2.2.2- Le parcellaire
C'est la photographie de la disposition des parcelles de
culture dans un paysage agraire. A KOUTOUGOU, il s'agit d'un parcellaire
régulier au sein duquel cohabitent des parcelles
régulières15 et celles
irrégulières16.
Les parcelles régulières portent les cultures de
coton, de maïs ou de niébé. Elles sont le fait de
l'introduction par les services d'encadrement de la culture attelée et
du semis en poquets réguliers. De nos jours, elles connaissent une
fulgurante croissance et tendent à couvrir toute la zone
d'étude.
L'existence des parcelles irrégulières provient
essentiellement de facteurs physiques. En fait, les versants des montagnes qui
servent de champs de culture de fonio, de sorgho ne se prêtent pas
à des aménagements viables. Il en résulte donc de petites
parcelles dont la forme est irrégulière. Dans le paysage, elles
paraissent comme des terrasses et font penser aux cultures en terrasse du pays
Kabyè. Mais il n'y a pas que les facteurs physiques qui expliquent leur
existence puisque dans les rizières où on rencontre aussi une
irrégularité des parcelles de culture, aucun obstacle physique
n'y existe. Il s'agit en fait de la forme primitive d'exploitation des
rizières qui y est en vigueur. Très souvent, elles appartiennent
aux femmes et ne font pas l'objet d'aménagement pouvant assurer leur
uniformisation. C'est le cas lorsqu'il s'agit des parcelles qui appartiennent
aux hommes qui font usage de la charrue.
15 Ce sont des parcelles ayant une forme
régulière (carrée, rectangle, ...)
16 Elles n'ont pas de formes bien définies.
A terme, il s'agit de champs ouverts sans haies vives mais
avec des parcelles de formes et de dimensions variables qui s'étendent
sur tout le terroir et dont l'exploitation judicieuse nécessite des
itinéraires techniques bien définis.
2.2.3- Les itinéraires techniques
La rentabilisation des efforts des paysans passe par le suivi
d'un calendrier agricole qui, tout en tenant compte de la réalité
physique du milieu dépend des pratiques empiriques. Les
opérations culturales s'effectuent en fonction du calendrier agricole.
Ainsi, selon les cultures, on distingue trois périodes distinctes : la
période de semis, le cycle végétatif et la période
de récolte. Le tableau 6 qui présente les situations de quelques
cultures importantes dans le milieu en dit long.
Tableau 6 : Itinéraires techniques de quelques
cultures importantes à
KOUTOUGOU
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Périodes
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Jan
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Fev
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Mars
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Avr.
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Mai
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Juin
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Jlt.
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Août.
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Sep
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Oct.
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Nov.
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Déc.
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Arachide
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SSS
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SSS
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VVV
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RRR
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RRR
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Coton
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RRR
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SSS
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SSS
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VVV
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VVV
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VVV
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VVV
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RRR
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Fonio
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SSS
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VVV
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VVV
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VVV
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RRR
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Igname
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SSS
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SSS
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VVV
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SSS
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VVV
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VVV
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VVV
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RRR
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RRR
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RRR
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RRR
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Maïs
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SSS
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SSS
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VVV
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VVV
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VVV
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RRR
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Niébé
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SSS
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VVV
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VVV
|
VVV
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RRR
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RRR
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Sorgho
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SSS
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VVV
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VVV
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VVV
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RRR
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RRR
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Riz
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SSS
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SSS
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VVV
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VVV
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VVV
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RRR
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Légende :
SSS : Période de semis VVV : Cycle
végétatif RRR : Période de récolte
Source : D'apres les résultats de nos
travaux de terrain.
Aux trois périodes ainsi dégagées
correspondent également trois grandes opérations culturales en
pays Temberma auxquelles il suffit d'ajouter la préparation du terrain
pour obtenir les quatre temps forts de la tenure d'un champ. Ce sont : la
préparation des champs, le semis, l'entretien des cultures et la
récolte.
La préparation des champs intervient
après les dernières pluies de l'année (entre octobre et
novembre) et commence toujours par les champs d'igname. Dans ce cas, il prend
le nom de débroussage puisque c'est souvent sur des parcelles non encore
exploitées ou laissées en jachère depuis des années
que cette plante est cultivée. C'est d'ailleurs elle qui ouvre la
série de la rotation. Les herbes arrachées sont
brûlées après séchage de même que les arbustes
et arbres existant dans le champ. Seules les espèces utiles
(karité, néré, baobab...) ne le sont pas. Cette
opération est immédiatement suivie de buttage. Les buttes sont
des monticules de terre d'un diamètre variant entre 0,5 et 1
mètre et d'une hauteur de 0,70 mètre environ devant accueillir
les têtes d'igname.
En ce qui concerne les champs de céréales,
l'entretien consiste essentiellement à arracher les anciennes tiges et
à procéder au labour. Ces opérations interviennent selon
la céréale entre décembre et avril avec les
premières pluies. Les champs ainsi préparés
reçoivent les semences dès qu'une importante pluie ouvre la
saison agricole.
Le semis : c'est une opération d'une
importance capitale qui est en général réservée aux
femmes sauf dans le cas du semis à la volée pratiqué dans
les rizicultures et dans la « fonioculture ».
Généralement, elle est précédée par la
sélection des meilleures graines de la récolte de l'année
précédente ou de l'achat des semences sélectionnées
auprès de l'ICAT ou de la DPAEP. Après les semis et dès
que les plantes commencent à pousser, une longue série de soins
doit être apportée, soins que nous résumons sous le vocable
d'entretien des cultures.
L'entretien des cultures est l'ensemble des
opérations qui se succèdent dans un champ jusqu'à la
maturité des produits. La première opération est le
sarclage secondé du démariage. Elle intervient autour du
quinzième jour après le semis. Puis intervient la fumure qui
consiste à apporter à la plante des compléments
énergétiques sous la forme d'engrais chimiques. Les cultures qui
en bénéficient le plus souvent sont le coton et le maïs.
Quant au sorgho, au fonio, niébé ou arachide, leur culture ne
nécessite pas la fumure puisque les paysans de Koutougou affirment que
leurs terres sont très fertiles. D'ailleurs, cela se comprend
aisément quand on sait qu'à part les champs de fonio, les autres
champs sont souvent riverains du cours d'eau. Après la fumure, suivent
respectivement un deuxième sarclage, le rebillonnage, les traitements
phytosanitaires...
Les récoltes quant à elles,
commencent avec la maturité des produits et restent prioritairement un
travail féminin. Il intervient selon le type de culture et la
durée du cycle végétatif trois, quatre ou cinq mois
après le semis et annonce la fin des activités agricoles de la
saison.
Mais cette présentation de chacune des
opérations agricoles telle que nous l'avons faite est loin d'être
respectée dans la pratique. En effet, selon le type de culture, la date
de chaque activité diffère. Il n'y a donc pas de limites
précises dans le temps pour exécuter telle ou telle
opération. C'est pourquoi, il n'est pas rare de voir qu'au moment
où on procède à la récolte d'un produit, une autre
culture n'est qu'à l'étape du semis. C'est par exemple, le cas
du niébé dont les semis commencent en
général au moment de la maturité du maïs. Cette
réalité est loin d'être le propre du terroir de KOUTOUGOU
car il est en réalité le fait des exigences du climat. Comme tel,
toute la région de la Kara jouissant du même type de climat
organise presque de la même façon le travail des champs. On note
ainsi une ressemblance avec les situations de Dimori en pays Bassar (ALI S.,
1996) et de Somdina en pays Kabyè (POKO Y., 1999). Tout ce qui
diffère entre ces trois terroirs, c'est la taille des exploitations
agricoles. Comment se présentent-elles dans notre zone d'étude
?
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