PARAGRAPHE 3 :
PROPOSITIONS POUR UNE GESTION EFFICIENTE DES DSM
Comment faire pour aboutir à une gestion efficiente des
DSM ? Les chercheurs qui se sont intéressés au sujet pensent
qu'il faut d'abord avoir un comportement qui tende à sauvegarder
l'environnement et à l'assainir quotidiennement. Ces aptitudes
s'acquièrent à travers l'Education Environnementale (EE). A cette
prise de conscience, certains auteurs pensent qu'il faille ajouter la
valorisation des DSM, afin d'aboutir à une réduction
considérable des déchets à éliminer.
a- L'éducation
environnementale
Le sommet de Rio en 1992 a été un tournant
décisif en ce qui concerne la gestion de l'environnement. A partir de
la déclaration faite à ce sommet, il s'est
développé un courant de plus en plus soucieux de protéger
l'environnement, qui souhaite que les déchets soient traités en
vue de minimiser leur impact sur l'environnement naturel (Thuy, 1998b).
Adhérant à ce courant, le Canada a mis en oeuvre
des stratégies de gestion et de réduction des DSM. En effet, ce
pays dépensait plus de 1,5 milliards de dollars chaque année
pour le ramassage et l'élimination d'environ 30 millions de tonnes de
déchets (Meyronneinc, 1993). Le gouvernement a donc pris de nombreuses
dispositions parmi lesquelles un programme d'éco-civisme et de
sensibilisation de toute la population en matière des DSM. Il montre
donc que l'éducation environnementale est fondamentale quand on veut
effectuer une gestion efficiente des DSM, et vivre dans un environnement
sain.
Par ailleurs, d'autres conférences et symposiums ont
été tenus sur l'environnement où il a été
question de la nécessité d'une éducation environnementale.
Ce sont entre autres la 1ère conférence des Nations-Unies pour
l'environnement en 1972 à Stockholm, la 1ère conférence
intergouvernementale du monde sur l'éducation relative à
l'environnement organisée par l'Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) en coopération avec le
PNUE à Tbilissi en 1977. Ces conférences ont permis à des
pays comme l'Inde de prendre conscience de la nécessité de
l'éducation environnementale, au niveau de tous les âges et de
toutes les parties de la société, par le biais de l'enseignement
dans les écoles et les collèges. Plusieurs séminaires
interrégionaux relatifs à l'éducation sur l'environnement
se sont également tenus en Afrique (Dakar en 1976, Nairobi en 1982).
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a conduit des
projets d'éducation environnementale au Kenya, au Botswana et en Ouganda
en 1993. Ces actions portaient surtout sur l'hygiène et
l'assainissement, et les résultats obtenus ont été
spectaculaires (Initiative PHAST, 1993). Au Burkina Faso, l'éducation
environnementale est incluse dans les programmes d'études primaire,
secondaire et supérieure (Tohmé, 1991).
L'efficacité du système de la gestion des DSM
peut donc être renforcée par l'éducation environnementale.
En effet, si tous les acteurs du système ont pour objectif non seulement
d'éliminer les ordures, mais aussi de préserver leur
environnement, ils parviendront à de meilleurs résultats. Selon
les propos de Giolitto recueillis lors d'une conférence sur
l'environnement et l'EE en 1992, l'action directe et personnelle de chaque
être vivant sur le milieu où il vit est importante, qu'elle soit
bénéfique ou néfaste. Il ajoute que dans notre monde qui
crée une mentalité, des comportements de consommateur, des
attitudes, il faut faire naître des valeurs, car il s'agit d'une
éthique avec une solidarité dans l'espace et dans le temps.
b- La Valorisation des
DSM
La valorisation des DSM est la seconde option proposée
par les experts pour en assurer une gestion efficiente. En effet, Diop (1996c),
suggère que la gestion des déchets soit considérée
comme une activité rentable, génératrice de revenus et
créatrice d'emplois à intégrer dans le contexte
économique des villes africaines. Pour ce faire, les ordures ne doivent
plus être considérées comme une nuisance, mais comme une
ressource.
Gbedo (2002), dans ses travaux sur les pratiques
endogènes de valorisation des DSM à Cotonou a essayé
d'identifier et de décrire les pratiques endogènes de
valorisation des DSM à Cotonou ainsi que leurs effets sur le
système actuel de gestion des déchets. Il existe deux types de
valorisation des DSM, la valorisation énergétique et la
valorisation matière. Dans le rapport final de ses activités, le
Projet d'Appui à la Gestion des déchets à la
Décentralisation (Lawson et al., 2008), de l'ONG Bethesda fait
l'inventaire des diverses techniques de valorisation mises en oeuvre au
Bénin, où la valorisation de la matière est la plus
utilisée. Ce sont le recyclage, le compostage, la
réutilisation.
Ainsi, l'ONG « Qui dit mieux » est
citée pour son action en ce qui concerne le recyclage des déchets
plastiques, mais il existe également de nombreux artisans qui utilisent
les métaux usagés, les vieux vêtements pour produire leurs
oeuvres, ainsi que des artistes qui se servent d'objets usagés pour
réaliser leurs objets d'art. D'autres ONG exploitent les DSM pour la
fabrication de compost utilisé par les maraîchers. La collecte des
DSM sous forme de bouteilles et de boîtes se fait à travers
l'activité des femmes récupératrices, communément
appelées « Gohotos », avec le soutien de l'ONG
Oxfam-Québec. Ainsi, la valorisation est une activité
génératrice d'emplois et de revenus.
Certains auteurs proposent d'anticiper la valorisation
effectuée à la fin du processus de gestion en donnant aux ordures
une valeur marchande depuis la poubelle de leurs producteurs. Les ordures
valorisables sont cédées par les ménages à ceux qui
en font la collecte moyennant une rémunération forfaitaire, et
ces derniers les revendent aux entreprises de valorisation Cointreau,
(1996) ; Adegnika, (2004). La redevance directe pour l'enlèvement
des ordures n'est pas supprimée, mais le système permet de
rétrocéder aux ménages une partie de leur paiement. De
cette manière, les ménages sont incités à faire
eux-mêmes le tri de leurs déchets, les ordures
éliminées sont réduites, les coûts de transport vers
la décharge sont réduits, et le Lieu d'Enfouissement Sanitaire
(LES) a ainsi une plus longue durée de vie.
En somme, il apparaît que pour améliorer la
gestion des DSM, de nombreuses solutions pertinentes ont été
développées. Cependant, force est de constater que la plupart des
travaux et études effectués ont proposé des solutions
générales, qu'il serait utile de repenser dans l'espace et dans
le temps, en tenant compte des particularités de chaque ville, et des
exigences et contraintes de sa population. En outre, mises à part les
études de planification spécifiques effectuées par le
cabinet DESSAU, il n'existe pas de document de planification de la gestion des
DSM qui puisse servir de canevas pour une meilleure organisation de la gestion
des DSM dans la ville de Cotonou. Notre étude va donc porter sur les
moyens de réduction de la prolifération des DSM en
élaborant un cadre de planification approprié de la
pré-collecte.
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