II.3. Discrimination des salaires et des revenus
Nous nous proposons dans cette partie d'analyser les
évolutions et les écarts de salaires entre hommes et femmes afin
de mieux comprendre les théories vues précédemment et de
voir si ces dernières se vérifient ou non. Nous débuterons
notre analyse en mettant en avant certaines explications théoriques
susceptibles d'expliquer les différents constats. Dans
l'évolution des salaires, nous nous intéresserons principalement
aux bas salaires qui nous ont paru être les plus représentatifs de
la situation des femmes, celles-ci étant les plus concernées par
ce type de salaire. Concernant les écarts de salaires nous nous
attarderons sur trois grandes catégories : le secteur privé, la
fonction publique et les retraites.
II.3.1. Théories explicatives et évolutions
salariales
Comme nous avons pu le voir dans la première partie, de
nombreuses théories ont cherché à trouver une explication
à ces différences de rémunération. Ainsi, Bergman
(1971) a montré que l'exclusion des femmes dépendait de la taille
de la force de travail. S'il y a trop de femmes par rapport au nombre
d'emplois, les salaires vont diminuer. Une autre explication peut
résider dans un taux de participation et un temps de travail plus faible
que celui des hommes. Lorsque l'on s'intéresse au niveau de formation,
les femmes choisissent, pour un même niveau de formation, des
carrières différentes généralement dans des
secteurs où la qualification et la rémunération sont
faibles. Les travaux de Becker sont également très importants et
peuvent constituer un élément de réponse aux nombreuses
disparités constatées sur le marché du travail. Ce dernier
impute les écarts de salaire à des comportements discriminatoires
: par exemple, l'employeur peut choisir d'employer uniquement des hommes.
Au cours du XXème siècle, les moyens et hauts
salaires des femmes ont connu une progression spectaculaire mais cette hausse
ne parvient pas à cacher des écarts significatifs entre les 2
sexes. Du point de vue des bas salaires, les femmes sont
surreprésentées comme on a vu précédemment. En
1952, l'écart entre les bas salaires des femmes et des hommes
était de 54,7 %, en 1972 de 50 %, en 1982 de 37 % et de 24 %. en 2002.
L'écart s'est donc réduit en 50 ans mais il faut noter qu'il
reste assez important. Depuis le début des années 80, la
proportion des salariés touchant des bas salaires est passée de
11 à 17 %. Les trois quarts de ces emplois sont à temps partiel
et majoritairement occupés par des femmes. Le développement de
l'emploi à bas salaire s'est fait de pair avec celui du travail à
temps partiel, premières touchées : les femmes. Cela nous montre
clairement que la contribution des femmes à la croissance de l'emploi
s'est malheureusement faite par le biais du temps partiel. Une des causes
principales : le chômage qui a « justifié » le
développement du sous emploi.
Notons que l'indemnisation des chômeurs a laissé
entrevoir des disparités entre hommes et femmes. En effet, le
chômage touche plus massivement les femmes et ces dernières sont
moins bien indemnisées que les hommes : 49 % des hommes touchent
l'allocation chômage contre 44 % des femmes. Les femmes chômeurs
sont donc bel et bien victimes d'un déficit d'indemnisation.
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