INTRODUCTION GENERALE
Les mangroves, écosystèmes forestiers
côtiers, essentiellement tropicaux, à évolution constante,
sont généralement localisées aux environs des zones
à forte densité de populations. Elles sont dominées par
des palétuviers on les rencontre surtout dans les deltas, les baies et
les estuaires des régions tropicales et sub-tropicales. C'est un
écosystème particulier avec une biodiversité
impressionnante qui a été classée parmi les zone
humide par l'Organisation des Nation Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture (F.A.O); 55% de la population mondiale vivent a ses dépend
(FAO, 2003) elle est donc une ressource naturelle d'une importance majeure pour
l'humanité. Malgré leurs potentialités remarquables, elles
manquent de protection dans plusieurs régions tropicales où elles
constituent paradoxalement une source importante de revenus pour les
communautés côtières voisines (Spaninks and Beukering,
1997; Aijiki, 2000). Ainsi, les écosystèmes de mangrove subissent
quasiment partout dans le monde, des dégradations anthropiques de toutes
sortes et de diverses amplitudes (FAO 1994; Ellison and Farnsworth 1996;
Valiela et al. 2001). Les superficies sont passées de 18,8 millions
d'hectares en 1980 à 15,2 millions en 2005 soit un recul de près
de 19% en 25 ans. Il s'agit là d'une vitesse de dégradation
supérieure à celle des forêts. Dans plusieurs pays
africains, les mangroves continuent à être gérées
comme un écosystème forestier pauvre, dépourvu de bois
d'oeuvre ou n'ayant pas suffisamment de qualités susceptibles
d'intéresser les exploitants forestiers et augmenter le PIB. Ce
désintéressement des décideurs fait croire que cet
écosystème n'a aucune valeur économique et que les
activités anthropiques traditionnelles n'ont pas de conséquences
majeures sur sa structure, son fonctionnement ni sur son évolution
(Landesmann 1994; Spaninks and van Beukering 1997; Black 2002). Les mangroves
du Cameroun ne font pas exception à cette situation et leurs superficies
ne cessent de décroître depuis plusieurs décennies à
cause d'une exploitation abusive irrationnelle et incontrôlée de
ses ressources. L'Etat est le seul administrateur des ressources naturelles la
confusion dans la gestion favorise la dégradation à la suite
d'une exploitation abusive et très souvent incontrôlée et
frauduleuse. Vu l'ampleur de la situation, le géographe
sénégalais Jean-Laurent Kaly affirmait sur les ondes d'une radio
le 26 mars 2006 qu'il y a <<urgence écologique>>. Il se
trouve ainsi posé le problème de la gestion durable des
ressources naturelles au Cameroun notamment celle des mangroves. Se faisant,
surgissent et se posent avec acuité les lancinantes questions de
savoir : Où se trouvent les mangroves au Cameroun ? Quelle
est leur valeur ? Quels sont les dangers auxquels elles sont
exposées ? Quelles en sont les conséquences possibles?
Comment les exploiter durablement ? Quels efforts sont faits pour leurs
exploitations dans ce sens ? Ainsi, pour essayer d'apporter des
éléments de réponses à ces questions, nous allons
présenter la mangrove camerounaise et son importance d'une part, puis
identifier les différentes menaces qui pèsent sur elle ainsi que
ses répercussions potentielles d'autre part, il ne restera alors qu'a
voir quelles peuvent être les stratégies d'action contre ces
menaces.
I- PRESENTATION ET IMPORTANCE DE LA MANGROVE
CAMEROUNAISE
A- PRESENTATION DE LA MANGROVE AU CAMEROUN
1- Localisation et étendue
Au Cameroun, les mangroves se localisent dans le golf de
guinée entre 2° 45' - 4° 50' N de latitude et 8° 30' -
9° 00' E de longitude. Elles représentent 30% des 500 km de cote
qui part d'Akwa yafé à la frontière avec le Nigeria au Rio
Ntem à la frontière avec la guinée équatoriale.
Elles couvrent une superficie totale de 400.000 hectares (250.000 ha avant la
rétrocession par le Nigeria de la péninsule de Bakassi au
Cameroun) c'est l'un des rares pays au monde avec une telle superficie de
mangroves. Elles se repartissent suivant trois grands ensembles sur trois des
dix régions administratives que comporte le pays ; on distingue la
mangrove du Rio Del Rey qui se trouve dans la région du Sud Ouest
à l'embouchure des fleuves Akpa, Yafe, Ndian et Meme ; elle a une
superficie de 218.000 hectares c'est la deuxième plus grande mangrove en
Afrique de l'Ouest de part son étendue et l'une des plus riches au monde
de part sa biodiversité.
Source : Ndongo DIN, Daniel
LACAZE et François BLASCO
Fig1. Étendue de la mangrove du Rio Del
Rey
On a également la mangrove de l'estuaire du Cameroun
qui se trouve dans la région du Littoral à l'embouchure des
fleuves Bimbia, Mungo, Wouri et Dibamba couvrant une superficie de 180.000
hectares puis on a la mangrove de l'estuaire du Rio Ntem dans la région
du Sud avec les fleuves Loukoundje Sanaga et Ntem sa superficie est de 2.000
hectares c'est la plus petite mangrove du pays.
2- Composition floristique et
faunique
La biocénose de la mangrove camerounaise est
très diverse sur le plan morphologique et sur le plan de la composition
floristique et faunique La flore est faite essentiellement de
palétuviers de type rhizophora. Il y a 6 espèces
indigènes (Rhizophora racemosa, Rhizophora harrisonii,
Rhizophora mangle (Rhizophoracée); Avicennia germinans
(Avicenniacée); Lagunculacia racemosa, Conocarpus
erectus (Combrétacée); et une espèce introduite
Nypa fruticans (Aracée); soit 7 espèces appartenant
à 4 grandes familles de plantes. Autres espèces sont
associées dont les plus importantes sont : Drepanocarpus
lunatus, Dalbergia ecastaphylum, Paspalum vaginatum,
Hibiscus tilaceus, Phoenix reclinata, Acrostichum
aureum, Pandanus candelabrun, Sesuvium portulacastrum,
Alchornea cordifolia, Annona glaba, Elaeis
guinensis, Athocleista vogeli, Bambusa vulgarus,
Coco nucifera, Eremospatha wendlandiana, Guiborutia demensei, Raphia
palma-pinus, etc. (Mbog, 1998). Les peuplements forestiers
représentent plus de 72 % de la végétation des mangroves ;
les peuplements arbustifs oscillent autour de 20 % et la
végétation herbacée environ 8 %. Les Rhizophora
racemosa occupe 90 à 95 pour cent des mangroves de la
zone des marées où cette espèce peut
atteindre 25 mètres de haut mais se limite plus souvent à quatre
à huit mètres, plus à l'intérieur des terres. La
composition faunique est très diverse avec la faune aquatique:
mammifères, mollusques, crustacées, poissons ; la
faune terrestre: mammifères, reptiles et la faune aviaire: oiseaux
d'eaux.
De part son immense richesse biologique et sa
particularité écologique, la mangrove au Cameroun joue des
rôles très importants et présente de grands enjeux dans
plusieurs domaines.
Cliché WAFFO
Photo1 paysage de mangrove
B- IMPORTANCE DE LA MANGROVE CAMEROUNAISE
Les mangroves bondent de ressources et sont très
importantes pas seulement à l'échelle des populations riveraines,
mais aussi bien à l'échelle nationale que mondiale. Cette
importance se dénote des fonctions qu'elles occupent dans la
société et celles ci se classent en trois principaux domaines
à savoir économique, scientifique et socioculturel.
1- Fonction économique de la mangrove au
Cameroun
Les populations riveraines des mangroves du Cameroun pour la
plupart originaires d'Afrique de l'Ouest notamment du Nigeria, du Bénin,
du Ghana et autres ; sont les premiers témoins de la portée
économique de ce milieu. En effet, la mangrove regorge d'énormes
quantités de ressources halieutiques principalement les poissons et les
crustacés qui est une véritable manne pour les populations. Des
villages de pêcheurs se sont érigés tout au tour de cette
zone à l'instar de Yoyo vers Limbé dans la mangrove du Rio Del
Rey. Pour assurer la conservation des poissons pêchés, on les fume
et pour ce faire, la mangrove est une fois de plus sollicitée pour le
bois qu'il procure et qui est utilisé comme source d'énergie ou
pour les services diverses tels que la construction des pirogues (le
palétuvier rouge étant adapté) et des pagaies. Le poisson
après être fumé est transporté vers les grands
marchés du pays. Par ailleurs, de nombreux produits forestiers non
ligneux (P.F.N.L) telles que les lianes et les rotins abondent dans la
région et sont prisés dans l'artisanat.
Les mangroves du Cameroun regorgent d'importantes ressources
pétrolières et gazières principalement dans le bassin du
Rio Del Rey. D'ailleurs, la production pétrolière camerounaise
est réalisée à partir de 49 champs offshores et le bassin
du Rio Del Rey fournit 90% de la production nationale de pétrole brut.
Enfin d'autres importance et non les moindres sont : les mangroves sont
des destinations de prédilection pour l'écotourisme, le sable qui
s'y dépose est de très bonne qualité et est
recherché pour des constructions diverses des carrières de sables
y abondent surtout dans l'estuaire du Cameroun aux environs de Douala.
2- Fonction scientifique de la mangrove au
Cameroun
L'importance scientifique de la mangrove au Cameroun se situe
à plusieurs niveaux surtout biologique et écologique.
Au plan biologique, mangrove camerounaise abonde de vies sa
biodiversité est impressionnante. En plus des palétuviers,
plusieurs autres végétaux trouvent dans les marécages de
mangroves un milieu propice à leur développement à eux,
s'ajoute une faunes aux espèces variés allant des
bactéries jusqu'aux mammifères en passant par des rongeurs des
reptiles et des insectes. Plus de 80% des espèces halieutiques
pêchées en mer sont tributaires de ces mangroves.
Au plan écologique, la mangrove est très active
dans la stabilisation des sols les limons qui y abondent fertilisent le sol
tandis que le sable filtre l'eau et la végétation régule
le microclimat. C'est une zone de frayère pour la reproduction
halieutique. Feuilles, brindilles et écorces des arbres constituent les
fondement d'un important réseau trophique avec à sa base les
détritivores. Les mangroves offrent une protection contre les vents et
la houle limitant de ce fait l'érosion littorale. L'abondante
végétation de la mangrove contribue par ailleurs à la
lutte contre le réchauffement climatique à l'échelle
mondiale en piégeant une partie du carbone.
La mangrove est un milieu tellement particulier et complexe
qui se prêtre à la recherche scientifique dans plusieurs domaines.
Nombre de chercheurs lui ont d'ailleurs consacré plusieurs de leurs
travaux à l'instar de Roger NGOUFO, Ndongo DIN, François BLASCO
pour ne citer que ceux là.
3- Fonction socioculturelle de la mangrove
camerounaise
Au Cameroun, les communautés voisines des mangroves
dépendent étroitement d'elles pour leur alimentation mais aussi
pour leur santé car ils y trouvent des plantes médicinales pour
se soigner et se protéger. En outre, des liens culturels très
serrés lient la mangrove et la population riveraine comme à
Manoka près de Douala la mangrove est le sites des rites et autres
pratiques traditionnelles, c'est là que se reposent les ancêtres
et où vivent les dieux ; plusieurs autels y sont
aménagés pour les sacrifices.
Outre le bois de feu et le charbon de bois, les
communautés côtières dépendent aussi des mangroves
pour le bois de construction des logements et des embarcations. De
surcroît, les mangroves fournissent du chaume résistant à
l'eau pour les toitures, ainsi que du fourrage pour les animaux domestiques. La
mangrove a un rôle de protecteur pour les communautés voisines une
protection contre les effets du vent, des vagues et des courant.
Ainsi, l'importance des la mangrove camerounaise n'est plus
démontrer et toutes richesses devant être exploiter, les
populations ne ménagent aucun effort pour le faire. Cependant, son
exploitation est faite de façon irresponsable et abusive ce qui fait
peser sur celle-ci de sérieuses menaces.
II- LA MANGROVE CAMEROUNAISE UN ECOSYSTEME EN
DANGER
Malgré les caractéristiques et l'importance de
cet écosystème fragile, les mangroves du Cameroun ont subi
pendant près de 50 années des pressions énormes, suivies
de dégradations importantes (voir graph. 2) consacrant ainsi la perte de
plus de 30% de sa surface de mangrove (de 600 000 ha à 400 000
ha à ce jour). Cela est dû à beaucoup de facteurs surtout
la déforestation pour le fumage de poisson (Ajonina et Usongo
2001 ; Ajonina et al 2005). Ces menaces ont des répercussions
énormes à divers niveaux.
A- MENACES QUI PESENT SUR LA MANGROVE AU
CAMEROUN
Plusieurs menaces de natures diverses pèsent sur les
mangroves (voir tableau1). Les principales menaces de la mangrove ont pour
origine la pauvreté et la croissance démographique pour facteur
aggravant ces menaces sont nombreuses on distingue.
1- L'exploitation irresponsable des ressources de
la mangrove et sa dynamique naturelle
L'exploitation des ressources de la mangrove est faite sans souci
du lendemain. Associée à la dynamique naturelle des mangroves,
elles contribuent à hauteur de près de 90% à la
dégradation (voir graph. 1) ceci en partie être expliqué
par l'explosion démographique dans les villes voisines des mangroves
comme les villes de Limbé et de Douala or les ressources des mangroves
ne sont pas inépuisables. On distingue :
a- La pêche et la chasse non conventionnelles
En effet, La pêche constitue l'activité
principale des communautés côtières traditionnelles dans
lesquelles elle est perçue d'abord comme une activité culturelle
avant les besoins économiques. Malgré le rôle primordial
que les mangroves et les systèmes connexes jouent dans les
pêcheries (Robertson and Duke 1987; Primavera 1998). Les statistiques
officielles estiment que chaque année, au Cameroun, 50 000 t de poisson
sont pêchés dans les mangroves: bossu, bar, mulet, machoiron et
surtout bonga (Ethmalosa dorsalis), l'espèce la plus demandée sur
les marchés camerounais. De plus, au large des côtes du Cameroun,
la pêche industrielle est importante. Les
autorités qui gèrent les pêches n'apportent pas beaucoup de
solutions sur la protection et la conservation de ces
écosystèmes. La chasse au fusil et par câble
pratiquée dans les mangroves (Ngoufo 2002) à des fins de
consommation ou de loisir contribue à l'extinction rapide de la faune
terrestre et aviaire.
b- L'exploitation abusive du bois et PFNL
Le bois constitue la principale ressource des mangroves. En
effet, Dans les campements de pêche de la zone littorale du Cameroun, le
bois de mangrove est coupé à un rythme quotidien incessant et en
quantité astronomique pour construire des baraques en planche de
palétuvier, des pirogues mais surtout pour en faire du combustible
à fumer le poisson (voir photo 1) et servir comme principal combustible
dans les villes avoisinantes. Le droit de coupe de bois est facilement
accordé à tous. Il n'y a que quelques bouteilles de liqueur et
quelques billets de banque à fournir au chef des campements en guise de
compensation comme c'est le cas dans le campement Yoruba Makollè. Une
compensation assez mince compte tenu des dommages infligés à la
mangrove. On estime à environ 60 000 m3 la quantité de bois qu'on
sort par ans dans les mangroves au Cameroun. La demande des PFNL tels que le
tannin, le vin et autres boissons distillées à partir du palmier
nipa, la toiture, les décorations, les aliments et les
médicaments devient de plus en plus croissante avec la croissance
démographique ce qui commande des pressions plus acerbes sur la
mangroves. Un autre facteur accélérateur fut la modernisation du
matériel de coupe par introduction de tronçonneuses et parfois de
grosses pirogues propulsées par des moteurs hors bord (Din and Blasco
1998).
Cliché WAFFO
Photo2 bois des mangroves pour combustible dans le Rio
del Rey
c- L' exploitation du sable
De vastes étendues de mangroves au Cameroun ont
été défrichés et reconverties en carrières
de sable et l'exploitation est faite sans aucun souci dans la mangrove de
Douala par exemple, l'on exploite environ 30 à 40 camions de sable par
jour et la demande se fait de plus en plus croissante avec la modernisation de
l'habitat et des infrastructures.
d- la dynamique naturelle des mangroves
La dynamique naturelle progressive des mangroves peut aboutir
à l'obstruction des voies d'eau, perturbant ainsi la navigation et
éloignant les zones de pêche en plus les espèces se livrent
une compétition naturelle dans cet écosystème qui abouti
souvent à la décadence des êtres les plus faibles qui sont
pour la plupart les espèces pionnières favorisant de ce fait le
recul des mangroves à une vitesse plus rapide.
2- L'expansion urbaine, les activités
industrielles et agricoles
Cette expansion et ces activités sont fortement
influencée par la croissance démographique urbaine et la
dégradation du secteur moderne qui accentuent la pauvreté en
augmentant non seulement le nombre de coupeurs de bois, mais aussi le nombre de
consommateurs incapables de payer les sources d'énergie modernes (Nicole
et al. 1994; Saenger and Bellan 1995; Din 2001).
a- L'expansion urbaine
A la fin du siècle dernier, le pays a été
frappé par une grave crise économique qui a peuplé ses
villes de nombreux chômeurs. Dans les villes côtières, le
commerce du bois provenant des mangroves est apparu comme une activité
florissante. La pression démographique provoque leur destruction et son
influence s'accentue dans des zones non protégées, surtout aux
voisinages des agglomérations où les problèmes fonciers et
la pauvreté poussent les populations à occuper des espaces libres
à faibles coûts on assiste donc à un développement
d'habitats spontanées et anarchiques dans les mangrove jouxtant les
grandes villes.
b- Les activités agricoles
Au Cameroun, les surfaces de mangroves cultivées sont
négligeables (F.A.O 2005) car les riverains n'ont pas l'agriculture pour
propension. Cependant, la mangrove est menacée par des pollutions
diverses provenant des pesticides et des engrais des plantations
côtières d'hévéas, de palmiers à huile et
de bananiers à coté de cette pollution, il y'a l'invasion de
la mangrove par des plantes envahissantes tels que la jacinthe d'eau douce
provenant des activités agricoles en amont.
c- Les activités industrielles
Le gros des industries camerounaises se localise dans la zone
côtière fortement urbanisée. a plupart de ces industries
ont un matériel archaïque ce qui fait qu'elles produisent
énormément de déchets qui sont évacuer dans la
mangrove voisine jusqu'ici enclavée. Par ailleurs l'exploitation
pétrolière off shore met aussi la mangrove en danger de part les
pollutions qu'elle génère et aussi de part la surface de mangrove
qui est détruit pour cela. Dès lors dans le bassin du Rio del
Rey, plus de 143,36 km2 de mangrove sont concédées a
l'association Dissoni (Snh / Pecten / Total E&P, opérateur) en plus
des de 474 km2 concédées à Addax, opérateur.
Tableau1 récapitulatif des menaces sur la
mangrove au Cameroun
menaces
|
La pêche et la chasse non conventionnelles
|
Exploitation abusive du bois et PFNL
|
Exploitation du sable
|
Exploitation du pétrole off-shore
|
Activités agricoles et industrielles
|
L'expansion urbaine
|
Dynamique naturelle
|
Estimation Proportion%
|
18
|
45
|
5
|
9
|
7
|
10
|
6
|
Source : enquêtes de terrain
Fig3 : estimation des proportions de chaque
menace
Source : tableau1
A coté de toutes ces menaces, réside une autre
quelque peu négligée mais somme toute importance. Il s'agit de
l'absence de connaissances sur la superficie exacte des mangroves du pays. En
effet plusieurs sources avancent des chiffres avec des écarts
considérables au point où il devient assez difficile de savoir
quel est l'état de dégradation exacte
Toute cette panoplie de menaces conduisent
inéluctablement à la dégradation des mangroves et cette
dégradation pourra entraîner de sérieuses et
sévères conséquences.
B- IMPACTS POTENTIELS DE LA DEGRADATION DE LA MANGROVE
AU CAMEROUN
Si l'exploitation abusives des ressources des mangroves, leurs
pollutions par les déchets industriels ainsi que leurs reculs suite
à l'expansion urbaine bref si la dégradation de la mangrove se
poursuit, elle est successible d'entraîner une série de
conséquences sur le plan environnemental et sur le plan socio
économique. D'ailleurs, certaines de ces conséquences sont
déjà perceptibles.
Années
|
1980
|
1990
|
2000
|
2005
|
Surface des mangroves en ha
|
272 000
|
256 300
|
251 500
|
250 000
|
Taux de dégradation en %
|
5,4
|
1,22
|
0.4
|
En attente
|
Tableau2 évolution de la superficie de la mangrove
camerounaise dans le temps
Source : Atlas Mondial Des Mangroves
F.A.O 2007 (données approximatives)
1- Impacts environnementaux de la
dégradation des mangroves
L'utilisation de la mangrove demeure le problème
fondamental sur le plan environnemental dans ce sens qu'elle provoque toujours
des perturbations irréversibles et dans plusieurs cas, la destruction
est totale.
a- La perte de la biodiversité et disparition de
l'écosystème
L'exploitation abusive et irresponsable des ressources des
mangroves caractérisée par des techniques de chasse de
pêche et de coupes non conventionnelles ; couplées avec les
pollutions diverses que subit les mangroves sont successibles de conduire
à une extinction massives des espèces vivantes faunique et
floristique rares et précieuses de ce milieu. Comme c'est
déjà le cas avec certaines plantes médicinales et
certaines espèces de poissons à Yoyo par Limbé. Dans la
mangrove du Rio del Rey, des niches écologiques entières ont
disparu suite à la création des puits de pétrole.
b- L'érosion littorale et les catastrophes
naturelles
L'exploitation du sable ainsi que des palétuviers
dénudent le sol des zone de mangroves et les rendent de ce faits aux
actions de la houle des marées et des vents ce qui entraîne une
érosion rapide et sévère du littoral et par ricochet le
recul des côtes signe de l'avancée de la surface marine au
détriment de la surface continentale. Suite à ces
dégradations la zone côtière sera exposée aux
inondations et aux vents violents qui seront très destructeurs.
c- Destruction de la couche d'ozone et réchauffement
climatique
Les pertes dans l'exploitation du bois de mangrove dues
essentiellement à l'abandon des houppiers sur le terrain sont de l'ordre
de 50% au Cameroun (Din, 2001). Ces houppiers en pourrissants libèrent
dans l'atmosphère une quantité importante de dioxyde de carbone
qui une fois libérée s'attaque à la couche d'ozone.
La contribution de la flore de mangrove ainsi que le sol
toujours humide au piégeage du carbone est non négligeable
surtout avec sa situation à proximité de la zone industrielle
ainsi, sa disparition accentuera l'effet de serre et dans la même
lancée le réchauffement climatique les zones littorales
étant déjà réputées pour leur climat
très chaud.
2- Impacts socioéconomiques de la
dégradation des mangroves
La destruction de la mangrove aura de conséquences
socioéconomiques dramatiques sur les populations riveraines mais
également pour l'ensemble du pays.
a- Impacts économiques
Les mangroves du Cameroun mettent dans le circuit commercial
environ 60.000 tonnes de poissons fumés par an, environ 50.000 tonnes de
bois utilisés comme principale source d'énergie dans plusieurs
villes. Ces seul deux activités pour ne citer qu'elles font vivre plus
de 2500 familles (Mbog 1998) des pêcheurs exploitants à ceux
charger de fumer le poisson jusqu'aux multiples commerçants de gros et
détails des différents marchés du pays. Ainsi une
cessation de cette activité va induire des pertes sérieuses pour
l'Etat en terme de taxes et autres redevances. De plus, après la grave
crise économique des années 1990, beaucoup de personnes ont
trouvé dans la mangrove une activité pour assurer sa survie ainsi
que celle d'une famille nombreuse restée au village.
b- Impacts socioculturels
Au plan socioculturel, la destruction de la mangrove pourra
entraîner des catastrophes naturelles comme les inondations en
marrées hautes ou alors la stérilité des sols à
cause de la sècheresse et de l'érosion. Ces aléas vont
induire des crises sociales graves tels que les conflits fonciers, la faim, la
sous nutrition, le chômage, et l'accentuation de la paupérisation
des grandes métropoles voisines car envahies par de nombreux sans
emploie en quête de travail cela va inéluctablement faire
croître les maux urbains déjà criards dans ces villes comme
le grand banditisme, la prostitution et la promiscuité
La mangrove à une valeur culturelle très
importante dès lors si elle disparaissait, il y'aura perte de valeurs
culturelles qui va conduire à l'acculturation voire à une
disparition de la culture car la mangrove est un lieu de pratiques religieuses
et traditionnelles des peuples qui en dépendent.
Ainsi, on comprend aisément l'impérieuse
nécessité qu'il y'a à protéger les mangroves du
moment où l'avenir de plusieurs groupes en dépend.
Fig4 : Tendances de dégradation de la
mangrove au Cameroun entre 1980 et 2000 (données
approximatives) Source : FAO 2003
III- INITIATIVES DE PRESERVATION POUR UNE GESTION
DURABLE DES MANGROVES AU CAMEROUN
A- METHODES POUR GESTION DURABLE DES MANGROVES AU
CAMEROUN
1- Stratégies d'actions
Le constat est clair il faut agir la protection et la
réhabilitation des écosystèmes de mangrove constituent une
préoccupation majeure et permanente à travers le monde et au
Cameroun où il est question de trouver des stratégies d'actions
pour freiner le massacre de nos mangroves.
La première des choses consiste à savoir
l'étendue exacte des mangroves du pays on doit les recenser, les
cartographier et recenser toutes les ressources qu'elles regorgent, les
habitant qui les exploitent ainsi que les différents usages auxquels
elles sont consacrées. Ainsi, on pourra savoir avec exactitude
l'état de santé des mangroves et évaluer plus facilement
les conséquences de sa dégradation afin de prendre les mesures
qui s'imposent et les appliquer efficacement.
La vulnérabilité particulièrement
prononcée des mangroves exige l'intervention d'experts d'horizons
divers. La création d'un groupe constitué de tous les
représentants des secteurs identifiés dans leur exploitation est
indispensable à leur gestion. Les spécialistes préparent
les documents qui servent de bases de discussions pour l'établissement
d'un plan directeur. Cette approche participative doit être
intégrée dans un programme global de gestion des
écosystèmes marins et côtiers du pays qui est chargé
d'élaborer un plan global de gestion des mangroves.
La gestion des mangroves, en tant qu'écosystème
forestier, doit trouver son cadre juridique dans la politique forestière
avec pour objectif général la pérennisation et le
développement des fonctions économiques, écologiques et
sociales de cet écosystème, dans un cadre de gestion
intégrée qui assure de façon soutenue et durable la
conservation et l'utilisation de ces ressources. L'implication et
l'éducation des populations riveraines sont des actions indispensables
pour la conservation et la réhabilitation des mangroves (ISME 1993;
Hamilton and Snedaker 1994).
Une législation doit préciser le statut
juridique de ces écosystèmes. Elle doit tenir compte de la
protection de ses valeurs économiques de marché, et surtout des
valeurs qui ne sont pas commercialisables. Elle doit expliquer les conditions
d'exploitation en excluant toute possibilité d'activités
industrielles qui sont difficiles à réprimer à cause du
chantage éventuel sur l'augmentation du chômage. Elle doit
transférer certains pouvoirs et prérogatives de gestion de
l'environnement des ministères au comité.
Les ONG doivent avoir une place de choix dans l'organigramme
du comité de gestion. La vulgarisation des textes et l'éducation
environnementale doivent leur être confiées. Elles devront
disposer d'un personnel relativement qualifié et le comité se
chargera de la formation des formateurs par le biais de séminaires. Dans
chaque campement elles devront identifier, parmi les populations, des leaders
qui se chargeront du suivi au niveau local.
La coopération internationale devra être
impliquée à travers les organisations des Nations Unies
chargées de la protection de l'environnement et du développement.
Les organisations comme la Banque Mondiale, l'union mondiale pour la nature
(IUCN), l'organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), le World
wide fund for nature (WWF), l'international waterfowl and wetlands
research bureau (IWRB) et surtout l'international society for mangrove
ecosystems (ISME) peuvent être sollicitées pour
l'élaboration de programmes qui orientent les diverses activités
mais surtout pour peser de tout leur poids et influencer les décisions
gouvernementales vers la gestion durable des mangroves.
Après toutes ces concertations nationales et
internationales, il convient de créer un comité de gestion qui
est chargé de l'exécution et de l'application des
résolutions sur le terrain en vue de la préservation des
mangroves dans tous les sites actuels, quelle que soit la taille des
peuplements. Il doit comprendre des agents permanents et des
bénévoles à coopter pour leur passion dans la conservation
et la réhabilitation des mangroves. Un cahier des charges doit
être établi pour une évaluation périodique et
efficiente. Des accords de collaboration avec des autorités
administratives et du maintien de l'ordre doivent être prioritaires,
surtout au début du fonctionnement effectif.
Ces stratégies proposées visent un certain
nombre d'objectifs pour la conservation de la mangrove et sa gestion
durable.
2- Objectifs visés
La détermination des potentialités
réelles des mangroves Camerounaises et l'exploitation rationnelle des
ressources passe par l'analyse de leur composition biologique, la
compréhension de leur fonctionnement et leur évolution. Les
principaux résultats à atteindre sont entre autres:
- l'identification des principales caractéristiques
physico-chimiques et biologiques qui conditionnent la dynamique des
mangroves;
- l'inventaire de la biodiversité dans les diverses
stations de mangrove;
- la détermination des relations entre les
paramètres physico-chimiques des sites et la variabilité globale
de la végétation;
- la connaissance des affinités entre les
espèces caractéristiques des mangroves et les espèces de
forêts voisines qui envahissent l'espace mangrove lorsque la
salinité et l'inondation le permettent;
- la détermination de l'amplitude de dégradation
aux environs des agglomérations et le sens de l'évolution dans
les autres peuplements;
- l'évaluation de l'impact des activités
anthropiques sur l'évolution des écosystèmes côtiers
et particulièrement sur les mangroves;
- l'identification des taxa ayant des potentialités
morphologiques et écologiques en vue de la reforestation des espaces
dégradés;
- l'évaluation des besoins des populations en relation
avec une utilisation durable des ressources et la garantie des réserves
adéquates destinées à la préservation;
- la détermination des zones d'utilisation, de
conservation et de réhabilitation en fixant des critères ou
normes d'exploitation;
- la définition des stratégies
appropriées nécessaires à l'utilisation et la
préservation des ressources des mangroves du pays.
Compte tenu de l'ampleur de la situation, le gouvernement
camerounais et le peuple ne sont pas restés de marbres car ils ont fait
des efforts notables en vue d'une protection efficiente des mangroves.
B- ACTIONS POUR LA GESTION DURABLE DES MANGROVES AU
CAMEROUN
Les actions en faveur de la gestion durable des mangroves
camerounaises sont l'oeuvre du gouvernement camerounais, de la
société civile ainsi que des organismes internationaux.
1- Actions du gouvernement
Face à l'état de dégradation des
mangroves du pays, le gouvernement a pris plusieurs initiatives tant sur le
plan juridique que sur le plan politique et institutionnel afin pour
remédier à cette situation.
a- Au plan juridique
Au Cameroun, l'Etat a pris des mesures visant à
protéger la biodiversité. La loi No 94/01 du 20
Janvier 1994 portant Régime des Forêts, de la Faune et de la
Pêche, le Décret No 95-466-PM du 20/07/95 fixant les
modalités d'application du régime de la faune, le Décret
No 95-531-PM du 23/08/95 fixant les modalités d'application
du régime des forêts font partie des principaux textes
régissant les ressources forestières et fauniques. Cette loi
camerounaise reconnaît les mangroves comme zone écologique fragile
donc qui doit être protégée elle stipule d'ailleurs que
<< la mangrove est une ressource protégée dont
l'exploitation reste interdite>> En août 1999, l'autorisation
de la coupe du bois de chauffe dans la mangrove a été suspendue.
Désormais, les mangroves sont considérées comme des aires
protégées au sein desquelles sont interdites un certain nombre de
pratiques, à l'exemple de la coupe du bois. A coté de cela,
plusieurs autres législations protègent la mangrove au Cameroun
il s'agit de: La législation sur la forêt, la faune et la
pêche ; la loi d'association de 1992 pour permettre aux camerounais
de s'engager dans la gestion durable des ressources naturelles ; les
procédures d'octroi des forêts communautaires.
b- Au plan politique et institutionnel
L'élite politique camerounaise s'est abondamment
illustrée dans ce combat pour la préservation des mangroves
à travers la signature de plusieurs traités et conventions
liées directement ou indirectement à la mangrove parmi lesquelles
la célèbre convention de RAMSAR sur les zones humides qui est un
traité intergouvernemental qui offre un cadre d'action nationale et de
coopération internationale pour la conservation et l'utilisation durable
des terres humides, y compris les habitats de mangroves ; ratifiée
par le président Paul BIYA le 26 janvier 2006. à coté de
cela, plusieurs autres conventions ayant des liens proches ou lointains avec la
mangrove ont été signé il s'agit de : la Convention
sur le changement climatique, la Convention de la biodiversité, la
Convention du commerce des espèces en voie de disparition, la Convention
sur l'Ozone.
Le gouvernement a également élaboré
plusieurs plans d'action nationaux pour la mise en oeuvre effective de ces
conventions et lois à savoir : le plan national sur la
biodiversité et le plan national sur l'environnement.
Ces efforts de la part du gouvernement se heurtent sur le
terrain au non respect ou la mauvaise application de ces législations.
La société civile ainsi que des organismes internationaux
prêtent main forte et essayent par de multiples moyens d'aider le
gouvernement dans cette tâche.
2- Actions de la société civile
camerounaise et des organismes internationaux
La société civile camerounaise et les
organismes internationaux comme la F.A.O militent énormément pour
la protection des mangroves. Ils ont à cet effet organisés et
animés des campagnes et des séminaires ateliers de toutes
sortes.
a- actions des organismes internationaux
la FAO a financé et continue de financer en
collaboration avec des laboratoires de recherches et les universités
étrangers et nationaux plusieurs travaux de recherche sur la mangrove
au Cameroun ce qui à permis l'élaboration de l'atlas mondial de
la mangrove avec des données assez fiables sur le Cameroun.
Par ailleurs, en 2006 elle lance et mène un projet
baptisé gestion participative de la diversité biologique des
écosystèmes de mangroves au Cameroun, a enseigné
à un groupe de pêcheurs immigrants Nigérians qui vivent
à Yoyo une autre façon de faire. Ils ont été
sensibilisés aux dangers de la coupe indiscriminée des mangroves
et utilisent désormais un type de fourneau pour le fumage du poisson
plus économe en combustible, qui leur permet de transformer davantage de
poisson tout en consommant moins de bois. Ce projet de la FAO a en outre
incité les autorités camerounaises à affronter
l'aménagement des mangroves au niveau des politiques en les aidant
à élaborer des stratégies pour l'utilisation durable des
mangroves en coopération avec les communautés qui en
dépendent pour vivre.
Notons également les actions la Fondation
Internationale pour la Science (FIS) qui a contribué à la
réalisation de la carte thématique des mangroves de
l'estuaire du Rio del Rey (Cameroun) par photo-interprétation et SIG
en accordant des bourses de recherche à des chercheurs
camerounais.
A coté de ces actions concrètes, se situent
plusieurs autres menées par plusieurs autres organismes internationaux
à l'instar de la Banque Mondiale, l'union mondiale pour la nature
(IUCN), l'organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), le World
wide fund for nature (WWF), l'international waterfowl and wetlands
research bureau (IWRB) et l'international society for mangrove
ecosystems (ISME) pour ne citer que ceux là.
b- Actions de la société civile
Camerounaise
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) nationales
travers leurs différents programmes et projets de conservation et de
gestion durable de la biodiversité, des ressources naturelles et de
réduction de la pauvreté contribuent efficacement à
protéger la mangrove. Quelques unes des actions des ONG sont
La Cameroon Environnemental Watch (C.E.W) qui a en 2007
mené un programme intitulé pleins feux sur la mangrove
qui à consister en une sensibilisation en masse dans des lycées,
des universités ainsi que sur le terrain sur une meilleure connaissance
de l'écosystème mangrove et son importante. Il s'est
également agit de mise en pépinières des propagules,
fruits des palétuviers.
La Cameroon Wildlife Conservation Society » (CWCS), qui
est chargée de la protection de la réserve naturelle de
Douala-Edéa qui à collaboré avec la FAO dans le projet
gestion participative de la diversité biologique des
écosystèmes de mangroves au Cameroun au cours duquel elle a
introduit à Yoyo des fours améliorés pour réduire
la consommation du bois. À coté de celles-ci, plusieurs autres
ONG veillent sur la mangrove au Cameroun à l'instar de l'Association
pour la Protection des Ecosystèmes Marins, Côtiers et des zones
humides (APEMC), l'Associations de Lutte Pour La Protection
l'Environnement (ALPPE), l'Organisation des Droits de l'Homme et de la
Protection de l'Environnement (ODHPE) et la liste est loin d'être
exhaustive.
Ces ONG sont non seulement actives sur le terrain, mais
elles tirent constamment la sonnette d'alarme pour signaler les abus et les
dérives mais également pour rappeler le gouvernement à
l'ordre en ce qui concerne l'application des lois.
Afin de coordonner leurs actions, la société
civile représentée par toutes les ONG qui s'intéressent de
près ou de loin à la mangrove et les organes gouvernementales en
charge des mangroves se sont retrouvés à Edéa le 25
janvier 2005 et Réseau Camerounais de la Mangrove (R.C.M) qui par la
suite a adhérer au Réseau Africain de la Mangrove (R.A.M).ce
réseau a pour objectif global la conservation, la gestion et
l'exploitation durable des ressources floristiques et fauniques des mangroves
en vue de répondre aux besoins locaux et nationaux des
générations présentes et futures. A coté de
cet objectif global, on trouve plusieurs objectifs spécifiques à
savoir :
-Renforcer les capacités institutionnelles et
techniques du réseau et de ses membres ;
-Promouvoir et valoriser la recherche dans les
écosystèmes de mangrove;
-Renforcer les capacités des différentes parties
prenantes impliquées aux pratiques de gestion durable ;
-Réhabiliter les écosystèmes de mangrove
endommagés ;
-Former les membres des communautés locales cibles aux
activités génératrices de revenus ;
-Créer et équiper un centre de ressources en
mangrove;
-Entreprendre un lobbying actif pour la signature des
conventions et la mise en place d'une législation appropriée pour
une gestion durable des mangroves.
Au vu de tout ceci, force est de constater que la mangrove au
Cameroun est sérieusement prise en compte et que son avenir
préoccupe toute l'ensemble de la société camerounaise et
c'est dans le souci de la préserver qu'est né le R.C.M
DISCUSSION
Il est clair que les mangroves sont profondément
exploitées au Cameroun toutefois aucune utilisation sur large
échelle ou conversion n'est actuellement en cours. Un défrichage
localisé peut avoir lieu dans certaines zones (étangs
salés, urbanisation, développement des infrastructures) qui ne
cause pourtant pas de grosses dégradations (FAO 2007). Dans le bassin du
Ndian et l'estuaire du Wouri, il existe des surfaces importantes de mangrove
primaire ceci malgré la pression démographique. On remarque aussi
que dans le temps les surfaces de mangroves au Cameroun n'ont pas subies de
sérieuses régressions. D'après les chiffres de la FAO, les
superficies de mangroves au Cameroun sont passées de 272.000 ha en 1980
à 250.000 ha en 2005 soit une dégradation de 8,09% en 25 ans ce
qui est loin de la moyenne mondiale de 19%. Sans compter que l'absence
d'utilisation des ressources peut aussi devenir un inconvénient. En
effet, la dégradation de la mangrove au Cameroun à ralenti
considérablement après 1990(voir tableau 2) période
à la quelle l'exploitation s'est intensifiée l'évolution
de la dégradation est presque constante après 1990 (voir graph.
3) c'est donc dire que la préservation des mangroves ne signifie pas
forcément une protection intégrale exempte de toute
activité anthropique.
Les superficies des mangroves sont mal connues celles-ci
varient en fonction des sources. On a pas de données fixes et certaines
y relatives de même qu'un inventaire de ses ressources n'a jamais
été fait dans un tel contexte, il est difficile d'évaluer
avec certitude les menaces et donc de mesurer l'impact de ceux-ci afin de mieux
comprendre leurs rythmes de dégradation.
Source FAO 2007
Fig5 : variation de l'étendue des zones de
mangroves entre 1980 et 2005
CONCLUSION GENERALE
En somme, parvenus au terme de notre travail qui portait sur
les menaces sur la mangrove au Cameroun, au cours du quel il s'est agit de
faire une présentation générale des mangroves du pays,
d'identifier l'ensemble des menaces qui mettent en péril ces mangroves,
puis de proposer les stratégies pour une gestion soutenable de ces
mangroves et enfin d'évaluer les efforts de toutes les parties prenantes
dans la lutte pour la préservation de celles ci. Il en ressort que les
mangroves occupent une superficie importante dans le pays et de part leurs
fonctions économique scientifique et socioculturelle ont une importance
inestimable et de ce fait elles subissent de nombreux assauts anthropiques qui
conduisent à leur dégradation notamment l'exploitation
irrationnelle et incontrôlés de ses ressources, que sont le bois
le poisson le sable et les P.F.N.L ; ainsi que les activités
humaines de natures industrielles, agricoles et l'expansion
démographique. Cette dégradation entraîne des
conséquences fâcheuses tant sur le plan environnemental que sur le
plan socioéconomique. La question de trouver les stratégies pour
gérer notre mangrove largement dégradée au point de
risquer l'extinction de cet écosystème très rare, fragile
et important n'est plus négociable. Le gouvernement camerounais l'a
compris et fourni des efforts dans le sens d'une gestion durable de cet
écosystème par la mise en place d'un arsenal juridique et
institutionnel y relatif appréciable. Le rôle de la
société civile, y compris, des organisations internationales pour
soutenir les efforts du gouvernement n'est plus à démontrer. Le
Cameroun dispose déjà d'un réseau de mangrove né
des initiatives et enthousiasmes des membres des associations et ONG de base.
Notons cependant que s'il est vrai que beaucoup d'efforts sont fournies
jusqu'ici pour sauver la mangrove au Cameroun, force est de constater que
beaucoup reste encore à faire surtout en ce qui concerne l'application
des textes sur le terrain. Il est clair qu'il faut
régénérer la mangrove, la remplacer et la préserver
mais il faut à la fois qu'elle soit utile aux populations riveraines
ainsi qu'au peuple camerounais tout entier. Trouver le juste équilibre
est alors le défi qui interpelle toutes les parties engagées dans
la lutte pour la gestion durable de la mangrove au Cameroun à
l'occurrence le RCM.
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