2.2 Le cadre humain : les activités socio
économiques
L'étendue du bassin versant du kori Mountséka
dans sa partie nigérienne est partagée entre deux communes
rurales : Aléla et Dan katsari. Ces deux communes abritent des
populations constituées en grande partie des Haoussas et Peuls. Comme
d'ailleurs partout au Niger, les populations de ces localités vivent
exclusivement de l'agriculture, l'élevage et le commerce. Avec la
nouvelle dynamique du kori et de son bassin versant, on observe un
développement timide des cultures de contre saison par la petite
irrigation à partir des eaux dans certains terroirs riverains du secteur
central de la vallée. Cette nouvelle activité entre dans les
stratégies du développement agricole du Niger, qui vise de
façon complémentaire à l'amélioration des cultures
pluviales et le développement de l'irrigation partout où les
conditions paraissent favorables. L'objectif visé par cette
activité est la diversification des cultures à travers le
développement des cultures irriguées. A cela, notre investigation
a porté sur deux villages de la commune rurale d'Aléla afin de se
renseigner sur le système d'irrigation utilisé et les contraintes
liée à la mise en valeur des eaux. Ainsi la population cible
était les exploitants ou les groupes d'exploitants du
village de Mountséka et de Kanguiwa. Le choix de ces
villages est fondé sur la base de l'essor que connaît cette
activité et de son caractère récent.
2.2.1 Le village de Mountséka
Dans son ensemble et en raison de la très grande
proportion (80%) de la population rurale, le Niger est un pays dominé
par des structures organisées dans les villages. Le village de
Mountséka en particulier et de tous les autres villages environnants en
général, n'échappent pas à ce type d'organisation
en famille suivant un système de parenté à tous les
niveaux. Avec une population de 1754 habitants repartis en deux groupes dont
1403 habitants soit 226 ménages dans Mountséka et 351 habitants
soit 57 ménages au niveau de Mountséka peuls (tableau 1),
l'agriculture pluviale reste la principale activité. Elle est
destinée à la production du mil, sorgho et niébé et
constitue la seule source alimentaire et monétaire de la population.
Mais jusque là, elle reste archaïque compte tenu des techniques et
moyens rudimentaires utilisés pour la production. Ce système
traditionnel de production nécessite aussi beaucoup d'espace ce qui
accélère le phénomène de dégradation des
terres de cultures.
Les cultures de contre saison le long du kori Mountséka
ont longtemps existé sur le bassin versant et cela surtout dans le
secteur amont (Alela). L'apparition de cette activité dans le secteur de
Mountséka et environs, tient à la nouvelle dynamique
hydroérosive qui affecte le kori et son bassin versant. En effet, la
reprise de l'écoulement du kori depuis 1994 a occasionné une
effervescence des cultures de contre saison par la petite irrigation à
travers les eaux du kori. A cet effet, elle demeure une nouvelle
activité socioéconomique dans le secteur de Mountséka avec
une durée moyenne de 8 ans des exploitations (Baboussouna, 2008). Les
principales productions demeurent les fruits et légumes dont les revenus
générés assurent à alléger le déficit
céréalier des cultures vivrières pratiquées sur des
sols dunaires, encroûtés et lessivés.
Le système d'irrigation dominé par des puisards
est en voie d'être amélioré par le fonçage de cinq
(5) puits cimentés par l'appui d'une ONG (Appui au Développement
Endogène des Communautés à la Base). Cet appui est
né de la volonté des femmes du village, organisées en
coopérative à lancer un appel à l'égard des
organismes de développement pour une mise en valeur plus efficace des
eaux. C'est ainsi que plusieurs activités ont été
réalisées : d'une part les puits modernes le long du kori en vue
de rendre l'eau plus exploitable et un cordon de pierre
pour réduire l'ensablement du plan d'eau dans le
secteur à mettre en valeur. D'autre part, l'ONG projette d'autres appuis
pour développer un système d'irrigation afin d'équiper les
exploitants du matériel ANPIP. L'objectif placé à cet
effet est de promouvoir la production de Moringa olifera et Acacia
senegal et ainsi renforcer celle déjà existante (mangue,
acajou, manioc et haricot).
Plusieurs contraintes ont été
évoquées par les exploitants dont l'inondation et la
qualité de l'eau qui impose le recours au puisard pour irriguer les
plantes. Une autre contrainte soulignée par les paysans résulte
de la nature sableuse du substrat au niveau du fonçage des puits tant
traditionnel que moderne.
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