ISSN 1991-8631
Original Paper
http://indexmedicus.afro.who.int
Pollution physico-chimique et bactériologique
d'un écosystème aquatique et ses risques
écotoxicologiques : cas du lac Nokoue au Sud Benin
Flavien DOVONOU 1, Martin AINA 2*, Moussa
BOUKARI 1 et Abdoukarim ALASSANE 1
1Laboratoire d'Hydrologie
Appliquée à la Faculté des Sciences et Techniques de
l'Université d'Abomey- Calavi ( LHA / FAST / UAC ) 01 BP
4521 Cotonou ( Bénin.) Téléphone :
(00229)21150567. 2Laboratoire des Sciences et Techniques de l'Eau
(LSTE) de l'Université d'Abomey-Calavi (LSTE /EPAC /UAC) 01 BP 2009
Cotonou (BENIN) Téléphone (00229) 21 36 09 93. * Auteur
correspondant, E-mail :
marnickson@yahoo.fr
RESUME
La protection des écosystèmes aquatiques est
indispensable à l'équilibre écologique des espèces
halieutiques et à une saine alimentation des populations locales. Le lac
Nokoué situé au Sud du Bénin est sous l'influence de
plusieurs formes de pollution qui résultent pour la plupart des
activités anthropiques. Ce travail se propose de faire une
évaluation des diverses formes de pollution que subi aujourd'hui ce lac,
afin d'alerter sur les risques écotoxicologiques. Pour atteindre cet
objectif, des visites du terrain d'étude, des analyses physico-chimiques
et bactériologiques ont été effectuées, des
entretiens avec des personnes ressources ont été organisés
et des enquêtes de terrain ont été menées
auprès des populations locales. Les résultats issus des analyses
physico-chimiques et bactériologiques de l'eau du lac Nokoué ont
permis d'identifier les sources des divers types de polluants du lac
Nokoué. La teneur en oxygène dissous varie de 3,62 mg /L à
2,76 mg/L ; la DBO5 de 29 mg/L à 10 mg/L ; la DCO est de 253 mg/L ; la
teneur en ammonium est supérieure à 8 mg/L ; la teneur en nitrite
avoisine 0,7 mg /L par endroit ; la teneur en coliformes totaux fluctue de 4000
/100 mL à 6000/100 mL ; la teneur en streptocoques fécaux varie
de 500/100mL à 4000/100 mL. Ces résultats montrent que le lac
Nokoué est pollué. Des stratégies pour limiter la
pollution du lac doivent être mises en place par les décideurs
à tous les niveaux afin d'éviter des problèmes
d'écosanté aux populations du lac Nokoué, ce qui pourrait
constituer aussi un frein pour le développement du pays.
(c) 2011 International Formulae Group. All rights
reserved.
Mots clés : Pollution,
écosystème, lac Nokoué, risques
écotoxicologiques.
INTRODUCTION
L'eau est indispensable à toute forme de vie ; elle est
nécessaire à la santé, l'agriculture, l'industrie, le
tourisme, les loisirs, la navigation, etc. L'eau du lac Nokoué a des
rôles alimentaires et socioéconomiques très importants :
elle sert de lieu d'habitation pour les populations lacustres ;
elle renferme des poissons et des crustacés qui sont
des sources de protéines animales pour les populations de la
région de Cotonou ; elle sert de voie de transport des personnes et des
biens. Ce rôle considérable que joue le lac Nokoué explique
la forte concentration des populations autour et dans ce plan d'eau.
(c) 2011 International Formulae Group. All rights reserved.
DOI :
http://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v5i4.23
En effet, selon l'Institut National de la Statistique et de
l'Analyse Economique (2003), la population des villages riverains du lac est
d'environ 76315 habitants. Aujourd'hui, avec l'augmentation de cette population
lacustre, qui rejette quotidiennement des déchets solides et liquides
dans le lac, il se pose des problèmes environnementaux dont la pollution
est l'un des plus importants (Agonkpahoun, 2006). Le lac et sa berge sont
devenus en effet un réceptacle de déchets solides et liquides.
Ces déchets et produits sont rejetés quotidiennement dans le lac
ou sur la berge. De plus, dans le cadre des activités halieutiques,
d'importantes quantités de branchages servant à la construction
de piège à poissons y sont quotidiennement
déversées par les pêcheurs.
Le trafic frauduleux des hydrocarbures (pétrole,
essence, gasoil, huile à moteur) sur le lac Nokoué et la lagune
de Porto-Novo constitue aussi une source potentielle de pollution chimique du
lac. Dans ces conditions d'absence totale de mesure d'hygiène et
d'assainissement autour du lac, les risques écotoxicologiques sont
très élevés.
La présente étude vise à
déterminer la qualité physico-chimique et bactériologique
de l'eau du lac Nokoué, expliquer les fortes teneurs des
paramètres mesurés et les conséquences de cette pollution
sur la santé publique des populations vivants des produits halieutiques
en provenance de ce lac.
MATERIEL ET METHODES
Le lac Nokoué, le plus grand lac du Bénin,
couvre une superficie de 150 km2 à l'étiage.
Situé au sud-est du pays, il est compris entre les parallèles
6°20' et 6°30' Nord et les méridiens 2°20' et 2°35'
Est. S'étendant sur les départements de l'Ouémé, de
l'Atlantique et du Littoral, il est limité à l'ouest par le
plateau d'Abomey-Calavi, à l'est par la lagune de Porto-Novo, au nord
par la plaine d'inondation du fleuve Ouémé et de la
rivière Sô puis au sud par la ville de Cotonou,
conformément à la Figure 1. Le chenal de Cotonou et le canal de
Totchè relient respectivement le lac à l'océan Atlantique
et à la lagune de Porto-Novo. Le lac Nokoué a une longueur
moyenne de 20 km dans sa direction est-ouest et une largeur de 11 km dans sa
direction nord-sud.
Matériel
Plusieurs matériels ont été
utilisés parmi lesquels on compte les matériels de terrain : un
GPS (pour prendre les coordonnées géographiques des points de
prélèvement) ; des glacières (pour la conservation des
échantillons des flacons ; une mallette d'analyse d'eau comprenant un
thermomètre. Un conductimètre de type WTW LF 315, un pH
mètre de type WTW LF 310 de résolution 0,01 et de
précision plus ou moins 0,01, un oxymètre de type YSI
Modèle 55, un appareil photo numérique de marque Canon, de
résolution 14 méga pixels et quelques réactifs chimiques.
Outre ces matériels de terrain, nous avons utilisé au laboratoire
: un spectrophotomètre DR 4000, un agitateur magnétique à
6 postes, des réactifs pour les différents dosages, une plaque
chauffante, des erlenmeyers, des béchers, des fioles et des pipettes
pour les analyses physico-chimiques, un milieu éosine bleu de
méthylène, un milieu Slanetz, de la Tripcase Sulfite
Néomycine ( TSN) , de la gélose d'Endo pour les analyses
bactériologiques.
Méthodes
Pour atteindre les objectifs de cette étude, les
prélèvements d'eau ont été effectués
à différents endroits caractérisés par de fortes
activités humaines. Deux campagnes de prélèvement ont
été effectuées. Une première campagne pendant la
saison pluvieuse en juin 2007 et une seconde pendant la saison sèche en
septembre 2007. La méthodologie utilisée est basée sur la
documentation, les travaux de terrain, les travaux de laboratoire et les
traitements des données. La collecte des données a eu lieu au
Ministère de la Santé Publique, à la Direction de
l'Hygiène et de l'Assainissement de Base, à l'Institut National
de la Statistique et de l'Analyse Economique
et à la Direction de la Pêche. Sur la base des
fiches confectionnées pour les enquêtes auprès des
ménages.
Le pH a été déterminé au
laboratoire à l'aide d'un pH-mètre TACUSSEL, la précision
sur mesure donnée par le constructeur est de 0,1 unité de pH. La
conductivité a été mesurée à l'aide d'un
conductimètre LF 538 WTW.
Sur le terrain, ils ont été mesurés avec
un pH mètre portable à microprocesseur de type HI 991001
d'exactitude 0,02 pH avec une gamme de températures allant de 0,5
à 60 °C et un conductimètre de type HI 99301 de
résolution 0,01 mS/cm (0,01 ppt TDS).
Les analyses de DCO, DBO5, nitrate et nitrite ont
été réalisées selon les normes AFNOR en vigueur
(NFT 90-101, NFT 90-103, NFT 90- 105, NFT 90-036).
L'échantillonnage a porté sur six
localités situées à des points stratégiques du lac
(Abomey-Calavi, Ganvié, Rivière Sô, Aguégué,
Kétonou, et Ahouansori) pour les analyses physico-chimiques et cinq
puits situés à Ahouansori Towéta I à des distances
variables de la berge pour certaines analyses bactériologiques.
Les échantillons d'eau pour l'analyse physico-chimique
ont été mis dans des flacons en plastique de 1,5 litres. Les
prélèvements sont faits pendant un temps ensoleillé entre
07h00 mn et 08h00 mn.
Pour les analyses bactériologiques, les
échantillons d'eaux ont été pris dans des bouteilles en
verre de 250 ml. Le mode opératoire consiste à filtrer 10
à 100 ml de l'échantillon d'eau préalablement dilué
à travers une membrane cellulosique filtrante. Toutes les
bactéries présentes dans l'échantillon sont retenues
à la surface de la membrane ; celle-ci est ensuite mise sur des milieux
de cultures gélosés favorables à la nutrition des
bactéries. Les lectures sont faites 48 heures après une
incubation à 37 °C.
Les milieux solides utilisés pour cette analyse
bactériologique sont :
- Eosine Bleu de Méthylène pour la
détermination de Escherichia coli dont les colonies sur ce
milieu ont un diamètre de 2 à 3 mm et sont de couleur violette
très foncée avec un reflet métallique lorsqu'on les
examine à la lumière réfléchie.
- Trypcase-Sulfit-Neomycin qui permet de déterminer les
Clostridium perfringens qui y prennent une coloration noire.
- la gélose de Slanetz qui permet d'isoler les
streptocoques qui y apparaissent entourés d'une auréole jaune.
Plusieurs laboratoires ont été mis à
contribution pour les différentes analyses : Le Laboratoire de la
Direction de l'Hygiène et de l'Assainissement de Base et le Laboratoire
d'Hydrologie Appliquée.
Les données ont été regroupées en
tableaux puis traitées avec Excel. La grille définie par les
concentrations maximales admises (CMA) de l'Organisation Mondiale de la
Santé est utilisée pour l'interprétation des
résultats des analyses de l'eau du lac et des puits.
La méthode d'analyse PEIR (Pression, Etat, Impact,
Réponse) a permis de déterminer les différentes causes de
la pollution chimique et bactériologique de l'eau du lac, les risques
écotoxicologiques liés à cette pollution et les mesures
à prendre pour atténuer la dégradation de cet
écosystème aquatique. L'application du modèle PEIR a
été rendu possible à partir des données issues des
enquêtes de terrain.
RESULTATS ET DISCUSSION
Les résultats des analyses physicochimiques et
bactériologiques, les différentes investigations sur le terrain
(observations directes et enquêtes auprès des ménages) ont
été obtenus et sont présentés suivant les
différents objectifs de l'étude.
Les résultats des mesures et analyses sont
consignés dans les Tableaux 2 et 3 et sur les Figures 2 à 10.
A travers ces deux tableaux, on constate que sur l'ensemble
des sites, les
températures varient en juin de 25,4 °C à
34 °C et en septembre de 27 °C à 30 °C. Pour ce qui
concerne la salinité, elle varie considérablement d'une saison
à une autre et d'un lieu à un autre. Elle présente des
teneurs très basses en septembre alors qu'en juin ces valeurs sont
élevées. La diminution totale du taux de salinité
enregistrée en septembre s'explique par les apports en eau douce de la
rivière Sô et du fleuve Ouémé qui diluent l'eau du
lac. La baisse de la salinité favorise la prolifération des
espèces aquatiques plus précisément les jacinthes d'eau
qui en se développant empêchent la pénétration des
rayons solaires dans l'eau et contribuent à la raréfaction de
l'aération de l'eau ce qui est une menace pour les poissons (Laleye,
2010).
La conductivité de l'eau est une mesure de sa
capacité à conduire le courant électrique. La mesure de la
conductivité permet d'apprécier rapidement mais très
approximativement la minéralisation de l'eau et de suivre son
évolution. Les valeurs enregistrées sont inférieures
à 100 us/Cm et démontrent une très faible
minéralisation de l'eau du lac.
L'eau naturelle pure est neutre c'est à dire pH
égal à 7. Le pH d'une eau représente son acidité ou
son alcalinité. Le pH des eaux naturelles est lié à la
nature des terrains traversés. La Figure 2 représente la
variation du pH des eaux du lac Nokoué en juin et en septembre.
Les valeurs de pH obtenues en juin sont comprises entre 6,05
et 7,80. En septembre elles varient de 6,25 à 7,80. Pour l'ensemble des
sites, les valeurs moyennes du pH sont de 6,92 et 7,0 en juin et septembre. La
valeur la plus élevée a été obtenue en septembre
à Kétonou et en juin à Aguégué.
Le Système d'évaluation de la qualité de
l'eau au Bénin permet d'évaluer la qualité de l'eau et son
aptitude à assurer certaines fonctionnalités : maintien des
équilibres biologiques, production d'eau potable, etc. Les valeurs du pH
de ce lac étant comprises dans
la limite des normes qui est de 6,5 à 8,5, le lac
Nokoué est classé eutrophe.
Les graphiques des Figures 3 et 4 illustrent respectivement
les variations de teneurs des matières solides en suspension et celles
de l'oxygène dissous dans l'eau du lac Nokoué.
L'analyse des matières solides en suspension permet de
connaître la quantité de matières non dissoutes
présente dans un échantillon. Les MES biodégradables
contribuent de façon significative à la demande en oxygène
et occasionnent la diminution de la concentration en oxygène dissous
dans le milieu aquatique (Roche international, 2000).
La teneur en oxygène dissous renseigne sur les
activités métaboliques du milieu. Cette teneur est plus
élevée en juin qu'en septembre et varie d'une localité
à l'autre. Sa valeur étant inférieure à 3 mg/L en
septembre dénote de la mauvaise qualité de l'eau. La plus grande
valeur est de 7 mg/L et a été obtenue dans la rivière
Sô en juin 2007.
Les Figures 5 et 6 renseignent sur les variations de la DBO5
et celles de la DCO en fonction des points de prélèvement.
L'oxydation des composés organiques
biodégradables par les microorganismes entraîne une consommation
de dioxygène (O2). La mesure de cette demande en oxygène permet
d'évaluer le contenu d'une eau en matières organiques
biodégradables, donc son degré de pollution ou sa
qualité.
La DBO5 de l'eau du lac Nokoué est comprise entre 10
mg/L et 29 mg/L et ces teneurs varient en fonction des saisons. Pour ce qui est
de la valeur de la DCO, elle est largement supérieure à 80 mg/L.
Cela montre une pénurie d'oxygène dans ces milieux. Lorsque nous
savons que l'oxygène est indispensable à la vie, on doit se poser
beaucoup de questions sur le devenir de ce plan d'eau. Cette valeur
élevée de la DCO correspond à une forte teneur de
matière organique présente dans le lac liée aux
dépôts de branchages d'acadja. Dans un milieu nettement
pollué, de faibles valeurs de DBO5
peuvent être liées à la présence
d'éléments toxiques inhibiteurs.
Les Figures 7 et 8 représentent respectivement les
variations de l'ammonium et du phosphate suivant les stations
sélectionnées.
Une comparaison des différentes concentrations de
l'ammonium avec les normes de qualité permet de constater que les
valeurs obtenues sont largement supérieures à
8 mg/L sur tous les sites sauf à Ahouansori
oüune teneur de 7,9 mg/L est enregistrée en
septembre.
Les concentrations de phosphates obtenues sont
supérieures à la limite admissible de 0,5 mg/L. Ceci explique les
problèmes d'eutrophisation sur le lac. En effet, les algues
diffèrent de la vie animale microscopique de nos plans d'eau à
cause de leur mode de respiration : elles libèrent plus d'oxygène
durant la journée qu'elles en utilisent, et absorbent plus de dioxyde de
carbone qu'elles n'en relâchent, alors que les animaux et les organismes
photosynthétiques libèrent le dioxyde de carbone et absorbent
l'oxygène de leur environnement. Les algues réagissent
habituellement d'une façon opposée pendant la nuit, lorsqu'elles
agissent comme des matières organiques mortes augmentant ainsi la DBO.
Il est important de réfléchir soigneusement sur les actions
d'élimination des algues des plans d'eau : l'oxygène fourni par
les algues lors de leur photosynthèse est bénéfique
à la plupart des formes de vie. Ainsi, leur élimination se fera
souvent plus au détriment de ces formes de vie qu'à leur
bénéfice.
A travers la Figure 9, on constate que les teneurs en nitrate
varient de 3 mg/L à 15 mg/L. Les concentrations les plus
élevées sont enregistrées à Abomey-Calavi et
à Ganvié.
Un autre paramètre dont la teneur dans l'eau du lac est
inquiétante est le nitrite. Il provient de la réduction du
nitrate sous l'influence des bactéries. Au mois de juin, à
l'exception des sites de Kétonou et du bras Ouest de la rivière
Sô, toutes les autres stations présentent une concentration de
nitrite supérieure à la limite admissible de 0,06 mg/L
correspondant au seuil inférieur de la gamme de toxicité
aiguë (Djibril, 2001).
En septembre, les concentrations de nitrites obtenues sur tous
les autres sites sont supérieures à 0,06 mg/L. La contamination
des puits par le nitrate constitue un grand problème de santé
publique car dans certains quartiers périphériques de Cotonou,
l'eau de puits continue d'être consommée sans traitement
préalable. L'effet le plus grave et le plus anciennement connu des
nitrates est la méthémoglobinémie.
Les résultats des analyses
bactériologiques de l'eau du lac sont
représentés sur les Figures 11, 12 et 13.
Ces figures montrent que les valeurs les plus
élevées des germes bactériologiques ont été
enregistrées à Ahouansori, une localité dépourvue
de toute disposition d'assainissement et fortement peuplée. Ainsi, la
concentration des coliformes totaux avoisine 12000 /100 mL, celle des
coliformes fécaux est de 40000 /100 mL et enfin celle des streptocoques
fécaux 40000 /100 mL.
Pour évaluer l'influence de la forte pollution
fécale du lac à cet endroit, il a été
procédé à des analyses bactériologiques de l'eau
des puits situés dans cette localité. Ces résultats sont
portés dans le Tableau 3.
Les résultats des analyses
bactériologiques montrent la présence de
streptocoques fécaux et de Clostridium dans les eaux de puits
de certaines localités proches de la berge. La présence de
microbes pathogènes comme les staphylocoques, Salmonella et
Shigelle confirme la prévalence élevée de maladies
diarrhéiques et de dermatoses signalée par les agents de
santé des localités lacustres.
Les principales sources de pollution organique du lac sont
d'une part le dépôt des branchages dans le lac (Photo 1) et
d'autre part les dépotoirs sauvages d'ordure implantés le long de
la berge du lac Nokoué à Cotonou (Photo 2).
1595
F. DOVONOU et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 5(4): 1590-1602,
2011
Figure 1 : Localisation de la zone
d'étude.
Figure 3 : Matières solides en suspension
des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées
(2007).
Figure 4 : Teneurs en oxygène dissous des
eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées
(2007).
Figure 5 : Demande biochimique en oxygène
des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées
(2007).
Figure 6 : Demande chimique en oxygène
des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées
(2007).
Figure 7 : Teneur en ammonium des eaux du lac
Nokoué selon les stations sélectionnées.
.
Figure 8 : Teneur en phosphate des eaux du lac
Nokoué selon les stations sélectionnées (2007).
Figure 9 : Teneur en nitrate des eaux du lac
Nokoué selon les stations sélectionnées (2007).
Figure 10 : Teneur en nitrites des eaux du lac
Nokoué selon les stations sélectionnées (2007).
Figure 11 : Teneur en coliformes fécaux
des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées
(2007).
Figure 12 : Teneur en coliformes totaux des eaux
du lac Nokoué selon les stations sélectionnées (2007).
Figure 13 : Teneur en streptocoques
fécaux des eaux du lac Nokoué selon les stations
sélectionnées (2007).
Tableau 3 : Résultats des analyses
bactériologiques de l'eau de certains puits de Ahouansori Towéta
1.
Paramètres Germes totaux (100 ml)
|
Escherichia Coli(100
ml)
|
Streptocoques Fécaux (100 ml)
|
Clostridium perfringens (100
ml)
|
Staphylocoques (100 ml)
|
Salmonella et Shigella (100 ml)
|
Puits 1 Puits 2 Puits 3 Puits 4 Puits 5
700
|
1100
|
120
|
1500
|
8000
|
450
|
200
|
1600
|
280
|
1400
|
7000
|
400
|
350
|
1500
|
250
|
1800
|
7500
|
250
|
300
|
1900
|
200
|
1600
|
6000
|
300
|
600
|
2200
|
300
|
2000
|
8000
|
500
|
Conclusion
De nos jours, la sauvegarde et la protection des
écosystèmes aquatiques sont d'une nécessité
fondamentale pour la biodiversité des espèces halieutiques.
Le plus grand lac du sud-Bénin est pollué par
des éléments chimiques, des matières organiques et autres
déchets. De façon générale, les teneurs des
polluants retrouvés dans le lac Nokoué sont supérieures
aux normes de qualités admises. Les causes de sa pollution sont diverses
et peuvent être résumées comme suit :
- les branches d'acadja qui sont
quotidiennement déversées dans le lac ;
- les décharges d'ordures en bordure du lac ;
- les rejets des collecteurs d'évacuation d'eau
pluviale en provenance de la ville de Cotonou ;
- les apports du fleuve Ouémé ;
- les matières fécales d'origines humaines et
animales ;
- les déchets ménagers (ordures et eaux
usées) dans le lac par les populations lacustres.
- des déversements de produits pétroliers dans
le lac ;
Tant que la charge polluante n'est pas trop
élevée, le lac Nokoué sera capable de s'autoépurer
grâce aux microorganismes présents dans l'eau. En revanche si l'on
n'y prend garde, le lac Nokoué risque d'être le siège d'une
forte eutrophisation.
Le plus grand risque écotoxicologique lié
à la pollution du lac Nokoué est celui lié à la
possibilité d'accumulation de certains polluants dans l'organisme des
poissons et des huîtres vivants dans cet écosystème. En
effet, l'ion ammonium provenant de la décomposition des excréta
passe sous la forme de gaz, à la faveur d'une élévation de
pH. Le gaz ammoniac est toxique et peut entraîner la mort des poissons,
des crevettes et d'autres organismes.
Les teneurs en nitrites élevées constituent un
frein au développement de la faune aquatique à cause de la
toxicité (André, 1995). Les nitrites agissent directement sur
l'hémoglobine en oxydant l'ion ferreux, il se forme de la
méthémoglobine qui est incapable de transporter les gaz
respiratoires.
A cause du rejet des excréta dans le lac, les
concentrations de nitrite sont par endroit au dessus de la norme.
Les risques de prolifération de plantes aquatiques par
eutrophisation sont élevés dans le lac Nokoué. En effet,
les ions ammonium, nitrate et phosphate en concentrations très
élevées dans la zone méridionale du lac peuvent induire un
développement exagéré des végétaux
aquatiques tels que la jacinthe d'eau qui entraînera des
difficultés de navigation réduisant les activités
économiques.
Les risques d'asphyxie pour la faune et la flore benthiques
sont liés au manque d'oxygène dissous provoqué par la
forte demande en oxygène pour l'oxydation de
cette grande quantité de matière organique que
sont les végétaux pourris au fond du lac, les excréta
jetés dans le lac, car à ce rythme, l'auto épuration du
lac finira par disparaître.
Compte tenu de tout ce qui précède, le risque
écotoxicologique lié à la pollution du lac Nokoué
est très grand, car il y a risque de toxicité pour la faune
aquatique à cause de l'ion ammonium, provenant de la
décomposition des excréta, qui passe sous la forme de gaz
ammoniac à la faveur d'une élévation du pH (par exemple
grâce à l'absorption du CO2 par la photosynthèse). Le gaz
ammoniac est toxique et peut entraîner la mort des poissons, des
crevettes et d'autres organismes. Les concentrations de nitrate sont au-dessus
de la norme à cause du rejet des excréta dans le lac.
Ces nitrates peuvent se transformer en nitrite si les
conditions deviennent réductrices dans le lac ; cela entraînera
une augmentation de la toxicité due aux nitrites.
Les ions ammonium, nitrate et phosphate, en concentrations
très élevées à cause des excréta, peuvent
induire un développement exagéré des
végétaux aquatiques tels que la jacinthe d'eau qui entraîne
des difficultés de navigation, réduisant ainsi les
activités économiques. Ce phénomène entraîne
en outre un appauvrissement du lac en produits halieutiques (poissons et
crevettes notamment) qui constituent les principales sources d'alimentation en
protéines et de revenus pour les populations lacustres et riveraines.
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