CHAPITRE II EXPÉRIENCES DE
GAZÉIFICATION DANS LE MONDE
INTRODUCTION
Pendant que la combustion de la biomasse produit de la chaleur
directement utilisable, la gazéification produit un gaz qui peut
être utilisé pour des procédés thermiques plus
contrôlés, pour faire fonctionner des moteurs à combustion
interne ou des turbines à gaz et pour la synthèse des produits
chimiques combustibles liquides (méthanol, ammoniac....). La biomasse
reste le seul combustible renouvelable pour la gazéification.
En 1979 un des auteurs dans le domaine avait publié
alors un article sur "Enquête sur la gazéification de la Biomasse"
pour le compte de la SERI (Solar Energy Renewable Institute) aujourd'hui NREL
(National Renewable Energy Laboratory). En ce moment les seules connaissances
sur la gazéification restaient celles des archives de la 2e
guerre mondiale. Aujourd'hui une impulsion est donnée dans le domaine de
la gazéification de la biomasse et plusieurs gazogènes ont
été construits, mis en opération avant d'être
abandonnés. Dans cette partie, nous nous proposons de présenter
l'état actuel de la technologie de gazéification dans le monde,
dans l'optique de donner quelques perspectives dans ce domaine très
vaste car il y a plusieurs milliers de systèmes de gazéification
de part le monde avec très peu de différence de conception les
uns des autres. Ensuite nous essayerons de présenter un
résumé de quelques projets de gazéification en cours dans
ce domaine ainsi que l'état des recherches y afférant.
I/- ETAT ACTUEL DE LA TECHNOLOGIE DE GAZEIFICATION
I.1/ Bref historique de la gazéification
Le destin de la gazéification de la biomasse et du
charbon s'est beaucoup contrarié dans un monde riche en pétrole,
houille et autres réserves en combustibles fossiles. L'âge
classique de la gazéification peut être considéré
comme s'étendant entre les années 1800 et 1940. Jusqu'en 1920,
plusieurs pays du monde avaient des "gasworks" où les producteurs de gaz
(mélange primaire de CO, CO2, 112 C114 et N2) délivraient,
stockaient dans des bonbonnes à gaz et fournissaient aux ménages
et les industries. Avec le développement du transport du gaz naturel
à travers des pipelines, ces industries et leur connaissances ont
disparu. Aujourd'hui avec les menaces qui pèsent sur les gisements
fossiles et les contraintes environnementales y afférant, nous avons
encore besoin de ces connaissances. La 2e guerre mondiale
était l'âge d'or pour la gazéification de la biomasse avec
plusieurs milliers de gazogènes utilisés en Europe. Avec
l'embargo énergétique de 1970, plusieurs projets de
gazéification étaient mal conçus
basés sur des technologies inappropriées de charbon.
C'était alors l'âge noir de la gazéification de la
biomasse. Certains de ces projets sont passés de la phase de conception
à la phase de test pilot jusque totalement à l'échelle
commerciale. C'est ainsi qu'en 1979, on retrouve plus de 81 projets et
constructeurs de gazogènes reportés dans la première revue
"Survey of Biomass Gazéifification " publiée en 1979
(REED T. B. and al, 1999).
La crise de l'énergie de 1974 - 1984 a
été tempérée par la conception selon laquelle la
crise était largement artificielle et politique et ne
représentait pas la chute imminente du pétrole. La chute du prix
du pétrole au milieu des années 1980 a causé le
déclin de tous les projets de gazéification en cours qui avaient
vu le jour avec la hausse du prix du pétrole. Depuis ce temps, avec
l'entrée en jeu de plusieurs autres paramètres liés
à la protection de l'environnement, des ressources naturelles et la peur
de provoquer de brusques changements climatiques, on a assisté à
la renaissance de l'intérêt de la gazéification comme la
meilleure manière d'utiliser la source renouvelable que constitue la
biomasse.
Durant la 2e guerre mondiale, la
gazéification de la biomasse était utilisée pour le
transport civil des cars, autobus, locomotives, etc. Mais, aujourd'hui, cette
gazéification est vue premièrement comme une source potentielle
de production d'électricité. Cette vision est plus
réaliste encore quand il s'agit de la production
décentralisée de l'énergie électrique.
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