Il s'agit ici de faire ressortir les réalités de
la pratique de l'organisation du pèlerinage dans les autres pays du
monde et aussi les connaissances sur le problème général
d'une part et sur les problèmes spécifiques d'autre part.
Le Bénin est confronté, tout comme la plupart
des pays non Musulmans du monde entier, à des problèmes de
gestion des risques. Ce problème récurent a été
abordé par le Groupe Consultatif d'Assistance aux Pauvres (GCAP). Dans
son aide mémoire intitulé «Gestion des risques
opérationnels» le GCAP aborde le thème en définissant
la gestion des risques comme étant « le processus par lequel les
risques sont évalués en utilisant une approche qui comprend
à la fois la prévention des problèmes potentiels et la
détection au plus tôt des problèmes actuels », il fait
référence à un processus itératif (en 06
étapes) qui demande la participation du personnel à tous les
niveaux de l'organisation :
· identifier les risques ;
· développer les stratégies et
procédures pour classer les risques par priorité ;
· élaborer des politiques pour atténuer les
risques ;
· mettre en oeuvre les contrôles et attribuer les
responsabilités ;
· tester l'efficacité et évaluer les
résultats ;
· amener les politiques et procédures.
Ainsi donc, pour qu'un convoyeur puisse atteindre sa mission,
il doit être en mesure d'identifier les risques qui menacent la
concrétisation de son organisation. Ces risques peuvent être
résumés comme suit :
1' les risques externes qui concernent la
réglementation, la concurrence, la démographie,
l'environnement.
i' les risques liés à la gestion financière
qui a souvent rapport aux devises.
'I' les risques opérationnels qui résident dans
la prévision du nombre de pèlerin.
Pour beaucoup de convoyeurs, les risques opérationnels
sont les plus significatifs car, c'est ici que les manques à gagner sont
susceptibles d'être les plus élevés. Cette catégorie
de risque englobe aussi les risques liés aux retards d'inscription
tardive des pèlerins (thème de notre étude). La gestion
des risques opérationnels est le processus qui consiste à
contrôler l'éventualité et la gravité potentielle
d'un incident défavorable et comprend trois mécanismes inter
liés :
o contrôles internes : les moyens de
l'institution pour surveiller les
risques avant et après les opérations.
o audit interne : une évaluation
systématique à posteriori des opérations pour s'assurer
que les politiques et procédures sont suivies.
o audit externe : une évaluation externe
des contrôles.
Somme toute, une gestion des risques opérationnels
efficace est composée
des :
+ contrôles de prévention conçus pour
éviter les incidents indésirables `avant' leur survenance.
+ contrôles de détection conçus pour
identifier les incidents indésirables lorsqu'ils surviennent.
Ils identifient les erreurs`après' qu'elles soient
survenues.
·
· contrôles de correction
conçus pour s'assurer que des mesures correctives sont prises en vue de
réparer les incidents indésirables ou d'éviter qu'ils se
renouvellent.
2-Point des connaissances et pratiques
recommandées par rapport au
problème spécifique
N°1
Le problème spécifique N°1
précédemment énoncé, concerne l'absence de
solidarité entre les groupes convoyeurs. A cet effet, le
dictionnaire Larousse définit la solidarité comme le sentiment
qui pousse les hommes à s'entraider, la dépendance mutuelle des
uns vis-à-vis des autres. Mais le mot solidarité désigne
ici une notion un peu plus large qui implique non seulement la
responsabilité de chaque convoyeur en ce qui concerne la collaboration
entre eux mais aussi l'obligation des acteurs intervenants dans l'organisation
à oeuvrer pour une bonne organisation. Tout ceci nécessite une
bonne connaissance des convoyeurs entre eux et une confiance mutuelle. C'est de
ce point de vue que El Hadj ZOUBEROU (Ex responsable chargé de
prêche en langue Annie à la Radio La voie de l'Islam) nous
propose``comment garantir une organisation efficace du pèlerinage
». Selon lui,
-Chaque convoyeur doit collaborer avec les sous
présidents de comité Hadj afin de connaître d'une
manière hiérarchique le nombre de pèlerin dans chaque
village, commune et département.
- En suite, chaque convoyeur doit se fixer un cota afin de
négocier à temps le transport, l'hébergement à
hauteur du cota qu'il s'est fixé. La collaboration entre les parties
permettra aux convoyeurs de mieux négocier, de compenser le vide de
siège avec les convoyeurs ayant un surplus de pèlerins.
3-Point des connaissances et pratiques
recommandées par rapport au
problème spécifique
N°2
Les recherches effectuées en ce qui concerne le
problème spécifique N°2 de l'Absence de politique de
prévision du nombre de pèlerins par groupe de convoyeur
nous ont permis d'assimiler le nombre de pèlerins au
déplacement d'individus que les touristes appellent « flux
touristiques ». Ainsi, le tourisme dispose à l'échelon
national d'un indicateur principal global (le taux de départ) qui
exprime la participation au tourisme d'une population. On distingue en fait
:
> Le taux net de départ : nombre de personnes ayant
effectué au
moins un voyage de 4 nuitées consécutives au cours
d'une période déterminée, rapporté à la
population mère totale :
Nombre de partants X 100
Taux net de départ =
Population totale
Cette notion est la plus couramment utilisée, mais
elle ne rend compte que partiellement de la participation à la
consommation touristique d'un pays. Elle est complétée par les
notions suivantes :
> Le taux brut de départ : nombre de voyages
effectués par les partants définis ci-dessus, durant la
période considérée, rapporté à la population
mère totale :
Nombre de voyages X100
Taux brut de départ =
Population totale
> La fréquence de départ : nombre moyen de
voyages effectués par chaque participant au tourisme pendant la
période considérée :
Nombres de voyages
Fréquence de départ =
Ou Nombre de « partants »
Taux brut de départ
Fréquence de départ =
Taux net de départ
Selon ces définitions, généralement
admises, le taux net de départ sera donc toujours inférieur
à 100, le taux brut de départ pouvant par contre dépasser
100 dans le cas, fréquent dans certains pays développés,
où les partants, déjà nombreux, effectuent plusieurs
voyages.
Ces différents indicateurs qui traduisent la
propension à voyager d'une population permettront à chacun des
convoyeurs de déterminer la prévision des pèlerins de
l'année.
4- Point des connaissances et pratiques
recommandées par
problème spécifique N°3.
Le problème spécifique N°3 aborde
l'absence de politique d'information et de données statistiques
sur le convoyage des pèlerins par groupes de convoyeurs. Les
diverses investigations et recherches effectuées à cet effet nous
ont permis de comprendre que rares sont les auteurs qui ont pu aborder ce
domaine.
C'est ce qui nous a amené à examiner
l'organisation du pèlerinage dans les autres pays :
- au Liban l'Etat intervient dans l'organisation du
pèlerinage d'après la publication du dimanche 8
juillet 2007 de Mr Mohamed NOKARI, qui dit « l'Etat musulman
ne s'est jamais désintéressé de l'organisation du
pèlerinage à la Mecque des musulmans demeurant hors de l'Arabie,
comme c'est le cas pour le Liban. Il créa après
l'indépendance une commission permanente chargée des affaires du
pèlerinage au sein de la Présidence du Conseil des Ministres.
Présidée par le Directeur général des affaires de
la Fatwa, elle regroupait un membre chiite représentant le Conseil
Islamique Chiite Supérieur, un délégué du
ministère de la santé publique, un délégué
de la sûreté nationale - donc le ministère de
l'intérieur - , un délégué du ministère du
tourisme, un délégué du Directeur général de
la Présidence du Conseil des ministres, un délégué
du ministère de l'information, un représentant de l'association
des pèlerins sunnites et un représentant de l'association des
pèlerins chiites ». Cette décision discutée comme non
conforme aux textes constitutionnels et aux lois en vigueur a conduit les
autorités Libanaises à faire recours aux agences de voyages.
- selon le journal officiel de la république de
Djibouti, le président de la république, chef du gouvernement
Mr Ismaïl OMAR GUELLEH a pris le 27 janvier
2002 le décret n°2002-0017/PR/MDCBW portant
création de la mission
officielle du pèlerinage pour l'année 2002 pour
remédier aux difficultés auxquelles sont confrontés les
musulmans Djiboutiens.
- Au Burkina Faso, le conseil des ministres entendu en sa
séance du 07 septembre 2005 a pris le décret
n°2005-468/PRES/PM/MATD portant organisation du
pèlerinage à la Mecque et qui rétrocède
l'organisation du pèlerinage à la Mecque à la
communauté musulmane. Cependant, des problèmes de transport et
d'accueil, d'hébergement et d'alimentation ont été
constatés. Ainsi, pour remédier à ces difficultés
le ministre chargé du culte Mr Clément
P.SAWADOGO s'est entretenu
avec les membres de la Fédération des
Associations Islamiques du Burkina (FAIB). Il leur a fait le point des mesures
qui sont envisagées lors de la mission qu'il a effectué en Arabie
Saoudite en compagnie du président de la FAIB ; El Hadj Oumarou KANAZOE
et des membres des différentes communautés musulmanes du Burkina.
Il a invité la fédération à prendre toutes les
mesures utiles pour mener les concertations nécessaires devant aboutir
à la mise en place rapide d'un comité d'organisation selon les
modalités à leur convenance. Malgré, ces efforts
consentis, les problèmes persistent autour de l'organisation du
pèlerinage à la Mecque.
Le ministre de l'Administration Territoriale et de la
Décentralisation (MATD), Clément P. SAWADOGO, a
animé une conférence de presse le
07/07/2008 dans son cabinet à Ouagadougou pour
diffuser les nouvelles dispositions prises pour l'organisation du Hadj qui
mettent en première ligne le secteur privé ( les agences de
voyages et de tourisme) ; et en deuxième ligne les conditions à
remplir (fixées par arrêté ministériel daté
du 13 juin 2008 portant cahier des charges de l'organisation du
pèlerinage à la Mecque, édition 2008).
- selon Xavier Breuil, membre du Conseil Régional du
Culte Musulman (CRCM) dans sa publication du 24 avril
2008, le problème principal que connaît la France
aujourd'hui dans l'organisation du pèlerinage à la Mecque est le
recensement. N'étant pas régulé par les autorités
françaises, tout le monde en France peut organiser le pèlerinage
(agences, associations, rabatteurs). Le CRCM est en train
d'effectuer un travail de terrain pour pouvoir lister de manière
exhaustive toutes les agences de voyages organisant le pèlerinage
à la Mecque sur la région
Rhône-Alpes. Le travail de recensement est un
véritable casse tête car tout le monde peut organiser le Hadj en
France. Selon la loi, les associations ne peuvent organiser des voyages que si
elles disposent d'un numéro d'agrément délivré par
les préfectures. Or nous recensons un nombre impressionnant
d'associations n'ayant pas cet agrément. Cette année encore, plus
d'un millier de personnes souhaitant accomplir le pèlerinage à La
Mecque ont été flouées en France. Elles sont victimes
d'intermédiaires peu scrupuleux qui profitent de l'explosion du
marché du cinquième pilier de l'islam depuis cinq ans. Depuis
début octobre (mi-ramadan), les
publicités douteuses et mensongères se sont
multipliées et avec elles leur lot de rabatteur. Le CRCM
Rhône-Alpes a pris les devants en mettant directement en garde
les rabatteurs, officieux ou liés par contrat à des agences
malhonnêtes. Ainsi, pour remédier à cette situation, le
CRCM propose comme solution l'édition du premier
contrat de voyage « Le pèlerinage à la Mecque est l'un des
seuls voyages en France qui ne disposent pas de contrat de voyage. Ce qu'il
faut savoir c'est qu'en application du code du Tourisme, votre agent de voyage
a l'obligation de vous informer par écrit, avant la conclusion du
contrat, du contenu des prestations proposées relatives au transport et
au séjour, du prix et des modalités de paiement et des conditions
d'annulation du contrat. Ce contrat doit être écrit en
français, personnel et nominatif, établi en double exemplaire,
comportant les noms et adresse du vendeur, son numéro de licence. Le
CRCM Rhône-Alpes a édité le premier
contrat de voyage type qui sera proposé à toutes les parties
organisant le pèlerinage sur la région lors du prochain
pèlerinage. Il aura pour but de protéger de manière
juridique les futurs pèlerins. »
-Au Bénin, les données ne sont pas
informatisées et même les cahiers de charges ne sont pas
publiés comme nous l'avons constaté dans les autres pays.