6. Discussions
6.1 Importances socio-culturelles des parcs à
karité
Les systèmes agraires associés aux parcs
à karité sont des systèmes de culture abattis -
brûlis assez différenciés selon les ethnies, la pression
sur les arbres, le bdh, la densité et le gradient pluviométrique.
Ces paramètres varient considérablement selon le mode de gestion
des arbres et des terres, la localité, les conditions
agroécologiques (KELLY, 2004) et les ethnies. Ils sont à
l'origine des séries évolutives distinctes relativement
indépendantes les unes des autres, parfois entrecroisées. Donc le
déboisement a conduit à la formation de systèmes de
savanes dégradés (De HAAN, 1992), dominés par les parcs
arborés de Vitellaria paradoxa (karité) et de Parkia
biglobosa (néré). La dominance de ce parc dans l'espace
soudanien, réflète la présence d'une population humaine
satable (KELLY, 2004)
Au total, on pourrait confirmer l'hypothèse de la
présente étude qui stipule qu'il existe des facteurs socio -
économiques qui contribuent à la conservation du karité
par les principaux groupes socio - culturels (contrôle du ramassage des
noix de karité dans les champs, usages multiples de l'arbre,
préservation lors des défrichements, fait culturel, social et
religieux etc.).
6.2 Caractéristiques
morphologiques des parcs à karité au Bénin
6.2.1 Caractéristiques du port et l'architecture du
karité
Les caractéristiques morphologiques (tableau XIX) des
parcs à karité varient d'une région à une autre. La
séparation des moyennes entre les cinq populations selon le
diamètre à hauteur d'homme, la hauteur totale, la hauteur
fût et le diamètre cîme a révélé des
différences hautement significatives au seuil de 5%. On distingue:
· trois groupes en ce qui concerne le diamètre
à hauteur d'homme, la hauteur fût, le diamètre cîme
et,
· deux groupes en ce qui concerne la hauteur totale.
Tableau XIX : Valeurs moyennes du diamètre
à hauteur d'homme, du diamètre cime, de la hauteur totale et de
la hauteur fût des parcs à karité au Bénin (test de
Tukey au seuil de 5%)
Parcs à karité
|
dbh (cm)
|
Diamètre cime
|
Hauteur fût
|
Hauteur totale (m)
|
|
|
(cm)
|
(m)
|
|
Bohicon
|
21a
|
10,5a
|
2,6a
|
3,2a
|
Savè
|
28 b
|
7,7 b
|
3 b
|
6,9a
|
Parakou
|
31 b
|
8,5 b
|
2,8b
|
6,8 a
|
Bembéréké
|
29 b
|
7,8 b
|
3,4b
|
7 a
|
Kandi
|
42 c
|
6,7 c
|
1,2c
|
7,1b
|
|
Il n'existe pas de différence significative entre les
valeurs ayant les mêmes lettres au seuil de 5%. De l'analyse des
résultats, il ressort que :
Les parcs à karité constitués d'arbres
de faibles grosseurs sont ceux associés aux valeurs
pluviométriques élevées. Il en est de même pour la
hauteur totale des arbres. Ce qui veut dire que les paramètres
morphologiques s'expriment mieux dans le domaine soudanien (domaine
caractéristique de l'espèce)
Les mêmes parcs à karité
présentent une tendance contraire par rapport au gradient
pluviométrique lorsqu'il s'agit du diamètre cime et la hauteur
fût.
Le gradient pluviométrique peut expliquer la
répartition des parcs à karité dans la zone d'étude
contrairement aux paramètres morphologiques étudiés. Ceci
a été confirmé par l'Analyse Factorielle de
Correspondances qui a pu discriminer les différents parcs. Dans le cas
de ses travaux, OUEDRAOGO (1995) avait estimé que la pluviométrie
et les sols semblent jouer un rôle important dans la
différenciation inter-population des caractères morphologiques
des arbres de néré (hauteurs, circonférence,
recouvrement). AKOEGNINOU (1984), PARADIS (1989) cité par SOKPON (1995),
ont montré qu'au Bénin, l'existence d'un gradient
pluviométrique sud-nord détermine la répartition des
formations forestières.
Mais selon la littérature, les meilleurs
paramètres à considérer pour étudier la
variabilité morphologiques sont : les facteurs pédoclimatiques,
la température, l'humidité relative, la couleur du fût,
l'épaisseur de l'écorce et les paramètres
morphométriques du fruit et de la noix, la teneur en graisse.
Plusieurs autres auteurs (AUBREVILLE, 1950; RUYSSEN, 1957;
GUIRA, 1997) ont eu des difficultés pour identifier des
variétés à partir des caractères morphologiques.
Les caractères observés sont très instables d'un individu
à un autre. C'est d'ailleurs pourquoi CHEVALIER (1943) lui-même se
posait des questions par rapport aux variétés de karité
qu'il a décrites (Mangifolium, Poissoni et Niloticum).Selon
GUIRA (1997), il est pratiquement impossible de décrire de nos jours,
ces variétés sur le terrain. De plus, la lenteur de la croissance
de la phase juvénile du karité ne permet pas de faire des essais
comparatifs de provenance pour évaluer la variabilité
génétique GUIRA (1997). L'utilisation de la biotechnologie
(électrophorèse par exemple) pour l'étude de la
variabilité génétique serait alors une issue.
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