y a pas d'indicateurs de la présence ou de la
force des liens sociaux. Toutefois, certains indicateurs statistiques peuvent
être utilisés comme indiquant une évolution des liens
sociaux dans quelques domaines des activités sociales comme la
famille (formation et dissolution des couples) ; création
d'associations ; pratiques religieuses (anciennes et nouvelles) ;
nombre d'emplois précaires, de chômeurs pour le monde du
travail ; évolution de la délinquance et de la
criminalité ; présence du grand nombre de personnes
vulnérables, etc.
1.1.3 Religion
La définition des deux termes d'Eglise et de
lien social peut être considérée comme un pont
pour passer à la définition du terme religion car, le
mot « religion » proviendrait étymologiquement du
verbe latin « religare » qui signifie lier,
relier. La religion serait, dans ce sens, ce qui fait lien, ce qui relie
les hommes d'abord, et ensuite les hommes à une divinité par des
pratiques et des croyances (liens entre le naturel et le surnaturel).
Mais, le linguiste Benveniste E., définit le terme
« religion » à partir d'un autre verbe latin
« legere » qui signifie cueillir ou
« religere » qui signifie recueillir,
récolter. Ainsi, selon Benveniste E.,
« religion » voudrait dire revenir sur ce qu'on fait,
ressaisir par la pensée ou la réflexion, redoubler d'attention ou
d'application.16(*)
Pour Durkheim E.17(*), la religion est définie comme étant un
système solidaire des croyances et des pratiques relatives à des
choses sacrées c'est-à-dire séparées, interdites
qui unissent en une même communauté morale appelée
Église, tous ce qui y adhèrent.
L'élément « communauté
morale » montre que l'idée de la religion est
inséparable de l'idée de l'Église. Ce qui fait pressentir
que la religion, à côté de ses aspects individuels, doit
être une chose éminemment collective.
Selon Comte A., la religion est une stratégie sociale
pour créer du consensus chaque société comme chaque
organisme, a besoin de trouver un point d'équilibre au tour de valeurs
partagées, de visions du monde communes18(*) . Ensuite, Durkheim E. dit que la religion
satisfait en l'homme des besoins profonds de type cognitifs et comportementaux
et ce faisant , elle contribue, à certains niveaux moins
évolués de la société, à consolider la
cohésion sociale et le fonctionnement19(*). Il continue en disant que « les
conflits , les formes de déviance, le suicide anomique sont autant de
symptômes d'une crise d'équilibre du corps social, de son
évanouissement comme appareil consensuel de normes socialement
partagées »20(*). Ainsi la religion apparaît déjà
analysée dans l'oeuvre de Durkheim comme un « facteur
d'intégration sociale »21(*).
Selon le même auteur, la religion est
étudiée comme exemple significatif de la façon dont se
forme, se reproduit dans le temps et survit aux individus la conscience
collective, l'image qu'une société a d'elle-même. La
religion contribue à construire et à maintenir en vie une
conscience collective [ ...]22(*). On comprend dès lors que pour Durkheim E. la
religion, comprise comme forme organisée et institutionnalisée du
sacré et un mode de conscience sociale assume une fonction
d'intégration. La religion vient pour ainsi dire après le
sacré lorsque les hommes, passé le moment de l'effervescence
créatrice du nouvel ordre social ont besoin d'administrer le
sacré qui légitime l'ordre social lui-même. La religion est
donc « règle » , elle est
« religare », tenir ensemble la
société en maintenant élevée la croyance qu'il
existe une table de valeurs méta-sociales sur laquelle se fonde l'ordre
des choses existantes 23(*). La religion sert, dans une société,
à imposer les règles de fonctionnement du système aux
individus. Pour Durkheim encore, le conflit social doit être
géré non seulement avec des méthodes politiques de
promotion d'une société plus équitable, mais en
éduquant les nouvelles « masses » à
intérioriser les normes collectives. Du moment que les religions peuvent
contribuer à cette tâche sociale.
Enfin, toujours pour Durkheim E. et Parsons, la religion
remplit un rôle unificateur : la religion est un puissant facteur de
stabilisation sociale du moment où elle réussit à fournir
à la société entière ou à une de ses
parties, de profonds mécanismes de réduction de la contingence
psychologique, sociale et politique .24(*)
1.2 Généralités sur les Eglises au
Rwanda
1.2.1 Contexte historico-politique : les missions
chrétiennes
et les politiques
au Rwanda
Dans un des chapitres de son livre, Tharcisse Gatwa affirme
que « pendant sa courte existence -moins d'un siècle- le
christianisme rwandais est devenu un des acteurs influents de la vie publique
à côté de l'État » et que
« l'idéologie de suprématie raciale a
été une entreprise conjointe de la colonisation, de certaines
hiérarchies ecclésiastiques et des officiels des pouvoirs
monarchiques et républicaines ». L'auteur signale, en
effet, que « ces deux institutions -l'État et l'Église-
convergent sur beaucoup d'aspects spatiaux et temporels. Elles peuvent
collaborer ou s'opposer l'une de l'autre, elles peuvent aussi s'opposer l'une
à l'autre et en même temps collaborer », ce qui
montre pour lui que pendant son existence au Rwanda, le christianisme «
n'a pas pu se distancier des images et des stéréotypes
donnés aux Banyarwanda, ni des politiques qui ont cristallisé la
population dans une conscience ethnique
tranchée ».25(*)
L'Église catholique a
été la première à s'installer au Rwanda. Elle est
présente au Rwanda depuis 1900. Le pays fut
évangélisé pour la première fois par la
société des Missionnaires d'Afrique (catholique) arrivés
de l'Ouganda . Ils furent suivis, en 1907, par les protestants de la Mission de
Béthel en Allemagne, venus de Bukoba en Tanzanie . Dès 1920,
vinrent les adventistes du 7ème jour, les missionnaires de la
Church Missionary Society, venus d'Ouganda, les baptistes danois arrivés
du Burundi et plus tard les méthodistes suédois venus du
Zaïre ( Congo) au début des années 1940 26(*).
Étant ainsi la plus ancienne au Rwanda l'Église
catholique contribue au développement des oeuvres sociales, à la
construction des hôpitaux et à l'éducation des cadres du
pays depuis l'époque coloniale à nos jours. Mais elle
connaît aussi des failles27(*). L'histoire nous apprend qu'elle a participé
à la division des Rwandais par l'accentuation des distinctions ethniques
par les différents écrits qu'elle a fournis au cours de son
évolution au Rwanda28(*).
En fait, à leur rencontre avec les explorateurs et plus
tard avec les missionnaires, les Rwandais étaient répartis en
trois catégories sociales, à savoir: les batutsi, les bahutu et
les batwa. Ces groupes humains ont vécu plus ou moins en harmonie
pendant des siècles, en partageant plusieurs valeurs
anthropologiques : l'unité culturelle, la langue, la religion, les
organisations sociales tel le clan et les traditions familiales comme les
mariages . A partir de la rencontre entre la société
rwandaise et l'occident, l'image du Rwanda constamment projetée fut
celle d' « une terre dominée par une
«race» de Hamites d'origine caucasienne, arrivée
soit d'Éthiopie, soit d'Égypte. Les batutsi furent choisi
par les nouveaux dirigeants, colonialistes et missionnaires en vue
de promouvoir la civilisation fondée sur le
christianisme. Les autres groupes, les bahutu et les batwa
constituaient la masse. En effet, les politiques discriminatoires furent mises
en place dans le domaine culturel, politique et social pour renforcer
la différence dans plusieurs secteurs de la
société 29(*).
Toujours pour Gatwa, « le parti-pris des
Églises a exposé leur incapacité à manifester le
corps du Christ et à oeuvrer pour la réconciliation parmi les
Rwandais. Plutôt que de prendre distance de ces distorsions, que de
renforcer les facteurs d'unité , impérative pour le message
chrétien, les Églises ont coopéré au modelage d'une
société défendant les intérêts
impériaux . Daniel De Lame ne se trompe pas quand elle rappelle que
dans les débuts des années 1930 l'Église catholique
était tellement proche du pouvoir qu'il lui était incapable
d'offrir une alternative aux travaux forcés ( uburetwa), aux
conversions forcées et autres. Ceci est vrai pour la période de
1930, mais aussi d'après . C'est vrai, non seulement pour le
catholicisme puissance aux côtés de la colonisation, mais aussi
dans une certaine mesure les protestants, que l'état de minorité
et de morcellement marginalisait politiquement mais qui gardaient des
sympathies manifestes par les idées prévalant de
suprématie raciale30(*) »
Vers la fin de 1956, « le climat était
à la formation de partis politiques et l'indépendance
était dans l'air » 31(*). Le 24 mars 1957, Grégoire Kayibanda et huit
autres leaders hutu signèrent une note sur l'aspect social du
problème racial indigène au Rwanda et l'adressèrent le
même jour au Vice-Gouverneur Général du Congo Belge et du
Rwanda-Urundi. Ce texte fut, plus tard, désigné sous le titre de
« Manifeste des bahutu 32(*)». Dans ce texte, ils demandaient des
« changements politiques, l'abolition du système
socio-politique basé sur les inégalités et injustices,
l'abolition de la mentalités basée sur les hérésies
prônant la suprématie raciale ».33(*)
En mai 1958, l'entourage du Mwami publia deux réactions
extrêmement arrogantes et haineuses, utilisant le mythe des
« ibimanuka » pour justifier la suprématie
raciale des hamites-batutsi, et pour réfuter toute idée de
partage du pouvoir avec les bahutu.34(*) A ce moment l'Église catholique brisa le
silence. Mgr A. BIGIRUMWAMI, le premier évêque africain dans les
colonies belges, publia un article dans Témoignage
chrétien, une revue belge, dans lequel il reconnaissait le bien
fondé des réclamations des bahutus. Ils regretta cependant que
les batutsi deviennent les boucs émissaires des politiques de
discrimination et d'exclusion dont la colonisation était seul redevable.
En donnant son propre exemple, il défia quiconque serait en mesure de
distinguer qui était hutu, tutsi ou twa dans la population fortement
mélangée du Buganza35(*) (Gatwa, 2001, p.91).
De l'autre coté, Mgr Perraudin, primat de
l'Église (catholique) depuis 1956, publia une lettre pastorale pour le
carême 1959, dans laquelle il affirmait « l'existence de races
différentes » au Rwanda, et regrettait que des
privilèges aient été donnés ou refusés sur
la base de critères « raciaux ». On peut lire dans
cette lettre ce paragraphe :
Constatons tout d'abord qu'il y a réellement au
Rwanda plusieurs races assez nettement caractérisées bien que des
alliances entre elles aient eu lieu et ne permettent pas de dire toujours
à quelle race tel individu appartient. Cette diversité de races
dans un même pays est un fait normal contre lequel d'ailleurs nous ne
pouvons rien[...].36(*)
En fait, la position de Perraudin a été l'un des
épodes les plus controversés de l'histoire de l'Église
catholique au Rwanda. Mais il faut rappeler que d'autres membres du
clergé, tels que S.Bourguet, le Chanoine Ernotte, Dejeneppe, J.M.V
Rusingizandekwe, ont été de près ou de loin
associés aux idées de réformes politiques en faveur des
bahutu.37(*) Des leaders
politiques comme KAYIBANDA Grégoire et MUNYANGANJU ont pu passer par les
canaux sociaux de l'Église pour exprimer leurs pensées et projets
politiques [...]. Mgr Perraudin imprima une vision militante à
l'Église en faveur de la cause bahutu ; selon ses termes, il
« restaura la dignité du peuple bahutu comme enfants de
Dieu »38(*)
En 1959, il y avait aussi la création de partis
politiques qui divisa encore plus l'Église. La polarisation de la
frontière ethnique, en grande partie l'oeuvre des Belges, sépara
les abbés tutsi des abbés hutu et des Pères Blancs et
leurs conseillers.
Pour V. LINGUYENEZA, « l'alignement de
l'hiérarchie de l'Église à la politique divisionniste
atteint son zénith quand l'archevêque de Kigali ordonna aux
congrégations religieuses de pratiquer l'équilibre
ethnique : en faisant des élections des
Supérieures générales et le Doyen au Grand
séminaire. En 1988 , l'abbé MUVALA devait être
nommé Evêque du Diocèse de Butare , à cause de son
appartenance ethnique, il a été évincé39(*) »
Stigmatisant cette attitude de l'Église, R.ERPICUM
s'exclame : « l'Église n'apparaissait plus comme un
support servile[...]. Clergé et laïcat étaient tous devenus
beaucoup plus soumis au Mouvement Révolutionnaire National pour le
Développement (M.R.N.D) qu'à l'évangile 40(*) ».
Certains prêtres et membres se lamentent de ce comportement. Selon
le même auteur, il s'agit du « démon de la
division qui trouble le climat de l'Église 41(*) ».
Pour Gatwa, « dans le contexte du Rwanda, les
Églises font face à leur responsabilité ethnique en
examinant comment elles ont assumé la Grande Mission(Great
Commission) de transformer toutes les nations en disciples du Christ et la
règle d'or , d'aimer Dieu et le voisin comme soi même42(*) ». Or, on voit le
contraire actuellement : une absence d'amour et de justice, le
règne de la violence ... « En d'autres termes, le corps
du Christ ne s'est pas suffisamment manifesté au milieu de la
société rwandaise . En conséquence, l'enseignement de
l'Église est à examiner, du fait qu'à plusieurs
égards, les attitudes du clergé comprenant prêtres,
pasteurs et évêques, hier comme aujourd'hui, ont été
un facteur facilitant l'idéologie ethnique43(*) » .
D'après le rapport de la rencontre du Conseil
Protestant du Rwanda et la Conférence des Églises de toute
l'Afrique sur le thème : l'Église de l'avenir au
Rwanda, tenue du 14 au 20 mai 1995 à Kabusunzu, « le
protestantisme a aussi failli à sa mission dans le domaine de
l'enseignement du développement et de l'évangélisation .
Les défaillances des Églises protestantes ont été
remarquées dans leurs structures d'organisation et d'administration,
dans leur mission sociale et dans le travail
d'évangélisation44(*) ». D'après les participants à
cette rencontre, les Églises protestantes dans leur ensemble ont
été qualifiées de « prostituées à
l'État en épousant la politique de la
ségrégation45(*) ». Afin de se maintenir longtemps, ces
Églises se sont contentées d'un grand nombre d'adhérents
sans se soucier de la qualité de la vie chrétienne normale et
digne. Cela a eu pour conséquence de développer un
« christianisme superficiel, chancelant, caractérisé
par le manque de transparence, les querelles intestines et les divisions, la
divergence de spiritualité et le sectarisme. Cet état continue
à secouer et à diviser les membres de certaines
Églises46(*) ».
Aujourd'hui, toute la pensée théologique visant
la guérison devrait défier les stéréotypes
ethniques, et viser la « continuité entre l'interpellation des
missionnaires et celle des autochtones sur le message de Dieu . Ce Dieu
créateur de l'univers, Dieu des Rwandais et des chrétiens, se
manifeste par les identités [différentes] et les
diversités de l'espèce humaine dont les Rwandais,
réconciliés par son Fils , renouvelés et
transformés par le baptême, l'eucharistie et la koinonia ne
connaissent ni hutu, ni tutsi, ni twa, ni étranger, ni autochtone, mais
simplement les créatures de Dieu, faites en son image 47(*) »
1.2.2 La politique de l'exclusion de l'autre et les
Eglises
A l'instar des politiciens, beaucoup de
responsables des Églises d'avant 1994 étaient animées
d'esprit ségrégationniste. Les batutsi étaient
marginalisés, exclus de tous les postes de grande responsabilité
et opprimés48(*).
Actuellement les Églises essaient, par l'évangile, de
guérir les blessures du génocide mais quelques séquelles
résistent encore. C'est pourquoi dans certaines Églises la
collaboration est encore difficile. Quoique les responsables viennent de toutes
composantes de la population, les sentiments de méfiance et des
préjugés tacites à l'égard de l'autre
dénotent encore la culture de l'exclusion.
De 1994-1998, certaines personnes quittent
leurs Églises d'origine pour chercher celles où ils peuvent
collaborer aisément, d'autres en créent de nouvelles. Des
Églises mono-ethniques voient le jour. Actuellement l'exclusion
s'amenuise mais des germes de division subsistent encore. Il faudrait les
exorciser avant qu'ils n'explosent à nouveau 49(*). J. CARBONAIRE
recommande :
« Entre la vie et la mort, la division, la haine
et l'amour, l'Église doit toujours être du côté de la
vie et de l'amour qui sont seuls dans le plan de Dieu. L'Église doit
être la première à combattre le mécanisme de
division, de haine. Elle doit savoir que son rôle dans la
réconciliation du peuple est irremplaçable. L'Église doit
sortir de la routine du folklore, des rites et des symboles et des
stéréotypes, pour s'engager dans des changements en profondeur.
Les enseignements de l'Église doivent viser la qualité, la
profondeur et non la quantité et le superficiel 50(*)».
1.2.2.1. Situation socio -
culturelle et Eglises au Rwanda.
La population rwandaise est la plus dense du continent
africain sa densité moyenne est de plus de 424 hab./km2
51(*). Elle comprend trois
groupes sociaux à savoir : les batutsi, les bahutu, les batwa. Le
génocide de 1994 à aggravé la désintégration
des institutions sociales et familiales en cours avant 1990. A ce propos
CATHERINE A. affirme :
« le tissu social avait été
fortement éprouvé par les conditions socio-économiques
difficiles de la paysannerie . Pendant la guerre, ,familles et
communautés ont éclaté et le nombre des catégories
vulnérables a augmenté : enfants orphelins ou non
accompagnés, veuves, handicapés et individus traumatisés
par leurs expériences durant la guerre52(*) ».
Ce qui montre que le tissu social du Rwanda est actuellement
fragmenté plus jamais. G.PRUNIER explique l'état de certains
Rwandais : « bapfute bahagaze (des morts qui
marchent). D'après lui, « le pays en est plein et bien des
Rwandais qui semblent normaux à première vue, en font
partie par certains aspects de leur personnalité qu'ils
réussissent à cacher53(*) ». En outre, la
société rwandaise est actuellement marquée par la tendance
au repli sur soi. Beaucoup de gens se réfugient dans leurs vies
privées, mais il y aussi quelques autres qui sont en quête de la
chaleur communautaire. Les problèmes sociaux se répercutent
souvent dans les Églises et constituent un obstacle à la
cohabitation et à la collaboration franche entre les membres de l'une ou
de l'autre Église54(*). En effet, dès 1994, tous ces groupes sociaux
ci-dessus se côtoient dans leur vie quotidienne ou se retrouvent dans les
Églises. Mais il n'est pas facile de se parler franchement et de
s'accueillir mutuellement dans une même Église, de partager la
Parole de Dieu, de communier et de vivre comme frères et soeurs en
Christ. Certains optent pour la création de nouvelle religion où
ils se sentent plus à l'aise ; d'autres ferment la porte de leurs
églises aux nouveaux venus, ils les trouvent gênants et craignent
qu'ils soient animés de l'esprit de
« kubohoza »55(*).
Après 1994, ce phénomène de
« kubohoza », d'après J.NDAGIRO, avait aussi
réanimé la tension et l'animosité surtout entre les
propriétaires des maisons qui les réclamaient et les occupants
qui n'avaient pas les moyens de construire les leurs. Pour le moment les uns
payent le loyer et les autres ont construit leurs maisons. Quelques-uns ont
remis les biens pillés d'autres n'y songent pas. Certains demandent
pardon et se réconcilient, mais d'autres endurcissent leurs coeurs et
freinent la coexistence pacifique entre les différents groupes,
même dans les Églises.
Au lieu de régler des différends qui les
opposent, certains chrétiens quittent leurs Églises d'origine et
adhérent à d'autres où ils se sentent en paix. D'autres
créent des Églises pour célébrer le culte sans
sentiment de peur. Les problèmes perdurent et la création de
nouvelles religions continue, sans cesse !
Face à tous ces problèmes cités-ci
haut il fallait qu'il ait l'intervention des Églises pour les surmonter
ainsi que pour construire un pays orienté vers un développement
durable. Car, comme l'affirme Kaïmana: « quand les habitants
du pays sont croyants et ce pays sombre dans l'appauvrissement,
l'insécurité, l'immoralité, l'injustice, il faut conclure
que la faillite est également spirituelle56(*)».
1.2.2.2 Le rôle de
l'Eglise dans la reconstruction du lien social
L'une des premières missions de l'Église est
d'éclairer les esprits en leur rappelant les lois morales, fondement
nécessaire de toute vie sociale saine 57(*).
Il est évident après tous ce qui a
été dit, qu'il n'existe aucune solution valable au
problème social sans une réforme des moeurs, sans une conversion
des esprits58(*). Pour le
cas du Rwanda, il faut donc qu'il y ait aussi une conversion des esprits pour
reconstruire la société, pour reconstituer un lien social solide.
En effet, l'Église, d'après sa mission, qu'elle a trahi en
participant parfois à la destruction du lien social, comme nous avons eu
à le démontrer dans les paragraphes précédents,
devrait être parmi les premiers à participer à sa
reconstruction.
De ce fait , certaines Églises ont effectivement
commencé à chercher comment reconstruire le tissu social. A titre
d'exemple :
L'Église Catholique :
Elle multiplie actuellement ses actions au sein de la
commission chargée de la justice et de la paix
appelée : « Justice et Paix ». Les
enseignements de « Justice et Paix » se basent
premièrement sur la Parole de Dieu Créateur de l'univers, qui a
créé l'homme dans son image (Genèse 1, 27) et qui lui
a donné la valeur et l'honneur plus que les autres créatures.
L'Église dans l'évangélisation met un accent particulier
sur la justice et la paix, surtout dans le 2ème document
intitulé « L'Église à nos jours »
(Kiliziya muri ibi bihe). En effet, Jésus ne dit-il
pas : « Que la paix soit avec vous.» (Jean 20,21), ou
encore « Je vous donne ma paix. » Signalons qu'en 1976 une
commission de justice et de paix a été créée avec
comme objectifs :
- Promouvoir l'enseignement religieux sur la vie
sociale ;
- Lutter pour les droits de l'homme ;
- Lutter pour la liberté fondée sur les droits
fondamentaux ;
- Stimuler les chrétiens à accomplir les devoirs
(missions) leur assignées par l'État sans toutefois contredire
l'Évangile ;
- Démasquer ou montrer et lutter impartialement contre
tous les obstacles à la vérité et la liberté de
l'homme ;
- Aider les victimes de l'injustice à vivre dans la
paix (être près d'eux, les écouter et leur donner des
conseils) ;
- Etre promoteur de la paix, la justice et la
réconciliation.
Eglise Episcopale du Rwanda(E.E.R)
En s'appuyant sur les enseignements bibliques, elle contribue
aussi à la reconstruction du lien social en organisant les
conférences et les formations des gens dans ce domaine de la justice,
de la paix et de la réconciliation. On citera, à titre d'exemple,
la formation organisée du 04 au 06 octobre 2004 pour les jeunes sur le
thème « Uruhare rw'urubyiruko rukijijwe mu bumwe
n'ubwiyunge bw'abanyarwanda n'inkiko gacaca »
(la contribution de la jeunesse chrétienne dans l'unité
et la réconciliation et les juridictions Gacaca).
L'objectif de cette formation était d'amener ces jeunes
à se rendre compte de la contribution qu'ils peuvent apporter à
l'effort de l'unité et de la réconciliation nationales. Le
formateur s'est beaucoup appuyé sur la Bible, notamment sur le
2ème Épître aux
Corinthiens (5 :18)59(*). En ce qui concerne la contribution de
l'Église dans les juridictions Gacaca, le formateur s'est
référé à la Genèse : 37 et 39 60(*).
C'est donc là quelques exemples qui montrent que les
Églises prennent de plus en plus conscience du rôle qu'elles sont
appelées à jouer dans la reconstruction du lien social. Nous ne
sentons pas la nécessité de reproduire ici tous les exemples que
nous avons pu constater, qui sont d'ailleurs presque aussi nombreux que les
Églises existantes au Rwanda ; toutes les Églises ayant
essayé, surtout après le génocide, de se montrer
compatissantes aux malheurs qui se sont abattus sur le peuple rwandais et
prêtes à apporter leur concours à l'effort de la
reconstruction du lien social. Ceci transparaît notamment dans leurs
prédications, dans les formations et enseignements informels qu'elles
organisent, dans le soutien apporté à la population notamment par
la création de petits projets générateurs de revenus pour
les fidèles ( dans l'agri-élevage, par exemple, et dans le petit
commerce, dans l'artisanat : ateliers de couture et de menuiserie, etc.),
par la construction des écoles gardiennes jusqu'aux instituts
supérieurs et aux universités, par l'assistance aux groupes
vulnérables (orphelins, veuves, pauvres), par la sensibilisation les
détenus, en se servant de la Parole de Dieu, pour les amener à
avouer leurs crimes et à demander pardon, etc.
A voir ces exemples, on peut dire qu'il y a, peut-être,
des raisons d'espérer qu' au Rwanda, les Églises, et en
particulier les nouvelles religions qui nous intéressent dans ce
travail, sont prêtes à beaucoup apprendre de la mauvaise
expérience qu'a vécu le Rwanda ces dernières années
et également à tirer conséquence de certaines
défaillances dont elles ont pu se rendre reprochables et, ainsi à
participer activement à la reconstruction du lien social. Certaines
églises, notamment l'E.E.R., ont pour objectif de restaurer l'homme
rwandais dans toutes ses dimensions : corps, âme et esprit .
Notre recherche étant basée sur cette Église, il importe
d'en faire une petite présentation ; c'est-à-dire donner son
historique , ses buts et ses objectifs, son organisation et sa structure, ses
patrimoines et ses ressources humaines.
1.3 Présentation de l'Eglise Evangélique de la
Restauration
1.3.1 Historique
Au lendemain du génocide rwandais dans lequel ont
été impliqués des prêtres et des pasteurs, un groupe
de chrétiens appartenant à des Églises différentes,
considérant le génocide et les massacres survenus au Rwanda,
considérant que ces événements tragiques ont
laissé les Rwandais dans la désolation la plus indicible suite
à l'extermination de leurs époux et épouses, fils et
filles, frères et soeurs, parents et alliés, conscients que le
Rwanda ressemble à la vallée que Dieu a montrée à
Ézéchiel, vallée remplie d'ossements
desséchés complètement secs et fort nombreux,
considérant qu'il n'y avait pas seulement les morts enterrés ou
jetés dans les fausses communes, mais aussi qu'il y avait des morts
vivants, car eux aussi desséchés dans leurs coeurs, brisés
et abandonnés, se souciant d'accomplir l'ordre suprême
donné par Le Seigneur Jésus Christ d'apporter la bonne nouvelle
à toute la nation, ont cherché ce qu'il fallait faire. Ils se
posaient des questions suivantes : quelle sera notre contribution ?
Quelle sera notre apport? Quels moyens devons-nous mobiliser ? Ils se
décidèrent d'utiliser tout ce qu'ils avaient :
l'évangile. C'est ainsi qu'ils ont eu l'idée de créer une
Église dont l'objectif global est de « restaurer »
l'homme rwandais dans toutes ses dimensions : corps, âme et
esprit.
La « Restoration Church » a
commencé ses activités avec les Pasteurs J.MASASU, T.S.
RWAGITINYWA , L. RUCIBIGANGO, etc. , en octobre 1994 et a
été agréée par l'État rwandais le 15 mai
1995. Mais le 3 juillet 1997 , la Restoration Church a changé de
nom pour devenir l'Église Évangélique de la Restauration
(E.E.R) ou l'Evangelical Restoration Church (E.R.C). Pour les fondateurs de
l'Église, il fallait procéder au changement de nom parce que le
mot « évangéliser » est l'une des missions
primordiales de cette Église. Dès son agrément,
l'Église va s'implanter de la manière suivante à
l'intérieur du pays :
1995 : ERC Kimisagara
1995-1996 : ERC Kacyiru,Butare-ville
1996-1997 : ERC Kabuga , Kibirira, Nyakabanda et
Rwamagana
1998 : ERC Bujumbura, Ruhengeri, Gitarama, Nyamyumba
1998-1999 : ERC Kibungo-ville , Kibuye, Cyangugu-ville,
Nyamata, etc.
Il faut toutefois signaler qu'actuellement l' ERC est dans
toutes les provinces du pays c'est-à-dire dans toutes les villes du
Rwanda et, cela fait deux ans qu'elle a aussi commencé à
s'implanter dans les campagnes.
Les principales causes de la création de cette
Église sont les suivantes :
- les différences de vision, de tradition religieuse,
de liturgie et de doctrine qui suscitent des divergences dans la
célébration des cultes, dans l'évangélisation et
dans le comportement social et éthique ;
- le refus de quelques Églises établies
d'agréer les demandes d'adhésion des rapatriés : ils
les considèrent comme les « envahisseurs » ;
- les divisions ethniques et courses au pouvoir qui
déchirent quelques Églises et qui aboutissent au
phénomène des réformes violentes appelé
« kubohoza amatorero »
1.3.2 Eglise Evangélique de la Restauration de
Butare
Poussé par le souci d'apporter sa contribution à
la reconstruction du lien social tel que cela est stipulé dans la grande
mission de l'EER, le Pasteur Jean Bosco KABAMBA se décida de descendre
à l'intérieur du pays. Il choisit Butare, ville universitaire,
parce qu'il se disait que le Rwanda ayant été détruit par
les « intellectuels », il fallait commencer par eux pour sa
reconstruction. Le premier culte officiel fut célébré dans
la salle polyvalente de la province de Butare ( Imberabyombi) le 19 mai 1996.
L'objectif de cette première rencontre était « que
l'intellectuel connaisse d'abord Dieu », c'est-à-dire que
l'intellectuel connaisse d'abord l'évangile dans sa plénitude. Et
il fallait mettre un accent particulier sur les enseignements bibliques, la
connaissance de ses droits et devoirs.
1.3.3 Mission
la Restoration Church a pour mission de restaurer l'homme dans
toutes ses dimensions : corps, âme et esprit et, pour ce faire,
l'association s'est fixée les objectifs suivants:
- proclamer l'Évangile du salut conformément aux
instructions données par le Christ selon Mathieu 28 :20 et ce, au
moyen de prédications, de témoignages, etc.;
- enseigner, former, éduquer les chrétiens pour
en faire les disciples de Jésus-Christ, c'est-à-dire former les
nouveaux chrétiens par des enseignements bibliques et la prière
en vue d'en faire des hommes mûrs au service du
Seigneur ;
- offrir aux chrétiens des cadres
d'épanouissement spirituel tels que les cellules de prière, les
assemblées locales, les centres bibliques, les écoles bibliques
et théologiques, etc. ;
- contribuer à la recherche des solutions aux questions
liées au développement pour :
· une amélioration du niveau de vie de la
population en général et de ses membres en particulier ;
· ériger des oeuvres sociales et charitables tels
que les services de santé, d'éducation, d'assistance aux
nécessiteux, etc.
Enfin, l'Église vise la restauration des coeurs
brisés « gusana imitima », la
réconciliation et l'unité des Rwandais et d'autres peuples, le
développement spirituel, culturel, économique et intellectuel.
Ses bases doctrinales sont la croyance en Dieu, à la résurrection
des justes pour la gloire éternelle dans le royaume de Dieu et au
châtiment des impénitents. Le baptême par immersion est le
seul qui est admis dans cette Église. Les capacités
intellectuelles et spirituelles des chrétiens, leurs ressources
matérielles et financières, leurs forces physiques et morales
sont des moyens pour atteindre les objectifs de l'Église. Le financement
de ses activités provient des offrandes, des dîmes et des
cotisations des membres effectifs.
1.3.4 Organisation et structure de l' E.R.C/Butare
L'E.E.R/Butare comprend trois organes :
1. L'Assemblée générale.
2. Le Comité paroissial
3. Le Conseil pastoral
1. L'Assemblée
générale
Elle est l'organe suprême de la paroisse,
c'est-à-dire son organe de conception, de décision et
d'orientation.
a) Les membres de l'Assemblée
générale
- Tous les pasteurs ou le Conseil pastoral
- Le Comité paroissial
- Les délégués membres de
l'Église
- Les invités et observateurs éventuels
b) Ses attributions
L'Assemblée générale est chargée
de :
- Recevoir et approuver le rapport du pasteur
responsable;
- Se prononcer sur les problèmes
généraux de la paroisse ;
- Définir les grandes lignes des commissions au sein
de la paroisse ;
- Voter le budget annuel sur proposition du Comité
paroissial.
- c) Sa
périodicité
L'Assemblée générale se réunit
une fois par an en session ordinaire, au mois de décembre, sur
convocation du Pasteur responsable. En cas d'urgence, une réunion
extraordinaire est convoquée endéans 15 de jours. Pour que
l'Assemblée générale siège valablement, la
majorité des membres est exigée.
2. Le Comité paroissial
C'est l'organe de suivi de l'exécution des
décisions de l'Assemblée générale, il se
réunit une fois par mois, le dernier dimanche.
a) Sa composition
- le Conseil pastoral
- les responsables des commissions
- les diacres
b) Les membres
Ils sont d'abord membres effectifs de la paroisse et
chargés de quelque chose au sein de l'Église ( commission ou
ministères, cellules)
3. Le conseil pastoral
C'est l'organe de conception, de concertation et de
résolution des problèmes liés à la vie
quotidienne de l'Église. Ces problèmes peuvent être
d'ordre : spirituel, social ou juridique (les rapports avec les
institutions de l'État)
Il est composé de pasteurs et se réunit une
fois par semaine pour les réunions d'évaluation, sinon le
conseil est opérationnel tous jours.
1.3.5 Le patrimoine et les ressources humaines de
l'E.R.C
Les ressources de l'association proviennent des cotisations
de ses membres, des dons et des legs de subventions ainsi que des revenus
provenant de ses activités.
1.3.5.1 Patrimoine
L'association peut avoir en jouissance ou en
propriétés des biens meubles et immeubles nécessaires
à la réalisation de son objet.
Les biens meubles et immeubles appartenant au
patrimoine de l'association ne peuvent être aliénés
que sur décision du Conseil d'administration.
Aucun membre démis, exclu, qu'il soit effectif ou
adhérent, ne peut revendiquer un bien faisant partie du patrimoine de
l'association.
1.3.5.2 Ressources
humaines
Pour recruter son personnel, l'E.E.R se base sur le
critère «intellectuel». Pour être responsable d'une
paroisse, par exemple, il faut être au moins diplômé
d'humanités ou avoir fait des études théologiques ou
des formations bibliques.
Ainsi, les pasteurs sont engagés d'office instruits
et se doivent de parler diverses langues pour s'adapter à toutes les
couches de la population. L'organisation de l'Église locale est
congrégationaliste. C'est-à-dire qu'à la base, les
structures et la gestion de la paroisse sont conçues de
manière à ce que chaque membre ait un rôle à jouer
dans les affaires courantes et quotidiennes de sa paroisse. C'est ainsi
que la création des commissions, ministères et cellules a
été faite, pour la participation de tous, en vue de la
croissance des chrétiens et de l'Église en
général.
DEUXIEME CHAPITRE : LA PARTICIPATION DES NOUVELLES
RELIGIONS A LA RECONSTRUCTION DU LIEN SOCIAL
2.1 Informations relatives aux enquêtés
2.1.1 Présentation du terrain d'enquête
Nous avons effectué notre enquête au sein de
l'Eglise Evangélique de la Restauration sise à Butare-Ville.
C'est dans la province de Butare, District de Butare-Ville, secteur
Butare-Ville.
2.1.2 Univers de l'enquête
L'enquête a été menée auprès
des membres de l'Eglise Evangélique de la Restauration afin de
recueillir des différentes données sur les quelles nous nous
sommes appuyée pour vérifier nos hypothèses (les confirmer
ou les infirmer). L'univers d'enquête est constitué de 700 membres
de l'Eglise Evangélique de la Restauration.
2.1.3 Construction de l'échantillon
Ne pouvant interroger toutes les 700 personnes, nous avons
opté pour un échantillon de type représentatif, et pour ce
faire, nous avons utilisé la table de détermination de la taille
de l'échantillon d'Alain BOUCHARD
Selon cette table, quand l'univers de l'enquête est
inférieur à 1.000.000 individus, on fait correspondre un
échantillon de 96 individus avec une marge d'erreur de 10%.
Comme notre univers est bien défini et qu'il est
composé de 700 membres, c'est à dire inférieur à
1.000.000 individus, nous avons appliqué la formule appropriée
pour trouver la taille de l'échantillon corrigé, cette formule
s'énonce comme suit :
Si N : est la taille de l'univers
n : la taille de l'échantillon
pour un univers infini
nc : la taille de
l'échantillon corrigé connaissant que l'univers de
l'enquête est défini 700 membres.
Nous trouvons nc = n
1+ n
N
nc = N.n
N+n
En remplaçant N et n par leurs valeurs respectives on
obtient :
nc = 700x96
700+96
nc = 67200
796
= 84,42
nc = 84
2.2 La collecte des données
2.2.1 Déroulement de l'enquête
Cette enquête a été menée
auprès des membres de l'Eglise Evangélique de la Restauration
pour nous permettre de recueillir des différentes données sur
lesquelles nous nous sommes appuyée pour avancer des conclusions
sûres sur l'étude de la contribution des nouvelles religions
à la reconstruction du lien social au Rwanda, cas de l'Eglise
Evangélique de la Restauration de Butare.
Notre enquête s'est déroulée pendant une
période de trois semaines. Par ailleurs nous avons
bénéficié de la bienveillance du service de protocole de
l'Eglise Evangélique de la Restauration qui nous a aimablement
aidé à distribuer et à récupérer les
questionnaires.
2.2.2 Les modalités de collecte et traitement des
donnés
Les résultats de l'enquête sont
présentés sous forme de tableaux d'effectifs et de pourcentages,
ces tableaux sont suivis des commentaires en termes d'analyse et
d'interprétation. Les informations reçues pendant l'entretien ont
été exploitées lors de l'interprétation des
données.
2.2.3 les difficultés rencontrées
Les principales difficultés rencontrées sont
celles qui résultent de certains répondants qui refusaient
catégoriquement de nous répondre, ainsi que ceux qui
étaient complètement incapable de nous donner des informations
claires(certains membre de l'Eglise). Il est cependant à noter que ces
dernières étaient très limitées, de sorte que leur
influence n'avaient pas d'incidence sur la pertinence et la qualité des
informations susceptibles de généralisation.
2.3 Présentation de la population
enquêtée
Tableau 1 : Répartition des répondants
par âge
N°
|
Ages
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
1.
|
16 à 26 ans
|
40
|
47.6
|
2.
|
27 à 37 ans
|
27
|
32.1
|
3.
|
38 à 48 ans
|
12
|
14.1
|
4.
|
49 à 58 ans
|
5
|
5.9
|
Total
|
84
|
99.7100
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Figure1 : Répartition des répondants
par âge
Ce tableau nous laisse voir que tous les répondants se
trouvent dans la tranche d'âge de 16 à 58 ans.
Si notre échantillon comprend plus de jeunes que
d'adultes, c'est parce que les membres de l'E.R.C sont majoritairement des
étudiants de l'Université Nationale du Rwanda et des
élèves des écoles secondaires environnantes. Ainsi, notre
échantillon compte 47.6% de répondants dont l'âge varie
entre 16 et 26 ans. Ensuite 32.1% dont l'âge varie entre 27 et 37 ans et
les personnes dont l'âge entre 38 ans et 48 ans sont au nombre de 12 soit
14.1% et ceux dont l'âge se situe entre 49 ans et 58 ans sont au nombre
de 5 seulement soit 5.9 % ceux-ci sont surtout des professeurs ou des
enseignants des écoles secondaires.
Tableau 2 : Répartitions des
répondants par sexe
N °
|
Sexe
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1.
|
Masculin
|
40
|
47.6
|
2.
|
féminin
|
44
|
52.6
|
Total
|
84
|
99.9100
|
Source : notre enquête, octobre2004
Figure 2 : Répartition des répondants
par sexe
Ce tableau et graphique montrent que le sexe féminin est
plus représenté par rapport au sexe masculin soit 52.3 % contre
47.6 %.
Tableau 3 : Réparation des
répondants par niveau d'études
N°
|
Niveau d'étude
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Analphabète
|
-
|
-
|
2
|
Primaire
|
14
|
16.6
|
3
|
Secondaire
|
30
|
35.7
|
4
|
Supérieur
|
40
|
47.6
|
Total
|
84
|
99.9100
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Comme l'indique ce tableau 47.6 % des répondants ont
un niveau d'études supérieur en grande proportion par rapport
aux 35.7 % qui ont le niveau d'études secondaire et 16.6 % qui ont le
niveau primaire. Il n'y a pas d'analphabètes au sein de l'E.R.C
Tableau 4 : Répartition des
répondants par profession
N°
|
Profession
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Agent de l'Etat
|
20
|
23.8
|
2
|
Etudiant
|
48
|
57.1
|
3
|
Agriculteur
|
10
|
11.9
|
4
|
Chauffeur
|
6
|
7.1
|
Total
|
84
|
99.9=100
|
Source : notre enquête octobre 2004
Figure 3: Répartition des
répondants par profession
Nous voyons dans le tableau et le graphique ci-dessus que le
nombre des étudiants est plus grand, soit 57.1 %, les cadres et agents
de l'État occupent 23.8%, les agriculteurs sont au nombre de 10 soit
11.9 % et enfin 7.1 % sont des chauffeurs.
Tableau 5 : Répartition des
répondants par leur nationalité
N°
|
Nationalité
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1.
|
Rwandaise
|
80
|
95.2
|
2.
|
Congolaise
|
3
|
3.5
|
3.
|
Burundaise
|
1
|
1.1
|
Total
|
84
|
99.8=100
|
Source : notre enquête octobre 2004
Figure4 :
Répartition des répondants selon la nationalité
Tableau 6 : Répartition des
répondants selon qu'ils étaient au Rwanda pendant le
génocide
N°
|
Réponse
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Les répondants qui étaient à
l'étranger pendant le génocide
|
60
|
71.4
|
2
|
Les répondants qui étaient au Rwanda pendant le
génocide
|
24
|
28.5
|
Total
|
84
|
99.9=100
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Figure 5 : Résidence pendant le
génocide
Ce tableau montre que 71.4% des répondants
n'étaient pas au Rwanda pendant le génocide de 1994 tandis que
28.5 % y étaient pendant la même période.
Tableau 7 : Répartition des
répondants selon leur appartenance
religieuse avant le génocide de 1994
.
No
|
Eglise
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Catholique
|
70
|
83.3
|
2
|
Eglise vivante
|
10
|
11.9
|
3
|
ADEPR
|
4
|
4.7
|
Total
|
84
|
99.9=100
|
Source: notre enquête, octobre 2004
Le tableau ci-haut montre que 83.3 % des répondants ont
quitté l'Eglise catholique pour adhérer à la l'Eglise
Evangélique de la Restauration , 11.9 % étaient à l'Eglise
vivante et 4.7 % des répondants appartenaient à l'église
ADEPR.
Tableau 8 : Questionnaires administrés et
rendus par âge
N°
|
Ages
|
Administrés
|
Rendus
|
Non rendus
|
1.
|
16ans à 26 ans
|
40
|
40
|
-
|
2.
|
27 ans à 37ans
|
27
|
20
|
7
|
3.
|
38 ans à 48 ans
|
12
|
10
|
2
|
4.
|
49 ans à 58 ans
|
5
|
5
|
-
|
Total
|
84
|
75
|
9
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Tableau 9 : Questionnaires administrés et
rendus par sexe
N°
|
Sexe
|
administré
|
Rendus
|
Non rendus
|
1
|
Féminin
|
44
|
36
|
8
|
2
|
Masculin
|
40
|
39
|
1
|
Total
|
84
|
75
|
9
|
Tableau 10 : Questionnaires administrés
et rendus par niveau
d'étude
N°
|
Niveau d'étude
|
Administrés
|
Rendus
|
Non rendu
|
1
|
Supérieur
|
40
|
39
|
1
|
2
|
Secondaire
|
40
|
24
|
6
|
3
|
Primaire
|
4
|
2
|
2
|
4
|
Analphabètes
|
-
|
-
|
-
|
Total
|
|
75
|
9
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Les questionnaires ayant été administrés
à 84 personnes qui constituent notre échantillon nous n'avons
recueilli que 75 questionnaires remplis, comme le montre les tableaux
ci-dessus.
Nous pouvons dire qu'avec les 75 questionnaires recueillis sur
84 administrés, cette enquête à réussi à 89.2
%, soit une perte d'informations de 10.7%.
2.4 Présentation, analyse et interprétation des
résultats de l'enquête
Dans cette partie, nous allons présenter les
résultats de l'enquête sous forme de tableaux et selon les strates
identifiées(age, sexe, niveau d'études)
Par ailleurs les hypothèses sont testées
grâce aux indicateurs considérés comme importants dans
notre travail.
La qualité des enseignements offerts par l'Eglise
Evangélique de la Restauration et la façon dont ces enseignements
sont transmis favorisent la reconstruction du lien social par l'ambiance
pendant le culte, le style de prédication, l'initiative des
ministères, les témoignages et la demande de pardon.
Pour vérifier notre première hypothèse
selon laquelle les nouvelles religions dont l'Eglise Evangélique de la
Restauration participent beaucoup à la reconstruction du lien social au
Rwanda, grâce à la qualité des enseignements qu'elle
offrent et à la façon dont ces enseignements sont transmis, nous
nous sommes servie des questions dont les résultats sont
présentés dans des tableaux suivants :
2.4.1 Les raisons qui poussent les
répondants à adhérer à l'Eglise Evangélique
de la Restauration
Les raisons qui ont poussé les répondants
à adhérer à l'Eglise Evangélique de la Restauration
sont multiples comme on peut le constater dans le tableaux ci-dessous.
Tableau 11 : Les raisons qui poussent les
répondants à adhérer à l'Eglise Evangélique
de la Restauration
N°
|
Raison
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1
|
Ambiance chaude et active
|
75
|
100
|
2
|
Bonne réputation
|
30
|
40
|
3
|
Style de prédication
|
71
|
95
|
4
|
l'Eglise Evangélique de la Restauration n'a pas
participé au génocide
|
13
|
17
|
5
|
l'Eglise Evangélique de la Restauration nous aide
à aimer ce qui est bon et à laisser ce qui est mauvais
|
9
|
12
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Figure 6 : Les raisons d'adhésion
à l'Eglise Evangélique de la Restauration
D'après ce tableau et ce graphique , il apparaît
que 100% des répondants considèrent l'ambiance chaude et active
pendant le culte comme la première raison qui pousse les gens à
adhérer à l'Eglise Evangélique de la Restauration tandis
que 71 sur 75 soit 95 % des répondants attirés par le style
vivant de la prédication (gestes, interpellations et sursauts) .Beaucoup
de répondants ont expliqué pourquoi le style de
prédication à l'Eglise Evangélique de la Restauration est
très intéressant. Pour eux, c'est surtout les gestes, les
mouvements et les exclamations des pasteurs et des diacres pendant qu'ils
prêchent qui les intéressent.
Cela est vérifié encore par l'étude faite
en 2001 par RUSHIMISHA N. Romulus, où il étudiait le style
communicationnels au sein de la Restoration Church cas de Butare /ville , ses
résultats montre que 80 % des enquêtés ont donné
les appréciations suivantes : « le style de
prédication à l'E.R.C est très intéressant puisque,
en pleine prédication le pasteur sollicite des réactions des
fidèles, la façon de prêcher de l'intervenant est comme
s'il conversait avec l'assemblée, pendant que le prédicateur
apparaît devant l'auditoire, il manifeste d'abord une certaine assurance
et la joie. En ce qui concerne le style d'habillement du prédicateur,
ces enquêtés estiment qu'il est à la mode et correcte[...].
Le pasteur pendant la prédication est souvent en mouvement et fait des
gestes pour appuyer ce qu'il dit »61(*) . cette étude montre que les répondants
de tous les sexes, ages, niveaux d'études différents sont
satisfaits des styles utilisés à E.R.C
Puis, 30 sur 75 soit 40 % de nos répondants avancent
la raison de la bonne réputation qu'ont des nouvelles religions dont
l'Eglise Evangélique de la Restauration fait partie. 17% des
répondants expliquent leur adhésion à l'Eglise
Evangélique de la Restauration par la non participation de cette
église au génocide et 12% des répondants disent que
l'Eglise Evangélique de la Restauration les aident à aimer ce qui
est bon et laisser ce qui n'est pas bon.
2.4.2 Témoignages des fidèles pendant le culte
Tableau 12 : Témoignages des
fidèles pendant le culte
N°
|
Réponse
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1.
|
Nous avons un temps consacré aux témoignages
pendant le culte
|
75
|
100
|
2.
|
Non
|
-
|
-
|
Total
|
75
|
100
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Tous les fidèles de l'Eglise Evangélique de la
Restauration, c'est-à-dire 75 sur 75 enquêtés ou encore
100% des répondants témoignent leurs expériences vitales
pendant le culte comme l'indique le tableau ci -haut.
2.4.3 Importance des témoignages des fidèles
pendant le culte
Les témoignages des fidèles pendant le culte ont
une grande importance dans la vie de chacun des fidèles de l'Eglise
Evangélique de la Restauration. Ces témoignages leur servent en
effet, de demander pardon, de s'épanouir, de se réconcilier et de
remercier le Seigneur.
Tableau 13 : Importance des témoignages
des fidèles pendant le culte
N°
|
Importance
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1
|
demande de pardon
|
33
|
44
|
2
|
épanouissement
|
75
|
100
|
3
|
réconciliation
|
26
|
35
|
4
|
remercier et s'exprimer devant Dieu
|
75
|
100
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Par ce tableau, nous constatons que 75 sur 75
enquêtés, soit 100% des répondants, attachent une grande
importance aux témoignages. A travers ceux-ci, ils ont l'occasion de
remercier le Seigneur et de s'exprimer devant les hommes et devant Dieu. Un
certain nombre d'entre eux, c'est-à-dire 33 enquêtés, soit
44 % des répondants disent que les témoignages leur permettent
de demander pardon et 26 enquêtés, soit 35 % de se
réconcilier.
Ainsi, nous pouvons dire que pour ces fidèles, les
témoignages sont très importants dans la vie quotidienne. Car, la
personne qui témoigne s'exprime librement, en plein
épanouissement. Autrement dit, il se défoule en se
détachant du mal et de tout ce qui était considéré
comme un fardeau pour lui. Cela lui permet de demander pardon et de se
réconcilier avec Dieu et avec les autres, contre qui il a
pêché. Donc, le témoignage est l'un des facteurs
d'unité et de réconciliation des adeptes.
2.4.4 Appartenance aux ministères
Au sein de l'Eglise Evangélique de la Restauration il
y a quatre ministères ; on y rencontre le groupe des couples, le groupe
des mamans, celui des « papas », le groupe des enfants et
enfin les jeunes qui se retrouvent dans des chorales notamment. Ces
ministères montrent la solidarité entre les fidèles dans
l'Eglise Evangélique de la Restauration.
2.4.5 Les leçons tirées des activités des
ministères
L'appartenance à tel ou tel autre ministère
constitue, comme les témoignages pendant le culte, un cadre qui permet
aux fidèles d'avoir une plus grande compréhension de certaines
choses de la vie courante et d'acquérir certaines valeurs qui
déterminent leur conduite dans la société :
Tableau 14 : Les leçons tirées des
activités des ministères
N°
|
Leçon
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1
|
reconstruction des foyers et du pays
|
70
|
93
|
2
|
enseignements approfondies basés sur la parole de
Dieu
|
75
|
100
|
3
|
respect envers les autres
|
23
|
31
|
4
|
conduite à tenir
|
11
|
15
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Figure 7 : Les leçons tirées dans
les ministères
De ce tableau et graphique nous remarquons que 75 sur 75 des
enquêtés, soit 100% des répondants, affirment qu'ils tirent
dans les activités des ministères des enseignements approfondies
basés sur la parole de Dieu , 70 sur 75 des enquêtés,
soit 93% parmi eux, témoignent de l'importante contribution de ces
enseignements à la reconstruction de leurs foyers et du pays en
général, 23 sur 75 des enquêtés, soit 31% d'entre
eux, affirment qu'ils renforcent en eux le sens du respect envers les autres,
surtout chez les enfants, enfin 11 sur 75 des enquêtés, soit 15%,
pensent que ces enseignements améliorent leur conduite dans leurs
propres familles et envers les voisins.
Discussion de la première hypothèse
Vu les résultats présentés dans des
différents tableaux, il va sans dire que les nouvelles religions dont
l'E.R.C participent beaucoup à la reconstruction du lien social
grâce à la qualité des enseignements et de la façon
dont ceux-ci sont transmis.
En effet, il suffit de considérer des indicateurs qui
vérifient cette hypothèse et d'analyser les réponses de
nos enquêtés aux questions posées pour se rendre compte
tout naturellement que l'Eglise Evangélique de la Restauration participe
beaucoup à la reconstruction du lien social au Rwanda.
Les indicateurs qui nous ont permis de vérifier notre
première hypothèse sont les suivants :
- l'ambiance chaude et active pendant le culte
- le style vivant de la prédication
- l'initiative des ministères
- les témoignages des fidèles pendant le culte
- la demande de pardon
En ce qui concerne l'ambiance chaude et active pendant le
culte, on se rappellera que les enquêtés ont répondu
à 100% qu'ils adhérent à l'E.R .C parce qu'il y a une
ambiance chaude et active pendant le culte (tableau 11). Le deuxième
indicateur, c'est-à-dire le style vivant de la prédication,
attire quant à lui, 71 sur 75 soit 95 %. En effet, beaucoup de
répondants, nous l'avons vu (p.49, §3), disent que les
éléments qui les intéressent dans ce style de
prédication à l'E.R.C sont notamment les gestes, les
interpellations, les sursauts, les mouvements et les exclamations des pasteurs
et des diacres pendant les prédications.
Pour l'initiative des ministères qui sont au nombre de
quatre et dans lesquels ont trouve tous les fidèles, il faut rappeler
que l'appartenance à tel ou tel ministère a permis à 100%
de nos répondants, soit 75 sur 75 enquêtés d'avoir des
enseignements approfondies basé sur la parole de Dieu, 93% parmi eux y
trouvent les sources de la reconstruction de leur foyer et du pays , tandis que
31% y trouvent le moyen de renforcer le sens du respect des autres, au moment
où 15% affirment tirer de ces enseignements la conduite à tenir
dans leurs propres familles et envers leurs voisins.
Concernant les témoignages pendant le culte, les
répondants ont affirmé qu'ils y trouvent l'occasion de
s'épanouir spirituellement et de remercier le Seigneur et que cela a
une grande importance dans la vie de 100% des enquêtés (tableau
13). D'autres répondants disent(tableau 13) que les témoignages
pendant le culte leur permettent de demander pardon selon 44% et de se
réconcilier d'après 35%.
En considérant donc les indicateurs relatifs à
notre hypothèse et les résultats obtenus après
l'enquête, il y a lieu d'affirmer que les nouvelles religions dont l'E.
R.C, participent beaucoup à la reconstruction du lien social grâce
à la qualité des enseignements offerts et à la
façon dont ces enseignements sont transmis, ce qui confirme notre
première hypothèse.
TROISIEME CHAPITRE : LA CONTRIBUTION DE L'EGLISE
EVANGELIQUE DE LA RESTAURATION A L'EPANOUISSEMENT SPIRITUEL ET A L'ENGAGEMENT
ETHIQUE
Dans le présent chapitre nous essayons de montrer
comment l'Eglise Evangélique de la Restauration à l'instar
d'autres nouvelles religions offrent aux chrétiens un cadre
d'épanouissement spirituel et d'engagement éthique qui conduisent
à la reconstruction du lien social.
L'analyse des informations reçues auprès de nos
enquêtés, nous font constater que l'Eglise Evangélique de
la Restauration permet l'épanouissement spirituel et l'engagement
éthique à ses fidèles grâce aux cellules de
prières, à la solidarité entre les membres résultat
d'un sentiment de cohésion sociale qui anime tous les membres et
l'assistance réservée aux nécessiteux et aux
vulnérables.
Nous présentons ci-dessous, les résultats
obtenus après notre enquête sous forme de tableaux et de
graphiques comme dans la partie précédente :
3.1 Cellules de prière
Les conséquences des enseignements reçus dans
les cellules et chambres de prière sont de divers types. Nous les
présentons dans le tableau suivant :
Tableau 15 : conséquences des
enseignements des cellules de prière
N°
|
Conséquences
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
1.
|
Compassion
|
48
|
64
|
2.
|
Pardon
|
75
|
100
|
3.
|
Amour du prochain
|
75
|
100
|
4.
|
Patience
|
75
|
100
|
5.
|
Tolérance
|
72
|
96
|
6.
|
Intégrité
|
69
|
92
|
7.
|
Intérêt collectif
|
38
|
51
|
8
|
Connaître la parole de Dieu
|
75
|
100
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Figure 8 : Les conséquences des cellules
de prière
Il ressort de ce tableau et graphique que 100% des
répondants sont d'avis que les cellules et chambres de prière
leur permettent de bien connaître la parole de Dieu, d'apprendre à
pardonner, d'avoir l'amour du prochain et de la patience. Ceux-ci sont des
signes de l'épanouissement Spirituel. 72 enquêtés, soit 96%
des répondants disent qu'ils sont devenus tolérants et 69
enquêtés, soit 92 % se sentent intègres grâces aux
cellules de prière, 48 enquêtés, soit 64 % des
répondants ajoutent un autre élément, celui de la
compassion et 51% l'intérêt pour le bien être collectif.
Ainsi, la réconciliation passe inévitablement
par le pardon. Pour ces répondants, pardonner c'est rétablir la
relation rompue entre deux êtres humains à cause d'une offense. En
effet, les enseignements des cellules de prière de l'Eglise
Evangélique de la Restauration permettent aux chrétiens d'avoir
et de revivre l'amour du prochain, la tolérance, la compassion et
l'intégrité. Ce fait de s'organiser dans les cellules de
prière permet aux fidèles d'être unis, car ils s'y
réunissent et prient sans tenir compte de leur appartenance ethnique,
raciale, régionale ...Cela procure l'unité, la
réconciliation et le sentiment de cohésion entre les membres de
cette communauté. Ce qui peut amener un avenir meilleur et un
développement durable au Rwanda.
3.2 Solidarité entre les membres
Tableau 16 : Solidarité entre les
membres
N°
|
Réponse
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1.
|
Nous avons la solidarité entre nous
|
75
|
100
|
2.
|
Non
|
-
|
-
|
Total
|
75
|
100
|
Source :notre enquête, octobre 2004
A travers ce tableau nous remarquons que 100% des
répondants affirment qu'ils sont solidaires. C'est par la
solidarité entre les membres qu'il y a des oeuvres sociaux ou de
charité signe d'engagement éthique.
Cependant quand les gens parvient à s'organiser dans
les cellules de prières, chambres ou dans les ministères sans
tenir compte des différence ethnique, racial, régional,... c'est
un signe de solidarité et de la cohésion social (deuil, mariage,
naissance, chômage) et cela va se remarquer par certains signes que nous
allons dégager ci -dessous.
3.3 Signes de la Solidarité
La solidarité entre les membres se remarque dans le
domaine de l'assistance sociale et des conseils.
Tableau 17 : Signes de
solidarité
N°
|
Domaine
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1
|
Assistance sociale
|
75
|
100
|
2
|
Conseils
|
75
|
100
|
Source : notre enquête , octobre 2004
De ce tableau, il apparaît que 100% des
répondants témoignent que leur solidarité se base sur les
conseils que les uns donnent aux autres et sur l'assistance sociale qui
consiste à assurer les soins médicaux aux malades indigents,
à payer les frais scolaires pour les enfants des familles
démunies. Un enquêté nous a dit qu'il y a même un
confrère qui a pris l'initiative de lui payer le logement. Un autre
répondant nous a dit que pour remercier et glorifier le Seigneur qui lui
a fait des miracles, il s'est décidé à donner à
l'Eglise la dîme 1/10 (icyacumi) et des offrandes sans oublier d'aider
les pauvres en leur rendant visite dans leur domicile. Il faut souligner que
cette assistance est distribuée sans tenir compte des ethnies, des
races, des régions, des religions et de sexe.
3.4 Assistance aux nécessiteux et vulnérables en
tant qu'exemple de l'amour du prochain de la compassion et de
l'integrité
L'assistance aux nécessiteux et aux vulnérables
est réservée aux catégories citées par les
répondants que nous présentons dans le tableau et graphiques
suivants:
Tableau 18 : Les catégories
bénéficiant de l'assistance sociale
N°
|
Bénéficiaires
|
Effectif
|
Pourcentage
|
1.
|
Orphelins
|
75
|
100
|
2.
|
Veuf (veuves)
|
75
|
100
|
3.
|
Enfants de la rue
|
63
|
84
|
4.
|
Personnes âgées
|
22
|
29
|
5.
|
Malades
|
75
|
100
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Les catégories bénéficiant de
l'assistance
Figure 9 : Les
catégories bénéficiant de l'assistance sociale
Il apparaît par ce tableau que 100% des
répondants affirment que les catégories qui
bénéficient d'une assistance sociale en premier lieu sont des
orphelins, les veufs (veuves) et des malades, tandis que 84% mentionnent sont
des enfants de la rue et 29% la catégorie des personnes
âgées.
Cependant, pour ces répondants, cette assistance aux
gens vulnérable et nécessiteux est due à l'amour du
prochain, à la compassion, et à l'intégrité. Dans
d'autres mots, à l'Eglise Evangélique de la Restauration, les
paroles vont ensemble avec des actions. L'amour du prochain doit être
accompagné par les aides réservées aux pauvres. Pour
identifier ces derniers, on ne se base pas sur les critères de
l'idéologie divisionnistes. Autrement dit, on ne se demande pas si telle
personne est Tutsi, Hutu ou Twa pour recevoir l'aide. On demande plutôt
si elle est parmi les nécessiteux et si elle est vulnérable. Cela
va pousser toutes les personnes qui ont des idées divisionnismes de
changer leur comportement et leurs attitudes envers ses prochains, surtout
qu'ils vont remarquer un bon exemple de ces fidèles. Il faut noter que
l'Eglise Evangélique de la Restauration sensibilise, dans ses
enseignements, les fidèles à la contribution et à des
cotisations pour pouvoir mener à bien cette action.
3.5 Le rôle de l'Eglise Evangélique de la
Restauration en général et les groupes de prières dans la reconstruction du lien
social
A ce point, nous avons posé la question de savoir le
rôle de l'Eglise Evangélique de la Restauration ainsi que les
groupes de prières en général. Les réponses
reçues provenant des fidèles et de leurs responsables sont assez
divergentes et se présentent comme suit dans le tableau.
Tableau 19 : Le
rôle de l'Eglise Evangélique de la Restauration
en général et les groupes de prières dans la
reconstruction du lien social
N°
|
Réponse
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1.
|
l'Eglise Evangélique de la Restauration nous aider
à nous unir comme des enfants de Dieu
|
75
|
100
|
2.
|
Elle nous apprend l'amour, le pardon, la tolérance
|
75
|
100
|
3.
|
Elle nous enseigne l'unité et la réconciliation
pendant le culte
|
70
|
83.3
|
4.
|
Les responsables montrent aux fidèles que la
prière est la meilleure façon de renforcer l'unité
nationale
|
65
|
77.3
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Ce tableau nous montre que 100% des répondants
affirment que l'Eglise Evangélique de la Restauration les aide à
s'unir comme les enfants de Dieu. En effet, les fidèles disent que
l'Eglise est comme une famille où ils vivent comme des frères et
soeurs. L'un parmis eux, nous affirme ceci : « En Christ,
nous sommes des enfants de Dieu (Jean 1 :12-13), donc grâce
à la Bible nous nous habituons à nous unir comme les enfants de
Dieu, à la reconstruction du lien social comme Dieu et son Fils
Jésus Christ sont unis. »
Tandis que 100% des répondants disent que l'Eglise
Evangélique de la Restauration les enseigne l'amour, l'unité, le
pardon et la tolérance, qui viennent de Jésus. Ils s'expriment
dans ces mots : « ainsi nous apprenons à nous aimer
les uns et les autres sans tenir compte de l'ethnie, de la religion, de
l'origine, de la classe sociale ou autre chose. Quand nous prions ensemble dans
l'Eglise Evangélique de la Restauration ou dans les groupes de
prière, il n'y a pas de division entre les membres. En un mot, nous
sommes unis en Christ et cette unité nous la trouvons grâce
à cette église et grâce à ses
enseignements. »
Il apparaît par ce tableau que 83,3 % des
répondants affirment que la Restoration Church les enseigne
l'unité et la réconciliation pendant le culte ils sont
exprimés en disant : l'Eglise Evangélique de la
Restauration peut déjà se féliciter d'avoir réussi
à enseigner l'unité et la réconciliation à ses
fidèles, que tout le monde est tranquille au sein de l'E.R.C et qu'il
ne reste qu'à profiter de l'amour du prochain, de la tolérance,
de la patience, etc. qui sont les fruits des enseignements qu'ils
reçoivent. »
Il ressort de ce tableau (à la page
précédente) que 77,3 % des répondants sont d'avis que La
prière est la meilleure façon de renforcer l'unité
nationale. Ils s'expriment : « la prière est la
meilleure façon pour les Rwandais de renforcer l'unité nationale,
que seule la parole de Dieu peut apporter l'unité et la
réconciliation des Rwandais, qu'aucun obstacle ne peut s'opposer
à eux dans la recherche de l'unité et la réconciliation
nationale s'ils agissent selon la parole de Dieu. »
D'après les réponses reçues l'Eglise
Evangélique de la Restauration doit enseigner à ses membres
l'unité et la réconciliation en évitant les idées
qui peuvent ramener les gens en arrière et en leur apportant de bonnes
preuves qui peuvent aider les membres à mieux construire leurs pays. La
l'Eglise Evangélique de la Restauration doit surtout veiller par tout
les moyens à ce que l'idéologie génocidaire ne
s'introduise en son sein.
3.6 Le rôle des églises à la
reconstruction du lien social au Rwanda
A ce point, nous avons posé la question de savoir le
rôle des Eglise en général à la reconstruction du
lien social. Les réponses reçues provenant des fidèles et
de leurs responsables sont assez divergentes et se présentent
comme suit dans le tableau.
Tableau 20 : Le rôle des Eglises à
la reconstruction du lien social au Rwanda
N°
|
Rôle
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1.
|
D'après leur mission, elles devraient être les
premières à se préoccuper de l'unité
|
75
|
100
|
2.
|
Elles devraient mettre à la lumière du jour les
problèmes causés par le génocide enfin de sensibiliser
leur membre à l'unité et à la réconciliation
|
73
|
86.9
|
3.
|
En aidant ce qui ont encore les idées divisionnistes
à changer
|
60
|
71.4
|
4.
|
Elles même devraient être unies
|
75
|
100
|
Ce tableau montre que 100% répondants disent que
d'après leur mission, les églises devraient être les
premières à se préoccuper de l'unité du peuple
rwandais. Pour qu'elles enseignent mieux l'unité 100% des
répondants donnent avis que les églises enseigneraient mieux la
réconciliation et l'unité si elles sont elles-mêmes
réconciliées et unies . 86,9% des répondants les
Eglises devraient, mettre à la lumière du jour tous les
problèmes causés par le génocide afin de pouvoir
sensibiliser leurs membres à l'unité et à la
réconciliation, tandis que 71,4% disent que les Eglises devraient aider
ce qui ont encore des idées divisionnistes à changer.
Après avoir analyser Le rôle des Eglises à
la reconstruction du lien social au Rwanda nous avions en vue de voir quels
sont les obstacles rencontrés par ces églises dans la
Reconstruction du lien social au Rwanda telles qu'ils sont citer par les
répondants ci-dessous.
3.7 Les obstacles rencontrés par les Eglises dans leur
contribution à la reconstruction du lien social.
Une question a été posée pour
connaître les obstacles rencontrés par les Eglises dans leur
participation à la reconstruction du lien social ; les
répondants ont donné des avis différents comme se
présentent dans le tableau suivant :
Tableau 21 : Les obstacles
rencontrés par les Eglises dans leur contribution à la
reconstruction du lien social
N°
|
Obstacles
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1.
|
Les représentants et même les pasteurs ne se mettent
pas ensemble pour combattre le racisme et les idéologies divisionnistes
|
75
|
100
|
2
|
Les Eglises visent un plus grand nombre d'adhérents
plutôt que de centrer leur action sur une véritable
conversion de leurs membres
|
75
|
100
|
3.
|
Les conflits qui existent entre les différentes
églises.
|
72
|
85,5
|
4.
|
certains membres de ces Eglises se conduisent d'une
manière qui ne peut pas servir d'exemple aux non convertis
|
69
|
82,1
|
5.
|
Les Eglises se sont engagées dans une concurrence inutile
et incompatible avec la recherche de l'unité nationale ou de
l'intérêt collectif
|
66
|
75,5
|
6.
|
Il y a les gens qui refusent d'aller au culte à cause
de la haine et du sentiment d'exclusion
|
50
|
59,5
|
Source : notre enquête, octobre 2004
Ce tableau montre que 100% des répondants disent que
les représentants des églises et même les pasteurs ne se
mettent pas ensemble pour combattre le racisme et les idéologies
divisionnistes tandis que 100 % des répondants reprochent aux
Eglises de trop viser un plus grand nombre d'adhérents plutôt que
de centrer leur action sur une véritable conversion de leurs
membres et 85,5% de nos répondants imputent les difficultés des
églises à participer à la reconstruction du lien social
aux conflits qui existent entre les différentes églises.
Ainsi, pour 82,1%, les Eglises se sont engagées dans
une concurrence inutile et incompatible avec la recherche de l'unité
nationale ou de l'intérêt collectif ( « amatorero
arapingana aho gushaka icyazana ubumwe
bw'abanyarwanda ») et 75,5 % de répondants disent
que certains membres de ces Eglises se conduisent d'une manière qui ne
peut pas servir d'exemple aux non convertis (« Abakirisitu
barangwaho ibibi byinshi bigatuma abadakijiwe batababonamo imbuto zatuma
bahinduka ngo bakizwe nabo ») .
Afin 59,5% de nos répondants ont affirmé qu'il y
a les gens qui refusent d'aller au culte à cause de la haine et du
sentiment d'exclusion des autres qui les habitent par rapport à
certaines de leur co-religionnaires. Ils ne veulent pas prier avec leurs
« ennemis » et la présence d'un certain nombre
de charlatans dans les églises qui font croire qu'ils sont convertis
alors qu'il n'en est rien.
Discussion de la deuxième hypothèse
La deuxième hypothèse de notre travail, qui
stipule que l'Eglise Evangélique de la Restauration à l'instar
des nouvelles religions offrent aux chrétiens des cadres
d'épanouissement spirituel et d'engagement éthique qui
conduisent à la reconstruction du lien social, a été
vérifiée par trois indicateurs à savoir :
- les cellules de prière
- la solidarité entre les membres, entre autre le
sentiment de cohésion
social .
- l'assistance aux nécessiteux et aux
vulnérables
Pour le premier indicateur, les répondants affirment
que des cellules de prière sont très importantes pour la vie d'un
chrétien et donnent plusieurs conséquences ; 100% des
répondants approuvent que des cellules et chambres de prière leur
permettent de bien connaître la parole de Dieu, d'avoir de la patience,
l'amour du prochain et le pardon, signes de l'épanouissement spirituel
qui favorise la reconstruction du lien social. 72 enquêtés, soit
92% des répondants, avancent qu'ils sont devenus intègres
grâce aux cellules de prière à l'E.R.C , tandis que 48
enquêtés, soit 64% des répondants ont vu se
développer en eux un plus grand sentiment de compassion, au moment
où 51% se sentent portés dans tout ce qu'ils font à tout
ce qui vise l'intérêt collectif (tableau 15).
Concernant la solidarité entre les membres, nous avons
remarqué que 100% des répondants se disent solidaires (tableau
16) et qu'ils ont un sentiment de cohésion, ce qui favorise la
réalisation de beaucoup d'ouvres sociaux qui sont des signes
d'engagement éthique.
Selon le troisième indicateur qui est l'assistance aux
nécessiteux et aux vulnérables, pour 100% des répondants
leur solidarité se base sur les conseils qu'ils se donnent entre eux et
sur l'assistance sociale pendant laquelle ils assurent collectivement les
soins médicaux aux malades indigents et paient les frais scolaires pour
les enfants des familles démunies (tableau 17). Les
enquêtés ont répondu à 100% que les
catégories qui bénéficient cette assistance en premier
lieu sont celles des orphelins et veufs(veuves) tandis que 84 % d'entre eux ont
mentionné celles des enfants de la rue ; celle des personnes
âgées a été citée par 29% (tableau 18).
Ainsi, La deuxième hypothèse se trouve ainsi confirmée.
CONCLUSION GÉNÉRALE
1. Synthèse
La destruction du tissu social et la crise de confiance qui
caractérise actuellement le peuple rwandais, les problèmes de
justice, les catégories vulnérables en besoin d'assistance etc.
sont des problèmes sérieux auxquels fait face toute la
société rwandaise.
En ce qui concerne la destruction du tissu social, on sait que
le génocide a emporté une partie de la population notamment les
Tutsi et les Hutu opposés à l'idéologie
génocidaire. Mais le génocide n'a pas seulement occasionné
les pertes humaines et matérielles mais il a aussi profondément
touché les valeurs culturelles de la société rwandaise
telles la solidarité, la tolérance, le respect mutuel et celui de
la vie et de la dignité humaine, la justice, l'honnêteté,
la confiance, la conscience nationale, la patriotisme etc.
Cependant après ces évènements, les
efforts fournis depuis la fin de la tragédie par les différents
acteurs de la politique de l'unité et de la réconciliation
nationale afin de trouver les voies de sortie de toutes ces difficultés
accumulées pendants ces périodes les plus sombres de l'histoire
du Rwanda restent insuffisants, raison pour la quelle l'effort de tout rwandais
s'avèrent toujours nécessaires y compris les efforts des
communautés religieuses et, en particulier les nouvelles religions qui
nous intéressent dans ce travail.
L'intérêt d'une étude sur la contribution
des nouvelles religions à la reconstruction du lien social au Rwanda est
à la fois personnel, académique scientifique et social. En
entreprenant ce travail, notre objectif global était : de
décrire et d'évaluer la contribution des nouvelles religions
à la reconstruction du lien social au Rwanda et les objectifs
spécifiques étaient les suivants :
- Dégager le rôle de l'Eglise Evangélique
de la Restauration de Butare dans la reconstruction du lien social ;
- Identifier les stratégies utilisées par cette
église dans la création d'un espace favorable à
l'établissement ou au renforcement du lien social entre ses
fidèles ;
- Déterminer dans quelle mesure ses stratégies
pourraient être intégrées dans l'élaboration d'une
stratégie globale de reconstruction du lien social au Rwanda notamment
à travers les implications des communautés religieuses.
Notre recherche a été basée sur deux
hypothèses à savoir :
- les nouvelles religions dont l'E.R.C participent beaucoup
à la reconstruction du lien social au Rwanda grâce à la
qualité des enseignements offerts et à la façon dont ces
enseignements sont transmis ;
- l'E.R.C à l'instar d'autres nouvelles religions
offrent aux chrétiens un cadre d'épanouissement spirituel et
d'engagement éthique qui conduisent à la reconstruction du lien
social.
Quant à la méthodologie, notre recherche a eu
recours respectivement à des méthodes historiques et à la
méthode statique lors de l'échantillonnage ainsi que à la
méthode systémique. Pour ce qui est des techniques, il s'agit de
la recherche documentaire, l'interview, la technique d'échantillonnage,
le questionnaire, l'observation directe.
En nous servant de cette méthodologie, nous avons
obtenu des résultats auprès de nos répondants qui sont les
membres de l'E.R.C de Butare. C'est à partir de ces résultats
que nous avons été capables de vérifier nos
hypothèses de départ et de voir si nos objectifs ont
été atteints.
Les résultats montrent que nos deux hypothèses
sont confirmées. A l'issue de la vérification de nos
hypothèses, il a été constaté, en effet pour la
première hypothèse, que les enseignements de l'Eglise
Evangélique de la Restauration et la façon dont ces enseignements
sont transmis favorisent la reconstruction du lien social par l'ambiance chaude
pendant le culte, le style de prédication, l'initiative des
ministères, les témoignages et le pardon. Pour la deuxième
hypothèse, nous avons constaté que l'E.R.C permet
l'épanouissement spirituel et l'engagement éthique à ces
fidèles grâce aux cellules de prière, à la
solidarité entre les membres basée sur un sentiment de
cohésion sociale et à l'assistance collective aux
nécessiteux et vulnérables.
Sans pour autant prétendre avoir épuisé
tous les aspects de notre sujet de recherche, nous pensons avoir
contribué, certes de façon modeste, à l'analyse, à
la description et à l'évaluation de la contribution des nouvelles
religions à la reconstruction du lien social au Rwanda. Ce travail se
veut donc être en même temps une invitation lancée à
d'autres chercheurs à poursuivre et à approfondir les
études qui font encore défaut dans ce domaine.
2. Recommandations
Suite à la contribution des nouvelles religions
à la reconstruction du lien social au Rwanda cas de l'Eglise
Evangélique de la Restauration de Butare , nos recommandations
s'adressent d'abord aux membres de la E.R.C , ensuite aux Responsables de
l'E.R.C , à toutes les Eglises du Rwanda et en fin au Gouvernement
National du Rwanda.
v Aux membres de la E.R.C de
- Avoir le souci d'une véritable conversion
- Se conduire d'une manière qui serve d'exemple aux nos
convertis
- Mettre en action des enseignements reçus
- Accentuer la culture de dire la vérité et
d'être un modèle dans la promotion de l'unité et
réconciliation afin de permettre la reconstruction du lien social au
Rwanda.
v Aux Responsables de l'
E.R.C de :
- veiller à travailler ensemble pour la restauration de
la paix ,la confiance mutuelle et la réconciliation du peuple rwandais
pour aboutir à un développement durable
v A toutes les Eglises du Rwanda :
- les communautés religieuses du Rwanda devraient
forger un but commun, en respectant la diversité religieuse et en
travaillant ensemble pour construire le Rwanda. Notamment à travers les
initiatives de prévention des conflits avec le but ultime que le
génocide ne se passe plus au Rwanda.
- Les leaders et membres de toutes les Eglises devraient avoir
l'habitude de dire la vérité et d'être un modèle
d'unité et de réconciliation
- Les Eglises devraient participer à la reconstruction
du lien social du pays au lieu d'avoir les conflits entre elles. Ainsi elles
enseigneraient mieux la réconciliation et l'unité si elles sont
elles-mêmes réconciliés et unies
v Au Gouvernement rwandais :
- soutenir les Eglises dans leur rôle de construction de
la paix et de réconciliation pour pouvoir arriver à une
reconstruction durable du tissu social rwandais
- Considérer les stratégies utilisées
par les Eglises dans le renforcement du lien social et les intégrer dans
l'élaboration d'une stratégie globale de reconstruction du lien
social au Rwanda à travers l'implication des communautés
religieuses
Prospectives pour les recherches
futures :
- Le défi des nouvelles Eglises à la reconstruction
du lien social.
- L'Eglise le bon chemin vers une reconstruction du lien social
efficace.
BIBLIOGRAPHIE
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Paris, Fayard,1994
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1990 à nos jours : chance ou défi pour le
RWANDA ? ,Faculté de Thélogie Protestante, Butare,
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communicationnels au sein de l'Église Évangélique de la
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3.RWABARINDA, E., Etat et religion, Bruxelles,
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4.MUKANKUBITO A., Le rôle politique de l'Eglise
Catholique au Rwanda de 1959 à 1994, Butare(U.N.R), 1999
5.NTAMUTUNGIRO P., Le rôle de la
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Cas de la ville de Cyangugu ,Butare(U.N.R), 2003.
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U.L.K. 2003
2. RWIGAMBA B., Initiation au travail de recherché
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3. HABIMANA G., Problèmes sociaux
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http://brises.org/category/E1565D46AD54ee4fea8b97933/article
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http://www.biblecourses.com/fr_books/ec1/fr_frchapter01.pdf
20/12/2004, pp. 3-4
4. Revues et articles
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Relève n°496 du 13 septembre 2004.
2. Revue du mouvement non - violent de la Région des
Grands Lacs, le prix de la Paix, n°4, janvier
-février-2004
3. Revue du mouvement non - violent de la Région des
Grands Lacs, le prix de la paix », n°16,
-février-Mars 2004
* 1 Sauf dans de rares cas comme
celui de l'Église Presbytérienne qui s'est publiquement
confessée et repentie en décembre 1996 lors du Synode
général de l'Église Presbytérienne au Rwanda ou
celui du Conseil Protestant du Rwanda qui a déclaré dans une des
conférences que « le génocide constituait un
échec non seulement de l'Église du Rwanda, mais aussi de
l'Église universelle ». (cf. Gatwa, 2001 :251-252)
* 2VAN GESTAL, C.,
introduction à l'enseignement social de l'Eglise, Office
Général du Livre, Paris,1950, p.11
* 3 Pie XII dans son Encyclique,
Ténèbres de la terre cité par C. Van Gestal,
op.cit. p.12
* 4 VAN GESTAL, C.,
Op.cit, p.12
* 5 VAN GESTAL, C.,
Op.cit, p.13
* 6 VAN GESTAL, C., ibidem
* 7 DE NAUROIS, L.,
« Église et État » in Encyclopedia
Universalis, vol.5, Paris, 1968, p. 1005
* 8 Dictionnaire usuel,
Quillet Flammarion, Paris, 1974, p.175
* 9 « Qu'est-ce que
l'Église ».
http://www.biblecourses.com/fr_books/ec1/fr_frchapter01.pdf
* 10 « Qu'est-ce que
l'Église ».
http://www.biblecourses.com/fr_books/ec1/fr_frchapter01.pdf
* 11 « Qu'est-ce que
l'Église ».
http://www.biblecourses.com/fr_books/ec1/fr_frchapter01.pdf
* 12 « Qu'est-ce que
l'Église ».
http://www.biblecourses.com/fr_books/ec1/fr_frchapter01.pdf
* 13
http://brises.org/category/E
1565d46AD54ee4fea8b97933/article/99 (lien social baccalauréat
SES-Sciences économiques et sociales)
* 14 WACH, J., Sociologie
de la religion, Payot, Paris, 1955, p.34
* 15 NTAMUTURANO, P., Le
rôle de la société civile dans la reconstruction du lien
social au Rwanda. Cas de la ville de Cyangugu, U.N.R., 2003,
p.37
*
16MUSUL ,K., Cours de Sociologie de la
religion, U.L.K, Kigali, 2003 inédit
* 17 DURKHEIM, E., Les
formes élémentaires de la vie religieuse, Paris 1912, p.76
* 18 SABINO. A. , E.P.,
La sociologie des religions , Éd. du Cerf, Paris, 1994, p.36
* 19 Ibidem
* 20 Ibidem
* 21 Ibidem
* 22 SABINO, A.,E., P.
,Op.cit. pp.36-37
* 23 idem. p.38
* 24 Idem. p. 51
* 25 GATWA, T.,
Rwanda : Églises : Victimes ou coupables ?Les
Églises et l'idéologie ethnique au Rwanda 1990-1994,
Éditions Haho, Lomé,2001, pp. 47
* 26 GATWA, T., op.
cit, 2001 p.20
* 27 NDAGIRO J,B. ,
Nouveaux mouvements chrétiens de 1990 à nos jours, chance
ou défi pour le Rwanda ?, Butare, février 2003, p.16
* 28 ibidem
* 29 GATWA, T., Op.
cit, 2001, pp. 15-16
* 30GATWA, T., Op.cit,
p45
* 31LENDEN, I.,
Christianisme et pouvoirs au Rwanda(1900-1990), Éditions
KARTHALA , Paris, 1999, p.321
* 32 idem, p.322
* 33 GATWA, T.,
Op.cit, p.90
* 34 ibidem
* 35 GATWA, T.,
Op.cit,p.91
* 36 ibidem
* 37 idem, p.92
* 38 idem,p.92
* 39 LINGUYENEZA, V.,
cité par NDAGIRO ,J , Nouveau mouvement chrétiens
de 1990 à nos jours, chance ou défi pour le
Rwanda ?,U.N.R , Butare, 2003, p.17
* 40 R.ERPICUM ,
cité par GATWA, T., Op.cit, p.128
* 41 LINGUYENEZA, V,
cité par NDAHIRO , J. , Op.cit , p.17
* 42 GATWA, T.,
Op.cit, p.21
* 43 ibidem
* 44 NDAHIRO ,J.,
Op.cit, p.18
* 45 Ibidem
* 46 ibidem
* 47 GATWA, T.,
Op.cit, p.46
* 48 NDAGIRO, J., Op.
cit., p.11
* 49 NDAGIRO, J., Op. cit.,
p.11
* 50 ibidem
* 51 Ibidem
* 52 NDAGIRO, J.,
Op.cit., p.11
* 53 NDAGIRO, J., Op.
cit., p.12
* 54 NDAGIRO, J.,
Op.cit., p.13
* 55 Selon J. NDAGIRO, le
mot dérive du verbe « kubohoza » qui signifie
« délier ce qui est lié, détacher ce qui est
attaché(chèvre), défaire ce qui est tressé(natte),
libérer un captif ou délivrer un prisonnier ». Ce verbe
a connu une évolution sémantique dans le temps et pendant le
génocide le terme « kubohoza » a eu
différents sens : délivrer, libérer, voler ou piller,
s'approprier temporairement. Cf. NDAGIRO, op.cit.,p.13
* 56 KÄMANA, Foi
Chrétienne, crise africaine et reconstruction de l'Afrique :
sens et enjeux des théologies africaines contemporaines, collection
Défi Africain, Éditions CETA/HAHO/CLE , 1992 ,
p.100
* 57 ibid. p .15
* 58 Van Castel, C.,
Introduction à l'enseignement social de l'Église :
traduit par Bourgy, Paris, Office Général du livre,1950 ,
p.11
* 59 Le passage porte sur la
réconciliation il dit ceci : « Et tout cela
vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Christ et qui
nous a donné le ministère da la réconciliation
* 60 Dans ce passage on parle
comment Joseph à été vendu par ses frères et afin
comment ils se sont réconciliés
* 61 RUSHIMISHA, N.R ,
Etudes sur les styles communicationnels au sein de l'Eglise
Evangélique de la Restauration. Cas de BUTARE/VILLE ,
U.N.R ,2001,70
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