CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
Depuis l'adoption du plan d'ajustement structurel en 1986, la
Tunisie connaît un développement économique et social de
bon augure se concrétisant par les différents indicateurs et
paramètres enregistrés et confirmés par les données
statistiques disponibles.
La libéralisation économique dans l'ère de
la mondialisation a montré son efficacité sur le plan de la
réactivité des potentialités internes et l'ouverture sur
l'extérieure avec une meilleure intégration dans le marché
mondial (les accords du GATT en 1990, l'accord avec l'Union Européenne
en 1995 et la création des zones de libre échange).
Malgré cette avancée dans le domaine
économique et la croissance de revenu, les régions internes de
l'ouest connaissent un retard de développement par rapport aux
régions côtières de l'Est au même titre que les
zones rurales sont plus démunies de ressources et tous les
paramètres attestent cette observation.
Le constat sans équivoque est la persistance des
inégalités régionales que les résultats globaux les
cachent et de ce fait, la régionalisation des objectifs du
millénaire de développement est plus que nécessaire pour
le cas tunisien.
En effet, globalement la Tunisie selon les données
internes et externes est entrain de réaliser la totalité des
objectifs du millénaire de développement, la plupart des
objectifs sont déjà concrétisés avant l'horizon
2015, les autres le seront pour bientôt.
Les défis qui restent à surmonter sont :
1- Le chômage : le
taux de chômage des jeunes et surtout les diplômés de
l'enseignement supérieur reste, malgré tous les programmes
d'assistance et de soutien à l'emploi consentis par le gouvernement,
élevé pour une économie qui progresse convenablement.
Les déséquilibres structuraux entre l'offre et la
demande sur le marché de l'emploi persistent encore pour atteindre une
croissance génératrice d'emploi. Il va sans dire que l'emploi est
le moyen le plus efficace comme le suggère les théories du bien
être social pour lutter contre la pauvreté et la
vulnérabilité des populations.
En effet, les aides sociales sont préconisées
seulement pour ceux qui ne peuvent pas exercer un travail pour cause
essentiellement d'handicap, d'invalidité et du vieillissement. Si elles
vont aussi aux autres pauvres et sans ressources, l'incitation à la
pauvreté serait grande et le ciblage deviendrait une opération
difficile et coûteuse.
Mais, il parait que les programmes de soutien indirect à
l'emploi comme les SIVP sont plus au moins efficaces car les entreprises qui
ne sont pas obligées d'embaucher les stagiaires
bénéficient plutôt des avantages sans contrepartie.
Les micro-crédits constituent une solution
économique importante mais la réussite des projets
créés par des personnes sans expériences pour la plupart
d'entre elles et ne disposant pas de garanties suffisantes, se trouvent
à un moment ou un autre devant d'énormes difficultés
allant jusqu'à la cessation d'activité.
La question de l'indemnisation du chômage involontaire
reste une question posée dans une telle situation devant les pouvoirs
publics.
2. Les inégalités
régionales: la répartition inégalitaire des
ressources de base accentuée par le système colonial et le
développent de grandes villes au détriment de la campagne
laissée pour longtemps sans infrastructure et investissements, a comme
résultat un retard de développement que les statistiques le
mettent en relief.
La scolarisation massive après l'indépendance n'a
pas tenu compte des spécificités du monde rural (en particulier
le secteur agricole) pour former un main d'oeuvre qualifiée et
suffisante pour travailler et rester dans les campagnes alors que les
investissements dans ses régions sont presque inexistants (routes,
pistes, écoles, etc.). De ce fait l'exode des nouveaux instruits vers
les villes qui se développent très vite, bat son plein marquant
une rupture entre la campagne et sa jeunesse.
Le monde rural se trouve alors appauvrit de ses
compétences et les villes seront de plus en plus encombrées et
c'est que tardivement que la Tunisie adopte une politique inversive en donnant
plus d'importance au secteur agricole et du monde rural pour atténuer
une recherche d'un équilibre régional dans le pays.
Dans les années à venir, la Tunisie doit se pencher
particulièrement à réduire au minimum les
inégalités régionales par des orientations ciblées
des investissements économiques en faveur des zones
défavorisées (projets créateurs d'emplois intégrant
les caractéristiques de la région) pour bien réaliser les
Objectifs du Millénaire de Développement (OMD) dans tous les
coins du pays.
3. L'assurance sociale des chômeurs: la
couverture sociale atteint à l'heure actuelle environ 95% des actifs
occupés mais à part les personnes qui entrent dans le cadre du
Programme National des Familles Nécessiteuses (PNFN) et les
bénéficiaires d'une gratuité totale (AMG I) ou partielle
(AMG II) de soins de santé dans les hôpitaux publics, les sans
emploi ne peuvent pas accéder aux prestations de la
sécurité sociale qui exigent une contribution et l'exercice d'un
emploi.
De ce fait, les exclus de la couverture sociale ne peuvent
même pas bénéficier des soins nécessaires par
manque de revenu surtout s'ils sont sans soutien familial.
Alors, une assurance sociale propre pour cette catégorie
est de nature à prévenir la vulnérabilité et la
pauvreté. Une couverture maladie est plus que nécessaire pour
cette frange de la société qui se trouve marginalisée
avant d'en trouver un poste d'emploi ou le cas échéant la
création d'une caisse de chômage.
Le chômage est en effet un risque économique
important de notre époque qui peut être assuré comme les
autres aléas de la vie et il reste seulement de trouver les
mécanismes adéquats de financement. Le coût serait en
définitive moins important que les maux engendrés par une
jeunesse sans ressources dont leur capital en connaissance acquises seraient
perdues progressivement.
4. Analphabétisme élevé chez les
adultes : malgré un taux de scolarisation actuel des
enfants de 6-11 ans de l'ordre de 99%, le taux global d'analphabétisme
est encore élevé (22,3% en 2008 pour les personnes
âgées de 15 ans et plus). En effet, ce niveau est du
principalement aux taux très élevés relatifs aux personnes
adultes âgées plus de 40 ans (le taux d'analphabétisme est
de 82,6% pour la tranche d'âge 70 ans et plus).
Il est alors essentiel de promouvoir davantage le programme de
l'éducation des adultes lancé en 2000 pour diminuer
l'analphabétisme global qui constitue une source de non
intégration sociale et de pauvreté au sens de la nouvelle vision
qui fait référence aux capacités et
caractéristiques individuelles.
5. La mortalité maternelle :
malgré l'effort des instances sanitaires et les
différents programmes visant à améliorer la santé
de l'enfant et de la mère, le décès maternel reste assez
élevé eu égard aux pays développés surtout
dans le monde rural où l'accouchement se fait encore selon les
règles traditionnelles et sans l'assistance de sage femme ou la
présence d'un médecin.
6. Croissance économique pro-pauvre :
la croissance économique ne peut toute seule éradiquer
la pauvreté du dernier noyau dur et prévenir la pauvreté
potentielle des vulnérables dans un environnement de chômage
chronique et structurel même avec un taux supérieur à 5%
l'an sans l'accompagnement de plusieurs mécanismes tant conjoncturel
que stratégique à travers une répartition
égalitaire entre les régions de la richesse c'est-à-dire
une politique économique pro-pauvre.
|