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Le Bien chez Saint- Thomas d'Aquin

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par Vivien Hoch
Institut catholique de Paris - Licence 2008
  

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c) le bien ultime

Ces catégories sont, en tant que biens, elles-mêmes hiérarchisées, car nous avons dit dans la première partie que le bien est un transcendantal, et est donc hiérarchisé proportionnellement : tous les biens sont voulus d'une manière subordonnée (par exemple la santé en vue de la possibilité d'un épanouissement social ou encore l'acquisition d'une technique afin de s'en servir à des fins utiles comme le soldat apprend le maniement de l'épée afin de pouvoir tuer son ennemi), donc relative les uns aux autres, et cela parce qu'il y a une fin suprême qui lui est voulu d'une manière absolue, qui est en quelque sorte le sommet de l'analogie : le soldat a tué son ennemi afin de gagner la bataille, victoire qui permettra de vivre en paix, ce qui permettra aux citoyens de s'épanouir, etc... cela jusqu'à une fin suprême qui sera voulu pour elle-même, et non en vue d'autre choses. Sans elle, rien ne serait subordonné et tous les biens se vaudraient. Toutes les autres choses ne sont recherchée qu'en vue de cette fin : "Tout ce que l'homme veut ou désire, il est nécessaire que ce soit pour sa fin ultime." (somme théologique, Ia, IIae, qu. 1, art. 6, rép.).Cette fin ultime peut être librement choisie, mais elle est le plus souvent plus ou moins consciente et plus ou moins déterminée par des phénomènes physiologiques et psychologiques. L'expérience nous montre d'ailleurs bien que tous les hommes, qu'ils le reconnaissent ou non, qu'il en aient clairement conscience ou non, agissent tous en vue d'un but qu'ils veulent d'une manière absolue et auquel est subordonnés tous leurs actes ; ainsi l'avare n'agit qu'en vue de l'argent, pour certains artistes c'est en vue de la beauté, pour un hitlérien c'est en vue de l'expansion vitale de la race allemande, pour un marxiste révolutionnaire c'est en vue de la puissance matérielle du prolétariat. Cependant, un homme ne peut avoir qu'une seule fin ultime : "il est impossible que la volonté d'un homme se dirige en même temps vers divers objets comme des fins ultimes" (somme théologique, Ia, IIae, qu. 1, art. 5, rép).

Saint Thomas place le bien suprême de la vie morale naturelle, dans ce qu'il appelle le bonheur, et le bien suprême de la vie surnaturelle dans la béatitude22(*), c'est à dire la connaissance de Dieu23(*) (Somme contre les gentils, IV, I). C'est la fin de tous les hommes : "l'homme et les autres créatures raisonnables les anges atteignent leur fin ultime par la connaissance et l'amour de Dieu". (somme théologique, Ia, IIae, qu. 1, art. 8, rép). Pourquoi cette seule fin, alors qu'il est clair que tous les hommes ne s'accordent pas sur leurs fins ? Parce que la raison formelle de fin dernière est le bien parfaitement comblant, et seul Dieu est parfaitement comblant (voir somme théologique, Ia, IIae, qu. 1, art. 7). Notons que comme la vie surnaturelle est infiniment supérieure à la vie naturelle, la béatitude est un bien infiniment plus parfait que le bonheur24(*). Cependant, nous nous interesserons uniquement, dans ce devoir, qu'au bonheur naturel.

"Le bonheur est la fin dernière de l'homme et est au sommet des biens ; plus une chose est proche de cette fin, plus élevé est son rang parmis les biens humains" (Somme contre les gentils, III, CXLI). Cette citation est on ne peut plus claire : le bonheur est la fin ultime et dernière de l'homme. En effet, tous les biens n'ont en vue que le bonheur, par un mode de relativité : la santé est en vue d'avoir une bonne vie sociale, qui elle même permet l'épanouissement, qui lui-même permet d'être heureux ; la connaissance, bonne en elle-même, qui est la perfection de l'intelligence, permet de jouir de ce qui est connu : cette jouissance rend heureux25(*), etc... Les exemples peuvent s'étendre à tous les biens transcendantaux et toutes les perfections. Ainsi les biens prennent leur valeur selon leur proximité avec le bonheur. Par un éclair de lucidité et d'intelligence, Saint Thomas explique pourquoi certains biens inférieurs dont on est privé cause plus de désagrément que la privation d'un bien supérieur : "il est dans la nature d'une privation de contrarier la volonté. Cependant, chaque homme n'apprécie pas toujours dans sa volonté les biens selon la vérité : il se fait qu'une chose puisse priver d'un grand bien sans contrarier la volonté pour autant qu'il ait moins raison de peine. ... Ainsi beaucoup jugent les peines corporelles supérieures aux peines spirituelles : leur jugement sur la hiérarchie des biens est alors faussée." (ibid.) Et leur jugement est faussé par l'immédiateté de la privation inférieure, par leur non-capacité d'abstraction. Ainsi ne pas être riche, pécunièrement parlant, cause plus de peines que de ne pas être vertueux, par exemple, et "c'est pourquoi ils voient souvent les pécheurs jouir de la santé corporelle et posséder la fortune extérieure dont les hommes vertueux sont parfois privés" (ibid.). Et cette "fausse injustice" leur cause plus de peine que la privation même de la vertu car ils ne considèrent pas la hiérarchie des biens à sa véritable valeur. On voit bien que cette considération de la hiérarchie des biens se fait sous le mode intellectif, et que seule la raison permet d'en rendre compte. Le statut de la raison prend alors une nouvelle dimension. Ce n'est plus seulement la faculté de juger ce qui est bonne ou non, mais aussi d'embrasser la vie toute entière par une objectivité abstractive et de replacer chaque bien à sa véritable place, celle qui est voulu par l'ordinateur de toutes choses et qui constitue l'essence même du Bien unique à partir duquel tous les autres biens prennent de la valeur : Dieu.

* 22 En effet, saint Thomas distingue le bonheur, qui est l'être humain pleinement en acte de ses puissances naturelles (appelé béatitude imparfaite) de la béatitude parfaitequi est l'être humain transformé par la vie surnaturelle de la Grâce.

* 23 On se reportera avec profit à Ia, IIae, qu.3, art. 4 où saint Thomas définit la béatitude comme une activité de l'intellect, et non de la volonté, contrairement à tous les théologiens qui l'on précédé.

* 24 plus précisément, la béatitude inclus le bonheur accessible par la voie naturelle et l'étend à l'infini.

* 25 et d'autant plus d'objets sont connus, d'autant plus on en jouit.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore