CHAPITRE IV : FEMME FONCTIONNAIRE ET OBLIGATIONS
FAMILIALES
La sphère domestique est le premier lieu de travail de
la femme. Elle lui est même réservée dans la tradition.
Concilier le travail et l'éducation de l'enfant n'est pas chose
aisée, car travailler et éduquer sont en réalité,
deux fonctions très importantes qui doivent être bien
menées pour le bénéfice de la famille. Fonctionnaire et
mère, deux options contraignantes, deux sacerdoces qui ne doivent
nullement se repousser et encore moins s'opposer. Dans ce chapitre il sera
question de voir en termes d'investissement, la femme dans l'équilibre
familiale, dans les tâches domestiques, dans l'encadrement des enfants,
et la distraction des enfants.
IV.1. l'équilibre familial
L'épouse fonctionnaire exerce son métier le plus
souvent loin du domicile. Il y a donc un temps pour le travail et un temps pour
l'éducation de l'enfant. Deux fonctions différentes dans deux
cadres différents. C'est là, la première difficulté
qu'on perçoit. L'enfant que l'on éduque et que l'on veut voir
s'insérer dans la société a besoin d'un certain nombre de
choses pour son épanouissement intégral. Les femmes
enquêtées trouvent qu'il faut la paix et l'harmonie dans la
famille, toute chose impossible dans un environnement familial où l'on
ne fait qu'enregistrer des empoignades verbales ou physiques. L'enfant
éprouve d'énormes plaisirs à voir d'une part ses parents
vivre dans une entente mêlée d'une complicité positive et
d'autre part les voir échanger ou être souvent ensemble. Ceci le
rassure et lui donne la certitude qu'il peut compter sur des parents qui
disposent de tout le pouvoir d'agir dans ses intérêts. Cette
harmonie, cette paix, lui procure une force de résistance à toute
épreuve, y compris le temps d'absence de ses parents.
Dans la pratique et surtout pour pérenniser cette
confiance, cette harmonie doit se faire observer tant dans les paroles que dans
les actes des parents. Toute contradiction ou toute désapprobation dans
les faits et gestes de ces derniers, déstabilise l'enfant, avec le grand
risque de le voir prendre parti pour l'un des parents et donc de se dresser
contre l'autre. Aucune orientation pour l'éducation ne peut être
offrir à l'enfant dans un contexte d'incompréhensions
répétées.
Les femmes interrogées ont également
affirmé qu'il faut mériter la confiance de l'enfant en affichant
un tableau de comportement sincère et véridique avec la tenue de
toute promesse faite à l'enfant. Ceci stipule donc que lorsque les
paroles et les actes des parents conduisent l'enfant à douter d'eux, il
se crée en lui, un sentiment d'incertitude et de manque d'orientation.
Il est sans doute déséquilibré en son fort
intérieur et par conséquent vit dans des conditions de non
conviction.
Elles sont à l'unanimité d'accord en
déclarant qu'il faut permettre à l'enfant d'être fier de
ses parents. Cela passe par la retenue dans la parole (le choix des mots et des
expressions), la décence dans l'habillement, l'appréciation
qu'ils font d'eux-mêmes et des autres. En d'autres termes, il faut
exclure toute extravagance dans tous les domaines de la vie. Il faut permettre
à l'enfant d'entendre quelqu'un d'autre apprécier positivement
ses parents à lui. Ce sentiment de fierté prédispose
l'enfant à suivre les conseils de ces derniers. Autrement dit, la
qualité de vie que l'on veut inculquer à l'enfant, doit lui
être communiquée par le vécu quotidien des parents.
A la question de savoir comment elles concilient le travail et
l'éducation des enfants, elles répondent dans leur
majorité qu'elles font l'effort de ne pas évoquer les contraintes
liées à la fonction pour priver l'enfant de ce dont il a droit.
En effet, comme Damiba (2009), « ...que de femmes fonctionnaires
cherchant à s'exonérer pour le manque de temps à consacrer
à l'enfant, clament : des propos du genre : "je ne peux pas
faire ceci ou cela à cause de mon travail". Certaines autres iront
jusqu'à faire entendre à l'enfant des propos du genre : je
ne suis pas bien payée au travail, voilà pourquoi je ne peux pas
t'acheter ceci ou cela". Tenir de tels propos conduit l'enfant à voir
dans le travail de maman, un adversaire, si ce n'est un ennemi qui lui arrache
sa maman et qui ne lui procure pas grand-chose ». L'auteur
continue en disant que « du coup, on coupe et on anéantit
l'ardeur au travail, l'amour pour le travail. Tous les conseils et tout
l'encadrement pour que l'enfant réussisse à l'école
passeront à côté, car l'enfant n'y verra aucun
intérêt. La femme fonctionnaire doit éviter de dresser
l'enfant contre ce qu'elle fait, et le voir contrarié chaque fois que
maman se rend au travail. Il se dira que maman a préféré
le travail à lui. Autre chose à éviter, c'est la
médiocrité dans ce que la femme fonctionnaire accomplit dans son
service, et un laisser-aller inqualifiable ». L'éducation,
c'est donc d'abord l'exemple dans ce que l'on dit et fait au quotidien. Une
femme ayant deux enfants a fait une déclaration en ces termes :
« le plus jeune de mes enfants me demandait un jour après
8heures si je n'allais pas au service et je lui ai répondu oui. Il
continue en disant, tu cries chaque fois que j'accuse de retard pour le cours.
Cela m'a touché parce qu'il faisait allusion à mon
retard ». Pour donc faire passer le message sur la
ponctualité à l'école, L'accomplissement des devoirs, il
faut que ces vertus s'observent quotidiennement chez maman.
L'éducation de l'enfant pour la femme fonctionnaire est
de vivre dans le vrai. Elle évite le camouflage en paroles et en actes.
Elle travaille et donc soumise à des contraintes de tous genres, et
pour réussir dans l'effort d'éducation de ses enfants ; elle
fait d'abord violence sur elle-même pour ne pas vivre le contraire de ce
qu'elle souhaite pour ses enfants ; elle se donne un point d'honneur
à réussir dans la sphère publique que celle familiale pour
l'équilibre.
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