I.3. La résurgence des débats au Nord Kivu sur
la nationalité
La cohésion sociale qui jadis caractérisait les
peuples est rompue. Chaque communauté ethnique se referme sur
elle-même. Cette rupture de dialogue entre communautés ethniques
est un danger permanent pour la partie Sud de la province du Nord Kivu.
Mais aussi, on observe un clivage entre ceux qui s'appellent
groupe des « sept » (autochtones qui sont les Nandé,
Kano, Kumu, Hunde, Nyanga, Tembo et Mbuti) et le groupe des
« deux » (Tutsi, Hutu). Cette conception idéologique
divise actuellement le peuple dans cette partie Sud du Nord Kivu. Il y a lieu
en outre de s'interroger si ce groupe de « deux » que nous
qualifions de naturalisés s'accepte comme Congolais ou qu'ils ne se
reconnaissent pas comme tel car leur ralliement derrière des mouvements
de revendication de la nationalité donne matière à
réflexion.
Cette question de la nationalité inquiète
finalement les autochtones lorsque même ceux qui se disent congolais ne
rangent encore derrière des mouvements de revendication. Soit que ces
populations sont congolaises, soit qu'elles sont étrangères et
qu'elles voudraient obtenir la nationalité congolaise.
Ces interrogations deviennent accrues et importantes lorsque
les populations qui réclamaient ensemble se divisent que certaines
d'entre elles commencent à traiter les autres d'étranger.
Pourquoi cette division aujourd'hui sur la question de la
nationalité parmi les naturalisés ? Pour exercer un
leadership dans la région, les populations naturalisées
congolaises, les Hutu et Tutsi devenus congolais ont profité de
l'ambiguïté créée par la loi pour accueillir d'autres
venus du Rwanda. En effet, des gens sont venus du Rwanda et sont entrés
dans des familles d'accueil parmi les naturalisés. Pendant longtemps,
ils ont été cachés par ces derniers qui pensaient devenir
ainsi nombreux et alors prendre le dessus sur tous les autochtones. Une chose
qu'ils avaient oublié cependant, c'est que ces gens en venant du Rwanda,
avaient également leurs ambitions. Tel est pris qui croyait prendre, ces
naturalisés se sont vus oubliés par les autres qui les ont
finalement utilisés comme des échafaudages, juste pour atteindre
leurs objectifs. C'est ce qui fait alors que les naturalisés commencent
petit à petit à rompre le silence et à dénoncer
leur complicité qui ne les a pas profité. En même temps,
ces gens sont devenus, du moins certains d'entre eux, à la suite de
cette complicité, autorités congolaises. D'où, à la
revendication de leur identité et leur nationalité, ces
naturalisés commencent à créer leurs mouvements d'auto
défense pour combattre contre ceux qui se sont servi d'eux dans leurs
ambitions.
|