CONCLUSION
Le sens profond du Bien selon les néo-platoniciens se
résumait à dire que le Bien est ce qui se diffuse : "bonum
diffusivum sui", selon un mode d'efficience. Saint Thomas d'Aquin
conceptualise le bien en n'en faisant non pas une diffusion à la
manière d'une cause efficiente, mais à la manière d'une
cause finale : le bien est ce qui est désiré, il est fin de
l'appétit, fin de l'amour, fin de la morale, fin de l'éthique,
fin de la politique, etc... Tout le problème de la démarche de
l'être humain va être de choisir les biens qui lui
conviennent le mieux, en raison de sa nature propre et selon les circonstances
; tout en appréhendant la hiérarchie des biens, leur
échelle de valeur et leur dynamique intrinsèque
entièrement tournée vers la Béatitude comme leur fin
ultime et parfaite.
En raison des critères philosophiques et
universitaires auxquels est soumis le présent devoir, nous n'avons pu
nous permettre de développer la sphère viable où se trouve
le véritable Bien pour l'homme : celui qui le rapproche de Dieu dans la
Grâce et qui le fait vivre non plus d'une vie naturelle mais d'une vie
surnaturelle qui repose sur les vertus théologales et les dons du
Saint-Esprit, non plus d'un repos dans les biens concupiscibles terrestres mais
dans l'éternité immobile de l'Etre Souverain, non plus dans une
perfection limitée par la matière mais dans une
perfectibilité illimitée qui le rend par la Grâce
"enfant de Dieu". Les exigences de la vie Chrétienne
dépassent infiniment les règles de la morale naturelle : ce qui
résulte de la vie surnaturelle de la Grâce dépasse
infiniment ce que peut faire un être humain avec ses seules
capacités naturelles. Saint Thomas en avait une parfaite conscience.
C'est cette partie théologique qui était sa véritable fin,
la véritable dimension à laquelle était subordonnée
toutes les vues naturelles et philosophiques de la finalité humaine.
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