II.2.1. Evolution des taux d'investissements en
Côte d'Ivoire
Depuis la crise économique et financière des
années 80, le taux d'investissement est resté faible en
Côte d'Ivoire. Entre 1995 et 1999, il s'est établi à 13,6%
dont 8,4% pour le secteur privé, contre une moyenne d'environ 18% en
Afrique Subsaharienne, 21,6% au Ghana et 22% au Maroc. La situation des
investissements en Côte d'Ivoire de cette époque était non
loin de celle du Cameroun où le taux d'investissement s'élevait
à 14,2% (Graphique 3).
Graphique 3: Evolution comparée des taux
d'investissement entre 1995 et 2009
Côte d'Ivoire Afrique Ghana Cameroun Maroc
Subsaharienne
25,0%
20,0%
35,0%
30,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
1995-1999 2000-2002 2003-2009
Source : Nos calculs à partir des
données de la Banque Mondiale
Le taux d'investissement en Côte d'Ivoire a
enregistrée une baisse drastique depuis le déclenchement de la
crise militaro-politique. Les investissements sont passés à 10,7%
du PIB entre 2000 et 2002, avant de chuter au niveau très bas de 9,8% du
PIB à partir de 2003, sous l'effet conjugué d'une baisse des
investissements privés et publics. Sur la période 2003-2009, le
taux d'investissement de la plupart des pays africains au sud du Sahara s'est
amélioré et est ressorti en moyenne à 20%. La Côte
d'Ivoire enregistre donc par rapport à cette moyenne africaine, un
écart de plus de 10 points justifiant en grande partie la faiblesse de
la croissance sur la période.
II.2.2. Crédit à l'économie et
capitaux privés étrangers a) Dynamique du crédit à
l'économie
Le système bancaire ivoirien apporte un financement
annuel à l'économie nationale de l'ordre de 16% du PIB, avec la
prédominance des crédits de court terme dont les crédits
de campagne pour la commercialisation des produits agricoles d'exportation. La
répartition du crédit à l'économie montre qu'en
1995, les crédits à court terme (hors crédits de campagne)
représentaient 39,5% des crédits distribués contre 37,4%
pour les crédits à moyen et long terme (Graphique 4). Cependant,
au fil des années, le crédit à moyen et long terme a vu sa
part diminuer pour se situer à 30,1% en 2008, pendant que les
crédits à court terme ont culminé à 68,9% du total
du crédit au secteur privé, soit environ 12% du PIB.
Graphique 4: Evolution du crédit à
l'économie selon la maturité de 1995 à 2009
En %du AB
20,0%
18,0%
16,0%
14,0%
12,0%
10,0%
4,0%
6,0%
2,0%
0,0%
8,0%
1995
1996
1997
1998
1999
2003
Crédit à MLT
Crédit à CT hors CC Crédit de campagne
(CC)
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Source : Nos calculs à partir des
données de la BCEAO
La prépondérance du crédit à court
terme n'est pas souhaitable pour l'économie dans son ensemble, dans la
mesure où le crédit court est destiné à financer la
consommation et non l'investissement qui aurait eu un effet important sur la
création de richesse. Par rapport à la répartition
sectorielle des crédits octroyés, il est à noter une
prééminence du financement des activités du secteur
tertiaire, en l'occurrence les services de téléphonie mobile et
les grandes surfaces commerciales, avec près de 60% du total des
crédits.
Par exemple, en 2009, le secteur secondaire a reçu
environ 36,2% du total des crédits alors que le secteur primaire hors
industries extractives n'en recevait que 3,4%. Les secteurs secondaire et
tertiaire continuent ainsi de faire l'objet de financements importants de la
part des établissements de crédit ivoiriens, les branches
d'activités les plus financées étant le commerce et
l'industrie manufacturière. A contrario, l'agriculture et l'habitat
restent des secteurs sous financés en Côte d'Ivoire, comme le
confirment les chiffres du tableau 3 cidessous.
Tableau 3 : Evolution de l'orientation sectorielle
du crédit à l'économie de 1995 à 2009
Secteurs
|
Branches d'activités (parts relatives en
%)
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Primaire
|
Agriculture, chasse, sylviculture, pêche
|
4,0
|
3,6
|
3,2
|
2,5
|
3,4
|
Industries extractives
|
0,8
|
0,9
|
0,6
|
0,4
|
1,3
|
Secondaire
|
Industries manufacturières
|
27,6
|
27,4
|
26,8
|
33,8
|
27,7
|
Electricité gaz et eau
|
3,3
|
2,8
|
4,0
|
3,7
|
4,0
|
Bâtiments et travaux publics
|
2,2
|
2,0
|
1,9
|
1,7
|
3,0
|
Tertiaire
|
Commerce de gros et détail
|
41,3
|
42,5
|
40,9
|
33,4
|
33,3
|
Transport, entrepôts et communications
|
12,8
|
12,0
|
15,0
|
16,4
|
18,1
|
Banques, Assurances, Aff. Immobilière, Services
|
4,5
|
4,4
|
3,5
|
3,5
|
4,4
|
Service à la Collectivité et Personnels
|
3,5
|
4,4
|
4,1
|
4,6
|
4,8
|
Source : BCEAO - Comité de
Développement du Secteur Financier (CODESFI)
b) Evolution des capitaux privés
étrangers
Le reste du monde accorde des financements au secteur
privé ivoirien sous forme d'investissements directs à hauteur de
58% des capitaux reçus, d'investissements de portefeuille (2%) et des
prêts aux entreprises nationales (40%), tels que retracés dans le
tableau 4. Les afflux nets de capitaux privés étrangers dans leur
ensemble représentent 3% du PIB en moyenne. Ils se sont inscrits en
baisse depuis le déclenchement de la crise militaropolitique, surtout
s'agissant des investissements directs étrangers qui rapportés au
PIB sont passés de 2,7% en moyenne sur la période 1995-1999
à 1,8 % du PIB de 2003 à 2009.
Tableau 4 : Composantes des afflux de capitaux
privés étrangers en Côte d'Ivoire de 2006
à2007
CPE entrants (Montants en milliard de FCFA)
|
Stocks
|
Flux
|
Fin 2006
|
%
|
Fin 2007
|
%
|
2007
|
%
|
Investissements directs entrants
|
577,4
|
84,8
|
673,2
|
79,7
|
95,8
|
58,3
|
dont Participations directes
|
413,9
|
60,8
|
553,1
|
65,5
|
139,2
|
84,8
|
dont Emprunts inter-entreprises
|
119,1
|
17,5
|
168,9
|
20,0
|
49,8
|
30,3
|
Investissements de portefeuile
|
34,6
|
5,1
|
37,8
|
4,5
|
3,2
|
2,0
|
Autres investissements
|
68,9
|
10,1
|
134,0
|
15,9
|
65,1
|
39,7
|
Crédits commerciaux reçus
|
4,3
|
0,6
|
20,2
|
2,4
|
15,9
|
9,7
|
Autres emprunts non filiaux
|
64,6
|
9,5
|
113,8
|
13,5
|
49,2
|
30,0
|
Total des capitaux privés étrangers
entrants
|
680,9
|
100,0
|
845,0
|
100,0
|
164,1
|
100,0
|
Source : Enquête du GTN (2009)
Selon les résultats de l'enquête 2009 du
GTN7, le stock des participations étrangères directes
sous forme d'investissements directs et de portefeuille a progressé de
16,2% sur la période 2006-2007. D'après l'orientation sectorielle
à fin 2007 des capitaux privés étrangers
présentée en Annexe 9, les principaux secteurs
bénéficiaires sont les industries manufacturières (24,0%),
les transports, l'entreposage et la communication (23,4%) et
l'intermédiation financière, les assurances et retraites
(16,7%).
Les analyses précédentes confirment le
rôle moteur du secteur privé dans l'économie ivoirienne.
Toutefois, ce rôle s'est considérablement contracté au fil
des années depuis le début de la crise sociopolitique tel que
reflété par le déclin de la plupart des indicateurs de
mesure du poids du secteur privé dans l'économie nationale. Ce
retournement de tendance est certainement lié au caractère
risqué de l'environnement des affaires en Côte d'Ivoire au cours
de cette période.
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