CHAPITRE II : La pratique à ECOBANK
CAMEROUN
Le contrôle de gestion à Ecobank Cameroun est
réalisé par un service appelé contrôle financier.
C'est un service qui cumule comme nous allons le voir plusieurs casquettes.
Cependant avant de parler plus en détails de ce service, nous nous
proposons de présenter le groupe ECOBANK Transnational Incorporated en
général et Ecobank Cameroun en particulier.
I - Présentation du groupe ECOBANK TRANSNATIONAL
INCORPORATED (ETI)
ETI est une société de holding
bancaire, crée en 1985 dont la principale activité est la
prestation de services bancaires et financiers par le biais de ses filiales.
Elle jouit d'un statut spécial en matière fiscale, juridique et
contrôle des changes grâce à un accord de siège avec
le gouvernement du Togo.
Les activités d'ETI se
développe en Afrique de l'ouest et centrale grâce à son
réseau de plus de douze filiales établit dans les pays
suivant : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cote
d'ivoire, Ghana, Guinée, Libéria, Mali, Niger,
Nigeria, Sénégal, Togo. La banque dispose
également de société de service financier et informatique
à l'instar de ECOBANK development corporation,Eic - bourse, Ecobank
stock brokers limited, ECV Servicos Financeiros Agencio de cambios, ESL
securities limited et E process international SA.
La grande particularité de ce groupe bancaire c'est
qu'il est le premier groupe a capitaux entièrement Africain dans la sous
région qui dispose d'un tel réseau et d'une telle cohésion
au sein de l'équipe. Sa croissance exceptionnelle en seulement dix sept
ans d'existence vient réfuter toutes les thèses négatives
qui disent que les Africains ne peuvent pas développer de grandes
entreprises.
ETI a pour ambition de devenir l'institution financière
de référence en Afrique Occidentale et Centrale et d'utiliser
cette position comme un tremplin pour une expansion dans d'autres pays Africain
et au-delà.
Ecobank se propose d'y parvenir par l'établissement
d'une présence directe dans les marchés cibles en produisant de
la valeur ajoutée à sa clientèle grâce à la
qualité de ses services.
Le groupe comme nous l'avons dit dispose d'une filiale au
Cameroun et nous allons nous appesantir un peu sur cette filiale
A - Présentation de ECOBANK
Cameroun
Ecobank est présent au Cameroun depuis 2001. Celle-ci
représente la douzième agence du groupe ETI. La filiale
Camerounaise d'Ecobank est détenue a 80% par ETI et a 20% par des
actionnaires locaux privés et institutionnels
Cependant malgré son entrée récente sur
le marché bancaire Camerounais qui compte 10 établissements
agrée ; Ecobank est entrain de se tailler une place de choix. Des
chiffres bien précis viennent confortés nos propos ; en
effet entre 2003 et 2004, la banque à réaliser une
évolution de l'encours de son bilan de 24% pour se situer a FCFA 56 070
millions en fin décembre 2004.
De plus avec une agence au départ, située
à Akwa le quartier des affaires de la capitale économique Douala,
la banque compte aujourd'hui deux agences supplémentaires dont une
à Yaoundé et la nouvelle venue à Bonanjo (le quartier
administratif de la ville de Douala). D'autres projets de création de
point de ventes sont en cours de réalisations. C'est notamment
l'ouverture d'agence Western Union à Bepanda (Douala) et à Biyem
Assi (Yaoundé).
Ecobank Cameroun est dirigé par un conseil
d'administration qui décide de la politique générale de la
banque et en oriente les activités. Une équipe de direction est
chargée de la mise en oeuvre des décisions du conseil
d'administration.
Cette équipe est constituée des postes et
personnes suivantes :
- Abou Kabassi - Administrateur Directeur
Général
- Pierre Siewe - Administrateur Directeur
Général adjoint
- Guy Martial - Direction de la Gestion des
risques
- René Awambeng - Directeur de la
clientèle institutionnelle
- Victor Noumoué - Directeur du contrôle
financier
- Vincent Ekobena - Directeur du contrôle
interne
- David Batoum - Directeur des Ressources
Humaines
- Jean Baptiste Siate Dohon - Directeur des
opérations
- Charlotte Nounke - Directeur du
juridique
- Eric Nanfa - Directeur de la Clientèle
PME/PMI
- Jean Claude Tchiouffou - Directeur de la
trésorerie
- Leyla Garga - Directeur de la Clientèle
particuliers
- Sam Nsome Mbende - directeur
informatique
- Commissaire aux comptes - PriceWaterhouseCoopers.
Cette équipe très jeune et dynamique recueille
en son sein des nationalités diverses à l'image du groupe
Ecobank. Nous allons nous intéresser de plus près au
contrôle financier à Ecobank.
B - Présentation du
contrôle financier de ECOBANK Cameroun
Le contrôle financier à ECOBANK Cameroun est
communément appelé FINCON. Il est dirigé par un directeur
en la personne de M.Victor Noumoué et compte trois
autres cadres.
Le contrôle financier ici joue à la fois le
rôle du contrôle de gestion, de direction financière et
dépend directement de la direction générale. Nous allons
brièvement décrire en quoi consistent ces différentes
taches.
- En tant que contrôleur de gestion, le fincon est
chargée de l'élaboration et de la mise en place du budget. Les
formats budgétaires sont transmis par le siège depuis
Lomé. Mais la mise sur pied de celui-ci sur le terrain incombe bien au
fincon. La procédure budgétaire débute dès la fin
du mois de septembre et s'achève en Novembre par l'adoption du budget
par le conseil d'administration. Il est prévu une révision
budgétaire au mois de mai suivant. C'est dire que le budget est un
instrument qui se veut flexible afin de s'ajuster aux contraintes de
l'environnement et aussi de profiter d'éventuelles opportunités
qui vont apparaître en fonction de l'évolution favorable de la
conjoncture.
La procédure budgétaire commence dès
réception des fichiers budgétaires par le fincon. En effet le
siège envois ses projections et planning pour l'année. Le fincon
est chargé de mettre en oeuvre un format de budget qui réponde
aux attentes du siège sans toutefois s'éloigner des contraintes
locales. Une analyse de la situation bancaire et des prévisions est
établit par le fincon en accord avec la direction
générale. Ensuite les différents départements de la
banque reçoivent des formats de budget sur lesquels ils émettent
leurs propositions de budget pour l'année. Les documents sont ensuite
transmis au fincon qui les transmet à la direction
générale. Ceci donne généralement lieu à une
réunion budgétaire au cours de laquelle les propositions sont
discutées et négociées entre la direction
générale et les départements concerné. Ici les
engagements budgétaires sont considérés comme de
véritables contrats qui lient les départements concernés
à la direction générale. C'est sur la base des
réalisations budgétaires que chaque département sera
évalué. C'est la raison pour laquelle d'intenses navettes
s'opèrent entre le fincon et les départements concernée.
Une autre raison qui explique ces tractations c'est que les propositions faites
par les départements doivent aussi dans une moindre mesure
épouser les objectifs du groupe. Après plusieurs
négociations le budget final est mis sur pied et envoyés au
siège qui dispose de moyens techniques appropriés adopté
par la direction générale.
Le fincon à aussi répartit la banque en centre
de responsabilité de natures diverses. Ainsi l'agence de Akwa , Yaounde
et Bonanjo sont considéré comme des centres de profit
chargés de gérer un chiffres d'affaires et qui détient un
pouvoir de négociation par rapport a ses ventes et ses coûts. Les
activités générées par ces trois agences sont
mesurées au jour le jour grâce au performant système de
collecte des informations dont dispose la banque. Un daily balance sheet est
établit quotidiennement sur les performances de ces centres de profit.
Ces informations de gestion sont transmises tous les jours d'abord aux
responsables de centres de responsabilités qui peuvent ainsi l'utiliser
comme tableau de bord ensuite aux autres responsables de la banque. Ce qu'on
peut dire c'est que ces centres de responsabilité n'ont pas seulement un
rôle de rentabilité ; mais bien plus elles sont aussi une
forme de stratégie pour la banque. Par exemple l'agence de
Yaoundé ne peut pas être comparée d'un point de vue profit
uniquement. Si c'était le cas on se rendrait vite compte que le niveau
de rentabilité n'est pas comparable avec celui de Douala et que parfois
on fait des pertes. Cependant, cette filiale génère des
ressources en dépôts non négligeables qui sont
utilisés par l'agence de Douala pour financer ses engagements
auprès de la clientèle. Certes l'objectif à terme est de
rendre l'agence de Yaoundé aussi profitable que Douala ; mais dans
le court terme d'autres préoccupations sont prises en compte.
Au sein des agences, Ecobank a mis en place des centres de
revenus qui lui permettent de se concentrer sur les différents segments
de clientèle. Ces centres sont : le consumer banking ;
l'institutional banking ; le commercial banking ; Western Union et la
trésorerie. Ces centres sont censés produire des résultats
qui sont évalués par rapport au budget. Un reporting mensuel est
effectué au siège sur l'évolution des performances de ces
centres.
D'autres centres de coût existent dans la banque dont
les outputs ne sont pas directement mesurables ; mais dont le rôle
est incontournable pour un fonctionnement harmonieux de la banque. Ces services
sont : les opérations ; le service juridique, la communication
la direction des risques, les ressources humaines, la direction
générale et bien sur le fincon. Ces services disposent d'un
budget de fonctionnement et les coûts qu'il génère sont
refacturés aux centres de revenus et profit. La logique derrière
une telle pratique c'est que ces services travaillent pour les centres de
profit et devrait donc être payés par eux.
Pour faire face aux besoins d'information de la banque ;
d'importants moyens informatiques ont été mis en place qui
permettent d'avoir de manière quasi journalière une information
complète du flux des transactions ayant lieu dans la banque. Le
système d'information de la banque est basé sur un logiciel de
banque appelé Temenos Globus. Toutes les opérations du groupe
Ecobank se font à travers ce logiciel. Ceci fait en sorte que toutes les
informations dont on à besoin se trouvent centralisé a travers ce
logiciel. Cette centralisation des données permet de sortir tous les
jours ouvrables des rapports sur l'évolution de l'activité
financière. Les informations financières auxquelles nous faisons
allusion ici concerne le bilan, le hors bilan, la balance
générale, les comptes d'exploitations. Ces données sont
alors utilisées par le fincon pour établir un reporting quotidien
sur l'évolution des activités. Ce véritable tableau de
bord de la banque qu'on appelle ici daily balance sheet permet de voir la
situation de la banque en termes de risques, d'engagements pris, de
profitabilité. Elle permet aussi de détecter à temps les
positions imprudentes de certains gestionnaires. Par exemple grâce au
« dbs » il a été possible de prévenir
une perte importante sur le marché des devises auxquelles la banque
était confrontée. Le risque ayant été
détecté à temps des mesures énergiques ont
été prises par la direction générales afin d'y
remédier.
Le fincon se sert également du système
d'information pour d'autres reportings adressé à d'autres
centres de décision c'est notamment le cas : des
déclarations a l'administration fiscale (le fincon est le service
chargé de déterminer l'assiette imposable de la banque chaque
mois), les reportings au siège, les reportings a l'Apecam et à
divers organisme de régulation bancaire et enfin à la commission
bancaire et la banque des états de l'Afrique centrale. Nous allons nous
intéresser tout particulièrement aux relations qui lient le
fincon à ces deux derniers organismes.
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