2.1.3- Une prédominance de la
propriété individuelle
Le niveau d'appropriation des exploitations agricoles dans le
terroir d'étude est dans 97,3% des cas de type individuel. Cette
tendance démontre ainsi la rareté des exploitations collectives.
Celles-ci restent la propriété des populations
allochtones14. Ce sont elles qui, en effet, au prorata de 2,7% des
cas ont des champs collectifs. Quant aux autochtones, chaque héritier
dispose d'une parcelle dans le domaine foncier de sa famille et en devient chef
d'exploitation. Tous les enfants mâles exploitent le bien familial selon
leur force de travail. C'est sur les parcelles exploitées que chacun en
vient à exercer des droits successoraux puisque celles-ci deviennent
leur propriété individuelle qu'ils transmettent à leurs
enfants qui eux aussi n'ont pas le droit de la partager. En fait, il s'agit, si
nous empruntons à LOMBARD J. (1961, page 197) son expression d'une
« copossession dans l'indivision ».
La prédominance de ce type de propriété
est le fruit de plusieurs facteurs. D'une part la nécessité pour
chacun d'acquérir des biens matériels personnels. Il s'agit entre
autres d'outils de travail ou d'objets de luxe devenus critères du
renforcement du statut social. Ce besoin a sans doute accentué
l'individualisme dans les sociétés traditionnelles en Afrique.
D'autre part, il y a la famille polygamique au sein de laquelle les enfants
issus de mères différentes ont du mal à s'entendre. Il
s'agit d'une situation qui n'a pas aidé à préserver,
14 Les rares exploitations collectives existantes
appartiennent aux familles allochtones dont un membre est un fonctionnaire de
l'administration publique.
mieux à maintenir les propriétés familiales
ou claniques. Elles ont donc vécu et ont cédé la place aux
propriétés individuelles plus aptes à offrir à
leurs propriétaires les avantages voulus.
Somme toute, il règne à KOUTOUGOU une
stabilité du régime foncier qui reste traditionnel. Dans cette
logique, pour les Temberma de la zone d'étude, « la terre n'est pas
un bien accumulable mais un moyen de survie et de reproduction du groupe social
et de ses éléments constitutifs » (GU-KONU E. Y., 1986,
p.246). Comme tel, tous les membres de la communauté, y compris les
allochtones peuvent y avoir accès. C'est ce qui justifie que des
conflits liés à la question de la terre ne soient pas encore
très répandus dans l'environnement étudié qui
connaît une disponibilité des terres de culture. Cette abondance
de la terre dépend de plusieurs autres facteurs qui entrent dans
l'analyse de la dynamique agricole. Leur exposé nous permettra de mieux
les appréhender avant de juger de leur influence sur la vie des
populations du terroir d'investigation.
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