I.3. LE VADE MECUM DU GESTIONNAIRE D'UNE INSTITUTION
D'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE EN RDC
I.3.1. Definition
Par enseignement supérieur et universitaire, il faut
entendre l'ensemble d'activités académiques, scientifiques et
autres exercées par les universités, les instituts
supérieurs techniques, les instituts supérieurs
pédagogiques ainsi que par tous les autres organismes en rapport avec
l'objet social de ceux-ci.
L'Enseignement Supérieur et Universitaire a pour but :
a) d'assurer la formation des cadres de conception dans tous les
secteurs de la vie nationale;
b) d'organiser la recherche scientifique fondamentale et la
recherche appliquée orientée vers la solution des
problèmes spécifiques de la RDC, compte tenu de
l'évolution de la science, des techniques et technologies dans le monde
contemporain.
c) de former des cadres spécialisés dans le
domaine des sciences, des techniques appliquées, des arts et
métiers;
d) d'organiser la recherche scientifique en vue de
l'adaptation des techniques et technologies nouvelles aux conditions
spécifiques de la République Démocratique du Congo;
e) d'encourager la promotion des arts et métiers.
I.3.2. Les organes de gestion des institutions d'ESU
Les articles 25 et 26 de l'ordonnance-loi n° 025-81 du 3
octobre 1981 portant organisation générale de l'enseignement
supérieur et universitaire, stipulent ce qui suit : Art. 25.
à Les universités, les instituts supérieurs
techniques et les instituts supérieurs pédagogiques sont des
personnes morales de droit public, à caractère scientifique. Ils
jouissent de l'autonomie de gestion et disposent chacun d'un patrimoine propre,
spécialement affecté à son objet.
Art. 26. à Aux termes de la
présente ordonnance-loi, les universités et les instituts
supérieurs sont des organes de gestion et d'exécution de
l'enseignement supérieur et universitaire. Ils comprennent en leur sein
les organes suivants:
1) le conseil de l'université ou de l'institut;
2) le comité de gestion;
3) le recteur, le directeur général ou le
directeur;
4) le conseil de faculté ou de section;
5) le conseil de département.
I.3.3. Bref historique de l'enseignement supérieur
et universitaire en RDC
L'histoire de l'ESU en R.D.C., vieille d'une cinquantaine
d'années, peut être fractionnée en quatre périodes
successives : la période coloniale, celles de 1960 à 1971, de
1971 à 1981 et de 1981 à ce jour.
Pendant la période coloniale, la politique de
l'administration scolaire était caractérisée par une forte
orientation paternaliste et utilitaire. L'enseignement y était
volontairement très réduit, car cette politique scolaire
coloniale n'envisageait pas la formation d'une élite capable
d'accéder, plus tard, à de grands postes de
responsabilité.
(Le Than Khôi, 1971).
Jusqu'en 1960, l'enseignement supérieur et
universitaire était marginalisé ainsi que la pénurie de
cadres indispensables pour la gestion du pays après
l'indépendance. Cette pénurie a motivé la réforme
de l'enseignement primaire et secondaire dès 1961, la création
des institutions d'enseignement supérieur pédagogique, devant
soutenir le développement de l'enseignement du premier et du second
degrés, et des institutions d'enseignement supérieur
technique.
De l'indépendance de la R.D.C. jusqu'à 1971,
l'enseignement supérieur fonctionnait selon un schéma qui n'avait
pas été repensé par et pour le pays. Des critiques
fusaient alors de partout pour déplorer l'inadaptation des
méthodes d'enseignement, des programmes, des structures d'enseignement
et des contenus des cours par rapport aux étudiants et
l'inadéquation de la formation donnée par rapport aux besoins de
la société (Verheust, 1974, pp. 13-14).
C'est alors qu'une réforme est intervenue en 1971,
laquelle a consisté essentiellement en l'unification de l'enseignement
supérieur et universitaire consacrée par la création de
l'Université Nationale du Zaïre (UNAZA). Ainsi, toutes les trois
universités de l'époque (Lovanium, l'Université Officielle
du Congo et l'Université Libre du Congo) de même que tous les
instituts supérieurs pédagogiques et techniques ont
été placés sous l'administration d'un seul rectorat, les
universités devenant, du coup, des campus universitaires.
L'E.S.U., issu de la réforme de 1971, n'a pas
été exempté des critiques adressées à cet
enseignement au cours de la période de 1960 à 1971. De plus en
plus, on a remarqué une inadéquation entre la formation
dispensée au niveau de l'ESU et les besoins de la société.
L'ESU est devenu presque comme un produit de consommation pour les cadres
académiques et administratifs ; il n'est pas un outil assez efficace
pour accélérer le progrès de la société.
Par ailleurs, la centralisation outrée de
l'administration de l'UNAZA ne pouvait pas impulser l'efficacité de la
gestion des établissements. C'est pourquoi une nouvelle réforme a
été opérée en 1981 essentiellement au niveau de
l'administration, plaçant l'accent sur l'autonomie dans la gestion des
établissements de l'ESU. Chaque campus universitaire a
subséquemment retrouvé son statut
antérieur d'université autonome, dotée de son propre
rectorat.
En 1990 (début du processus de démocratisation),
il s'est observé un essaimage des institutions d'enseignement
supérieur et universitaire dans les différentes contrées
du pays et un véritable engouement des étudiants pour ces
institutions. Toutefois, l'essaimage des institutions d'ESU ne s'est pas
accompagné de la réforme des programmes. La nouvelle donne
politique en RDC ainsi que l'évolution de la science et de la
technologie (à l'instar de l'informatique), voire l'émergence de
la mondialisation nécessitaient donc la révision des programmes
devenus alors surannés. Il a fallu attendre la période de
transition politique, consécutive à une longue période de
conflits armés, pour voir se matérialiser l'idée de la
réforme des programmes en 2003 ; année à laquelle le
Programme du Gouvernement, à travers le pacte de modernisation de
l'enseignement supérieur et universitaire « Padem », a retenu
entre autres comme priorité le renforcement des capacités
managériales des gestionnaires du système éducatif. Cette
nouvelle réforme a ainsi été matérialisée
à travers un document appelé « Vade-Mecum du gestionnaire
d'une institution d'enseignement supérieur et universitaire » et a
essentiellement concerné les programmes de formation et l'organisation
des études au sein des institutions de l'ESU en RDC.
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