INTRODUCTION
Les années 1929 ont marqués une avancée
considérable dans l'organisation des marchés financiers. Les
banques qui en sont des acteurs à part entière, ont pendant
plusieurs décennies été à l'écoute de la
population grâce aux nombreux services financiers qu'elles octroient. Des
pays du nord au pays du tiers monde, des économies nanties aux pays les
moins avancés (PMA), l'offre de service du système bancaire n'a
atteint en moyenne que 20 à 30%* de la population active occidentale. En
Afrique précisément au Sénégal les chiffres sont
beaucoup moins intéressants (une personne sur cinq à accès
aux services de la microfinance).
De nombreuses raisons expliquent cet écart, notamment
le manque d'information, les garanties importantes demandées, la
pauvreté etc. . C'est dans ce cadre que dans les années
1990, lors des réformes des marchés financiers sera
promulgué une loi visant la désintermédiation du
système bancaire au profit de plusieurs organes agrées dont le
but serait de fournir des services financiers aux populations
démunies ; exclues du milieu des banques : les institutions de
microfinance.
En effet aujourd'hui, la micro finance est
considérée comme un outil visant à promouvoir des micros -
services (micro - assurance, micro - crédit) aux personnes dont le
revenu est inférieur à 2 dollars/jour ; et aux entreprises
ayant une très faible capacité de financement et
d'autofinancement.
Cependant il faut noter que les activités des
institutions de micro finance dans le monde rural et urbain sont diverses et
variées.
*selon le rapport du forum organisé par le conseil
islamique des services financiers en 2007.
1 ère PARTIE:
CADRE THEORIQUE ET METHODOLIGIQUE DE RECHERCHE
CHAPITRE I :
PROBLEMATIQUE, INTERET, OBJECTIFS ET HYPOTHESE DE
RECHERCHE
Ce chapitre est consacré à la problématique,
aux objectifs et hypothèses de recherche.
Section 1 : Problématique et
intérêt de recherche
Dans cette section, il s'agira de développer la
problématique et de dégager l'intérêt de la
recherche.
Paragraphe 1 : Problématique de la recherche
Il a été permis depuis la
désintermédiation financière (1981) la création
d'organisme agréer afin de fournir des services similaires à ceux
des banques. C'est dans ce cadre qu'on vu le jour les IMF (institutions de
micro finance) dont le but est de permettre aux exclus du système de
bénéficier avec de moindre garanties, des avantages de
proximité.
A chaque stade de développement ou de
l'évolution de l'économie de tout pays, le financement de la
production, gage de création de richesses et d'emplois, est
réalisé par des institutions et des mécanismes mettant en
oeuvre des techniques financières de plus en plus
élaborées. La plupart de ces institutions ont pour
activité principale l'intermédiation financière qui
constitue la base des investissements.
Ainsi, le passage de l'économie d'endettement à
l'économie de marché des capitaux a été
concrétisé dans la plupart des pays industrialisés par le
développement et le perfectionnement du système de financement de
l'économie qui n'est pas sans risque, comme l'indique la crise
financière qui secoue actuellement le monde entier et qui est devenue
pour toutes les grandes puissances mondiales et même pour ceux en voie de
développement un sujet majeur de préoccupations du fait de la
mondialisation de l'économie.
Les crises économiques, le poids de l'endettement et
les problèmes de gouvernance ont rendu très précaires les
conditions de vie des différentes couches sociales dans les populations
des pays en voie de développement. Dans ces pays où cohabitent
les secteurs d'activité formelle et informelle, les microentreprises
n'ont pas toujours accès au financement bancaire classique pour
suppléer l'Etat dans la création de la richesse et des emplois.
En effet les institutions de micro finance s'attellent
à la fourniture de micro service (microcrédit, micro assurance
etc.) pour essayer de remédier le problème de la pauvreté,
à cet effet elles disposent des soutiens et aides d'une part des
organisations non gouvernementales et des bailleurs de fonds ; d'autre
part du marché interbancaire pour atteindre leurs objectifs. Les
institutions de micro finance prônent la pérennisation et
l'autonomie des micros entreprises nées ou destinées à
naître notamment dans le milieu rural. Les méthodes de ciblage
concentrent leurs objectifs vers les pauvres, les plus pauvres, les micros
entreprises, les micros industries, les petits commerces etc.
Le choix politique est forcément un déterminant
de l'économie. Ainsi, depuis l'avènement de la démocratie
pluraliste au Sénégal en 1990, les décideurs ont
opté pour le libéralisme économique. Or, une
économie de marché ne peut se développer, effectivement,
que dans la mesure où, le financement des activités est
réalisé par des institutions efficaces, viables et
pérennes. En effet, l'émergence d'un secteur privé
dynamique capable de soutenir la relance de l'économie
Sénégalaise a amené les autorités monétaires
à favoriser la mise en place des institutions de micro finance
évoluant aux côtés du système bancaire classique.
C'est ainsi qu'en décembre 1993 a été crée l'ACEP,
l'alliance de crédit et d'épargne pour la production,
après l'évaluation du projet de l'USAID démarré en
1986 dans le bassin arachidier au centre ouest du Sénégal ;
qui avait pour objectif d'appuyer les ONG et les entrepreneurs des
régions de Kaolack et Fatick.
Le dynamisme du secteur de la micro finance, s'explique par le
souci de réduire au maximum les effets néfastes engendrés
par les différentes crises financières qui ont aggravé la
situation des entreprises. Du coup, celles-ci ont donc recours aux usuriers
pour le financement de leurs activités.
Il convient de se demander si les objectifs visé par
les institutions de micro finance notamment les objectifs sociaux sont
atteint ?
Plusieurs données poussent à croire que les
institutions de microfinance octroi difficilement des crédits aux
petites et moyennes entreprise et privilégient leur rentabilité
financière.
Peut- on ainsi apprécier positivement l'impact des
institutions de micro finance dans le financement des microentreprises?
Paragraphe 2 : Intérêt de la recherche
La question de savoir si les objectifs sociaux des
institutions de microfinance sont atteint, abordée dans cette
étude est d'une importance capitale. La plupart des IMF sont
confrontée à une dynamique de pérennité. Il
découle donc de ce fait, qu'aujourd'hui les IMF octroient difficilement
des crédits aux microentreprises à cause de leur faible
capacité de remboursement qui met en péril la
pérennité et la rentabilité de l'institution. Or ces
microentreprises, ne pouvant pas s'adresser directement aux banques, se
retrouvent dans des situations précaires surtout lorsqu'il s'agit d'une
activité contribuant à la survie de l'individu. Cependant les
rapports d'activité de l'ACEP indiquent que la structure répond
considérablement aux besoins des microentreprises surtout en
matière d'octroi de crédit.
Notre étude trouve donc son intérêt dans
ce constat car selon : Le livre Bleu des Nations Unies (2006, Page 54)
« Construire des secteurs financiers accessibles à
tous » ne fait que conforter l'intérêt du sujet
en affirmant que « l'un des premiers constats effectués en
matière de micro crédit est que les pauvres remboursent leurs
prêts et sont des clients solvables (Christen, 1997, Pages 16-17). Les
stratégies d'atténuation du risque adoptées par les micro
prêteurs ont démontré que le remboursement dépendait
essentiellement de facteurs situés sous le contrôle de
l'institution ». Autrement dit il n'y a pas de mauvais clients mais
il y a de mauvais prêts.
Les IMF doivent pour cela, prendre toutes les mesures
appropriées afin d'améliorer les conditions d'octroi de
crédit susceptibles de créer des impayés. Elles doivent
aussi éviter de mettre en péril la pérennité de
leurs activités tout en diversifiant leurs activités.
Il s'agira alors, pour nous d'analyser l'impact du financement
des microentreprises par les IMF, à partir des procédures
d'octroi de crédit, pour une pérennité certaine à
travers l'atteinte des objectifs poursuivis dans le cadre de la présente
étude.
Section 2 : Objectifs et hypothèses de
recherche
Dans cette section il s'agira de fixer les objectifs
poursuivis et de poser les hypothèses de travail.
Paragraphe 1 : Objectifs de la recherche
A- Objectif général
Le présent travail de recherche, vise à analyser
le financement des microentreprises par les institutions des microfinances,
à travers les procédures d'octroi de crédit de l'ACEP par
la mise en place des stratégies opérationnelles respectueuses des
normes en vigueur dans le secteur de la micro finance.
B- Objectifs spécifiques
Conformément aux questions spécifiques
évoquées ci-dessus, les objectifs spécifiques poursuivis
sont les suivants :
- Identifier et analyser les besoins de financements des
microentreprises à travers leurs accès au financement.
- Analyser les modes de financement et de refinancement des
institutions de microfinance.
- Analyser les conditions d'octroi de crédit et
l'impact du financement de l'ACEP sur diverses microentreprises.
De la problématique posée et des objectifs
fixés, il convient de formuler des hypothèses qui serviront de
repères pour la conduite de notre recherche.
Paragraphe 2 : Hypothèses de recherche
Les hypothèses formulées sont au nombre de
trois :
-Hypothèse 1 : Les banques et les IMF doivent
concilier le respect des normes bancaires d'octroi de crédit
établies par la loi, avec le besoin de financement des microentreprises
en tenant compte du fait que plusieurs d'entre elles, sont dans
l'incapacité de respecter certaines dispositions prudentielles
réglementaires.
-Hypothèse 2 : La répartition
géographique des banques et institutions de microfinance au
Sénégal, ne permet pas de couvrir toutes les microentreprises
installées sur le territoire sénégalais ayant un besoin de
financement.
-Hypothèse 3 : Les documents financiers, les
garanties et conditions exigés par les banques et les institutions de
micro finance en vue d'analyser la qualité du crédit à
octroyer pourrait constituer un véritable handicap au financement des
microentreprises.
CHAPITRE II :
REVUE DE LITTERATURE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Ce chapitre est consacré à la revue de
littérature et à l'approche méthodologique
adoptée
Section 1 : Revue de littérature
Dans cette section il est question de présenter une
revue de littérature portant sur les différents ouvrages
spécialisés, ainsi que les structures que nous avons pu consulter
dont les thèmes évoluent autour des IMF et du financement des
microentreprises.
Parmi ces ouvrages nous pouvons citer :
- Notre stage à la « CAPPED », qui
nous a permis d'être en contact avec plusieurs promoteurs et experts
consultants.
- La charte des PME au Sénégal, qui porte sur la
définition, l'organisation et la structure de la PME ; qui nous a
été d'une grande utilité pour mieux cerner les
microentreprises.
- Le rapport final sur « la micro finance et le
financement des PME et MPE » de ISSA BARRO, a pu nous
éclairé lors de nos recherches car il aborde de manière
concise le thème objet de notre étude.
- Nous avons également assisté au cours de notre
stage à des entretiens entre le chef du département du
crédit avec plusieurs promoteurs et demandeur de crédit. Ces
échanges ont été très riches et d'un vif
intérêt pour notre thème.
- Nous avons également parcouru le rapport du forum
sur le développement de la microfinance, notamment dans le cadre et les
stratégies de développement des services de microfinance. Cet
ouvrage nous a été d'une aide particulière dans nos
recherches car il traite principalement et exclusivement du
développement des services de microfinance.
- L'accès à la documentation à l'ACEP
Sénégal nous à permit de consulter les divers documents et
informations de l'institution et d'avoir des éclaircissements sur divers
points de leur structure.
Cependant nous n'avons pas eu accès aux informations
traitant directement de la situation financière de l'ACEP notamment les
comptes de résultats, les bilans des différents bureaux et chef
de régions.
Section 2 : Méthodologie de recherche
Il s'agira au cours de cette section d'énoncer notre
méthode de recherche. Il faudra déterminer ici, le cadre de
l'étude, délimiter son champ et mettre en place des techniques
d'investigation.
Paragraphe 1 : le cadre de l'étude
Notre étude porte essentiellement sur le financement
des microentreprises, ainsi que de l'impact du financement des
microentreprises, notamment le cas de L'ACEP Sénégal.
Au Sénégal, les microentreprises constituent un
des secteurs les plus importants du tissu économique du fait de la
propension à créer des emplois et par conséquent à
générer des revenus substantiels facteurs de croissance. La
nécessité de financer le secteur des microentreprises est devenue
primordial dans son l'économie. Les banques qui financent des sommes
importantes à certaines grandes entreprises, sont par contre
réticentes par rapport au financement des microentreprises. Cependant il
faut noter que les services financiers au niveau des banques ne sont pas
très accessibles et sont très risqués, d'où
l'intervention des institutions de microfinance qui favorisent l'accès
aux services financiers de proximité à court terme avec des
garanties moindres. L'octroi de crédit aux microentreprises par les IMF
contribue ainsi au développement des activités
économiques, ce qui par conséquent à un impact sur le
secteur des microentreprises.
Paragraphe 2 : Délimitation du champ de
l'étude
Notre étude sera orientée sur les
procédures d'octroi de crédit aux microentreprises et sur
l'impact du financement par les IMF sur les microentreprises.
Nous présenterons et analyserons l'environnement dans
lequel les microentreprises évoluent ; Nous analyserons
également l'émergence de la microfinance. Nous identifierons les
procédures de financement des micros entreprises par les institutions de
microfinance dans les conditions d'octroi de crédit et les
financements à court moyen et long terme (cas de l'ACEP). Enfin,
nous analyserons l'impact de la microfinance dans nos économies,
notamment sur les petites firmes, les entreprises personnelles ayant pour but
principal la survie de la famille ou étant le gagne pain quotidien des
ménages à faible revenu et les micros artisans.
Paragraphe 3 : Techniques d'investigation
La nécessité de réunir des informations dans
le cadre de la réalisation et la rédaction de notre
mémoire nous a permis de recourir à plusieurs méthodes de
recherche. Dont on peut citer :
- l'étude documentaire qui nous a permis de consulter une
série d'ouvrages, de mémoires, d'articles et de revues tous
relatifs au financement des microentreprises ;
- la participation aux entretiens du chef de département
de crédit de la CAPPED avec les promoteurs et les demandeurs de
crédits.
- les imprégnations professionnelles avec les cadres de la
BCEAO, de l'ACEP, de la CAPPED qui ont abouti au traitement d'un cas
pratique.
- l'étude réalisée grâce aux divers
rapports de demandes de crédits des membres de l'ACEP ayant
bénéficié de crédit.
Grâce à ces entretiens nous avons pu recueillir
d'importantes informations pour la réalisation de ce mémoire. La
consultation des archives de l'ACEP, la consultation des mémoires et de
plusieurs documents de travail, ainsi que les recherches dans les sites
internet ont été très enrichissantes.
2eme PARTIE :
CADRE CONCEPTUEL ET ORGANISATIONNEL
CHAPITRE I :
CADRE CONCEPTUEL
Ce chapitre est consacré à la
présentation et l'analyse des microentreprises ainsi qu'à
l'émergence de la microfinance.
Section 1 : Présentation et analyse des
microentreprises
Il s'agira dans cette section d'analyser le secteur des
microentreprises, les caractéristiques et leur accès au
financement.
Paragraphe 1 : Analyse du secteur des
microentreprises
Bien que le rôle et l'impact économique des Micro
entreprises notamment en matière d'emploi, soient aujourd'hui admis par
tous, il semble toutefois bien difficile de les définir de façon
précise ; Il n'existe aucune définition officielle du
terme « micro entreprise ».
Il regroupe les très petites entreprises, les petites
entreprises et les moyennes entreprises.
La commission européenne a pris une recommandation (6
mai 2003 - 2003/361/CE) pour notamment définir les micros
entreprise comme des entreprises qui emploient au moins 50 personnes et dont le
chiffre
d'affaire annuel ou le total du bilan n'excède pas 10 millions
d'euros. La recommandation précise que l'effectif correspond au nombre
d'unités de travail par année, c'est-à-dire au nombre de
personnes ayant travaillé dans l'entreprise considérée ou
pour le compte de cette entreprise à temps plein pendant toute
l'année considérée. les petites et moyennes entreprises
sont donc définies comme des
entreprises dont
la taille, indiquée à partir du nombre d'employés, du
bilan ou du
chiffre
d'affaires, ne dépasse pas certaines limites qui
diffèrent d'un pays à un autre selon les dispositions et les lois
en vigueurs. Les micros entreprises sont presque exclusivement des entreprises
individuelles, elles sont très présentes dans les
pays
émergents.
Notons que les définitions varient d'un pays à
un autre.
C'est ainsi qu'en France par exemple, on distingue les
très
petites entreprises (TPE) de moins de 10 salariés, les petites
et les moyennes entreprises (PME) de 10 à 250 salariés, les
entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises
(GE) dont l'effectif dépasse les
5 000 salariés[] ; au Canada, une "petite ou
moyenne entreprise" (PME) ne doit généralement pas employer plus
de 500 personnes, ne pas avoir un actif supérieur à 25 millions
de dollars et ne doit pas être détenue à plus de 25 %
de son capital par une entreprise de plus grande importance. En Amérique
Latine par exemple, l'entreprise moyenne comprend généralement
plus de dix employés, la micro-entreprise emploie quant à elle, 5
travailleurs.
Au Sénégal, selon la charte des PME, le concept
de PME englobe la Petite Entreprise (PE) et la Micro Entreprise (ME). Leur
effectif est compris entre un (1) et vingt (20) employé.
Paragraphe 2 : Caractéristiques des
microentreprises
Les micros entreprises ont des caractéristiques
spécifiques ; elles sont généralement de petites
tailles. La gestion au sein des micros entreprises est centralisée et
personnalisée autour du propriétaire dirigeant. Leur
stratégie est intuitive et très peu formalisée.
Dans les pays développés, les moyennes
entreprises sont constituées de manière formelle, elles
travaillent avec davantage de technologie, de moyens et de ce fait, ont dans la
plupart des cas un accès au crédit bancaire. En Afrique, les
micros entreprises par contre sont normalement privée de tout
accès au système de crédit formel ; elles disposent
de peu de technologie et agissent de manière semi-formelle ou
informelle.
Au Sénégal, les microentreprises s'apparentent
plus au secteur dit "informel" ou non réglementé car elles sont
définies comme des petites activités économiques
menées en marge du système légal (hors de la
législation du travail, de la fiscalité, du droit des
sociétés) et en marge du système monétaire. Elles
relèvent ici d'une culture et d'une conception différente
fiées d'avantage à la subsistance qu'à l'accumulation de
capital.
Cependant, ont constate que dans un réseau
régional, elles ont une forte proximité des acteurs et leur
système d'information qu'il soit interne ou externe est simple, car
basé sur les contacts directs. Ce qui leur permet d'innover afin de
s'adapter rapidement sur le marché.
On note aussi par ailleurs, au niveau de leur administration
une proximité entre le dirigeant et les employés. Le recours aux
formalités écrites n'est pas primordial, du fait de l'importance
de l'ajustement mutuel. Leur structure administrative est plate car il existe
très peu de hiérarchie en leur sein.
Les petites et moyennes entreprise ou micro entreprises
s'organisent en réseau et se structurent entre elles pour une meilleure
répartition des taches notamment dans la recherche, la production, la
commercialisation etc. ces mécanismes favorisent les entreprises de
grandes tailles par leur économies d'échelle c'est-à-dire
leur capacité de production et leurs économies de champ
(notoriété et diversification).
La Petite Entreprise est caractérisée par :
- la tenue d'une comptabilité allégée ou
de trésorerie certifiée par la structure de gestion
agréée (SGA) selon le SYSCOA ;
- un chiffre d'affaires annuel hors taxe n'atteignant pas les
limites suivantes prévues dans le cadre de l'impôt soit : 50
millions de francs CFA pour les Petites Entreprises qui effectuent des
opérations de livraisons de biens ; 25 millions pour les
entreprises qui effectuent des opérations de prestations de
services ; 50 millions pour les entreprises qui effectuent des
opérations mixtes telles que définies par les textes relatifs
à l'impôt.
Cependant la qualité de PME est attribuée sur
demande expresse de l'entreprise, si elle répond aux conditions
relatives à sa classification. Cette qualité est attribuée
pour une durée de cinq (5) ans et peut être retirée
à l'entreprise après constatation de non-respect des engagements
ou en cas de fraude avérée.
Les PME étant à des niveaux de
développement et d'activités différents, on peut les
classer en trois catégories :
- Catégorie 1 : celles qui sont en
création dans des créneaux porteurs mais dont les promoteurs
n'ont pas à proprement parler d'expérience antérieure.
- Catégorie 2 : celles qui existent mais sont de
plus petite taille et qui reposent sur un savoir-faire de leurs promoteurs mais
dont le potentiel de croissance est relativement limité.
- Catégorie 3 : celles qui sont en
développement et qui ont déjà atteint un niveau
d'activités plus important avec des perspectives de
développement, une vision claire des dirigeants, etc.
Paragraphe 3 : Accès au financement
Le fonctionnement des micros entreprises requiert la pratique
d'un métier exigeant une certaine technicité et produisant des
biens ou services (à l'exception donc de la revente de produits sans
transformation ou des activités de survie).Les micro entreprises
exercent donc soit une activité commerciale, soit une activité
non commerciale.
Le financement des micros entreprises provient
généralement de leurs fonds propres, des prêteurs
traditionnels, des institutions financières et très rarement des
banques. En raison de leurs spécificités évoquées
précédemment, elles n'ont malheureusement pas toujours la
possibilité d'accéder à ces différents financement
car, le niveau de leur fonds propres est en général faible du
fait de la modicité des moyens financiers de leurs propriétaires,
des taux directeurs pratiqués par les prêteurs traditionnels qui
sont le plus souvent trop élevés (taux mensuels de 20 ,50 voire
100%) et des financements bancaires qui s'appuient sur l'existence
d'éléments comptables fiables ;que bien évidement les
PME n'ont généralement pas.
D'après la classification élucidée
précédemment, nous pouvons constater que les PME susceptibles de
trouver des appuis financiers auprès des banques sont celles en
développement (catégorie 3) et il y en a peu dans ce cas.
Les PME de la catégorie 2 n'intéressent
généralement pas les banques et ne sont pas attrayantes pour les
investisseurs en capital-risque. Elles pourraient trouver des appuis
auprès de certaines IMF notamment les principaux réseaux, sous
réserve que ceux-ci bénéficient de ressources longues sous
forme de prêts auprès des banques ou des fonds
d'investissement.
Quant aux PME de la catégorie 1, elles sont plus
risquées pour les banques et pour les IMF. Elles ne peuvent trouver un
financement qu'à travers des mécanismes innovants du type de
capital-risque. Et même dans ce cas, il s'agira seulement de celles ayant
le plus grand potentiel de croissance. Mais le capital-risque n'est
intéressant pour les investisseurs que, si l'activité est
hautement rentable à moyen terme, si la fiscalité est incitative
et s'il existe une porte de sortie en cas de besoin.
Afin de palier au manque d'accès aux crédits
bancaires, l'État sénégalais met en oeuvre, avec l'aide
des bailleurs de fonds des dispositifs censés aider les PME. Ces
mécanismes permettent d'inciter les banques ou les institutions
financières à financer les PME.
Le graphique ci dessous illustre ainsi le pourcentage
d'accès de certains pays africains, membres de l'UEMOA aux services
financiers proposés par les institutions de micro finance.
Figure 1 : graphique illustrant l'accès aux
services financiers dans certains pays de l'UEMOA
*source : Données de la Conférence de la
banque mondiale sur l'accès au financement 2007
Section 2 : Emergence des institutions de
microfinance
Cette section sur l'émergence des institutions de
microfinance porte sur l'historique et la typologie des institutions de
microfinance, leur intérêt au plan international, leurs
caractéristiques, leur environnement légal et modes de
financement, ainsi que sur l'analyse de secteur des institutions de
microfinance au Sénégal.
Paragraphe 1 : Historique et typologie
A- Historique
L'histoire de la micro finance remonte à plusieurs
décennies, notamment dans les années 1960.
Dans les années antérieures déjà,
dans la moitié du 19e siècle, l'octroi des
crédits subventionnés était effectué la plupart du
temps par des non spécialistes. Ces crédits subventionnés
se caractérisaient en gros par l'importance accordée au
remboursement, à la fixation d'un taux d'intérêt couvrant
le coût de la prestation du crédit et au ciblage de groupes de
clients n'ayant le plus souvent pour seule autre source de crédit que
l'informel.
A partir des années 80 la micro finance a
véritablement commencé à se développer, bien que
les premières expérimentations remontent à une dizaine
d'année plus tôt, au Bangladesh en particulier (Grameen Bank) et
dans quelques autres pays.
Cependant, il est intéressant de noter que de grandes
banques, encore présentes aujourd'hui, telles que Raiffeisen en
Allemagne, les banques populaires, la Rabobank néerlandaise ou le
Crédit Agricole étaient ancrées dans le mouvement
coopératif rural qui avait été lancé par l'Allemand
W.F. Raiffeisen et s'est propagé rapidement dans toute l'Europe de
l'Ouest à la fin du 19e siècle.
En Afrique, les pratiques de la micro finance sont encore plus
anciennes, surtout celles qui relèvent de la collecte et de la petite
épargne. La microfinance à pris de l'ampleur avec
l'émergence des ONG et associations dans les années 80. Les
populations s'organisaient en associations villageoises, tontines, gardes
monnaies ou banques ambulantes. Les pratiques étaient informelles, et
concernaient surtout l'épargne et le crédit.
Au sein du secteur financier, les institutions de micro
finance englobent aujourd'hui une grande variété
d'organisations, diverses par leur taille, leur degré de structuration
et leur statut juridique (ONG, association, mutuelle/coopérative
d'épargne et de crédit, société anonyme, banque,
établissement financier etc.). Elles sont selon les pays, soit
réglementées, soit supervisées par des autorités
monétaires ou d'autres entités, pouvant collecter
l'épargne de leur clientèle et celle du grand public.
En Afrique de l'ouest précisément au
Sénégal les institutions de micro finance sont supervisées
par la BCEAO, les structures ministérielles logées au niveau du
ministère des finances ainsi que par les commissions bancaires de
l'UEMOA.
Le terme d'institution de micro finance (IMF) recouvre
différentes définitions. Certains le comprennent dans un sens
plus strict, d'autres l'utilisent pour parler d'organisations et de
méthodes de travail très différentes.
Au sens large, une institution de micro finance peut
être définie comme une organisation qui offre des services
financiers à des personnes à revenus modestes qui n'ont pas
accès, ou qui ont difficilement accès au secteur financier
formel. L'image que l'on se fait le plus souvent d'une institution de micro
finance est celle d'une ONG « financière », une organisation
totalement et presque exclusivement dédiée à l'offre de
services financiers de proximité visant à assurer l'auto
promotion économique et sociale des populations à faibles
revenus. Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la
micro finance se confond avec le microcrédit. Elle désigne les
dispositifs permettant d'offrir de très petits crédits
«microcrédit » à des familles très pauvres pour
les aider à conduire des activités productives ou
génératrices de revenus leur permettant ainsi de
développer leurs microentreprises. Avec le temps et le
développement de ce secteur particulier de la finance partout dans le
monde, y compris dans les pays développés, la micro finance s'est
élargie pour inclure désormais une gamme de services plus large
(crédit, épargne, assurance, transfert d'argent etc.) et une
clientèle plus étendue également. Dans ce sens, la micro
finance ne se limite plus aujourd'hui à l'octroi de microcrédit
aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de produits
financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier
classique ou formel.
Ainsi, le terme d'institution de micro finance (IMF) est
devenu courant pour designer tous les types d'institution officielles ou semi-
officielles qui proposent des services de micro finance.
Au Sénégal, selon la loi PARMEC , loi
régissant les institutions mutualistes et coopératives
d'épargne et de crédit, sont considérée comme
institution mutualiste ou coopérative d'épargne et de
crédit, un groupement de personnes, doté de la
personnalité morale, sans but lucratif et à capital variable,
fondé sur les principes d'union, de solidarité et d'entraide
mutuelle et ayant principalement pour objet de collecter l'épargne de
ses membres et de leur consentir du crédit. Les IMF sont des
institutions mises en place par un Etat, une organisation non gouvernementale
(ONG) ou des bailleurs de fonds en vue de participer à la promotion et
à la croissance de l'initiative privée.
Ces institutions ont pour rôle d'attribuer des
crédits à court terme à des particuliers (ménages)
ou à des PME. Elles permettent de palier la difficulté
liée à l'accès aux banques qui en général,
sont très formalistes et possèdent des procédures plus ou
moins longues, tout ceci est couronné par une étude de
crédibilité de fond en comble du dossier objet de la demande de
crédit.
Notons cependant que depuis un certain temps, on assiste
à un phénomène qui consiste à monter des
institutions ou des groupements de micro finance destinés uniquement au
financement et au soutien de l'entreprenariat féminin d'où un
élargissement du catalogue des IMF du Sénégal.
B- Typologie
La typologie des institutions de micro finance est définie
suivant leur mode d'intervention et leur forme juridique. Cela permet de
distinguer :
1) Le courant coopératif
Comme l'indique le terme
« coopératif », ce courant a cherché à
mettre en place ou à renforcer des organisations populaires où
les micros entrepreneurs étaient à la fois épargnants et
emprunteurs du système. Sa spécificité est de vouloir
construire des institutions à partir de leurs
bénéficiaires, c'est en cela qu'on y retrouve un
côté coopératif plus affirmé. Il est
nécessaire de devenir membre de ces institutions pour pouvoir
bénéficier de leurs services. Ce principe de
propriété le différencie des autres courants.
Certaines coopératives proposent entre autres
prestations du crédit à leurs membres. De plus, il arrive qu'un
groupe forme une union de crédit, généralement dans le but
de gérer l'épargne et de fournir du crédit à leurs
membres. Les unions de crédit sont à but non lucratif
appartenant et contrôlé par les membres ; elles incitent
toujours leurs membres à ouvrir des comptes d'épargne parce que
c'est leur principale source de capital.
Les unions de crédits dépendent
généralement d'un organe suprême central qui encourage les
caisses primaires de crédit mutuel et qui offre une formation tout en
un.
Ce type de coopérative a été
développé en Allemagne dans la seconde moitié du 19e
siècle et a mené également aux banques
coopératives.
De la sorte, Les banques coopératives fournissent des
micros prêts à leurs membres, mais peuvent aussi proposer des
prêts plus importants et d'autres services financiers ; elles
travaillent généralement depuis leurs bureaux et les membres s'y
rendent pour obtenir des prêts et effectuer leurs
remboursements. Toutefois, certaines d'entre elles envoient leur personnel
directement chez les clients.
Les banques coopératives n'ont pas recours à des
groupes de solidarité. Il faut en général trouver
quelqu'un qui apporte une Co-garantie ; ce dernier doit être membre
de la même banque et partager la responsabilité d'un prêt.
Les banques coopératives sont implantées aussi
bien en zone rurale qu'urbaine.
2) Les sociétés de micro
crédit
Ce sont des sociétés non régies par la
loi qui sont engagées dans des activités de microfinance. Il est
illustré par les banques conventionnelles situées en zone rurale
qui, contrairement aux institutions du premier courant sont des banques
privées à vocation commerciale orientée vers la micro
finance pour des raisons de stratégies propres.
Elles appartiennent à une famille ou à un groupe
de gens ayant investi leur capital dans cette affaire et prêtent à
toute personne vivant dans la communauté qu'elles couvrent. De plus,
elles demandent des cautions. Ce courant a consisté à transformer
une banque existante ou une partie de cette banque de manière à
la spécialiser en direction des micros entrepreneur.
3) Les ONG de développement et autres organismes
intermédiaires de microfinance à but non
lucratif
Le troisième a mis sur pied des organisations non
gouvernementales (ONG) ayant pour vocation de réaliser
elles-mêmes l'intermédiation financière. Elles ont
clairement ouvert la voie au développement de la micro finance ;
Poursuivant des objectifs sociaux, en plus de la micro finance, elles sont
souvent dépendantes des bailleurs de fonds, surtout en ce qui concerne
les plus petites organisations non gouvernementales dont beaucoup ont
été lancées avec l'appui de ces derniers. Leurs structures
de gestion sont inadaptées pour l'assurance de responsabilités
fiduciaires, puisque les membres des conseils d'administration ne
représentent pas, du point de vue des finances, les actionnaires ou les
membres fondateurs.
Ainsi on a vu, la création d'organisations non
gouvernementales de micro financement qui, après s'être
procuré des fonds, soit au travers de donations soit au travers
d'emprunts, octroyaient elles-mêmes des crédits aux
micro-entrepreneurs. Mais, dans ce dernier cas, l'accent a surtout
été mis sur l'octroi de crédit et la collecte de
l'épargne étant généralement interdite aux
organisations non gouvernementales.
La plupart des institutions de micro finance sont issues du
monde des ONG en raison de leur forte orientation en ce qui concerne le
développement.
L'essentiel de leurs programmes et de leurs projets, vise
à soutenir les personnes défavorisées des zones où
elles opèrent.
En tant qu'institutions de micro finance, elles peuvent
fournir les capitaux nécessaires pour améliorer
productivité et autosuffisance des populations pauvres, et changer ainsi
la vie de ces dernières.
Ces ONG se sont donc, transformées en IMF (institution
de micro finance) car elles avaient pour ambition de ne pas se contenter de
fournir une éducation informelle aux plus pauvres, mais aussi celle de
sensibiliser leurs groupes cibles.
Les moyens par lesquels ont été mises en place
des activités de Micro finance sont extrêmement variés et
il n'existe pas de modèle unique qui serait parvenu à s'imposer
comme la référence incontournable. Et comme l'a si bien
signifié Marc LABIE : « En termes
opérationnels, il ne nous semble pas vraiment possible de
privilégier tel ou tel modèle car, dans les faits, il y a des
exemples de succès et d'échecs dans chacun d'entre
eux ».
Paragraphe 2 : Intérêt au plan
International
Le groupe consultatif d'assistance aux plus pauvre (CGAP), est
un consortium de plusieurs bailleurs de fonds engagés dans le
développement de la micro finance ayant pour rôle d'éditer
des règles comptables afin de renforcer les institutions de micro
finance. Il constitue également une importante initiative visant
à atteindre les objectifs de développement du millénaire.
Comportant 31 agences de développement publiques et privées, le
CGAP oeuvre pour accroître l'accès aux services financiers
destinés aux plus pauvres, à la micro finance. Ce consortium
envisage donc un monde ou les plus pauvres et les gagnes petits des pays en
développement ne sont pas considérés comme des marginaux,
mais plutôt comme des clients centraux et légitimes des
systèmes financiers de leur pays respectifs. Afin de réaliser
cette vision, des principes fondamentaux des institutions de micro finance
basés sur des consultations d'une décennie avec ses membres et
d'autres parties prenantes ont été
élaborées :
· Les populations pauvres ont besoin de divers services
financiers autres que les prêts ; en plus de l'accès au
crédit, elles veulent des services d'épargne, d'assurance et de
transfert d'argent.
· La micro finance implique la mise en place de
système financiers au service des plus pauvres. Elle n'atteindra son
plein potentiel que lorsqu'elle sera intégrée dans le
système financier classique des pays.
· La micro finance peut s'opérer de façon
autonome et indépendante. Pour y arriver, elle doit atteindre un grand
nombre de populations pauvres. A moins de pratiquer des tarifs suffisants, les
institutions de micro finances seront toujours limités par la
rareté et l'incertitude des subventions des gouvernements et des
bailleurs de fonds.
· Le microcrédit ne constitue pas toujours la
bonne réponse. d'autres formes d'appui peuvent mieux marcher pour les
populations si démunies qu'elles n'ont point de revenus ou de moyens de
remboursement.
· Les plafonds des taux d'intérêt affectent
les plus pauvres en rendant encore plus difficiles leur accès aux
crédits. Le fait d'accorder de petits prêts coute plus cher que de
n'accorder qu'un petit nombre de crédits importants. Les plafonds des
taux d'intérêts empêchent les institutions de micro finance
de couvrir leur frais et, du coup privent les plus pauvres de l'accès au
crédit.
· Le rôle du gouvernement est de donner des moyens
d'action aux services financiers et non de les financer directement. Les
gouvernements ne peuvent presque jamais faire du bon travail en accordant des
prêts, mais ils peuvent créer un environnement de politiques
favorable.
· La micro finance fonctionne mieux lorsqu'elle mesure et
relève sa performance. La publication de rapport contribue non seulement
à aider les parties prenantes à évaluer les coûts et
avantages, mais elle améliore également les performances. Les
institutions de micro finance doivent présenter des rapports
précis et comparatifs sur les performances financières (les
remboursements de prêts et taux de recouvrement) et aussi les
performances sociales (niveau de pauvreté des clients servis).
Les principes ainsi établis soulignent que c'est
l'accès à la micro finance et non le coût qui doit
être pris en compte dans la conception et la mise en oeuvre d'une
stratégie d'allégement de la pauvreté. Cette
stratégie doit viser à assurer la durabilité à
travers un déplacement d'une approche caritative tributaire des
contributions des bailleurs de fonds vers une approche commerciale mettant
l'accent sur l'efficacité et la transparence. Ils soulignent aussi
l'exclusivité et l'intégration de la micro finance dans les
systèmes financiers formels.
Selon les objectifs de développement du
millénaire (OMD) qui se déclinent en huit buts à atteindre
d'ici l'an 2015 afin de relever les principaux défis de
développement à l'échelle planétaire, la mise en
place des institutions de micro finance peuvent contribuer au
développement d'activités génératrices de revenu
pour les pauvres.
Ayant pour rôle d'attribuer des crédits à
court terme à des particuliers (ménages) ou à des petites
et moyennes entreprises (PME) ; certaines IMF ne cherchent que le profit
dans les micros crédits ; mais leurs activités peuvent tout
aussi bien contribuer à l'éradication de la pauvreté.
En termes d'impact, on peut dire qu'elles répondent aux
besoins réels des populations dans l'octroi des crédits aux
particuliers et aux micros entreprises.
Au cours de ces quinze dernières années, les IMF
se sont imposées comme étant un sous secteur du système
financier dont elles contribuent à l'élargissement de la
portée et à la diversification des services ; leur enjeu
majeur étant de palier les insuffisances du secteur bancaire pour
permettre le développement économique et social de l'ensemble de
la population.
Paragraphe 3 : Caractéristiques et
Environnement légal des IMF
A- Caractéristiques
Les gouvernements et les bailleurs de fonds accordent une
très grande importance à la micro finance parce qu'elle constitue
un moyen durable et efficace de développement de l'économie. Au
Sénégal, comme dans de nombreux pays de l'UEMOA, la mise en place
des projets d'appui de la micro finance s'est d'abord opérée de
manière désordonnée à l'initiative des bailleurs de
fonds sans grande concertation. Ce n'est que lorsque ce phénomène
a commencé à prendre de l'ampleur que les autorités
administratives ont perçu la nécessite de mettre en oeuvre des
règles pour formaliser le secteur et de se doter d'une véritable
politique adéquate à la micro finance. Ces règles ont
consisté à :
· fixer des objectifs concernant le cadre et les
règles d'institutionnalisation des IMF ;
· définir des priorités par secteur,
produit, catégorie sociale ;
· organiser des complémentarités entre IMF
de différentes catégories et entre celles-ci et les
banques ;
· organiser une concertation permanente des bailleurs de
fonds dans le secteur.
Au cours de ces dernières années, la micro
finance a émergé et s'est imposée comme un sous secteur du
système financier dont elle contribue à l'élargissement de
la portée et à la diversification des services.
En effet, on observe une multitude de structures de micro
finance qui sont soit portées par le concept de lutte contre la
pauvreté, soit en réaction ou en accompagnement parfois
endogène du processus de libéralisation de l'économie et
de restructuration du système financier. La croissance exponentielle de
l'activité des institutions les mieux structurées montrent en
termes d'impact qu'elles répondent à un réel besoin des
populations. Cette croissance s'accompagne d'une diversification des services
financiers et des marchés (rural/urbain, crédit aux particuliers
et aux micros entreprises, crédit allant du très court terme
à parfois deux ou trois ans).
Précisons que l'enjeu majeur du secteur de la micro
finance est de palier les insuffisances du secteur bancaire pour permettre le
développement économique et social de l'ensemble de la
population. Ce compartiment a connu une forte croissance au cours de ces quinze
dernières années. Le développement rapide de ce secteur
s'est accompagné d'une régulation et d'un soutien
impératif. Au Sénégal, les autorités publiques ont
élaboré la loi PARMEC qui est en vigueur dans les pays de l'UEMOA
régissant la création et le fonctionnement des IMF. En termes de
soutien, la plupart des partenaires de développement (bailleurs de
fonds) se sont impliqués dans le soutien financier et l'appui technique
afin de favoriser le développement des structures de financement de
proximité qui seuls sont en mesure de fournir des services financiers
aux groupes vulnérables.
Les institutions de micro finance présentent de grandes
variations dans les instruments et mécanismes de fonctionnement .elles
utilisent les financements de groupe visant à alléger la
pauvreté sous toutes ses formes; et servent de par leur objectifs, aussi
bien le progrès économique, que social au sein des
sociétés.
Cependant, elles ont aussi besoin d'assurer leur
pérennité. Afin de faire face à cette dualité
d'objectifs, les IMF doivent trouver leur propre équilibre.
De plus en plus d'IMF proposent de nouveaux produits, de
l'épargne flexible, des crédits plus longs, des micros assurance
plus adaptés à leurs dépenses ; Les clients fideles
accèdent à des prêts de plus en plus importants, ce qui
entraine une augmentation du volume des crédits et donc des revenus
d'intérêts, qui croissent plus vite que les charges des
institutions.
Les fournisseurs de micro finance que sont ces institutions
doivent innover pour apporter une solution à un grand nombre de
problèmes financiers ; toute fois la bonne approche au
développement des produits est celle qui adopte une conception globale
de la micro finance en tant que produit répondant aux besoins de
financement, d'épargne et d'investissement, d'assurance, de mandat et
d'autre services.
Certaines Institutions financières optent pour le
programme de garantie de crédits qui leur permet de partager les risques
liés aux crédits avec les banques ou encore la
sécurisation ; qui est une opération de sécurisation
de créances renouvelables découlant de microcrédit
accordés à des personnes à faible revenus, essentiellement
dans les communautés rurales non couvertes par les banques
commerciales. Cette pratique permet aux institutions de diversifier leurs
sources de financement, de réduire leurs biens figurant au bilan et
aussi de débourser plus de fonds à un plus grand nombre de micro
entrepreneurs.
Même si la grande majorité des IMF est
aujourd'hui déficitaire, certaines dégagent déjà
des bénéfices par l'octroi de ces différents
crédits ; En grandissant, elles réalisent alors des
économies d'échelle et pérennisent ainsi leur
activité. (Selon le rapport du forum organisé par le conseil
islamique des services financiers en 2007.)
B- Environnement légal des IMF
1) Environnement légal des IMF
Le cadre réglementaire régissant
l'activité des Institutions de microfinance (IMF) au
Sénégal est structuré autour de la loi 95-03 portant
réglementation des institutions mutualistes d'Epargne et de
Crédit.
Cette loi découle de l'intégration au corpus
juridique national d'une Loi - Cadre du système de l'UMOA, la loi PARMEC
ou « Projet d'Appui à la Réglementation des Mutuelles
d'Épargne et de Crédit ».
Les principaux objectifs de cette loi sont :
· la protection des déposants,
· la sécurité des opérations,
· la recherche d'autonomie financière des
structures financières décentralisées (SFD),
· l'intégration de la finance informelle dans le
cadre légal.
Ce cadre légal a été
complété par des dispositions réglementaires que
sont :
· Le Décret d'application de la loi n°
97-1106 du 11 Novembre 1997.
· La Convention - Cadre pour les structures non
mutualistes.
· Les Instructions de la BCEAO relatives aux normes et
règles de gestion des structures financières
décentralisées.
Toutefois, ce cadre légal ne régit que les
structures à forme mutualiste. Il laisse alors le choix aux
intéressés entre :
· la forme mutualiste ou non avec le statut de signataire
de convention-cadre.
· l'adoption d'un cadre légal ou non avec la
reconnaissance des groupements d'épargne et de crédit.
Le cadre juridique s'adresse en premier lieu aux institutions
mutualistes d'épargne et de crédit qui se trouvent placées
sous tutelle du ministère des finances. L'obtention de l'agrément
leur confère la personnalité morale en contrepartie duquel elles
sont tenues de communiquer un ensemble d'information et de se soumettre au
contrôle et aux règles prudentielles des autorités. Les
institutions de type non mutualistes sont régies par une convention
signée avec le ministère des Finances d'une durée de 5
ans, renouvelable.
Ainsi, les activités bancaires au Sénégal
sont exercées par des établissements dotés d'une autonomie
financière (de moyens financiers suffisants), de structures
opérationnelles et de contrôles adéquats et
adaptées, des compétences avérées pour une
meilleure gestion.
Les établissements bancaires et financiers sont
considérés comme des entreprises qui sont jugées par
rapport à leur capacité à rentabiliser leurs actifs,
à atteindre leur autosuffisance opérationnelle et
financière, à renforcer leurs fonds propres et à
accroître leurs activités, à travers une gestion saine
respectueuse des normes, réglementation et procédures en la
matière.
Les exigences des établissements bancaires par rapport
aux formalités à remplir et surtout aux sûretés
exigées avant la mise en place des crédits les éloignent
de la clientèle pauvre, ce qui a donné naissance à la
formalisation d'autres systèmes de financement intermédiaires
sous forme mutualiste ou coopérative d'épargne et de
crédit. Afin de réglementer de telle pratique d'une part, et
surtout de les uniformiser d'autre part, des efforts de formalisation ont
été entamés dès 1992 pour aboutir à
l'élaboration et au vote le 08 Août 1997 de la loi N° 97- 027
portant réglementation des institutions mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit (PARMEC). Cette
nouvelle disposition s'applique aux institutions de micro finance.
La loi dispose en ses articles 5, 6 et 7 que toutes les
institutions non mutualistes ou coopératives ayant pour objet la
collecte de l'épargne et/ou l'octroi de crédit doivent signer
avec le ministère chargé des finances une convention cadre pour
une durée maximum de cinq (5) ans renouvelable. L'ACEP est dans cette
rubrique en plus d'autres institutions de micro finance de la place. Cette loi
détermine les conditions d'exercice des activités, les
modalités de reconnaissance de ces structures ou organisations, les
règles de leur fonctionnement et les modalités de leur
contrôle.
Ce faisant, elle les soustrait du champ d'application de la
loi bancaire. Il faut signaler que l'initiative de cette loi relève
également du souci des autorités monétaires de l'UEMOA
d'uniformiser les pratiques en matière de coopératives
d'épargne et de crédit dans l'union.
2) Modes de financement
Selon le ministère des petites et moyennes entreprises,
de l'entreprenariat féminin et de la microfinance au
Sénégal, les financements sont octroyés à travers
les mutuelles d'épargne et de crédit signataire de la convention
cadre avec le FIMF. Les différentes pièces à fournir pour
le financement des mutuelles d'épargne et de crédit en
générale sont :
- Les trois derniers états financiers
- L'agrément
- La demande manuscrite
Le financement des institutions se fait selon les
différentes catégories d'IMF, dont on peut citer :
- Première catégorie : les IMF start-up ou
institutions naissantes
- Deuxième catégorie : les IMF qui tendent
vers l'autonomie opérationnelle
- Troisième catégorie : les IMF qui tendent
vers l'autosuffisance financière
- Quatrième catégorie : les IMF qui
s'achemine vers la reconnaissance des autorités régulatrice comme
institutions financières
- Cinquième catégorie : les IMF
régulées, autorisées à fonctionner comme une
banque.
Il existe principalement trois modes de financement des
institutions de microfinance qui sont : le refinancement des bailleurs de
fonds, les financements à taux bonifiés et les financements sur
le marché.
a) Les refinancements des bailleurs de fonds
Ces refinancements prennent globalement trois
formes à savoir : les subventions d'exploitation ou de
fonctionnement, les subventions d'équipement ou d'investissements et les
dotations en fonds de crédit. Les subventions d'exploitation ou de
fonctionnement permettent de couvrir les frais courants de fonctionnement de
l'institution.
Les subventions d'équipement ou d'investissement
servent à financer une immobilisation (équipement,
terrain,...)
Les dotations en fonds de crédit : ces fonds ne
représentent pas un refinancement mais constituent des emprunts à
des taux concessionnels ou nuls qui, le plus souvent, se transforment en
dons.
Ce type de financement est nécessaire aux deux
première catégories d'IMF telles
qu'énumérées ci-dessus.
En effet, compte tenu de leur mission originelle
« sociale », elles ne peuvent commencer leurs
activités sans un parrain qui leur assure un capital de démarrage
pour leurs opérations de crédit ainsi que des subventions de
fonctionnement.
De plus, à ce stade, leurs portefeuilles de
crédits sont trop faibles pour prétendre couvrir toutes les
charges d'exploitation. Il faut noter par ailleurs que ces financements
répondent plus à des objectifs socio politiques des bailleurs
qu'à une vision propre ou à une stratégie de
développement de l'institution. Beaucoup de bailleurs de fonds, en
particulier les banques de développement multilatérales, ne
peuvent travailler qu'avec des gouvernements, avec des prêts très
souples. Tandis que cet instrument pourrait être pertinent pour des
activités d'assistance traditionnelles comme la construction des routes,
d'hôpitaux, d'écoles, il est moins approprié pour appuyer
le système financier dans le domaine du secteur privé. Les
gouvernements ont souvent de mauvais antécédents en
matière de fourniture de services financiers. Comme l'affirme le CGAP,
de tels programmes sont souvent caractérisés par un manque de
responsabilité et déforment les marchés en
déplaçant les initiatives commerciales domestiques avec de
l'argent bon marché ou gratuit.
b) Les financements à taux
bonifiés
Encore appelés prêts subventionnés, ces
financements sont consentis à des conditions
préférentielles (taux d'intérêt
généralement inférieur à celui du marché)
par les bailleurs de fonds, des fonds privés d'investissement en micro
finance ou des investisseurs sociaux sur la base d'un contrat de prêt ou
d'un accord contractuel. Les caractéristiques de ces prêts sont
les suivantes :
· L'existence d'une période de grâce ou d'un
différé.
· La durée de remboursement est à moyen ou
à long terme.
· Les taux d'intérêt s'étalent de 0%
à un taux inférieur au taux du marché.
· Non exigibilité d'une garantie
matérielle.
De tels financements ont pour objet de permettre aux IMF de
grandir et de poursuivre leur croissance. Ce type de financement semble
très important pour les de la deuxième et de la troisième
catégorie et en partie celles de la quatrième étant
donné qu'à ce stade encore, ces institutions ne sont pas
forcément attractives pour les acteurs du marché. Elles ont donc
besoin d'un partenaire qui comprenne leurs besoins compte tenu de la nature et
de la spécificité de leurs activités. Cela leur permet
aussi de réduire le coût de leurs ressources.
c) Les financements sur le
marché
Ils revêtent plusieurs formes.
- L'épargne des membres :
Il s'agit très souvent de la constitution par les
membres de l'IMF d'une épargne préalable à l'obtention du
crédit. Les institutions y accordent une place de choix car elle sert
à couvrir une partie de leurs besoins de refinancement. Une autre forme
d'épargne des membres consiste en la constitution d'un fonds de
garantie. C'est une épargne obligatoire constituée par tous les
clients ou membres de l'institution et qui est répartie sur les
différents remboursements programmés du client. Ce type de
financement est en général utilisé par toutes les
catégories d'IMF, une partie de ces fonds pouvant être
assimilée à des ressources plus ou moins longues au regard de la
stabilité du portefeuille de crédit.
- L'épargne publique :
Il s'agit de fonds investis sur des comptes de
dépôts à vue de l'IMF remboursables au client sur demande.
Contrairement à l'épargne sus citée qui se limite
uniquement aux membres ou clients de l'IMF, ce type de dépôt est
ouvert au public. Il permet de disposer de ressources à moindre
coût pour le financement des activités de crédit. Cette
forme de financement peut être utilisée seulement par les IMF de
la 5eme catégorie car l'affectation des dépôts du public
aux emplois en crédits est réservée aux banques et
réglementée par les autorités monétaires.
- Les emprunts commerciaux
Ce sont des fonds que l'IMF a reçu par le biais d'un
contrat de prêt ou de tout autre accord contractuel fixant un taux
d'intérêt en vigueur sur le marché.
Généralement accordés par les banques commerciales, ils
comprennent les prêts, les lignes de crédits et les
facilités de trésorerie. Ce type de financement st accessible
généralement aux IMF, à partir de la
4ème catégorie car elles ont atteint un stade
d'autosuffisance financière et peuvent s permettre de lever des fonds
aux conditions du marché.
- Les emprunts sur le marché financier
Il s'agit essentiellement du financement par émission
obligataire ou par l'ouverture aux fonds propres à travers les actions,
il faut noter que ce type de financement est utilisé exclusivement par
les IMF de la 5ème catégorie qui peuvent fonctionner
comme des banques dans la zone UEMOA.
En effet l'utilisation des instruments du marché
financier est vouée à certaines contraintes d'ordre
réglementaire et prudentiel qui ne sont pas pour le moment accessibles
par les autres catégories d'IMF à moins qu'elles créent
leurs propres organes financiers.
Figure 2 : mode de financement des IMF par les
organismes donateurs
* Source : Nous même
1 : subventions et prêts accordés par les
organismes donateurs.
2 : Appui stratégique apportés par les
membres de la CGAP.
3 : placements en action et garanties effectués
par les bailleurs de fonds publics.
4 : assistance technique apportée par les
organismes donateur afin de soutenir le travail des réseaux et des
associations.
5 : créance assimilables à un titre de
participation émissent par les organes donateurs.
6 : financement des institutions de micro finance par les
organismes donateurs qui sont les membres donateurs de la CGAP, les bailleurs
de fonds, les organisations internationales comme le PNUD (programme des
nations unies pour le développement) afin de renforcer leur
capacités financières.
7 : octroi de crédit aux petites et moyennes
entreprises par les IMF dans le cadre de la réduction de la
pauvreté.
8 : accès des institutions de micro finance aux
marchés financiers intérieurs facilité par les
financements reçus des organismes donateurs.
Figure 3: Refinancement des institutions de micro
finance
* Source : Nous même
3) Les politiques de crédit
Les IMF sont des intermédiaires financiers soumis
à la réglementation de l'état ou à celle des
banques centrales mais elles ne sont pas des banques. Elles consacrent 50% ou
plus de leur actif circulant à des services de micro finance et leur
clientèle est composée pour la plupart de très petits
entrepreneurs n'ayant que de faibles revenus.
Cependant on rencontre plusieurs catégories ou types
d'organisation intervenant dans le secteur de la micro finance. De part cette
diversité il en ressort différentes politique de crédit
qui varient selon l'activité et les but visés par ces structures.
Elles octroient des crédits à des fins essentiellement
économiques et n'octroient pas des crédits à la
consommation.
Le mot « crédit » vient du latin
« credere » qui veut dire faire confiance. On peut ainsi
définir le crédit comme étant un appui financier
sollicité par une personne physique ou morale pour le renforcement de
ses activités. Toute personne donc étant membre d'une
institution financière a le droit de solliciter un crédit ou un
prêt tout en respectant les conditions définies par l'institution
pour la réalisation de ces cycles d'activités.
Les crédits sont ainsi octroyés suivant les
procédures établies par les organes d'exécution
respectifs. Le mode de remboursement est fixé par l'étude. Les
remboursements sont effectués de façon hebdomadaire ou mensuelle,
selon le tableau d'amortissement ou l'échéancier.
La nouvelle ère des multiples opérations
bancaires utilise les taux d'intérêt comme référence
pour fixer les taux de crédit bail et d'autres
instruments financiers. On constate que les plafonds de taux
d'intérêts portent atteinte indirectement aux pauvres en rendant
les petits services de transactions financiers sans attraits aux ONG car les
taux sont trop élevés. La suppression de tout plafond ou limite
au niveau des taux d'intérêts que les institutions peuvent
prélever sur les prêts à pour but, dans certain pays de
l'union économique de l'union monétaire ouest africaine (UMOA) de
protéger les consommateurs contre les préteurs sans scrupules et
les taux d'intérêts élevés.
Ces IMF octroient donc , des volumes de prêts, des
durées et des taux d'intérêt qui prennent
généralement en compte : le souci de faire accéder les
petites et moyennes entreprises (PME) au crédit, de les amener à
accroître leurs activités au fur et à mesure qu'elles
obtiennent de nouveaux crédits et le souci de prendre en compte toutes
leurs catégories de besoins tant social ,qu'économique mais
aussi leur propre souci de viabilité et de pérennité
financière.
Paragraphe 4 : Analyse du secteur de la microfinance
au Sénégal
Au cours de la période 1993-2003 le secteur de la
microfinance a considérablement évolué. D'après les
données de la direction des Systèmes Financiers
décentralisés de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (DSFD/BCEAO), on note plusieurs évolutions
dans le secteur, notamment :
- le nombre d'institution a été multiplié
par 6 et a pu atteindre 620 au 31/12/2003 ;
- le nombre de point de service (caisses de base, agences et
bureaux...) est passé de 1136 à 2597 ;
- le nombre de clients/membres servis par ces institutions qui
était de moins de 313 000 en 1993 a atteint 4 millions en déc.
2003 ;
- les dépôts collectés passent de 12,8
milliards FCFA en 1994 à 204,7 milliards FCFA à fin 2003 ;
- les prêts octroyés par ces institutions ont
été multipliés par 10 au cours de la période
considérée passant de 19,4 milliards à 200 milliards
FCFA ;
- des crédits en souffrance atteignent 8% de l'encours
au 31/12/2003.
IMF touchent plus du quart des familles
sénégalaises. Le nombre de clients des SFD a été
estimé à 510 833 en décembre 2003 (Source : cellule
AT/CPEC). Le secteur de la Microfinance contribue à la lutte contre la
pauvreté par les emplois directs créés : 1 365 personnes
travaillant dans les SFD en 2001 contre 793 en 2000.
Le marché du secteur des microentreprises est
dominé par les 7 réseaux suivants :
1. Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production
(ACEP) ;
2. Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) ;
3. Union des Mutuelles du Partenariat pour la
Mobilisation de l'Epargne et le Crédit au Sénégal ;
4. Réseau des Caisses d'Epargne et de Crédit des
Femmes de Dakar (RECEC / FD) ;
5. Réseau des Mutuelles d'Epargne et de Crédit
de l'Unacois (REMECU)
6. Union des Mutuelles d'Epargne et de Crédit (UMEC)
;
7. Union des Mutuelles d'Epargne et de Crédit de
l'Unacois (UMECU).
Tableau 1 : Résultats financiers du secteur
en 2004
Intitulés
|
Montants en milliards de FCFA
|
volume de crédit
|
57,8
|
encours de crédit
|
37,2
|
encours de dépôts
|
42,1
|
créances en souffrance
|
1
|
*Données : Ministère des PME, de
l'entreprenariat féminin et de la microfinance Lettre de politique
sectorielle, Stratégie et plan d'action 2005-2010, décembre 2004,
page 16
CHAPITRE II :
CADRE ORGANISATIONNEL
Ce chapitre est consacré à la présentation
organisationnelle de l'ACEP Sénégal, de ses activités et
conditions d'accès aux crédits.
Section 1 : Présentation organisationnelle
de l'ACEP Sénégal
La première section de ce chapitre porte sur l'historique
de l'ACEP, son organisation et ses politiques de crédit.
Paragraphe 1 : Historique
L'ACEP (Agence de Crédit pour l'Entreprise
Privée) créée en 1986, était à l'origine, un
projet financé par l'USAID (United States Agency for International
Development) avait deux objectifs :
- Octroyer du crédit microentreprises
sénégalaises qui n'ont pas accès au financement bancaire
formel afin de financer leurs besoins en fonds de roulement et en
investissements.
- Faire de l'ACEP d'ici fin 1993, terme prévu du
projet, une institution financière autonome et pérenne qui
réponde aux besoins des petites entreprises au Sénégal.
Au démarrage du projet, l'ACEP se limite à 2
régions du bassin arachidier (Kaolack et Fatick). Il s'agit alors d'un
projet d'appui aux ONG et Organisations du milieu rural. En 1990, l'ACEP
transfère son siège à Dakar et étend son
réseau à 4 autres régions (Dakar, Thiès, Diourbel
et Louga). En 1992, le gouvernement sénégalais apporte son
soutien financier d'environs (444 millions F.CFA) pour l'extension du
réseau de l'ACEP au sud et à l'est. Le 29 mai 1993, elle obtient
son agrément à titre de Caisse Mutuelle d'Epargne et de
Crédit et porte désormais le nom de "Alliance de Crédit et
d'Epargne pour la Production".
Aujourd'hui, l'ACEP bénéficie d'une couverture
géographique très importante. La plupart des bureaux de l'ACEP
financent des entreprises dans un rayon de 100 km facilitant ainsi
l'accès au crédit des populations rurales.
Paragraphe 2 : Organisation
L'organisation de l'ACEP est une organisation à trois
niveaux. Au départ, l'ACEP était gérée par une ONG
américaine (NTF-New Transcentury Foundation). L'USAID et le
Comité National des Projets siégeaient alors au Conseil
d'Administration. Le directeur était un expatrié, le reste du
personnel étant sénégalais. A côté du
Siège social basé à Dakar et des agences régionales
(Kaolack, Ziguinchor, Kolda, et Saint Louis), il existe des bureaux satellites
rattachés soit au Siège, soit aux agences régionales. Ces
bureaux satellites sont dirigés par des Agents de crédit
communément appelés Chefs de bureaux qui
constituent le premier niveau du système. Ces derniers, sont
responsables de la gestion du portefeuille de l'ACEP. Ils étudient les
prêts, contrôlent l'investissement et assurent le suivi des
remboursements. Les Chefs régionaux sont eux
mêmes responsables de la supervision des différents bureaux
implantés dans leur région. Les décisions sur les
prêts sont prises au sein du Comité de crédit qui se
réunit une fois par mois dans chaque région. Ce dernier regroupe
le directeur, les chefs de région et de bureaux. L'ACEP ne fournit pas
de conseils ni d'assistance technique aux entreprises. Toutefois, elle
entretient des relations étroites avec les institutions et projets qui
fournissent ces services et les clients peuvent au besoin s'y
référer.
L'ACEP est géré par un organe de décision
suprême composé du directeur général, secondé
par le directeur général adjoint, aidé dans leur tache par
les services d'un secrétariat. Les organes exécutifs sont
constitués des différentes directions départementales dont
on peut citer :
· Le département d'audit et d'inspection
générale
· Le département de finance et de
comptabilité
· Le département d'études et
développement
· Le département des affaires juridiques
· Le département informatique
· Le département de contrôle et de
gestion
· Le département de réseau et PME
· Le département de ressources humaines et des
moyens généraux
Notons que le département réseau et PME est
constitué des chefs de bureaux, qui sont des agents de crédit ce
sont :
· Les chargés des PME
· Les chefs de régions
· Les chargés des opérations
Figure 4 : organigramme de l'ACEP
Les clients de ACEP sont appelés membres
sociétaires, ils sont propriétaires de l'institution et
bénéficiaires des services de celle-ci conformément aux
droits que leurs confère la législation sur les mutuelle
d'épargne et de crédit. Ils exercent aussi leurs pouvoirs
à travers l'assemblée générale des membres, qui
élit leurs représentants au sein des organes d'administration, de
gestion et de contrôle
Dans ses missions, l'ACEP s'engage à servir sa
clientèle cible traditionnelle composée de salariés, de
paysans, d'artisans, d'éleveurs, de maraîcher, d'agriculteur, de
commerçant, d'entrepreneur etc. ; dans ses conditions de
qualité en leur offrant des produits et services adaptés à
leurs besoins et d'une grande souplesse. Elle s'efforce également de
faire partager, l'intégrité, comme valeur fondamentale
intégrée dans ses opérations aussi bien à son
personnel qu'a ses membres. Les assemblées générales sont,
pour leur part, le lieu où les membres peuvent porter à la
connaissance des dirigeants de l'institution tous leurs désirs,
préférences et besoins en matière de produits et de
qualité de services. Ainsi, toute personne (physique ou morale)
remplissant les conditions d'adhésion à l'Alliance de
Crédit et d'Epargne pour la Production peut être membre de la
mutuelle d'épargne et de crédit. Ces conditions sont les
suivantes :
· Etre ressortissant de l'un des pays membres de
l'UEMOA
· Avoir sa résidence habituelle au
Sénégal
· Exercer une activité économique, ou un
emploi (salarié)
Depuis sa création, l'ACEP bénéficie de
partenariat avec plusieurs structures étatiques ou non, ainsi que divers
appui financiers qui lui permettent de réaliser ses objectifs. Ce
sont :
AFD : A apporté un appui financier à l'ACEP
sous forme de subvention en fonds propres dans le cadre du projet PAME. Sur le
plan institutionnel, elle a financé la participation de certains cadres
aux séminaires du CEFEB en France.
ACDI/DID : En 1994, l'ACEP a bénéficié
de l'assistance technique de l'opérateur Canadien Desjardins (DID) pour
se transformer en Structure mutuelle d'épargne et de crédit et
répondre ainsi aux normes communautaires fixées par la BCEAO et
relatives aux institutions financières mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit de l'UEMOA. Dans cette
optique, l'ACEP avait lancé sur le marché en décembre
1994, deux produits d'épargne: "Epargne-Projet" et
"Epargne-Entrepreneur".
KFW : Dans le cadre du projet « emploi des jeunes en
milieu urbain », l'ACEP a bénéficié en 2005 d'un
important prêt à taux concessionnel pour le financement de sa
clientèle PME. Cet emprunt a permis de développer le portefeuille
de prêt moyen et long terme du guichet dédié à ce
segment de marché.
CGAP : L'ACEP a bénéficié en 1997
d'un appui financier sous forme de subvention d'exploitation. Cet appui a
été d'un apport important au tout début de son
institutionnalisation.
FENU : Le financement des groupements féminins
dans les régions de Diourbel et Tamba a été possible
grâce à un appui du FENU. Par ailleurs, dans le cadre de son
programme de microfinance à Kédougou (PMK), le FENU, en
partenariat avec l'ACEP, a permis le financement des populations des
communautés rurales de Kédougou qui jusque là n'avaient
pas accès aux services financiers.
LES BANQUES COMMERCIALES : Depuis
l'institutionnalisation intervenue en 1993, l'essentiel des ressources externes
proviennent des banques commerciales de la place. Ces financements au taux du
marché deviennent de plus en plus consistants.
Paragraphe 3 : Politique de crédit
La politique de crédit de l'ACEP met l'accent sur le
suivi des crédits. Bien que les entreprises de tous les secteurs
économiques soient éligibles, le financement ACEP est
généralement limité aux entreprises existantes et
détenues par des nationaux, qui désirent se moderniser,
se développer, ou qui introduisent une nouvelle technologie ou un
nouveau produit d'intérêt pour le Sénégal.
1.a.1) L'instruction et l'approbation des demandes de
crédit:
Tout demandeur de crédit doit nécessairement
s'adresser au bureau satellite de la zone dont il dépend. L'agent de
crédit établit dans la mesure du possible des tableaux financiers
et comptables mais la plupart du temps, en l'absence de comptabilité
fiable, une approche plus pragmatique est adoptée. L'appréciation
est alors faite à partir d'autres éléments tels que la
moralité du client, son environnement économique, sociologique et
culturel. Une fois l'examen terminé, les dossiers de crédit sont
soumis aux superviseurs de crédit ou chefs de régions. Une
seconde visite est alors effectuée pour vérifier l'exactitude des
informations recueillies. En ce qui concerne les garanties liées aux
crédits, elles peuvent être soit réelles, soit
personnelles, le montant du prêt ne pouvant dépasser 75% du
montant des garanties constituées. Une fois complété et
après avis favorable du chef de région, le dossier est transmis
au Comité de Crédit pour approbation. La décision finale
relève exclusivement du Comite de Crédit qui approuve à
l'unanimité des voix exprimées. La mise à disposition
des fonds se fait alors très rapidement. Entre l'introduction d'une
demande de crédit et le financement, la durée maximale est de un
mois. Par ailleurs dès 1990, l'ACEP a décidé de ne
permettre aucun rééchelonnement de crédit.
1.a.2) Les conditions du crédit :
L'ACEP limite ses financements à des prêts de
court terme d'une durée maximale de 20 mois. Les taux
d'intérêt servis sont alignés sur ceux des banques. Ils
sont aujourd'hui de 16% par an avec un différé de paiement de 45
jours. Le plafond des prêts est fixé à 5 millions ECFA (50
000 FF). Au niveau des garanties hypothécaires fournies, l'ACEP accepte
les promesses d'hypothèques très simples et peu coûteuses
par rapport aux hypothèques fermes. Elle accepte ainsi les nantissements
de matériel ou de véhicules. Les entrepreneurs peuvent
également fournir l'aval de salariés ou de personnes aux assises
financières satisfaisantes. Dans le domaine agricole, les groupements
peuvent accéder au financement ACEP en proposant leur caution solidaire.
Quant aux femmes en particulier, elles ont aussi la possibilité de
fournir en gage des bijoux. Tous ces aménagements reflètent la
volonté de l'ACEP de s'adapter au mieux aux conditions du marché
des MPE.
1.a.3) Le suivi du crédit:
Il constitue en général le point
névralgique de beaucoup de systèmes qui rencontrent alors des
dérapages importants (détournements de l'objet du crédit,
retards de paiements, non remboursements). Consciente de ces risques, l'ACEP a
instauré plusieurs outils pour éviter les incidents de paiements.
Suivi des investissements : Les chefs de bureaux ont l'obligation de dresser
une fiche de suivi des investissements dans le mois qui suit le financement.
ils ont alors la possibilité de dénoncer le contrat d'ouverture
de crédit en cas de non réalisation des investissements
prévus. Gestion des paiements en retard : Les paiements doivent
s'effectuer le 1er de chaque mois. En cas de non paiement et au
delà du délai de grâce de 5 mois, des
pénalités de retard sont perçues équivalentes
à 2% du montant de l'impayé plus une somme forfaitaire de 3 000
F.CFA (30 FF). Un état des impayés est
régulièrement établi et une équipe de recouvrement
rend alors visite à tous les clients défectueux afin de
connaître exactement les motifs du retard et d'évaluer la
véritable santé financière des entreprises. Ces visites
permettent même parfois de recouvrer les arriérés de
paiement, le débiteur ne désirant pas voir sa réputation
se ternir. En dépit de cela et pour les clients récalcitrants,
les règles de l'ACEP prévoient le transfert du dossier au
contentieux après trois traites impayées, mais il peut
s'effectuer parfois dès la première traite si l'ACEP le juge
nécessaire. Recouvrement des crédits contentieux : Le contentieux
est suivi par le Service Juridique qui recherche si possible un
règlement à l'amiable en s'adressant par exemple aux personnes
s'étant portées caution. S'il échoue, le dossier est alors
transmis à un avocat qui réalisera les garanties. Cette solution
n'est cependant choisie qu'en dernier ressort puisqu'elle peut entraîner
la fermeture de l'entreprise. Par ailleurs, elle s'avère coûteuse,
complexe et parfois vaine compte tenu d'un environnement juridique et
légal peu favorable.
Section 2 : Activités et Conditions
d'accès aux crédits
La deuxième section de ce chapitre porte sur
l'activité de l'ACEP, notamment sur les différents crédits
proposés ainsi que les différentes conditions d'accès
à ces crédits.
Paragraphe 1 : Activités de l'ACEP
La majorité des clients de l'ACEP évolue dans le
secteur « informel », qui est constitué de personnes
très dynamiques, mais ayant peu ou pas de formation académique
bien que parfois, lettrés en arabe pour la plupart. Les clients
interviennent dans plusieurs domaines d'activité notamment ;
l'artisanat, la production de biens et de service, la menuiserie
(métallique et bois), la pêche, l'agriculture, l'aviculture,
le maraîchage, la petite industrie, le commerce et l'immobilier. L'ACEP
offre diverses formes de produits financiers : le crédit aux TPE et
PME, le transfert d'argent, l'épargne, le crédit conso et
habitat.
Depuis 2005, la clientèle de l'ACEP qui est
segmentée en deux grandes catégories : Les clients TPE
(très petites entreprises) : qui représentent 80% du
portefeuille de crédit et les clients PME (petites et moyennes
entreprises) qui en représentent 20%.Pour éviter
d'éventuel risques de fraude et garantir un fonctionnement normal de
l'institution, les conditions financières d'octroi de crédit
varie selon le montant du crédit sollicité, d'une forme de
crédit à une autre.
Crédit TPE : c'est un
crédit, qui a pour but de fournir aux entrepreneurs et aux
commerçants exerçant leur activité principale
au Sénégal, un produit de crédit pour leurs
besoins généraux. Ce produit s'adresse aussi aux hommes, femmes
et aux groupements de femmes qui tiennent des activités d'auto
emplois ; et d'accompagner les membres des mutuelles ACEP dont les besoins
de crédit sont inférieurs à 15 millions dans le
développement et l'extension de leur activité. Les remboursements
de ces crédits se font généralement de façon
mensuelle, mais ils peuvent être modulés selon l'activité
du demandeur. Le crédit TPE est constitué de trois (3)
différents sous produits : les crédits aux
commerçants et aux entrepreneurs, les crédits de campagne, les
prêts aux groupements et organisations villageoise.
Crédit PME : C'est un
crédit qui a pour but de fournir aux entrepreneurs exerçant leur
activité principale au Sénégal un produit
de crédit pour leur besoin d'investissement, de financement en fonds de
roulement, leurs besoins urgents (faire face à leurs décalages de
trésorerie) et d'assurer le suivi des membres actuels des mutuelles ACEP
dont les besoins de crédits sont supérieurs à 15 millions.
Les remboursements, comme pour les crédits TPE se font
généralement de façon mensuelle mais peuvent être
modulés selon l'activité. L'ACEP, par le biais du crédit
PME met à la disposition de ses membres différents produits de
crédits récapitulés dans le tableau ci-dessous :
Tableau 2 : Récapitulatif des
différents produits de crédit PME octroyé par
l'ACEP
Crédits PME
|
Investissements
|
Fonds de roulement
|
Trésorerie
|
Cibles
|
Entrepreneur exerçant leur activité principale au
Sénégal
|
Entrepreneur exerçant leur activité principale au
Sénégal
|
petites et moyennes entreprises exerçant leur
activité principale au Sénégal
|
Conditions d'accessibilité
|
Avoir soldé au moins un prêt TPE
Avoir un besoin supérieur à 15 millions pour le
premier prêt PME
Disposer d'une solide expérience dans le domaine
d'activité concerné
|
Avoir soldé au moins un prêt TPE
Avoir un besoin supérieur à 15 millions pour le
premier prêt PME
Disposer d'une solide expérience dans le domaine
d'activité concerné
|
Avoir soldé au moins un prêt PME ou disposer d'un
prêt PME en cours
Avoir un besoin inférieur à 15 millions
Disposer d'une solide expérience dans le domaine
d'activité concerné
|
Particularités
|
Accompagner les membres actuels des mutuelles ACEP dont les
besoins de crédit sont supérieurs à 15 millions
|
possibilité de cumuler ce prêt avec un crédit
investissement ou de trésorerie
|
Accompagner les membres du guichet PME ACEP dont les besoins de
liquidités sont inférieurs à 15 millions
|
Source : nous même
L'ACEP octroi également des crédits
Conso et Habitat : ce sont des crédits personnels,
consenti aux membres afin de financer leurs besoins en bien
d'équipements (mobiliers de maison, équipements
électroménagers, véhicules, etc.) ; de
rénovation, aménagements, extension d'habitat ; ou sociaux
(mariages, baptêmes, décès etc.) L'avantage de ce type de
crédit est qu'il offre la possibilité d'obtenir un prêt
sans obligation de domicilier son salaire.
Paragraphe 2 : Conditions d'accès aux
crédits
Toute activité donc, génératrice de
revenus et légale au regard des lois et règlements est
éligible au crédit ACEP. C'est à dire que les financements
de l'ACEP couvrent tous les secteurs d'activité. Les conditions
d'accessibilités aux différents crédits sont les
suivantes :
· Etre membre d'ACEP et disposer d'un compte courant
· Ne pas disposer d'un prêt professionnel
(TPE/PME) en cours
· Avoir un besoin inférieur à 5
000 000 FCFA
· Etre de bonne moralité
(antécédents de crédit irréprochable au niveau de
l'ACEP).
Dans le souci de faciliter et de promouvoir la
réalisation de ces d'activités à l'intérieur de sa
structure et dans les rapports avec ses membres, ainsi qu'une transparence
s'appliquant au management et à l'information financière,
plusieurs conditions de bases doivent être scrupuleusement
respectées ; elles varient, elles aussi selon les type de
crédits. Il faut donc :
Pour les TPE :
· Avoir libéré la part sociale et les
droits d'adhésion
· Avoir une expérience minimale dans un secteur
d'activité
· Disposer de garanties réelles ou personnelles
Pour les PME :
· Avoir soldé au moins un prêt TPE
· Avoir un besoin supérieur à 15 millions
pour le premier prêt PME
· Avoir soldé au moins un prêt PME ou
disposer d'un prêt PME en cours
· Disposer d'une solide expérience dans le domaine
d'activité concerné
Cependant, des garanties sont retenues pour chaque type de
crédit spécifique, malgré les particularités de
chacun des produits de crédits.
Pour les crédits TPE et PME, les garanties sont
fonction de la connaissance de l'entrepreneur et du niveau de risque
jugée par ACEP. En cas de renouvellement du crédit, les
mouvements du compte courant des membres seront un critère
d'appréciation. Les plus usuelles sont : hypothèques,
nantissement de véhicule ou d'équipements, gages, aval, etc.
Pour les crédits Conso et Habitat, les garanties
retenues sont beaucoup plus souples car le crédit est disponible
immédiatement: cession volontaire de salaire à la source
visé par le juge et l'employeur, domiciliation de salaire, gages,
bijoux.
3eme PARTIE :
ANALYSE DE L'IMPACT DU FINANCEMENT ET VERIFICATIONS DES
HYPOTHESES
CHAPITRE I :
ANALYSE DE L'IMPACT DU FINANCEMENT
Ce chapitre est consacré à l'analyse de l'impact du
financement des microentreprises par les institutions de microfinance,
notamment sur l'énonciation des procédures de financements des
microentreprises par l'ACEP ainsi que de l'impact de son financement sur les
microentreprises.
Section 1 : Procédures de financement des
microentreprises par l'ACEP Sénégal
Dans cette première section il est question de
présenter les procédures de financement des microentreprises par
l'ACEP lorsque toutes les conditions prédéfinies sont
respectées et bien réunies.
Toutes les conditions d'octroi de crédit
énoncé précédemment étant toutes ainsi
réunies, le membre sollicitant un crédit devra se conformer
à la procédure d'octroi de crédit qui est la
suivante :
1- Lieux de présentation : encore
appelé autorité de décision d'octroi il
désigne l'organe ou la structure auprès de laquelle le membre
devra introduire sa demande de crédit ; selon le montant de son
crédit. Le membre devra introduire sa demande de
crédit auprès de la mutuelle d'épargne et de
crédit ACEP de sa région (bureaux satellites). Les
éléments constitutifs du dossier sont : l'élaboration
d'une étude de faisabilité du projet la demande de garantie,
remplie par le bénéficiaire.
2- Réception de la demande de crédit
: elle se fait les agents de crédits qui sont également
les chefs de bureaux qui enregistrent la demande et lui attribut un
numéro à partir du registre des demandes et attributions
(numéro courrier arrivée) ; ils étudient la demande
de prêts, d'investissement etc. La transmet au directeur des MEC
(mutuelles d'épargne et de crédit) qui sont les chefs de
région pour l'instruction; effectuent la notification auprès du
membre et assurent le suivi des remboursements.
3- Instruction de la demande : elle est
effectuée par le directeur des MEC (mutuelles d'épargne et de
crédit) ou le chef de région. Ce dernier analyse la demande et
étudie sa faisabilité ; effectue les entretient avec le
membre ; analyse le compte épargne ; effectue les visites du
projet et de la micro entreprise ; rédige la fiche d'instruction et
transmet la décision par le comité de crédit.
4- Evaluation et authenticité
des garanties : elle est effectuée par le chef de
région, il analyse les garanties proposées dans le dossier,
identifie d'autre formes de garanties existante, rédige des fiches de
garanties pour la préparation du comité de crédit.
5- Compétence de crédit :
elle est effectuée par le directeur des MEC qui convoquent le
comité de crédit une fois par mois. Il transmet les dossiers
composés des fiches d'instructions, rapport d'évaluation des
garanties et demande manuscrite aux membres du comité de crédit.
La tenue du comité de crédit se déroule par l'avis de
chaque membre sur chaque dossier abordé et
délibération ; consignation dans le registre des
procès verbaux ; remise du procès verbal au directeur et
signature de tous les membres présents.
6- Notification de la décision :
la notification est faite au demandeur par courrier après
rédaction de celui ci.
7- Déblocage et mise en
place : effectué par l'agent de crédit ou le chef
de bureau. Il reçoit le membre demandeur de crédit (promoteur)
muni de sa notification, lui explique les termes du contrat de prêt et
d'engagement, procèdent à la signature du contrat en trois
exemplaires un (1) jour avant le décaissement ; procèdent
à la remise des exemplaires (au promoteur, aux services de crédit
et à l'engagement) ; programme le décaissement et effectue
l'ouverture d'un dossier numéroté.
Section 2 : Impact du financement des
microentreprises par les institutions de micro finances
Cette section portera sur la présentation des
contraintes inhérentes au financement des microentreprises ainsi que sur
l'impact du financement des microentreprises par l'ACEP
Sénégal.
Paragraphe 1 : Contraintes inhérentes au
financement des microentreprises
Le secteur financier est composé des institutions
formelles régies par la loi bancaire, les institutions de microfinance
(IMF) régies par la loi n° 97-027 du 08 Août 1997 portant
réglementation des institutions mutualistes ou coopératives
d'épargne et de crédit appelée communément loi
PARMEC et du secteur financier informel.
Le financement des microentreprises reste un secteur encore
très peu desservi, malgré les initiatives mises en place par
l'Etat pour drainer des ressources financières importantes en direction
des microentreprises.
L'évolution récente du secteur financier, avec
l'émergence et le formidable développement au cours de ces quinze
(15) dernières années de nouveaux intermédiaires
financiers de proximité appelés systèmes financiers
décentralisés ou encore institutions de microfinance, a
déjà pris en charge une bonne partie des besoins des
Microentreprises. Ce sous-secteur financier pourrait ainsi constituer une
alternative, ou du moins un complément de poids, pour améliorer
les flux financiers en direction des microentreprises. C'est ainsi que des
objectifs ont été mis en place afin d'apprécier ce
potentiel ce sont : l'analyse des besoins des microentreprises,
l'inventaire des dispositifs d'appui au financement des microentreprises,
l'analyse des résultats obtenus, la présentation des forces et
faiblesses des IMF qui financent les microentreprises.
Les besoins financiers des micros entreprises sont
généralement de trois ordres : le financement de fonds de
roulement ordinaire, le financement d'avances sur marché et le
financement des équipements (matériel neuf ou d'occasion).
De manière générale, le secteur de la
micro entreprise constitue une des principales cibles du système
financier de proximité qui a développé des produits
adaptés à cette clientèle. C'est ainsi que les besoins de
financement des micros entreprises sont généralement assez
Bien satisfaits, à l'exception toutefois de certains
types de besoins tels que le financement des investissements dont la
durée et le montant sont parfois hors de portée des institutions
de microfinance.
Les micro entreprises pour leurs parts rencontrent des
besoins généralement similaires, à des niveaux plus
importants: un besoin de financer son implantation (investissement et fonds de
roulement de départ), un besoin de financer le développement de
l'activité, un besoin de financer le fonds de roulement ordinaire, un
besoin de financer des marchés spécifiques (par exemple la
réalisation de commandes importantes), et un besoin d'autres services
financiers tels que la caution sur marché, la caution d'avance de
démarrage.
Le niveau de ces besoins financiers est très variable,
mais ils sont généralement de trois types : les crédits
d'investissement, les crédits à court terme (crédit de
trésorerie), les engagements par signature (cautions).
Trois éléments apparaissent primordiaux au
niveau des contraintes du financement des micros entreprises: le système
d'information, la structure financière et les garanties. Le principal
élément est le manque de transparence dans la gestion.
En effet, les microentreprises ont généralement
un système d'information de gestion défaillant qui ne permet pas
aux structures de financement, notamment les banques, d'obtenir une information
financière exhaustive et fiable (absence de procédures claires et
d'états financiers). Cette absence de transparence et d'informations
fiables est source de risques pour les prêteurs.
L'autre élément déterminant est le niveau
des fonds propres, donc de capitalisation. C'est un élément
important dans la mesure où il indique le degré d'engagement des
propriétaires de l'entreprise.
Paragraphe 2 : Impact du financement des micros
entreprises par l'ACEP Sénégal.
De manière générale, la micro entreprise
sénégalaise est faiblement capitalisée. Compte tenu de
l'intérêt que les structures de financement attachent au niveau
des fonds propres ; leur faiblesse limite leur volonté d'apporter
leurs concours.
Face à l'insuffisance de fonds propres et au manque de
transparence financière, certaines structures de financement «
ferment les yeux », mais exigent d'importantes garanties, notamment
physiques, dont la plupart des micros entreprises ne disposent pas.
Grâce à son niveau de capitalisation
élevé, l'ACEP peut intervenir de façon efficace dans le
financement des micros entreprises ; comme l'indique aisément le
tableau ci- dessous :
Tableau 3 : l'ACEP Sénégal en
chiffre selon les indicateurs de 2007
INDICATEURS ACEP SENEGAL
Nombre de clients fin 2007
61 878
Nombre d'agences régionales
12
Nombre de bureaux satellites
23
Crédits octroyés 1992 à 2007 en
Milliards de FCFA
197,202
Nombre de crédits octroyés 1992 à
2007
109 415
Encours de crédits en fin 2007 en Milliards de
FCFA
24
Encours épargne en fin 2007 en Milliards de
FCFA
5,398
total des employés
185
Total agents de crédit
45
Total actif en fin 2006 en milliards de FCFA
25,327
Fonds propres fin 2006 en milliards de FCFA
15,590
Taux de capitalisation fin 2006
61,55%
*source : donnée de l'ACEP SENEGAL en 2007
L'impact de son financement est porté aussi bien sur
le plan économique, que social.
Sur le plan économique, notre étude a
porté sur les indicateurs suivants : revenu, niveau de vie et
niveau de l'épargne.
On a pu constater, qu'après l'octroi de prêt par
L'ACEP à certaines micros entreprises, un important changement a pu
être enregistré sur le revenu de leurs activités suite
à l'évolution de leur chiffre d'affaire. le développement
de leurs activités témoigne de l'importance de l'ACEP dans la
promotion des micros entreprises. Ainsi :
-55% de clients ayant contracté des prêts
à l'ACEP ont vu la valeur de leur revenu croître suite à
une augmentation significative du montant de leur chiffre d'affaire. Cette
augmentation significative est due au fait que l'activité qu'ils
exercent génère un revenu important et donc par conséquent
est rentable pour le gérant de la micro entreprise.
C'est le cas par exemple de madame FATOU GUEYE qui a
débuté ses activités en tenant une petite mercerie dans la
banlieue Dakaroise. Elle n'a ni fréquenté l'école
française ni subi une formation professionnelle et est devenue une
cliente de ACEP en 1993 avec un premier crédit de 300 000 FCFA. Ce
prêt fut bien géré et avait permis à Mme F.G.
d'accroître son chiffre d'affaire. Depuis lors, l'ACEP n'a
cessé de lui faire confiance en lui prêtant des montants de plus
en plus importants pour lui permettre de développer ses affaires. Son
actif est passé de moins de 1 000 000 en 93 à
5 000 000 FCFA en 2008.
-26% d'entre eux ont vu la valeur de leur revenu
régressé suite à une diminution du chiffre d'affaire.
Cette diminution est due soit à la rareté de leurs marchandises,
soit à la mévente de celle ci.
C'est le cas par exemple de Monsieur ASSANE DIALLO qui tient
une alimentation à la périphérie de Dakar, il a
contracté un crédit de 500 000 FCFA auprès de l'ACEP
en 2004. Cependant malgré la bonne gestion de son prêt, il a vu
son chiffre d'affaire diminué à cause de la mévente de ses
marchandises due à la flambée des prix sur le marché
entrainant une baisse du pouvoir d'achat des consommateurs. Son revenu a
considérablement régressé ; d'environ 200 000
FCFA par mois en 2004, il est passé à 100 000 FCFA voir
80 000 FCFA en 2008.
-18% des clients on vu leur revenu se stagner suite à
la stabilité de leur chiffre d'affaire ce qui signifie qu'il ya
maintient de l'équilibre du revenu qui n'a pas été
amélioré.
C'est le cas par exemple de Monsieur SEMOU FAYE qui est un
artisan tenant un atelier de fabrication et de transformation artisanale au
niveau de la corniche de Dakar, il est devenu membre de l'ACEP en 2003 et a pu
ainsi obtenir un prêt de 200 000 FCFA afin d'ouvrir son atelier. Il
a pu rembourser son premier crédit et s'est vu octroyer par la suite
d'autres prêts en vue d'améliorer son activité. Cependant
depuis 2007, le revenu de monsieur S.F. n'a pas été
amélioré car les produits finis ou semis fini qu'il propose
s'écoulent de plus en plus difficilement.
-1% des clients on vu leur revenu disparaître suite
à la disparition de leur chiffre d'affaire dû au vol de leurs
marchandises, ou d'autres catastrophes pouvant survenir.
C'est le cas par exemple de Madame ROCKAYA TRAORE qui tenait
une parfumerie dans une banlieue Dakaroise. Devenue membre, elle avait
contracté un prêt de 200 000 FCFA en 2006, après
être, auprès de l'ACEP. Elle avait bien géré son
prêt et respectait toujours les délais de remboursement. Au
courant du mois d'Août 2007, un incendie se déclara dans
l'arrière boutique de sa parfumerie. Madame R.T. perdu, cette nuit
là, toute sa marchandise, ainsi que son revenu, ce qui entraina par la
suite la disparition de son chiffre d'affaire
Un changement du niveau de vie à pu être
observé, il s'est exprimé par l'augmentation des biens
d'équipements, l'investissement ainsi que le niveau de l'épargne
chez les membres ayant contractés des prêts auprès de
l'ACEP.
En ce qui concerne les biens d'équipement ;
- 53% de membres, ayant bénéficiés de
crédit octroyés par l'ACEP ont connu une amélioration dans
leurs conditions de vie, par l'acquisition de bien d'équipement, qui
peuvent être de plusieurs types selon l'activité.
C'est le cas par exemple de monsieur MADY CISSE, qui est
menuisier ébéniste. Il à adhère à l'ACEP en
1996 et pu accéder à un premier crédit de 600 000 F
CFA pour acheter du matériel. Actuellement il a intégré le
guichet PME de l'ACEP. Il est l'un des meilleurs spécialistes du bois de
la place, comme le témoigne la qualité de ses oeuvres.
- 47% des membres, malgré le crédit
octroyé par l'ACEP, n'ont pas connu une amélioration de leurs
conditions de vie.
C'est le cas de monsieur Abdoulaye DIOUF, qui à
accéder à crédit de 200 000 F CFA auprès de l'ACEP
en 1999. Son crédit lui a permis d'acquérir des biens
d'équipement pour le remplacement des machines amorties de son atelier
de transformation alimentaire.
20% ont augmenté leurs niveaux de vie par la
réalisation d'un investissement car le bénéfice
réalisé à été investi dans l'acquisition
d'un terrain ou la construction d'une maison (achat du ciment, sable)
Pour les investissements ;
- 20% de membres ont augmenté leurs niveaux de vie par
la réalisation d'un investissement. Le bénéfice qu'ils ont
pu réaliser a été investi dans l'acquisition d'un terrain
ou dans la construction d'un logement (achat de matériaux etc.)
On peut citer par exemple le cas de madame Yacine SAMBA, qui a
adhérer à l'ACEP en 1995 et avec son premier crédit de
500 000 FCFA, elle a pu développement une activité rentable.
Ayant bien gérer son prêt, l'ACEP lui a permis d'améliorer
son chiffre d'affaire en lui octroyant d'avantage de crédit. De
500 000 F CFA en 1995 elle est passée à 8 000 000
F CFA en 2004. En 2005 avec la création du guichet PME destiné
aux clients de très grande envergure, elle a
bénéficié d'un prêt de 2 500 000CFA qui lui a
permis d'acquérir un terrain à la périphérie de
Dakar.
- 80% de membres n'ont pas réalisé
d'investissement et par conséquent n'ont pas amélioré leur
niveau de vie. Pour le cas de ces membres, les crédits ont surtout
permis pour solder leurs dettes au niveau de leur créanciers, ou pour
relancer leur activités qui étaient au plus bas.
Pour le développement des activités, les
changements se sont surtout manifestés par l'évolution du fond de
roulement au sein des micros entreprises.
- 87% de membres, ont pu développés ou
diversifiés leurs activités par l'augmentation de leur fond de
roulement.
C'est le cas par exemple de monsieur Ferdinand NIANG qui est
gérant d'une micro entreprise à Dakar exerçant dans le
secteur de la vente des fournitures informatiques. Monsieur A.N. à
adhérer à l'ACEP en 2001 et grâce au prêt de
2 200 000 F CFA octroyé par l'ACEP, il a pu diversifier ses
activités par l'ouverture d'un cyber café. Il a ainsi
enregistré, en 2006 un fond de roulement de 233 000 F CFA et en
2007 un fond de roulement de 300 000 F CFA, soit une variation positive
d'environ 30%.
- 2% des membres n'ont pas développés leurs
activités, car ils ont connu une réduction de leur fond de
roulement dû à une mauvaise gestion de ce dernier.
C'est le cas de Mansour DIEYE, qui est membre de l'ACEP depuis
1995 et qui a connu une régression de son chiffre par qu'il l'a
utilisé pour financer le voyage de ses 3 enfants à
l'étranger.
- 3% des membres n'ont pas développés leur
activités car ils ont connu une disparition du fond de roulement suite
aux vols ou à des troubles socio politiques.
C'est le cas Monsieur Abass DIONE, a adhérer a l'ACEP
depuis 2002, il a obtenu premier un prêt de 300 000 F CFA, et a pu
développer une activité dans la banlieue dakaroise. Monsieur A.D.
a connu une disparition de son fond roulement suite à un braquage dont
il a été victime.
Concernant le niveau de l'épargne, on a pu constater
que les bénéficiaires de crédits ont une motivation
prononcée pour l'épargne, en effet :
- 5% des membres bénéficiaires de
crédits ACEP ont constitué, après leurs prêts une
épargne d'au moins 200 000 F CFA
- 27% des membres ont constitué une épargne
comprise entre 100 000 F CFA et 150 000 F CFA.
- 36% des membres ont constitué une épargne
comprise entre 20 000 F CFA et 50 000 F CFA.
Cela montre clairement qu'une partie des surplus de revenu
réalisé par les bénéficiaires a été
orientée vers l'épargne. Mise à part de la pratique de
l'épargne obligatoire constituée au cours des remboursements,
certains bénéficiaires on eu une vive intention de
constitué une épargne, qui s'est manifestée par
l'ouverture de compte individuel. Cependant, 32% de membres n'ont pas
constitué une épargne afin de thésauriser leurs
revenus.
Sur la plan économique, le financement des micros
entreprises par l'ACEP a eu un réel impact sur les diverses
activités exercées par les bénéficiaires, car il a
permis pour la plupart leur autonomie économique.
Tableau 4 : récapitulatif de l'impact
économique selon les différents indicateurs
IndicateursRevenu par rapport au chiffre
d'affaire
Niveau de vie
Niveau de l'épargne
Pourcentage selon les situations
55%
Augmentation du revenu
Acquisition de biens d'équipement53%Augmentation du niveau
de vie
5%
Constitution d'épargne d'au moins
2 00 000 FCFA
47%Stagnation du niveau de vie
26%
Régression du revenu
Investissements
20%Augmentation du niveau de vie.
27%Constitution d'épargne entre
1 00 000 -1 50 000 FCFA80%Stagnation du niveau de vie
18%
Stagnation du revenu
Développement des activités
87%
Augmentation du fond de roulement
36%Constitution d'épargne entre 20 000 - 50 000 FCFA
1%
Disparition du revenu 2%Diminution du fond de roulement
32%
Aucune constitution d'épargne8%Stabilisation du fond de
roulement3%Disparition du fond de roulement*source : nous même selon
l'étude réalisée à l'aide des rapports des
membres
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Sur le plan social, l'impact à pu être
analysé selon les indicateurs suivants : la sécurité
sociale, la paix sociale et la gestion des activités.
Au niveau de la sécurité sociale, il a
été constaté que la plupart des membres de l'ACEP ayant
accéder aux crédits participent de façon évidement
aux dépenses familiales. Cependant cette participation est plus ou moins
élevée et varie d'un individu à un autre. Ainsi :
- 46% des bénéficiaires ont vu leurs
dépenses augmentées.
Cela suppose donc, que les revenus
générés par les activités exercées assurent
leur sécurité sociale qui est exprimée par une
augmentation ou une stabilité du régime alimentaire, une
assurance aux soins de santé et aux frais scolaires.
- 13% des bénéficiaires ont vu leurs
dépenses diminuées suites à la réduction de
certaines charges.
C'est le cas par exemple de Madame Virginie SANTOS, membre de
l'ACEP depuis 1997. Madame V.S. est devenue propriétaire d'un
appartement grâce au revenu généré par
l'activité qu'elle a pu développer suite à un
crédit de 1 500 000 F CFA. Elle a bien géré son
crédit et a constitué une épargne après l'octroi de
trois autres crédits plus important les uns des autres qu'elle a pu
rembourser.
- 41% des bénéficiaires ont vu leurs
dépenses se stabiliser, les charges supportées sont
restées inchangées.
C'est le cas par exemple de monsieur Babacar LY, qui à
adhérer a l'ACEP en 2003. Il a contracté un premier prêt de
500 000 FCFA pour des besoins de réaménagement de son
logement. Son prêt fut bien géré néanmoins ses
charges sont restées inchangées.
Au niveau de la paix sociale, l'impact du financement se
mesure par la situation d'indépendance auprès des
bénéficiaires ayant amélioré leurs conditions de
vie. Ainsi :
- 4% des bénéficiaires ont pu améliorer
leurs conditions de vie. Plusieurs membres de l'ACEP, sont passés du
statut de propriétaire, à celui de propriétaire.
- 47% des bénéficiaires ont vu leurs situations
se stabiliser, car bien qu'ils soient toujours locataire, leur revenu est
nettement suffisant pour supporter la charge d'un loyer.
- 47% des bénéficiaires n'ont pas connu une
réelle amélioration car, étant déjà
propriétaires, leur situation n'a pas changée.
Cependant des changements au niveau du comportement ont aussi
été notés chez certains bénéficiaires,
notamment dans le domaine de la gestion de leur activité.
- 30% des bénéficiaires, après avoir pu
accéder à un prêt, tiennent maintenant une
comptabilité sur un cahier pour mieux contrôler leurs
dépenses.
- 70% des bénéficiaires cependant ne tiennent
pas encore de comptabilité soit par leur faible niveau d'instruction,
soit par négligence.
Le financement des micros entreprises a eu un impact
significatif sur le plan social car il a permis l'insertion sociale des membres
bénéficiaires de crédits.
Tableau 5 : récapitulatif de l'impact
social selon les différents indicateurs
Indicateurs
|
Sécurité sociale par rapport aux
dépenses familiales
|
Paix sociale par rapport aux conditions de
vie
|
Gestion d'activité par rapport à la tenue
d'une comptabilité
|
Pourcentages selon les situations
|
46%
|
Augmentation des dépenses
|
4%
|
Améliorations des conditions de vie
|
30%
|
Tenue de comptabilité
|
13%
|
Diminution des dépenses
|
47%
|
Stabilisations des conditions de vie
|
70%
|
Non tenue de comptabilité
|
41%
|
Stabilisation des dépenses
|
47%
|
Stagnation des conditions de vie
|
*source : nous même selon l'étude
réalisée à l'aide des rapports des membres
CHAPITRE II :
VERIFICATIONS DES HYPOTHESES
Dans ce chapitre il est question d'effectuer la
vérification des hypothèses de recherche que nous avons
énumérées précédemment ainsi que donner
quelques axes de recommandations.
Section 1 : Vérification des
hypothèses de recherche
Apres l'analyse de l'impact et des résultats
observés, la première section de ce chapitre portera sur la
vérification des trois hypothèses que nous avons
énumérées précédemment.
-Hypothèse 1 : Les banques et les IMF doivent
concilier le respect des normes bancaires d'octroi de crédit
établies par la loi, avec le besoin de financement des microentreprises
en tenant compte du fait que plusieurs d'entre elles, sont dans
l'incapacité de respecter certaines dispositions prudentielles
réglementaires.
Nous avons pu vérifier cette hypothèse par les
éléments suivants :
· Le cadre réglementaire régissant
l'activité des institutions de microfinance au Sénégal.
· Le résumé de l'analyse des besoins de
financement des microentreprises.
· L'analyse des contraintes inhérentes au financement
des microentreprises.
-Hypothèse 2 : La répartition
géographique des banques et institutions de microfinance au
Sénégal, ne permet pas de couvrir toutes les microentreprises
installées sur le territoire sénégalais ayant un besoin de
financement.
Cette hypothèse a pu être vérifiée par
les éléments ci-après :
· L'analyse l'évolution du secteur de la microfinance
au Sénégal
· L'analyse du marché et des différents
réseaux d'entreprises du secteur de la microfinance
· L'analyse des données et des forces et faiblesses
du secteur de la microfinance.
-Hypothèse 3 : Les documents financiers, les
garanties et conditions exigés par les banques et les institutions de
micro finance en vue d'analyser la qualité du crédit à
octroyer pourrait constituer un véritable handicap au financement des
microentreprises.
Cette dernière hypothèse a pu être
vérifiée par les différents éléments ci-
dessous :
· L'analyse du secteur bancaire au
Sénégal : les banques centrales imposent des règles
de fonctionnement plus ou moins restrictives visant à couvrir des
risques d'insolvabilité avec la politique des réserves
obligatoires, et des règles d'encadrement du crédit visant
à contrôler le volume des concours financiers.
· L'analyse des différentes caractéristiques
des PME sénégalaises
· Les différentes conditions d'octroi de
crédit et les besoins financiers des PME sénégalaises.
Section 2 : Axes de recommandations
Il dans cette section il est question d'apporter quelques
recommandations importantes sur les différentes unités
institutionnelles qui on fait l'objet de notre étude.
L'accès des populations aux services financiers leur
permet de participer au processus de développement des économies,
et d'en tirer profit. Les institutions de microfinance rendent des services
financiers appropriés pour une grande partie de la population.
Cependant, en dépit des progrès réalisés dans
différents secteurs de l'industrie des services financiers, les
établissements de microfinance ont une présence et une
portée extrêmement limitées.
Au Sénégal, malgré les performances
remarquables pendant plus d'une décennie, le secteur de la microfinance
est affecté depuis 2005 par une série de crises. Malgré
les mesures prises par la plupart des IMF pour ralentir le rythme des
décaissements de crédits, la situation ne s'est guère
améliorée. La plupart des grandes structures ont
enregistré des résultats négatifs pour les années
2005 et 2006. Cette situation de crise s'explique par les
éléments suivants :
- la situation économique difficile que connaît
le Sénégal, caractérisé par un taux de croissance
inférieur à 4% et un faible développement des
activités génératrices de revenus ;
- la concurrence de plus en plus vive et déloyale entre
IMF ;
- la centrale d'échange d'information des IMF n'a pas
répondu efficacement et à temps en détectant plus
tôt les comportements cavaliers des clients ;
- le manque de professionnalisme au niveau de certaines IMF ;
- les difficultés d'application de la
législation par les promoteurs d'IMF ;
- les difficultés organisationnelles rencontrées
par les deux grands réseaux mutualistes ;
- l'accumulation des impayés excédant
déjà les 10% de l'encours total de crédit
- l'insuffisance de coordination des interventions des
partenaires au développement et des ministères impliqués
dans le secteur ;
- l'acharnement du fisc sur les IMF et le non respect des
exonérations accordées;
- la pollution du secteur par certains gros débiteurs
malhonnêtes et la création d'une association dite de consommateurs
des produits de microfinance incitant les bénéficiaires de
crédit au non remboursement.
Le gouvernement sénégalais définit les
politiques qui affectent le système financier. Ces politiques
comprennent la garantie d'une stabilité macro-économique, la
libéralisation des taux d'intérêt et la mise en place d'un
règlement et d'une surveillance bancaires permettant une microfinance
viable. D'autres politiques ont cependant un impact sur la microfinance, mais
leur rapport exact n'est pas aussi bien connu. Parmi ces politiques, on note la
création d'un environnement juridique favorable lié aux questions
comme l'application de contrat, le registre de commerce, la confiscation du
nantissement, les droits de propriété et les impôts. Plus
récemment, les règles contre le blanchiment d'argent et la lutte
contre la corruption ont connu un regain d'attention.
Du point de vue de la stabilité
macro-économique, la chose la plus importante que le gouvernement du
Sénégal puisse faire pour faciliter le financement des
institutions de microfinance est de veiller à ce l'inflation reste
faible. De plus, les régulateurs et les décideurs devraient
s'assurer que la volatilité des marchés financiers, les
obligations, les taux de change, les actions et d'autres prix de
l'économie, restent maîtrisés.
Pour les bailleurs de fond, leurs apports financiers doivent
compléter les capitaux privés et non les concurrencer. Les
subventions accordées par les bailleurs de fonds doivent temporairement
constituer un point de départ du financement destiné à
porter une institution financière à un niveau où elle
pourra exploiter des sources de financement privées, tel que les
dépôts de fond. Cependant le principal obstacle est le manque
d'institutions fortes et de gestionnaires compétents. Les bailleurs de
fonds doivent alors orienter leur appui financier vers le renforcement de ces
capacités.
C'est ainsi que l'éducation et la formation sont des
impératifs pour une stratégie efficace pour la croissance et le
rajeunissement du secteur de la microfinance. Puisque les opérations
bancaires traditionnelles sont mal adaptées à la microfinance (
maîtrise de la tenu de livre de compte, journal etc.) et tournée
vers la création de micro entreprise sans garantie ; il ya donc un
besoin de créer un cadre d'experts en matière de microfinance en
donnant la formation aux personnes avec des expériences diverses comme
dans le domaine des opérations bancaires, des finances, des
investissements et du développement de l'esprit d'entreprise. Il existe
aussi un besoin d'éducation et de formation pour les membres des
institutions financières dans les filières telles que la
comptabilité de base et la gestion ; la comptabilité est
importante en raison de la nécessité inévitable, pour les
membres ayant accéder aux prêts de bien gérer les
bénéfices (revenus) obtenus par le développement de leur
activités.
Le système d'octroi de crédit de l'ACEP a
été apprécié par les membres
bénéficiaires à 94%, mais cependant quelques
recommandations nécessaires à son amélioration et sa
pérennisation on été relevées :
· Maintenir le montant du prêt sollicité par le
membre.
· Réduire le temps de renouvellement qui
s'avère lent ainsi que l'étude des dossiers de renouvellement
avant la fin du premier crédit octroyé.
· Respecter scrupuleusement les procédures d'octroi
de crédit afin d'éviter d'éventuel détournement de
fonds des bénéficiaires.
· informer les bénéficiaires avant tout
éventuels changement concernant leurs épargnes ou toutes autres
prises de décisions
· fidéliser les bénéficiaires ayant
remboursé leur prêts dans les délais requis en leur faisant
confiance pour les prêts futurs.
· Faire des saisies auprès des
bénéficiaires insolvables
· Stimuler la créativité et l'esprit
d'entreprise.
· Assurer une bonne communication entre le personnel de
recouvrement et les membres bénéficiaires de crédit.
· Réduire le taux d'intérêt
· Les agents de recouvrements doivent être souples et
discret dans leurs manières d'agir et prendre en compte les
difficultés dues au retard de paiement.
· Mettre en place une équipe de suivi pour les
bénéficiaires
· Le montant du crédit doit être en rapport
avec l'activité.
conclusion
Les solutions traditionnelles envisagées jusqu'à
présent n'apportant pas de réponses durables à la
problématique du financement des micros entreprises ne sont donc pas
toujours satisfaisantes. D'autres alternatives existent pourtant qui semblent
peut être plus adaptées au contexte des microentreprises
africaines. Ces institutions doivent être entièrement
consacrées au financement des microentreprises, indépendantes des
banques existantes mais surtout capables de se pérenniser
économiquement et institutionnellement au delà de l'appui des
bailleurs de fonds.
A la lueur des résultats obtenus en pourcentage, par
rapport à l'étude réalisée
précédemment, on a pu constater aisément que les
différents crédits octroyé jusqu'ici par l'ACEP
Sénégal ont engendré pour plus de la moitié des
bénéficiaires, des micros entreprises qui leurs permettent de
subvenir à leur besoin. Il est cependant important de faire remarquer
que tout individu dans la société, a besoin d'épargner,
ou d'emprunter pour réaliser une activité ou un investissement
afin d'assumer les dépenses familiales ou professionnelles quotidiennes.
Alors comme les micros entreprises, et en tant qu'entité morale l'ACEP
à le devoir de faire du profit afin d'assurer la pérennisation de
son activité, non seulement pour sa survie mais aussi pour le bien
être de son personnel.
Par ailleurs, l'impact du financement des micros entreprises par
l'ACEP Sénégal montre conséquemment que cette institution
a pu atteindre les objectifs qu'elle s'était fixée, aussi bien
sur le plan social qu'économique. Selon les statistiques obtenues,
l'impact s'est révélé positif dans son ensemble.
Ainsi, tout en offrant des services financiers aux populations,
l'ACEP réalise du profit, et permet parallèlement aux
populations pauvres ou ayant de faibles revenus l'accès à une
gamme de services financiers diversifié.
On peut donc dire à cet effet que les institutions de
microfinance peuvent constituer un outil de développement des
économies africaines, mais aussi un outil d'éradication de la
pauvreté en Afrique.
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