9. La protection sociale et le développement
partagé
La Tunisie s'est employée à s'intégrer
activement dans l'économie mondiale nouant des accords bilatéraux
avec les pays et les organisations régionales et internationales comme
l'Organisation Mondiale de Commerce (OMC) en 1995, le General Agreement of
Tariffs and Trade (GATT) en 1990 et l'Union Européenne (l'accord des
zones de libre échange en 1995). Cette ouverture sur le monde
extérieur s'est illustrée par le niveau réalisé en
2008 par les exportations (61,0% du PIB) , les importations (64,6% du PIB) et
le flux des Investissements Directs Etrangers. Le nombre d'entreprises à
participation étrangère est actuellement de l'ordre de 2800
contre environ 400 entreprises en 1986.
La Tunisie comme les autres pays en voie de développement,
a besoin d'aide, d'Investissement Direct Etranger (IDE), et des emprunts pour
pouvoir financer les projets économique et social car l'épargne
intérieure et les ressources propres ne peuvent seules répondre
aux besoins grandissants de l'économie nationale.
En effet, les IDE et les prêts internationaux et surtout
les aides vont soit directement pour financer des projets sociaux comme la
construction des écoles, des universités, des hôpitaux, des
pistes agricoles ou sous formes d'équipements collectifs soit de
financer des projets créateurs d'emplois et de sources de revenus afin
de lutter contre le chômage et par conséquent réduire en
tant soit peu la pauvreté.
Les résultats de l'enquête consommation budget de
2005, montrent que le plus grand nombre de pauvres appartient à la
catégorie de chômeurs à concurrence de 17,4%.
Tableau 67 : IDE, commerce extérieur et
dette :
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
IDE et participation en MD
|
1091,1
|
4565,3
|
2162,4
|
3602,2
|
Exportation en % du PIB
|
49,6
|
50,8
|
55,8
|
61,0
|
Importation en % du PIB
|
50,2
|
53,1
|
58,0
|
64,6
|
Dette extérieure en MD
|
20373
|
19683
|
19728
|
19924
|
Dette en % du PNBD
|
54,6
|
47,4
|
43,4
|
39,2
|
Service de la dette en % des recettes courantes
|
12,7
|
16,4
|
11,7
|
7,8
|
Source : Ministère du développement et de
coopération internationale.
L'intervention du Fonds Monétaire International (FMI) et
de la Banque Mondiale (BM) consiste en le report des échéances
des dettes extérieures et l'appui des plans d'ajustement structurel.
Le rééchelonnement de la dette en cas de
difficulté de paiement des pays débiteurs se résume en
l'obtention des délais supplémentaires pour le remboursement des
emprunts tout en continuant à payer les intérêts au lieu
d'alléger les conditions draconiennes même en partie surtout pour
les pays pauvres et qui ne pourraient honorer leur engagement.
Cette politique de la part des institutions internationales ne
fait que retarder la crise et d'endurer la pauvreté à long terme.
L'origine de la pauvreté pourrait se trouver dans l'échange
inégal à l'échelle mondiale accentué par une
mondialisation rampante et des crises non maitrisables entre un centre riche
et prospère et une périphérie de plus en plus en retard et
défavorisé par manque de moyens, une mauvaise gouvernance et une
dette contraignante.
Les prêts accordés par ces institutions ainsi que
les aides publiques au développement sont souvent conditionnés
par l'adoption d'une certaine politique d'ajustement économique et
d'intégration au capitalisme international ce qui peut empirer les
problèmes et engendrer des crises internes de tout genre.
Tableau 68 : Aide publique de développement nette
reçue (en % du RNB) :
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
1,19
|
1,97
|
1,34
|
1,25
|
1,31
|
1,33
|
1,46
|
0,96
|
1,7
|
Source : Banque Mondiale.
L'Aide Publique au Développement (APD) joue en effet un
rôle important, en cas de bonne gouvernance, à financer les
projets sociaux et compléter le manque en sources de financement du
développement et surtout pour les pays qui ne sont pas en mesure de
d'attirer des Investissements Directs Etrangers (IDE).
L'APD peut être alors un moyen efficace d'améliorer
les conditions de vie de la population, de promouvoir davantage la croissance
économique et d'appuyer le développement les secteurs vitaux tels
que l'éducation, la santé et l'infrastructure publique.
Dollar et Kraay (2000) ont démontré
économétriquement que les Investissements Directs Etrangers (IDE)
stimulent une croissance pro-pauvres. Une croissance est pro-pauvres lorsque
les pauvres bénéficient plus que les autres catégories des
fruits de la croissance économique.
Pour d'autres auteurs et théoriciens la croissance seule
n'est pas suffisante pour réduire la pauvreté et même pour
certains elle s'accompagne par une augmentation de celle-ci. Par contre la
récession économique aggrave davantage la pauvreté.
Selon KLEIN, AARON et HADJIMICHAEL (2001), `'les IDE ne peuvent
participer à la réduction de la pauvreté sans conjugaison
avec des politiques publiques efficaces et sans l'existence d'un stock de
capital humain suffisant.
WINTER (2002) démontre que sur le long terme,''
l'ouverture aux échanges contribue à la réduction de la
pauvreté en créant de nouvelles opportunités à
l'emploi et en incitant le secteur local à un nivellement vers le haut
pour s'adapter aux normes internationaux.''
HAYASHIKAWA (2008) récapitule en affirmant qu'il ne fait
guère de doute que la croissance économique est l'instrument le
plus efficace pour réduire la pauvreté. Il est également
vrai qu'aucun pays n'a réussi à développer son
économie en tournant le dos au commerce international et à
l'investissement étranger direct.
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