CHAPITRE 2 : CADRE
THEORIQUE DE L'ETUDE
Ce chapitre est consacré au cadre théorique de
l'étude. Il s'agit de présenter dans un premier temps,
l'état des lieux de la gestion des DSM à Cotonou, ainsi que les
objectifs que vise l'étude et nos hypothèses de recherche. La
seconde partie est consacrée au résumé des études
et travaux ayant traité de la gestion des DSM puis à
l'exposé de la démarche suivie pour mener à bien notre
recherche.
SECTION1 : PROBLEMATIQUE,
OBJECTIFS ET HYPOTHESES
DE
RECHERCHE
Le premier paragraphe de cette section met en exergue
quelques- uns des éléments qui nous ont motivés à
choisir le présent thème. Le second paragraphe quant à lui
regroupe les objectifs et hypothèses qui sous-tendent notre
étude.
PARAGRAPHE 1:
PROBLÉMATIQUE
Le développement économique et l'urbanisation
ont généralement pour corollaire une augmentation de la
consommation et de la production des déchets par habitant (Programme des
Nations Unies pour l'Environnement, 2004). Le Bénin, comme la plupart
des pays en développement de l'Afrique de l'Ouest n'a pas
échappé à cette réalité. En effet,
l'inexistence notoire d'une politique cohérente d'aménagement du
territoire a engendré une urbanisation non contrôlée et une
explosion démographique jusque-là ingérable dans ces
grandes villes et plus particulièrement à Cotonou, sa capitale
économique. De 78300 habitants en 1961, l'effectif de sa population est
passé à 665100 habitants en 2002 et serait de 874961 habitants en
2012 (RGPH3, 2002). Cette croissance effrénée se traduit
notamment par l'installation abusive des populations dans les zones non
viables, la concentration de diverses infrastructures, ainsi que l'installation
de la quasi-totalité des ministères de la république dans
cette ville.
En outre, la ville de Cotonou est un grand centre
d'activités commerciales et à ce titre, elle draine beaucoup de
monde. D'après le Plan de Développement Communal (PDC, 2008a),
elle concentre plus de 45% des actifs des dix principales villes du
Bénin contre 14,5 % et 7,2% respectivement pour les villes de Porto-Novo
et Parakou. Toutes ces activités de production et de consommation
favorisent la production massive de déchets dont la gestion constitue un
problème crucial pour les autorités municipales et
gouvernementales.
La ville de Cotonou produit environ 718 tonnes de
déchets solides par jour, et la mairie, compte tenu de ses moyens,
n'arrive à collecter qu'environ 500 tonnes. Il y a donc en moyenne, 218
tonnes de déchets solides soit 30,4% de déchets qui restent
entassés dans la ville chaque jour (Mairie de Cotonou, 2008b). Cela
suppose qu'en une année, environ 79 788 tonnes de déchets
demeurent non collectées. A cela s'ajoute l'absence de poubelles
publiques au niveau des principales artères de la ville, ce qui explique
en partie le fait que les usagers jettent les déchets sur la
voie ; même les places publiques servent parfois de dépotoirs
d'ordures. Par ailleurs, les caniveaux préalablement conçus pour
le drainage de l'eau sont pour la plupart obstrués par les
déchets que la population y déverse.
Ces comportements traduisent l'incivisme des ménages et
leur insouciance vis-à-vis des conséquences inhérentes
à leurs actes. En effet, 49% des ménages de Cotonou ignorent les
risques sanitaires liés aux ordures. Les Déchets Solides
Ménagers (DSM) sont sources de nombreuses maladies telles que les
gastro-entérites, le choléra, la dysenterie, les parasitoses
intestinales, la bilharziose, la fièvre jaune, les infections des yeux,
la salmonellose, le typhus murin, l'histoplasmose et la leptospirose. Les
espaces où sont concentrés les déchets sont des zones
propices au pullulement des agents pathogènes que sont les moustiques,
les mouches, les rongeurs etc. En ce qui concerne les moustiques et les
mouches, ils sont vecteurs de divers maux dont le paludisme et la maladie du
sommeil. Remarquons qu'outre ces maladies, les enfants peuvent contracter le
tétanos en jouant avec les morceaux de métaux rouillés que
l'on retrouve parfois mêlés aux DSM. Les objets tranchants tels
les lames et ciseaux usagés présentent aussi d'énormes
risques d'infections. L'obstruction des caniveaux par les DSM empêche
l'écoulement des eaux pluviales et usées augmentant ainsi les
risques d'inondation.
Conscient de l'enjeu que représente une bonne gestion
de l'environnement, le gouvernement béninois a institué un
certain nombre de textes et lois en la matière. La Constitution du 11
Décembre 1990 à travers son article 27, la création du
Ministère en charge de l'Environnement, l'adoption en 1993 d'un Plan
d'Action Environnemental (PAE), l'adoption d'une loi-cadre sur l'environnement
et la création de l'Agence Béninoise de l'Environnement (ABE)
sont autant d'éléments qui attestent de l'importance qu'accorde
le Bénin à la gestion de l'environnement. En outre, l'article 93
de la loi n°97-029 du 15 janvier 1999 confère aux
municipalités la gestion de l'environnement, de l'hygiène et de
la salubrité de leurs communes. La mairie de Cotonou s'y attelle par le
biais de sa Direction des Services Techniques (DST). Cette dernière a
pour tâche d'assurer divers services publics dont la gestion des DSM et
s'y adonne au mieux de ses capacités. On en veut pour preuve, sa
coopération étroite avec l'ONG Oxfam-Québec qui lui
apporte une contribution très importante via l'octroi des
équipements, la construction de points de regroupement
aménagés et la formation des agents éboueurs en vue d'une
meilleure prestation de leurs services. La création au sein de cette
direction d'une ligne verte permettant aux ménages de s'abonner
directement et d'exposer leurs plaintes par rapport à la mauvaise
gestion des DSM témoigne aussi de leur volonté à
résorber le problème que pose la gestion des ordures. Par
ailleurs, le partenariat de la Mairie avec six entreprises privées (le
Manoir, les A.S, la Béninoise de l'Environnement, Aviansou & Fils,
Xilos et Omonloto) et sa collaboration avec les ONG de pré- collecte
vont dans le sens d'une meilleure gestion des DSM dans la ville.
Malgré les efforts consentis, la situation ne semble
pas s'améliorer. Des tas d'ordures jonchent les abords de la voie
ferrée située derrière la mosquée de Zongo et le
boulevard de l'Europe. Le terre- plein central situé en face de la
pharmacie les Quatre Thérapies à Dantokpa sert souvent de
réceptacle d'ordures. De même, les quartiers comme
Gbégamey, Ste Rita, Ste Cécile pour ne citer que ceux-là,
présentent un aspect très dégradant pour la ville de par
le nombre de dépotoirs sauvages qu'on y décompte. Dans les
quartiers marécageux, tels que Dandji dans le 1er arrondissement, les
ordures ménagères servent souvent de remblai et les ONG de
pré-collecte, compte tenu de leurs moyens de transport (charrettes
à traction humaine) rencontrent des difficultés pour y
accéder. Le constat est le même à Agla dans le 13ème
arrondissement. Certains individus indélicats y soudoient les
pré-collecteurs afin que ces derniers déversent les ordures
collectées dans les bas-fonds où se situent leurs parcelles. En
résumé, 70% des déchets ménagers sont jetés
dans les rues, soit enfouis dans le sol ou utilisés comme remblais dans
les zones marécageuses de la ville de Cotonou (Soclo, 1999). Cette
situation suscite en nous plusieurs questions dont la principale est :
Par quelle politique peut-on réduire
efficacement la prolifération des DSM dans la ville de
Cotonou ?
Les interrogations susceptibles de nous aider à
répondre à la question sus- citée se formulent comme
suit:
ü Quelles sont les causes de la défaillance
observée en matière de pré-collecte à
Cotonou ?
ü Quels sont les déterminants de l'incivisme des
ménages en matière de gestion des DSM à Cotonou?
ü Quels sont les facteurs justificatifs du recours aux
dépotoirs sauvages observé chez les agents pré-collecteurs
des DSM dans la ville de Cotonou?
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