Conclusion
Somme toute, l'investissement direct étranger peut se
définir comme différentes opérations financières
destinées à agir sur la marche et la gestion d'entreprises
implantées dans des pays différents de celui de la
société mère. Ces investissements internationaux sont une
caractéristique principale de la mondialisation économique et de
la multinationalisation des firmes, et revêtent un rôle d'autant
plus capital dans les pays en développement. Ceux-ci, surtout les pays
de l'UEMOA considèrent l'IDE comme essentiel à leur
développement. Ainsi, l'IDE fait figure de moteur de croissance en
raison des apports en capitaux dont ces pays ont manifestement besoin, et les
divers spillovers qu'engendrent ces investissements internationaux.
Cette attractivité peut s'analyser à plusieurs niveaux :
attractivité territoriale ou côté demande d'IDE,
l'attractivité firmes ou côté offre d'IDE mais aussi
l'attractivité au niveau global combinant les deux premières
approches.
Par ailleurs, les firmes utilisent soit la stratégie
primaire (IDE orienté vers l'exploitation des ressources naturelles),
soit la stratégie verticale qui est fondée sur la recherche
d'efficacité, soit la stratégie horizontale qui se traduit par la
conquête de marchés, mais aussi avec la globalisation, les firmes
combinent plusieurs approches de localisation, de délocalisation ou de
relocalisation d'où la notion de stratégie complexe ou hybride,
pour s'internationaliser.
L'intérêt manifeste accordé aux IDE a
conduit les différents courants de la science économique mais
également d'autres disciplines comme la géographie à
rechercher aussi bien les déterminants que leurs impacts sur les
économies d'accueil. Depuis la théorie éclectique de
Dunning (1977), la question de la localisation a été
traitée sous plusieurs optiques : de l'approche statique à
l'approche dynamique, des stratégies d'implantation simple aux
stratégies complexes. Le chapitre suivant constitue une contribution
analytique des flux d'investissements directs en direction de l'UEMOA.
Chapitre II : Analyse des flux d'investissements
directs étrangers dans l'espace UEMOA
Introduction
Les pays de l'UEMOA, tout comme la plupart des pays en
développement, se trouvent confrontés à l'insuffisance des
ressources domestiques notamment l'épargne intérieure pour
financer leurs économies. Il leur faut donc trouver d'autres
alternatives pour faire face à ce déséquilibre
Investissement-Epargne (I-S). Deux solutions s'offrent face à cette
inquiétude : le recours aux crédits internationaux ou aux IDE
pour faire face à ce déficit d'épargne. Malheureusement,
la première solution fut limitée par leur niveau d'endettement,
la baisse de l'APD contrairement aux initiatives de Monterrey en 2002, et par
la récente crise financière internationale.
Dans un tel contexte, notamment depuis 2000, les pays en
développement ont accordé un intérêt particulier aux
IDE comme principale source de financement externe privé au
détriment des prêts sur les marchés financiers et de l'APD,
(CNUCED, 2006). Ainsi, en 2000, les flux d'IDE étaient dix fois plus
élevés que ceux de l'APD. Les entrées d'IDE dans les Pays
en Développement (PED) en 2008 ont atteint le niveau le plus
élevé jamais enregistré ; soit 630 milliards de dollars.
Globalement, dans les mêmes périodes, notamment en 2005, la part
des PED reste faible ; soit 36% comparativement à celle des pays
développés qui représentent 59% dans les entrées
mondiales d'IDE15, et celle des pays en transition (Pays d'Europe du
Sud-est et de la Communauté d'Etats Indépendants) est de l'ordre
de 4%.
Par ailleurs, la part des IDE en direction des PED est en
progression régulière, passant de 15% en 1980 et 25% en 2000
à 36% en 2005. Ce taux s'établissait à 42,91% en 2009 et
environ 50% en 2010. Cependant, ces flux se sont davantage orientés plus
vers les pays d'Asie et d'Amérique Latine que vers l'Afrique
Subsaharienne. En effet, en 2009, l'Afrique n'attirait qu'environ 12% des IDE
à destination des PED ; soit près de 5% des flux d'IDE mondiaux.
Aussi, au-delà de la faiblesse des IDE en direction de l'Afrique, force
est de reconnaître que ceux-ci sont pour la plupart dirigés vers
les pays pétroliers ou miniers et vers les économies les plus
industrialisées comme celles de l'Afrique du Sud et la Tunisie. Ce
constat est valable pour les pays de
15 CNUCED (2006) : Rapport sur l'investissement dans
le monde, P1
l'UEMOA dont les flux d'IDE demeurent faibles, malgré
la mise en oeuvre de stratégies et politiques de promotion des
investissements visant à accroître leur attractivité depuis
les années 1990. Ainsi, il apparaît opportun d'apprécier
les tendances des flux entrants d'IDE dans les pays de l'Union. Une telle
analyse permettrait à partir d'une approche descriptive de faire des
comparaisons de tendances entre régions au niveau mondial, l'UEMOA et
d'autres zones d'intégration d'une part, et au sein des pays de l'UEMOA
d'autre part.
Le présent chapitre comporte quatre sections. La
première section présente la démarche
méthodologique. S'agissant des deux sections suivantes, elles sont
consacrées à la mise en évidence de l'évolution des
flux mondiaux d'IDE en procédant à des comparaisons
interrégionales des flux d'IDE en direction de l'UEMOA. Quant à
la dernière, elle donne un aperçu de l'attractivité de
l'Union.
I. Démarche méthodologique
L'appréciation des tendances des investissements
directs, tant aux niveaux mondial, régional qu'au sein de l'UEMOA se
basera essentiellement sur une approche descriptive des flux. Celle-ci se
traduit par une comparaison des flux d'entrées sur la période
d'analyse. Elle consiste à des analyses en graphes empilés et de
diagrammes circulaires. La démarche combine également les
analyses en moyennes et taux de variations des flux afin de caractériser
les faits majeurs susceptibles d'influencer les tendances sur certains
périodes et territoires.
En outre, l'approche statistique descriptive a l'avantage de
regrouper toutes les observations effectuées sur un
phénomène de manière à obtenir des rapports
numériques sensiblement indépendants des anomalies du hasard et
qui dénotent de l'existence de causes régulières dont
l'action s'est combinée avec celle des causes fortuites (Masiéri,
2001). Ainsi, elle permet des analyses relatives des comportements d'ensemble
d'une part, et de capter l'incidence des variations saisonnières et
accidentelles sur les mouvements de tendances générales des
séries chronologiques d'autre part. De plus, elle intègre
l'influence des mouvements cycliques dans la discussion de l'évolution
économique moderne. Cependant, une telle approche descriptive peut
aboutir à des conclusions fallacieuses résultantes des
interprétations non contextualisées des indicateurs.
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