1.4- UNE ZONE DE FAIBLE DENSITE HUMAINE
1.4.1- Une localité de peuplement très
récent
Peuple de chasseurs et de cultivateurs, les Temberma habitent
aujourd'hui les versants nord et sud de la chaîne de l'Atakora.
Néanmoins, leur installation dans cette zone qui s'identifiait au coeur
de la savane aux grands fauves et autres animaux sauvages est guidé par
des objectifs de défense. C'est aussi le site le plus apte pour ce
peuple de guerriers vivant dans les habitats refuges pour apercevoir de loin
l'ennemi. Mais comment est-on arrivée à la dispersion des
Temberma à travers les versants de l'Atakora ?
Les habitants actuels de notre terroir ne se souviennent plus
de l'époque où le premier Temberma foula les sols de leur
localité. Néanmoins, des données concordantes notamment
celles qui considèrent les Temberma comme un peuple autochtone (GAYIBOR
N.L., 1997) dans la région de la Kara contrairement à leurs
frères Kabyè et autres qui seraient des «
réfugiés », nous permettent de dire que ce peuple qui serait
venu du nord du Burkina Faso s'installa d'abord dans un lieu appelé
Tanguiéta au Bénin. C'est une famine qui les firent fuir de cette
localité pour arriver à Nadoba dont le vrai nom est «
Kounadookou-Nadoba » c'est-àdire « pays de ceux qui cultivent
les mains nues ». C'est donc de là que partit le fondateur de
Koutougou, un certain OWA M'poh, grand chasseur de son
état, à la recherche d'un endroit giboyeux et de nouvelles
terres. Il accéda donc à ce côté de la montagne et
décida de s'y installer à cause de la richesse de la faune de
cette zone. On raconte que c'est le lieu par excellence du phacochère,
du buffle et autres bêtes sauvages.
Plus tard arrivèrent à sa suite plusieurs autres
clans que la rareté du gibier commençait par faire partir de
Nadoba. Ils fondèrent alors l'actuel village de Tapountè au bord
de la Kéran. C'est donc à partir de ce site que tout le versant
sud de la chaîne de l'Atakora a été colonisé et est
actuellement habité par les Temberma appartenant à de nombreuses
tribus. Toutefois, de nos jours, ils ne reconnaissent aucun lien avec leurs
frères de Nadoba si ce n'est l'appartenance à une même
ethnie. En ce qui concerne les cérémonies et autres rites
traditionnels, ils font tout à leur niveau sans se mêler à
ce que font les autres. D'ailleurs, il existe nombre de différences dans
certains aspects non moins importants des deux sociétés. A
Nadoba, le grenier familial est géré par le chef de famille alors
que à KOUTOUGOU, cette charge incombe plutôt à la femme.
L'explication donnée sur place est que, à Nadoba, le
marché étant sur place, les femmes peuvent vilipender les biens
alimentaires familiaux si on leur confie la gestion des greniers alors
qu'à KOUTOUGOU, le marché étant au Bénin et
très éloigné (25 kilomètres environ), elle ne peut
le faire sans que son époux ne s'en aperçoive.
On se demande alors quelles sont les réalités
actuelles de l'évolution de cette population de chasseurs reconvertie en
paysans et éleveurs ?
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