2/ Intervention dans les établissements
scolaires
Intervenir dans les bâtiments scolaires permet de
sensibiliser les enfants et jeunes du district de la Macarena à des
projets multiculturels que mettent en place les différentes associations
humanitaires que nous avons présenté précédemment.
Entre 2003 et 2007 le nombre d'élèves étrangers dans le
secondaire est passé de 80286 à 169490 (MARTINEZ DE LIZARRONDO
ARTOLA, 2009, M.E.P.S.Y.D., p.95).
L'idée d'ouvrir les programmes scolaires à
l'inter-culturalité apparaît comme une solution face aux
problèmes de ségrégation. Cela passe par la formation aux
valeurs humaines d'égalité, de respect, de tolérance, de
diversité et de coopération; en reconnaissant le droit personnel
de chaque élève, en admettant le respect de la différence,
la lutte contre le racisme, la discrimination et les stéréotypes
et enfin, en intégrant les parents des élèves
immigrés dans la vie des établissements scolaires (PENALVA VELEZ,
2009). Tout ceci ne peut se faire que lorsque que c'est jugé "important"
par les professeurs, c'est pourquoi il est essentiel que des membres
d'associations participent également à la mise en avant des
valeurs humaines dans les lieux de scolarisation.
a/ La cour de récréation : espace de
visibilité
Les cours de récréation sont des lieux
révélateurs de ségrégations sociales entre groupes
ethniques. En effet, il suffit de se rendre dans les deux établissements
scolaires les plus proches du quartier El Cerezo43 pour s'apercevoir
que les différents jeunes restent entre groupe de même origine
géographique. "C'est le reflet de l'éducation qu'ils ont
à la maison" (Tania, péruvienne, volontaire Acoge). Les
enfants se mélangent peu car leurs parents ont, en règle
générale, de faibles contacts avec les différents groupes
ethniques du quartier. Mais cela dépend bien souvent du travail que les
parents exercent. En effet, beaucoup de femmes travaillent dans l'aide et
l'assistance à la personne et peuvent être perçues comme
des personnes "aux services des espagnols dans des situations
d'infériorité". Cette perception de Tania fait partie de son
imagerie, et donc de ses perceptions. Sa réponse expliquerait les motifs
de mise à l'écart entre autochtones et immigrés dans des
situations de dominant/dominé. Cela est bien évidemment le
constat d'une personne et ne peut donc pas être
généralisable.
43 Ces deux établissements sont l'école
San Jose Obrero dans le quartier El Rocio et le lycée Miguel Cervantes
dans le quartier Leon XIII
Par ailleurs, pour Demba (médiateur culturel, Cepaim)
"il existe un phénomène de ségrégation visible
durant la récréation au collège José Obrero".
C'est pourquoi une de ses actions est de lutter contre cela en mettant en place
des activités d'interactions ouvertes à tous les
élèves. En revanche, pour Aziz (médiateur culturel, ACCEM)
qui intervient lui aussi dans ce collège, "il n'y a pas de groupes
de jeunes qui forment des groupes par nationalité".
Nous avons donc ici deux avis qui divergent dans la
description d'un même lieu. Cela signifie que leurs
représentations des attitudes sociales des enfants dans cet espace sont
influencées, autant par leur imagerie que par leur profession ainsi que
par le désir d'influencer et de créer de la
multiculturalité. C'est seulement en se rendant dans l'école
primaire San Jose Obrero pendant la récréation qu'il est possible
de remarquer des regroupements communautaire entre enfants. Bien que, de
nouveau d'après Aziz, les enfants jouent entre eux sans
"différence ethnique, les jeunes ne forment pas de groupes par
nationalité". Suite au constat que nous avons pu faire il est
évident que son avis est n'est pas neutre. D'après lui,
rechercher à tisser des liens avec des personnes de son groupe ethnique,
concerne principalement les mineurs non accompagnés44, sans
repère familial, ce qui ne concerne pas les enfants de cette
école. En effet, les jeunes se regroupent davantage pour leur
goûts sportifs, musicaux, vestimentaires, etc. De plus, toujours selon
Aziz, "la diversité culturelle n'est pas dans les gènes"
ce serait propre à chaque individu par rapport "aux croyances, aux
goûts, à la composition familiale, aux revenus" etc. En cela
les enfants n'ont pas ou peu de préjugé concernant les
différences culturelles. "Les enfants ont des amis de
différents pays avec qui ils jouent sans problème" (Elena,
espagnole). Il n'y aurait alors pas de conflits directs entre jeunes en lien
avec leurs origines. Nous ne pouvons pas en dire davantage puisque l'enfance et
l'adolescence sont de vastes sujets dont certains raccourcis seraient
malvenus.
A l'indifférence des jeunes vis-à-vis de la
diversité culturelle, s'ajoute le désintérêt de
certains habitants de quartiers multiethniques aux difficultés des
autres, "les gens ne s'intéressent aux problèmes de
discrimination que quand cela les concerne personnellement" (Tania,
volontaire Acoge). Sensibiliser les individus aux discriminations et au "vivre
ensemble" apparaît alors comme un défi où il importerait
que chacun trouve un intérêt personnel. De plus, dans ces
quartiers "le racisme existe mais il n'est pas flagrant même s'il y a
des problèmes d'exclusion sociale" (Esteban, coordinateur Acoge).
Il est possible de distinguer une mise à l'écart de certains
groupes ethnique par les autochtones, ce qui créée de
44 Selon la legislation de l'Union Européenne,
un mineur non accompagné est un ressortissants de pays tiers
âgés de moins de dix-huit ans qui vit dans un territoire dont il
n'est pas originaire sans être accompagnés d'un adulte qui soit
responsable de lui, de par la loi ou la coutume.
l'exclusion sociale dans certains lieux tel des bars ou encore
des salons de coiffure. Le but des interventions de différents acteurs
associatifs dans les établissements scolaires est bien de créer
une cohésion entre les jeunes, principalement durant les temps de
récréations pour ainsi lutter contre d'éventuelles mises
à l'écart. Intervenir dans les écoles est une forme
d'action sociale et de sensibilisation pour éviter l'exclusion.
Il n'en reste pas moins que cela ne concerne pas seulement les
enfants. La médiation interculturelle avec les voisins de
différentes origines est également une façon d'aider
à créer du "vivre ensemble" de la part des membres des
associations (Cepaim, ACCEM et Acoge).
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