III.2.5/- Charbon de bois dans les Pays en
Développement (PED) : Cas de Yaoundé au Cameroun
Commencé par le bois de chauffe, le charbon de bois est
utilisé de manière marginale à Yaoundé, capitale du
Cameroun; mais il reste une source d'énergie importante pour la
population. A Yaoundé, on retrouve l'usage exclusif du charbon de bois
dans un certain
nombre de cuisson : grillade de poulets, poissons, viandes dans
les plus grands restaurants de la ville.
Le charbon de bois consommé à Yaoundé
provient de deux filières différentes :
- des charbonniers des environs de Yaoundé qui exploitent
la forêt. Ce charbon est de qualité variable mais en
général assez léger.
- des différentes scieries situées entre 50 et
200 km de la ville où on retrouve des équipes de charbonniers
souvent d'origine malienne ou ivoirienne qui fabriquent du charbon à
partir des déchets de bois de scierie. Ici l'utilisation de bois lourds
permet d'obtenir un charbon dense de très bonne qualité
(LIPS B. et al., 1999).
Les deux filières de production sont de type
traditionnel, mais la matière première et les techniques sont
très variables. Le procédé de fabrication le plus usuel
est le procédé de carbonisation à combustion partielle
dans des meules et fosses. La figure n°2 présente le schéma
d'une meule à charbon dans la localité de Baba, située
dans l'arrondissement de Soa, à une quinzaine de km de Yaoundé
(LIPS B. et al., 1999).
1.5
1 à 1.5
Ouverture
3 à 4
Figure n°2: ..Schéma d'une meule artisanale dans la
localité de Baba, près de Yaoundé m
Les meules ont généralement un volume variant
entre 4,5 m3 et 8 m3 et ont généralement un taux de
remplissage d'à peu près 70 % pendant la carbonisation. Le taux
de carbonisation est généralement élevé (73,8 % par
exemple). Le rendement pondéral ou rendement de production sur
matière anhydre est donné par le rapport masse de charbon produit
sur masse initiale anhydre de bois enfournée et vaut 11,5 % tandis que
le rendement énergétique est de 19 % (LIPS B. et al.,
1999). Le charbon de bois produit est commercialisé
dans les principaux marché de Yaoundé (Mokolo,
Madagascar, Elig Edzoa ...). La production du charbon de bois issu de la
forêt autour de Yaoundé est estimée à 1000 sacs de
40 kg environ par semaine, soit une production annuelle évaluée
à 2000 tonnes. Ceci représente une consommation d'environ 2 kg
par habitant de Yaoundé et par an. Ce chiffre est très faible
comparé à celui d'autres villes africaines du Sahel (Nouakchott,
Dakar, ...) où on a 100 à 200 kg/habitant/an (LIPS B. et
al., 1999). Ceci s'explique par le fait que les habitants de
Yaoundé utilisent très peu le charbon de bois pour la cuisson
chez eux (le bois brut leur semblant meilleur marché) et l'essentiel de
la consommation est dû aux ventes de grillades dans la rue (maïs,
plantain, prune, poissons, viande,...).
A Yaoundé, le charbon de bois peut se retrouver
commercialisé à un prix moyen de 75 Frs/kg. Soit environ 3000
FCFA par sac de 40 kg. Mais généralement on retrouve ces sacs
chez des grossistes à un prix allant de 2500 Frs à 3000 Frs. Le
charbon provenant des scieries est plus dense et les sacs peuvent avoir un
poids de 50 kg. Le prix de vente de ces sacs est très homogène
à 2500 Frs/sac et reste moins cher que le charbon artisanal provenant
des charbonniers des villages voisins de Yaoundé (localité de
Baba près de Soa). 3
Les possibilités de production sont nombreuses
notamment avec la multitude de scieries qu'on retrouve à l'Est du pays.
La valorisation de leurs déchets dans la carbonisation est une
excellente idée, mais il faut faire face aux contraintes de transport si
l'utilisation ne doit pas être faite sur place. C'est donc ici que se
justifie l'excellente idée de gazéification du charbon de bois
produit pour la production d'électricité et la force motrice dans
ces localités qui ne sont pas électrifiées.
3 Ces informations ont été vérifiées
au "marché charbon " du marché Mokolo à Yaoundé en
Octobre 2001.
|