Lien entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique en Côte d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Oumar DIARRA Université de Cocody (Abidjan) - DESS des hautes études en gestion de la politique économique (DESS-HE-GPE) 2010 |
CHAPITRE II : EVOLUTION DU SERVICE PAYE DE LA DETTE EXTERIEURE, DE L'INVESTISSEMENT PRIVE ET DU PIB EN COTE D'IVOIRE DE 1980 À NOS JOURSL'évolution du service payé de la dette extérieure, de l'investissement privé et du PIB sera analysée à partir des phases que l'économie ivoirienne a connu à partir de 1970. 2.1. première phase (1970-1979) : les importants programmes d'investissement Avec un taux de croissance du PIB d'environ 5,1% par an, la Côte d'Ivoire a basculé dans la catégorie des Pays à Revenu Intermédiaire (PRI). Le PIB par habitant atteint 1114 $US en 197816(*). Les importants programmes d'investissement engagé par l'État ont stimulé les demandes publique et privée, et entraîné les investissements privés, qui ont augmenté à un rythme annuel de 16, 3% entre 1975 et 1978. C'est ainsi que leur part dans le PIB a passé de 13,1% en 1974 à 16,3% en 1978. Le processus d'endettement était à ses débuts avec une forte progression de la dette de l'Etat et des structures publiques vis-à-vis des banques. Le ratio de l'encours de la dette au PIB a doublé, passant de 7 à 14%17(*). Le service de la dette extérieure payé par la Côte d'Ivoire n'avait jamais atteint 1% du PIB sauf en 1979. 2.2. Deuxième phase (1980-1993): les programmes d'ajustement structurel Malgré la mise en oeuvre de quatre (4) programmes d'ajustement structurel18(*), l'économie ivoirienne a connu six années de récession sur un total de quatorze (14)19(*). Ces programmes ayant pour objectif principal, le retrait de l'Etat du secteur productif au profit du privé n'ont pas eu de résultats probants. Le niveau des investissements privés a considérablement baissé, passant de 15,4% du PIB en 1980 à 5% en 1993. L'Etat a fournit de grands efforts dans le paiement du service de la dette qui a passé de 2,36% du PIB en 1980 à 7,46% du PIB en 1985 pour tourner autour de 3% du PIB en fin de période. Malgré tout, l'encours de la dette atteint mille milliards de FCFA pour la première fois en 1981, il a doublé entre 1991 et 1992 passant de 2287 milliards à 4597,2 milliards de FCFA. La Côte d'Ivoire a connu ses premières difficultés de remboursement et a commencé à accumuler des arriérés à partir de 1992. Source : DDP et DCPE Côte d'Ivoire 2.3. Troisième phase (1994-1998) : la dévaluation du franc CFA Après plus de dix (10) ans d'ajustement interne et budgétaire sans succès, l'économie des pays de l'UEMOA en général et de la Côte d'Ivoire en particulier était toujours mal en point. Le 12 janvier 1994, la dévaluation de 50 % du franc CFA par rapport au franc français intervient. Si cette dévaluation a eu des effets positifs sur l'économie ivoirienne sur un plan global (le PIB croit de 5,4% en moyenne entre 1994 et 1998), elle a aggravé l'endettement de la Côte d'Ivoire vis-à-vis de l'extérieur. En effet, le franc français étant la monnaie à laquelle était rattaché le FCFA, la dévaluation de 50% du FCFA par rapport au franc français a impliqué le doublement de la dette des pays membres de l'UEMOA pour tous les bailleurs de fonds extérieurs. C'est ainsi que l'encours de la dette extérieure de la Côte d'Ivoire est passé de 5043 milliards de FCFA en 1993 à 9330 milliards de FCFA en 1994. Malgré les énormes efforts de remboursement suite à un regain de la croissance, la Côte d'Ivoire a continué d'accumuler des arriérés qui ont passé de 3051 milliards en 1994 à 4182 milliards de FCFA en 1997. Mais l'année 1998 a été marquée par l'annulation de la totalité de ces arriérés grâces aux accords signés avec les bailleurs. Les investissements ont connu une vraie mutation du secteur public vers le privé à cause des différents programmes sur la période 1994-1999. Les investissements privés représentaient plus de 60% des investissements globaux, ils ont passé de 6% du PIB en 1994 à 11% du PIB en 1998. Ce développement a été favorisé certes par la reprise économique, mais surtout par la mise en place d'un nouveau cadre plus incitatif, conformément à la volonté du gouvernement de faire du secteur privé le garant de la croissance économique. Source : DGP et DCPE Côte d'Ivoire 2.4. Quatrième phase (1999 a nos jours) : la crise politico-militaireL'année 1999 a marqué une nouvelle ère dans la vie politique et économique de la Côte d'Ivoire. Le coup d'Etat de décembre 1999 a instauré un climat d'incertitudes économique et politique qui a été préjudiciable à l'économie nationale toute entière. L'ensemble des projets d'infrastructures publiques programmés dans le cadre des «douze travaux de l'éléphant d'Afrique» a été gelé, réduisant du coup le flux de capitaux privés liés à la réalisation de ces projets. L'investissement privé a baissé de 3% entre 1999 et 2000. La Côte d'Ivoire est arrivé à réduire considérablement l'encours de sa dette extérieure. En effet, l'encours est passé de 6777 milliards de FCFA en 1999 à 4071milliards de FCFA en 2007. Malgré tout, la mauvaise situation économique engendrée par la crise a fait que le pays a accumulé des arriérés qui sont passé de 32 milliards de FCFA en 1999 à 2311 milliards de FCFA en 2007. Face à cette situation, la Côte d'Ivoire, après deux premières tentatives sans succès arrive enfin à atteindre le point de décision de l'initiative PPTE le 31 mars 2009. Cette initiative comme pour un bon nombre de pays pauvres très endettés, constitue pour la Côte d'Ivoire une lueur d'espoir dans la problématique de l'allègement de sa dette extérieure. La revue de la littérature et des travaux empiriques sur notre sujet nous montre combien les avis sont partagés sur le lien existant entre nos variables. L'aperçu sur l'évolution de nos trois variables en Côte d'Ivoire de 1970 à 2007, nous donne un pressentiment d'un lien fort entre d'une part le service payé de la dette extérieure et l'investissement privé et d'autre part entre ce dernier et le niveau du PIB. Ce lien semble plus accentué entre l'investissement privé et le PIB. Les périodes de croissance étant accompagnées d'un niveau acceptable de l'investissement privé. Après cette première partie sur la revue des littératures théorique et empirique et l'aperçu sur l'évolution des variables en Côte d'Ivoire, nous passons à l'analyse empirique du lien du triptyque en deuxième partie. * 16 World development Indicators 2008. * 17 NGARESSEUM (2005) loc. cit. * 18 1981-1983; 1984-1985; 1986-1988; 1990-1992. * 19 1982; 1983; 1986; 1989; 1991; 1992 (World development Indicators 2008). |
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