CONCLUSION
L'étude de la co-infection VIH/VHB recherchait
à établir les profils épidémiologiques et les
déterminants de la co-infection VIH/VHB à Bukavu.
Il s'agissait d'une étude analytique de cohorte
rétrospective. Les paramètres et les caractéristiques
sociodémographiques, ceux liés à l'état immunitaire
des PVVIH et à la vaccination contre le virus de l'hépatite B ont
été analysés. Les facteurs de risque de l'hépatite
B ont été recherchés au moyen d'une comparaison entre
patients VIH+ séropositifs au HBS (255) et ceux ayant des
résultats d'HBS négatifs (215).
La modélisation du risque d'hépatite B
dans la population des PVVIH a été réalisée dans
une régression logistique multiple. Une valeur inférieure
à 0,05 définissant le seuil de signification.
A l'issue de cette étude, il apparaît que
:
· La recherche de l'hépatite B
n'était réalisée qu'auprès de 10,1% des PVVIH
;
· Les PVVIH co-infectées ne
reçoivent pas d'ARV spécifiques pour le traitement du VIH et du
VHB mais sont sous monothérapie anti VHB, ce qui est dangereux pour leur
avenir thérapeutique ;
· La transfusion sanguine, les rapports sexuels
non protégés et le tatouage n'ont pas été retenus
comme des facteurs de risque tant par l'analyse univariée que par la
multivariée ;
· L'immunodéficience profonde (LT CD4
> 200 elt/mm3), les stades OMS (III et IV), le sexe et
l'âge ne semblaient pas affecter significativement le risque
d'hépatite B, contrairement aux données de la littérature
;
· Le fait d'être marié
opposé au célibat et l'absence de la vaccination versus la
vaccination contre l'hépatite B constituent des facteurs de risque de
l'hépatite B dans la population des PVVIH de Bukavu.
Le profil épidémiologique de la
co-infection VIH/VHB est donc celui d'un patient VIH+, de 39 ans d'âge
moyen, de sexe féminin, non vacciné contre l'hépatite B,
d'état civil marié.
Vu le design de cette étude et la
méthode d'échantillonnage, les autres facteurs de risque ne
pouvaient clairement se dégager. Elle a cependant le mérite de
poser les jalons des études d'incidence et des études
expérimentales sur la co-infection VIH/VHB à Bukavu.
RECOMMANDATIONS
A la lumière de nos conclusions, les
recommandations suivantes méritent d'être formulées
:
· Au Programme National de Lutte contre le SIDA
(PNLS) : Coordination Nationale et Pro vinciale
- De considérer l'hépatite B comme une
infection majeure qui touche les PVVIH et de mettre sur pied des
stratégies appropriées pour son contrôle ;
- De faire un consensus national sur la
prévention, le dépistage et la prise en charge de la co-infection
VIH/VHB ;
- D'accroître l'accessibilité des PVVIH aux
moyens diagnostics, thérapeutiques et de suivi de la double infection
VIH/VHB ;
- De favoriser la recherche sur le VIH et les
hépatites.
· Aux CTA et aux Centres de prise en charge des
PVVIH/SIDA :
- De renforcer des messages de prévention pour
prévenir la contamination par le VHB chez les PVVIH ;
- De rechercher systématiquement une infection
à VHB lors de la découverte d'une infection à VIH
;
- D'assurer le maintien d'une surveillance
sérologique régulière au moins une fois l'an, chez les
PVVIH négatives exposées ;
- De vacciner contre le VHB les patients non
immunisés. Les PVVIH non répondeuses à un premier
protocole vaccinal devraient être revaccinées ;
- D'évaluer l'atteinte hépatique et la
fibrose. Il faut pour cela des tests biochimiques explorant la fonction
hépatique, des tests anatomo pathologiques et même des examens
d'imagerie médicale ;
- La décision de l'indication du traitement de
l'hépatite B chez les PVVIH se passera dans le cadre d'une concertation
pluridisciplinaire ;
- Rechercher la pluri infection VIH/VHB/VHC/VHD/VHA
;
- La stratégie thérapeutique suivante
nécessiterait d'être évaluée : >
Le dépistage et le traitement précoces du VIH et du VHB
;
> Le 3TC plus le TDF ayant une action anti VHB et
anti VIH, les trithérapies antirétrovirales doivent
intégrer le traitement concomitant et efficace du VIH et du VHB
;
> La monothérapie anti VHB devrait être
évitée ;
> Une évaluation particulière et des
traitements adéquats devraient être proposés aux femmes
VIH+ en âge de procréation étant donné le risque de
transmission verticale des deux virus ;
> Toute personne sans aucun marqueur du VHB doit
être vaccinée contre le VHB et les patients Ag HBS+ doivent
être traités pour leur infection à VHB ;
> Une surveillance au moins trimestrielle des
transaminases et de la CV du VHB doit être réalisée. La
recherche de l'Ag HBS doit être faite tous les 6 mois pour
apprécier une perte de ce marqueur puis l'acquisition des anticorps anti
HBS ;
> Il faudrait assurer l'accès aux conseils de
prévention de l'hépatite B aux PVVIH.
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