3.4.4- Une prédisposition locale à participer
aux efforts de désenclavement
A Koutougou, les questions de développement sont
traitées par un Comité Villageois de Développement (CVD)
mis en place par l'ex-Ministère du Plan avec l'appui des services
sociaux pour enclencher le processus du développement endogène.
Il s'est déjà illustré dans la résolution de
certains problèmes notamment dans son apport dans la construction des
salles de classe.
Sur la question du désenclavement, il a aussi son
analyse des faits et sa petite idée. Dans l'ensemble, à l'instar
de toute la population d'ailleurs, les membres de ce comité pensent que
le tracé des routes est de la responsabilité des pouvoirs
publics. Néanmoins, tous ou presque s'accordent à dire que cela
devrait se faire dans la mise en commun des efforts avec le gouvernement pour
aboutir au désenclavement de leur milieu.
Ainsi, 59,5% de nos enquêtés affirment être
prêts à participer aux frais qu'exigeront ces travaux. Parmi les
40,5% restants, 58,5%, essentiellement les femmes disent plutôt pouvoir
offrir leur main d'oeuvre pour exécuter certains travaux. Il s'agit en
l'occurrence de l'extraction du gravier des rivières, la collecte de
l'eau ou encore la mise au propre du site retenu.
Concernant la participation financière, 76,8% de
ceux-là qui affirment pouvoir participer aux frais limitent leurs taux
à mille francs CFA alors que 13% le font à deux mille francs puis
10,2% pour ceux qui pensent donner jusqu'à 5 000 francs et plus.
Dans ce cadre, les populations de KOUTOUGOU affirment à
95,3% que la gestion de ces fonds doit être confiée au CVD et 4,7%
pensent plutôt au chef canton. Lorsqu'on sait que parmi les propositions
qui leur avaient été faites, il y avait la possibilité de
confier cet argent au Préfet et que pas un seul ne s'est prononcé
en faveur de cette éventualité, on comprend plus la relation
qu'entretiennent ceux-ci avec les pouvoirs centraux.
La proportion de la population qui s'est prononcée soit
en faveur d'une participation financière soit en faveur de
l'exécution d'une activité précise s'évalue
à 83,2% de nos
enquêtés21 et montre clairement
combien les habitants de KOUTOUGOU souffrent de leur isolement et sont
conscients des effets positifs du désenclavement sur leur
mieux-être. Elle dénote aussi de leur disponibilité
à participer aux efforts de construction de la route ou même de
l'entretien de celle déjà existante. Que peut-on attendre
concrètement du désenclavement de cette localité ?
3.4.5- Les effets du désenclavement du terroir de
Koutougou
Comme tout processus dans le développement d'une
contrée, celui de désenclavement a des retombées sur la
vie des habitants, celle du pays et partant pour l'économie
nationale.
3.4.5.1- Sur le plan moral et culturel
Si un jour les habitants de KOUTOUGOU avaient plus de
facilité à joindre Kantè ou toute autre ville togolaise
pour vendre leurs produits agricoles, ils se sentiraient plus Togolais. Le
Préfet et d'autres personnalités encore pourront s'y rendre pour
assister aux fêtes traditionnelles comme ils le font déjà
pour Nadoba et les autres peuples de la préfecture.
Aussi l'existence d'une route praticable en toute saison
permettra-t-elle de développer les échanges culturels avec
d'autres peuples de la région dont les membres viendront s'installer
à KOUTOUGOU.
Par ailleurs, un processus de désenclavement permettra
aux Temberma de KOUTOUGOU de valoriser leur culture notamment leur danse, leurs
tatas comme cela commence par se faire du côté de Nadoba et comme
cela s'est fait depuis déjà très longtemps à
Koussoukoungou au Bénin. En effet, le site panoramique ou le
belvédère de Koussoukoungou est un site touristique sous
l'autorité de l'Agence Régionale de Développement du
Tourisme (ARDET - Atacora-Donga). Là, la préservation des tatas
et leur rentabilisation est une préoccupation sérieuse. De nos
jours, des touristes nationaux comme régionaux s'y rendent après
avoir payé des droits de visite à l'Agence régionale de
Natitingou. D'ailleurs, l'auberge du site est une tata reconstruite à
base du ciment et qui date de 52 ans.
Enfin, loin de n'être qu'une affaire de routes et de
ponts, le désenclavement devrait prendre en compte la mise en place des
infrastructures permettant à ces populations de se sentir davantage
intégrées à la vie politique et culturelle de leur pays.
Il s'agit en l'occurrence de leur donner la possibilité de capter ne
serait-ce que les chaînes médiatiques togolaises
21 Seuls 16,8% affirment ne pas être en
mesure de fournir une participation quelconque afin de sortir leur
localité de son état d'enclavement. Ils pensent que ce processus
de désenclavement est purement du ressort des pouvoirs publics.
comme la TVT et la radio Lomé et Kara. De plus, la mise en
place d'un réseau de téléphonie rurale serait un atout et
un facteur d'attrait de la zone d'étude.
Bref, le désenclavement de notre site d'étude
sera probablement un prélude à une activité culturelle
génératrice de revenus et surtout à un aménagement
de ce « village-versant ». Tout ceci aura nécessairement des
retombées sur l'économie locale, régionale et
nationale.
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