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Les investissements directs étrangers dans l'espace UEMOA:déterminants et analyse d'impacts

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par Oumarou ZALLE
Université Ouaga II Burkina Faso - Diplome d'études appliquées Master NPTCI option: macroéconomie appliquée 2011
  

Disponible en mode multipage

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Université Ouaga II Conférence des Institutions d'Enseignement et de

********* Recherche Economiques et de Gestion en Afrique

Unité de Formation et de Recherche en (CIEREA)

Sciences Economiques et de Gestion Nouveau Programme de Troisième

(UFR/SEG) Cycle Inter universitaire (NPTCI)

MEMOIRE

en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies
(DEA/Master-NPTCI)

Option : Macroéconomie Appliquée

THEME

LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS DANS L'ESPACE
UEMOA : DETERMINANTS ET ANALYSE D'IMPACTS

Présenté et soutenu publiquement par : Sous la direction de :

Oumarou ZALLE Pr. Bernadette DIA KAMGNIA

Et de la codirection de :
Dr. Theodore J. O. KABORE

Juillet 2011

DEDICACE

A ma mère, à mon père,

A mes frères et soeur (Awa, Salif et Assami),

A mes regrettées soeurs Lizèta et Kadisso, que leurs âmes reposent en paix,

Pour leur soutien indéfectible,

Puisse ce travail vous apporter joie et réconfort.

SOMMAIRE

DEDICACE i

SOMMAIRE ii

AVANT PROPOS iii

REMERCIEMENTS iv

SIGLES ET ABREVIATIONS v

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES vii

RESUME viii

ABSTRACT ix

Introduction générale 1

Chapitre I : Débat théorique sur les investissements directs étrangers et leurs impacts sur la croissance économique 10

I. Définitions et typologies des investissements directs étrangers 11

II. L'attractivité des investissements directs étrangers 17

III. Les théories de la croissance en conjonction avec les mouvements d'IDE 23
Chapitre II : Analyse des flux d'investissements directs étrangers dans l'espace UEMOA 37

I. Démarche méthodologique 38

II. Evolution comparée des flux d'IDE dans le monde 39

III. Mise en évidence des flux d'IDE dans la zone UEMOA 42

IV. Quelle attractivité pour l'espace UEMOA : des politiques communautaires d'attraction en quête de fondements 53

Chapitre III: Interactions entre investissements directs étrangers et croissance économique en zone UEMOA 58

I. Développements empiriques sur les déterminants des IDE et leurs impacts sur les économies d'accueil 59

II. Approche économétrique 64

III. Méthodologie d'estimation 72

IV. Résultats de l'estimation économétrique et interprétation des résultats 82

Conclusion générale et recommandations de politiques économiques 92

BIBLIOGRAPHIE 96

ANNEXES x

TABLE DES MATIERES xxii

AVANT PROPOS

Ce mémoire a été élaboré en vue de l'obtention du Diplôme d'Etude Approfondie (DEA/Master) en Macroéconomie Appliquée à l'UNIVERSITE OUAGA II. Il permet à l'étudiant d'attester sa capacité à restituer les résultats de recherches et de connaissances diverses, et lui permet de concevoir et de rédiger un document scientifique à caractère économique. Il lui offre l'opportunité de tester ses connaissances par rapport à la réalité économique. C'est dans cette dynamique de mise en pratique des connaissances théoriques acquises que s'inscrit la présente étude.

REMERCIEMENTS

Au delà de l'effort personnel, ce document est la conjugaison des apports de plusieurs autres personnes qui nous ont fourni leurs conseils et encouragements. C'est alors l'opportunité pour nous de leur adresser toute notre gratitude et notre profonde reconnaissance.

Tout d'abord, nos remerciements vont à l'endroit de notre directeur de mémoire, Pr Bernadette DIA KAMGNIA, qui en dépit de ses lourdes charges professionnelles, a su avec douceur et fermeté conduire ce travail.

Ensuite, notre reconnaissance à :

Dr. KABORE J. O. Theodore, enseignant chercheur au Laboratoire d'Economie Publique, Sociale et Solidaire, qui a accepté codiriger l'étude ;

Dr. ILBOUDO K. Ernest, enseignant chercheur à l'UFR/SEG, Responsable du DESS/Développement local, qui a su semer en nous l'esprit critique et analytique à travers ses inestimables critiques et conseils ;

Dr. THIOMBIANO Noël, enseignant chercheur au Laboratoire d'Economie de l'Environnement et de Socioéconométrie à l'UFR/SEG, pour la collaboration économétrique ;

M. OUEDRAOGO Souleymane et M. OUEDRAOGO Issaka, tous des ingénieurs statisticiens à la Direction Générale de la Prévision et de l'Economie Rurale (DGPER), pour leurs précieuses contributions à la modélisation économétrique.

Enfin, tous nos remerciements à toute personne ayant contribué d'une manière ou d'une autre à la rédaction de ce document.

SIGLES ET ABREVIATIONS

APD : Aide Publique au Développement

APE : Accords de Partenariat Economique

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement

BRVM : Bourse Régionale des Valeurs Mobilières

CCI : Code Communautaire d'Investissement

CEA : Commission Economique pour l'Afrique

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CIRDI : Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements

CNUCED : Conférence de Nations Unies sur le Commerce et le Développement

CPI : Centre de Promotion des Investissements

DGPER : Direction Générale de la Promotion de l'Economie Rurale

DMC : Doubles Moindres Carrés

FBCF : Formation Brute de Capital Fixe

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FCR : France Câbles et Radio

FDI : Foreign Direct Investment

FMI : Fonds Monétaire International

FMNs : Firmes multinationales

ID : Investissements Domestiques

IDE : Investissements Directs Etrangers

IDF : Indice de Développement Financier

IPAIE : Indice du Potentiel d'Attractivité en termes d'Investissements Entrants

IPIE : Indicateur de Performance en termes d'Investissements Entrants

MCE : Modèle à Correction d'Erreur

NEG : Nouvelle Economie Géographique

NTCI : Nouvelles Théories du Commerce International

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques

OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

OLI : Ownership Location Internationalization advantages

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONATEL : Office National des Télécommunications

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PECO : Pays de l'Europe Centrale et Orientale

PED : Pays En Développement

PIB : Produit Intérieur Brut

PIBH : Produit Intérieur Brut par Habitant

PMA : Pays les Moins Avancés

PNUD : Programme des Nations Unies pour le développement

PSEM : Pays Sud Est de la Méditerranée

PTM : Pays Tiers Méditerranéens

SONATEL : Société Nationale des Télécommunications

TEC : Tarif Extérieur Commun

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine

UNCTAD : United Nations Conference on Trade and Development UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization WAEMU : West African Economic Monetary Union

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

TABLEAUX

Tableau n°1 : Comparaison de la performance des pays en termes d'IDE avec leur potentiel

d'attractivité 19

Tableau n°2 : Tableau synthétique des tests de stationnarité des variables 73

Tableau n°3 : Etude des conditions d'identification du modéle 74

Tableau n°4 : Tableau synthétique des résultats du test de spécification de Fisher 76

Tableau n°5 : Tableau synthétique des résultats du test de spécification de Breusch-Pagan 77

GRAPHIQUES

Graphique n°1 : Flux d'IDE entrants mondiaux et par types d'économies, 1980-2008 (milliards de dollars) . 39 Graphique n°2 : Evolution comparée des IDE mondiaux, des pays développés, des PED et de l'Afrique 41 Graphique n°3 : Evolution des entrées d'IDE dans les pays de l'UEMOA(en dollars US courants) . 45 Graphique n°4 : Investissement direct étranger et investissement domestique en UEMOA, 1980-

2008. 47

Graphique n°5 : Part des flux d'IDE par pays en moyenne sur la période 2000-2008 48

Graphique n°6 : Evolution de l'Indice de Performance en termes d'Investissements entrants des

pays de l'UEMOA 50

Graphique n°7 : Comparaison des flux entrants d'IDE de l'UEMOA et de la CEMAC 52

RESUME

Depuis la fin des années 1980, la plupart des pays en développement, notamment ceux de l'UEMOA ont été confrontés à de grands déséquilibres de leurs balances de paiement. Ce déséquilibre se caractérise par l'insuffisance des ressources intérieures au regard des besoins de financement. D'où le recours aux capitaux étrangers, notamment les Investissements Directs Etrangers (IDE) comme nouvelle source de financement.

La présente recherche vise à identifier les déterminants des IDE, ainsi que l'impact des investissements directs étrangers sur la croissance économique en zone UEMOA, ayant contrôlé les déterminants usuels de la croissance, et l'effet retour de la croissance économique sur les investissements directs étrangers. L'étude couvre la période 1980-2008, correspondant à la phase d'adoption des programmes d'ajustement structurel, de libéralisation et de raréfaction des ressources de l'aide publique au développement.

Après une discussion théorique et empirique sur les déterminants des IDE et de leurs impacts sur la croissance économique des pays hôtes, un modèle structurel à équations simultanées a été construit, afin de mettre en exergue les interactions entre les IDE et la croissance économique en UEMOA.

Les résultats des estimations économétriques montrent que la croissance économique constitue un facteur majeur d'attractivité des IDE, mais ces derniers sont un déterminant mineur de la croissance. Ce qui conduit à des implications de politiques économiques afin de rendre plus attractif l'environnement des affaires de l'Union pour attirer davantage d'investissements directs étrangers.

Mots dles : UEMOA, investissements directs étrangers, croissance économique, attractivité, impacts, déterminants.

ABSTRACT

Since the late 1980s, most developing countries, particularly those of the WAEMU were faced with large imbalances in their balance of payment. This imbalance is characterized by inadequate domestic resources to the needs of funding. Hence the recourse to foreign capital mainly foreign direct investment (FDI) as new source of funding.

This study aims to identify the factors explaining of FDI inflows, as well as the impact of the FDI on the economic growth in WAEMU, having controlled the usual determinants of the economic growth, and the effect return of the economic growth on the foreign direct investments. The study covers the period 1980-2008, corresponding to the phase of adoption of structural adjustment, liberalization and scarcity of official development assistance.

After theoretical and empirical discussion on the determinants of FDI and their impacts on the economic growth of host countries, a structural model to simultaneous equation was built to highlight the interactions between FDI and economic growth in WAEMU.

The results of econometric estimates show that economic growth constitutes a main determinant factor in attracting FDIs, but FDIs are a minor determinant factor of the economic growth. This leads to the economic policy implications for enabling fireball to make more attractive business environment of the Union to attract more foreign direct investments.

Keywords: WAEMU, foreign direct investment, economic growth, attractiveness, impacts, determinants.

Introduction générale

«Les firmes multinationales organisent le monde», écrivait Hymer en 1960. Aujourd'hui, les Investissements Directs Etrangers (IDE) qui constituent un canal central dans l'internationalisation des processus de production des firmes multinationales, sont l'une des plus importantes illustrations de la mondialisation productive et de la globalisation économique. Ceux-ci correspondent à des flux d'investissement permettant d'acquérir au moins 10% du capital social d'une firme de nationalité autre que celle de l'investisseur en vue d'établir un intérét durable et une influence significative sur la gestion de l'entreprise investie. On distingue des IDE entrants et des IDE sortants. Les IDE entrants reflètent la capacité d'accueil de l'investissement de firmes multinationales (FMNs) étrangères d'un pays hôte alors que les IDE sortants reflètent la capacité d'investissement de FMNs du pays hôte à l'étranger. Lorsque la prise de participation est inférieure à 10%, il s'agit d'un investissement de portefeuille. Les firmes multinationales, pour des motifs de profit ou stratégiques délocalisent un segment ou toute leur chaîne de production dans plusieurs pays. Dans ce cadre, les pays en développement ont bénéficié depuis la mise en oeuvre des Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) au début des années 1980, d'une part de plus en plus croissante des flux internationaux des IDE atteignant en 2006, 34% des flux mondiaux. Dès lors, les pays se livrent à une concurrence acharnée pour créer les cadres d'investissement les plus attractifs aux IDE en tant que vecteur de croissance et de développement.

Les dernières décennies ont été marquées par l'importance croissante des flux d'IDE dans l'économie mondiale. En effet, la part des flux d'IDE entrants dans le PIB est passée de 6,7% en 1980 à 23,3% en 2002, (CNUCED, 2003). Par ailleurs, après le record historique de 1300 milliards de dollars en 2000, les flux d'IDE ont connu une hausse de 34% en 2006 pour s'établir à 1600 milliards de dollars (CNUCED, 2006). Ce phénomène qui constitue un élément majeur de la globalisation de l'économie est aujourd'hui considéré comme une source de financement relativement stable de la croissance pouvant entraîner des transferts de compétences et de technologies. Cependant le contexte mondial des vingt dernières années remet en question les paradigmes qui ont fondé les relations Nord/Sud (Hugon, 2010).

Selon la théorie néoclassique du commerce international, la spécialisation selon les dotations factorielles devrait favoriser la croissance. Ce faisant, le déficit d'épargne du Sud serait comblé par les investissements extérieurs et le commerce international. Mais cette vision des avantages comparatifs est remise en cause non seulement par les nouvelles théories du commerce international qui considèrent les avantages comparatifs comme endogènes et non exogènes, mais aussi par la crise que traverse le système capitaliste. Ainsi, la crise immobilière qui éclata aux Etats-Unis durant l'été 2007 à partir de la crise des prêts hypothécaires à risques («subprimes mortgage») a débouché sur la plus grave crise financière depuis celle de 1929. Elle s'est traduite par des problèmes considérables aussi bien au niveau international qu'au plan africain. En effet, les flux entrants d'IDE mondiaux se sont contractés de 16% en 2008, de 37% en 2009 et de 40% en 2010, tandis que les sorties diminuaient de 43%, en 2009 (CNUCED, 2009, 2010). La crise financière a été un sérieux revers pour l'Afrique car elle intervenait à un moment où la région enregistre d'énormes progrès sur le plan économique.

Depuis 2000, l'Afrique Subsaharienne enregistre un taux de croissance moyen en valeur réelle supérieur à 5% alors que l'inflation est tombée en dessous de 10%1. Les flux nets d'IDE à destination de l'Afrique sont passés de 12 milliards de dollars en moyenne au cours de la période 1998-2001 à 18 milliards au cours de la période 2002-2005, pour finalement s'établir à 81 milliards en 2007 (CEA, 2008). La crise financière a également augmenté les primes de risque que doivent verser les pays africains sur les marchés des capitaux internationaux. Elle a entraîné aussi une réduction des flux de capitaux des pays développés en direction du continent. Cela concerne aussi bien les sources de devises, comme les investissements directs étrangers et l'Aide Publique au Développement (APD), que les fonds envoyés par les émigrés. En effet, durant l'année 2009, l'Afrique a connu une baisse notoire des IDE de l'ordre de 19% par rapport à 2008 ; soit 59 milliards de dollars. Mais cette contraction est plus exacerbée en Afrique de l'Ouest et de l'Est (CNUCED, 2010). Les sorties quant à elles ont chuté d'environ 55% sur la méme période. Cela s'explique par la récession économique dans les pays développés qui sont les principaux investisseurs en Afrique. Tout cela réduit les perspectives de la région de pouvoir compter sur les entrées de capitaux privés pour asseoir les bases d'un développement durable et soutenu.

1 FMI (2008) : Perspectives économiques régionales ; Afrique Subsaharienne, P8

L'environnement international est aussi caractérisé par la volonté des institutions financières internationales de reléguer la dette publique au second plan. En effet, suite aux difficultés de paiements auxquelles ont été confrontés beaucoup de pays en développement, dues à leur niveau d'endettement insoutenable, les institutions de Bretton Woods ont décidé d'accorder à l'endettement public moins de poids qu'il n'en a eu dans le passé. Par exemple, la dette extérieure de l'Afrique subsaharienne a nettement augmenté entre le début des années 1970 et la fin des années 1990, passant de 22 à 208 milliards de dollars. Sur la même période, les paiements au titre du service de la dette sont passés de 1,6 à 12 milliards de dollars. Entre 1970 et 2002, l'Afrique subsaharienne a reçu 294 milliards de dollars de prêts et remboursé 268 milliards en capital et intérêts (CEDEAO & UEMOA, 2006). C'est en réponse à cette crise d'endettement que les programmes d'ajustement structurel ont été appliqués dans la plupart des pays en développement. Dès lors, l'IDE apparaît comme une alternative à un triple intérêt du fait qu'il est non générateur de dettes, la composante la moins volatile des flux de capitaux externes ainsi qu'un facteur de croissance (Bouklia et Zatla, 2001).

L'importance accordée aux capitaux privés dans la plupart des pays en développement a conduit à une large substitution de politiques d'attraction des IDE aux politiques étatiques de restriction des années 1960. En effet, le comportement des Etats vis-à-vis des investissements directs étrangers a souvent été changeant. Tantôt suspectés de mettre en péril la souveraineté nationale2, tantôt perçus comme une réponse pour résorber le chômage, les IDE ont fait l'objet de politiques qui n'ont pas toujours produit les effets escomptés. Aujourd'hui, les pays hôtes rivalisent afin de proposer l'environnement juridique (code des investissements, législation fiscale), les politiques économiques et les conditions de production les plus attractifs. Certains Etats se livrent même au dumping social, fiscal et environnemental pour attirer les investissements étrangers (Jacquemot, 1990 et Arès, 2009).

C'est ainsi qu'en Asie du Sud où les coûts de production sont faibles, beaucoup de réformes de politiques économiques ont été entreprises pour attirer les capitaux étrangers. Dans beaucoup d'autres pays ce sont des programmes de privatisation et de promotion du secteur privé qui sont entrepris. Les économies asiatiques, tirées principalement par celles de la Chine et de l'Inde, ont réussi à tirer profit des flux d'IDE. Ainsi, des pays comme la Malaisie et la Corée du Sud sont

2 Cette thèse a été soutenue par des auteurs comme Myrdhal (1957), Hirchman (1958) et Samir Amin

parvenus à stimuler une croissance forte et durable au moyen d'IDE adaptés à leurs économies et en les accompagnants par des réformes structurelles appropriées (Lahimer, 2009)3.

L'évolution de la situation socio-économique de l'ensemble de la zone UEMOA4 depuis 1983 ne présage en rien l'amorce d'une croissance soutenue et durable. En effet, durant la période 1983- 1993, le PIB réel de l'Union a enregistré un taux de croissance moyen de 1,6% par an, contre un taux de croissance record estimé à 5,9% entre 1994 et 1999. Ce fort taux de croissance s'explique par le regain de compétitivité en faveur de la dévaluation du FCFA en Janvier 1994. Cette phase d'essor a été vite interrompue et le taux de croissance est retombé à moins de 2,8% sur la dernière décennie, avant de remonter spécifiquement à 4,3% en 2010. Cette performance économique est fortement tributaire des fluctuations de la demande mondiale et des cours des matières premières. Ainsi, les pays de l'UEMOA évoluent dans un environnement de volatilité des taux de croissance largement en deçà du niveau minimal de 7% requis pour l'atteinte des OMD d'ici à 2015 et dans un contexte d'appréciation tendancielle du taux de change effectif réel du FCFA rendant l'économie de l'Union moins attractive et moins compétitive. De plus, le taux de croissance démographique de l'Union est estimé à 2,9% par an, ainsi que les niveaux moyens de croissance qui, depuis 1983 se sont généralement traduits par une baisse du revenu par habitant, à l'exception des années 1994 et 2000. La croissance moyenne de l'Union est aussi faible comparativement aux performances de l'ensemble du continent et plus particulièrement par rapport à celle de l'Afrique Subsaharienne. En effet, l'UEMOA a enregistré depuis plus de dix ans une croissance inférieure de plus de 1,5% par rapport à la moyenne de l'Afrique Subsaharienne.

Généralement et jusqu'aux années 1980, les pays en développement ont préconisé des politiques de croissance axées sur le financement par les crédits extérieurs en particulier l'APD aux dépens des IDE. La question de l'attractivité a été souvent traitée sous l'angle des atouts ou faiblesses des pays hôtes aboutissant ainsi à l'établissement de score5 et autres indicateurs facilitant les

3 LAHIMER Noomen (2009) : La contribution des IDE à la réduction de la pauvreté en Afrique Subsaharienne, Université Paris-Dauphine, Laboratoire d'Economie de Dauphine (LEDA), Thèse de doctorat, P12

4 UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine ; précédemment UMOA (Union Monétaire Ouest Africaine depuis 1962) a été créée le 10 Janvier 1994 et composée de sept pays à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo ; ayant le FCFA comme monnaie commune. La GuinéeBissau est devenue le 8è Etat membre de l'Union le 2 Mai 1997.

5 Evaluation par score : technique d'évaluation qualitative d'un client emprunteur principalement sous l'angle de sa solvabilité

comparaisons inter-pays et les appréciations de l'évolution de l'attractivité dans le temps. Elle a aussi été traitée dans l'optique des facteurs déterminants de l'investissement tels que perçus par les firmes multinationales (notions de short list et de core countries, Michalet, 1999).

Mais, les travaux relatifs à l'attractivité selon les déterminants sectoriels (structure, intensité concurrentielle et technologique), domaine de prédilection et effet non linéaire entre encouragements fiscaux et flux d'IDE demeurent rares malgré les fortes spécificités qui caractérisent certains secteurs économiques de l'UEMOA. Les études d'impacts des entrées d'IDE sur la croissance économique de l'Union semblent inexistantes. Les différentes politiques mises en oeuvre ont été plus orientées vers l'attractivité, laissant la question des effets de report en dernière analyse.

Dès lors se pose la question de la pertinence des politiques « généralistes >> d'attractivité des IDE qui ne prennent pas en compte le type d'IDE, le mode d'entrée des firmes et les spécificités sectorielles. Plusieurs études empiriques ont démontré les échecs de telles politiques non contextualisées et « répliquées » dans une compétition ouverte entre mesures incitatives à l'investissement étranger (Asiedu, 2002). De telles politiques d'attractivité sont souvent inefficaces à court terme et coüteuses à long terme lorsqu'elles se fondent exclusivement sur des fiscalités avantageuses ou des coûts salariaux faibles du travail non qualifié, (Cheriet et Tozanli, 2007)6.

Si le recours aux encouragements fiscaux est une méthode répandue de promotion de l'investissement dans le monde, certains faits d'expérience donnent à conclure que son efficacité pour attirer des investissements supplémentaires, au-delà de ceux dont les pays auraient bénéficié de toute façon sans de tels encouragements, est souvent douteuse. En effet, Ajan et al (2006) montrent que l'incidence de la fiscalité sur l'investissement direct est limitée et que la fiscalité n'est pas un facteur discriminant entre l'investissement direct et les modes d'entrée alternatifs. Dans la même logique, Beyer (2002) soutient que, dans les pays postsocialistes, il n'existe aucune relation significative entre les incitations fiscales et le niveau des IDE entrants. Il conclut

6Cheriet et Tozanli (2007) : Essai de construction d'un score d'attractivité sectorielle des IDE : cas du secteur agroalimentaire du Sud et de l'Est méditerranéens, Economie rurale, Numéro 302 (Novembre-Décembre 2007), Varia, p1.

que l'introduction d'allègements fiscaux semble de faible portée. En effet, certaines entreprises peuvent abuser de ces mesures en se faisant passer pour nouvelles au terme d'une réorganisation superficielle ; ce qui risque d'augmenter considérablement le manque à gagner potentiel dû à ces encouragements fiscaux pour l'État.

En outre, les investisseurs étrangers, cibles principales de la plupart des encouragements fiscaux, fondent leurs décisions d'investissement sur une vaste gamme de facteurs (les ressources naturelles, la stabilité politique, la transparence des systèmes de réglementation, l'infrastructure, la présence d'une main-d'oeuvre qualifiée) dont les encouragements fiscaux constituent rarement le plus important.

Les flux nets d'investissement direct et de portefeuille des agents non-résidents en zone UEMOA ont connu une progression régulière au cours de ces dernières années, dans le sillage de l'accroissement des mouvements de capitaux au niveau mondial. Ces flux se sont accrus en moyenne annuelle, de 13% entre 2004 et 2006, avant de connaître un doublement en 2007. Ils sont ainsi estimés à 840,9 milliards de FCFA en 2007 contre 404,4 milliards de FCFA en 2006, après 376,2 milliards de FCFA en 2005 et 317,4 milliards de FCFA en 2004 (Banque de France, 2007).

L'évolution des flux d'investissements directs et de portefeuille des non-résidents de l'UEMOA est essentiellement impulsée par celle des IDE qui représentent en moyenne sur la période 2004- 2006, plus de 95%. Ils sont passés de 332,9 milliards de FCFA en 2004 à 410,1 milliards de FCFA en 2006, avant de connaître un bond exceptionnel à 755,0 milliards de FCFA en 2007, à la faveur notamment de l'opération de privatisation dans le secteur de la téléphonie au Burkina Faso pour un montant d'environ 140 milliards de FCFA (Banque de France, op.cit.).

L'orientation favorable des IDE découle, d'une part, de la mise en oeuvre d'actions visant à renforcer l'attractivité des pays de l'Union au nombre desquelles la révision des codes d'investissement des pays membres de l'UEMOA et la simplification des procédures administratives pour les investisseurs, et d'autre part, du dynamisme de certains secteurs d'activités accueillant l'essentiel des IDE. Il s'agit en particulier du secteur minier (le pétrole en Cote d'Ivoire, l'or au Mali et au Burkina Faso, l'uranium au Niger) stimulé par la hausse des cours internationaux, du secteur bancaire au Sénégal et au Togo, et du secteur des

télécommunications, du fait des progrès de la téléphonie mobile dans l'ensemble des pays de l'Union. Ainsi, contrairement aux années 1990 où les IDE résultaient des programmes de privatisation et de restructuration des entreprises publiques, les flux d'investissement direct étranger de ces dernières années se sont essentiellement traduits par la création de nouvelles structures économiques, plus favorables à la croissance de l'activité économique dans les pays de l'Union7.

Dans un contexte où la question du financement du développement se pose avec acuité, les motivations des IDE dans le cadre d'un ensemble intégré doivent constituer une préoccupation majeure. En effet, les IDE peuvent rompre le cercle infernal du sous- développement dans un contexte marqué par l'insuffisance de l'épargne au niveau interne, la baisse drastique de l'aide et les effets pervers de l'endettement. L'expérience du développement des pays émergents d'Asie, communément appelés « dragons asiatiques », constitue une parfaite illustration. D'ailleurs, du moment où l'Union est en phase de négociation d'un Accord de Partenariat Economique (APE) avec l'Union Européenne, il apparaît opportun d'évaluer sa capacité à attirer les investissements en provenance de l'étranger, gage de préservation et de renforcement du tissu industriel local.

Les enjeux des IDE dans ce contexte de compétition à la création des cadres d'investissement attractifs, le rôle prépondérant accordé aux capitaux étrangers dans le processus de développement, la problématique de la soutenabilité de la dette publique et l'environnement international ont inspiré la présente étude sur le thème « les Investissements Directs Etrangers dans l'espace UEMOA : déterminants et analyse d'impacts i>.

Par ailleurs, au regard du niveau atteint dans la mise en oeuvre des différents chantiers d'intégration de l'UEMOA conjugué aux avantages existant dans les domaines monétaires et financiers, les flux de capitaux internationaux devraient être plus dynamiques au sein de la zone ; mais il n'en est rien dans la réalité. D'où la nécessité d'établir la relation existant entre les flux d'IDE entrants et les réformes entreprises en matière de promotion des IDE et l'impact des capitaux étrangers sur la croissance économique de l'Union. Cette analyse de causalité devrait nous permettre d'identifier les secteurs de prédilection des IDE, d'apprécier la tendance des flux d'IDE et leurs effets de report sur les autres facteurs de croissance économique.

7 Banque de France - Rapport Zone franc - 2007, P49

Le constat général est que les pays de l'UEMOA ont du mal à mobiliser et tirer profit des opportunités qu'offrent les capitaux étrangers pour amorcer le développement. De là, la question principale qui se dégage est la suivante : qu'est-ce qui explique les flux de capitaux internationaux dans l'UEMOA et quelle en est l'incidence pour l'économie locale? Cette question peut se décomposer ainsi qu'il suit. Quels sont les déterminants des flux d'IDE en zone UEMOA ? Quelle interaction y a-t-il entre IDE et croissance économique en zone UEMOA ?

Contrairement aux « dragons asiatiques >>, les pays de l'Afrique Subsaharienne et plus particulièrement de l'UEMOA n'ont pas réussi à attirer des flux importants d'IDE, ni à stimuler un processus de développement de long terme à même de réduire significativement la pauvreté. Néanmoins, ces dernières années, au regard de la faiblesse de l'épargne intérieure, de la baisse de l'Aide Publique au Développement (APD) et de la volonté des institutions de Bretton Woods de reléguer le financement public au second rang, les pays de l'UEMOA portent désormais une attention particulière aux IDE comme composante majeure de leur stratégie de développement. Mais de toutes ces expériences, existe-t-il une corrélation entre IDE et croissance économique?

D'une manière générale, la plupart des auteurs soutiennent que les IDE ont des effets globalement positifs sur la croissance économique des pays hôtes. Toutefois, la zone UEMOA ne constitue-t-elle pas une logique particulière en termes d'attraction et d'influence des IDE ? Cela nous conduit à tester la capacité de l'Union à transformer le cercle vicieux de sousdéveloppement en un cercle vertueux de croissance et de développement au moyen d'investissements directs étrangers. Toutes ces interrogations peuvent se résumer de la façon suivante : quel est l'impact des investissements directs étrangers sur la croissance économique en zone UEMOA, ayant contrôlé les déterminants usuels de croissance, et en retour l'effet de la croissance économique sur les investissements directs étrangers?

L'objectif général est d'analyser les impacts des IDE en zone UEMOA. Plus spécifiquement, cela revient à :

i) déterminer le sens des tendances des flux d'IDE dans les pays de l'UEMOA ;

ii) apprécier l'interaction entre IDE et croissance économique en zone UEMOA.

L'atteinte de ces objectifs et la discussion de la validité des résultats empiriques s'articuleront autour des hypothèses ci-après.

H1 : les flux d'IDE en direction des pays de l'UEMOA sont relativement élevés ;

H2 : les flux d'IDE et la croissance économique sont indépendants en zone UEMOA.

La vérification de ces hypothèses se basera essentiellement sur l'estimation d'un modèle structurel à équations simultanées, sur la période 1980-2008 afin d'analyser les interactions entre IDE et croissance économique, ayant contrôlé les déterminants usuels de la croissance économique. Cette analyse est sous-tendue par la construction d'indicateurs d'attractivité reflétant les potentialités des pays de l'Union à absorber d'énormes investissements en provenance de l'étranger.

Afin de mieux saisir la teneur des IDE, l'appréciation des interactions entre IDE et croissance économique de l'UEMOA (Chapitre III) ne serait pas possible sans, au préalable, une compréhension des fondements théoriques de ceux-ci (Chapitre I), accompagnée d'une analyse des flux des investissements directs étrangers dans l'espace économique communautaire sousrégional ouest-africain (Chapitre II).

Chapitre I : Débat théorique sur les investissements directs étrangers et leurs impacts sur la croissance économique

Introduction

Les Investissements Directs Etrangers tirent leurs assises scientifiques dans plusieurs courants et écoles de pensée de la science économique. Ainsi, les théories du commerce international, de l'économie industrielle, l'approche dépendantiste (d'inspiration marxiste-approche «CentrePériphérie » de Samir Amin), la théorie de Dunning (Paradigme OLI, 1977), l'approche gravitationnelle, l'économie du développement, la théorie néoclassique, et plus récemment la Nouvelle Economie Géographique (NEG) et les Nouvelles Théories du Commerce International (NTCI) ont cherché à définir et à donner un corpus théorique du moins non unifié, et d'analyser tant les déterminants que les impacts des IDE. Ces facteurs peuvent être analysés aussi bien du point de vue de l'économie hôte que de l'investisseur étranger.

En effet, l'importance croissante des flux internationaux des capitaux constitue l'une des principales caractéristiques de l'économie internationale actuelle. La globalisation de l'économie a conduit au développement de nouvelles règles du jeu, à la fois dans les stratégies d'investissement des firmes multinationales et dans la concurrence accrue s'exerçant entre les territoires potentiellement attracteurs des firmes transnationales. Cette dynamique économique a également engendré une nouvelle logique comportementale des acteurs en présence.

L'analyse des fondements théoriques conduit d'abord à une présentation de quelques définitions et typologies des IDE, ensuite à celle des fondements de l'attractivité des IDE et enfin, à la mise en évidence de théories de la croissance en conjoncture avec les investissements directs étrangers.

I. Définitions et typologies des investissements directs étrangers

Cette section présente quelques définitions et typologie des investissements directs étrangers afin de mieux les cerner, à côté d'autres notions telles que les investissements de portefeuille.

I.1. Panorama des principaux concepts et définitions des IDE

D'une manière générale, le manuel de la balance des paiements du Fonds Monétaire International (FMI) définit les investissements étrangers comme différentes opérations financières destinées à agir sur la marche et la gestion d'entreprises implantées dans un pays différent de celui de la maison mère. Plus spécifiquement, l'Investissement Direct Etranger (IDE) désigne l'opération effectuée par un investisseur non-résident afin d'acquérir ou d'accroître un intérêt durable dans une entité résidente et de détenir une influence dans sa gestion. Il précède généralement l'investissement de portefeuille et accélère le développement des marchés financiers locaux. Il met en relation une entreprise "investisseur direct" (maison mère) et une entreprise investie, qu'il s'agisse d'une filiale ou d'une succursale. Il est considéré comme le capital investi par des entreprises étrangères dans des installations de production ou autres biens corporels.

L'investissement de portefeuille quant à lui, consiste en l'acquisition d'obligations ou d'actions dans le pays hôte. Il n'entraîne pas un droit de regard sur la gestion du capital investi. C'est généralement un investissement à court terme ne cherchant pas à influencer la gestion de l'entreprise investie.

Le prêt bancaire représente un capital prêté aux pouvoirs publics et/ou aux entreprises, à des conditions commerciales ou sous forme de crédit à l'exportation. Il demeure instable et imprévisible, car dépendant fortement de l'environnement des affaires dans le pays hôte.

La Banque Mondiale quant à elle considère que l'IDE correspond à un flux net d'investissement permettant d'acquérir au moins 10% du capital d'une firme de nationalité différente de celle de l'investisseur.

En revanche, l'OCDE (2008)8 définit l'IDE comme étant un type d'investissement transnational effectué par une entité résidente d'une économie dans le but d'établir un intérét durable dans une entreprise résidente d'une autre économie. La notion d'intérêt durable sous-entend l'existence d'une relation stratégique à long terme entre l'investisseur direct et l'entreprise d'investissement direct et le fait que l'investisseur peut exercer une influence significative sur la gestion de l'entreprise bénéficiant de l'investissement direct.

Par convention, on considère qu'une relation d'investissement direct est établie dès lors qu'une entreprise ou un particulier (investisseur) détient au moins 10% du capital des droits de vote lors des assemblées générales d'une entreprise (considérée alors comme entreprise investie) ou à défaut 10% du capital social. Lorsque ce seuil de participation est atteint, l'entreprise « investisseuse >> et l'entreprise « investie » sont apparentées ou affiliées ; toutes les opérations financières sont alors enregistrées en investissements directs (FMI, 1993).

Le dénominateur commun de toutes ces définitions est que l'IDE se traduit sous forme de participation étrangère afin d'influencer durablement la gestion d'une entreprise hôte. Elles ne prennent pas explicitement en compte les IDE de création de nouvelles entreprises ou filiales, et ceux à court terme dans les environnements juridiques et politiques instables.

I.2. Typologie

Les investissements directs étrangers peuvent être regroupés selon leur forme ou selon leur logique. Selon la logique, Markusen (1995) retient la typologie IDE horizontal et IDE vertical qui sous-tend la décision de créer des filiales à l'étranger. Mais à cela s'ajoute la stratégie primaire qui constitue des IDE verticaux particuliers et, la stratégie complexe qui apparaît plus réaliste dans le contexte de la mondialisation et constitue un dépassement de la distinction de Markusen en combinant les deux stratégies ; horizontales et verticales. Ces différentes stratégies ne sont pas exclusives l'une de l'autre, mais s'inscrivent plutôt dans une logique dynamique9.

8OCDE (2008) : Définition de référence de l'OCDE des investissements directs internationaux, Paris, 4è édition 2008, p17.

9 Une stratégie horizontale peut à un moment donné se transformer en stratégie verticale et vice versa, voire une combinaison des deux selon les motivations de l'investisseur direct ou de l'attractivité territoriale

Quant à la forme, les IDE peuvent se différencier selon qu'il s'agit d'un investissement de création, d'acquisition, de fusion, de joint venture10, d'extension ou de restructuration financière.

I.2.1. Les IDE à stratégie horizontale

Les IDE horizontaux ou de marché visent à produire d'une part, pour le territoire d'implantation, une gamme de biens qui reproduit intégralement ou partiellement celle de la maison mère en fonction des caractéristiques locales de la demande ; et d'autre part, ils concernent des pays de niveau de développement similaire. Les investissements considérés sont de type Nord-Nord, d'où le qualificatif de stratégie horizontale. La stratégie horizontale illustre les caractéristiques de la spécialisation internationale intra-branche fondée sur les marchés imparfaits. Ce type d'IDE vise à faciliter l'accès de l'investisseur à un marché étranger solvable aux perspectives de développement favorables. Ainsi, dans cette perspective de conquête ou de préservation de marché, l'investissement étranger vise à satisfaire la demande locale à travers la création de « filiales relais ».

Dupuch et Milan (2005) montrent que des firmes multinationales de type horizontal apparaissent lorsque les avantages à s'implanter à proximité des consommateurs sont plus élevés que les avantages liés à la concentration des activités. La firme préfère donc implanter plusieurs sites de production pour servir les marchés locaux s'elle peut réaliser des économies d'échelle entre ces différents sites du fait de la présence d'actifs intangibles (technologies, savoir-faire, etc.), si les coüts d'implantation sont relativement faibles, si les coûts de transport sont plutôt élevés et si la demande intérieure est forte. Ainsi, les modèles développés par Brainard (1993) et Markusen (1995) mettent l'accent sur les IDE de type horizontal qui correspondent à des stratégies de conquête de marchés locaux principalement dans les pays développés.

La stratégie horizontale ou de marché (market-seeking) a pour objectif de desservir les marchés domestiques. Dans ce cas, les produits sont fabriqués dans le pays hôte et vendus sur le marché local. En conséquence, ce type d'IDE est motivé par la demande intérieure à savoir, la taille des marchés et le niveau de revenu du pays hôte. Ce qui suggère que les pays les moins attractifs en IDE ont été moins susceptibles d'être en quête de débouchés, Asiedu (2002).

10 Renvoie aux entreprises conjointes

I.2.2. Les IDE à stratégie verticale

La stratégie verticale ou « non market-seeking » répond à un objectif de rationalisation de la production. Elle fait référence à une recherche d'efficacité ou « efficiency-seeking » et génère des flux d'investissement de sens Nord-Sud déterminés par les divergences de niveau de développement des Nations partenaires. De ce fait, l'IDE vertical à travers la localisation des activités dans les « filiales ateliers », vise à organiser une division internationale des processus productifs. Ces investissements se distinguent des IDE horizontaux par leur caractère simultanément unilatéral et intersectoriel. La stratégie verticale génère une localisation des IDE centrée sur la différenciation des dotations factorielles dans la tradition de la spécialisation intersectorielle propre à la théorie de Heckscher-Ohlin du commerce international. Ainsi, ces IDE sont dits de localisation lorsque les firmes s'intègrent dans une perspective de division internationale des processus de production (Dupuch et Milan, op cit.).

Le modèle de Markusen et al (1996) distingue les multinationales selon cette typologie et complète ainsi les résultats du modèle de Brainard sur l'arbitrage proximité-concentration qui concerne uniquement les firmes multinationales (FMNs) de type horizontal.

Les IDE de type vertical apparaissent entre des pays différenciés en taille et en dotations factorielles. Ils relèvent de la délocalisation, mais n'en constituent que l'une des modalités. Asiedu (2002), indique que la stratégie verticale consiste à produire dans le pays hôte et à vendre à l'étranger. Par conséquent, les facteurs de la demande dans le pays d'accueil sont moins pertinents en termes d'attractivité. Le facteur le plus important de ce type d'investissement est la facilité avec laquelle, les entreprises peuvent exporter leurs produits. Toutefois, les facteurs qui améliorent la productivité du capital sont pertinents pour les deux types d'IDE.

L'attractivité de certains pays de l'Afrique Subsaharienne et particulièrement de la zone UEMOA n'obéit pas à cette distinction entre stratégie horizontale et stratégie verticale. Ces pays sont des lieux privilégiés des investisseurs du fait de leur abondance en ressources naturelles et de la taille de leurs marchés intérieurs ; Morisset (2001). Cette stratégie est qualifiée d'IDE primaires.

I.2.3. Les IDE primaires

Les IDE primaires sont des investissements orientés vers l'exploitation des ressources naturelles du sol et du sous-sol. Ils constituent un cas particulier des IDE verticaux. Cette stratégie est assimilée à la recherche d'approvisionnements inexistants dans le pays d'origine, ou de moindre coût dans le pays hôte.

Les ressources naturelles désignent les biens non issus des processus de production humains mais qui répondent néanmoins à une demande de leur part. Deux grandes distinctions sont opérées dans l'analyse selon qu'il s'agit de ressources renouvelables ou épuisables. D'une part, en ce qui concerne les ressources épuisables ou non renouvelables (pétrole, minerais, etc.), Hotelling (1931) établit une règle selon laquelle la logique d'investissement rationnel de la part des détenteurs de capitaux devrait conduire à exploiter ces ressources, dont le stock est en permanence connu avec certitude, de manière à ce que le prix de vente augmente au rythme du taux d'intérêt de l'économie. D'autre part, quant aux ressources renouvelables (stock de poisson, forét, etc.), elles sont capables de fournir des ressources sur une longue période. L'importance de leur stock dépend principalement du prélèvement humain.

Storaï (2003) indique que, cette opposition didactique entre les IDE horizontaux et verticaux renvoie à la distinction entre les « filiales relais » et les « filiales ateliers », décrits par Delapierre et Michalet (1976). Toutefois, la recherche de marché et la recherche d'efficacité ne sont pas deux motifs d'investissement exclusifs l'un de l'autre. Dans la réalité, les FMNs s'engagent souvent dans des stratégies d'intégration complexe, qui intègrent à la fois des formes d'intégration verticale dans certains pays et horizontale dans d'autres ; Markusen et Venables (1998), Yeaple (2003). De ce fait, les modèles économiques introduisant une distinction entre IDE verticaux et IDE horizontaux imposent plus de restrictions aux comportements des FMNs.

I.2.4. Les IDE à stratégie complexe

Les IDE complexes ou hybrides caractérisent les situations où les firmes décident simultanément d'investir dans un pays dans le cadre d'une stratégie d'accès au marché et dans un autre pays dans le cadre d'une stratégie de réduction des coüts. Selon Yeaple (2003), les stratégies d'intégration complexe dominent les autres formes d'investissement lorsque les coüts de transport se situent à un niveau intermédiaire. En effet, si le niveau des coûts de transport est faible, les IDE prennent une forme verticale afin de bénéficier de la main d'oeuvre bon marché dans les pays du Sud. Par contre, s'ils sont élevés, les IDE prennent une forme horizontale aboutissant ainsi à une réduction des coûts résultant du commerce international entre les pays du Nord (par exemple la triade : Etats Unis-Union Européenne-Japon). Toutefois, en présence d'un niveau de coûts intermédiaires, les IDE prennent une forme hybride afin de bénéficier des avantages résultant de la complémentarité des investissements entre les pays du Nord d'une part et ceux Nord-Sud d'autre part. Dans ce cas, les IDE prennent simultanément une forme horizontale dans les pays du Nord et une forme verticale dans les pays du Sud.

Somme toute, en se situant du point de vue des pays hôtes en développement comme ceux de l'UEMOA, il est possible de concevoir les mutations probables en fonction du type d'IDE qu'ils peuvent attirer. Dans une première phase où les niveaux de rémunération sont relativement bas, ils attirent des IDE motivés par des gains d'efficacité. Ensuite, dans la seconde phase où les revenus commencent à croître, la profitabilité de l'IDE se déplace, passant d'un avantage en termes de coût des ressources humaines et naturelles à un avantage en termes de développement du marché.

Au-delà de cette distinction entre IDE horizontal et IDE vertical, il est possible de catégoriser les investissements étrangers suivant la forme qu'ils prennent dans le pays d'accueil. Ainsi, l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE)11 dans ses statistiques d'IDE retient les formes ci-après :

11OCDE (2008) : Définition de référence de l'OCDE des investissements directs internationaux, Paris, 4ème édition, P98

- Investissement d'acquisition à savoir l'achat ou la cession de participations existantes, dans le cadre d'opérations de fusion-acquisition. Celles-ci consistent en une mise en commun d'actifs ou d'intérêts économiques entre deux ou plusieurs entités conduisant souvent à augmenter la taille initiale des entreprises ;

- Investissement de création ;

- Investissement d'extension c'est-à-dire de nouveaux investissements supplémentaires ; - Investissement de restructuration financière.

Alors que les fusions-acquisitions supposent l'achat ou la cession de participations existantes, les investissements de création correspondent à des investissements entièrement nouveaux (investissements ex nihilo). Les investissements d'extension sont des investissements supplémentaires visant à développer une activité existante. Les investissements de création se traduisent par l'installation de nouveaux moyens de production et/ou le recrutement de nouveaux employés. D'un point de vue théorique et en termes d'impact économique, les investissements d'extension et de création sont similaires. Les restructurations financières sont un investissement réalisé en vue de soutenir l'activité d'une filiale qui connaît des difficultés financières en y injectant des fonds nouveaux afin de compenser les pertes résultant de l'exploitation. L'OCDE parle alors d'IDE de restructuration financière.

Après avoir établi une clarification conceptuelle des IDE ainsi qu'une typologie permettant de les distinguer, il importe d'en examiner les critères d'attractivité.

II. L'attractivité des investissements directs étrangers

L'attractivité est un concept que l'on peut aborder sous plusieurs aspects : étude des déterminants théoriques et/ou empiriques, mesure de l'attractivité potentielle, mais aussi de la performance en termes d'investissements entrants dans les différentes économies.

En effet, la globalisation économique et financière a conduit les firmes multinationales à développer des stratégies directement mondiales et à arbitrer entre les localisations de plusieurs territoires d'accueil potentiellement attractifs. Il en est de même des autorités en charge de la politique économique qui considèrent les capitaux étrangers comme une composante majeure de

leurs stratégies de développement en raison des effets d'entraînement qui résultent de l'implantation des firmes transnationales. Ainsi, l'analyse de l'attractivité nécessite la prise en compte des interactions entre les composantes du triptyque IDE-FMNs-territoire d'accueil.

I U1U L'attractivité territoriale et la stratégie globale des firmes multinationales

Dans le contexte de la globalisation, l'attractivité territoriale (côté demande d'IDE) reposant sur une série d'avantages de localisation revêt une importance d'autant plus fondamentale en ce sens que les firmes retiennent comme territoire d'accueil de leurs investissements, uniquement ceux qui renforcent leur compétitivité (Storaï, 2003). Elle est aujourd'hui un enjeu majeur de politique économique surtout en termes de politiques d'aménagement et de développement des pays en développement.

Au début des années 1980, la vague des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) caractérisés par une généralisation des politiques de libéralisation économique dans la plupart des pays en développement dont ceux de l'UEMOA, la valorisation des mécanismes de marché et de l'initiative privée aux dépens de l'intervention publique, ont profondément remodelé l'attitude des Etats à l'égard des investissements étrangers. Ainsi, une logique d'attraction des IDE s'est largement substituée aux politiques publiques de restriction. De ce fait, les choix stratégiques des firmes multinationales préfigurent désormais à la réalisation des spillovers macroéconomiques inhérents aux investissements étrangers dans les territoires d'accueil. En effet, les Etats se livrent à une concurrence interterritoriale acharnée afin de fournir un espace géographique attracteur dont le but ultime est d'être un espace de convergence des entreprises étrangères. Les Etats sont alors amenés à se parer de leurs « plus beaux atours », non seulement pour les attirer mais encore plus pour les retenir et de les accroître.

Par ailleurs, certains organismes internationaux, tels que la CNUCED produisent chaque année un classement des pays en fonction de leur attractivité, sous la forme d'une matrice obtenue en croisant deux indicateurs : l'Indicateur de Performance en termes d'Investissements Entrants et l'Indice du Potentiel d'Attractivité en termes d'Investissements Entrants.

L'Indicateur de Performance en termes d'Investissements Entrants (IPIE) qui a pour formule :

e e p ée

IPI

e e ée

P u p ée

P ée

L'IPIE reflète la mesure dans laquelle un pays reçoit des IDE comparativement à sa taille économique.

L'Indice du Potentiel d'Attractivité en termes d'Investissements Entrants (IPAIE), qui reflète plusieurs facteurs censés mesurer l'attractivité d'un pays pour les IDE à l'exception de la taille du marché. La CNUCED a retenu 12 indicateurs statistiques12 pour apprécier l'attractivité potentielle. L'IPAIE est une moyenne simple (non pondérée) des valeurs préalablement normalisées de 0 à 1 de ces 12 indicateurs. Plus cet indicateur tend vers 1, plus le pays est considéré comme attractif pour les IDE. Par contre, plus il tend vers 0, moins le pays est considéré comme attractif.

Le croisement de l'indicateur de performance en termes d'investissements entrants avec l'indicateur du potentiel d'attractivité permet d'obtenir le tableau n°1 ci-après :

Tableau n°1 : Comparaison de la performance des pays en termes d'IDE avec leur potentiel d'attractivité

 

Performance élevée

Performance médiocre

Fort potentiel

Peloton de tête

En dessous du potentiel

Faible potentiel

Au-dessus du potentiel

Peloton de queue

Source:CNUCED, http://www.unctad.org/Templates/Page.asp?intItemID=2468&lang=1

La distinction performance élevée/performance médiocre dépend du classement qui résulte de la valeur obtenue pour l'IDE.

Le tableau fait ressortir quatre catégories de pays :

12 Ce sont : le PIB/tête, le taux de croissance du PIB/tête des 10 dernières années, la part des exportations dans le PIB, le nombre de lignes téléphoniques par millier d'habitant, la consommation d'énergie du secteur privé par habitants, le pourcentage d'étudiants de 3è cycle dans la population, le risque pays, la part du marché du pays dans les exportations mondiales de matières premières, la part de marché du pays dans les importations mondiales de partie et composantes d'automobiles et de produits électriques, la part de marché du pays dans les exportations mondiales de services, et la part du pays dans le stock mondiale d'IDE entrants.

· les pays du peloton de tête appelés aussi « les bons élèves » ; ce sont les pays qui ont à la fois un potentiel et des résultats élevés en termes d'entrées effectives d'IDE ;

· les pays du peloton de queue ou « les mauvais élèves » ; ce sont des pays qui ont un faible potentiel d'attractivité et qui enregistrent des entrées effectives faibles ;

· les pays dont les résultats sont inférieurs à leur potentiel ; ce sont les pays qui n'utilisent pas pleinement leur potentiel d'attractivité. Ils ont un indice d'entrées potentielles élevé, mais des entrées effectives faibles ;

· Les pays au-dessus du potentiel ; ce sont les pays qui ont un faible potentiel, mais qui réussissent néanmoins à attirer plus d'investissements étrangers que la moyenne.

Ce classement sert en principe aux pays à se positionner et à élaborer les politiques appropriées afin d'améliorer ou de renforcer leur attractivité.

II. . t IINNILFNRINFISIPVIIIP IPs P ulNICLN/ECLlIPs

Dans un contexte d'économie mondialisée, la compétitivité entre les différents territoires d'accueil engendre à son tour une concurrence inter firmes transnationales. L'attractivité des firmes multinationales (côté offre des IDE) caractérise l'ensemble des mesures et des opportunités offertes par les firmes dans le but de pénétrer les territoires les plus potentiellement attractifs. Tout ceci, afin d'exploiter les avantages spécifiques des territoires en termes de ressources naturelles, taille des marchés, faible cofit de la main d'oeuvre, etc. Ainsi, les FMNs, soucieuses d'acquérir une compétitivité ou d'en renforcer, sont amenées à convaincre, les pays d'accueil des retombées macroéconomiques de leurs activités sur les économies locales. Ce faisant, elles sont de moins en moins exigeantes dans la négociation des conditions d'implantation, et entreprennent de bonnes pratiques en termes de protection de l'environnement mais aussi d'internalisation des externalités négatives qui résultent de leurs exploitations. L'attractivité des FMNs est plus complexe et les firmes intègrent d'autres motivations non seulement orientées vers la recherche d'efficacité ou de rentabilité des IDE.

Toutefois, les politiques d'attraction entreprises par les pays de l'UEMOA, nous amènent plus à s'interroger sur la pertinence de l'attractivité territoriale et de ses effets plutôt que de faire une présentation exhaustive de l'attractivité de la firme.

II.E CI 41741EMiAINéCIIKTAIDIXICITECIP 4VI I

Dans la logique de la globalisation, la dialectique de l'attractivité repose inévitablement sur une interaction entre les intérêts microéconomiques des firmes et les intérêts macroéconomiques des Etats, d'où l'indispensable convergence entre les stratégies des firmes et les politiques économiques gouvernementales. Cette forme d'attractivité se traduit par la combinaison de l'attractivité territoriale à celle des firmes. Elle consiste à analyser l'attractivité des IDE d'un point de vue global. L'approche transversale de l'attractivité consiste également à examiner les liens entre les spécificités sectorielles (structure, intensités compétitives/technologiques), stratégies d'implantation des FMNs et des IDE. La première tentative d'intégration de ces trois approches (firmes-territoires-secteurs) s'est traduite dans le paradigme OLI de Dunning (1988).

Par ailleurs, les extensions de cette analyse combinent les apports des Nouvelles Théories du Commerce International (NTCI) à ceux de la Nouvelle Economie Géographique (NEG). Ce faisant, trois nouvelles approches de l'attractivité en découlent : l'approche spatiale, l'approche gravitationnelle et l'approche de l'adaptation institutionnelle, avec pour objectifs communs, l'analyse d'impacts, la comparaison de l'attractivité et l'examen des enjeux des transferts technologiques.

II.4. Interactions IDE-FMNs-attractivité territoriale

La globalisation économique a réhabilité un concept typiquement smithien en matière d'échange international : celui de l'avantage absolu. Cela constitue une rupture épistémologique forte avec les fondements théoriques traditionnels de la spécialisation internationale (Storaï, op cit.). En effet, pour être retenu comme lieu d'implantation des IDE, les territoires doivent répondre favorablement et intégralement à un certain nombre d'avantages de localisation requis par les firmes multinationales. Ainsi, plus les offres des territoires et les demandes des firmes seront en adéquation, moins les IDE seront volatiles. Au niveau des interférences FMNs-Territoire d'accueil, coexistent deux types d'avantages : l'avantage absolu des territoires et l'avantage compétitif des firmes.

Les avantages compétitifs des firmes peuvent provenir de deux sources : celles qui réduisent les coüts de production tels que l'innovation technologique et les coüts des inputs, et celles qui permettent la différenciation des produits telles que les marques de fabrique, la publicité et la concurrence monopolistique. D'un point de vue holistique, la compétitivité des firmes peut s'analyser comme la prédisposition de ces dernières à conquérir de nouveaux marchés ou des parts de marché mondial dans un contexte de concurrence oligopolistique. Cela se traduit par une interdépendance globale entre les acteurs d'un méme secteur d'activité.

Les avantages absolus de localisation implémentent l'attractivité des territoires susceptibles de répondre aux besoins et aux attentes des investisseurs potentiels. Tout espace géographique désireux d'attirer des IDE se doit de mettre en place une politique économique multidimensionnelle à même de susciter ces avantages absolus de territorialisation. Ce faisant, la dynamique de l'attractivité doit être conçue progressivement selon un archétype organisationnel permettant au préalable, de lisser un cadre macroéconomique et institutionnel favorable à la qualité de l'environnement des entreprises.

En adoptant une logique globale, les firmes mettent, d'une part les territoires potentiellement accueillants en situation de concurrence accrue, et d'autre part, elles acquièrent un pouvoir d'émancipation à l'égard aussi bien de l'espace géographique que de l'environnement économique de localisation.

III. Les théories de la croissance en conjonction avec les mouvements d'IDE

Différentes théories se sont intéressées aux IDE sans parvenir à fournir un cadre théorique unifié permettant aussi bien de déterminer les déterminants que de quantifier les impacts de ceux-ci sur les économies d'accueil. Les éléments de réponses de ces théories diffèrent selon les écoles de pensée, l'évolution des IDE et les approches adoptées.

III.1. La théorie éclectique de Dunning : paradigme OLI

La théorie développée par Dunning (1977) constitue une première contribution majeure de l'analyse des flux d'investissements internationaux dans les années 1970, bien que la première firme multinationale se soit développée au milieu du 17è siècle sous le nom de « East India Company ». La théorie éclectique est conçue comme une synthèse des théories de l'internationalisation et de la théorie des coüts de transaction qui n'apportent chacune que des explications partielles de la localisation des firmes. Dans cette approche, Dunning s'est inspiré des travaux de Hirsch (1976) relatifs à un arbitrage qu'effectue une firme entre les trois modalités d'exploration du marché étranger : soit l'investissement direct étranger, soit l'exportation ou la vente de licence. En distinguant les différents coûts relatifs à chaque modalité, la simple comparaison entre ces coûts détermine le choix de la modalité la plus rentable pour la firme. L'approche de Hirsch suppose ainsi une information parfaite sur tous les coûts, ce qui ne peut être le cas à l'échelle mondiale compte tenu de la grande asymétrie des coûts et des avantages. En outre, cette approche qui fait partie des modèles statiques (non stratégiques) ne considère que le choix d'une firme isolée et pour qui seul le coût importe dans la décision de localisation.

C'est dans ce cadre d'arbitrage que Dunning (1981) construit un modèle simple à deux pays dans lequel les firmes font le choix entre les trois modalités de pénétration du marché étranger (IDE, Licence ou Exportations). Ce choix s'effectue sur la base des trois types d'avantages qu'une firme doit posséder pour s'internationaliser et résumé par le paradigme OLI. Il s'agit de :

- Ownership advantage (O) qui se traduit par la possession d'un actif spécifique ou avantage spécifique de la firme. C'est un produit ou une technologie dont les autres firmes ou sociétés ne disposent pas ou n'y ont pas accès (brevet, marques, secrets commerciaux, etc.) ;

- Location advantage (L) qui signifie que l'actif doit être durable pour l'entreprise de l'exploiter à l'étranger plutôt que dans le pays d'origine. C'est un avantage de la localisation à l'étranger. Il s'agit ici de rechercher les débouchés qui minimisent les coûts de production, de commercialisation, etc.

- Internalization advantage (I) qui s'explique par le fait qu'il y a moins d'avantage à sous-traiter qu'à exploiter soi-même cet actif spécifique. C'est un avantage à l'internalisation, en vue de contourner ou d'éviter le risque lié à la vente de technologie aux autres firmes pour ne pas s'exposer à la concurrence.

Ainsi, le choix de la modalité de pénétration du marché étranger est fonction de la conjecture entre ces trois types d'avantages. En effet, une implantation à l'étranger par le biais des IDE n'est possible que si les trois avantages spécifiques (O, L et I) sont réunis. En revanche, si l'avantage des coûts à la localisation L n'existe pas en présence des deux autres avantages O et I, la firme préfère exporter vers les marchés étrangers. La vente de licence sera le choix le plus favorable si elle ne détient qu'un avantage au niveau de l'industrie O ; Dunning (1988).

Cependant, cette théorie reste marquée par son approche purement microéconomique de la question de la localisation et de l'absence d'une analyse macroéconomique en termes d'avantages comparatifs des pays (Kojima, 1990). En outre, dans les approches de Hirsch et de Dunning, le choix de la modalité de pénétration du marché résulte d'un simple arbitrage statique entre des coüts ou des avantages, ce qui réduit le cadre d'analyse de la localisation. Cette théorie est aussi critiquée par l'absence d'interactions stratégiques entre les firmes dans les choix isolés qu'effectuent ces firmes, sans prise en compte des actions et choix des firmes concurrentes locales et étrangères. Toutefois, Dunning (1993) lui-même a tenté de dépasser le cadre statique de son modèle pour une approche dynamique de la théorie éclectique, en considérant l'évolution dans le temps des trois types d'avantages O, L et I.

II, I I IISSUFKEIRLIiRERZWEe

Les modèles de gravité en économie sont inspirés des principes de gravité en économie spatiale appliqués pour l'étude des aires d'influence des économies modernes. En économie internationale, les modèles de gravité ont été introduits pour analyser les flux d'échange bilatéraux entre pays. On considère que les flux d'échanges sont une fonction linéaire de la puissance économique des pays, la richesse et la proximité géographique. Elle peut être exprimée de la façon suivante : nii = f(Yi, Y , Eii). Avec nii : les flux des échanges entre les pays i et j ;

Yi et Yi : les PIB respectifs des pays i et j ; ELI : un vecteur de facteurs de résistance des échanges entre les deux pays comme la distance (proxy des coûts de transport), les conflits. Par exemple, la population, l'existence de facteurs historiques et culturels constituent des facteurs d'attraction tandis que les couts de transport, les barrières tarifaires et non tarifaires sont des facteurs de résistance.

Les fondements théoriques du modèle gravitationnel depuis les travaux précurseurs réalisés simultanément par Tinbergen (1962) et Pöyhönen (1963) et prolongés par Linnemann (1966), se sont progressivement développés dans le cadre des travaux d'Anderson (1979), Bergstrand (1985 et 1989), Deardorff (1995), et Evenett et Keller (1998). Ces modèles se situent dans le cadre de la concurrence imparfaite et suggèrent que les échanges commerciaux et les IDE sont substituables. Anderson (1979) a donné une généralisation de l'équation de gravité en s'appuyant sur la théorie du commerce international d'Hecksher-Ohlin. Il postule que chaque pays se spécialise dans la production d'un seul bien pour lequel il est mieux doté par rapport aux autres pays et que les préférences des consommateurs sont identiques entre les pays. Anderson déduit ainsi, une équation de gravité à partir d'un système linéaire de dépenses.

Récemment, Josselin et Nicot (2003)13 s'appuyant sur les travaux de Bergstrand (1985, 1989) et Festoc (1996) et de l'hypothèse d'une fonction de production identique entre les deux pays, fournit une équation généralisée du modèle gravitaire intégrant les IDE :

PXi
· = a°. Y a1. Y.a2. y a3. y a4. a5.D a6.P G a7.P G a8. DE a9. DE a1°. DE a11. Avec :

13 Josselin et Nicot (2003) : un modèle gravitaire géoéconomique des échanges commerciaux entre les pays de l'UE, les PECO et les PTM, P11.

- P : la valeur des échanges du pays importateur i vers le pays exportateur j

- Y t Y : les PIB respectifs de i et de j

- t : PIB/ habitant respectif de i et de j

- IP t IP : indice de prix de gros respectif de i et de j

- I t I : les investissements directs étrangers respectifs de i et de j

- : la distance selon le degré de contiguïté entre i et j

- : la distance entre les centres de i et de j

- : le taux de change réel entre les pays i et j

- ......... : des paramètres

L'introduction des IDE dans le modèle gravitaire répond à un double objectif. Premièrement, comme variable explicative des flux commerciaux, et deuxièmement, identifier les secteurs industriels de concentration de ces IDE et analyser leurs impacts sur les deux économies.

D'autres auteurs ont également utilisé les modèles de gravité pour expliquer les flux d'IDE internationaux. Eaton et Tarnura (1994), et Kumar (2000) ont explicitement fait référence aux modèles de gravité dans leurs études sur la géographie des IDE. Les fondements des modèles de gravité dans l'explication du flux d'IDE se traduisent de la façon suivante. Pour le pays d'origine, plus sa taille économique est grande, plus il a la capacité d'investir à l'étranger. Quant au pays d'accueil, plus sa taille économique est grande, plus il est susceptible de recevoir un montant plus important d'IDE. Par ailleurs, la distance devrait avoir un impact négatif sur les flux d'IDE, car la distance engendre des coûts et des barrières à l'IDE:

- la distance entraîne d'abord un coût de déplacement de personnels et de biens. Ce facteur est particulièrement important pour les IDE de type vertical ou de type exportateur, c'està-dire des implantations d'usines à l'étranger qui importent des produits intermédiaires et exportent des produits finis.

- d'une manière générale, la proximité facilite l'obtention des informations, tandis que l'éloignement implique souvent une barrière culturelle (y compris linguistique) et un coût psychologique pour les investisseurs étrangers.

Bien que les progrès récents dans le domaine des transports et des télécommunications aient contribué à réduire sensiblement les coüts de transport, force est de reconnaître qu'ils ont un impact non négligeable dans certains domaines.

III.3. la théorie néoclassique

Pour F. Perroux : « le développement économique est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rende apte faire croître cumulativement et durablement son produit réel global ». La croissance économique préalable au développement implique alors une interaction entre des facteurs économiques, sociaux et politiques.

Les premières théories de la croissance économique (Adam Smith, 1776 ; Thomas Robert Malthus, 1798, David Ricardo, 1817) ont mis l'accent sur l'importance de l'expansion quantitative des facteurs de production à savoir : le capital, le travail et la terre, le rôle de la croissance des marchés dans l'amélioration de l'efficience et de la productivité d'une économie, et le rôle de la demande et des effets multiplicateurs de l'augmentation de l'investissement et des exportations.

L'avènement des modèles néoclassiques, tel que celui de Solow (1956), a constitué un changement de paradigme, en accordant une grande importance au changement technique et au rôle que peuvent jouer des éléments tels que l'amélioration de la production dans la croissance économique. Le modèle de Solow, avec l'hypothèse des rendements d'échelle décroissants du capital, stipule que les économies qui ont un niveau initial du stock de capital par tête plus faible, tendent à avoir des rendements d'échelle et des taux de croissance plus élevés. Ce qui va leur permettre de converger à long terme vers les pays riches.

Pour les néoclassiques, les flux d'IDE correspondent à une adaptation des firmes aux conditions des marchés nationaux et internationaux en termes de coûts de facteurs résultant des dotations factorielles. Suivant leur optique, les capitaux devraient donc aller des pays où ils sont plus abondants vers ceux où ils sont relativement rares; car dans ces derniers, les rendements des nouveaux investissements devraient être plus élevés. Cette réaffectation des capitaux améliorerait l'allocation des ressources, permettrait de valoriser les avantages comparatifs et

devrait présenter des gains importants dans les pays d'accueil notamment la hausse du revenu national, des exportations, l'amélioration de la productivité et la hausse des rémunérations des travailleurs. Cependant, il faudrait noter que la rareté du capital ne suffit pas aujourd'hui pour expliquer les flux d'IDE et le fait que les capitaux ne se dirigent pas toujours des pays riches vers les pays pauvres (paradoxe de Lucas). Ce faisant, Lucas (1990) estime que, les capitaux ne se dirigent pas forcément vers les zones où ils sont le plus rares, car les rendements des investissements sont plus importants là où la main d'oeuvre est la mieux formée et les infrastructures plus développées. Ce qui justifie certainement les raisons pour lesquelles les capitaux se dirigent là où leur présence est déjà forte.

Dans le cadre des modèles de croissance néoclassique de type Solow, l'effet des IDE sur la croissance est limité, vu l'hypothèse des rendements décroissants. Les IDE influencent seulement le niveau du revenu, laissant le taux de croissance à long terme inchangé. Autrement dit, la principale insuffisance des modèles néoclassiques, est que, la croissance à long terme ne peut résulter que du progrès technologique et/ou de la croissance de la population, de la force de travail, qui sont considérés comme exogènes. L'IDE affectera la croissance uniquement à court terme, tandis qu'à long terme, et en raison de la loi des rendements décroissants par rapport au capital, l'économie convergera vers un état stationnaire, comme si l'IDE n'avait jamais pris place dans celle-ci, n'affectant en aucune manière le taux de croissance à long terme (De Mello, 1997). De plus, dans le modèle de Solow, le capital physique, en tant qu'input, a des rendements décroissants, ce qui limite le processus d'accumulation, donc conduit inexorablement à l'arr~t de la croissance. C'est la principale limite de ce modèle qui est incapable de rendre compte de la dynamique effective des pays capitalistes développés. En dehors même du caractère résolument exogène de la croissance, d'autres faiblesses de la conception néoclassique traditionnelle subsistent et que l'on peut interpréter comme des problèmes « OTOéqXIi12g1ux faiIs ». En effet, les divers systèmes productifs nationaux évoluent dans des situations contrastées et cette diversité ne peut etre expliquée sur la base d'une approche de type Solow. De plus, le jeu de la concurrence devrait permettre au commerce international de déboucher sur l'égalisation du ratio capital/travail et des prix des facteurs de production Lucas (1988). Or, ceux-ci ne sont en rien corroborés par les faits.

III.4. Les nouvelles théories de la croissance

Les nouvelles théories de la croissance sont généralement désignées dans la littérature économique sous le vocable « théories de la croissance endogène ». Il s'agit de nouvelles approches de la croissance qui connaissent un important développement depuis la décennie 1980. Elles sont nées des travaux d'économistes tels que Romer (1986), Lucas (1988), Barro (1991), Barro et Sala-i-Martin (1995) et Grossman et Helpman (1991), qui se nourrissent des avancées de la nouvelle économie industrielle, qui intègre la concurrence imparfaite, les stratégies d'innovation, la recherche-développement, la différenciation des produits, la non constance des rendements d'échelle, etc. Cette nouvelle approche de la croissance se focalise sur le rôle central de l'accumulation et la diffusion de la technologie dans la croissance économique. L'existence des externalités technologiques et de connaissances viennent contrebalancer les effets des rendements décroissants de l'accumulation du capital du modèle de Solow et donc, maintiennent l'économie sur un sentier de croissance soutenue de long terme.

L'avènement de la théorie de la croissance endogène a encouragé la recherche sur les canaux, par lesquels, l'IDE peut promouvoir la croissance à long terme. En effet, l'IDE peut contribuer significativement à l'accroissement du stock des connaissances dans le pays d'accueil, en fournissant non seulement de nouveaux biens d'équipement, mais aussi de nouveaux procédés de production. L'amélioration des qualifications peut avoir lieu soit par une formation formelle des travailleurs, soit par le learning by doing au sein des filiales étrangères. L'IDE en améliorant le stock des connaissances du pays hôte, aura aussi bien un effet à court terme qu'à long terme sur l'économie d'accueil, et permet de soutenir le taux de croissance de long terme. Romer (1993), stipule que les firmes multinationales en fournissant de nouvelles connaissances aux pays en développement, réduisent les écarts technologiques entre ces pays et les pays avancés, ce qui peut constituer un facteur important de croissance et de convergence économique.

Plusieurs facteurs (capital humain, l'accumulation du capital, le commerce international et la politique gouvernementale), qui selon la théorie de la croissance endogène expliquent la croissance, à long terme, peuvent être véhiculés par l'IDE. L'IDE, est supposé, stimuler la croissance, par la création d'avantages comparatifs dynamiques conduisant au transfert de technologie, l'accumulation du capital humain et l'intensification du commerce international

(OCDE, 2002). Ces avantages dynamiques, souvent connus sous le nom des spillovers, sont liés les uns aux autres, complémentaires, et ne doivent pas être étudiés séparément. En effet, le gain engendré par l'IDE sur un facteur de la croissance est susceptible de stimuler le développement des autres facteurs, une sorte de synergie.

III.5. La théorie du commerce international

La théorie du commerce internationale est une théorie explicative des échanges internationaux qui tente d'expliquer les différents flux d'échange entre les pays, la spécialisation dans certains types de produits ainsi que les avantages qui résultent de cette spécialisation. La théorie classique considère les échanges commerciaux et les IDE comme des stratégies alternatives. En effet, la causalité entre commerce international et IDE peut s'analyser aussi bien du point de vue du pays investisseur que du pays d'accueil.

Du point de vue pays investisseur, l'IDE peut être considéré comme un substitut des échanges, dans la mesure où les exportations sont remplacées par des ventes locales sur les marchés étrangers, spécifiquement sous forme de produits finis. Toutefois, il peut exister une relation de complémentarité entre IDE et échanges commerciaux en ce sens que les investissements à l'étranger renforcent la compétitivité sur les marchés étrangers, et accroissent les échanges de facteurs de production et de produits finis. En revanche, pour le pays d'accueil, la causalité peut être considérée comme symétrique de celle observée dans le pays investisseur. Les ventes locales et les achats locaux effectués par les filiales étrangères remplacent les importations en provenance du pays investisseur et améliorent de ce fait la situation de la balance courante, la production intérieure et le niveau d'emploi.

Les interactions entre les échanges et l'investissement direct qui sont l'une des principales caractéristiques de la globalisation, sont complexes et ne peuvent pas être déduits à partir d'une analyse purement théorique. La nature de liens relève d'une analyse plutôt purement empirique. Les travaux empiriques montrent que jusqu'au milieu des années 1980, c'est le commerce international qui a généré les investissements directs. Après cette période, la causalité semble s'inverser et l'investissement direct exerce une influence majeure sur les échanges. Les travaux

analytiques de Fontagné (1999), parviennent à montrer l'influence majeure et positive qu'exerce l'investissement direct sur les échanges particulièrement après le milieu des années 1980. Ainsi, les IDE stimulent l'accroissement des exportations des pays d'origine et sont par conséquent complémentaires aux échanges. Une analyse menée sur un agrégat de 14 pays a permis de constater que chaque dollar investi à l'étranger produit environ 2 dollars d'exportations supplémentaires, (Fontagné, op. cit).

De nos jours, les schémas classiques de spécialisation, selon lesquels les pays n'exportent que les produits pour lesquels ils possèdent un avantage comparatif, tendent à perdre de leur validité. Les échanges intra-branches, les exportations et les importations de différentes variétés ou qualités de produits d'une méme branche se développent de plus en plus. D'où la naissance des nouvelles théories du commerce international qui intègrent désormais la concurrence imparfaite et les rendements d'échelle croissants dans l'explication des échanges commerciaux.

III.6. Les Nouvelles Théories du Commerce International (NTCI)

D'après la théorie traditionnelle du commerce international, les IDE sont déterminés par les écarts de dotations factorielles. Or, les développements récents de la NTCI expliquent le développement d'investissements de type horizontal entre des pays dont les niveaux de revenu par habitant sont proches. En conséquence, les investissements directs sont d'autant plus importants que les écarts de PIB par tête sont faibles. De surcroît, selon la nouvelle théorie, les IDE s'orientent vers les pays à préférences similaires. C'est le cas des échanges entre la France et l'Allemagne dans le domaine de l'automobile.

La théorie éclectique de Dunning (1977) constitue une première approche globale des facteurs explicatifs de l'investissement direct dans laquelle apparaissent des éléments comme la concurrence imparfaite, les avantages comparatifs ou l'internalisation des coüts de transaction. Mais, ce cadre s'avère aujourd'hui insuffisant pour expliquer la majeure partie des IDE. Toutefois, il constitue le point de départ des nouveaux éléments théoriques apportés par les modèles d'investissement stratégique et la NTCI. La NTCI enrichie de l'analyse de la firme multinationale est venue pallier les insuffisances de la théorie traditionnelle en intégrant des

éléments comme la concurrence imparfaite, la différenciation des produits et les économies d'échelle, (Brainard, 1993, Markusen, 1995). Elle met en avant un arbitrage des FMNs entre proximité et concentration. Les modèles théoriques de la NTCI suggèrent que dans l'arbitrage entre exportations et IDE, les exportations soumises à des coats de transport s'effectuent entre des pays proches tandis que les investissements se localisent dans des pays plus éloignés. Toutefois, l'investissement direct est soumis à des coûts irrécupérables importants (coûts d'implantation, d'information) croissants avec la distance. De même, les facteurs historiques et culturels ou encore les préférences des consommateurs impliquent que les investisseurs privilégient les pays proches géographiquement, (Dupuch et Milan, 2005).

III.7. / IINSUFEeRNSMOeRdIsRI' ( : Economie Géographique

Avant les années 1990, les différents travaux aussi bien théoriques qu'empiriques sur la stratégie de localisation des firmes multinationales se caractérisent par l'absence de toute considération spatiale dans les choix de localisation14, ce qui limite la portée théorique de ces modèles. Ce vide dans la littérature ne sera comblé qu'au début des années 1990 avec l'article de Krugman (1991) qui a donné naissance à un nouveau corpus théorique économique : l'économie géographique. La réflexion de Krugman est fondée sur l'organisation spatiale des activités industrielles et sur les diverses forces qui agissent sur les équilibres de localisation. Ces équilibres résultent d'une confrontation dans le temps et dans l'espace de deux types de forces : des forces centripètes qui poussent à la polarisation des activités de production et des forces centrifuges qui favorisent plutôt la dispersion des industries.

En s'inspirant de Dixit et Stiglitz (1977), Krugman (1991) propose un modèle de concurrence monopolistique à deux secteurs : manufacturé et agricole, et à deux régions. Le modèle de Kugman s'appuie sur les trois postulats ci-après. D'abord, il suppose que les rendements d'échelle sont croissants dans les deux secteurs et que le secteur manufacturé produit un bien différencié horizontalement, tandis que le secteur agricole produit un bien homogène. Il suppose ensuite une parfaite mobilité du facteur travail dans le secteur manufacturé et une immobilisation

14 Bien que les analyses économiques spatiales remontent au milieu du XXe siècle avec des auteurs tels que W. Isard, F. Perroux, R. Cantillon, J. H. Von Thunen, A. Weber, A. Lösch

internationale dans le secteur agricole. Enfin, entre les deux régions, le bien agricole est librement échangeable, tandis que le bien industriel attire plus de travailleurs consommateurs. Ainsi, on est en présence d'un cercle vertueux dont résulte une structure centre-périphérie. La réduction des coüts de transport entre les deux régions entraîne l'émergence de cette structure avec une agglomération des activités industrielles dont les coûts de transport frictionnels sont de type "Iceberg". Dans ce modèle, la parfaite mobilité du facteur travail, sensible à une variation des salaires réels, entraîne une accumulation du travail dans une localisation, ce qui engendre l'agglomération des firmes sur ce site. Cette agglomération augmente le nombre de variétés produites localement, ce qui contribue à la baisse de l'indice de prix domestique des biens manufacturés, à l'augmentation du salaire réel dans la région-centre et à la dispersion des activités agricoles dans la région-périphérie. Krugman explique cette agglomération des activités au centre par les effets d'entraînement en amont (backward linkages) et en aval (forward linkages). Le premier effet découle de la recherche des firmes de la plus forte demande qui est favorisée par la parfaite mobilité du travail, tandis que l'effet aval découle du gout des consommateurs pour la diversité, ces consommateurs maximisent leurs utilités en se concentrant dans la région qui leur propose le plus grand nombre de variétés.

En dépit de l'important apport théorique du modèle de Krugman (1991), il reste limité par l'hypothèse de parfaite mobilité des travailleurs. Cette hypothèse ne peut se réaliser facilement entre deux pays de cultures et de langues différentes. Tenant compte de cette insuffisance du modèle de Kugman (1991), Baldwin (1999) a remplacé la mobilité du travail par celle du capital et a étudié les conditions d'apparition d'une structure centre-périphérie. Il en ait de même du modèle de choix de localisation internationale dans lequel, Krugman et Venables (1995) suppriment la mobilité du travail, en introduisant un input composite : chaque firme produit un bien différencié destiné à la consommation intermédiaire des autres firmes et à la consommation finale des consommateurs. L'existence de liens en amont et en aval entre firmes entraîne l'agglomération des activités. Les biens intermédiaires présentent dans ce modèle un facteur productif qui favorise l'agglomération des firmes. Ces firmes cherchent à se localiser dans le pays qui dispose du secteur industriel plus important, ce qui sous-entend plus de demande d'input intermédiaire (effet en amont). Systématiquement, l'augmentation du nombre des firmes accompagnée d'une augmentation du nombre de variétés produites entraîne une baisse de l'indice de prix de ces biens et une réduction de leurs coüts (effet en aval). Ce modèle intégrant

les inputs composites a connu d'autres extensions avec les travaux de Puga et Venables (1997), et Venables (1996 et 1998).

Jusqu'à présent, nous avons consacré notre analyse de la littérature de l'économie géographique aux modèles considérant la mobilité du travail ou bien la présence d'un input composite comme forces centripètes qui entraînent une structure centre-périphérie et une agglomération des activités industrielles. Cependant, le développement de modèles d'économie géographique récents met en lumière d'autres forces centripètes et centrifuges qui peuvent aussi perturber les équilibres spatiaux de localisation. Parmi les forces centripètes, qui poussent à la polarisation des activités de production, nous recensons les spillovers technologiques, les gains d'accès au marché et les dépenses publiques. A l'opposé, les forces centrifuges qui entraînent plutôt une dispersion des industries se présentent dans : la sclérose de l'innovation, les différentiels de coüts des facteurs, les avantages comparatifs et les phénomènes de congestion.

III.8. Nouvelle Economie Géographique (NEG)

La NEG, développée à partir de l'analyse de l'économie géographique faite par Krugman (1991) de l'économie géographique permet de comprendre la répartition spatiale des activités en prenant en compte l'existence d'externalités pécuniaires et technologiques, et de rendements d'échelle croissants. Les forces centripètes ou d'agglomération seraient notamment liées à la recherche par les firmes de la proximité des marchés et des fournisseurs, à l'existence de retombées technologiques et à la présence de facteurs de production dont une main d'oeuvre qualifiée. A partir d'un certain seuil, la concentration des activités aurait des effets négatifs tels que la congestion et la pollution, qui induiraient une certaine dispersion des activités. Les forces centrifuges ou de dispersion peuvent aussi être dues à une concurrence entre des firmes trop nombreuses sur un même marché.

De façon générale, il n'est pas facile de distinguer les effets des IDE de leurs déterminants tant ceux-ci sont imbriqués et ceci est particulièrement vrai dans le cas des effets d'agglomération, (Mainguy, 2004). Ainsi, les modèles développés dans le cadre de la NEG, ont contribué aussi bien à identifier les déterminants des IDE qu'à analyser l'impact socioéconomique de ceux-ci sur

la croissance des pays hôtes. Les firmes étrangères ont tendance à s'implanter dans les pays disposant de bonnes infrastructures, une main d'oeuvre compétente, de marchés solvables et d'un accès facile au marché international. Il en va de même pour les firmes locales.

La concentration des activités peut prendre la forme particulière de clusters ou de districts industriels. En effet, les clusters sont des concentrations des firmes dans un ou plusieurs secteurs bénéficiant d'un réseau dense de concurrents, de clients, de fournisseurs spécialisés, de main d'oeuvre qualifiée avec des ressources financières et des institutions adéquates, (CNUCED, 2001). Ainsi, les spillovers technologiques des IDE seraient plus importants dans le cadre des clusters, (Thompson, 2002 cité par Mainguy, 2004).

Par ailleurs, dans le cadre de l'analyse des effets de l'ouverture commerciale, la NEG fournit un corpus théorique intégrant les variables ; coûts de transport, taille des marchés, effets d'entrainement et de concurrence, les prix et la mobilité des facteurs, permettant d'évaluer l'impact de l'ouverture d'un pays sur la répartition des IDE entre les différents espaces puis en leur sein.

Conclusion

Somme toute, l'investissement direct étranger peut se définir comme différentes opérations financières destinées à agir sur la marche et la gestion d'entreprises implantées dans des pays différents de celui de la société mère. Ces investissements internationaux sont une caractéristique principale de la mondialisation économique et de la multinationalisation des firmes, et revêtent un rôle d'autant plus capital dans les pays en développement. Ceux-ci, surtout les pays de l'UEMOA considèrent l'IDE comme essentiel à leur développement. Ainsi, l'IDE fait figure de moteur de croissance en raison des apports en capitaux dont ces pays ont manifestement besoin, et les divers spillovers qu'engendrent ces investissements internationaux. Cette attractivité peut s'analyser à plusieurs niveaux : attractivité territoriale ou côté demande d'IDE, l'attractivité firmes ou côté offre d'IDE mais aussi l'attractivité au niveau global combinant les deux premières approches.

Par ailleurs, les firmes utilisent soit la stratégie primaire (IDE orienté vers l'exploitation des ressources naturelles), soit la stratégie verticale qui est fondée sur la recherche d'efficacité, soit la stratégie horizontale qui se traduit par la conquête de marchés, mais aussi avec la globalisation, les firmes combinent plusieurs approches de localisation, de délocalisation ou de relocalisation d'où la notion de stratégie complexe ou hybride, pour s'internationaliser.

L'intérêt manifeste accordé aux IDE a conduit les différents courants de la science économique mais également d'autres disciplines comme la géographie à rechercher aussi bien les déterminants que leurs impacts sur les économies d'accueil. Depuis la théorie éclectique de Dunning (1977), la question de la localisation a été traitée sous plusieurs optiques : de l'approche statique à l'approche dynamique, des stratégies d'implantation simple aux stratégies complexes. Le chapitre suivant constitue une contribution analytique des flux d'investissements directs en direction de l'UEMOA.

Chapitre II : Analyse des flux d'investissements directs étrangers dans l'espace UEMOA

Introduction

Les pays de l'UEMOA, tout comme la plupart des pays en développement, se trouvent confrontés à l'insuffisance des ressources domestiques notamment l'épargne intérieure pour financer leurs économies. Il leur faut donc trouver d'autres alternatives pour faire face à ce déséquilibre Investissement-Epargne (I-S). Deux solutions s'offrent face à cette inquiétude : le recours aux crédits internationaux ou aux IDE pour faire face à ce déficit d'épargne. Malheureusement, la première solution fut limitée par leur niveau d'endettement, la baisse de l'APD contrairement aux initiatives de Monterrey en 2002, et par la récente crise financière internationale.

Dans un tel contexte, notamment depuis 2000, les pays en développement ont accordé un intérêt particulier aux IDE comme principale source de financement externe privé au détriment des prêts sur les marchés financiers et de l'APD, (CNUCED, 2006). Ainsi, en 2000, les flux d'IDE étaient dix fois plus élevés que ceux de l'APD. Les entrées d'IDE dans les Pays en Développement (PED) en 2008 ont atteint le niveau le plus élevé jamais enregistré ; soit 630 milliards de dollars. Globalement, dans les mêmes périodes, notamment en 2005, la part des PED reste faible ; soit 36% comparativement à celle des pays développés qui représentent 59% dans les entrées mondiales d'IDE15, et celle des pays en transition (Pays d'Europe du Sud-est et de la Communauté d'Etats Indépendants) est de l'ordre de 4%.

Par ailleurs, la part des IDE en direction des PED est en progression régulière, passant de 15% en 1980 et 25% en 2000 à 36% en 2005. Ce taux s'établissait à 42,91% en 2009 et environ 50% en 2010. Cependant, ces flux se sont davantage orientés plus vers les pays d'Asie et d'Amérique Latine que vers l'Afrique Subsaharienne. En effet, en 2009, l'Afrique n'attirait qu'environ 12% des IDE à destination des PED ; soit près de 5% des flux d'IDE mondiaux. Aussi, au-delà de la faiblesse des IDE en direction de l'Afrique, force est de reconnaître que ceux-ci sont pour la plupart dirigés vers les pays pétroliers ou miniers et vers les économies les plus industrialisées comme celles de l'Afrique du Sud et la Tunisie. Ce constat est valable pour les pays de

15 CNUCED (2006) : Rapport sur l'investissement dans le monde, P1

l'UEMOA dont les flux d'IDE demeurent faibles, malgré la mise en oeuvre de stratégies et politiques de promotion des investissements visant à accroître leur attractivité depuis les années 1990. Ainsi, il apparaît opportun d'apprécier les tendances des flux entrants d'IDE dans les pays de l'Union. Une telle analyse permettrait à partir d'une approche descriptive de faire des comparaisons de tendances entre régions au niveau mondial, l'UEMOA et d'autres zones d'intégration d'une part, et au sein des pays de l'UEMOA d'autre part.

Le présent chapitre comporte quatre sections. La première section présente la démarche méthodologique. S'agissant des deux sections suivantes, elles sont consacrées à la mise en évidence de l'évolution des flux mondiaux d'IDE en procédant à des comparaisons interrégionales des flux d'IDE en direction de l'UEMOA. Quant à la dernière, elle donne un aperçu de l'attractivité de l'Union.

I. Démarche méthodologique

L'appréciation des tendances des investissements directs, tant aux niveaux mondial, régional qu'au sein de l'UEMOA se basera essentiellement sur une approche descriptive des flux. Celle-ci se traduit par une comparaison des flux d'entrées sur la période d'analyse. Elle consiste à des analyses en graphes empilés et de diagrammes circulaires. La démarche combine également les analyses en moyennes et taux de variations des flux afin de caractériser les faits majeurs susceptibles d'influencer les tendances sur certains périodes et territoires.

En outre, l'approche statistique descriptive a l'avantage de regrouper toutes les observations effectuées sur un phénomène de manière à obtenir des rapports numériques sensiblement indépendants des anomalies du hasard et qui dénotent de l'existence de causes régulières dont l'action s'est combinée avec celle des causes fortuites (Masiéri, 2001). Ainsi, elle permet des analyses relatives des comportements d'ensemble d'une part, et de capter l'incidence des variations saisonnières et accidentelles sur les mouvements de tendances générales des séries chronologiques d'autre part. De plus, elle intègre l'influence des mouvements cycliques dans la discussion de l'évolution économique moderne. Cependant, une telle approche descriptive peut aboutir à des conclusions fallacieuses résultantes des interprétations non contextualisées des indicateurs.

II. Evolution comparée des flux d'I' ( Ida4s IleIP 14de

La configuration mondiale de l'économie des dernières années s'illustre par la tendance à l'internationalisation des firmes transnationales, la progression des investissements internationaux et l'exacerbation de la concurrence planétaire. Ainsi, l'augmentation du niveau de l'activité économique mondiale s'est traduite par une hausse sensible des flux mondiaux d'IDE comme illustrée sur le graphique n°1 ci-après.

Graphique n°1 : FtX[ 1$J DE entrants mondiaux et par types d$b17n7Piei, 1980-2008 (milliards de dollars)

Source: UNCTD (2009): World Investment Report; Transnational Corporation, Agricultural Production and Development, p4

L'évolution des entrées mondiales d'IDE présage une croissance régulière pendant la période 1980-2000, en dehors de l'année 1990-1991 qui a connu une diminution des IDE de l'ordre de 25%. Ainsi, les entrées mondiales d'IDE ont atteint un record historique de 1300 milliards de dollars en 2000. Cette augmentation est plus prononcée à partir de la décennie 1990 à la faveur des politiques de libéralisation entamées aussi bien dans les pays développés que ceux en développement. Plus particulièrement, les politiques des pays en développement et surtout ceux de l'UEMOA, se caractérisent par l'application des PAS sous l'égide des institutions de Bretton Woods. En effet, durant la période 1991-1994, sur un total de 373 changements apportés à la règlementation des IDE, seulement cinq n'allaient pas dans le sens d'une plus grande

libéralisation16. En plus de la libéralisation, les activités de sous-traitance, l'octroi de licences et le franchisage y ont également contribué à l'essor des IDE. Pendant ces vingt années, les flux d'investissement restent concentrés principalement dans le monde développé et plus particulièrement dans la trilatérale (Union européenne, Japon et Etats Unis), aussi bien en ce qui concerne les provenances que les destinations (CNUCED, 1995). Cette répartition des entrées d'IDE reflète la taille des marchés considérés, correspondant ainsi à des IDE horizontaux.

Cependant, au cours de la période 2000-2003, les flux d'IDE connurent une baisse régulière passant du record de 1300 milliards de dollars des années 2000 à 560 milliards de dollars en 2003, soit un recul de 41% en 2001, de 21% en 2002 et de 18% en 2003. En effet, en 2002, les entrées mondiales d'IDE ont enregistré une baisse de 20% pour atteindre 651 milliards de dollars, soit leur montant le plus bas depuis 1998 (CNUCED, 2003). La tendance à la baisse de cette période s'explique essentiellement par la faiblesse de la croissance économique enregistrée dans la plupart des régions du monde, mais aussi par la dépréciation des valeurs boursières, la diminution des bénéfices des sociétés, le ralentissement du processus de restructuration dans certains secteurs, la fin des programmes de privatisation dans certains pays et la forte diminution des fusions-acquisitions internationales (CNUCED, op.cit.). Ainsi, le nombre de fusion-acquisition est passé de 7894 opérations en 2000 à 4493 opérations en 2002, soit une baisse de 43%.

Par ailleurs la période 2003-2007 s'est traduite par un renversement de tendance à la hausse des flux d'investissement mondiaux. En effet, après quatre années consécutives de croissance, les entrées mondiales d'IDE ont augmenté de 30% pour s'établir à 1833 milliards de dollars en 2007, dépassant ainsi largement le record historique de 2000. Cette hausse spectaculaire tire ses fondements dans une large mesure par la croissance économique relativement élevée et les meilleurs résultats enregistrés par la plupart des sociétés dans le monde, mais aussi par la forte dépréciation du dollar et le rapprochement des sociétés par le bais des fusions-acquisitions (CNUCED, 2008). Selon les régions, les entrées d'IDE dans les pays développés ont atteint 1248 milliards de dollars, contre 500 milliards de dollars pour les pays en développement et 13 milliards de dollars pour les Pays le Moins Avancés (PMA). Malheureusement, l'afflux des IDE

16 CNUCED (1995) : Rapport sur l'investissement dans le monde : les sociétés transnationales et la compétitivité, pp 10-11

mondiaux sera vite interrompu par la crise financière internationale de 2007. Ainsi, les flux entrants d'IDE mondiaux se sont contractés de 16% en 2008, de 37% en 2009 et de 40% en 2010 (CNUCED, 2009, 2010).

Globalement, la tendance mondiale des flux d'IDE est imputable aux pays développés qui constituent les principaux investisseurs et les principaux pays d'accueil. Toutefois, la récente crise financière semble changer la donne en ce sens qu'au cours de l'année 2009, les pays en développement et en transition ont absorbé pour la première fois plus de 50% des flux mondiaux d'IDE (CNUCED, 2010). Le graphique n°2 ci-après donne l'évolution des IDE en direction de l'Afrique comparativement aux IDE mondiaux, ceux des pays en développements et ceux des pays développés sur la dernière décennie.

Graphique n°2 : Evolution comparée des IDE mondiaux, des pays développés, des PED et de l'Afrique

IDE en milliards de dollars US

2500

2000

1500

1000

500

0

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Années

Monde

Pays développés PED

Afrique

Source: Construit à partir des données issues des rapports du CNUCED, 2004 et 2010

D'une manière générale, le continent africain attire très peu d'IDE comparativement aux autres groupes de pays, même si quelques pays comme l'Afrique du Sud, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et l'Égypte constituent des exceptions. Pour les autres pays africains, les flux d'IDE sont essentiellement orientés vers les industries pétrolières et minières. De plus, la hausse des flux

d'IDE dans les pays en développement constatée à partir de 2003 n'a pas tellement profité à l'Afrique. La marginalisation de l'Afrique dans le domaine des investissements directs paraît aussi radicale que dans le domaine commercial (Mainguy, 2004). En effet, la réaction des flux d'IDE aux vagues de programmes de libéralisation et de privatisation à travers les PAS n'est pas aussi satisfaisante. Par ailleurs, même si les pays en développement représentent peu d'enjeu majeur pour les firmes transnationales, force est de constater que les IDE occupent une place de choix dans les stratégies de développement de ces pays. D'où la nécessité de s'interroger sur les déterminants réels de ces IDE à destination de l'Afrique et plus spécifiquement dans la zone UEMOA.

III. Mis111110MXIIITIXIW E04 IX'I' ( dans la zone UEMOA

Cette section vise à mettre en relief, l'attractivité des pays de l'Union en termes d'afflux d'IDE, de faire une analyse comparée des flux aussi bien au sein de l'Union qu'avec le reste du monde. Elle tente aussi de caractériser la nature des IDE entrants dans les pays membres.

III.1. Contextualisation du territoire UEMOA I IESHIN XIMIS QFn

L'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a été créée le Traité de Dakar du. 10 Janvier 1994 Elle s'étend sur une superficie de 3.509.610 km2 et comprend huit Etats membres : Bénin, Burkina Faso, Côte-d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, et le Togo. Son siège est à Ouagadougou. Le marché commun de l'Union comptait en 2010 environ 100 millions de consommateurs ; soit 10% de la population africaine, avec un taux de croissance démographique estimé à 2,9%. L'UEMOA est un outil d'intégration sous-régionale qui dispose d'un certain nombre d'atouts pour la réalisation effective d'un marché commun : une unité monétaire commune17 arrimée à l'euro, un Tarif Extérieur Commun (TEC), des règles communes de concurrence, des institutions financières régionales (BCEAO, BOAD), une bourse (BRVM), un patrimoine historique et culturel partagé et l'usage de la langue française.

17 FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

L'UEMOA est née de la volonté de ces pays d'approfondir leur intégration économique en complément de l'union monétaire déjà réalisée depuis 1962 à travers l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). Les mécanismes de régulation monétaire devraient d'être complétés par des réformes économiques afin d'assurer la cohésion de l'Union et d'asseoir les bases d'une croissance durable.

Sur le plan commercial, les pays de l'UEMOA sont des pays à faibles revenus dont les échanges commerciaux sont majoritairement orientés vers le reste du monde. En effet, le principal partenaire commercial de l'UEMOA est l'Union Européenne (plus de 2/3 des exportations), en particulier la France. Le commerce intracommunautaire reste peu développé malgré les différents chantiers d'intégration. Les exportations des pays membres se composent essentiellement de produits primaires à faibles valeurs ajoutées (café, cacao, coton, arachide) et de produits miniers (or, pétrole, uranium, phosphate), tandis que les importations sont principalement constituées de produits alimentaires (le riz principalement), de produits pétroliers et de biens d'équipement. Ces importations proviennent aussi en majorité de l'Union Européenne (plus de 50% des importations). L'importance des relations commerciales avec l'UE s'explique par l'arrimage du FCFA à l'euro à un taux de change fixe facilitant ainsi les échanges commerciaux et, en réduisant les risques associés aux changes flottants et à l'instabilité des taux de change. Mais ces dernières années les pays de l'Union sont de plus en plus orientés vers de nouveaux partenaires économiques d'Asie tels que la Chine, le Japon, la Thaïlande et la Corée du Sud.

Par ailleurs l'ensemble des pays de l'Union a connu, à la fin des années 1970, une grave crise économique les amenant à appliquer des programmes de stabilisation et d'ajustement structurel. Depuis le milieu des années 1990, avec la dévaluation du FCFA de 50%, la montée des cours des matières premières et l'afflux massif de l'aide internationale, les pays de l'Union ont connu un retour à la croissance (Dumont et al, 2000). Toutefois, la conjoncture internationale de crise financière, la fluctuation des cours des matières premières et de la demande mondiale rendent erratiques les spillovers macroéconomiques enregistrés dans les années post-dévaluation et atténuent les effets des réformes structurelles engagées dans le cadre de l'intégration économique et monétaire. En termes de migration intracommunautaire, la Côte d'Ivoire constitue le principal pôle d'attraction régional et la locomotive de l'économie de l'UEMOA.

Ce bref aperçu a permis de dégager certaines caractéristiques de l'UEMOA qui, toutes choses égales par ailleurs, pourrait constituer un territoire potentiellement attractif des investissements directs étrangers. Mais quelles sont les tendances des entrées d'IDE tant aux niveaux mondial que régional, et plus particulièrement en zone UEMOA ?

III.2. Tendances des investissements directs étrangers dans l'UEMOA

Les pays en développement ont bénéficié de 42,3% des entrées mondiales d'IDE dont 5,3% pour l'Afrique au cours de l'année 2009. Cette période est consécutive à une entrée de plus de la moitié des flux d'IDE mondiaux dans les PED et ceux en transition. Toutefois, à l'image de l'Afrique, l'UEMOA n'a pas été une destination privilégiée des capitaux étrangers. Les investissements directs étrangers dans l'UEMOA peuvent s'analyser suivant les tendances en identifiant les principaux pays d'origine et d'accueil, les secteurs attractifs et la structure sectorielle des IDE.

III.2.1. Origine des IDE entrants en zone UEMOA

En Afrique subsaharienne et notamment en zone UEMOA, il existe une corrélation étroite entre les puissances coloniales et les colonies surtout en termes de liens coloniaux et culturels dans le cadre des relations commerciales internationales. En effet, tous les pays de l'UEMOA excepté la Guinée-Bissau sont de colonies françaises. Ainsi, les IDE en direction de l'UEMOA proviennent essentiellement des pays de l'Union Européenne notamment la France, qui est le principal partenaire économique de l'Union. Cependant, certains pays en développement d'Asie et d'Afrique tels que la Chine, l'Inde, l'Île Maurice et l'Afrique du Sud deviennent de plus en plus de véritables partenaires économiques de l'UEMOA (Dje, 2007).

III.2.2. Evolution des IDE en zone UEMOA

L'évolution des entrées d'IDE en zone UEMOA ne présente pas une tendance à la hausse régulière malgré les différentes politiques d'attractivité entreprises par les différentes autorités depuis les années 1980. Elle présente alors des périodes d'afflux massif et des périodes de sorties importantes comme illustrées par le graphique n°3 ci-dessous. La tendance principale des flux d'IDE à destination de l'UEMOA est une évolution en dents de scie. De plus, les variations cycliques sont presque identiques pour tous les pays de l'Union.

Graphique n°3 : Evolution des flux nets tgID( rtigriesrSIA srtIrlgY ( 0 2 $ (en dollars US courants)

IDE en millions de dollars US

4000

3500

3000

2500

2000

1500

1000

-500

500

0

Années

UEMOA

Togo

Sénégal

Niger

Mali Guinée-Bissau Côte d'Ivoire Bénin

Burkina Faso

Source : Construit à partir des données de la base de données de la Banque mondiale de 2008

Pendant la décennie 1980-1990, les entrées d'IDE dans l'espace UEMOA ont enregistré une tendance à la baisse régulière en dents de scie jusqu'en 1985 puis une hausse de courte durée surtout au début des années 1990. Cet afflux massif sera vite interrompu par des sorties importantes prenant même des valeurs négatives en 1992. Ce phénomène traduit une fuite des capitaux privés de l'Union et une situation économique morose dans un climat d'ajustement

structurel (Kinda, 2006). En effet, les sorties les plus importantes sont observées en Côte d'Ivoire et au Mali, où les IDE prennent des valeurs négatives respectivement de l'ordre de 231 et de 22 millions de dollars. Cependant une hausse significative est enregistrée au lendemain de la dévaluation du FCFA en Janvier 1994 qui sera rapidement étouffée par les instabilités politiques (les changements de régime et les multiples grèves contre les mesures d'ajustement structurel) et les effets de la crise ivoirienne mais aussi par la crise asiatique de 1997. Cette hausse des IDE dans l'UEMOA atteignant le record de 742 millions de dollars en 1997 s'explique par les politiques libérales des PAS dont la privatisation des entreprises publiques, les effets volumes de court terme de la dévaluation et les mesures d'accompagnement de celle-ci. En effet, la Côte d'Ivoire et le Sénégal qui sont les principaux destinataires des IDE dans l'UEMOA, ont enregistré en 1997 des privatisations d'échelles importantes. Ainsi, en février 1997, 51% du capital de CI-Telecom de la Côte d'Ivoire est cédé à France Cables et Radio (FCR) pour une valeur de 105 milliards de FCFA. En outre au Sénégal, 33% du capital de la Société Nationale des Télécommunications (SONATEL) est acquis par une succursale de France Telecom pour une montant de 70 milliards de FCFA en Juillet 1997.

Par ailleurs, la période 1997-2003 fut marquée par une tendance à la baisse ponctuée de fortes fluctuations. Ainsi, les pays de l'Union n'ont pas constitué une destination de choix malgré le record historique des entrées mondiales d'IDE en 2000. Toutefois, depuis 2003, les entrées d'IDE se sont traduites par une hausse spectaculaire notamment au début de la crise financière internationale de 2007 pour atteindre 1,6 milliards de dollars, pour un taux de croissance globale de 29,3% par an sur la période 2003-2008. Celles-ci sont consécutives à l'opération de privatisation de l'Office National des Télécommunications (ONATEL) du Burkina Faso pour un montant de 140 milliards de FCFA. Cette hausse s'explique également par la reprise des investissements mondiaux suite aux opérations de fusions-acquisitions et la forte croissance économique au niveau mondial.

En définitive, l'évolution des IDE dans l'espace UEMOA ne laisse pas transparaître une augmentation continue qui dénoterait de l'attractivité potentielle de la zone UEMOA pour les investisseurs étrangers. Les fluctuations pourraient être dues à des facteurs affectant l'environnement macroéconomique et, le cadre juridique et réglementaire des investissements. La principale destination des flux d'IDE en direction de l'UEMOA reste la Côte d'Ivoire d'avant

la crise de 1999. En effet, la répartition des IDE au sein de l'Union indique que la Côte d'Ivoire demeure le pays le plus attractif, avec 34,9 % des IDE sur la période 2004-2007, suivie du Sénégal (16,0 %) et du Mali (15,4 %). Cette prédominance de la Côte d'Ivoire tend néanmoins à se réduire avec les effets dévastateurs de la crise. En effet, le pays avait reçu, sur la période 1996-2004, près de la moitié des IDE dans l'UEMOA (49,0 %), (Banque de France, 2007). Par ailleurs, une mise en évidence du poids des investissements directs étrangers et des investissements domestiques dans le PIB permettrait de mieux appréhender les flux d'IDE en UEMOA. Ceci est illustré par le graphique n°4 ci-après.

Graphique n°4 : Investissement direct étranger et investissement domestique en UEMOA, 1980-2008

Taux de croissance en %

25

20

15

10

-5

0

5

Années

IDE ID

Source : construit à partir des données de la base de données de la Banque Mondiale, 2008

Quand bien même la part des investissements directs étrangers dans le PIB s'est relevée depuis 1994 au sein de l'UEMOA, leurs niveaux restent toujours faibles et les investissements domestiques supplantent largement les IDE18. Ce qui traduit, que les économies des pays de l'UEMOA sont essentiellement financées par les ressources domestiques. Néanmoins, les fluctuations enregistrées semblent évoluer en connivence ou de façon concomitante. Les périodes de hausses ou de baisse sont presque identiques pour les deux variables. Ce qui pourrait traduire la présence d'un lien étroit entre les investissements domestiques et les entrées d'IDE en zone

18 Ce constat est valable pour les différents pays pris individuellement, Voir annexe n°5

UEMOA. Mais, il faut noter que les pays de l'UEMOA n'attirent pas suffisamment d'investissements directs étrangers, malgré les politiques élaborées pour créer des conditions favorables au développement des activités économiques (politiques commerciales, industrielles, etc.). Les IDE du fait de l'importance du transfert de technologie qu'ils drainent sont essentiels pour améliorer la compétitivité du secteur privé local. Il est donc important de promouvoir la mise en oeuvre au sein de chaque Etat membre et au niveau régional des politiques pour instaurer un environnement favorable au développement des entreprises privées locales, et propice pour les investissements directs étrangers. Il s'agit pour les Etats membres de l'Union d'adopter des mesures susceptibles d'améliorer le climat de l'investissement.

III.2.3. Analyse des différences d'attractivité des pays au sein de l'UEMOA

Les flux d'IDE à destination de l'UEMOA peuvent également etre analysés sous l'angle de la structuration par pays, illustrée par le graphique n°5 ci-après.

Graphique n°5 : Part des flux- d'IDE par pays en moyenne sur la période 2000-2008

Niger
6%

Guinée Bissau
1%

Sénégal
20%

Mali

15%

Togo

7%

Burkina

Faso

8% Bénin

9%

Côte d'Ivoire
34%

Source : Construit à partir des données de la Banque Mondiale, 2008

En effet sur la période 2000-2008, les principaux bénéficiaires des entrées d'IDE sont la Côte
d'Ivoire (33,82%), puis le Sénégal (20,21%) et le Mali (15,29%). Cette répartition est conforme
à la taille de ces économies au sein de l'UEMOA. Les pays les moins attractifs sont la Guinée

Bissau (moins de 1%) et le Niger (5,73%). Le choix de cette période de comparaison se justifie en raison des records historiques enregistrés au niveau des entrées mondiales d'IDE en 2000 et 2006. De plus la comparaison sur une longue période a l'avantage de prendre en compte la dynamique structurelle des différentes économies et de réduire considérablement les biais d'interprétation résultant des fluctuations importantes des entrées pendant les périodes de vagues de privatisation dans certains pays. Par exemple, malgré les effets de la crise ivoirienne, l'économie de l'Union reste largement dominée par celle de la Côte d'Ivoire. Par contre, une analyse des entrées d'IDE en 2008 atteignant 1,7 milliards de dollars classera le Sénégal en peloton de tête attirant 41% des investissements directs en direction de l'Union.

La mise en évidence des disparités d'attractivité des pays de l'Union peut également s'apprécier au moyen de l'Indicateur de Performance en termes d'Investissements Entrants (IPIE). Celui-ci permet de mettre en évidence la capacité d'absorption d'IDE d'un pays au regard de sa taille économique mesurée par le PIB. Pour l'étude comparée intra UEMOA, l'IPIE adapté se définit par :

e e p ée

IPI

e ée

P u p ée

P e ée

Le graphique n°6 illustre l'évolution de l'attractivité des pays membres en référence à leur taille économique au sein de l'Union.

Graphique n°6 : Evolution de l'Indice de Performance en termes d'Investissements entrants des pays de l'UEMOA

Source : Construit à partir du tableau d'IPIE

Cet indicateur permet d'évaluer l'attractivité d'un pays au regard de sa taille économique. Si par exemple un pays représente 10% du PIB de l'Union, il peut recevoir 10% des investissements totaux de l'Union, plus de 10% ou moins de 10%. S'il reçoit 10% de l'investissement de l'Union, l'indice IPIE sera égal à 100. S'il reçoit plus de 10% de l'IDE de l'Union, l'indice sera

Togo

éégal

supérieur à 100. Si le pays reçoit moins de 10%, l'indice sera inférieur à 100.

Niger

En moyenne, sur la période 1980-2008, la Côte d'Ivoire et le Mali ont enregistré des IPIE tous

Guinée-Bissau

supérieurs à 100%, tandis que les plus faibles performances ont été enregistrées au Bénin et au

Burkina Faso é

Niger. Plus spécifiquement, pour le cas du Burkina Faso, seules les années 1983 et 2007 enregistrent un IPIE supérieur à 100. Cela s'explique par l'opération de privatisation de l'ONATEL en 2007 et par les politiques de développement populaire dans les années 1980. Globalement, le Burkina Faso reçoit moins d'IDE comparativement à sa taille économique. Le Bénin, le Niger, le Sénégal et le Togo ont en moyenne reçu moins d'IDE au regard de leur taille économique au sein de l'Union. L'IPIE est en moyenne négatif ; ce qui signifie que même si ces pays ont enregistré des entrées d'IDE, ils ont connu des sorties importantes d'IDE au cours de certaines périodes. C'est le cas pour le Sénégal en 1983, du Niger en 1993, du Bénin et du Togo

en 1992. Cette période est marquée par l'environnement économique morose pour l'ensemble de pays à la veille de la dévaluation du FCFA en Janvier 1994.

La présomption d'une dévaluation du FCFA a constitué un signal d'environnement macroéconomique instable pour les investisseurs étrangers. En effet, les investissements directs sont constamment affectés par la dévaluation de la monnaie par des sorties massives soit par des motifs de spéculations ou par le jeu des termes de paiement. Ainsi, en 1992, tous les pays de l'Union ont un indicateur de performance négatif et en valeur absolue supérieur à 100, excepté la Côte d'Ivoire et la Guinée-Bissau19. Cela s'est traduit par une situation de désinvestissement et de fuite de capitaux. Ces capitaux ne devraient revenir dans l'Union qu'après avoir bénéficier de la prime de dévaluation. Ce qui explique le regain d'attractivité au cours des années post dévaluation, où les IPIE sont positifs pour tous les pays de l'Union, et ceux jusqu'en 2008. Par ailleurs, on constate aussi que sur la période d'analyse, seule la Côte d'Ivoire, en 1980 a pu absorber des flux d'IDE équivalents à sa taille économique dans l'Union, (IPIE 100%).

III.2.4. Structure des IDE par secteur ('aI\ivi\fs

Les statistiques par secteur des entrées d'IDE dans l'UEMOA sont presque inexistantes. Cette carence de données concernant la ventilation des IDE par secteur constitue une limite majeure pour toute analyse des flux d'investissement en direction de l'UEMOA. Toutefois à partir du rapport sur la zone franc de la Banque de France (2007), les secteurs les plus attractifs sont les suivants :

- le secteur minier : pétrole en Côte d'Ivoire, l'or au Mali et au Burkina Faso, l'Uranium au Niger ;

- le secteur bancaire au Sénégal et au Togo ;

- le secteur des télécommunications pour l'ensemble de l'Union en raison de la forte expansion de la téléphonie mobile ces dernières années.

A cela, nous pouvons ajouter le secteur de l'agro-alimentaire, la transformation des produits de pêche et les produits pharmaceutiques.

19 Les résultats détaillés de ces indicateurs sont présentés en annexe n°1

III.2.5. 61`10tiAQ GI-s4' ( GI- l'IR ( 0 2 $ SICIESSAUTV EI-sII-IGu P AQGI-

Les entrées totales des investissements directs en zone franc en Afrique subsaharienne sont globalement très volatiles eu égard aux fluctuations importantes constatées dans les deux Unions monétaires, illustrées par le graphique n°7 ci-après. Cette volatilité est plus prononcée en zone CEMAC. Ainsi, les années 1989, 1994 et 1997 sont caractéristiques d'importantes sorties d'IDE. Par contre en zone UEMOA, seule l'année 1992 a connu des désinvestissements importants. Cette configuration des mouvements d'IDE en CEMAC peut s'expliquer par le fait qu'elle enregistre des investissements essentiellement orientés vers l'exploitation des ressources naturelles. Toutefois, la crise financière de 2007 semble infléchir les entrées d'IDE dans les deux régions. En termes absolus, les flux entrants d'IDE de la dernière décennie, présagent une forte attractivité de la CEMAC. Mais, en moyenne, la zone CEMAC et l'UEMOA ont reçu respectivement un montant d'IDE de 508 et 427 millions de dollars sur la période 1980-2008.

Graphique n°7 C *RP SDIDLsRI G7ig5ur 7nAIDnAs G1 ' ( G7251g ( 0 2 $ 7A G7 5D *( 0 $*

IDE (en million de dollars US)

2500

2000

1500

1000

-500

500

0

Années

CEMAC

UEMOA

Source : Construit à partir des données de la base de données de la Banque mondiale, 2008

La comparaison des flux entrants dans les deux régions à ceux au niveau mondial, indique que l'UEMOA n'a pu attirer en 2008, que 0,097% des flux mondiaux contre 0,113% pour la zone CEMAC. Au plan continental, l'UEMOA et la CEMAC n'ont pu absorber respectivement que 2,40% et 2,80% des investissements directs étrangers en direction de l'Afrique en 2008. Ces faibles taux d'absorption traduisent une faible attractivité des pays de l'UEMOA. Mais quels

peuvent etre les atouts de l'Union pour qu'elle puisse constituer un cadre d'investissement particulièrement intéressant pour les capitaux internationaux en quête de débouchés et/ou d'efficacité ?

IV. Quelle attractivité pour l'espace UEMOA : des politiques communautaires d'attraction en quête de fondements

Depuis la crise de l'endettement des années 1980, la plupart des pays en développement ont privilégié les processus de financement par les capitaux privés aux dépens de l'endettement extérieur. Ainsi, à l'instar de cette réorientation politique, les pays de l'UEMOA ont entrepris des réformes aussi bien au plan national que régional visant à attirer les investissements étrangers, pour pallier le déficit de l'épargne intérieure et la baisse de l'aide internationale.

IV.1. Le Code Communautaire d'Investissement (CCI

L'UEMOA, conformément aux objectifs qu'elle s'est assignée dans le traité modifié, notamment l'harmonisation des législations dans le cadre de la mise en oeuvre du marché commun, le renforcement de la compétitivité des activités économiques et financières des Etats, a élaboré un projet de code d'investissement communautaire applicable à tous les Etats membres. En effet, le code communautaire d'investissement « régit dorénavant, toutes les conditions de création et d'exploitation d'entreprises dans l'espace UEMOA. Il donne, en outre, aux investisseurs potentiels, une claire lisibilité des politiques économiques, fiscales et financières et leur garantit une protection effective de leurs investissements, en même temps qu'il leur facilite un libre exercice de leurs activités ». Ainsi, la mise en oeuvre du CCI devrait permettre de promouvoir les entreprises et les investissements au sein de l'Union. De ce fait, il offre d'importants garanties et avantages pour les investisseurs en proposant entre autres, une protection et une garantie des propriétés privées ainsi qu'une garantie du transfert des capitaux et des revenus. Cette dernière garantie est particulièrement intéressante, surtout pour les investissements directs étrangers et les travailleurs non ressortissants des pays de l'UEMOA.

Les entreprises ont, au cours de la phase d'investissement et pour une durée de trente-six (36) mois à compter de la date d'obtention de leur agrément, la possibilité d'importer leurs biens d'équipements aux mêmes conditions d'importation que celles applicables à ce même type de biens selon la classification du Tarif Extérieur Commun (TEC). Pendant la phase d'exploitation, les entreprises nouvellement installées ou créatrices d'activités nouvelles bénéficient de réductions sur divers impôts : les impôts sur les bénéfices, les impôts minimums forfaitaires ou leur équivalent, les contributions des patentes ou leur équivalent et la part patronale de la taxe sur les salaires des travailleurs ressortissants des pays membres ou son équivalent. Ces réductions vont de 90% au cours de la première année d'activité à 10% pendant la cinquième année. De plus, le Code Communautaire des Investissements prévoit entre autres une généralisation des Centres de Promotion des Investissements (CPI) dans tous les Etats membres de l'Union, afin de simplifier les procédures de création d'entreprises et de diligenter la sécurité juridique et juridictionnelle à laquelle tous les Etats ont souscrit à travers la Convention pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre Etats et ressortissants d'autres Etats, dans le cadre du Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI). A travers le CIRDI, les investisseurs étrangers se voient reconnaître une capacité juridique propre de recours devant les tribunaux arbitraux constitués dans le cadre du CIRDI, de manière indépendante par rapport aux droits et à la volonté des Etats.

En outre, au plan du droit des affaires, tous les Etats membres de l'UEMOA ont signé le traité de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) le 17 octobre 1993 à Port-Louis aux Iles Comores. L'OHADA vise à remédier à l'insécurité juridique et judiciaire existant dans les Etats membres en vue de redonner confiance aux investisseurs nationaux et surtout étrangers. De ce fait, l'UEMOA souscrit aux actes uniformes de l'OHADA sur le droit commercial général, le droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt économique, l'organisation des sûretés, les procédures simplifiées de recouvrement et les voies d'exécution. L'harmonisation du droit économique et l'amélioration du fonctionnement du système judiciaire restant indispensables pour le développement d'un secteur privé performant capable de drainer de flux importants d'investissement.

IV.2. La politique minière commune

La politique minière commune de l'Union telle que définie dans l'Acte Additionnel n°01/2000 vise également à contribuer, à travers l'harmonisation des cadres réglementaires, à la diversification de la production minière, à la transformation sur place des substances minérales et à l'instauration d'un climat propice aux investissements miniers dans l'espace UEMOA. Le développement des échanges intra-africains de produits miniers couplé avec un environnement favorable est en mesure d'inciter à la création et au renforcement des industries locales et régionales de transformation. Toutes les politiques sectorielles communautaires nécessitent qu'elles s'inscrivent dans un ensemble cohérent, orienté vers la compétitivité et la promotion de l'investissement dans l'espace UEMOA, afin d'assurer une réorientation et une plus grande coordination des priorités en matière d'investissement.

IV.3. Le Tarif Extérieur Commun

La réalisation de l'union douanière dans l'espace UEMOA a conduit à la mise en oeuvre de réformes fiscales et douanières. Celles-ci ont favorisé l'établissement d'un système tarifaire favorable à une allocation optimale des ressources productives, à la compétitivité des économies et à l'intensification des échanges intra- communautaires. Les principaux axes des réformes ont trait à l'instauration d'une zone de libre échange par l'élimination des barrières tarifaires et non tarifaires entravant les échanges intra-communautaires, et à l'harmonisation des politiques commerciales vis-à-vis de pays tiers par l'institution d'un Tarif Extérieur Commun (TEC). Celuici, a été instauré en 1998 suivant le Règlement n°02/97/CM/UEMOA et est entré en vigueur le 1er Janvier 2000. Il s'agit d'un tarif douanier commun aux Etats membres de l'Union, applicable aux produits et marchandises originaires de pays non membres. Enfin, notons, qu'au delà de l'instauration progressive du TEC, des efforts importants ont été consentis pour l'harmonisation de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). En particulier, la plupart des pays de l'UEMOA ont adopté des taux uniques (18%) et standardisé les procédures de remboursement des crédits de TVA, afin d'en réduire les coüts sur les opérateurs économiques, notamment les exportateurs et les investisseurs.

IV.4. La surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques

La surveillance multilatérale repose sur les objectifs définis dans le pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité à travers l'Acte Additionnel n°04/99 et modifié suivant l'Acte Additionnel n°03/2003. Il s'agit d'abord d'observer une phase de convergence des économies des pays membres du 1er Janvier 2000 au 31 Décembre 2008 (nouvel horizon de convergence) et ensuite une phase de stabilité commençant le 1er Janvier 2009. Deux types de critères de convergence à savoir ceux dits de premier rang et d'autres dits de second rang sont à respecter par les Etats. Le critère clé est le ratio du solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal qui doit être supérieur ou égal à 0%.

Conclusion

L'évolution des entrées mondiales d'IDE des dernières années est fortement marquée par la crise financière d'août 2007. Ainsi, les flux entrants mondiaux d'investissement direct se sont contractés de 16% en 2008, de 37% en 2009, et de 40% en 2010 après un record historique de 2007 d'environ 1800 milliards de dollars.

Quant aux flux d'IDE en direction de l'UEMOA, ils ont été jalonnés d'importantes fluctuations dues d'une part à l'environnement macroéconomique et politique instable dans l'Union et d'autre part aux développements d'investissements en quête de marchés au niveau mondial. Ces fortes fluctuations dénotent du faible potentiel d'attractivité de l'Union eu égard de leurs poids économiques et à d'autres zone comme la CEMAC, et pose la problématique de l'efficacité des politiques de promotion des investissements étrangers mises en oeuvre tant au niveau régional que national. Toutefois, l'Union accueille essentiellement des IDE en direction des secteurs miniers, bancaires, des télécommunications, et de l'agro-alimentaire. Ces flux d'investissements étrangers proviennent principalement de l'Union Européenne et en particulier de la France, et dans une moindre mesure des pays asiatiques ces dernières années, et sont orientés majoritairement vers la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Mali.

Par ailleurs, les mouvements d'investissements internationaux peuvent s'expliquer par différents facteurs. Ce sont : la stabilité de l'environnement macroéconomique et institutionnel, le risque pays, le cadre juridique des investissements, la taille des marchés intérieurs, le niveau de croissance économique, les ressources naturelles, la qualité des infrastructures, le capital humain (qualification et coüt de la main d'oeuvre), les facteurs incitatifs et d'agglomération, et les effets d'entrainements dus à la présence d'autres firmes multinationales. Fort de ces déterminants, l'UEMOA dans le cadre de son processus d'intégration a mis en oeuvre différentes politiques à méme de stimuler l'afflux de capitaux étrangers : le marché commun, le tarif extérieur commun, les politiques minières, énergétiques et industrielles communes, offrant d'énormes opportunités et avantages aussi bien pour les investisseurs ressortissants de l'Union que ceux étrangers. L'identification des déterminants des investissements directs étrangers spécifiques à l'Union, ainsi que l'analyse des interactions entre ceux-ci et la croissance économique des pays membres, constituent le centre d'intérêt du chapitre suivant.

Chapitre III: Interactions entre investissements directs étrangers et croissance économique en zone UEMOA

Introduction

Dans la représentation contemporaine de l'économie mondiale, les firmes multinationales ne porteraient pas seulement atteinte à l'identité des ensembles économiques nationaux, elles seraient devenues les principaux vecteurs de l'organisation du système mondial (Jacquemont, 1990). En effet, les activités des firmes multinationales ont une grande influence sur les économies des nations partenaires. De ce fait, les différents Etats ont entrepris soit des politiques de promotion, soit des politiques de suspicion ou de restriction des investissements directs étrangers selon leur perception de la nature des retombées résultant de l'implantation des multinationales. A cet effet, Mainguy (2004) indique que, suivant un mouvement de balancier, les positions critiques à l'égard des firmes multinationales, dominantes dans les années 1960 et 1970, ont ainsi peu à peu laissé la place à des analyses qui reposent sur l'idée sous-jacente que les investissements étrangers favorisent le développement.

Les pays de l'UEMOA face aux déficits structurels de l'épargne intérieure et à la rareté des ressources de la dette, établirent des politiques de promotion aussi bien au niveau régional que national pour attirer les investissements directs étrangers. Dans un tel contexte, l'appréciation des interactions entre investissements directs étrangers et croissance économique des pays hôtes, s'avère nécessaire en vue de mieux réorienter les différentes politiques d'attraction, en identifiant les facteurs explicatifs des entrées d'IDE et pour plus d'influence sur la croissance économique des pays de l'Union.

Cette partie est structurée en quatre sections. La première section présente brièvement les déterminants empiriques et les résultats de quelques études d'impact, et des interactions entre investissements directs et croissance économique des pays d'accueil. Elle est suivie d'une description de l'approche économétrique et de la méthodologie d'estimation, tandis que la dernière section donne une évaluation empirique de l'impact des investissements directs étrangers sur la croissance économique en zone UEMOA, ayant contrôlé les déterminants usuels, et en retour l'effet de la croissance économique sur les investissements directs étrangers.

I. Développements empiriques sur les déterminants des IDE et leurs impacts sur les

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Cette section vise à présenter quelques études pratiques sur les interactions entre investissements directs étrangers et croissance économique. L'accent sera mis d'abord sur les déterminants empiriques des IDE, puis sur les analyses d'impact et en termes d'effets réciproques

I.1. Développements empiriques sur les déterminants des IDE

Les déterminants des IDE dans les pays en développement ont fait l'objet de plusieurs études. Ainsi les travaux de Morisset (2001), Dupuch (2004), et surtout Asiedu (2002, 2003, 2004 et 2006) y ont largement contribué. Toutefois, en dépit de l'importance croissante prise par les investissements internationaux dans les économies, et les différentes approches adoptées selon les écoles de pensée, il n'existe aucun cadre théorique unifié permettant de comprendre et d'identifier les déterminants des IDE. La littérature existante combine des aspects institutionnels (politique fiscale ou commerciale, risque pays), industriels (coûts de transport, coûts d'implantation, coüts salariaux, avantages technologiques, agglomérations d'activités) et des caractéristiques propres aux pays.

Au-delà des développements théoriques, différentes études empiriques sur les investissements directs étrangers, ont véritablement contribué à l'identification de leurs déterminants. Ainsi, les déterminants des IDE peuvent être regroupés en trois grandes catégories. D'abord les « pré requis >> ou conditions initiales (Beyer, 2002) qui ont trait à l'environnement macroéconomique et institutionnel, le risque pays et le cadre juridique des investissements (Bevan et Estrin, 2004). Campos et Kinoshita (2002) étudiant les déterminants des IDE dans les économies en transition, montrent qu'en plus des réformes financières et des privatisations, les investisseurs étrangers sont attirés vers les pays ayant plus d'environnement macroéconomique stable, des niveaux plus élevés de développement économique et d'infrastructures. Prasad et Rajan (2008) soutiennent que la capacité d'absorption mesurée par le développement financier du pays d'accueil est une condition préalable aux entrées de capitaux étrangers pour une croissance plus élevée. Ensuite, la seconde catégorie regroupe les critères des firmes multinationales en termes de facteurs de demande (taille du marché, croissance, solvabilité de la demande), de facteurs de production

(ressources naturelles, qualification et coüt de la main d'oeuvre, les infrastructures), Asiedu (2006) et Morisset (2001). Enfin, la dernière catégorie s'intéresse aux facteurs incitatifs (avantages fiscaux, aides publiques à l'implantation, les programmes de privatisation), Asiedu (2003), aux facteurs d'agglomération (externalités) et aux effets de mimétisme ou niche d'investisseurs (présence d'autres firmes), Dje (2007).

Compte tenu de l'absence d'un cadre théorique unifié, les différentes études sur les déterminants des IDE aussi bien du point de vue des pays d'origine que des pays hôtes, retiennent principalement deux types d'approches : la théorie dite de « pull factors » en référence aux facteurs spécifiques aux pays d'accueil, et la théorie dite de « push factors » pour tenir compte des caractéristiques macroéconomiques des pays d'origine des capitaux. En effet, les « pull factors » sont des facteurs attractifs des IDE et reflètent les différentes opportunités qu'offrent une économie et les risques encourus par les investisseurs. Ils sont spécifiques à l'économie d'accueil et déterminent la structure géographique des investissements étrangers, (Bouklia et Zatla, 2001). Quant aux « push factors », ce sont des variantes se rapportant aux facteurs spécifiques aux pays d'origine et déterminent l'offre des IDE. Ils représentent le coût d'opportunité des IDE en direction des pays hôtes et décrivent l'environnement macroéconomique de l'investisseur. Du point de vue des économies d'accueil, ce sont des facteurs dissuasifs, décourageant les investisseurs étrangers.

La littérature sur les déterminants des investissements directs dans les pays en développement est également abondante. Ainsi, Asiedu (2002), explorant les facteurs explicatifs des IDE dans les pays d'Afrique subsaharienne, indique qu'un meilleur retour sur investissement, l'ouverture au commerce international et de bonnes infrastructures ont un impact positif sur les investissements directs. Toutefois, elle souligne que dans le cas de l'Afrique subsaharienne, le bénéfice marginal de l'ouverture accrue est moindre sur les IDE.

Dans le cadre des pays développés, Dupuch et Milan (2005) indiquent que les investisseurs ne semblent pas seulement être attirés par la faiblesse du coüt de la main d'oeuvre, mais également par son niveau de qualification. Ils soutiennent aussi que les écarts de rémunération entre les pays de l'Est ne sont pas déterminants dans le choix de localisation des firmes mais le différentiel de coüts salariaux existant entre les Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO) et ceux de l'Union Européenne (UE). Dupuch (2004), analysant les IDE dans les nouveaux pays

adhérents20 à l'UE sur la période 1993-2001, montre que les perspectives d'intégration à l'UE ont favorisé la taille des marchés, la proximité géographique et l'intensité technologique des pays d'origine comme principaux déterminants des flux Ouest-Est.

Dans l'espace UEMOA, deux études majeures ont contribué à l'identification des déterminants des IDE en direction de l'Union. En effet, Kinda (2006), à partir d'une analyse sur données de panel sur la période 1970-2003, montre que les déterminants significatifs des investissements directs sont : les infrastructures, l'ouverture et l'instabilité politique. Parallèlement, Dje (2007), partant d'une étude économétrique sur données de panel, couvrant les années 1980-2002, démontre que certains facteurs traditionnels, à l'instar de l'ouverture de l'économie aux échanges internationaux, du taux d'investissement, notamment le taux d'investissement public, le capital humain, sont essentiels dans l'analyse des flux d'IDE à destination de l'UEMOA.

Asiedu et Gyimah (2007), en analysant l'effet des politiques de libéralisation de l'investissement sur l'emploi et l'investissement des FMNs en Afrique, portant sur 33 pays durant la période 1984-2003, montrent que la libéralisation a un effet positif considérable sur l'investissement. De même, elle stimule les investissements des firmes multinationales, qui en créant des emplois, contribuent à la réduction de la pauvreté.

Quant aux « push factors » relatifs aux pays d'accueil, Asiedu (2003), partant d'une étude sur données de panel pour 22 pays d'Afrique subsaharienne sur la période 1984-2000, examine l'impact du risque politique, le cadre institutionnel et la politique gouvernementale sur les flux d'IDE. Elle suggère que l'instabilité macroéconomique, les restrictions d'investissement, la corruption et l'instabilité politique ont un impact négatif sur les IDE en direction de l'Afrique, tandis que la stabilité macroéconomique, des institutions efficaces, la stabilité politique et un bon cadre réglementaire ont un impact positif sur l'IDE. Contrairement à Morisset (2001), elle souligne que, les IDE à destination de l'Afrique ne sont pas uniquement motivés par les dotations en ressources naturelles, (IDE primaire).

20 République Tchèque, Estonie, Slovénie, Hongrie, Slovaquie, Pologne, Lettonie, Lituanie, Bulgarie, Roumanie

I.2. Développements empiriques sur les interactions entre IDE et croissance économique

De nombreuses études empiriques ont analysé l'impact des IDE sur la croissance économique des pays en développement sans aboutir à un schéma fédérateur satisfaisant. Alors que certaines études soutiennent la thèse selon laquelle, les IDE ont un effet positif sur la croissance économique du pays hôte, d'autres par contre estiment que les IDE ne sont pas une panacée, ni une condition nécessaire et/ou suffisante. Les effets des IDE sur la croissance économique des pays d'accueil concernent d'une part, les équilibres macroéconomiques, (Bouklia et Zatla, op.cit) et les créations d'emplois (Mainguy, 2004) et, d'autre part, ces effets portent sur les transferts technologiques entre firmes étrangères et firmes locales (Blomström et Kokko, 1998). Certaines études ont même cherché à déterminer les prés requis ou conditions initiales (seuil minimum de capital humain, capacité d'absorption, minimum d'infrastructures) pour que les IDE puissent impacter positivement sur la croissance économique des pays d'accueil, Borensztein and al (1998), Alaya et al (2009)

En effet, Borensztein et al (1998) suite à une régression sur données de panel couvrant la période 1970-1989, concluent qu'une augmentation des IDE d'un point de pourcentage accroît l'investissement domestique de 0,5 à 1,3 pour cent. Outre les flux financiers qu'ils occasionnent, les IDE aident à promouvoir la croissance dans les pays en développement en facilitant le transfert de technologie, en accroissant le niveau de connaissances des travailleurs, en assurant la promotion de la compétitivité, et en augmentant les exportations. Ces effets externes se traduisent par une croissance de la productivité de l'économie plus importante. Ils indiquent qu'une augmentation d'un point de pourcentage du ratio des IDE sur le PIB accroît le taux de croissance du PIB par tête du pays hôte de 0,8%. Borensztein et al (op.cit) ont mis en évidence l'importance de l'effet de seuil dans le processus de diffusion technologique. Les auteurs postulent que l'IDE entraîne un effet bénéfique sur les économies d'accueil à condition que ces pays aient déjà atteint un certain seuil de développement du capital humain. Borensztein et al (op.cit) estiment que c'est à partir du seuil de 0,52 année d'études secondaires que l'IDE commence à entraîner des gains de croissance économique dans le pays hôte. De ce fait, l'influence positive des investissements directs étrangers sur les économies d'accueil sera fonction de leurs interactions avec le capital humain dans les pays hôtes.

Bouklia et Zatla (2001) ont abordé l'analyse de l'IDE à travers la détermination des facteurs de sa localisation d'une part, et l'évaluation, d'autre part, de son effet sur la croissance économique. Ils montrent que l'IDE agit de façon faiblement significative sur la croissance des économies sud méditerranéennes. De même, Carkovic et Levine (2002) ne trouvent aucun lien entre l'IDE et la croissance dans un échantillon de pays de la Banque mondiale. Abordant dans le même sens, Chowdhury et Mavrotas (2003) trouvent que « l'IDE ne cause pas la croissance » au sens de Granger au Chili, alors que cette relation de causalité est bidirectionnelle dans le cas de la Malaisie et de la Thaïlande.

Par contre, Esso (2005) dans la recherche d'une relation entre IDE et croissance économique dans le cas de la Côte d'Ivoire, sur la période 1970-2001, conclut que, les investissements directs étrangers ont été une source importante de croissance économique. Leur effet direct positif indique que, toutes choses égales par ailleurs, un point de pourcentage d'IDE supplémentaire entrant en Côte-d'Ivoire engendre une augmentation de la croissance du produit intérieur brut par tête de 0,01 pour cent. Ainsi les politiques d'incitations à l'investissement mises en oeuvre ont contribué à accroître le volume total des investissements, augmentant la capacité productive de l'économie, ce qui a eu pour conséquence une augmentation du produit intérieur brut de la Côte d'Ivoire. Selon l'auteur, les tests de causalités entre les flux entrants d'IDE et la croissance économique indiquent que les niveaux passé et courant des IDE ne permettent pas de prédire les valeurs futures du PIB/tête. Toutefois les valeurs passées et courantes du PIB/tête permettent de prédire (causalité au sens de Granger) les valeurs futures des investissements directs étrangers dont bénéficie la Côte d'Ivoire.

Boccara et Nivat (2004), montrent que la contribution des investissements directs étrangers est au moins plus élevée dans les grands pays d'accueil qu'au Luxembourg. En effet, un million d'euro d'IDE génère en moyenne 0,5 million de ventes et 2 emplois, contre 2 à 4 millions d'euro de vente dans les grands pays comme la France, l'Allemagne, les Etats Unis, la Suède, et le Japon, et 4 à 9 emplois dans les filiales résidentes d'entreprises étrangères. Tandis que, pour Wacziarg (1998), chaque point de pourcentage du ratio des IDE sur le PIB est associé à une élévation du taux de croissance du PIB par tête de 0,3 à 0,4 pour cent. Athukorala et Menon (1995) montrent que les IDE en Malaisie ont facilité la diffusion de technologie et ont amélioré le niveau de connaissances des travailleurs. Les IDE contribuent indirectement à la croissance

économique par la diffusion de connaissances dans les différents secteurs de l'économie lorsque les travailleurs migrent vers les firmes locales.

Dans la même logique, Ajayi (2006) indique que les résultats de l'analyse empirique des relations entre IDE et croissance économique sont mitigés. Il note qu'il existe en revanche des preuves indiquant que ce rapport peut être positif, mais ces liens sont faibles en Afrique. Selon l'OCDE (2002), quoi qu'il en soit, méme s'il existe un phénomène d'éviction, l'effet net de l'IDE reste généralement bénéfique, ne serait-ce que parce qu'il tend à libérer des ressources intérieures rares qui deviennent ainsi disponibles pour d'autres projets d'investissement.

En définitive, cette revue empirique permet d'avoir une visibilité élargie et contrariée des retombées possibles des IDE, mais aussi de comprendre les facteurs déterminant leurs mobilités vers certaines régions du monde.

IV. Approche économétrique

II.1. Méthodologie d'analyse

La modélisation des interactions entre IDE et croissance économique, et l'identification des déterminants des IDE, se fera à partir d'un modèle structurel à équations simultanées appliquées sur données de panel. Ce choix se justifie par le fait que les entrées d'IDE peuvent expliquer le taux de croissance d'une économie, mais aussi du fait que le taux de croissance peut constituer un facteur d'attractivité des flux d'IDE. De plus, certaines variables influencent simultanément les entrées d'IDE et le taux de croissance. Ainsi, il apparait opportun d'analyser cette séquence causale de l'attractivité vers les IDE, puis des IDE vers la croissance, en utilisant un modèle à équations simultanées qui endogénéise la croissance, les IDE et certaines variables décisives d'attractivité et de croissance économique. Ce faisant, l'estimation d'un modèle structurel à équations simultanées permet de tenir compte de cette interdépendance et/ou du double statut de certaines variables, et de réduire considérablement les biais d'estimation équation par équation.

En outre, il faut signaler que les études antérieures sur l'interaction entre IDE et croissance économique sont presque inexistantes en zone UEMOA. Les études existantes dans le domaine se sont focalisées sur l'identification des déterminants des IDE entrants dans la zone. Toutefois, certaines études d'impact et d'effets interactifs, ont été réalisées spécifiquement au niveau de certains pays, sans pour autant prendre en compte l'effet groupe.

Par ailleurs, les études empiriques d'impact de l'IDE sur la croissance se caractérisent par la non prise en compte des effets interactifs entre l'IDE et la croissance d'une part, et les facteurs explicatifs de l'attractivité et la croissance d'autre part. En effet, la première génération de modèles d'analyse de l'impact des IDE sur la croissance économique, a été développée sous forme d'une relation univoque allant des IDE vers la croissance, dans laquelle les IDE sont considérés comme des variables exogènes, Alaya et al (2009). La seconde génération de modèles enrichit la première en introduisant des variables interactives qui permettent de poser la question des conditions qui favorisent l'apparition d'effets positifs des IDE, (Borensztein et al, 1998). Cette approche a permis de définir les capacités d'absorption nécessaires à l'apparition d'effets positifs des IDE sur la croissance. Mais elle ne permet pas de traiter ni des relations réciproques entre croissance économique et IDE, ni de tenir compte des feedbacks dynamiques entre les IDE et l'insertion commerciale, le capital humain ou les infrastructures qui peuvent stimuler la croissance via des gains d'attractivité endogènes. D'où la naissance de la dernière génération de modèles qui tient compte des interactions entre la croissance économique et les IDE, de l'endogénéité possible de l'IDE à certains facteurs de la croissance tels que l'ouverture commerciale, les infrastructures, le niveau d'éducation ou la stabilité macroéconomique. Ces derniers modèles ont été construits en termes d'équations simultanées.

Ainsi Alaya (2004), montre que, la présence des spillovers implique une interaction entre les différents déterminants de la croissance, d'où l'intérêt d'endogénéiser ces complémentarités dans l'analyse empirique. Par ailleurs, les relations observées entre l'IDE et la croissance peuvent souffrir des problèmes de causalité réciproque (feedback effect) du fait que l'IDE pourrait être attiré par des pays où le taux de croissance est assez élevé, d'où le besoin d'introduire des variables instrumentales ou des équations multiples afin de résoudre ces problèmes d'endogénéité.

Afin de dégager les déterminants des IDE, le modèle s'inscrit dans la logique de la théorie des « pull factors >> à savoir l'identification des facteurs d'attractivité spécifiques aux pays de l'UEMOA qui affectent le choix d'investissement des FMNs. Il s'agira de dégager les facteurs explicatifs des IDE, et les interactions entre IDE et croissance écomique, ayant contrôlé les facteurs usuels de la croissance.

Les différentes variables explicatives sont exprimées en proportion du PIB. Au delà de la prise en compte de la taille des différentes économies et de leur niveau de développement que permet une telle spécification, elle a l'avantage de permettre une interprétation plus simple des coefficients, dans la mesure où un certain nombre de variables explicatives sont également exprimées en pourcentage du PIB, et donc dans la même métrique. Cette spécification permet également d'éviter une multicolinéarité du PIB avec l'ensemble des variables explicatives, (Kinda, 2006).

Le modèle est inspiré de celui de ALAYA (2004) : « IDE et croissance économique : une estimation à partir d'un modèle structurel pour les pays de la rive sud de la méditerranée », auquel nous avons retranché certaines variables et équations, et ajouté d'autres que nous estimons plus pertinentes au regard des spécificités de l'UEMOA et de la disponibilité des certaines données.

A côté des modèles à équations simultanées, on aurait du penser à un Modèle à Correction d'Erreur (MCE), afin de mettre en évidence les relations de court terme et de long terme. Toutefois, même en utilisant la définition alternative de la cointégration plus large de Campbell et Perron (1991), permettant de définir la cointégration entre des variables plus ou moins hétérogènes, c'est-à-dire qu'il faut au moins deux variables I(1) dans une relation pour avoir cointégration, ce modèle apparaît inapproprié car toujours est-il que, le coefficient associé à la force de rappel doit être négatif, significatif et en valeur absolue inférieur à l'unité. Ces conditions ne sont pas satisfaites par notre base de données. Certains auteurs soutiennent que même en cas de variables stationnaires, des MCE peuvent être développés mais les conditions requises pour le coefficient de la force de rappel doivent toujours être vérifiées.

II.2. Présentation du modèle : Modèle structurel à équations simultanées

Afin d'éviter le risque d'endogénéité entre variables explicatives et pour tenir compte des effets dynamiques et les canaux par lesquels interagissent les IDE et la croissance, un modèle structurel à équations simultanées appliquées sur données de panel a été développé.

Les variables endogènes :

- Cr : le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) par tête

- ID : l'investissement domestique rapporté au PIB ou FBCF/PIB

- IDE : le ratio IDE/PIB

- KH : le capital humain mesuré par le proxy taux de scolarisation brut au primaire. Ce proxy semble moins approprié pour capter la qualification de la main d'oeuvre, car le capital humain serait mieux appréhendé par le taux d'alphabétisation des adultes ou le taux de scolarisation au secondaire.

Les variables explicatives :

- CREDIT : le crédit accordé au secteur privé rapporté au PIB pour prendre en compte le poids des intermédiaires financiers dans le financement du développement

- EPARGNE : l'épargne domestique rapporté au PIB

- EXPORT : les exportations en pourcentage du PIB comme proxy du commerce extérieur - IDF : l'Indice de Développement Financier, mesuré par le ratio de la masse monétaire sur

le produit intérieur brut. Le développement financier est un indicateur de l'état de la

structure financière du pays.

- INTERET : le taux d'intérêt réel pour prendre en compte le coüt du capital - OUV : l'ouverture économique mesurée par le ratio (X+M)/PIB

- PIBH : le PIB par habitant comme proxy du revenu des parents

- TCHANG : le taux de change officiel du dollar en FCFA, est un indicateur de la stabilité macroéconomique

- URBAN : le degré d'urbanisation et de développement des institutions urbaines, permettant un accès plus facile aux différentes institutions (sociales, culturelles, sanitaires, etc.), approximé par la proportion de la population urbaine par rapport à la

population totale. Cela permet aussi de prendre en compte la différence du niveau de scolarisation entre milieu rural et milieu urbain.

Le modèle empirique à estimer prend la forme suivante : Y f avec

Y : la variable expliquée

: les effets fixes individuels des pays. Il est constant dans le temps mais propre à chaque pays, et permet de capter l'hétérogénéité individuelle.

: les effets fixes temporels pour capter les effets des chocs ayant affecté à certaines périodes données l'ensemble des pays de l'Union. Il permet de tenir compte des effets de la dévaluation du FCFA de 1994.

[3 : la matrice des coefficients des variables explicatives

: la matrice des variables explicatives.

: le terme de perturbation

La structure du modèle structurel à équations simultanées sous forme linéaire se présente ainsi : I P I ) (Eq1)

I I I I P ) (Eq2)

I V I I ) (Eq3)

I PI ) (Eq4)

Le signe attendu des différentes variables:

y

x

Cr

IDE

KH

ID

Cr

 

+

 

+

IDE

+

 

+

+/-

KH

+

+

 
 

ID

+

+/-

 
 

CREDIT

 
 
 

+

EPARGNE

 
 
 

+

EXPORT

+

 
 
 

TCHANG

 

+/-

 
 

IDF

 

+

 
 

INTERET

 
 
 

-

OUV

 

+/-

 
 

PIBH

 
 

+

 

URBAN

 
 

+

 

La lecture du tableau : y = f(x).

II.3. Spécification du modèle des déterminants des investissements directs étrangers

Dans la recherche des facteurs explicatifs des IDE en zone UEMOA, l'équation suivante a été spécifiée : I DE = f(Cr,KH,O UV,I D,I DF,TCHANG). Les relations théoriques entre chaque variable explicatives du modèle et la variable expliquée peuvent titre justifiées de la manière suivante :


· Cr
: le taux de croissance du PIB. Cette variable fait référence à la taille du marché intérieur. En effet, un grand marché implique une forte demande de biens et services et rend par conséquent le pays hôte plus attractif aux IDE. Ce faisant, toutes choses égales par ailleurs, l'IDE devrait etre positivement corrélé avec le revenu national du pays

d'accueil, Asiedu (2003). Cette hypothèse est particulièrement non rejetée pour les IDE horizontaux, où les biens et services sont produits et vendus sur le marché local.

· TCHANG : le taux de change officiel du dollar en FCFA comme proxy de l'instabilité macroéconomique. En effet, des taux de change très volatiles réduisent les flux d'IDE, tandis que des taux de change moins volatiles reflètent un environnement macroéconomique stable, donc attractif. Le signe attendu est de ce fait indéfini a priori.

· OUV : l'ouverture au commerce international, défini comme la part du commerce dans le

revenu national mesuré par le ratio

~ . Dans la littérature sur les investissements

directs, à l'instar de Bouklia et Zalta (2001), Kinda (2006) et Gje (2007) à partir d'études dans la zone UEMOA, montrent que les pays qui sont plus ouverts au commerce extérieur attirent davantage d'IDE. Le signe attendu est alors positif. En termes de politique économique, cette corrélation positive signifie que les pays qui souhaitent attirer davantage d'IDE devraient accroître le volume de leurs échanges commerciaux, Asiedu (2002). Cependant, certains auteurs trouvent que l'ouverture n'a pas d'effet significatif sur les entrées de d'investissements directs. D'où le signe ambigu entre le degré d'ouverture commerciale et les entrées d'IDE.

· KH : le capital humain mesuré par le taux brut de scolarisation au primaire. Il traduit la qualification de la main d'oeuvre et améliore la productivité de celle-ci. La disponibilité d'un stock de capital humain dans le pays hôte détermine à la fois la quantité et la qualité des flux d'IDE entrants. Nous supposons a priori que les pays relativement bien dotés en capital humain auraient plus de potentialité à attirer sur leurs territoires les flux d'IDE intensifs en technologie. Ainsi, le capital humain constitue un facteur d'attractivité des investissements internationaux. Le signe attendu est positif. En effet, Dupuch et Milan (2005) montrent que les IDE de l'UE à destination des PECO sont expliqués par la qualification de la main d'oeuvre.

· ID : l'investissement domestique proxy du taux d'investissement public mesuré par le ratio formation brut de capital fixe rapporté au revenu national, ( ~ ~

~ ). Le lien entre

investissement domestique et investissement étranger, renvoie à l'existence ou non

d'effet d'éviction ou « crowding out >> ou d'effet d'entrainement ou « crowding in » entre les deux types d'investissement. Ainsi, Bouklia et Zatla (op.cit) soutiennent l'absence de complémentarité entre IDE et ID dans les Pays Sud et Est de la Méditerrané (PSEM) sans pou autant exclurent l'hypothèse que les investissements étrangers exercent, en impact, un effet d'éviction du capital local qui réduit leur contribution à la croissance des économies des PSEM.


· IDF : l'indice de développement financier mesuré par le ratio masse monétaire au sens large au revenu national, (

~ ). Levine et King (1993) indique qu'il renseigne sur la

profondeur du système financier et bancaire, et comme proxy du développement bancaire et financier. Il reflète aussi la structure financière du pays hôte et permet de réduire le risque de liquidité des investisseurs lié à l'incertitude concernant la conversion d'un actif financier en moyen de paiement. Par conséquent un niveau de développement financier élevé constitue un facteur d'attractivité des investissements étrangers.

Le choix de ces différentes variables explicatives découle des résultats de différentes études réalisées aussi bien dans les pays en développement que dans la zone UENOA. Toutefois les études économétriques nous permettront d'identifier les déterminants les plus illustratifs des entrées d'investissement direct en direction de la zone et proposer des actions de politiques économiques afin d'améliorer son niveau d'attractivité.

II.4. Les sources de données et présentation des variables

Les données proviendront essentiellement de la base Word Development Indicator 2008 de la Banque Mondiale et des rapports de la CNUCED, à l'exception des données sur l'éducation qui sont issues de la base de données de l'UNESCO. Les données sont des séries annuelles portant sur les huit pays de l'UEMOA excepté la Guinée-Bissau sur la période 1980-2008. Le choix de cette période se justifie par le fait qu'à partir des années 1980, la plupart des pays en développement surtout ceux de l'UEMOA se sont lancés dans une logique d'attraction et de promotion des IDE, et par le caractère libéral des politiques entreprises depuis cette période. En

outre, avant la crise de la dette dans les années 1980, tous les pays de l'UEMOA ne se sont pas inscrits explicitement dans une logique de libéralisation économique en dehors de la Côte d'Ivoire, qui au lendemain des indépendances a opté pour l'économie libérale. En effet, les différentes orientations économiques de chaque pays étaient fonction des différents régimes politiques qui se sont succédés. Tantôt à caractère hésitant (économies dirigistes, et parfois souples), la plupart des stratégies de développement était basée sur l'endettement extérieur.

III. Méthodologie d'estimation

III.1. Stationnarité des séries

Cette section vise à tester la stationnarité en panel des variables expliquées et explicatives du modèle. Si les variables sont stationnaires, on peut s'assurer sur la fiabilité des résultats des régressions. En effet, le test de stationnarité permet d'éviter le risque de régressions fallacieuses entre les variables endogènes et les variables exogènes. Les différents tests de stationnarité ont été effectués sous le logiciel Eviews 5. Les tests de racine unitaire de Im, Pesaran et Shin (2003), Hadri et Breitung ont été appliqués sur l'ensemble des variables du modèle. Tous ces tests révèlent que les variables Cr, IDE, ID, EPARGNE, INTERET, OUV, EXPORT, KH sont stationnaires à niveau tandis que les variables CREDIT, PIBH, URBAN, IDF, TCHANG sont stationnaires en différences premières, hormis la variable URBAN qui ne devient stationnaire qu'en différence seconde21. Dans les estimations, les variables non stationnaires ont été rendues stationnaires en différence première excepté la variable URBAN qui a été transformée en différence seconde, alors que les autres variables stationnaires à niveau ont été maintenues.

21 Etant donné que les résultats sur la stationnarité des variables divergent parfois en fonction de la méthode
appliquée (Im, Pesaran et Shin, Levin, Hadri, Breitung), une variable n'est stationnaire qu'à partir du moment deux tests au moins sur les trois indiquent que la variable ne possède pas une racine unitaire.

Tableau n°2 : Tableau synthétique des tests de stationnarité des variables

Test

Variables

Im, Pesaran and Shin

Hadri

Breitung

Niveau

Première

Niveau

Première

Niveau

Première

Cr

(-10.53)***

-

(3.76)***

-

(-3.10)***

-

IDE

(-3.85)***

-

(4.50)***

-

(-3.21)***

-

ID

(-3.98)***

-

(2.39)***

-

(-0.55)

(-4.95)***

KH

(7.73)

(-4.37)***

(7.93)***

-

(-1.79)**

-

CREDIT

(0.44)

(-11.07)***

(6.84)***

 

(0.77)

(-5.8)***

PIBH

(3.16)

(-7.04)***

(3.24)***

-

(1.31)

(-5.59)***

EPARGNE

(-2.47)***

-

(5.10)***

-

(-0.86)

(-6.49)***

EXPORT

(-2.35)***

-

(3.55)***

-

(0.44)

(-11.51)***

IDF

(-0.26)

(-7.14)***

(3.99)***

-

(-0.88)

(-5.50)***

INTERET

(-5.81)***

-

(2.16)**

-

(-6.16)***

-

OUV

(-2.55)***

 

(2.53)***

-

(-0.27)

(-5.81)***

TCHANG

(-0.84)

(-8.71)***

(5.03)***

-

(2.02)

(-8.24)***

URBAN

(9.14)

(0.74)

(9.30)***

-

(-0.61)

(0.73)

Double différence

URBAN

(-9.37)***

-

(-6.33)***

Source : Construit à par des résultats des tests de stationnarité sur Eviews 5.

NB : *** et ** désignent respectivement les variables stationnaires à 1% et 5%.

III.2. Méthode d'identification du mod~le

La méthode d'estimation dans le cadre des modèles à équations simultanées dépend du critère d'identification du modèle, (Bourbonnais, 2002). Ainsi, les trois cas ci-après peuvent être distingués :

> Si le modèle est sous-identifiable, il n'y a pas d'estimation possible. Il faut alors respécifier le modèle.

> Si le modèle est juste identifié, on peut appliquer les moindres carrés indirects ou les doubles moindres carrés.

> Si le modèle est sur-identifié, on applique les doubles moindres carrés.

III.2.1. Rappel des conditions d'identification Soit :

g: Le nombre de variables endogènes du modèle ou le nombre d'équations du modèle ;

k: Le nombre de variables exogènes du modèle ;

g : Le nombre de variables endogènes contenues dans une équation ;

k : Le nombre de variables exogènes figurant dans une équation.

Lorsque les restrictions ne sont que des restrictions d'exclusion, les conditions d'exclusion nécessaires d'identification peuvent s'énoncer ainsi :

> g -- g + k -- k < g -- 1 : l'équation est sous-identifiée

> g -- g + k -- k = g -- 1 : l'équation est juste identifiée

> g -- g + k -- k > g -- 1 : l'équation est sur-identifiée Le tableau ci-après résume les conditions d'identification. Tableau n°3 : Etude des conditions d'identification du mod~le

Equations Caractéristiques Procédure d'identification Résultats Nature

Eq1 g = 4 et k = 1

Eq2 g = 3 et k = 3

Eq3 g = 4 et k = 4

Eq4 g = 2 et k = 2

(4

-- 4

+ 9

-- 1)

>

4

-- 1

8

>

3

Sur-identifiée

(4

-- 3

+ 9

-- 3)

>

4

-- 1

7

>

3

Sur-identifiée

(4

-- 4

+ 9

-- 4)

>

4

-- 1

5

>

3

Sur-identifiée

(4

-- 2

+ 9

-- 2)

>

4

-- 1

9

>

3

Sur-identifiée

Source : construction de l'auteur

III.2.2. 0 phho4I d'IshW ThWo4 : Doubles Moindres Carrés (DMC)

Comme indiqué dans le tableau n°3 ci-dessus, (g - g ) + (k - k ) > g - 1 pour toutes les quatre équations. Par conséquent, toutes les équations du modèle sont sur-identifiées. Dans ce cas, la méthode d'estimation appropriée est celle des doubles moindres carrés.

III.2.3. Test de spécification

Dans les études de données de panel, il apparait nécessaire de s'assurer de la spécification homogène ou hétérogène du processus générateur des données, (Doucouré, 2008). Cela revient à tester l'égalité des coefficients du modèle étudié dans la dimension individuelle. Le test de spécification permet de déterminer si le modèle théorique est parfaitement identique pour tous les pays ou s'il existe des spécificités propres à chaque pays. Ainsi, les tests de spécification se feront équation par équation afin de retenir la méthode d'estimation la plus appropriée pour l'ensemble du modèle. Ces tests de spécifications ainsi que les estimations se feront sous le logiciel stata 11. Les résultats détaillés des différents tests et régressions sont présentés en annexe n°2. Seule, la synthèse de ces résultats sera mise en exergue dans la suite du document.

a. Likelihood Ratio Test (Test de Fisher)

Les hypothèses du test sont les suivantes :

H0: Absences d'effets fixes
H1 : Présence d'effets fixes

La statistique de Fischer calculé suit sous l'hypothèse H0 une loi de Fischer. A cet effet, l'hypothèse de présence d'effets fixes ne sera pas rejetée lorsque la statistique calculée est supérieure à la valeur critique lue sur la table de Fisher. Les résultats des tests sont les suivants.

Tableau n°4 : Tableau synthétique des résultats du test de spécification de Fisher

Equation du capital humain

F test that all u_i=0: F(6,179) = 46.12 Prob > F = 0.0000

Equation de l'investissement domestique F test that all u_i=0: F(6,177) = 7.09 Prob > F = 0.0000

Equation des investissements directs étrangers F test that all u_i=0: F(6,176) = 1.63 Prob > F = 0.1420

Equation de la croissance

F test that all u_i=0: F(6,178) = 0.78 Prob > F = 0.5884

Source: Construit à partir des résultants des différentes régressions

Pour les variables endogènes, capital humain et investissement domestique, la probabilité de la statistique de Fischer calculée est inférieure à 1%. Par conséquent l'hypothèse H0 est rejetée, et le modèle à effets fixes est plus approprié.

En revanche, la probabilité de la statistique de Fischer calculée est supérieure même au seuil de 10% pour les variables, investissements directs étrangers et croissance. Dans ce cas, l'hypothèse H0 ne peut pas être rejetée, et alors le modèle à effets fixes n'est pas approprié.

b. Test de Breusch et Pagan

La statistique de Breusch-Pagan est obtenue après l'estimation du modèle à effets aléatoires. Elle permet de tester la significativité du modèle à effets aléatoires. Si la probabilité de la statistique de Breusch-Pagan est inférieure au seuil fixé, les effets aléatoires seront globalement significatifs. Le test est basé sur les hypothèses ci-après :

H0 : Absence d'effets aléatoires
H1 : Présence d'effets aléatoires

Etant donné que le test d'identification privilégie l'estimation par les doubles moindres carrés, nous avons procédé à une estimation par les moindres carrés ordinaires en deux étapes avant d'effectuer le test de Breusch-Pagan sur la dernière estimation.

Les résultats des tests sont ainsi synthétisés dans le tableau n°5 suivant.

Tableau n°5 : Tableau synthétique des résultats du test de spécification de Breusch-Pagan

Variables Variance Ecart type

KH 675.4363 25.98916

Test: Var(u) = 0 chi2(1) = 1124.33 Prob > chi2 = 0.0000

ID 28.24899 5.314978

Test: Var(u) = 0 chi2(1) = 83.84 Prob > chi2 = 0.0000

IDE 2.150751 1.466544

Test: Var(u) = 0 chi2(1) = 0.62 Prob > chi2 = 0.4326

Cr 18.12134 4.256917

Test: Var(u) = 0 chi2(1) = 2.25 Prob > chi2 = 0.1340

Source: Construit à partir des résultants des différentes régressions

Les effets aléatoires sont significatifs au seuil de 1%, pour les équations du capital humain et des investissements domestiques.

Par contre, on ne rejette pas l'hypothèse nulle d'absence d'effets aléatoires pour les deux autres équations car la probabilité de la statistique est supérieure même au seuil de 10%.

c. Test de Hausman/Hausman généralisé

Le test de Hausman permet de tester la présence d'une corrélation ou non entre les effets spécifiques et les variables explicatives du modèle. Ce qui permet de choisir entre le modèle à effets fixes et le modèle à effets aléatoires, Kpodar (2007). Le test de Hausman repose sur les hypothèses suivantes :

H0 : Il n'ya pas de différence systématique de coefficients

H1 : Il existe une différence entre les coefficients

Les résultats du test de Hausman post estimation sont ainsi présentés.

> Equation du capital humain

 
 

KH

 

Coefficients

Différence (b-B)

 

Effets fixes (b)

Effets aléatoires (B)

 

IDE

8.530563

8.60874

-0.0781775

DPIBH

0.0377773

0.0375099

0.0002674

DDURBAN

67.11939

67.8705

-0.7511136

chi2 (3) = (b-B)'[(V_b-V_B) ^ (-1)] (b-B) = -0.21 chi2 < 0

Le Chi-deux est négatif, de ce fait, nous avons procédé par le test de Hausman généralisé, afin de surmonter cette contrainte. Le test de Hausman généralisé fournit les résultats ci-après.

Test de Hausman généralisé22 chi2 ( 2) = 3.65

Prob > chi2 = 0.1614

La probabilité de la statistique du test est supérieure à 10%. Il n'y a donc pas de différence systématique entre les deux modèles. Dans une telle situation, Kpodar (op. cit) indique le choix de l'un ou l'autre modèle doit être justifié rigoureusement, et il dépend de la conviction de chaque auteur sur la pertinence d'un modèle par rapport à l'autre. Mais Doucouré (op.cit), soutient que dans ce cas, le modèle à effets aléatoires est plus approprié que celui à effets fixes.

> Equation de l'investissement domestique

 

ID

 

Coefficients

Différence (b-B)

 

Effets fixes (b)

Effets aléatoires (B)

 

IDE

2.573801

3.013485

-0.4396842

Cr

0.4660022

1.191966

-0.7259639

DCREDIT

0.508779

0.647273

-0.138494

INTERET

0.0457301

0.0539665

-0.0082364

EPARGNE

0.2545418

-0.0689082

0.32345

chi2 (5) = (b-B)'[(Vb-VB) ^ (-1)] (b-B) = 38.07 Prob > chi2 = 0.0000

22 Voir annexe n°3 pour les résultats détaillés du test de Hausman généralisé

La probabilité du test est inférieure à 1%. Alors, le modèle à effets fixes est préférable au modèle à effets aléatoires.

> Equation des investissements directs étrangers

IDE

 

Coefficients

Différence (b-B)

Effets fixes (b)

Effets aléatoires (B)

ID

-0.0129955

-0.0157766

0.0027811

KH

0.0379431

0.0417837

-0.0038406

Cr

0.126794

0.1695483

-0.0427543

OUV

1.597828

-0.3672097

1.965037

DIDF

0.1692388

0.2163339

-0.0470951

DTCHANG

0.0023095

0.0031569

-0.0008474

chi2 (6) = (b-B)'[(V_b-V_B) ^ (-1)] (b-B) = 0.22 Prob > chi2 = 0.9998

L'hypothèse d'absence de différence systématique de coefficients entre les deux modèles n'est donc pas être rejetée.

> Equation de la croissance

 
 

Cr

 

Coefficients

Différence (b-B)

 

Effets fixes (b)

Effets aléatoires (B)

 

IDE

0.0070332

-0.6260484

0.6190152

KH

0.0506537

-0.0145313

0.065185

ID

0.1977595

0.2597867

-0.0620272

EXPORT

0.0505811

-0.0364563

0.0870374

chi2 (4) = (b-B)'[(Vb-VB) ^ (-1)] (b-B) = 1.80 Prob > chi2 = 0.7731

Ici également, l'hypothèse d'absence de différence systématique de coefficients entre les deux modèles n'est donc pas rejetée.

En somme, la prise en compte des effets spécifiques pays est appropriée pour estimer les
paramètres des différentes équations du modèle. De plus, les statistiques de Wald indiquent que
le modèle est globalement bien spécifié pour toutes les équations. Par ailleurs, le test de

Hausman montre également qu'il n'y a pas de différence systématique entre les coefficients des deux modèles pour les équations du capital humain, de l'investissement direct étranger et de celui de la croissance. Toutefois, les coefficients de détermination issus des estimations avec les effets aléatoires montrent que la variation inter individuelle (pays) des variables est plus importante que la variation intra individuelle pour ces équations du modèle. Ainsi, le modèle à effets aléatoires est alors significatif pour ces équations.

Au regard de ces résultats, le modèle final à estimer sera un panel hétérogène à effets aléatoires pour les toutes équations, hormis l'équation des investissements domestiques qui sera estimée à effets fixes.

d. Test de stabilité du modèle

Le test de Chow ou test de changement structurel, permet de tester la stabilité des coefficients de la régression entre deux périodes ou deux sous échantillons différents. Le test de Chow temporel nous permettra de savoir si les coefficients des différentes régressions ne sont pas affectés par la dévaluation du FCFA intervenue en 1994. Le choix de cette période se justifie par le fait qu'elle correspond à une phase de profondes réformes de libéralisation dans les économies des pays membres de l'UEMOA, marquées par la mise en oeuvre des programmes d'ajustement structurel.

Le test repose sur les hypothèses suivantes :

(les coefficients sont stables)

* (les coefficients sont instables)

Avec la Somme des Carrés des Résidus du modèle général,

la Somme des Carrés des Résidus du modèle estimé avant 1994, la Somme des Carrés des Résidus du modèle estimé après 1994. La statistique de Chow est donnée par :

t t

-- ) --

 
 
 

Où k est le nombre de variables explicatives, y compris la constante et n le nombre d'observations du modèle général. Sous , t t - )

Les résultats des régressions sous stata sont ainsi présentés :

Variable

SCR

SCR1

SCR2

n

k

Fstat

F_lue (1%)

KH

754680,142

505141,609

863172,929

189

4

-20,2928169

3.34

ID

58169,6249

127103,564

45284,4959

189

6

-19,5456915

2.82

IDE

589,398173

98,6762912

827,330474

189

7

-8,35974373

2.66

Cr

657,804817

7517,59248

2235,57924

189

5

-33,3854611

3.04

Dans toutes les équations, les statistiques calculées sont inférieures aux statistiques lues sur la table de Fischer, au seuil de 1% ; on ne peut donc pas rejeter l'hypothèse nulle de stabilité des coefficients. Par conséquent le modèle est globalement stable. De ce fait la dévaluation du FCFA n'a pas d'effet différencié sur la stabilité des coefficients du modèle.

IV. Résultats de l'estimation économétrique et interprétation des résultats

Cette section fournit les résultats économétriques permettant de mettre en évidence les interactions entre capital humain, investissements domestiques, croissance économique et investissements directs étrangers dans la zone UEMOA. Elle vise également à dégager les facteurs d'attraction des IDE en direction de l'Union. Les résultats détaillés des régressions sur Stata 11 sont présentés en annexe n°2.

IV.1. Les déterminants des investissements directs étrangers en zone UEMOA

Les investissements directs étrangers sont généralement motivés par des facteurs d'attraction et d'impulsion, Ajayi (2006). Les facteurs d'impulsion sont relatifs aux pays d'origine tandis que les facteurs d'attraction dépendent des caractéristiques spécifiques aux pays hôtes. Les facteurs entrants dans l'explication des flux d'IDE en zone UEMOA sont essentiellement internes dans notre modèle. L'estimation des déterminants des IDE fournit les résultats suivants.

I DE = f(Cr,KH,OUV ,I D,I DF,Tch ang,I NFLATI ON)

 

Coefficients

Std. Err.

t

P >

ID

-0.0157766

0.0370373

-0.43

0.670

KH

0.0417837

0.0167596

2.49**

0.013

Cr

0.1695483

0.078398

2.16**

0.031

OUV

-0.3672097

1.255384

-0.29

0.770

DIDF

0.2163339

0.0799148

2.71***

0.007

DTCHANG

0.0031569

0.0019009

1.66*

0.097

Constante

-0.9896342

0.7462517

-1.33

0.185

NB : (***) (**) et (*) désignent respectivement les variables significatives à 1%, 5% et 10%.

I DE = -- 0.99 + 0.170Cr + 0.042KH -- 0.367OUV -- 0.016I D + 0.216I

-- 1.33) (2.16) (2.49) (-- 0.29) (-- 0.43) (2.71) (1.66)

Les résultats des estimations indiquent que les facteurs les plus attractifs des IDE en direction de
l'UEMOA sont le capital humain, la croissance économique, le niveau de développement
financier et le taux de change. Ainsi, une amélioration de la qualification de la main d'oeuvre

d'un point (100%) est associée à une hausse des entrées d'IDE de 4,2 point au seuil de 5%. Pour le même niveau de significativité, une augmentation du taux de croissance de 1% entraine un accroissement des entrées de capitaux étrangers de 0,17%. Le coefficient de l'indice de développement financier montre qu'une hausse du crédit accordé au secteur privé d'un pour cent engendre une augmentation de 0,22% des flux entrants d'IDE au risque de 1%. La stabilité du cadre macroéconomique mesuré par le taux de change, suggère qu'une amélioration de la stabilité politique et économique d'un point est consécutive à une hausse des entrées d'IDE de 0,32 point au seuil de 10%, toutes choses égales par ailleurs. Ce dernier résultat indique que les investisseurs étrangers intègrent la stabilité politique et économique dans le choix de localisation des investissements. Cela est d'autant plus approprié que les principaux investisseurs en zone UEMOA sont les pays de l'Union Européenne.

Au regard de la faible qualification de la main d'oeuvre en zone UEMOA, la significativité du capital humain dans un tel contexte peut paraître surprenante. Toutefois, la théorie des jeux soutient qu'il existe une situation de référence où la firme multinationale adopte un comportement passif face à la sous qualification de la main d'oeuvre dans le pays d'accueil. Ainsi, après avoir décidé d'entrer ou non sur le marché, les firmes décident du nombre de salariés sous qualifiés à embaucher en maximisant leurs profits. De plus, les multinationales peuvent utiliser des technologies adaptées à la sous qualification de la main d'oeuvre dans les pays investis. Dans ce cas, elles s'engageront dans des activités de formation visant à améliorer la productivité des employés.

Le signe de l'investissement domestique est négatif, ce qui signifie qu'il existe un effet d'éviction entre l'investissement domestique et les IDE. Mais, ce phénomène d'éviction n'est pas significatif même au seuil de 10%.

Théoriquement un fort degré d'ouverture est associé à des afflux d'IDE. Mais pour le cas de l'UEMOA, il n'a pas le signe attendu et n'est pas significatif comme élément d'attractivité. Ce résultat paradoxal traduit une présomption d'économie protectionniste correspondant à un niveau d'ouverture insuffisant de la zone. Toutefois, des économies protectionnistes peuvent attirer des IDE importants si le marché intérieur est bien développé. Dans un tel cas, les firmes contournent les barrières tarifaires en délocalisant les chaînes de production dans les pays d'accueil. Il s'agit ici d'investissements essentiellement horizontaux. Par ailleurs, ce résultat paradoxal pourrait

également s'expliquer par le fait que les afflux massifs d'IDE enregistrés dans l'Union sont la résultante des vagues de programmes de privatisation. C'est le cas récemment du Burkina Faso en 2007, de la Côte d'Ivoire et du Sénégal en 1997. De plus, ce fait semble refléter les effets pervers d'une ouverture exogène ; c'est-à-dire une ouverture brusque et accrue comme, c'est le cas au Togo où les taux d'ouverture gravitent autour de l'unité.

En présence d'effets aléatoires, le coefficient de détermination R2-between d'une valeur de 0,6853 montre que 68,53% de la variation inter pays des investissements domestiques, est expliquée par les variables explicatives du modèle. Le R2-within a une valeur de 0,1593, indiquant que les effets aléatoires des pays introduits dans le modèle, contribuent à expliquer le modèle de 15,93%.

IV.2. IDE et capital humain en zone UEMOA

La section précédente souligne que le capital humain est un déterminant majeur des IDE à destination de l'UEMOA, mais n'existe-t-il pas des effets feedbacks entre IDE et capital humain de l'Union ? Les résultats suivants permettent de répondre par l'affirmative.

I DE, PI BH, URBAN)

 
 
 

KH

Coefficients

Std. Err.

t

P >

IDE

8.60874

1.59084

5.41***

0.000

DPIBH

0.0375099

0.0178667

2.10**

0.036

DDURBAN

67.8705

22.25656

3.05***

0.002

Constante

51.02991

6.862447

7.44***

0.000

NB : (***) et (**) désignent respectivement les variables significatives à 1% et 5%.

SI DE + 0.038PI BH + 67.871URBAN)

) (5.41) (2.10) (3.05)

Les variables IDE et URBAN sont significatives au seuil de 1%, tandis que la variable PIBH
n'est significative qu'au seuil de 5%. Le coefficient associé aux IDE indique qu'un
accroissement de 1% des entrées d'investissements directs étrangers engendre une amélioration

de la qualité du capital humain d'environ 8,61% au risque de 1%. Ainsi, les firmes multinationales ne prennent pas le niveau de capital humain en zone UEMOA comme une donnée irréversible. Elles peuvent investir tout en s'engageant dans la formation de la main d'oeuvre surtout si cela permet d'améliorer leurs rendements dans les pays d'accueil.

Pour le même niveau de risque de 1%, on peut affirmer qu'une augmentation du degré d'urbanisation de 1% entraine une amélioration du capital humain de 67.87%. Ce coefficient reflète la vitesse à laquelle le capital humain réagit à une augmentation de la population urbaine. Par ailleurs, en plus de ces deux variables, une augmentation du niveau de revenu par tête de un point se traduit par une amélioration de la productivité du capital humain de 3,8%. Ceci, suggère qu'à côté des dépenses d'éducation, les économies d'agglomération et l'appartenance à des zones urbaines participent activement au développement du capital humain.

Force est de constater que le degré d'urbanisation et de développement des institutions urbaines, permet d'avoir un accès plus facile aux différentes institutions (sociales, culturelles, sanitaires, sportives, etc.) ce qui pourrait stimuler l'accumulation des connaissances et le développement des compétences humaines, (Alaya et al, 2004).

En prenant en compte les effets aléatoires, le coefficient de détermination R2-between d'une valeur de 0,6916 montre que 69,16% de la variation inter pays du capital humain, est expliquée par les variables explicatives du modèle. Le R2-within a une valeur de 0,2323, indiquant que les effets aléatoires des pays introduits dans le modèle, contribuent à expliquer le modèle de 23,47%.

IV.3. IDE et investissements domestiques en zone UEMOA

La littérature indique qu'il peut y avoir soit un effet de stimulation des firmes locales, soit un effet d'éviction des IDE sur les investissements domestiques. Les résultats des régressions concluent quant à une stimulation majeure des firmes locales des pays de l'UEMOA.

I D = f(I DE, CREDI T, Cr, I NTERET, EPARGNE)

ID

Coefficients

Std. Err.

t

P >

IDE

2.573801

0.6635843

3.88***

0.000

Cr

0.4660022

0.1980088

2.35**

0.019

DCREDIT

0.508779

0.1219032

4.17***

0.000

INTERET

0.0457301

0.0431112

1.06

0.289

EPARGNE

0.2545418

0.0924325

2.75***

0.006

Constante

11.60154

1.053501

11.01***

0.000

NB : (***) et (**) désignent respectivement les variables significatives à 1% et 5%.

I D = 11.602 + 2.573I DE + 0.466Cr + 0.509 CREDI T + 0.046I NTERET + 0.255EPARGNE

(11.01) (3.88) (2.35) (4.17) (1.06) (2.75)

Les investissements directs étrangers sont un outil d'accroissement des encours de capitaux domestiques, qui permet d'éviter l'endettement extérieur, OCDE (2002). En effet, la participation des investisseurs étrangers au développement des infrastructures physiques et au développement des marchés financiers peut contribuer à améliorer l'efficacité des investissements domestiques.

L'estimation de l'équation de l'investissement domestique vise à tester l'existence ou non d'effet d'entrainement ou d'éviction entre le capital étranger et le capital domestique. L'IDE a un signe positif, ce signifie que dans la zone UEMOA, les entrées des investissements directs stimulent l'investissement domestique par le biais d'effets de report technologique et organisationnel aux entreprises locales. Ainsi, Markusen et Venables (1999) soutiennent que les firmes multinationales peuvent générer des externalités financières au profit des entreprises locales. En effet, ces externalités sont générées à travers la réduction des cofits ou par l'augmentation des revenus. Il s'agit essentiellement des revenus de l'impôt pour l'Etat, de l'augmentation de la

demande globale adressée aux entreprises locales suite aux revenus distribués par les multinationales. De plus les investissements étrangers stimulent les investissements domestiques au moyen des activités connexes qui se développent au voisinage de zones d'implantation des entreprises étrangères.

En outre, les effets de stimulation peuvent avoir lieu via un effet de démonstration et/ou d'imitation, un effet de concurrence. Ainsi, les entreprises locales imitent les technologies et modes de production des firmes étrangères, mais aussi, l'entrée des firmes multinationales exerce une pression concurrentielle sur les firmes nationales en les poussant à améliorer leur gestion ou à adopter de nouvelles technologies. Ces effets ne sont plus ou moins perceptibles qu'à long terme.

Les variables investissements directs étrangers, l'épargne intérieure et le crédit accordé au secteur privé expliquent les investissements locaux au seuil de 1%. Ainsi, une augmentation des entrées d'IDE de 1% entraine une augmentation des investissements domestiques de 2,57%, toutes choses égales par ailleurs. Borenztein et al (op.cit) indiquent le coefficient de l'IDE permet de capter l'intégralité des effets de report associés aux investissements directs étrangers. L'effet marginal de la croissance économique sur les investissements domestiques est significatif au seuil de 5%, et est de 0.47% pour une variation de la croissance de 1%. De plus si les crédits accordés au secteur privé croissent de 1%, l'investissement domestique s'améliore de 0,51%. Le coefficient de l'épargne est positif et significatif au seuil de 1%, indiquant qu'une augmentation de l'épargne de 1% engendre une hausse de l'investissement domestique de 0,26%. Ce qui signifie que les investissements domestiques sont financés par les ressources domestiques. Cette causalité est conforme à la thèse néoclassique selon laquelle l'épargne constitue un préalable à l'investissement. Ainsi, l'épargne stimulera la croissance économique par transformation systématique en investissement. De ce fait la politique économique doit favoriser l'épargne.

Par ailleurs le taux d'intérêt n'a pas le signe attendu et non significatif. Cela peut s'explique principalement par la structure des taux d'intérêt réel qui à certaines périodes sont négatifs, traduisant un coüt du capital quasiment nul dans l'Union. Le dit phénomène était plus prononcé dans la période post dévaluation du FCFA jusqu'en 2006.

Au niveau global, le R-Between est égal à 0,7841, suggérant que la variation inter individuelle (entre les pays) de l'investissement domestique est expliquée à 78,41% par l'ensemble des variables explicatives, tandis que les effets individuels aléatoires des pays permettent d'expliquer 11,73% des investissements locaux.

IV.4. Impact des investissements directs étrangers sur la croissance économique de 13 ( 0 2$

Dans le contexte actuel de l'internalisation des économies, les IDE sont apparus comme une composante essentielle de croissance et de développement économique, en raison des effets de report qu'ils engendrent sur la structure productive des pays partenaires. Mais quels peuvent être les effets des entrées d'IDE sur la croissance économique de l'UEMOA ? Les résultats ci-après indiquent que les IDE sont un déterminant mineur de la croissance économique de l'Union.

I DE, KH, EXP ORT, I D)

 
 
 

Cr

Coefficients

Std. Err.

t

P >

IDE

0.6260484

0.6281283

1.00

0.319

KH

-0.0145313

0.0444478

-0.33

0.744

ID

0.2597867

0.0813559

3.19***

0.001

EXPORT

-0.0364563

0.0562103

-0.65

0.517

Constante

-3.229369

1.629765

-1.98

0.048

NB : (***) désigne les variables significatives à 1%.

-- 3.229 + 0.626I DE -- 0.015KH -- 0.036EXP ORT + 0.260I

-- 1.9 8) (1.00) (-- 0.33) (-- 0.65) (3.19)

Théoriquement, le capital humain, les investissements directs étrangers, les exportations et les investissements domestiques ont un impact positif sur la croissance économique. Mais les résultats de l'équation de la croissance montrent que dans le cas de l'UEMOA, seul l'investissement domestique est significatif au seuil de 1%. Ainsi, une hausse des investissements domestiques de 1% stimule de la croissance économique de 0,26%, toutes choses égales par ailleurs. Les investissements directs étrangers n'ont pas d'impact significatif

sur la croissance économique de l'UEMOA. Toutefois, le coefficient associé suggère qu'une augmentation des entrées d'IDE de 1% engendre une hausse de la croissance économique de 0,63%. De ce fait, les investissements directs étrangers agissant de façon faiblement significative sur la croissance économique des pays de l'UEMOA. Mais cela reste à relativiser au regard de l'impact positif et significatif des IDE sur les investissements domestiques qui sont un déterminant significatif de la croissance économique en zone UEMOA.

En revanche, le capital humain et les exportations n'ont pas le signe attendu et ne sont pas aussi significatifs. Un tel résultat paradoxal s'explique par le faible niveau de qualification de la main d'oeuvre et pose la problématique entre adéquation de main d'oeuvre et croissance économique dans l'UEMOA. Aussi, les exportations de l'Union sont essentiellement constituées de produits primaires et sont également peu diversifiées.

En somme, les IDE en direction de l'UEMOA ont un impact un peu moindre sur la croissance économique. Ce qui traduit une présomption d'existence d'effets de seuil. En effet, les pays de l'Union devraient atteindre un certain niveau de développement en matière d'éducation, d'infrastructure, de technologie et de santé pour tirer profit de l'implantation des firmes multinationales. Ainsi, l'OCDE (2002) soutient que, lorsque persiste un important « écart de savoir >> entre les pays d'origine des IDE et les pays d'accueil, il n'y a guère de chances d'enregistrer des retombées significatives. De même, Lipsey (2000) montre que dans le cas des IDE entrants dans les pays en développement, plus l'écart technologique entre les firmes du pays d'origine et d'accueil est important, plus l'impact de l'IDE sur l'économie destinataire est réduit. Cette faible performance des IDE sur la croissance économique de l'UEMOA peut être due à la forte concentration des IDE dans les secteurs miniers, bancaires et des télécommunications, qui sont peu porteur d'effets de report technologique, organisationnel et informationnel et à la vulnérabilité des taux de croissance aux facteurs externes dans la plupart des pays de l'Union. Par ailleurs les taux de croissance sont très fluctuants tandis que les taux d'IDE sont relativement stables (Cf. annexe n°4)

La prise en compte des effets aléatoires donne un coefficient de détermination R2-between d'une
valeur de 0,9357 montrant que 93,57% de la variation inter pays de la croissance économique,
est imputable aux variables explicatives du modèle. Le R2-within a une valeur de 0,0605,

indiquant que les effets aléatoires des pays introduits dans le modèle, contribuent à expliquer le modèle de 6,05%.

Au regard de l'impact non significatif des investissements directs étrangers sur la croissance économique de l'Union, nous avons cherché à comprendre si les résultats sont significativement influencés par un pays. Ce qui nous conduit au test de robustesse des résultats.

IV.5. Test de robustesse des résultats

Le test de robustesse consiste à tester l'influence de chaque pays sur la significativité des résultats des régressions du modèle. Ainsi, le modèle est estimé en retirant à chaque fois un pays. Ce test permet de voir si les résultats des régressions sont significativement déterminés par la taille des économies de la Côte d'Ivoire et du Sénégal.

Ainsi, les investissements domestiques sont partout significatifs pour expliquer la croissance quelque soit le pays retiré de l'analyse. La variable investissement domestique est alors globalement significative. En revanche, les investissements directs étrangers n'expliqueront de manière significative la croissance qu'en retirant le Bénin de l'échantillon. Ainsi, une hausse des entrées d'IDE de 1% entraine une amélioration du niveau de croissance du produit intérieur brut par habitant de 1,97% au seuil de 5%23. Cela peut s'expliquer par le fait que le Bénin a enregistré un taux de croissance plus volatile que les autres pays de l'Union.

Par ailleurs l'analyse de la causalité au sens de Granger entre IDE et croissance économique24 indique qu'au Burkina Faso et au Togo, la croissance économique cause les IDE au seuil de 5% et non l'inverse. On ait en présence d'une causalité unidirectionnelle allant de la croissance vers les IDE. Par contre, au Bénin la croissance ne cause pas les IDE au seuil de 10%, tandis que les IDE stimulent la croissance au seuil de 10%. Toutefois, en Côte d'ôte d'Ivoire, au Mali, Niger et au Sénégal, la causalité est plutôt bidirectionnelle. Enfin, au niveau de l'UEMOA dans son ensemble, la causalité est plutôt bidirectionnelle, mais faible de l'IDE vers la croissance.

23 Voir annexe n°6 pour les résultats du test de robustesse

24 Voir annexe n°7 pour les résultats détaillés des tests de causalité au sens de Granger entre IDE et croissance économique

Conclusion

La littérature empirique sur les déterminants des IDE indique qu'il existe une pléthore de facteurs susceptibles d'influencer l'entrée de capitaux privés étrangers dans un pays. Ainsi la stabilité macroéconomique et politique, le niveau de développement financier, la croissance économique, les ressources naturelles et la taille du marché intérieur constituent des éléments d'attractivité des IDE. En revanche la corruption, l'instabilité politique et l'absence d'un cadre juridique des investissements ne favorisent pas l'afflux des capitaux internationaux vers un pays. En ce qui concerne leurs impacts sur les économies d'accueil, la littérature relève un impact globalement positif sur la croissance économique. Toutefois, certaines études mentionnent l'existence d'un impact mitigé, voire même un impact négatif sur la croissance.

L'analyse des flux entrants d'IDE dans l'espace UEMOA montre que les pays de l'Union reçoivent moins d'IDE comparativement à leurs poids économiques (PIB) et à d'autres zones comme la CEMAC. En outre les principaux bénéficiaires au sein de l'Union sont la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Mali, tandis que les pays les moins attractifs sont le Togo et la Guinée Bissau. Les secteurs les plus attractifs sont le secteur minier, le secteur bancaire pour le Sénégal et le Togo et le secteur des télécommunications pour l'ensemble de l'Union en raison de la forte expansion de la téléphonie mobile ces dernières années. Par ailleurs, les principaux investisseurs sont essentiellement les pays de l'Union Européenne.

Au niveau de l'espace UEMOA, l'estimation économétrique montre que le capital humain, le niveau de croissance économique, la stabilité macroéconomique approximée par le taux de change, et le niveau de développement financier déterminent significativement les flux entrants d'IDE en zone UEMOA. Quant à l'impact sur la croissance économique, les investissements directs étrangers influencent positivement la croissance économique des pays de l'UEMOA. Mais cet impact n'est pas significatif méme au seuil de 10%. Toutefois, cette conclusion reste à relativiser au regard de l'impact positif et significatif que les IDE ont sur les investissements domestiques. Or, ces derniers déterminent significativement la croissance économique de l'UEMOA. Ce faisant nous pouvons dire que les IDE agissent indirectement sur la croissance par le biais des investissements domestiques. L'impact non significatif peut s'expliquer par une inadéquation entre les objectifs des firmes multinationales et ceux des gouvernements des pays d'accueil.

Conclusion générale et recommandations de politiques économiques

Cette étude a eu pour objectif principal d'apprécier l'impact des investissements directs étrangers sur la croissance économique des pays de l'UEMOA sur la période 1980-2008. L'atteinte de cet objectif s'est traduite d'abord par une analyse des flux d'IDE en direction da l'Union et ensuite par une évaluation économétrique des interactions entre IDE et croissance économique en zone UEMOA sur la dite période. Les données de l'étude proviennent essentiellement de la base Word Development Indicator (2008) de la Banque Mondiale et des rapports du CNUCED, à l'exception des données sur l'éducation qui sont issues de la base de données de l'UNESCO.

Les tests de stationnarité, d'identification et de spécification ont permis d'estimer par la méthode des doubles moindres carrés, le modèle structurel à équations simultanées sur des données de panel afin de dégager les déterminants des IDE ainsi que l'impact de ceux-ci sur la croissance, ayant contrôlé les autres facteurs usuels de la croissance économique. En effet, l'analyse des flux d'IDE en direction de l'UEMOA indique que les pays de l'Union reçoivent moins d'IDE comparativement à leur poids économiques et à d'autres zone comme la CEMAC.

Les estimations de l'équation de capital humain montrent que les déterminants significatifs du capital humain sont les investissements directs étrangers, le produit intérieur brut par habitant et le degré d'urbanisation.

L'investissement domestique est quant à lui expliqué par les investissements directs étrangers, le crédit accordé au secteur privé, l'épargne intérieure et la croissance économique.

Les déterminants significatifs des investissements directs étrangers en direction de l'UEMOA sont la croissance économique, le capital humain, l'indice de développement financier et le taux de change.

Les résultats de l'équation de croissance indiquent que les flux entrants d'IDE contribuent positivement mais de façon non significative à la croissance économique. En outre, le niveau de l'activité économique permet de prédire les valeurs futures des investissements directs étrangers en direction de l'UEMOA. Par contre le niveau de d'IDE expliquent faiblement la croissance. Donc, contrairement à l'hypothèse d'absence de liens entre IDE et croissance économique en zone UEMOA, les résultats montrent plutôt une présence d'effets réciproques. La faible performance des IDE sur la croissance économique de l'UEMOA peut être due à la forte

concentration des IDE dans les secteurs miniers, bancaires et des télécommunications, qui sont peu porteurs d'effets de report technologique, organisationnel et informationnel, à la vulnérabilité des taux de croissance aux facteurs externes dans la plupart des pays de l'Union et par le faible volume des IDE entrants au regard de leur niveau de développement. En somme, les IDE en direction de l'UEMOA ont un impact un peu moindre sur la croissance économique. Ce qui traduit une présomption d'existence d'effets de seuil (minimum de capital humain, la qualité des infrastructures, le niveau de développement économique atteint, etc.).

Ces résultats sont identiques à ceux de Ajayi (2006). En effet, il montre qu'il existe une relation positive entre IDE et croissance économique, mais ces liens sont faibles en Afrique. Dans la même logique, Bouklia et Zatla (2001) soulignent également le faible impact des IDE sur la croissance économique dans les PSEM.

Par ailleurs, les IDE qui constituent une composante principale de la mondialisation et de la globalisation économique, sont devenus depuis la fin des années 1980, un vecteur de croissance et de développement économique surtout dans les pays en développement en raison des effets de reports inhérents aux implantations des FMNs. Cependant, ces effets ne se manifestent pas de façon automatique notamment sur la croissance économique dont l'impact est beaucoup plus complexe, d'autant plus que les effets sur la croissance sont à la fois directs et indirects. L'impact dépend du mode d'implantation des FMNs, des interactions entre celles-ci et les firmes locales, et du niveau de développement économique des pays hôtes. Ceci revient à identifier les mécanismes de complémentarité avec les autres facteurs de croissance par lesquels les IDE deviennent plus efficaces en termes de croissance.

Quant à l'attractivité, les territoires d'accueil doivent répondre favorablement et intégralement aux avantages de localisation requis par les investisseurs étrangers. Dans ce cas, plus les offres des territoires et les demandes firmes multinationales seront en adéquation, moins les IDE seront volatiles et plus les effets de report sur la croissance économique sont importants. Ce qui nécessite la mise en oeuvre de politiques d'attractivité sectorielle et intégrées au niveau global de l'UEMOA.

Au regard de ces résultats, les recommandations suivantes peuvent être formulées à l'endroit des décideurs et praticiens du développement dans l'espace UEMOA.

· Renforcer les efforts de financement du secteur éducatif et mettre en oeuvre des mesures visant la formation d'une main d'oeuvre disposant des qualifications techniques et professionnelles requises pour répondre aux besoins des investisseurs nationaux et internationaux ; car le capital humain constitue un canal central par lequel les IDE influencent la croissance économique ;

· Mettre en place des politiques économiques axées sur une meilleure croissance qui permettront d'attirer davantage d'investissements directs étrangers bien qu'une telle recommandation soit assez générale et soit l'objectif d'un grand nombre de politiques économiques. En effet, une forte croissance stimulerait l'afflux des IDE ;

· Accroître les investissements publics notamment dans les infrastructures socioéconomiques, car les investissements domestiques dans les pays de l'UEMOA sont globalement inférieurs au seuil minimum de 20% préconisé par la Banque Mondiale pour amorcer une croissance forte à même de réduire significativement la pauvreté, Dje (2007)

· Renforcer le développement du système financer et bancaire. En effet, l'approfondissement financier permettrait, de réduire le risque de liquidité (l'incertitude concernant la conversion d'un actif financier en moyen de paiement), une diversification du portefeuille de l'investisseur, et favoriser ainsi le développement de la sphère réelle ;

· Améliorer l'attractivité de l'Union en créant les conditions nécessaires pour attirer davantage d'IDE en référence aux perspectives nationales et régionales de développement, et pour une plus grande efficacité des effets de report technologiques, informationnels et organisationnels sur les entreprises locales. Il s'agit de mettre en oeuvre des mesures incitatives sectorielles orientées vers les secteurs générateurs d'effets d'entrainement au profit des autres secteurs économiques.

Toutefois, les politiques d'attractivité ne sauraient se substituer aux stratégies nationales et
régionales de développement de long terme, du fait qu'une croissance durable ne pourrait être
soutenue uniquement par les investissements directs étrangers. Cela s'illustre par les effets

néfastes de la crise financière internationale de 2007 sur les entrées de capitaux privés dans les pays en développement et plus particulièrement en Afrique.

Afin d'évaluer l'impact de l'IDE, des études spécifiques à chaque pays et à chaque secteur sont nécessaires. Les IDE peuvent réussir à stimuler une dynamique de croissance, mais ils dépendent des politiques existantes. Il faut donc envisager l'IDE au sein d'un cadre macroéconomique global. Les thèmes de la capacité d'absorption axée sur le développement du capital humain, des marchés financiers et autres marchés sont importants pour établir le lien entre l'IDE et la croissance économique en zone UEMOA. De plus les études ultérieures pourraient prendre en compte les avancées économétriques et les contributions des théories de la croissance endogène, notamment les dépassements des modèles linéaires de la croissance en envisageant la prise en compte des effets de seuil et l'introduction de variables interactives. De même, la présente étude est passible d'un certain nombre d'insuffisances, au nombre desquelles, la linéarité des différentes équations du modèle et la non prise en compte de certaines variables comme la corruption et le niveau de risque politique des pays de l'Union.

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ANNEXES

Annexe n°1 : Evolution de l'indicateur de performance en termes d'investissement entrants (IPIE) en %

Pays Années

Bénin

Burkina
Faso

Côte
d'Ivoire

Guinée-
Bissau

Mali

Niger

Sénégal

Togo

1980

33,42

0,13

101,22

-

14,41

213,04

44,98

409,18

1981

39,69

33,58

95,23

-

60,41

-69,03

265,27

259,70

1982

-0,14

16,23

91,71

-

16,76

204,42

131,90

287,00

1983

1,47

189,90

841,73

-

373,14

103,36

-1918,11

289,11

1984

0,30

31,89

88,45

443,06

213,72

27,55

299,23

-385,12

1985

-6,04

-64,49

293,23

775,92

154,56

-456,99

-374,36

1498,03

1986

21,44

40,14

201,16

122,84

-129,93

240,66

-52,40

150,05

1987

1,56

13,69

211,46

17,79

-75,58

161,74

-19,15

139,54

1988

0,00

36,62

130,20

82,39

93,48

78,21

77,40

242,84

1989

782,32

41,06

35,87

36,46

59,99

6,61

103,25

128,27

1990

406,97

1,79

53,65

94,56

28,49

198,05

119,80

134,83

1991

1149,26

3,25

27,77

165,01

8,89

116,34

-24,02

72,26

1992

-5153,48

-149,95

2233,43

-2655,84

829,27

-2594,92

-384,27

-3973,58

1993

33,97

69,47

405,64

713,87

77,30

-1089,83

-7,29

-490,61

1994

92,36

98,18

95,02

17,15

100,08

-72,95

174,71

158,94

1995

42,27

26,29

122,49

0,94

287,88

24,35

41,36

127,34

1996

113,22

44,15

156,07

27,00

120,38

34,96

12,12

83,14

1997

45,64

14,54

129,08

202,58

92,72

35,87

137,26

51,04

1998

89,47

8,65

163,61

108,06

18,79

-2,71

76,83

104,57

1999

87,97

13,57

133,07

17,51

4,37

0,71

153,58

139,38

2000

132,56

44,50

112,74

17,65

170,28

23,47

67,12

157,82

2001

87,29

14,82

122,06

9,17

218,51

55,56

30,91

226,01

2002

23,48

22,29

90,32

36,56

355,85

5,41

71,40

177,54

2003

99,72

54,09

95,47

59,36

240,47

43,67

60,59

152,11

2004

108,85

19,38

126,14

20,17

143,00

62,71

66,11

191,94

2005

71,58

36,41

110,29

84,26

244,07

76,41

29,64

211,29

2006

65,28

33,82

106,67

149,02

82,59

80,54

136,49

202,57

2007

168,04

185,61

78,72

81,89

37,19

110,97

95,82

71,83

2008

72,07

68,34

68,98

71,95

58,44

110,19

215,07

94,16

IPIE moyen

-49,62

33,86

232,91

24,98

139,27

-81,13

-13,17

32,54

Source : Construit à partir des données de la base de données de la Banque Mondiale, 2008

Annexe n°2: Résultats des régressions sur Stata11

> Estimation du capital humain

KH = f(I DE, PI BH, URBAN)

xtivreg kh dpibh ddurban (ide = dcredit dpibh ddurban dtchang didf

interet epargne), re

G2SLS random-effects IV regression Number of obs =

Group variable: pays Number of groups =

ouv export

189

7

R-sq: within

= 0.2347

 

Obs per group: min =

27

between

= 0.6916

 

avg =

27.0

overall

= 0.2117

 

max =

27

 
 
 

Wald chi2(3) =

50.87

corr(u_i, X)

= 0 (assumed)

 

Prob > chi2 =

0.0000

kh |

Coef. Std. Err.

z

P>|z| [95% Conf.

Interval]

+

ide |

8.60874 1.59084

5.41

0.000 5.490752

11.72673

dpibh |

.0375099 .0178667

2.10

0.036 .0024918

.0725281

ddurban |

67.8705 22.25656

3.05

0.002 24.24845

111.4926

_cons |

51.02991 6.862447

7.44

0.000 37.57976

64.48006

+

sigma_u |

sigma_e |

17.099575
13.859275

 
 
 

rho |

Instrumented:

.6035306 (fraction

ide

of variance due to u_i)

 

Instruments:

dpibh ddurban dcredit

dtchang

didf ouv export interet

epargne

> Estimation de l'investissement domestique

I D = f(I DE,CREDI T,Cr,I NTERET,EPARGNE~

xtivreg id dcredit interet epargne (ide cr = dcredit dpibh ddurban dtchang didf ouv export interet epargne), fe

Fixed-effects (within) IV regression Number of obs = 189

Group variable: pays Number of groups = 7

R-sq: within = 0.1173 Obs per group: min = 27

between = 0.7841 avg = 27.0

overall = 0.1742 max = 27

Wald chi2(5) = 2334.54

corr(u_i, Xb) = -0.1056 Prob > chi2 = 0.0000

id | Coef. Std. Err. z P>|z|

+

ide | 2.573801 .6635843 3.88 0.000

cr | .4660022 .1980088 2.35 0.019

dcredit | .508779 .1219032 4.17 0.000

interet | .0457301 .0431112 1.06 0.289

epargne | .2545418 .0924325 2.75 0.006

cons | 11.60154 1.053501 11.01 0.000

_

[95% Conf.

 

Interval]

1.273199

3.874402

.0779122

.8540923

.2698531

.7477048

-.0387664

.1302266

.0733775

.4357061

9.536716

13.66637

sigma u | 3.8619021
sigma_e | 4.801331

rho | .3928217 (fraction of variance due to u_i)

F test that all u_i=0: F(6,177) = 7.09 Prob > F = 0.0000

Instrumented: ide cr

Instruments: dcredit interet epargne dpibh ddurban dtchang didf ouv export

> Estimation des déterminants de l'investissement direct étranger

I DE = f(Cr,KH,OUV ,I D,I DF,Tch ang,I NFLATI ON)

xtivreg ide ouv didf dtchang (id kh cr = dcredit dpibh ddurban dtchang didf ouv export interet epargne), re

G2SLS random-effects IV regression Number of obs = 189

Group variable: pays Number of groups = 7

R-sq: within = 0.1593 Obs per group: min = 27

between = 0.6853 avg = 27.0

overall = 0.2012 max = 27

corr(u_i, X)

= 0 (assumed)

Wald
Prob

chi2(6) =

> chi2 =

34.27

0.0000

ide |

Coef.

Std. Err.

z P>|z|

 

[95% Conf.

Interval]

id |

-.0157766

.0370373

-0.43 0.670

 

-.0883684

.0568152

kh |

.0417837

.0167596

2.49 0.013

 

.0089355

.074632

cr |

.1695483

.078398

2.16 0.031

 

.015891

.3232056

ouv |

-.3672097

1.255384

-0.29 0.770

 

-2.827716

2.093297

didf |

.2163339

.0799148

2.71 0.007

 

.0597036

.3729641

dtchang |

.0031569

.0019009

1.66 0.097

 

-.0005688

.0068825

_ cons |

-.9896342

.7462517

-1.33 0.185

 

-2.452261

.4729922

sigma u |

.31630307

 
 
 
 
 

sigma_e |

1.3207657

 
 
 
 
 

rho |

.05424195

(fraction

of variance due

to

u_i)

 

Instrumented: id kh cr

Instruments: ouv didf dtchang dcredit dpibh ddurban export interet epargne

> Estimation de l'impact de l'investissement direct étranger sur la croissance

I DE, KH, EXPORT, I D

xtivreg cr export (ide kh id = dcredit dpibh ddurban dtchang didf ouv export interet epargne), re

G2SLS random-effects IV regression Number of obs = 189

Group variable: pays Number of groups = 7

R-sq: within = 0.0605 Obs per group: min = 27

between = 0.9357 avg = 27.0

overall = 0.1356 max = 27

Wald chi2(4) = 29.56

corr(u_i, X) = 0 (assumed) Prob > chi2 = 0.0000

cr | Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]

ide | .6260484 .6281283 1.00 0.319 -.6050604 1.857157

kh | -.0145313 .0444478 -0.33 0.744 -.1016474 .0725847

id | .2597867 .0813559 3.19 0.001 .100332 .4192413

export | -.0364563 .0562103 -0.65 0.517 -.1466265 .0737138

_cons | -3.229369 1.629765 -1.98 0.048 -6.423649 -.0350891

sigma_u | 0

sigma_e | 4.0085693

rho | 0 (fraction of variance due to u_i)

Instrumented: ide kh id

Instruments: export dcredit dpibh ddurban dtchang didf ouv interet epargne

Annexes n°3 : Test de spécification de Hausman généralisé pour la variable KH

local id pays

. local depvar kh

. local varlist ide dpibh ddurban

. xtivreg `depvar' `varlist' (ide = dcredit dpibh ddurban dtchang didf ouv export interet epargne), re

G2SLS random-effects IV regression Number of obs = 189

Group variable: pays Number of groups = 7

R-sq: within = 0.2649 Obs per group: min = 27

between = 0.6452 avg = 27.0

overall = 0.2044 max = 27

Wald chi2(3) = 64.84

corr(u_i, X) = 0 (assumed) Prob > chi2 = 0.0000

kh | Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]

ide | 3.931163 .6467688 6.08 0.000 2.66352 5.198807

ide | (omitted)

dpibh | .053091 .0151452 3.51 0.000 .0234069 .0827751

ddurban | 62.03374 19.49829 3.18 0.001 23.81779 100.2497

_cons | 56.49652 6.650325 8.50 0.000 43.46212 69.53092

sigma_u | 17.147059

sigma_e | 12.172647

rho | .664914 (fraction of variance due to u_i)

Instrumented: ide

Instruments: ide dpibh ddurban dcredit dtchang didf ouv export interet

epargne

. hausman, save

You used the old syntax of hausman. Click here to learn about the new syntax.

(storing estimation results as _HAUSMAN)

.

. xtivreg `depvar' `varlist' (ide

export interet epargne), fe

= dcredit dpibh ddurban

dtchang didf ouv

Fixed-effects (within) IV

regression

 

Number of obs

=

189

Group variable: pays

 
 

Number of groups

=

7

R-sq: within = 0.2650

 
 

Obs per group: min

=

27

between = 0.6438

 
 

avg

=

27.0

overall = 0.2036

 
 

max

=

27

 
 
 

Wald chi2(3)

=

4927.67

corr(u_i, Xb) = 0.2114

 
 

Prob > chi2

=

0.0000

kh | Coef.

Std. Err.

z

P>|z| [95%

Conf.

Interval]

+

 
 
 
 
 

ide | 3.861672 .641076 6.02 0.000 2.605186 5.118158

ide | (omitted)

dpibh | .0533171 .0150001 3.55 0.000 .0239175 .0827166

ddurban | 61.36754 19.31573 3.18 0.001 23.50942 99.22567

_cons | 56.5773 1.170693 48.33 0.000 54.28278 58.87182

sigma_u | 21.955144

sigma_e | 12.172647

rho | .76487949 (fraction of variance due to u_i)

F test that all u_i=0: F(6,179) = 82.15 Prob > F = 0.0000

Instrumented: ide

Instruments: ide dpibh ddurban dcredit dtchang didf ouv export interet

epargne

. hausman, less

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---- Coefficients ----

| (b) (B) (b-B) sqrt(diag(V_b-V_B))

| Consistent Efficient Difference S.E.

+

ide | 3.861672 3.931163 -.0694916 .

dpibh | .0533171 .053091 .0002261 .

ddurban | 61.36754 62.03374 -.6661989 .

R-sq: within = 0.4811 Obs per group: min

between = 0.7875 avg

overall = 0.6450 max

=

189

=

7

=

27

=

27.0

=

27

. xtreg `depvar' `newlist' , re

Random-effects GLS regression Number of obs

Group variable: pays Number of groups

b = consistent under Ho and Ha; obtained from xtivreg B = inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained from xtivreg

Test: Ho: difference in coefficients not systematic

chi2(3) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B)

= -0.72 chi2<0 ==> model fitted on these

data fails to meet the asymptotic assumptions of the Hausman test; see suest for a generalized test

.

. tokenize `varlist'

. local i 1

. while "``i''" != "" {

2. qui by `id': gen double mean`i' = sum(``i'') / _n

3. qui by `id': replace mean`i' = mean`i'[_n]

4. qui by `id': gen double diff`i' = ``i'' - mean`i'

5. local newlist `newlist' mean`i' diff`i'

6.

. local i = `i' + 1

7. }

.

Random effects u_i ~ Gaussian Wald chi2(6) = 330.62

corr(u_i, X) = 0 (assumed) Prob > chi2 = 0.0000

kh | Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]

mean1 |

38.59088

diff1 |

.0420427

mean2 |

.0425622

diff2 |

.0153781

mean3 |

255.0256

diff3 |

34.98939

_cons |

35.64351

sigma_u |

0

sigma_e |

10.086122

rho |

0

2.52265 15.30 0.000 33.64658 43.53519

.9487875 0.04 0.965 -1.817546 1.901632

.0607589 0.70 0.484 -.076523 .1616474

.0210159 0.73 0.464 -.0258124 .0565686

108.7919 2.34 0.019 41.79737 468.2539

26.75798 1.31 0.191 -17.45529 87.43407

2.58779 13.77 0.000 30.57154 40.71549

(fraction of variance due to u_i)

. tempname b

. matrix `b' = e(b)

.

. qui test mean1 = mean1 , notest /* clear test */

. local i 2

. while "``i''" != "" {

2. if `b'[1 , colnumb (`b', "mean`i'")] != 0 & /*

> */ `b'[ 1 , colnumb (`b', "diff`i'") ] != 0 {

3. qui test mean`i' = diff`i' , accum notest

4. }

5. local i = `i' + 1

6. }

.

. test

( 1) = 0

( 2) mean2 - diff2 = 0

( 3) mean3 - diff3 = 0 Constraint 1 dropped

chi2( 2) = 3.65

Prob > chi2 = 0.1614

20

Burkina Faso

Bénin

Côte d'Ivoire

10

-10 0

-20

Mali

20

Niger

Sénégal

10

-10 0

-20

1980 1990 2000 2010 1980 1990 2000 2010

20 Togo

-10 0

-20

10

1980 1990 2000 2010

Années

IDE Cr

Graphique par Pays

Annexe n°4 : Evolution comparée de la croissance économique et des entrées d'IDE

Annexe n°5: Evolution comparée des investissements domestiques et des entrées d'IDE

Graphique par Pays

30

20

0

30

20

0

30

20

0

10

10

10

1980 1990 2000 2010

Togo

Burkina Faso

Mali

1980 1990 2000 2010 1980 1990 2000 2010

IDE ID

Années

Bénin

Niger

Côte d'Ivoire

Sénégal

Annexe n°6 : Test de robustesse de l'impact des IDE sur la croissance économique

Sans le

 

Coefficients des régressions en excluant un pays de l'échantillon

pays indiqué

Burkina Faso

Bénin

Côte d'Ivoire

Mali

Niger

Sénégal

Togo

IDE

0.646

1.972**

0.163

0.797

0.521

0.473

0.048

KH

-0.042

-0.069

0.013

-0.016

-0.001

-0.006

0.064

ID

0.292***

0.207***

0.296***

0.226**

0.195**

0.306***

0.238***

EXPORT

0.009

-0.012

-0.073

-0.047

-0.055

-0.036

-0.080

Constante

-3.273

-1.337

-4.162

-2.471

-2.346

-4.372

-5.557

NB : (***) et (**) désignent respectivement les variables significatives à 1%, 5%

Annexe n°7 : Test de causalité au sens de Granger entre investissements directs étrangers et croissance économique en zone UEMOA

Pairwise Granger Causality Tests

Date: 05/15/11 Time: 11:14

Sample: 1980 2008

Lags: 2

 
 

Null Hypothesis: Obs

F-Statistic

Probability

CR_BF does not Granger Cause IDE_BF 27

0.04652

0.95464

IDE_BF does not Granger Cause CR_BF

3.82645

0.03749

CR_BN does not Granger Cause IDE_BN 27

3.29129

0.05617

IDE_BN does not Granger Cause CR_BN

0.52702

0.59763

CR_CI does not Granger Cause IDE_CI 27

1.34870

0.28021

IDE_CI does not Granger Cause CR_CI

0.38838

0.68271

CR_ML does not Granger Cause IDE_ML 27

0.52333

0.59974

IDE_ML does not Granger Cause CR_ML

1.59695

0.22511

CR_NG does not Granger Cause IDE_NG 27

2.23630

0.13058

IDE_NG does not Granger Cause CR_NG

0.58148

0.56744

CR_SN does not Granger Cause IDE_SN 27

0.43804

0.65081

IDE_SN does not Granger Cause CR_SN

2.25556

0.12851

CR_TG does not Granger Cause IDE_TG 27

0.67935

0.51727

IDE_TG does not Granger Cause CR_TG

3.85810

0.03662

Pairwise Granger Causality Tests

 
 

Date: 05/24/11 Time: 14:37

 
 

Sample: 1980 2008

 
 

Lags: 2

 
 

Null Hypothesis: Obs

F-Statistic

Probability

IDE_UEMOA does not Granger Cause

 
 

CR_UEMOA 27

2.21962

0.13241

CR_UEMOA does not Granger Cause IDE_UEMOA

0.30518

0.74006

TABLE DES MATIERES

DEDICACE i

SOMMAIRE ii

AVANT PROPOS iii

REMERCIEMENTS iv

SIGLES ET ABREVIATIONS v

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES vii

RESUME viii

ABSTRACT ix

Introduction générale 1

Chapitre I : Débat théorique sur les investissements directs étrangers et leurs impacts sur la

croissance économique 10

Introduction 10

I. Définitions et typologies des investissements directs étrangers 11

I.1. Panorama des principaux concepts et définitions des IDE 11

I.2. Typologie 12

I.2.1. Les IDE à stratégie horizontale 13

I.2.2. Les IDE à stratégie verticale 14

I.2.3. Les IDE primaires 15

I.2.4. Les IDE à stratégie complexe 16

II. L'attractivité des investissements directs étrangers 17

II.1. L'attractivité territoriale et la stratégie globale des firmes multinationales 18

II.2. L'attractivité des firmes multinationales 20

II.3. L'attractivité transversale ou mixte 21

II.4. Interactions IDE-FMNs-attractivité territoriale 22

III. Les théories de la croissance en conjonction avec les mouvements d'IDE 23

III.1. La théorie éclectique de Dunning : paradigme OLI 23

III.2. L'approche gravitationnelle 25

III.3. la théorie néoclassique 27

III.4. Les nouvelles théories de la croissance 29

III.5. La théorie du commerce international 30

III.6. Les Nouvelles Théories du Commerce International (NTCI) 31

III.7. L'approche spatiale des IDE : Economie Géographique 32

III.8. Nouvelle Economie Géographique (NEG) 34

Conclusion 36

Chapitre II : Analyse des flux d'investissements directs étrangers dans l'espace UEMOA 37

Introduction 37

I. Démarche méthodologique 38

II. Evolution comparée des flux d'IDE dans le monde 39

III. Mise en évidence des flux d'IDE dans la zone UEMOA 42

III.1. Contextualisation du territoire UEMOA : aperçu de l'Union 42

III.2. Tendances des investissements directs étrangers dans l'UEMOA 44

III.2.1. Origine des IDE entrants en zone UEMOA 44

III.2.2. Evolution des IDE en zone UEMOA 45

III.2.3. Analyse des différences d'attractivité des pays au sein de l'UEMOA 48

III.2.4. Structure des IDE par secteur d'activités 51

III.2.5. Situation des IDE de l'UEMOA par rapport au reste du monde 52

IV. Quelle attractivité pour l'espace UEMOA : des politiques communautaires d'attraction en quête de fondements 53

IV.1. Le Code Communautaire d'Investissement (CCI) 53

IV.2. La politique minière commune 55

IV.3. Le Tarif Extérieur Commun 55

IV.4. La surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques 56

Conclusion 57

Chapitre III: Interactions entre investissements directs étrangers et croissance économique en zone UEMOA 58

Introduction 58

I. Développements empiriques sur les déterminants des IDE et leurs impacts sur les économies d'accueil 59

I.1. Développements empiriques sur les déterminants des IDE 59

I.2. Développements empiriques sur les interactions entre IDE et croissance économique
62

II. Approche économétrique 64

II.1. Méthodologie d'analyse 64

II.2. Présentation du modèle : Modèle structurel à équations simultanées 67

II.3. Spécification du modèle des déterminants des investissements directs étrangers 69

II.4. Les sources de données et présentation des variables 71

III. Méthodologie d'estimation 72

III.1. Stationnarité des séries 72

III.2. Méthode d'identification du modèle 73

III.2.1. Rappel des conditions d'identification 74

III.2.2. Méthode d'estimation : Doubles Moindres Carrés (DMC) 75

III.2.3. Test de spécification 75

a. Likelihood Ratio Test (Test de Fisher) 75

b. Test de Breusch et Pagan 76

c. Test de Hausman/Hausman généralisé 77

d. Test de stabilité du modèle 80

IV. Résultats de l'estimation économétrique et interprétation des résultats 82

IV.1. Les déterminants des investissements directs étrangers en zone UEMOA 82

IV.2. IDE et capital humain en zone UEMOA 84

IV.3. IDE et investissements domestiques en zone UEMOA 86

IV.4. Impact des investissements directs étrangers sur la croissance économique de l'UEMOA 88

IV.5. Test de robustesse des résultats 90

Conclusion 91

Conclusion générale et recommandations de politiques économiques 92

BIBLIOGRAPHIE 96

ANNEXES x

Annexe n°1 : Evolution de l'indicateur de performance en termes d'investissement entrants (IPIE) en % xi

Annexe n°2: Résultats des régressions sur Stata11 xii

Annexes n°3 : Test de spécification de Hausman généralisé pour la variable KH xvi

Annexe n°4 : Evolution comparée de la croissance économique et des entrées d'IDE xix

Annexe n°5: Evolution comparée des investissements domestiques et des entrées d'IDE
xx

Annexe n°6 : Test de robustesse de l'impact des IDE sur la croissance économique xx

Annexe n°7 : Test de causalité au sens de Granger entre investissements directs étrangers et croissance économique en zone UEMOA xxi

TABLE DES MATIERES xxii






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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire