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Lien entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique en Côte d'Ivoire

( Télécharger le fichier original )
par Oumar DIARRA
Université de Cocody (Abidjan) - DESS des hautes études en gestion de la politique économique (DESS-HE-GPE) 2010
  

Disponible en mode multipage

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UFR-SEG/CIRES

PROGRAMME DE FORMATION EN GESTION

DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE

Union-Discipline-Travail

UNIVERSITE DE COCODY

THÈME

LIEN ENTRE LE SERVICE PAYÉ DE LA DETTE EXTERIEURE, L'INVESTISSEMENT PRIVÉ ET LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN CÔTE D'IVOIRE

D.E.S.S.

Hautes Etudes en Gestion de la Politique Economique

11ème Promotion (2009-2010)

PRESENTE PAR :

M. DIARRA Oumar

SOUS LA DIRECTION DE :

· Dr. AHOUNOUD Benié

Enseignant -Chercheur/ UFR-SEG

· M. ZIKEY Célestin

Sous Directeur des études à la DDP

Juillet 2010

DEDICACE

À :

· la mémoire de mon père, feu Kalifa DIARRA ;

· Kalifa DIARRA, mon fils.

Puisse l'ésotérisme de l'homonymie transmettre à celui-ci les immenses qualités humaines qu'avait celui-là.

DIARRA Oumar

Auditeur GPE d'Abidjan, 11ème Promotion

REMERCIEMENTS

Je remercie tout d'abord le tout puissant ALLAH, de m'avoir donné la force de terminer ce travail.

Ensuite mes remerciements vont à l'endroit de :

· Docteur Séca Paul ASSABA, Directeur du Programme GPE ;

· Docteur AHOUNOUD Benié Enseignant -Chercheur/ UFR-SEG pour avoir accepté de diriger ce travail ; 

· M. ZIKEY Célestin Sous Directeur des études à la DDP pour l'encadrement de ce travail sur le plan professionnel ;

· tout le personnel de la DDP ;

· ma soeur OUÉLOGO Mariam pour son soutien.

Je ne saurais terminer ces propos sans témoigner de ma reconnaissance à la famille DIARRA, de Kati Malibougou (Mali) pour son soutien tout long de cette année d'étude.

A tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail, trouvez ici l'expression de ma profonde gratitude.

AVANT PROPOS

Dans le cadre de leur formation, les auditeurs du Programme de Formation en Gestion de la Politique Economique (GPE) effectuent à la fin de leur formation, un stage professionnel dans les organismes internationaux, les institutions publiques, parapubliques ou privées. Ce stage permet à l'auditeur d'appliquer sur le terrain les connaissances acquises durant la phase théoriques et constitue une occasion d'échanges fructueuses entre l'auditeur et le personnel de l'institut d'accueil.

La fin du sage est sanctionnée par la rédaction d'un mémoire professionnel dont le thème est choisi en association avec l'institution d'accueil de l'auditeur. Ce mémoire professionnel fait l'objet d'appréciation par un jury lors d'une soutenance.

Le présent mémoire a été élaboré à l'issue de (3) mois de stage du 1er Avril 30 Juin 2010, dont deux (2) mois par alternance et un (1) mois à temps plein à la Direction de la Dette Publique (DDP). L'étude a porté sur le thème suivant : « lien entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique en Côte d'Ivoire».

SIGLES ET ABREVIATIONS

ACBF: African Capacity Building Foundation

ADF : Augmented Dickey-Fuller

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CAPEC : Cellule d'Analyses de Politique Economique du CIRES

CIRES : Centre Ivoirien des Recherches Economiques et Sociales

DCPE : Direction de la conjoncture et de la Prévision Economique

DDP : Direction de le Dette Publique

DESS : Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées

F CFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FMI : Fonds Monétaire International

GPE : Gestion de la Politique Economique

KPSS: Kwiatkoswski-Phillips-Schmidt-Shin

PIB : Produit Intérieur Brut

PIP : Plan d'Investissement Public

PP : Phillips-Perron

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

PRI : Pays à Revenu Intermédiaire

SEG : Sciences Economiques et de Gestion

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

UFR : Unité de Formation et de Recherche

VAN : Valeur Actualisée Nette

VAR : vector AutoRegressive

VEC : Vector Error Correction

RESUME

La problématique de l'endettement extérieur renferme plusieurs théories dans la littérature économique. Nous nous sommes particulièrement intéressés à celle, selon laquelle le service de la dette extérieure agit négativement sur la croissance économique par le biais de l'investissement privé dans le cadre l'économie ivoirienne.

Notre démarche méthodologique a consisté dans un premier, temps à faire une revue des études antérieures sur l'évolution du triptyque. Dans un second temps, l'analyse économétrique a fait intervenir les notions d'équilibre de long terme, de causalité au sens de Granger et l'estimation d'un modèle à correction d'erreur.

De cette étude économétrique les résultats suivants ont été dégagés :

· il existe une relation d'équilibre de long terme entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique en Côte d'Ivoire c'est-à-dire qu'ils évoluent au même taux à long terme;

· l'investissent privé cause au sens de Granger la croissance économique en Côte d'Ivoire, les autorités peuvent mener des politiques de croissance en agissant sur l'investissement ;

· les valeurs passées et présentes du service payé de la dette extérieure ne permettent pas de mieux prévoir les valeurs de l'investissement privé en Côte d'Ivoire (absence de causalité) ;

· à long terme, l'investissement privé agit positivement et significativement sur le PIB ;

· à court terme, l'investissement privé et le service payé de la dette extérieure agissent significativement sur le PIB. Le premier ayant un effet positif et le second un effet négatif.

Au vu de ces résultats, les recommandations de politiques économiques suivantes ont été faites :

· l'Etat ivoirien doit continuer sur sa lancée concernant la stimulation de l'investissement privé à travers la relecture du code des investissements et l'instauration d'un climat des affaires plus attrayant en vue d'atteindre les objectifs de croissance tant recherchés ;

· la politique de relance de l'économie à travers l'investissement privé ne doit pas se focaliser sur le montant payé dans le service de la dette extérieure ;

· l'initiative PPTE est une opportunité à ne pas manquer en vue de l'obtention d'une réduction considérable et définitive du poids de la dette extérieure ;

· les nouveaux engagements de l'Etat en termes de dettes extérieures devraient être analysés sérieusement, notamment sous l'angle de leur incidence actuelle et future sur le budget de l'Etat ;

· le renforcement des capacités institutionnelles et la bonne gouvernance apparaissent aujourd'hui nécessaires, en Côte d'Ivoire pour surmonter les contraintes liées au problème fondamental de l'endettement et de l'investissement.

SOMMAIRE

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

AVANT PROPOS iii

SIGLES ET ABREVIATIONS iv

RESUME v

SOMMAIRE vi

LISTE DES TABLEAUX ET DES GRAPHIQUES vii

INTRODUCTION GENERALE 1

PRÉMIERE PARTIE : REVUE DES ÉTUDES ANTÉRIEURES ET APERÇU SUR L'ÉVOLUTION DU SERVICE PAYÉ DE LA DETTE EXTÉRIEURE, DE L'INVESTISSEMENT PRIVÉ ET DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN CÔTE D'IVOIRE 5

CHAPITRE I : BASES THEORIQUES ET ETUDES EMPIRIQUES DES RELATIONS ENTRE LE SERVICE PAYE DE LA DETTE EXTERIEURE, L'INVESTISSEMENT PRIVE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE 6

CHAPITRE II : EVOLUTION DU SERVICE PAYE DE LA DETTE EXTERIEURE, DE L'INVESTISSEMENT PRIVE ET DU PIB EN COTE D'IVOIRE DE 1980 À NOS JOURS 14

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN DU TRIPTYQUE 18

CHAPITRE III : APPROCHE METHODOLOGIQUE 19

CHAPITRE IV : APPLICATION ECONOMETRIQUE AU CAS IVOIRIEN 24

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 36

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES viii

ANNEXES x

TABLE DES MATIERES xxii

LISTE DES TABLEAUX ET DES GRAPHIQUES

 

LISTE DES TABLEAUX

Tableau1 : Evolution de l'encours, des services payés et des arriérés de la dette extérieure de 1980 à 1993...................15

Tableau 2 : Statistiques descriptives des séries utilisées......................................................................................................22

Tableau 3 : Coefficients de corrélation entre les variables.................................................................................................22

Tableau4 : résultat test ADF en niveau..............................................................................................................................25

Tableau 5 : résultat test ADF en différence première........................................................................................................26

Tableau 6 : Retard optimal selon les critères d'information..............................................................................................26

Tableau 7: Identification du modèle de cointégration........................................................................................................27

Tableau 8: résultat du test de cointégration de Johansen................................................................................................28

Tableau 9: résultat de l'estimation du VEC........................................................................................................................29

Tableau 10: résultat test de causalité au sens de Granger................................................................................................30

 

LISTE DES GRAPHIQUES

 

Graphique 1: Courbe de Laffer de la dette extérieure ........................................................................................................8

Graphique 2: Relation dette/investissement..........................................................................................................................9

Graphique 3: Evolution du taux de croissance du PIB, du taux des services payés de la dette extérieure et du taux d'investissement privé de 1994 à 2007................................................................................................................................16

Graphique 4 : Evolution comparée du logarithme du PIB et de celui de l'investissement privé......................................23

Graphique 5 : Evolution comparée du logarithme du PIB et de celui de du service de la dette......................................24

Graphique 6: Evolution comparée du logarithme du PIB et de celui de du service de la dette.......................................24

Graphique 7: fonctions de réponse impulsionnelle............................................................................................................31

INTRODUCTION GENERALE

Du début des années 1960 aux années 1977-78, la Côte d'Ivoire a connu une croissance essentiellement liée aux exportations du café et du cacao. Le PIB s'est accru alors de plus de 7% par an en moyenne. On a parlé de miracle ivoirien et la Côte d'Ivoire a intégré le cercle des pays à revenu intermédiaire (PRI).

Cette croissance qui était fondée sur l'exportation des produits agricoles a tourné à la dérive avec le retournement des cours du café et du cacao qui ont diminué de 40% entre 1978 et 1986 alors que la dynamique d'importations avait continué sur sa lancée. Cette chute de la valeur des exportations a inversé le résultat du solde commercial, qui, de largement excédentaire, est devenu déficitaire à partir de 1979.

L'Etat ivoirien s'était à la faveur de la croissance engagé sur d'importants programmes d'investissement1(*) il devait ainsi faire face à un accroissement continu de ses dépenses d'investissement. En 1981, selon les chiffres de la Banque Mondiale, les dépenses publiques d'investissement ont dépassé de 40% celles inscrites au Plan d'Investissement Public (PIP) pour les cinq années précédentes.

Par ailleurs, la chute brutale de l'épargne privée lui a compliqué la tâche. Face au retournement de la conjoncture, les entreprises étrangères ont rapatrié massivement leurs bénéfices, tandis que les travailleurs étrangers ont transféré une grosse partie de leur épargne en dehors des frontières. L'épargne brute totale a baissé respectivement de 5%, 13% et 70% en 1978, 1979 et 19802(*).

Privé d'épargne domestique et coincé par la baisse des recettes d'exportation, l'État a répondu à ses besoins de financement par un endettement extérieur massif. Le pays a connu en 1980 comme la plupart des pays de l'UEMOA, sa première crise de paiements extérieurs. Le déficit de la balance des paiements a atteint les 18% du PIB, le service de la dette a approché les 40% du PIB. En termes de montant, le service dû de la dette extérieure est passé de 116.6 milliards de FCFA en 1978 à 201.4 milliards de FCFA en 1980 pour atteindre 322.3 milliards de FCFA en 19813(*).

Cette crise de la dette extérieure s'est accompagnée d'un rétrécissement de l'investissement privé et des taux de croissance économique très faibles voir négatifs. En effet, le taux de croissance moyen du PIB a été environ de -0,31% entre 1980 et 1990 et l'investissement privé ne représentait en moyenne qu'environ 5% du PIB sur la même période, pendant que le service payé de la dette extérieure dépassait les 240 milliards FCFA en moyenne par an.

La situation récente n'est guère plus reluisante, car le pays a connu une croissance moyenne annuelle du PIB d'environ -0,23% entre 2000 et 2007. L'investissement privé ne représente qu'environ 10% du PIB sur la même période. Malgré tous les accords d'allègement de la dette extérieure obtenus à la fin de la période4(*), le service payé de la dette extérieure a dépassé une moyenne annuelle de 180 milliards de FCFA.

Au regard de ce qui précède, on est poussé à se demander quel genre de lien a-t-il existé entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique en Côte d'Ivoire ?

Par définition, le service de la dette est composé de l'amortissement du principal emprunté augmenté du remboursement de l'intérêt, il est généralement évalué annuellement. Il faut faire la distinction entre le service dû et le service payé, le service dû représente l'ensemble de la dette (principal et intérêt) échu que l'Etat doit payer, le service payé représente le montant effectivement payé par l'Etat5(*). La différence vient en augmentation des arriérés ;

Selon Guerrien (2002), «l'investissement est une opération qui consiste-pour une entreprise ou pour un pays à augmenter le stock de moyen de production (machines, équipements, de tous types, infrastructures, biens de tout ordre, mais aussi acquisition de connaissance et de formation des hommes), avec pour perspective une production future »6(*)

La seule différence entre l'investissement public et privé provient de l'identité de l'investisseur. L'investissement est donc public ou privé selon qu'il soit effectué par l'Etat ou par un opérateur privé. L'investissement est considéré dans tous les modèles de croissance comme le facteur le plus déterminant de la croissance économique.

Selon PERROUX7(*), la croissance « c'est l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues (chacune de ces périodes comprenant plusieurs cycles quasi-décennaux) d'un indicateur de dimension : pour une nation, le produit global net en terme réels. Ce n'est pas, il est nécessaire d'y insister au rebours d'une attitude qui se repend, l'augmentation du produit réel par habitant ».8(*)

Contrairement à la notion de développement qui a un caractère qualitatif et qui nécessite des changements sur plusieurs plans, la croissance est évaluée de façon quantitative.

Notre étude analyse le lien entre ces trois variables macroéconomiques en Côte d'Ivoire. Plus précisément, elle essaye de répondre aux questions suivantes :

· le service payé de la dette extérieure est-t-il un déterminant important du niveau de l'investissement privé en Côte d'Ivoire ?

· l'investissement privé joue-t-il son rôle de précurseur de la croissance économique dans l'économie ivoirienne? 

· les faibles taux de croissance économique connus à partir des années 1980 en Côte d'Ivoire trouvent-t-ils leur explication dans le niveau élevé du service de la dette extérieure ?

Les avis divergent dans la littérature économique sur le lien entre l'endettement extérieur, l'investissement et la croissance.

Si les Keynésiens considèrent que l'endettement, en général, n'entraîne pas de coût du fait des investissements nouveaux qu'il génère, lorsqu'il existe un sous emploi des ressources productives, les classiques assimilent l'endettement à un impôt futur. Hayek (1989), par exemple, dénonce la croissance réalisée grâce aux prêts extérieurs comme une croissance artificielle, fondée sur un investissement supérieur à l'effort d'épargne de la nation et provoquant un ajustement par l'inflation.

Il n'est pas aisé d'analyser le lien entre le service payé de la dette extérieure l'investissement privé et la croissance économique dans la mesure où les canaux par lesquels le service de la dette extérieure influence la croissance économique sont complexes.

L'analyse de cette relation nous a permis de faire une revue des études antérieures sur la question. Sur le plan empirique, l'étude a permis de déterminer l'existence ou non d'une relation d'équilibre de long terme entre les variables de l'étude c'est-à-dire de déterminer si elles évoluent ou non long terme au même taux. Elle a aussi permis de déterminer si la connaissance des valeurs passées et présentes des unes, permet de mieux prédire la valeur des autres (le sens de la causalité entre les variables). Après analyse de ces différentes relations, nous avons fait des recommandations de politique économique aux autorités ivoiriennes.

L'objectif général de l'étude était d'analyser les relations entre le service de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique.

De façon spécifique, elle a cherché à :

· déterminer le sens de causalité entre le service de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique;

· analyser l'existence ou non d'une relation d'équilibre de long terme entre les variables ;

· rechercher les réactions des unes suite à un choc sur les autres (analyse impulsionnelle).

Notre hypothèse de base stipulait qu'il existe une relation de causalité entre le service de la dette extérieure et l'investissement privé d'une part et entre ce dernier et la croissance économique d'autre part. Les hypothèses suivantes ont été testées :

· il existe une relation d'équilibre de long terme entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et le niveau du PIB;

· l'investissement privé cause au sens de Granger le PIB ;

· l'investissement privé et le PIB réagissent différemment à un choc sur le service payé de la dette extérieure.

L'approche méthodologique a consisté dans un premier temps, à faire une revue des études antérieures et un aperçu sur l'évolution du triptyque en Côte d'Ivoire. Dans un second temps, nous avons procédé à la vérification empirique de nos hypothèses de recherche. Pour cela, nous avons utilisé une approche économétrique basée sur l'étude de la cointégration de Johansen et l'analyse de la causalité au sens de Granger. L'étude économétrique a été faite à l'aide du logiciel EVIEWS 5 à partir des données secondaires fournies par la Direction de la Dette Publique (DDP) et la Direction de la Conjoncture et de la Prévision Economique (DCPE) de la Côte d'Ivoire.

Notre étude a été structurée en deux grandes parties. Une première partie a été consacrée à la revue de la littérature et des études empiriques du triptyque. La seconde partie a porté sur l'analyse empirique des relations.

PRÉMIERE PARTIE : REVUE DES ÉTUDES ANTÉRIEURES ET APERÇU SUR L'ÉVOLUTION DU SERVICE PAYÉ DE LA DETTE EXTÉRIEURE, DE L'INVESTISSEMENT PRIVÉ ET DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN CÔTE D'IVOIRE

CHAPITRE I : BASES THEORIQUES ET ETUDES EMPIRIQUES DES RELATIONS ENTRE LE SERVICE PAYE DE LA DETTE EXTERIEURE, L'INVESTISSEMENT PRIVE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE

1.1. les canaux de transmission

Un aperçu sur les canaux par lesquels le service payé de la dette extérieure influence la croissance économique nous renvoie à l'équation d'équilibre Y = C+I+G+(X-M).

Où :

· Y représente le PIB ;

· C représente la consommation ;

· I représente l'investissement ;

· G représente les dépenses publiques

· X, les exportations ;

· M, les importations.

De cette relation, on peut déduire que la variation du revenu, représentant la croissance économique, par la variation de ses variables indépendantes qui sont la consommation, les investissements les dépenses publiques et les exportations nettes des importations.

Tous les modèles de croissance, qu'ils soient d'inspiration néoclassique ou keynésienne, accordent à l'investissement une fonction essentielle dans la croissance. La croissance étant fortement lié à l'investissement dans ces modèles, il faut alors investir en capital physique ou social pour élever la croissance.

Ainsi, HARROD (1939)8(*) soutient que l'investissement exerce un double effet dans l'économie : un effet de revenu qui détermine le revenu et la demande globale (avec amplification par le biais du multiplicateur qui exprime l'aspect demande) et un effet de capacité par lequel, il accroît également la capacité de production : c'est l'aspect offre.

L'impact du service payé de la dette extérieure sur le PIB, passe par tous les éléments sus cités entrant dans sa formation :

· la consommation : la réduction des ressources interne causée par le paiement du service de la dette extérieure joue négativement sur la consommation ;

· l'investissement : théoriquement un service de la dette de plus en plus croissant joue sur les deux composantes de l'investissement. Constatant l'augmentation du service de la dette, les investisseurs privés anticipent une augmentation de l'impôt de la part de l'Etat. Ce qui les amène à diminuer leur investissement. De même, le paiement du service de la dette réduit les ressources disponibles pour l'investissement privé et oblige l'Etat à modifier la structure de ses dépenses (Selon la théorie de la contrainte de liquidité ou de l'effet d'éviction).

· les dépenses publiques : un service de la dette élevé obligera l'Etat à faire des efforts dans son budget de consommation pour faire face au service de la dette. Ceci contribuera à diminuer le volume de la consommation globale ;

· importation : le service la dette l'affecte en les réduisant. Le service de la dette devant être payé en devise, l'Etat peut ainsi renoncer à l'importation d'intrants ou de biens d'équipement pour pouvoir dégager la quantité de devises nécessaire au remboursement de la dette, ce qui va affecter la production.

· l'exportation : les facteurs sus indiqués affectent la production et la productivité de l'économie considérée, cela diminue la compétitivité des entreprises et réduit les capacités d'exportation.

1.2. revue de la littérature

L'approche traditionnelle de la croissance transmise par les mouvements de capitaux fait un lien entre financement extérieur, investissement et croissance. Les capitaux étrangers, en fournissant un complément d'épargne et des devises, devraient permettre une croissance accélérée des économies bénéficiaires.

Toutefois, l'expérience des pays très endettés montre qu'il y a un seuil au-delà duquel l'impact de l'endettement sur la croissance devient négatif. Rina et Benedict (2004) estiment ce seuil à environ 50% du PIB pour la valeur actualisée du stock de la dette extérieure, 20-25% pour la Valeur Actualisée Nette (VAN) et de 100 à 105% pour la valeur nette de la dette extérieure en pourcentage des exportations.

Comment un taux d'endettement élevé induit-il un faible taux de croissance économique ? Quels sont les canaux de transmission des effets de la dette sur la croissance ?

L'effet négatif de l'endettement sur la croissance trouve son explication dans l'hypothèse du fardeau virtuel de la dette "overhang debt" mis en évidence par (Krugman, 1987 ; Sachs, 1984). En effet, selon cette hypothèse, lorsque les investisseurs aussi bien domestiques qu'étrangers présagent que le niveau de la dette dépassera la capacité de remboursement du pays débiteur, ils envisagent une diminution de leur investissement anticipant ainsi sur une hausse du taux d'impôt de la part de l'Etat pour faire face au service de la dette qui augmente. En effet, un niveau d'endettement élevé signifie que l'Etat sera contraint d'augmenter les taxes pour payer le service. L'anticipation de la hausse de taxation décourage le secteur privé qui réduit ses investissements. Cette baisse des investissements affecte alors le taux de la croissance économique.

La courbe de Laffer10(*) fut reprise dans le cadre des contrats de dette souveraine (Krugman (1988b), Froot (1989), Sachs (1988, 1989a), Claessens (1990)) pour rendre compte de la relation entre valeur nominale et valeur de marché de la dette. Elle montre que le fait d'annuler une partie de la dette peut accroître le montant espéré du remboursement11(*).

La relation se présente sous la forme d'une courbe en forme de U inversé dont l'abscisse correspond à l'encours de la dette et l'ordonnée à la valeur attendue du remboursement. A gauche du point d'inflexion, la courbe se confond avec la première bissectrice puis, pour un niveau élevé d'endettement, passe en dessous. Au-delà du point d'inflexion (D*), le montant espéré du remboursement diminue lorsque la dette augmente (cf. figure 1).

Graphique 1: Courbe de Laffer de la dette extérieure

Source: Khadija Idlemouden & Marc Raffinot (2005), Le fardeau virtuel de la dette extérieure EURIsCO, Université Paris Dauphine cahier n° 2005-03

L'enseignement principal de la courbe de Laffer de la dette est qu'au-delà d'un certain seuil le pays débiteur n'est plus incité à s'ajuster et que l'intérêt du créancier est alors de réduire l'encours delà dette.

Dans le même contexte, Obstfeld et Rogoff (1996)12(*) illustrent cette relation entre dette et investissement avec une fonction d'utilité logarithmique et une fonction de production linéaire (donc de type "modèle AK" en croissance endogène). Ce cas particulier (un des seuls qui puisse être résolu analytiquement) est illustré par la Figure 2 ci dessous.

Graphique 2: Relation dette/investissement

Source: Khadija Idlemouden & Marc Raffinot (2005), le fardeau virtuel de la dette extérieure, EURIsCO, Université Paris Dauphine cahier n° 2005-03

DM représente le montant maximal prêté au delà duquel le pays choisira le défaut de paiement

L'axe AA' représente la tendance de l'investissement lorsque le pays à intérêt à rembourser

L'axe AA'' représente la tendance de l'investissement lorsque la dette devient insoutenable

La relation entre l'investissement et le montant de la dette est ainsi mise en évidence. Lorsque le pays a intérêt à rembourser la dette d'une part (D< DM), et lorsqu'il n'y a pas intérêt (D> DM) (cette seconde situation correspondant au debt overhang).

Lorsque la dette est inférieure à DM, l'investissement se situe sur la droite AA'. Lorsque la dette devient "insoutenable ", l'investissement "saute" du point B au point C et se situe désormais sur la droite AA''. En cas d'incertitude, Obstefd et Rogoff estiment que le saut de B à C devient plus progressif (ligne XX').

Aussi, il est possible qu'un service de la dette publique extérieure croissant force l'État à réduire ses dépenses d'investissement. Si l'investissement privé est lié positivement à l'investissement public (notamment à travers la mise à disposition d'infrastructures) comme c'est le cas en côte d'Ivoire13(*), il en résulte une réduction de l'investissement privé (Aglietta & Moatti, 2000, p. 88).

Les travaux de Agénor et Montiel (1996) ; de Hjertholm (1998) et al. tirent la conclusion selon laquelle plus la dette publique augmente, plus grande est l'incertitude quant aux actions et mesures de politiques économiques que le gouvernement sera amené à initier pour honorer le service.

Dans de telle situation, les investisseurs privés préfèrent s'abstenir pour les dépenses de capital (Serven, 1997). Ceux qui décident de réaliser des investissements, malgré cet environnement incertain, le font dans des secteurs d'activités profitables dans le court terme, au détriment des investissements productifs qui ne sont rentables qu'à moyen et long terme.

Selon Oks et Wiijnbergen (1995), L'accroissement de la dette extérieure et le climat d'incertitude qu'il crée peut aussi s'accompagner d'une augmentation de sortie de capitaux, si le secteur privé anticipe une imminente dévaluation ou une augmentation des taxes. Cela a pour conséquence la réduction des ressources disponibles pour le financement des investissements nouveaux ou de renouvellement.

Selon la théorie de la contrainte de liquidité ou "effet d'éviction", le paiement du service de la dette réduit les ressources disponibles pour l'investissement privé et oblige l'Etat à modifier la structure des dépenses publiques. En effet, un service de la dette très élevé entraîne, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du déficit budgétaire et donc une réduction de l'épargne publique. Cela peut induire une hausse des taux d'intérêts ou réduire le crédit disponible pour le secteur privé. Ce qui, au bout du compte, affecte négativement la croissance économique.

Enfin un service de la dette trop élevé peut aussi avoir un effet négatif sur la croissance économique à travers le compte extérieur, pour importer des biens non produits localement le pays a besoin de devises. Lorsque le service de la dette extérieure est très élevé, il est contraint de compresser ses importations d'intrants ou de biens d'équipement, afin de dégager des ressources pour honorer ses engagements. Cette compression des importations entraîne alors la baisse du volume de la production, à cause de l'insuffisance d'intrants, ou la baisse de la productivité causée par le non renouvellement des équipements. Cela agit négativement sur la croissance économique.

1.3. travaux empiriques

Les travaux empiriques sur ce thème se sont multipliés, notamment pour étudier le cas de la décennie quatre-vingt en Amérique latine (Cohen, 1993 et 1995). Obstfeld et Rogoff (1996, p. 381 et suivantes) en présentent une synthèse approfondie, qui relève que l'impact de la dette sur l'investissement tel qu'il est mesuré par les études empiriques est le plus souvent extrêmement faible.

Beaucoup d'études portent sur des coupes transversales ou des panels. D'autres études, plus rares, portent sur des pays particuliers, comme celle que Borenzstein (1991) a consacrée aux Philippines, et qui conclut que la dette extérieure a un effet dissuasif sur l'investissement privé. Selon lui, un taux d'endettement élevé freine indirectement l'investissement productif de plusieurs manières : taux d'intérêt réels domestiques élevés, faible rentabilité due à une baisse d'activité économique.

Rockerbie (1994) a étudié séparément plusieurs pays d'Amérique latine. Son analyse économétrique montre que l'impact de l'endettement sur l'investissement privé est généralement positif avant 1981 (sauf au Mexique), mais qu'il se réduit fortement après la crise de 1982, sans devenir systématiquement négatif. Par ailleurs, il montre que la sensibilité de l'investissement privé aux autres déterminants de l'investissement se modifie après la crise de l'endettement.

PATTILLO, POIRSON et RUCCI (2002)14(*) à partir d'un échantillon qui regroupe près d'une centaine de pays en développement suivis sur une période de trente ans. Il apparaît aussi que, l'écart de croissance entre les pays peu endettés (moins de 100 % des exportations ou de 25 % du PIB) et les pays très endettés (plus de 367 % des exportations ou de 95 % du PIB) est, en moyenne, supérieur à 2 % par an. Ils estiment aussi qu'un allègement de la dette de 200% à 100% des exportations pour ces pays permettrait, d'enregistrer un gain de croissance par habitant de l'ordre de 1/2 à 1 point.

Les résultats des travaux empiriques sur l'impact spécifique du service de dette extérieure sur la croissance économique sont cependant contradictoires. L'hypothèse généralement vérifiée par les chercheurs est qu'il affecte la croissance économique à travers ses effets sur la structure des dépenses publiques et sur l'investissement privé. Ainsi, Greene et Villanueva (1991) ont trouvé que le service de la dette a un effet dépressif sur l'investissement privé. Serieux et Yiagadeesen (2001) sont arrivés à une relation similaire mais ils avaient considéré l'investissement total au lieu de l'investissement privé pour leur estimation.

Stephens (2001) a trouvé une relation négative entre d'une part, le service de la dette et les dépenses totales d'éducation et d'autre part, entre le service de la dette et les dépenses de salaire. Par contre, il trouve une relation positive entre le service de la dette extérieure et les dépenses publiques d'éducation, indiquant ainsi qu'un accroissement du service de la dette extérieure n'entraîne pas nécessairement une baisse des dépenses publiques de formation du capital humain.

Alors que Fosu (1999), Pattillo et al. (2002) n'ont pas trouvé une relation statistiquement significative entre le service de la dette extérieure et la croissance dans les pays de l'Afrique du Sud du Sahara. Elbadawi, Ndulu et Ndung'u (1997) ont au contraire trouvé une relation statistiquement significative entre le service de la dette (en % des exportations) et la croissance pour ces pays.

Les travaux de Burak Gürbüz et Marc Raffinot (2002) pour la Turquie trouvent une relation positive entre service de la dette et croissance économique sur la période 1963-1988, avant de constater le phénomène contraire sur la période 1988-2000. Selon eux, la dernière relation est due à une baisse de l'investissement privé provoquée par une hausse du taux d'intérêt. L'Etat était obligé d'intervenir sur le marché financier, pour pouvoir assurer le paiement du le service de la dette dont les intérêts seulement représentaient en moyenne 27,3 % des dépenses publiques. Ce qui a entrainé une hausse du taux d'intérêt préjudiciable à l'investissement.

NGARESSEUM (2005)15(*) Dans son étude sur la dette extérieure et la croissance en Côte d'Ivoire a vérifié les deux hypothèses suivantes :

· la dette extérieure affecte la croissance économique directement et négativement.

· le service de la dette extérieure affecte négativement la croissance économique à travers ses effets sur le volume et la structure des dépenses publiques et sur l'investissement privé.

Il a trouvé que le stock de la dette extérieure retardé, exerce un effet négatif et significatif sur l'investissement privé alors que cette variable est déterminante pour la croissance économique. Il a donc conclu que le stock de la dette extérieure a, indirectement, un effet dépressif sur les activités économiques en exerçant un effet dépressif sur l'investissement.

Il a aussi trouvé que le service de la dette extérieure a un effet négatif, direct et indirect sur la croissance économique. L'effet indirect se manifeste par le bais du déficit fiscal qui a un impact négatif, à la fois, sur la croissance et sur l'investissement.

Pour établir ces liens, il a utilisé deux modèles le premier expliquant l'investissement et le second la croissance économique. Notre étude tente de pousser l'analyse en s'intéressant de façon plus pointue au lien spécifique entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique. Nous utiliserons des techniques économétriques telles que, l'analyse de la cointégration et la causalité pour entrevoir la pertinence des variables explicatives dans l'élaboration des politiques de croissance.

Après cette revue des littératures théoriques et empirique sur le lien entre nos variables, nous faire un aperçu sur l'évolution comparée du triptyque en Côte d'Ivoire de 1970 à 2007.

CHAPITRE II : EVOLUTION DU SERVICE PAYE DE LA DETTE EXTERIEURE, DE L'INVESTISSEMENT PRIVE ET DU PIB EN COTE D'IVOIRE DE 1980 À NOS JOURS

L'évolution du service payé de la dette extérieure, de l'investissement privé et du PIB sera analysée à partir des phases que l'économie ivoirienne a connu à partir de 1970.

2.1. première phase (1970-1979) : les importants programmes d'investissement

Avec un taux de croissance du PIB d'environ 5,1% par an, la Côte d'Ivoire a basculé dans la catégorie des Pays à Revenu Intermédiaire (PRI). Le PIB par habitant atteint 1114 $US en 197816(*).

Les importants programmes d'investissement engagé par l'État ont stimulé les demandes publique et privée, et entraîné les investissements privés, qui ont augmenté à un rythme annuel de 16, 3% entre 1975 et 1978. C'est ainsi que leur part dans le PIB a passé de 13,1% en 1974 à 16,3% en 1978.

Le processus d'endettement était à ses débuts avec une forte progression de la dette de l'Etat et des structures publiques vis-à-vis des banques. Le ratio de l'encours de la dette au PIB a doublé, passant de 7 à 14%17(*). Le service de la dette extérieure payé par la Côte d'Ivoire n'avait jamais atteint 1% du PIB sauf en 1979.

2.2. Deuxième phase (1980-1993): les programmes d'ajustement structurel

Malgré la mise en oeuvre de quatre (4) programmes d'ajustement structurel18(*), l'économie ivoirienne a connu six années de récession sur un total de quatorze (14)19(*). Ces programmes ayant pour objectif principal, le retrait de l'Etat du secteur productif au profit du privé n'ont pas eu de résultats probants. Le niveau des investissements privés a considérablement baissé, passant de 15,4% du PIB en 1980 à 5% en 1993.

L'Etat a fournit de grands efforts dans le paiement du service de la dette qui a passé de 2,36% du PIB en 1980 à 7,46% du PIB en 1985 pour tourner autour de 3% du PIB en fin de période. Malgré tout, l'encours de la dette atteint mille milliards de FCFA pour la première fois en 1981, il a doublé entre 1991 et 1992 passant de 2287 milliards à 4597,2 milliards de FCFA. La Côte d'Ivoire a connu ses premières difficultés de remboursement et a commencé à accumuler des arriérés à partir de 1992.

Tableau1 : Evolution de l'encours, des services payés et des arriérés de la dette extérieure de 1980 à 1993

Source : DDP et DCPE Côte d'Ivoire

2.3. Troisième phase (1994-1998) : la dévaluation du franc CFA

Après plus de dix (10) ans d'ajustement interne et budgétaire sans succès, l'économie des pays de l'UEMOA en général et de la Côte d'Ivoire en particulier était toujours mal en point.

Le 12  janvier  1994, la dévaluation de 50 % du franc CFA par rapport au franc français intervient.

Si cette dévaluation a eu des effets positifs sur l'économie ivoirienne sur un plan global (le PIB croit de 5,4% en moyenne entre 1994 et 1998), elle a aggravé l'endettement de la Côte d'Ivoire vis-à-vis de l'extérieur.

En effet, le franc français étant la monnaie à laquelle était rattaché le FCFA, la dévaluation de 50% du FCFA par rapport au franc français a impliqué le doublement de la dette des pays membres de l'UEMOA pour tous les bailleurs de fonds extérieurs. C'est ainsi que l'encours de la dette extérieure de la Côte d'Ivoire est passé de 5043 milliards de FCFA en 1993 à 9330 milliards de FCFA en 1994. Malgré les énormes efforts de remboursement suite à un regain de la croissance, la Côte d'Ivoire a continué d'accumuler des arriérés qui ont passé de 3051 milliards en 1994 à 4182 milliards de FCFA en 1997. Mais l'année 1998 a été marquée par l'annulation de la totalité de ces arriérés grâces aux accords signés avec les bailleurs.

Les investissements ont connu une vraie mutation du secteur public vers le privé à cause des différents programmes sur la période 1994-1999. Les investissements privés représentaient plus de 60% des investissements globaux, ils ont passé de 6% du PIB en 1994 à 11% du PIB en 1998. Ce développement a été favorisé certes par la reprise économique, mais surtout par la mise en place d'un nouveau cadre plus incitatif, conformément à la volonté du gouvernement de faire du secteur privé le garant de la croissance économique.

Graphique 3: Evolution du taux de croissance du PIB, du taux des services payés de la dette extérieure et du taux d'investissement privé de 1994 à 2007

Source : DGP et DCPE Côte d'Ivoire

2.4. Quatrième phase (1999 a nos jours) : la crise politico-militaire

L'année 1999 a marqué une nouvelle ère dans la vie politique et économique de la Côte d'Ivoire. Le coup d'Etat de décembre 1999 a instauré un climat d'incertitudes économique et politique qui a été préjudiciable à l'économie nationale toute entière.

L'ensemble des projets d'infrastructures publiques programmés dans le cadre des «douze travaux de l'éléphant d'Afrique» a été gelé, réduisant du coup le flux de capitaux privés liés à la réalisation de ces projets. L'investissement privé a baissé de 3% entre 1999 et 2000.

La Côte d'Ivoire est arrivé à réduire considérablement l'encours de sa dette extérieure. En effet, l'encours est passé de 6777 milliards de FCFA en 1999 à 4071milliards de FCFA en 2007. Malgré tout, la mauvaise situation économique engendrée par la crise a fait que le pays a accumulé des arriérés qui sont passé de 32 milliards de FCFA en 1999 à 2311 milliards de FCFA en 2007. Face à cette situation, la Côte d'Ivoire, après deux premières tentatives sans succès arrive enfin à atteindre le point de décision de l'initiative PPTE le 31 mars 2009. Cette initiative comme pour un bon nombre de pays pauvres très endettés, constitue pour la Côte d'Ivoire une lueur d'espoir dans la problématique de l'allègement de sa dette extérieure.

La revue de la littérature et des travaux empiriques sur notre sujet nous montre combien les avis sont partagés sur le lien existant entre nos variables. L'aperçu sur l'évolution de nos trois variables en Côte d'Ivoire de 1970 à 2007, nous donne un pressentiment d'un lien fort entre d'une part le service payé de la dette extérieure et l'investissement privé et d'autre part entre ce dernier et le niveau du PIB. Ce lien semble plus accentué entre l'investissement privé et le PIB. Les périodes de croissance étant accompagnées d'un niveau acceptable de l'investissement privé.

Après cette première partie sur la revue des littératures théorique et empirique et l'aperçu sur l'évolution des variables en Côte d'Ivoire, nous passons à l'analyse empirique du lien du triptyque en deuxième partie.

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN DU TRIPTYQUE

CHAPITRE III : APPROCHE METHODOLOGIQUE

L'approche méthodologique a été basée sur l'analyse de la causalité au sens de Granger, mais une bonne analyse de cette causalité nécessite une démarche bien précise qui se déroule en plusieurs étapes. La première a consisté à étudier les propriétés statistiques des séries (moyennes, distribution des séries, écarts types, etc.). L'intégration et la cointégration entre les variables du modèle ont été testées dans la deuxième étape. Après ces tests, nous avons utilisé et estimé un modèle vectoriel à correction d'erreur (VEC). Les fonctions de réponse sont aussi utilisées à cette étape. La dernière étape de l'analyse a consisté à vérifier le sens de causalité entre le service de la dette extérieure et l'investissement privé d'une part et, entre chacune de ces deux dernières variables et le niveau du PIB d'autre part en faisant usage de test de causalité de Granger.

Le logiciel EVIEWS 5 a été utilisé comme outil d'analyse sur la base de données secondaires obtenue auprès de la DDP et de la DCPE. Ces données couvrent la période 1978-2007 (annexe n°7). Le PIB réel a été utilisé comme mesure la croissance économique, la formation brute de capital fixe du secteur privé a été utilisée comme proxy de l'investissement privé, on a disposé enfin des montants du service de la dette effectivement payé par l'Etat sur la période.

3.1. Tests de racine unitaire

L'objectif de ce test est d'examiner le caractère stationnaire ou non des variables. La plupart des propriétés statistiques des méthodes d'estimation ne s'appliquant qu'à des séries stationnaires. Une série chronologique est dite stationnaire si elle est la réalisation d'un processus stationnaire c'est-à-dire ne comportant ni tendance, ni saisonnalité, elle se caractérise par une moyenne et une variance constante et généralement aucune caractéristique évoluant avec le temps.

Les tests de stationnarité les plus usités sont : le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF, 1981), de Phillips - Perron (PP, 1979, 1988) et de Kwiotowski, Phillips, Schmidt et Shin (KPSS, 1992). Pour cette étude, nous utiliserons le test de Dickey-Fuller Augmenté. Il est basé sur l'estimation par les moindres carrés des trois modèles suivants (J.E Mata, 2007) :

(1) sans tendance et sans constante (2) sans tendance mais avec constante (3) avec tendance et constante

On teste l'hypothèse H0 : (présence de racine unitaire) contre l'hypothèse H1 : (absence de racine unitaire donc stationnarité). On rejette l'hypothèse nulle lorsque la valeur statistique calculée est inferieure à la valeur tabulée (de Mackinnon, 1991) ou lorsque la probabilité associée est inferieure à 5%.

3.2. Tests de cointégration de johansen

L'étude de la cointégration permet de tester l'existence d'une relation stable de long terme entre deux variables non stationnaires, en incluant des variables retards et des variables exogènes. Il existe plusieurs tests de la cointégration, le plus général étant celui de Johansen. Quelque soit le test retenu, il n'a de signification que sur des séries non stationnaires longues. Par conséquent, l'analyse de la cointégration permet d'identifier clairement la relation véritable entre deux variables, en recherchant l'existence d'un vecteur de cointégration et en éliminant son effet le cas échéant. Deux séries x et y sont dites cointégrées si le résidu issu de l'estimation du modèle suivant :

(4)

(où les variables yi et xi sont non stationnaires) est stationnaire.

3.3. présentation et spécification du modèle

3.3.1. présentation du modèle VEC et de la causalité au sens de granger

D'après une formulation proposée par Granger (1969), la causalité entre séries peut être analysée simplement dans un cadre vectoriel autorégressif stationnaire d'ordre fini.

Au niveau théorique, la mise en évidence de relations causales entre des variables économiques fournit des éléments de réflexion propices à une meilleure compréhension des phénomènes économiques. De manière pratique, « the causal knowledge » est nécessaire à une formulation correcte de la politique économique (R. Bourbonnais, 2003). 

Pour notre étude, l'analyse du sens de la causalité entre le service de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique fait appel à deux concepts :

· d'abord le concept de cointégration selon lequel les variables sur le long terme évoluent ensemble au même taux. Ainsi, par exemple nous dirons que deux variables sont cointégrées, si une combinaison linéaire de ces deux variables (non stationnaires), est stationnaire cette relation de cointégration nous conduit à un modèle à correction d'erreur VEC car selon le théorème de représentation de Granger, tout système cointégré implique l'existence d'un mécanisme à correction d'erreur qui empêche les variables de trop s'écarter de leur équilibre à long terme ;

· par la suite, le concept de causalité au sens de granger qui stipule qu'une variable cause une autre si et seulement si les valeurs présentes et passées de la dernière permettent de mieux prédire les valeurs de la première. Economiquement, cela signifie qu'il existe une relation d'équilibre de long terme stable entre elles. il y a causalité à la Granger dans au moins une direction lorsque deux variables sont cointégrées. par contre une absence de cointégration entre deux variables n'indique pas forcement l'absence d'une causalité au sens de Granger.

3.3.2. Spécification du modèle VEC

Afin de rendre compte précisément des dynamiques jointes des ajustements à court et long terme, nous nous appuyons sur un modèle vectoriel à correction d'erreur (VEC) ayant pour variables exogènes le PIB, et comme variables endogènes le service de la dette et l'investissement privé. Initialement conçue par Granger (1981), puis reprise par Johansen (1988) et Johansen et Juselius (1990) afin de mettre en évidence des relations de long terme entre grandes variables macroéconomiques.

(5)

est l'opérateur de différence première, est un vecteur de deux variables I(1), le vecteur de deux variables exogènes, un vecteur de chocs exogènes normalement distribués.

3.3.3. Spécification du modèle de la causalité au sens de Granger

Engle et Granger (1991) ont montré que si les variables sont intégrées, le test classique de Granger, basé sur le VAR, n'est plus approprié. Ils recommandent pour ce faire d'utiliser le modèle à correction d'erreur. En outre, le test de causalité basé sur le modèle vectoriel à correction d'erreur présente l'avantage de fournir une relation causale même si aucun coefficient estimé des variables d'intérêt décalées n'est significatif.

Dans ce cas, nous allons faire référence au modèle de Samuel A. et Christophe M. (2005)20(*) qui se présente comme suit :

(6)

Où :

· PIB est le produit intérieur brut réel ;

· SERVdett représente le service de la dette payé ;

· INVpriv représente l'investissement privé.

Le service de la dette et l'investissement privé ne causent pas la croissance du PIB si , et la croissance ne cause pas l'investissement privé par exemple si tous les

A l'issu des analyses économétriques, nous devons passer à différents tests sur les résidus pour confirmer la pertinence du modèle utilisé pour l'estimation.

3.4. Tests sur les résidus

Il s'agit de tester la normalité, l'hétérocedasticité et l'autocorrelation des résidus.

Test de normalité des résidus

L'hypothèse de normalité des résidus joue un rôle essentiel car elle va préciser la distribution statistique des estimateurs. C'est donc grâce à cette hypothèse que l'inférence statistique peut se réaliser. Ce test est effectué à l'aide du test de Jacque et Bera qui suit une loi de Khi-deux à deux degrés de liberté au seuil de 5% égale à 5,99. Il permet de savoir si les variables du modèle suivent ou non une loi normale. Les résultats de notre test prouvent que les résidus sont normalement distribués car la statistique de Jarque-Bera est inférieure à 5,99 pour le premier modèle qui nous a intéressé dans cette étude (annexe n°6).

Test d'hétéroscédasticité des résidus

Effectué à l'aide du test de White dans le cadre de notre étude, ce test permet de savoir si les erreurs sont homocédastiques ou non. L'hétérocedasticité qualifie les données qui n'ont pas une variance constante. Or, les séries doivent être homocédastiques pour présenter les meilleurs estimateurs. Dans le test d'hétérocedasticité on utilise généralement deux tests : le test de Breusch-Pagan et de White. Mais c'est le test de White qui est utilisé dans notre étude. L'idée générale de ce test est de vérifier si le carré des résidus peut être expliqué par les variables du modèle. Dans ce cas, les résidus sont homocédastiques avec une probabilité de 0,89 supérieures à 5% (confère annexe n° 5).

Test d'autocorrélation des erreurs

Ce test appelé aussi test de corrélation des erreurs vérifie si elles ne sont pas corrélées. La présence de l'autocorrelation rend caduque les commentaires concernant la validité du modèle et les tests statistiques. Il convient de détecter l'autocorrelation par le test de Durbin-Watson.

Mais dans le cas du modèle autorégressif, on remplace le test de durbin Watson par le test de h de Durbin du fait que les variables endogène sont décalées. Dans le cas de cette étude, il y'a absence d'autocorrelation car les probabilités associées sont toutes supérieure à 5% (voir annexe 5).

Après avoir mis en exergue la méthodologie utilisée dans le cadre de l'analyse empirique, nous allons passer dans le chapitre suivant, à l'application empirique au cas ivoirien.

CHAPITRE IV : APPLICATION ECONOMETRIQUE AU CAS IVOIRIEN

4.1. Analyse des propriétés statistiques des variables.

L'analyse des propriétés statistiques des variables concernera la matrice des variances et covariances, des corrélations, de l'analyse descriptive de l'évolution des différentes variables et de la stationnarité des variables.

4.1.1. Tableaux des statistiques descriptives des séries

Les statistiques descriptives des séries utilisées sont présentées dans les tableaux 3 et Les moyennes, les écarts type, les statistiques Jarque-Berra les probabilités et le nombre d'observations sont présentés dans le tableau 2 tandis que dans le tableau 3 sont reportés les coefficients de corrélation entre les différentes séries.

Tableau 2 : Statistiques descriptives des séries utilisées

Source : calcul de l'auteur sur EVIEWS 5


La lecture du tableau ci-dessus montre des écarts élevés entre les écarts types des observations. Pour la suite de l'étude, toutes les variables seront soumise à une transformation logarithmique en vu de réduire l'impact de ces écarts sur les résultats de nos estimations. Toutes les variables présentent des probabilités significatives au seuil de 5%.

Tableau 3 : Coefficients de corrélation entre les variables

Source : calcul de l'auteur sur EVIEWS 5

Cette matrice permet de vérifier si les variables du modèle sont fortement ou faiblement corrélées, cela permet de d'avoir une petite idée sur la nature des liens éventuels.

Nous constatons une corrélation plus forte entre le logarithme du PIB et le logarithme de l'investissement privé par contre entre le logarithme du PIB et le logarithme du service de la dette ou entre le logarithme de l'investissement privé et celui du service de la dette, les corrélations sont moins fortes. La suite de l'étude nous permettra de savoir si la première corrélation implique une causalité au sens de Granger entre le PIB et l'investissement privé.

4.1.2. Analyse descriptive de l'évolution des variables

PIB et investissement privé

En plus des contributions théoriques et empiriques, une observation de l'évolution du PIB et de l'investissement privé d'une part et celle du PIB et du service de la dette payé d'autre part, peut nous apporter des éléments de réponse supplémentaires.

Graphique 4 : Evolution comparée du logarithme du PIB et de celui de l'investissement privé

Source : réalisé par l'auteur

On constate que les deux variables ont tendance à évoluer ensemble même si les ampleurs des variations ne sont pas égales d'une variable à l'autre.

PIB et service de la dette

Graphique 5 : Evolution comparée du logarithme du PIB et de celui de du service de la dette

Source : réalisé par l'auteur

Contrairement au graphique précédent, une observation du graphique ci-dessus ne fait apparaître aucun lien ente le logarithme du service de la dette et celui du PIB.

Service payé de la dette extérieure et investissement privé Graphique 6: Evolution comparée du logarithme du PIB et de celui de du service de la dette

Source : réalisé par l'auteur

La lecture de ce graphique ne nous permet non plus de nous prononcer, sur un quelconque lien entre le service payé de la dette extérieure et l'inversement privé en Côte d'Ivoire.

Avant d'aborder l'analyse de la relation de long et de court terme à travers le VEC, nous allons procéder aux Tests de non stationnarité et de cointégration de nos séries utilisées.

4.2. Test de non stationnarité et de cointégration des variables

4.2.1. Test de non stationnarité

Les tableaux 4 et 5 ci-après présentent les résultats du test ADF, en niveau et en différence première.

Tableau4 : résultat test ADF en niveau

Source : calcul de l'auteur sur EVIEWS 5


Les résultats du test montrent qu'au seuil de 5% les valeurs critiques sont inferieures aux valeurs calculés pour toutes nos séries. L'hypothèse nulle de présence de racine unitaire ne peut donc être rejetée. Nous allons donc procéder à la différenciation de nos séries. Les résultats du test ADF est en différence première sont résumés dans le tableau suivant.

Tableau 5 : résultat test ADF en différence première

Source : calcul de l'auteur sur EVIEWS 5

On constate qu'après différenciation, la valeur calculée est inferieure à la valeur critique pour toutes les variables ; On peut donc affirmer que toutes nos variables sont stationnaires au seuil de 5% en différence première.

Ayant vérifié que toutes les séries sont intégrées de même ordre, nous allons passer à la détermination des relations d'équilibre à long terme entre les variables en utilisant les techniques de cointégration de Johensen.

4.2.2. Estimation de la relation de cointégration par la méthode de Johansen

La présence d'une relation de cointégration implique qu'au moins un mécanisme de correction des erreurs existe et empêche les variables de trop s'écarter de leur équilibre de long terme. Ce qui nous permet de prendre la décision entre un VAR et un VEC pour la suite de nos analyses.

· détermination du nombre de retard optimal

Nous allons faire référence aux différents critères d'information dans le tableau 6 ci dessous pour de nombre de retard qui optimise notre modèle.

Tableau 6 : Retard optimal selon les critères d'information

Source : calcul de l'auteur sur EVIEWS 5

Les résultats du tableau ci-dessus indiquent deux (2) comme retard optimal selon les critères d'Akaike, de Schwarz et de Hannan-Quinn. Nous allons donc estimer un VEC(1)21(*) car, les variables du modèle étant I(1) (intégrées d'ordre 1), le VEC doit être estimé avec P-1 donc un (1) retard.

· Identification du modèle pour le test de cointégration

Nous allons commencer par estimer le modèle de cointégration le plus général, pour identifier le modèle le plus adéquat pour le test de cointégration proprement dit.

Tableau 7: Identification du modèle de cointégration

Source : calcul de l'auteur sur EVIEWS 5

A la lecture de ce tableau, nous constatons que la statistique de la Trace indique une (1) relation de cointégration pour le deuxième, troisième et quatrième modèle. Le tableau suivant confirme de cette relation de cointégration.

· Résultat test de cointégration de Johansen

Tableau 8: résultat du test de cointégration de Johansen

Source : calcul de l'auteur sur EVIEWS 5


La relation de cointégration est confirmée par la statistique de Trace car l'hypothèse nulle est rejetée pour `'aucune'' et la statistique de Trace est inferieure à la valeur cruciale pour `'au plus une'' relation de cointégration.

L'analyse de la cointégration entre les variables prises deux à deux montre qu'il n'existe aucune cointégration ni entre le PIB et le service payé de la dette extérieure ni entre le service de la dette et l'investissement privé, par contre, il existe une relation de cointégration entre le PIB et l'investissement privé. L'existence de cette relation de cointégration nous permet de prévoir une causalité entre l'investissement privé et la croissance économique. Mais avant d'effectuer le test de causalité au sens de granger, nous allons estimer le VEC pour mettre en évidence les relations de long et de court terme entre nos variables. Rappelons que le théorème de représentation de Engle et Granger démontre que les séries non stationnaires, en particulier celles qui possèdent une racine unitaire, doivent être représentées sous forme de modèle à correction d'erreurs (VEC) si elles sont cointégrées.

4.3. Estimation du VEC

Tableau 9: résultat de l'estimation du VEC

Source : calcul de l'auteur sur EVIEWS 5

Après avoir estimé les relations de long et de court terme entre nos variables, nous allons procéder à la vérification de liens de causalité entre elles.

4.4. Causalité au sens de Granger

L'hypothèse nulle de ce test est que la première variable ne cause pas au sens de Granger la seconde, nous allons comparer les probabilités au seuil de 5%. Si cette probabilité est supérieure à 5%, l'hypothèse nulle est acceptée, dans le cas contraire, elle est rejetée.

Tableau 10: résultat test de causalité au sens de Granger

Source : calcul de l'auteur sur EVIEWS 5

Nous constatons que sur les six (6) relations testées, seulement pour celle entre l'investissement privé et le PIB, l'hypothèse nulle est rejetée. On peut donc affirmer que l'investissement privé cause à la Granger le PIB en Côte d'Ivoire.

4.5. Analyse impulsionnelle

L'identification des chocs repose sur une hypothèse des résidus canoniques du VEC estimé. Pour cette analyse nous allons adopter la méthodologie de Cholesky qui requiert que les séries soient rangées de la variable la plus exogène à la variable la plus endogène. Nous faisons l'hypothèse d'une plus grandes endogénéité des variables qui contribuent à la détermination du niveau du PIB. L'ordre retenu est le suivant PIB = f(INVpriv, SERVdett).

Les fonctions de réponse de chacune des variables sur les deux autres sont présentées dans le graphique suivant :

Graphique 7: fonctions de réponse impulsionnelle

Réponse de du PIB au service de la dette

Réponse de l'investissement privé au service de la dette

Réponse de du PIB à l'investissement privé

Réponse de l'investissement privé à lui même

Source : réalisée par l'auteur sur EVIEWS 5

4.6. Interprétation économique des résultats

La présence d'une relation de cointégration entre le PIB, l'investissement privé et la croissance économique signifie qu'il existe une relation d'équilibre de long terme entre ces variables, c'est-à-dire que sur le long terme elles évoluent au même taux. Cela implique que l'économie ivoirienne ne fait pas exception à la règle de la croissance endogène qui sous tend que la croissance économique est tout d'abord due à l'accumulation du capital. Les périodes de croissance économique connue par la Côte d'Ivoire seront sans doute celles pendants lesquelles il y a eu une expansion de l'investissement privé comme l'avait prouvé les résultats de l'étude de NGARESSEUM (2005)22(*). Mais si l'investissement privé et le PIB évoluent dans le même sens, le servie payé de la dette extérieure évoluerait de façon contraire à eux.

La présence de relation de causalité entre l'investissement privé et le PIB montre un lien solide entre les valeurs passées de l'investissement privé et la croissance économique dans un sens unique. Ce qui implique qu'en Côte d'Ivoire, les autorités peuvent se servir des valeurs passées de l'investissement privé pour faire des propositions de politique économique. Il est donc possible d'atteindre des objectifs de croissance en créant des conditions favorables à l'investissement privé.

Les résultats issus de l'estimation du VEC, confirment les conclusions du test de la causalité au sens de Granger. En effet, L'estimation du VEC montre que pour l'économie ivoirienne :

· A long terme, l'investissement privé agit positivement et significativement sur le PIB. En termes d'élasticité, une augmentation de 1% de l'investissement privé provoquera un accroissement du PIB de 0,88%. Par contre, même si l'effet du service de la dette extérieure sur le PIB est négatif, cet effet n'est pas significatif.

· A court terme, la dynamique du PIB n'est pas déterminée principalement par son propre évolution de l'année extérieure tandis que l'investissement privé et le service payé de la dette extérieure agissent significativement sur cette dynamique. Le premier ayant un effet positif et le second un effet négatif. Ce résultat est conforme à la théorie.

Les foncions de réponse impulsionnelle montrent que:

· un choc positif sur le service payé de la dette extérieure a un impact négatif sur l'investissement privé qui connaît une baisse au cours de trois (3) premières années avant de commencer à rechercher l'équilibre à partir de la quatrième année. Mais cet équilibre n'est rétablit qu'au bout de quinze (15) ans.

· le PIB répond négativement à un choc positif sur le service payé de la dette extérieure et cette réponse est plus rapide et plus accentuée que celle de l'investissement privé. Il connaît ainsi une baisse d'environs 4% trois (3) ans après le choc et ne parvient pas à atteindre l'équilibre sur les vingt premières années (20). Il semble d'ailleurs établir un nouvel équilibre à un niveau inferieur de 1% à l'équilibre précédent à partir de la quatorzième année.

· un choc positif sur l'investissement à un impact positif non seulement sur les valeurs futures du PIB, mais aussi sur ses propres valeurs. Cet impact est plus important sur le l'investissement privé que sur le PIB qui semble établir un nouvel équilibre à un niveau supérieur de 2% à l'équilibre antérieur.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Plusieurs théories économiques tentent d'analyser l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique. Parmi elles, celle selon laquelle le service de la dette extérieure agit négativement sur la croissance économique par le biais de l'investissement privé nous a particulièrement intéressés dans le cadre de l'économie ivoirienne.

L'étude a eu pour objectif d'analyser le lien qui a existé entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique.

Pour la réalisation de ce travail, la démarche méthodologique a consisté à faire une revue des études antérieures sur le triptyque. Ce lien a ensuite fait l'objet d'une étude économétrique à l'aide du logiciel EVIEWS 5 sur la base de données collectée à la DDP et à DCPE-Côte d'Ivoire. Nos hypothèses de recherche étaient qu'il existait un équilibre de long terme entre les trois variables et qu'il y avait une causalité entre d'une part, le service payé de la dette extérieure et l'investissement privé et entre celui-ci et le niveau du PIB d'autre part.

A l'issue de l'étude économétrique, les résultats suivants ont été dégagés:

· il existe une relation d'équilibre de long terme entre le service payé de la dette extérieure, l'investissement privé et la croissance économique en Côte d'Ivoire c'est-à-dire qu'ils évoluent au même taux à long terme;

· l'investissent privé cause au sens de Granger la croissance économique en Côte d'Ivoire. Donc les autorités peuvent mener des politiques de croissance en agissant sur l'investissement privé;

· les valeurs passées du service payé de la dette extérieure ne permettent pas de mieux prévoir les valeurs de l'investissement privé en Côte d'Ivoire (absence de causalité) ;

· à long terme, l'investissement privé agit positivement et significativement sur le PIB ;

· à court terme, l'investissement privé et le service payé de la dette extérieure agissent significativement sur le PIB. Le premier ayant un effet positif et le second un effet négatif.

En vue d'atteindre les objectifs de croissance pour l'économie ivoirienne et de relever le défi de la lutte contre la pauvreté et du développement, nous proposons les recommandations de politique économique suivantes :

· les résultats confirment le rôle moteur de l'investissement privé dans la croissance économique en Côte d'Ivoire. L'Etat doit donc continuer sur sa lancée concernant la stimulation de l'investissement privé à travers la relecture du code des investissements et l'instauration d'un climat des affaires plus attrayant en vue d'atteindre les objectifs de croissance tant recherchés ;

· la politique de relance de l'économie à travers l'investissement privé ne doit pas se focaliser sur le montant payé dans le service de la dette extérieure, car même si celui-ci agit négativement et significativement sur le PIB à court terme, il ne cause pas au sens de Granger l'investissement privé. Donc tous les moyens doivent être mis en oeuvre pour l'atteinte du point de décision de l'initiative PPTE par la Côte d'Ivoire en vue de l'obtention d'une réduction considérable et définitive du poids de la dette extérieure. Ce phénomène entrainera sans doute une diminution du service payé de la dette extérieure qui permettra à l'Etat de s'engager dans des projets d'investissement public et constituera un signal fort pour l'investissement du secteur privé ;

· les nouveaux engagements de l'Etat en termes de dettes extérieures devraient être analysés sérieusement, notamment sous l'angle de leur incidence actuelle et future sur le budget de l'Etat. Car il est inconcevable d'emprunter alors que les activités entreprises ne présentent qu'un impact aléatoire sur la croissance, sans générer en contrepartie de ressources budgétaires ;

· le renforcement des capacités institutionnelles et la bonne gouvernance apparaissent aujourd'hui nécessaires en Côte d'Ivoire, pour surmonter les contraintes liées au problème fondamental de l'endettement et de l'investissement. Leur cadre institutionnel et réglementaire influe sur l'efficacité du secteur privé. En effet, l'Etat de droit (le pouvoir judiciaire et la police) et la réduction de la corruption sont autant de facteurs qui accordent le droit à l'égalité des chances et pour lesquels la pleine participation de la société et des partenaires au développement reste très sensible.

Il est évident que l'atteinte des objectifs de croissance pour l'économie ivoirienne à travers la redynamisation de l'investissement et un regain de la confiance des partenaires au développement passe par de l'organisation très prochaine d'élections transparentes et apaisées.

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ANNEXES

ANNEXE1 : RESULTATS TEST DE STATIONNARITE DES VARIABLES

TEST A NIVEAU

LINVPRIV LPIB

LSERVDETT

TEST EN DIFFERENCE PREMIERE


LINVPRIV LPIB


LSERVDETT

ANNEXE2 : NOMBRE DE RETARD OPTIMAL

ANNEXE 3 : TEST DE COINTEGRATION

ANNEXE4 : RESULTAT ESTIMATION DU VEC


ANNEXE 4 : RESULTAT TEST DE CAUSALITE

ANNEXE 5 : ANALYSE IMPULSIONNELLE

ANNEXE 6 : TEST SUR LES RESIDUS

TEST D'AUTOCORRÉLATION

TEST DE NORMALITE DES RESIDUS

Test d'hétéroscédasticité des résidus


Annexe 7 : Base de données de l'estimation

TABLE DES MATIERES

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

AVANT PROPOS iii

SIGLES ET ABREVIATIONS iv

RESUME v

SOMMAIRE vi

LISTE DES TABLEAUX ET DES GRAPHIQUES vii

INTRODUCTION GENERALE 1

PRÉMIERE PARTIE : REVUE DES ÉTUDES ANTÉRIEURES ET APERÇU SUR L'ÉVOLUTION DU SERVICE PAYÉ DE LA DETTE EXTÉRIEURE, DE L'INVESTISSEMENT PRIVÉ ET DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN CÔTE D'IVOIRE 5

CHAPITRE I : BASES THEORIQUES ET ETUDES EMPIRIQUES DES RELATIONS ENTRE LE SERVICE PAYE DE LA DETTE EXTERIEURE, L'INVESTISSEMENT PRIVE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE 6

1.1. les canaux de transmission 6

1.2. revue de la littérature 7

1.3. travaux empiriques 11

CHAPITRE II : EVOLUTION DU SERVICE PAYE DE LA DETTE EXTERIEURE, DE L'INVESTISSEMENT PRIVE ET DU PIB EN COTE D'IVOIRE DE 1980 À NOS JOURS 14

2.1. première phase (1970-1979) : les importants programmes d'investissement 14

2.2. Deuxième phase (1980-1993): les programmes d'ajustement structurel 14

2.3. Troisième phase (1994-1998) : la dévaluation du franc CFA 15

2.4. Quatrième phase (1999 a nos jours) : la crise politico-militaire 16

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN DU TRIPTYQUE 18

CHAPITRE III : APPROCHE METHODOLOGIQUE 19

3.1. Tests de racine unitaire 19

3.2. Tests de cointégration de johansen 20

3.3. présentation et spécification du modèle 20

3.3.1. présentation du modèle VEC et de la causalité au sens de granger 20

3.3.2. Spécification du modèle VEC 21

3.3.3. Spécification du modèle de la causalité au sens de Granger 21

3.4. Tests sur les résidus 22

CHAPITRE IV : APPLICATION ECONOMETRIQUE AU CAS IVOIRIEN 24

4.1. Analyse des propriétés statistiques des variables. 24

4.1.1. Tableaux des statistiques descriptives des séries 24

4.1.2. Analyse descriptive de l'évolution des variables 25

4.2. Test de non stationnarité et de cointégration des variables 27

4.3. Estimation du VEC 31

4.4. Causalité au sens de Granger 31

4.5. Analyse impulsionnelle 32

4.6. Interprétation économique des résultats 34

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 36

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES viii

ANNEXES x

TABLE DES MATIERES xxii

* 1 La transformation de Yamoussoukro en capitale politique de la Côte d'Ivoire par exemple.

* 2 African Development Indicator 2006.

* 3 JACQUES, Evaluation de l'allègement d'équilibre de la dette de la Côte d'Ivoire, 2006, 74P.

* 4 Selon les chiffres de la DDP, l'encours de la dette extérieure de la Côte d'Ivoire est passé de 6754 milliards de CFA en 2000 à 4100 milliards de CFA en 2007.

* 5 L'objectif principal de cette étude étant d'analyser lien entre le service de la dette, l'investissement privé et le PIB, notre analyse portera sur le service de la dette effectivement payé par l'Etat.

* 6 Dictionnaire d'analyse économique 3ème édition page 269.

* 7Cité par BREMOND et GELEDAN (2002), « dictionnaire des sciences économiques et sociales », Edition Belin, Paris, Page 133

* 8 9 Cité par GUERRIEN (2002) « Dictionnaire d'analyse économique » 3ème édition, la découverte, Paris, Pages126 et 127.

* 10 Développée à la fin des années 1970 par LAFFER, elle met en évidence le rôle néfaste exercé par la pression fiscale.

* 11 L'annulation profiterait autant au débiteur qu'au créancier.

* 12 Cités par IDLEMOUDEN & RAFFINOT (2005)

* 13 KEHO (2005), « Relation entre investissement public et investissement prive en cote d'ivoire : contribution a l'analyse empirique d'un lien ambigu », CAPEC

* 14 PATTILLO, POIRSON et RUCCI (2002) «External Debt and Growth», IMF Working Paper 02/69 Washington

* 15 NGARESSEUM (2005), dette extérieure et croissance économique : cas de la côte d'ivoire, CAPEC

* 16 World development Indicators 2008.

* 17 NGARESSEUM (2005) loc. cit.

* 18 1981-1983; 1984-1985; 1986-1988; 1990-1992.

* 19 1982; 1983; 1986; 1989; 1991; 1992 (World development Indicators 2008).

* 20 Samuel A. Christophe M. (2005) « Croissance économique et consommation d'énergie au Congo : une analyse en termes de causalité », BAMI, Brazzaville

* 21 LADRIC et MIGNON (2002), Économétrie des séries temporelles macroéconomiques et financière, Economica

* 22 NGARESSEUM (2005), loc. Cit.






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault