CENTRE D'ETUDES FINANCIERES ECONOMIQUES ET
BANCAIRES
LES DOCKS - ATRIUM 103 10, PLACE DE LA JOLIETTE 13002
MARSEILLE
Master Economie et Développement
International
Spécialité : Maîtrise d'Ouvrage
Publique et Privée OPTION : DEVELOPPEMENT ET FINANCEMENT DU SECTEUR
PRIVE
ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES ET RELANCE
ECONOMIQUE POST-CRISE EN COTE D'IVOIRE
|
Présenté et soutenu par : M. KOUADIO Yao
Mathias (COTE D'IVOIRE)
Directeur de Mémoire : M. Patrick CHOUTEAU
(AFD/CEFEB)
Expert : M. Marc RAFFINOT (UNIVERSITE PARIS
DAUPHINE)
Marseille - Année Universitaire 2010-2011
AGENCE FRANÇAISE DE DEVELOPPEMENT 5, RUE
ROLAND BARTHES 75598 PARIS CEDEX 12
AVANT PROPOS
REMERCIEMENTS.
En permettant l'organisation du Master Professionnel en
Economie et Développement International « Maîtrise d'Ouvrage
Publique et Privée » à l'intention de nombreux cadres
à haut potentiel des pays du Sud, l'Agence Française de
Développement (AFD) prend une avance, à n'en point douter, sur le
rendez-vous historique du décollage économique et social de ces
pays. C'est donc le lieu de témoigner toute ma reconnaissance à
la haute hiérarchie de l'AFD, au Directeur du Centre d'Etudes
Financières, Economiques et Bancaires (CEFEB), Monsieur Gilles
GENRE-GRANDPIERRE, aux Responsables de l'Université d'Auvergne,
aux Responsables de l'option " Développement et financement du secteur
privé ", à tous leurs collègues et partenaires qui ont
assuré le bon déroulement de l'année universitaire
2010-2011.
Pour le mémoire de fin de cycle, nous avons choisi de
porter nos réflexions sur l'environnement des affaires et la relance
économique post-crise en Côte d'Ivoire. Cette problématique
est incontournable tant la levée des obstacles à l'investissement
privé est nécessaire pour impulser une nouvelle dynamique de
croissance à l'économie ivoirienne durement
éprouvée par plus de dix années de crise
militaro-politique. Du reste, la question trouve toute sa plénitude avec
la phrase magique de l'analyse financière de Pierre VERNIMMEN : «
La création de richesse nécessite
des investissements qui doivent être
financés et être suffisamment
rentables ».
« Aucun travail ne s'accomplit dans la
solitude1 », dixit Michel BEAU. La rédaction de ce
mémoire, dans le contexte de l'aggravation de la crise ivoirienne sur la
période, a été rendue possible grâce à
plusieurs contributions. Nous tenons ici à remercier très
sincèrement toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont
permis la réussite de ce travail. Nos remerciements vont à
l'endroit de la haute hiérarchie du Trésor Public de Côte
d'Ivoire, à mes supérieurs hiérarchiques directs Messieurs
HONOZON Faustin et SAVANE Mory,
respectivement Directeur du Trésor et Sous-Directeur des Finances
Extérieures.
Nous réitérons tout particulièrement nos
remerciements à Messieurs Patrick CHOUTEAU et Marc
RAFFINOT pour l'encadrement de qualité, dont nous avons
bénéficié, qui s'est traduit par leur
disponibilité, leur soutien et surtout leurs contributions inestimables.
Ces remerciements vont également à l'endroit de Monsieur
KONAN Hyppolite, Chef de Service des Etudes et Statistiques à
la Direction Nationale de la BCEAO, Madame AKE Epse ACKA Rose
Virginie, Sous-Directeur des Enquêtes et de l'Analyse
Conjoncturelle à la DCPE et Commandant KONAN Djaha
Benoît, Membre de la CENTIF Côte d'Ivoire. Nous ne
saurions oublier notre chère fiancée, KOUAKOU Amoin Bah
Solange pour son soutien permanent, notre famille pour ses constantes
bénédictions et tous les Mastériens de la
4ème promotion pour l'ambiance cordiale qui a
régné durant la formation.
Ce mémoire est dédié à la
Côte d'Ivoire dont nous pensons de ses fils et filles qu'une
réelle prise de conscience, de leurs propres contradictions et du devoir
historique de leur pays dans le processus de développement de l'Afrique,
constituera à coup sûr le socle d'une renaissance
irréversible qui sera bénéfique aux
générations futures du monde entier.
.
1 Cf. Michel Beau, " L'art de la thèse", La
découverte, Paris, 1985, (Page 5).
evl.virovl.vl.evvtevl.t des affaires et reLavl.ze
6covl.ovvticit,te post-arise evl. Cate ortvoire
SOMMAIRE
AVANT PROPOS 1
SOMMAIRE 2
SIGLES ET ABREVIATIONS 4
SYNTHESE 6
INTRODUCTION 8
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX 11
I. CONTEXTE SOCIOECONOMIQUE NATIONAL 11
I.1. Présentation de la Côte d'Ivoire
11
I.1.1. Situation géographique et démographique
11
I.1.2. Politiques macroéconomiques 11
I.1.3. Indicateurs socio-politiques 12
I.2. Cadrage macroéconomique 1995-2009 13
I.2.1. Equilibre ressources-emplois en biens et services 13
I.2.2. Finances publiques 14
I.2.3. Secteur extérieur 15
I.2.4. Secteur monétaire 16
II. IMPORTANCE DU SECTEUR PRIVE DANS L'ECONOMIE IVOIRIENNE 16
II.1. Structure du secteur privé et création
de richesse en Côte d'Ivoire 16
II.1.1. Présentation du secteur privé ivoirien
16
II.1.2. Contributions sectorielles à la création
de richesse nationale 17
II.2. Investissements et financements privés en
Côte d'Ivoire 19
II.2.1. Evolution des taux d'investissements en Côte
d'Ivoire 19
II.2.2. Crédit à l'économie et capitaux
privés étrangers 19
III. CARACTERISTIQUES DE L'ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES EN COTE
D'IVOIRE 21
III.1. Cadre réglementaire et institutionnel des
affaires en Côte d'Ivoire 21
III.1.1. Cadre législatif d'encadrement et de promotion
des investissements en Côte d'Ivoire 21
III.1.2. Cadre institutionnel d'encadrement et de promotion des
investissements en Côte d'Ivoire 22
III.2. Facilité de faire des affaires en Côte
d'Ivoire selon le Doing Business 25
III.2.1. Positionnement global de la Côte d'Ivoire à
partir de 2009 25
III.2.2. Détails des indicateurs Doing Business 2010 pour
la Côte d'Ivoire 26
DEUXIEME PARTIE : CONTRAINTES ET OPPORTUNITES DU SECTEUR
PRIVE EN COTE D'IVOIRE 28
I. CONTRAINTES A L'INVESTISSEMENT PRIVE ET A L'ENTREPRENARIAT EN
COTE D'IVOIRE : LES EVIDENCES DU DIAGNOSTIC DE CROISSANCE 28
I.1. Les rendements des investissements sont-ils faibles en
Côte d'Ivoire ? 30
I.1.1. Analyse du rendement global des investissements en
Côte d'Ivoire 30
I.1.2. Analyse des rendements sociaux des facteurs de production
31
I.1.3. Analyse de la capacité d'appropriation
privée 33
I.2. Le coût du financement privé est-il
élevé en Côte d'Ivoire ? 36
I.2.1. La faible croissance économique en Côte
d'Ivoire est-elle liée à des contraintes de financement interne ?
36
I.2.2. La croissance économique en Côte d'Ivoire
est-elle contrainte par l'insuffisance des financements extérieurs ?
41
II. OPPORTUNITES DU SECTEUR PRIVE IVOIRIEN 42
II.1. Ressources et potentiel existants 43
II.1.1. Un capital naturel varié 43
II.1.2. L'infrastructure physique et sociale en place 43
II.2. Actions engagées en faveur du secteur
privé 44
II.2.1. Les mesures d'assainissement des finances publiques 44
II.2.2. Le programme de lutte contre le racket et les
tracasseries routières 45
II.2.3. La réforme en cours du secteur financier 45
TROISIEME PARTIE : PROPOSITIONS DE REFORMES POUR UNE
RELANCE ECONOMIQUE POST-CRISE OPTIMALE EN COTE D'IVOIRE 46
I. REFORMES EN VUE DE L'AMELIORATION DE L'APPROPRIATION PRIVEE
46
I.1. Remédier aux défaillances des politiques
publiques 46
I.1.1. Assainir le cadre macroéconomique et garantir sa
stabilité 46
I.1.2. Supprimer ou réduire les risques
microéconomiques 47
I.2. Remédier aux défaillances des
marchés 50
I.2.1. Instaurer un cadre permanent de Dialogue Public
Privé 50
I.2.2. Renforcer les mesures de lutte contre la fraude 51
I.2.3. Assurer la protection et la promotion des produits
nationaux 52
II. REFORMES COMPLEMENTAIRES DE L'ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES
53
II.1. Réformer le secteur financier pour faciliter
l'accès au capitaux 53
II.1.1. Parachever la réforme en cours du secteur
financier 53
II.1.2. Faciliter l'accès aux capitaux 54
II.2. Parachever la refonte du Code des investissements
55
II.3. Développer des partenariats publics
privés pour moderniser et consolider les infrastructures physiques
et
sociales 56
III. MESURES D'ACCOMPAGNEMENT 57
III.1. Cadre d'intervention des acteurs nationaux 57
III.1.1. Le rôle des pouvoirs publics 57
III.1.2. Le rôle du secteur privé 57
III.1.3. Le rôle de la société civile et des
populations ivoiriennes 58
III.2. Quel rôle pour les bailleurs de fonds ?
58
III.2.1. L'appui institutionnel des bailleurs de fonds 58
III.2.2. L'appui financier des bailleurs de fonds 59
CONCLUSION 60
ANNEXES 62
BIBLIOGRAPHIE 76
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADPIC : Accords sur les aspects des Droits de
Propriété Intellectuelle touchant au Commerce
AFD : Agence Française de
Développement
AID : Association Internationale de
Développement
ANRMP : Autorité Nationale de
Régulation des Marchés Publics
APBEF-CI : Association Professionnelle des
Banques et Etablissements Financiers de Côte d'Ivoire
APD : Aide Publique au Développement
APEX-CI : Association pour la Promotion des
Exportations de Côte d'Ivoire
APSFD-CI : Association Professionnelle des
Systèmes Financiers Décentralisés de Côte
d'Ivoire
BAC : Baccalauréat
BAD : Banque Africaine de
Développement
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale
BEP : Brevet d'Etudes Professionnelles
BEPC : Brevet d'Etudes du Premier Cycle
BIDC : Banque d'Investissement et de
Développement de la CEDEAO
BNETD : Bureau National d'Etude Technique et de
Développement
BOAD : Banque Ouest-Africaine de
Développement
BRVM : Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières
BT : Brevet de Technicien
BTS : Brevet de Technicien Supérieur
CAP : Certificat d'Aptitude Professionnelle
CCI-CI : Chambre de Commerce et d'Industrie de
Côte d'Ivoire
CDI : Contrat de Développement
Innovation
CEDEAO : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest
CEFEB : Centre d'Etudes Financières
Economiques et Bancaires
CENTIF : Cellule Nationale de Traitement des
Informations Financières
CEPE : Certificat d'Etudes Primaires
Elémentaires
CEPICI : Centre de Promotion des Investissements
en Côte d'Ivoire
Cf. : Confère ou se référer
à
CGECI : Confédération
Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire
CNDP : Comité National de la Dette
Publique
CNLFE : Conseil National de Lutte contre la
Fraude Economique
CNO : Centre - Nord - Ouest
CNSA-GIABA : Comité National de Suivi des
Activités du Groupe Intergouvernemental d'Actions
contre le Blanchiment d'Argent et le financement du terrorisme
en Afrique de l'Ouest
CODESFI : Comité de Développement
du Secteur Financier
CTCFR : Comité Technique de
Contrôle de la Fluidité Routière
CTI : Commission Technique des
Investissements
DCPE : Direction de la Conjoncture et de la
Prévision Economiques
DFI : Development Finance International
DGDI : Don de Gouvernance et
Développement Institutionnel
DSRP : Document de Stratégie de Relance
du développement et de Réduction de la Pauvreté
Etc. : Et cætera
FBCF : Formation Brute de Capital Fixe
FCFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine
FEC : Facilité Elargie de
Crédit
FFS-PME : Fonds Francophone de Soutien aux
Petites et Moyennes Entreprises
FIDEN : Fonds Ivoirien pour le
Développement de l'Entreprise Nationale
FIPME : Fédération Ivoirienne des
Petites et Moyennes Entreprises
FMI : Fonds Monétaire International
FNISCI : Fédération Nationale des
Industries et Services de Côte d'Ivoire
GTN : Groupe de Travail National
HRV : Hausmann, Rodrik et Velasco
IDE : Investissements Directs Etrangers
INIE : Institut Ivoirien de l'Entreprise
INS : Institut National de la Statistique
INTERPOL : Organisation Internationale de Police
Criminelle
IPI : Indice de la Production Industrielle
Km : Kilomètre
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economiques
OHADA : Organisation de l'Harmonisation en
Afrique du Droit des Affaires
OIPI : Office Ivoirien de la
Propriété Intellectuelle
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le
Développement Industriel
OPCVM : Organismes de Placement Collectif en
Valeurs Mobilières
PARE/PME : Projet d'Appui à la
Revitalisation et à la Gouvernance des Entreprises
PEFA : Public Expenditure and Financial
Accountability
PEMFAR : Public Expenditure Management and
Financial Accountability Review
PIB : Produit Intérieur Brut
PME/PMI : Petites et Moyennes
Entreprises/Petites et Moyennes Industries
PPP : Partenariats Publics Privés
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
PRC-CPE : Programme de Renforcement des
Capacités en analyse des flux de Capitaux Privés Etrangers
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitation
RMCP : Ratio Marginal Capital-Production
RNB : Revenu National Brut
RSE : Responsabilité Sociétale
d'Entreprise
SFI : Société Financière
Internationale
SIR : Société Ivoirienne de
Raffinage
TOFE : Tableau des Opérations
Financières de l'Etat
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine
SYNTHESE
Depuis plus d'une décennie, la Côte d'Ivoire,
troisième puissance économique d'Afrique Subsaharienne
derrière l'Afrique du Sud et le Nigéria, pesant environ un tiers
dans le Produit Intérieur Brut (PIB) de l'Union Economique et
Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), est en proie à une grave crise
militaro-politique qu'il est convenu de baptiser « la crise ivoirienne
». Cette phase de turbulence en Côte d'Ivoire a débuté
par un coup d'Etat militaire en décembre 1999 et a atteint son summum en
septembre 2002 avec le déclenchement de la guerre civile qui a
consacré la partition de fait du pays en deux zones : la partie Sud
restée sous contrôle des forces loyalistes au régime de
2000 et une partie de la zone Centre Nord Ouest (CNO), représentant
environ 60% du territoire national, contrôlée par la
rébellion armée. L'implication de la communauté
internationale depuis 2002 a permis de circonscrire le conflit armé mais
la situation s'est récemment aggravée en raison de la crise
née au lendemain du second tour des élections
présidentielles du 28 novembre 2010.
Cette longue crise a bouleversé quasiment tous les
équilibres socio-économiques bâtis durant les quarante
premières années d'indépendance. En particulier, le
secteur privé continue de payer un lourd tribut de la forte
dégradation de l'environnement des affaires qui en a
résulté. En effet, malgré les nombreuses
potentialités socioéconomiques du pays et un contexte
international relativement favorable sur la période, l'économie
nationale s'est retrouvée dans une phase de récession très
prononcée imputable à la chute de l'investissement privé
et de l'entreprenariat à des niveaux très bas. Le retour à
la croissance soutenue qui avait été amorcé en 1995
à la faveur de la dévaluation du FCFA, s'est très vite
estompé dès 2000. Estimé à 5,3% sur la
période 1995-1999, le taux de croissance économique a
été négatif ou nul de 2000 à 2003 avant
d'être positif mais inférieur à la croissance
démographique (3,3%) jusqu'à fin 2008. Quant au taux brut
d'investissement, il est ressorti à 9,8% de 2003 à 2009 contre
20% en Afrique Subsaharienne, soit un déficit d'investissement de plus
de 10 points d'écart. La crise a en outre occasionné la
disparition de la moitié des PME/PMI, des fermetures totales ou
partielles d'unités industrielles et des délocalisations
d'entreprises, avec pour corollaire de nombreuses pertes d'emplois, la
montée du chômage et de la pauvreté.
La présente étude pose donc la
problématique générale de l'assainissement de
l'environnement des affaires en Côte d'Ivoire dans une perspective de
relance économique post-crise, en la recentrant sur les réformes
nécessaires à la levée des contraintes à
l'investissement privé et à l'entreprenariat. Tout en
s'inscrivant dans le cadre des travaux préliminaires menés en
2009 par le Groupe de Travail National (GTN) sur les capitaux privés
étrangers et lors du forum Doing Business 2010 sur les mesures visant le
repositionnement de la Côte d'Ivoire en matière de facilité
de faire des affaires, elle va au-delà des perceptions qualitatives des
acteurs du secteur privé pour proposer un cadre scientifique
cohérent de décisions et d'actions en matière de
réforme de l'environnement des affaires en Côte d'Ivoire.
L'étude se fixe pour objectifs : (i) d'identifier la ou
les deux contraintes principales à l'investissement privé et
à l'entreprenariat ainsi que les opportunités du secteur
privé dans une Côte d'Ivoire post-crise et, sur cette base, (ii)
de proposer au Ministère de l'Economie et des Finances les
réformes prioritaires à opérer par les principaux acteurs
de l'Administration publique, du secteur privé et de la
société civile ivoirienne, en relation avec les partenaires au
développement, en vue de garantir les conditions d'une relance
économique optimale au sortir de la crise.
Pour atteindre ces objectifs, l'approche du diagnostic de
croissance, proposée par Ricardo HAUSMANN, Dani RODRIK et Andrés
VELASCO (HRV) en 2005, a été utilisée et elle est
censée déceler les principales sources de la faiblesse de
l'investissement privé et de l'entreprenariat, à travers l'examen
d'un arbre décisionnel conçu à cet effet. Les analyses
conduisent au résultat fondamental selon lequel les niveaux bas de
l'investissement privé en Côte d'Ivoire au cours des
dernières années sont le fait de deux principaux facteurs,
à savoir :
· la faible capacité d'appropriation
privée, c'est-à-dire l'impossibilité pour les
producteurs de biens et services de bénéficier d'une part
significative des richesses qu'ils créent en raison des
défaillances des politiques publiques (instabilité
sociopolitique chronique, déficits budgétaires insoutenables, non
respect du droit et des règles en vigueur, mauvaise gouvernance, niveau
de corruption élevé et privatisation informelle des services
publics, forte criminalité, fraude et contrebande liée à
la porosité des frontières, informalité
généralisée) et des déficiences des
marchés (absence d'innovations, accès non effectif aux
marchés locaux et régionaux, défaut de coordination des
acteurs) ;
· le coût élevé du
financement intérieur et l'accès limité au
crédit imputables à la faiblesse de l'épargne
nationale et à l'insuffisance de l'intermédiation
financière liée aux risques inhérents aux
défaillances des politiques publiques qui minent la qualité des
portefeuilles bancaires et justifient le « paradoxe » de la
surliquidité des banques ivoiriennes et leur faible contribution au
financement de l'économie nationale.
Le rapport d'étude conclut donc à la
nécessité de la mise en oeuvre d'un plan de réformes
d'urgence de l'environnement des affaires adossées aux facteurs
clés identifiés. Ainsi, outre l'instauration durable de la paix
et la stabilité sociopolitique comme préalable, le Gouvernement
doit garantir la stabilité du cadre macroéconomique par la
poursuite des mesures d'assainissement des finances publiques, améliorer
la gouvernance assortie de la prévisibilité des politiques et des
règles de droit en vigueur, faire respecter la force de la loi, assurer
la sécurité des biens et des personnes et créer les
conditions d'une économie formelle de marché. Le secteur
privé doit développer et promouvoir la culture d'entreprise
orientée vers l'éthique et le civisme, par l'appropriation des
politiques RSE. Par ailleurs, le Gouvernement doit impérativement
parachever la réforme en cours du secteur financier.
La restauration de la confiance perdue entre les
différents acteurs de la vie économique et sociale du pays passe
nécessairement par la mise sur pied d'un monopole focal de gouvernance
à travers la création d'un comité paritaire Etat/Secteur
Privé impliquant au plus haut niveau l'Administration publique, le
secteur privé, la société civile et les partenaires au
développement. Il est préconisé la protection à
terme des produits locaux, leur promotion et le renforcement de la lutte contre
la fraude. Des mesures doivent être prises par l'Etat pour
l'émergence des financements innovants facilitant l'accès des
PME/PMI aux capitaux. En outre, l'Etat doit développer des
modèles de Partenariats Publics Privés (PPP) pour la
modernisation et la consolidation des infrastructures physiques et sociales du
pays.
L'enjeu des réformes proposées suppose un
Gouvernement d'après crise qui sera engagé, faisant preuve de
cohérence et de profondeur. Cela exige aussi une organisation interne
dynamique de la part des acteurs nationaux. Mieux, la mobilisation et la
réactivité des bailleurs de fonds à travers leur appui
institutionnel et financier sont le gage de la réussite de ces
réformes qui impliquent une mise à niveau des acteurs et des
besoins de financement importants en Côte d'Ivoire.
INTRObUCTION
La Côte d'Ivoire est l'un des pays leaders d'Afrique
Subsaharienne, avec un poids prépondérant d'environ 33% dans le
Produit Intérieur Brut (PIB) de l'Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine (UEMOA)2. A l'instar des économies modernes
et pour accompagner efficacement sa politique de développement
économique et social, ce pays a opté dès son accession
à l'indépendance pour le libéralisme économique
afin de bénéficier de la confiance des investisseurs nationaux et
étrangers.
Au coeur de ce choix politique se trouve l'importance
particulière accordée au développement du secteur
privé parce que perçu à la fois comme un vecteur important
de la croissance économique, d'intégration de l'économie
au reste du monde et de réduction de la pauvreté via les emplois
créés et les revenus générés. Ce choix a
d'ailleurs été clairement réaffirmé dans le
Document de Stratégie de Relance du Développement et de
Réduction de la Pauvreté (DSRP), validé en janvier 2009 de
concert avec les partenaires au développement. Les autorités
ivoiriennes y ont retenu, en effet, la promotion du secteur privé comme
moteur de la croissance au titre du principal axe stratégique devant
permettre à la Côte d'Ivoire de se hisser au rang des pays
émergents à l'horizon 2015.
Pour parvenir à cette finalité, il importe que
le secteur privé évolue dans un environnement optimal,
c'est-à-dire que les opérations d'investissement et les
activités consécutives à celles-ci soient entre autres
protégées et organisées par des lois et règlements
crédibles, encadrées par des structures fiables et
financées par des institutions dynamiques relevant aussi bien du
marché monétaire que financier. Cela tient au fait que dans le
système du libéralisme économique, les agents fondent
l'essentiel de leurs décisions sur les signaux qu'ils perçoivent
des pouvoirs publics et du marché.
Or après la stabilité assurée pendant
quarante années d'indépendance et les performances au plan
économique qui avaient contribué à sa bonne
réputation, la Côte d'Ivoire est rentrée depuis la fin de
la décennie 90 dans une phase de turbulence avec l'intervention du coup
d'Etat militaire en décembre 1999 et le déclenchement de la
guerre civile en septembre 2002. La situation s'est aggravée
récemment avec les violentes émeutes postélectorales
survenues au lendemain du second tour des élections
présidentielles du 28 novembre 2010.
Les effets de cette longue crise, marquée notamment
par la partition de fait du pays en deux zones depuis 2002, sont
désastreux sur l'économie nationale : le déficit
budgétaire de l'Etat est prononcé, le taux de croissance de
l'économie est faible et quasiment nul voire négatif, l'indice de
la production industrielle a chuté, le taux de chômage s'est accru
et les indicateurs de développement humain se sont fortement
dégradés.
2 L'UEMOA comprend actuellement huit pays :
Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali,
Niger, Togo et Sénégal. Ces pays partagent une monnaie unique, le
Franc de la Communauté Financière Africaine (FCFA), émise
par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Le FCFA est
arrimé à l'Euro depuis la mise en circulation effective de la
monnaie européenne en 2002 (1 Euro = 655,957 FCFA).
Il résulte de cet environnement
délétère que le développement du secteur
privé se heurte à plusieurs facteurs contraignants tels que la
mauvaise gouvernance, les difficultés d'accès aux sources de
financement, la recrudescence du phénomène de la
contrefaçon et de la contrebande, la concurrence déloyale
imposée par des opérateurs informels de plus en plus nombreux,
l'irrégularité des paiements des fournisseurs de l'Etat,
l'accumulation d'importants arriérés de paiement tant
intérieurs qu'extérieurs par l'Etat et la dégradation des
infrastructures socioéconomiques.
Ces entraves ont été mises en exergue par le
rapport 2010 du forum Doing Business de la Banque Mondiale et l'enquête
relative au climat des affaires et aux flux de capitaux privés
étrangers en Côte d'Ivoire diligentée en mars 2009 par le
Groupe de Travail National (GTN), organe présidé par le
Trésor Public et chargé de conduire le projet régional
BCEAO/BEAC de renforcement des capacités en matière d'analyse des
flux de capitaux privés étrangers.
En somme, les crises militaro-politiques successives qui ont
secoué le pays depuis fin 1999 ont sérieusement compromis la
croissance et l'équilibre de l'économie nationale, en faisant
évoluer le secteur privé dans un environnement très
risqué et non propice aux affaires. Cette situation a
entraîné la fermeture ou la délocalisation de plusieurs
entreprises, l'amenuisement de la production des biens et services, la baisse
du niveau des investissements privés et l'effondrement de la dynamique
de création d'entreprises (entreprenariat).
Face à ce constat préoccupant et conscient du
rôle moteur du secteur privé, surtout dans la relance
économique post-crise, le Ministère de l'Economie et des Finances
a invité les principaux acteurs de l'administration publique, du secteur
privé et de la communauté des partenaires au
développement, à réfléchir sur les mesures
susceptibles d'améliorer l'environnement des affaires en Côte
d'Ivoire et d'accroître le niveau d'afflux de capitaux privés
étrangers. Pour le Ministère de l'Economie et des Finances, le
défi majeur, au sortir de la crise3 et en perspective
à la reprise totale de l'activité économique, demeure le
relèvement du niveau actuel relativement bas de l'investissement
privé et de l'entreprenariat en Côte d'Ivoire.
Dans cette optique, il apparaît judicieux de mener une
réflexion approfondie sur les recommandations de réformes, certes
non exhaustives mais suffisamment longues, faites par les acteurs
susvisés au terme de leurs travaux. L'objectif assigné à
cette démarche est d'arriver à établir, pour le
Gouvernement ivoirien, une matrice de réformes prioritaires en
adéquation avec un diagnostic des principales contraintes à la
croissance économique en Côte d'Ivoire. Ces entraves majeures
à la croissance seront identifiées en appliquant à
l'économie ivoirienne l'approche innovante de l'arbre de décision
proposée par Ricardo HAUSMANN, Dani RODRIK et Andrés VELASCO
(HRV) en 2005 sous l'intitulé « Growth diagnostics
»4.
3 Même si la situation post-crise reste
imprévisible avec la crise post-électorale qui a replongé
le pays dans le chaos depuis fin novembre 2010, le contexte
socio-économique national ne devrait pas s'éloigner de ce qui est
décrit dans cette étude. Sous cette hypothèse, les
conclusions qui en découleront devraient restées valables.
4 L'expression signifie « le diagnostic de
croissance ». Cette approche permet généralement d'expliquer
pourquoi les performances de croissance économique d'un pays en
développement sont décevantes. Elle a été
appliquée notamment au cas du Brésil, du Salvador, de la
République Dominicaine, de la Bolivie, du Maroc et du Bénin.
La question fondamentale est donc de savoir si, en
l'état actuel, l'environnement des affaires est-il en mesure de
favoriser une relance optimale de l'économie ivoirienne dans la
période post-crise ? Outre les opportunités offertes au secteur
privé, quelles sont la ou les deux principales contraintes à
l'investissement privé dans une Côte d'Ivoire post-crise ? Quelles
doivent être alors les réformes prioritaires à
opérer pour lever ces obstacles à la pratique des affaires en
Côte d'Ivoire et insuffler par la même une nouvelle dynamique de
croissance à l'économie nationale ?
Ce sont-là autant de préoccupations auxquelles
cette étude se propose d'apporter une réponse qui permettra
d'approfondir les réflexions préliminaires menées lors des
travaux du GTN et servir de levier pour les politiques d'intervention des
acteurs concernés par les réformes de l'environnement des
affaires répondant à l'impératif de relance
économique postcrise en Côte d'Ivoire.
Les résultats qui en découleront pourront
valablement s'appliquer, dans le cadre des réflexions au sein du
Comité de la Balance des Paiements présidé par le
Trésor Public, au titre des mesures susceptibles de garantir la
viabilité de la balance des paiements de la Côte d'Ivoire,
notamment en ce qui concerne la compétitivité externe des
entreprises ivoiriennes et l'attractivité des capitaux étrangers
pour consolider l'équilibre des comptes extérieurs.
Pour notre analyse, il paraît nécessaire de
présenter, dans une première partie, le contexte national dans
lequel ont évolué l'économie ivoirienne et
singulièrement le secteur privé au cours des dernières
années.
La deuxième partie sera consacrée à
l'examen des forces et faiblesses de l'économie ivoirienne
inhérentes à l'environnement des affaires en vigueur, à
travers l'identification des obstacles les plus contraignants à
l'investissement privé et à la croissance économique ainsi
que des opportunités du secteur privé en Côte d'Ivoire.
Sur cette base, des recommandations pertinentes de
réformes seront envisagées dans la dernière partie, sous
forme d'un cadre logique d'actions hiérarchisées dont les
retombées substantielles et directes sur la croissance devront garantir
une relance optimale de l'économie ivoirienne dans la période
postérieure à la crise.
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX
Cette première partie de l'étude passe en revue
le contexte socioéconomique national dans lequel l'économie
ivoirienne a évolué au cours des dernières années.
Un accent particulier est mis sur le rôle joué par le secteur
privé dans ladite économie ainsi que les caractéristiques
de l'environnement des affaires en Côte d'Ivoire.
I. CONTEXTE SOCIOECONOMIQUE NATIONAL
I.1. Présentation de la Côte d'Ivoire
I.1.1. Situation géographique et
démographique
La République de Côte d'Ivoire est une ancienne
colonie française située en Afrique de l'Ouest et devenue
indépendante depuis le 7 août 1960. D'une superficie de 322 463
km2, elle est bordée par 550 kilomètres de côte
au Sud et partage des frontières avec cinq autres pays de la
sous-région ouest-africaine : le Ghana (à l'Est), le Burkina Faso
et le Mali (au Nord), la Guinée et le Libéria (à l'Ouest).
Selon le Recensement Général de la Population et de l'Habitation
(RGPH), la population ivoirienne est passée de 10 815 694 d'habitants en
1988 à 15 366 672 d'habitants en 1998, soit un taux de croissance
démographique de 3,3%. C'est une population cosmopolite qui se
caractérise surtout par sa jeunesse et une répartition quasi
équilibrée entre les sexes. Elle est estimée à 22
millions d'habitants en 2010.
Du point de vue de la géographie, le relief de la
Côte d'Ivoire est peu contrasté avec des montagnes à
l'Ouest, des plaines au Sud et des plateaux étagés au Centre et
au Nord du pays. Le pays baigne dans un climat tropical avec quatre principales
zones climatiques à rythme et volume de précipitations variables
qui se distinguent sur toute l'étendue du territoire national. Comme le
climat, la végétation est très diversifiée avec
deux traits marquants : la forêt dans la moitié Sud et la savane
dans la moitié Nord.
En raison du relief et du climat favorable, la Côte
d'Ivoire jouit d'un potentiel agricole important. Dans la partie
forestière, se sont développées les exploitations de
cacao5, café, palmier à huile, hévéa,
banane et ananas, tandis que dans la zone de savane se pratiquent en grande
partie l'élevage, la culture du coton et celle de la canne à
sucre. La gamme des productions vivrières reste également
très variée (tubercules, maïs, mil, sorgho, arachide,
légumes, etc.).
I.1.2. Politiques macroéconomiques
Au plan macroéconomique, la Côte d'Ivoire a
opté, depuis 1960, pour une politique économique libérale
basée sur l'initiative privée et l'ouverture sur
l'extérieur. L'économie est soutenue par un secteur agricole
dynamique, principalement basé sur le binôme café-cacao.
La Côte d'Ivoire est membre fondateur de l'UEMOA ayant
pour monnaie unique le FCFA. D'après les données à fin
décembre 2009 de la BCEAO, sa part dans la masse monétaire de la
zone UEMOA est de 33,2%. Elle contribue à hauteur de 32,5% dans la
formation du PIB de l'Union, ce poids était de 34% en 2000. La
Côte d'Ivoire est également membre de la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
5 La Côte d'Ivoire est le premier producteur
mondial de cacao avec environ 1,4 million de tonnes par an, soit 40% de la
production mondiale.
Sur la période 1960-1980, l'économie ivoirienne
a enregistré un taux de croissance annuel moyen de l'ordre de 7%. Cette
période qualifiée de « miracle ivoirien » a permis la
réalisation de plusieurs infrastructures socioéconomiques
modernes. La période allant de 1980 à 1993 a été
marquée par la chute des cours des matières premières
agricoles, entraînant la baisse des revenus des producteurs et des
ressources de l'Etat ainsi qu'une croissance faible et volatile. Cette
situation a engendré une crise économique et financière
qui a nécessité le concours des Institutions de Bretton Woods. Le
pays a donc été soumis à l'application des Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS) qui ont donné des résultats
mitigés, notamment en termes de croissance et de progrès
socioéconomiques. L'économie ivoirienne est ainsi restée
confrontée à de nombreuses difficultés jusqu'à la
dévaluation du FCFA en 1994.
I.1.3. Indicateurs socio-politiques
Reflétant les difficultés économiques et
financières susvisées, le paysage socio-politique ivoirien est
demeuré troublé depuis la fin des années 80. Après
les élections présidentielles de 1995 émaillées de
troubles, les remous socio-politiques n'ont cessé de peser sur
l'atmosphère ivoirienne pour se solder le 24 décembre 1999 par le
premier coup d'Etat militaire de l'histoire de la Côte d'Ivoire. Ce
changement intervenait alors que le pays était très proche de
l'éligibilité à l'initiative en faveur des Pays Pauvres
Très Endettés (PPTE) avec des promesses de gains substantiels. Le
coup d'Etat militaire de fin 1999 marque le début de « la
crise ivoirienne » car depuis lors, c'est le bouleversement d'une
stabilité socio-politique entretenue pendant environ quarante
années, en une situation d'insécurité
généralisée qui va régner jusqu'aux
élections présidentielles controversées d'octobre 2000.
Après 2000, le paysage socioéconomique ivoirien
est resté trouble et l'instabilité a atteint son summum le 19
septembre 2002, date du déclenchement d'une rébellion
armée qui a plongé le pays dans une guerre civile sans
précédent historique. Malgré l'intervention de la
communauté internationale, cette guerre a consacré la partition
de fait du pays en deux zones : la partie Sud restée sous contrôle
des forces loyalistes au régime de 2000 et la zone Centre Nord Ouest
(CNO) représentant environ 60% du territoire national,
contrôlée par la rébellion armée. La situation s'est
aggravée récemment en raison de l'éclatement de la guerre
civile au lendemain du second tour des élections présidentielles
du 28 novembre 2010.
Dans ces conditions, le niveau de vie des populations s'est
continuellement dégradé. Selon le DSRP (2009), la pauvreté
en Côte d'Ivoire s'est aggravée depuis le déclenchement de
la crise militaro-politique. Le taux de pauvreté est passé de
33,6% en 1998 à 38,4% en 2002 puis à 48,9% en 2008 (cf. Annexe
1). Par ailleurs, le chômage s'est accru de façon exponentielle au
cours des dernières années. Evalué à 4,1% en
moyenne sur la période 1995- 1999, le taux de chômage de la
population active est passé à 6,4% en 2002 puis estimé
à 15,7% en 2008. Le chômage des jeunes notamment la tranche de 15
à 24 ans est le plus important. Le taux de chômage de la
population active de ce groupe d'âge est estimé à 24,2% en
2008 et celui des 25-34 ans est de 17,5%.
En somme, l'économie ivoirienne a évolué
au cours des dix dernières années dans un contexte sociopolitique
extrêmement délétère qui a eu incontestablement des
incidences négatives sur le cadre macroéconomique. Il s'agira
dans les lignes qui suivent d'explorer les conditions particulières de
réalisation de l'équilibre des comptes macroéconomiques
depuis la dévaluation du FCFA jusqu'à fin 2009.
~~~iro~~e&e~t es c-ff~ires et reLc&c é~ovovvi~ve
post-~rise ~~ c6te 'tJoire I.2. Cadrage macroéconomique
1995-2009
L'analyse portera sur les principaux indicateurs de
l'évolution des quatre secteurs macroéconomiques de
l'économie ivoirienne sur la période 1995-2009. Cette
période postdévaluation du FCFA dans l'UEMOA est marquée
par le retour à la croissance soutenue dans plusieurs pays d'Afrique
Subsaharienne et un contexte mondial relativement favorable jusqu'aux crises
alimentaire, énergétique et financière internationales de
2007 (Cf. Annexe 2).
I.2.1. Equilibre ressources-emplois en biens et
services
L'ajustement monétaire du 12 janvier 1994 et le
programme d'accompagnement mis en oeuvre par la Côte d'Ivoire, en accord
avec les partenaires au développement, ont permis un retour à la
croissance soutenue dès 1995, avec une augmentation du PIB en termes
réels de 7%. Cette croissance s'est poursuivie à un rythme
moindre jusqu'au coup d'Etat militaire de fin 1999 (Annexe 3). Sur la
période 1995-1999, l'économie ivoirienne a ainsi
enregistré une forte croissance de 5,3%. Le taux de croissance
économique est devenu négatif (-2,3%) en 2000. Les efforts
d'assainissement entrepris en 2001 avec l'appui des partenaires au
développement ont permis de freiner la dégringolade au cours de
cette année.
Toutefois, le déclenchement de la guerre en 2002 a
conduit à la suspension des relations avec les bailleurs de fonds et
occasionné une baisse du PIB réel qui s'est aggravée en
2003. Sur la période 2000-2003, l'économie ivoirienne a connu
ainsi sa phase de récession la plus grave depuis la dévaluation
du FCFA (Graphique 1).
Graphique 1 : Evolution de la croissance de
l'économie ivoirienne de 1995 à 2009
-2,0%
-4,0%
4,0%
8,0%
6,0%
2,0%
0,0%
'WA
19E6
17
19Z6
19ZEI
2333
2D1
ZO2
ZCC
2:04
ZC6
216
2:07
218
ZO:1
Source : Direction de la Conjoncture et de la
Prévision Economiques (DCPE)
Le retour à la croissance a été
amorcé en 2004 à la faveur de l'atténuation du conflit
armé. Il s'est poursuivi à un rythme assez faible jusqu'en 2008,
avec des taux de croissance demeurés somme toute largement au-dessous de
la croissance démographique (3,3%), dans un contexte de rupture des
relations avec les bailleurs de fonds.
La reprise des relations avec la communauté
financière internationale a été effective à partir
de juin 2007 pour accompagner le processus de sortie de crise, renforcé
par la signature de l'Accord Politique de Ouagadougou (Burkina Faso) en mars
2007, et la relance des activités gouvernementales susceptibles de
contribuer fortement à la réduction de la pauvreté et
à l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD).
Cette reprise a été concrétisée
en mars 2009 par l'éligibilité de la Côte d'Ivoire au point
de décision de l'initiative PPTE, appuyée par un accord au titre
de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) avec le Fonds
Monétaire International (FMI) et l'Association Internationale de
Développement (AID) de la Banque Mondiale. Dans ce contexte et
résistant aux effets de la crise économique et financière
internationale, l'économie ivoirienne a enregistré un taux de
croissance de 3,8% en 2009 qui a permis d'atteindre une croissance positive du
PIB par tête pour la première fois depuis dix années
consécutives. Le PIB par habitant est estimé à environ 530
000 FCFA en 2009.
Du point de vue de l'offre, tiré par l'agriculture, le
secteur primaire demeure le moteur de la croissance en Côte d'Ivoire. Sa
contribution sectorielle à la croissance, quoiqu'en baisse, est
restée positive sur la période d'analyse. Le secteur tertiaire a
toutefois joué un rôle primordial dans la forte croissance de 5,3%
au cours de la période 1995-1999. Depuis le déclenchement de la
crise, l'activité économique a régressé dans toutes
ses composantes, en témoignent les contributions négatives
à la création de richesse des secteurs secondaire et tertiaire
qui restent les plus affectés par la crise (Tableau 1).
Tableau 1 : Evolution des contributions
sectorielles à la croissance de 1995 à 2009
Secteurs d'activité
|
1995-1999
|
2000-2002
|
2003-2009
|
Croissance moyenne du PIB réel
|
5,3%
|
-1,3%
|
1,5%
|
· Secteur primaire
|
1,5%
|
0,9%
|
0,8%
|
· Secteur secondaire
|
1,0%
|
-1,7%
|
-0,1%
|
· Secteur tertiaire
|
2,3%
|
-0,8%
|
0,4%
|
· Secteur non marchand
|
0,5%
|
0,4%
|
0,5%
|
|
Source : Nos calculs à partir des
données de la DCPE
Au niveau de la demande, le PIB a été
tiré essentiellement par la demande intérieure guidée par
la consommation, la part de la demande extérieure nette étant
restée marginale autour de 8% (Annexe 4). La consommation
représente environ 80% du PIB, dont près de 65% relève de
la consommation privée. Par ailleurs, le taux brut d'investissement de
l'ordre de 13% en moyenne de 1995 à 1999, a fortement chuté pour
se situer à environ 10% en moyenne depuis l'entame de l'année
2000.
I.2.2. Finances publiques
Les recettes publiques ont évolué de 1995
à 2009 au rythme de l'activité économique. Le taux de
pression fiscale est resté stable autour de 15,5% (Graphique 2) et reste
encore inférieur au seuil minimum de 17% requis au titre des
critères de convergence dans l'UEMOA6.
Le montant des dons reçus, essentiellement pour des
projets, reste insignifiant (moins de 1% du PIB par an sur la période
allant de 1995 à 2007). Quant aux dépenses publiques, elles se
sont considérablement amplifiées ces dernières
années, impulsées par les dépenses courantes qui restent
dominées par les salaires et traitements (43% des recettes fiscales en
moyenne de 2000 à 2009 contre un ratio de 37% sur la période
1995-1999), la part des dépenses en capital ayant fortement
baissé depuis le déclenchement de la crise militaropolitique.
6 Voir le détail des critères de
convergence dans l'UEMOA en Annexe 8.
Graphique 2 : Evolution du taux de pression
fiscale et du déficit budgétaire hors dons
20,0%
15,0%
10,0%
-5,0%
5,0%
0,0%
1925
1993
1S97
1993
Taux de pression fiscale (%)
Déficit base caisse hors dons (% du PIB)
1 S99
21:300
2031
20:2
21:03
21:304
2035
2033
2W7
2033
2039
Source : Nos calculs à partir des
données de la DCPE
Le solde budgétaire base engagement est ressorti
déficitaire sur toute la période à l'exception de 2001 et
2009 (voir TOFE en Annexe 5). L'examen du mode de financement des
déficits publics révèle la prépondérance des
financements exceptionnels sur la période. Ceux-ci portent dans une
large mesure sur l'accumulation d'arriérés de paiement
intérieurs et extérieurs, dans un contexte marqué par la
suppression des avances statutaires de la BCEAO et la raréfaction des
ressources extérieures depuis 2003. En effet, l'Etat a accumulé
des arriérés de paiement intérieurs d'environ 500
milliards de FCFA de 1999 à 2005, alors que la tendance d'avant 1999
était à l'apurement progressif des arriérés
antérieurs. Par ailleurs, les arriérés extérieurs
se cumulent à environ 3 000 milliards de FCFA de 1995 à 2009 dont
1 700 milliards sur les amortissements d'emprunts, le service de la dette
publique extérieure se situant annuellement à près de 500
milliards de FCFA.
I.2.3. Secteur extérieur
Le taux d'ouverture de l'économie ivoirienne
était autour de 35% dans les années 1995. Il a constamment
augmenté pour se situer à environ 45% depuis 2006.
L'évolution du compte courant s'est traduite par un déficit de
125,6 milliards de 1995 à 2001 en moyenne annuelle, soit 1,8% du PIB. A
partir de 2002, le solde courant a connu un retournement positif de tendance,
en liaison avec une forte amélioration des excédents commerciaux.
L'excédent du compte courant de 2002 à 2008 s'est situé
à 1,3% du PIB en moyenne annuelle. Les excédents commerciaux
enregistrés, en forte croissance depuis 2002, relèvent d'effets
combinés d'évolutions favorables enregistrées au niveau
des prix et des quantités des produits exportés. L'exemple des
principaux produits d'exportation que sont le cacao et le café est
édifiant. En dépit des évolutions contrastées de
leur production respective, des hausses nominales ont été
observées à cause des cours mondiaux qui ont favorablement
évolué sur la période. Par ailleurs, d'importants revenus
issus de l'exportation des produits pétroliers à partir de 2002
ont permis de consolider les excédents commerciaux.
Au niveau du compte financier, quoique l'on ait
enregistré des flux entrants nets de capitaux sous forme
d'investissements directs étrangers, ceux-ci sont restés
insuffisants pour compenser les sorties nettes de devises occasionnées
par les remboursements d'emprunts et le rapatriement des produits de la
liquidation d'investissements de portefeuille (Annexe 6). D'après la
Direction de la Dette Publique, le stock de la dette publique extérieure
à fin septembre 2010 se chiffre à 5 389,6 milliards de FCFA,
composés d'arriérés de 4,4 milliards et d'un encours de 5
385,2 milliards de FCFA. Le fardeau de la dette extérieure s'est
visiblement alourdi au fil des années sur la Côte d'Ivoire.
Sur la période 2002-2008, le solde global de la balance
des paiements est demeuré déficitaire. Le déficit global
est ressorti à 215,8 milliards de FCFA en moyenne annuelle, soit 2,4% du
PIB. La rupture des relations avec les bailleurs de fonds durant cette
période a amplifié la fragilité des conditions de
réalisation de l'équilibre extérieur et occasionné
une impossibilité de financer la balance des paiements traduite par
l'accumulation d'importants arriérés de paiement
extérieurs depuis l'an 2000.
I.2.4. Secteur monétaire
En tant que membre de l'UEMOA, la politique monétaire
de la Côte d'Ivoire est conduite par la BCEAO. Sur la période
2000-2009, l'orientation prudente imprimée par la Banque Centrale a
été maintenue en vue de contribuer à la maîtrise des
tensions inflationnistes. L'inflation a donc été contenue autour
de 2,8% en moyenne annuelle en Côte d'Ivoire, sauf en 2008 où une
envolée des prix de 6,3% a été enregistrée sous
l'effet des crises alimentaire, énergétique et financière
internationales.
Les avoirs extérieurs nets de la Côte d'Ivoire,
d'un stock très faible jusqu'à fin 2000, se sont fortement
améliorés depuis 2001 et ont conservé une tendance
haussière. Les réserves de change s'établissent à 1
149,2 milliards de FCFA à fin décembre 2009, soit
l'équivalent de trois mois d'importations. Le crédit
intérieur représente environ 80% de la masse monétaire. Il
a été orienté à la hausse sur la période
1995-2009 en relation avec l'accroissement des crédits à
l'économie dont l'impact a été atténué par
le recul de la Position Nette du Gouvernement (PNG). Reflétant
l'évolution de ses contreparties, la masse monétaire a
progressé de la manière suivante : une hausse
modérée a été enregistrée jusqu'en 2001 puis
une reprise a été amorcée dès 2002 (Annexe 7). A
fin décembre 2009, la masse monétaire s'est établie
à 3 511,9 milliards de FCFA, soit 33% du PIB.
L'examen du cadrage macroéconomique 1995-2009 permet de
déceler des vulnérabilités au niveau de l'économie
ivoirienne, lesquelles se résument dans la faible croissance
enregistrée depuis plus d'une décennie et les importants
déséquilibres qui caractérisent l'évolution des
différents comptes depuis 2000. Cette situation a eu sans doute des
effets pervers sur le secteur privé et son rôle dans
l'économie nationale.
II. IMPORTANCE DU SECTEUR PRIVE DANS L'ECONOMIE
IVOIRIENNE
Le secteur privé est la principale composante dans tout
système économique à fondement libéral. Dans ce
cadre, le rayonnement d'une économie donnée dépend
étroitement du dynamisme de son secteur privé. Il s'agira dans
les lignes qui suivent de mettre en évidence l'évolution
d'indicateurs pertinents de la place du secteur privé dans
l'économie ivoirienne.
II.1. Structure du secteur privé et
création de richesse en Côte d'Ivoire II.1.1. Présentation
du secteur privé ivoirien
Face au défi du développement économique,
la Côte d'Ivoire s'est engagée à faire du secteur
privé le moteur de sa croissance. L'émergence du secteur
privé a été accélérée avec la
politique de désengagement de l'Etat des secteurs productifs
initiée dans les années 90. A fin décembre 1999, le
secteur privé ivoirien se composait de :
- 800 grandes entreprises détenues à hauteur de
80% par des intérêts étrangers. Elles sont essentiellement
tournées vers l'exploitation des produits agricoles et la production
manufacturières ;
- 4 000 Petites et Moyennes Entreprises (PME) et Petites et
Moyennes Industries (PMI) aux capitaux détenus seulement à 26%
par des intérêts ivoiriens. Ces PME/PMI sont présentes dans
tous les secteurs d'activité, elles contribuent à 18% en moyenne
à la valeur ajoutée nationale et emploient 23% de l'effectif du
secteur privé formel ;
- plus de 25 000 micros entreprises composant le secteur
privé informel, celles-ci étant très répandues
sur le territoire national et opérant dans toutes les branches
d'activité.
Par ailleurs, il existe des organisations professionnelles qui
ont été créées pour la défense des
intérêts du secteur privé en Côte d'Ivoire. Les plus
significatives sont la Chambre de Commerce et d'Industrie de Côte
d'Ivoire (CCI-CI), la Confédération Générale des
Entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI) ou le Patronat ivoirien, la
Fédération Nationale des Industries et Services de Côte
d'Ivoire (FNISCI), l'Association pour la Promotion des Exportations de
Côte d'Ivoire (APEX-CI) et la Fédération Ivoirienne des
Petites et Moyennes Entreprises (FIPME).
Le secteur privé ivoirien a été durement
éprouvé par la crise militaro-politique. D'après le
Ministère de l'Industrie et de la Promotion du Secteur Privé,
l'on peut noter entre autres conséquences de cette crise :
- la disparition de la moitié des PME /PMI et la
destruction de 78 grandes entreprises ;
- la fermeture totale ou partielle d'unités
industrielles dans les zones affectées par la crise notamment dans la
zone CNO et la délocalisation de plusieurs entreprises vers d'autres
pays de la sous-région, soit un total de 226 entreprises de 1999
à 2007 ;
- la fragilisation des outils de production de bon nombre
d'entreprises, la CCI-CI en a recensées 580 sur cette période
;
- la perte de nombreux emplois dans le secteur privé
formel (plus de 500 000 emplois
selon la CCI-CI) et de parts de marché au niveau
sous-régional et international.
Il ressort de ce qui précède que la crise a
profondément fragilisé le tissu industriel ivoirien et le secteur
privé dans sa globalité. Cependant, des pans entiers de ce
secteur continuent de soutenir l'économie nationale en jouant leur
rôle de création de richesse.
II.1.2. Contributions sectorielles à la
création de richesse nationale
Le secteur privé ivoirien offre près de deux
tiers des emplois modernes et contribue à hauteur de 70% à la
valeur ajoutée nationale. L'analyse de l'évolution de l'Indice de
la Production Industrielle (IPI) montre qu'après un recul observé
en 2000 en raison du coup d'Etat militaire, une forte chute de l'IPI
synthétique a été enregistrée en 2003 suite au
déclenchement de la guerre. Toutefois, sous l'effet de la production
pétrolière et minière, l'IPI global a amorcé une
reprise progressive dès 2004 pour se situer à 151 à fin
décembre 2006, soit seulement deux points de retard par rapport à
son niveau de 1999 (Tableau 2).
Tableau 2 : Evolution de l'indice de la production
industrielle globale et par branche de 1997 à 2006
Branches d'activités
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Extraction de pétrole et Minerais
|
72
|
54
|
55
|
48
|
32
|
58
|
101
|
104
|
173
|
278
|
Industries agro-alimentaires
|
125
|
136
|
149
|
139
|
139
|
116
|
93
|
94
|
99
|
82
|
Textiles-Chaussures
|
171
|
220
|
210
|
142
|
141
|
107
|
62
|
67
|
41
|
30
|
Bois
|
65
|
79
|
68
|
69
|
71
|
68
|
70
|
53
|
39
|
24
|
Chimie
|
149
|
166
|
151
|
149
|
153
|
156
|
166
|
180
|
195
|
192
|
Matériaux de construction et Verre
|
233
|
247
|
251
|
204
|
174
|
191
|
150
|
188
|
193
|
177
|
Automobile, Mécanique, Electricité
|
76
|
86
|
75
|
71
|
70
|
71
|
76
|
49
|
81
|
64
|
Autres industries, Presse, Edition
|
164
|
272
|
263
|
327
|
277
|
132
|
99
|
103
|
256
|
299
|
Energie électrique, Eau
|
206
|
209
|
243
|
243
|
248
|
267
|
256
|
268
|
284
|
283
|
Total Industrie
|
134
|
149
|
153
|
140
|
136
|
130
|
123
|
127
|
144
|
151
|
Source : Institut National de la Statistique
(INS), Base 100 = 1985
Les branches d'activités affectées par les effets
du coup d'Etat militaire et dont la guerre a exacerbé les impacts
négatifs sur la production sont entre autres :
- les industries agro-alimentaires, dont la production a
chuté de 7% et 38% respectivement en 2000 et 2003 par rapport au niveau
de fin 1999 ;
- les industries du textile et des chaussures, durement
éprouvées par la crise avec un IPI sectoriel de 62 en 2003 contre
210 à fin décembre 1999 ;
- l'industrie du bois dont l'indice de production est en forte
dégradation depuis le déclenchement de la guerre.
Cette baisse d'activité est également observable
au niveau des industries de fabrication de matériaux de construction et
de verre, des industries automobiles, mécaniques et de services
électriques ainsi que diverses autres industries opérant dans la
presse et les éditons.
En revanche, les industries d'extraction
pétrolière et minière ont connu un retournement de
tendance favorable depuis fin 2003, leur production ayant quasiment
doublé entre 1999 et 2003. L'IPI sectoriel des industries extractives
s'est ainsi établi à 278 à fin 2006 contre 55 à fin
1999, soit un quintuplement en l'espace de six années. Il en a
été de même pour les industries chimiques, d'énergie
électrique et de l'eau dont les productions ont continué de
croître d'année en année depuis 2000.
En tout état de cause, les difficultés du
secteur privé se sont traduites par le recul de l'IPI et l'effondrement
de l'activité au niveau de certaines branches jadis stratégiques
de l'économie nationale comme le bois et le textile. L'évolution
des activités industrielles est restée globalement en
adéquation avec les cycles économiques du pays. Cette tendance
reflète certainement les faibles niveaux d'investissements
réalisés et la contraction des financements longs en faveur du
secteur privé au cours de la dernière décennie.
~~~iro~~e&e~t es c-ff~ires et reLc&c é~ovovvi~ve
post-~rise ~~ c6te 'tJoire II.2. Investissements et financements
privés en Côte d'Ivoire
II.2.1. Evolution des taux d'investissements en
Côte d'Ivoire
Depuis la crise économique et financière des
années 80, le taux d'investissement est resté faible en
Côte d'Ivoire. Entre 1995 et 1999, il s'est établi à 13,6%
dont 8,4% pour le secteur privé, contre une moyenne d'environ 18% en
Afrique Subsaharienne, 21,6% au Ghana et 22% au Maroc. La situation des
investissements en Côte d'Ivoire de cette époque était non
loin de celle du Cameroun où le taux d'investissement s'élevait
à 14,2% (Graphique 3).
Graphique 3: Evolution comparée des taux
d'investissement entre 1995 et 2009
Côte d'Ivoire Afrique Ghana Cameroun Maroc
Subsaharienne
25,0%
20,0%
35,0%
30,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
1995-1999 2000-2002 2003-2009
Source : Nos calculs à partir des
données de la Banque Mondiale
Le taux d'investissement en Côte d'Ivoire a
enregistrée une baisse drastique depuis le déclenchement de la
crise militaro-politique. Les investissements sont passés à 10,7%
du PIB entre 2000 et 2002, avant de chuter au niveau très bas de 9,8% du
PIB à partir de 2003, sous l'effet conjugué d'une baisse des
investissements privés et publics. Sur la période 2003-2009, le
taux d'investissement de la plupart des pays africains au sud du Sahara s'est
amélioré et est ressorti en moyenne à 20%. La Côte
d'Ivoire enregistre donc par rapport à cette moyenne africaine, un
écart de plus de 10 points justifiant en grande partie la faiblesse de
la croissance sur la période.
II.2.2. Crédit à l'économie et
capitaux privés étrangers a) Dynamique du crédit à
l'économie
Le système bancaire ivoirien apporte un financement
annuel à l'économie nationale de l'ordre de 16% du PIB, avec la
prédominance des crédits de court terme dont les crédits
de campagne pour la commercialisation des produits agricoles d'exportation. La
répartition du crédit à l'économie montre qu'en
1995, les crédits à court terme (hors crédits de campagne)
représentaient 39,5% des crédits distribués contre 37,4%
pour les crédits à moyen et long terme (Graphique 4). Cependant,
au fil des années, le crédit à moyen et long terme a vu sa
part diminuer pour se situer à 30,1% en 2008, pendant que les
crédits à court terme ont culminé à 68,9% du total
du crédit au secteur privé, soit environ 12% du PIB.
Graphique 4: Evolution du crédit à
l'économie selon la maturité de 1995 à 2009
En %du AB
20,0%
18,0%
16,0%
14,0%
12,0%
10,0%
4,0%
6,0%
2,0%
0,0%
8,0%
1995
1996
1997
1998
1999
2003
Crédit à MLT
Crédit à CT hors CC Crédit de campagne
(CC)
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Source : Nos calculs à partir des
données de la BCEAO
La prépondérance du crédit à court
terme n'est pas souhaitable pour l'économie dans son ensemble, dans la
mesure où le crédit court est destiné à financer la
consommation et non l'investissement qui aurait eu un effet important sur la
création de richesse. Par rapport à la répartition
sectorielle des crédits octroyés, il est à noter une
prééminence du financement des activités du secteur
tertiaire, en l'occurrence les services de téléphonie mobile et
les grandes surfaces commerciales, avec près de 60% du total des
crédits.
Par exemple, en 2009, le secteur secondaire a reçu
environ 36,2% du total des crédits alors que le secteur primaire hors
industries extractives n'en recevait que 3,4%. Les secteurs secondaire et
tertiaire continuent ainsi de faire l'objet de financements importants de la
part des établissements de crédit ivoiriens, les branches
d'activités les plus financées étant le commerce et
l'industrie manufacturière. A contrario, l'agriculture et l'habitat
restent des secteurs sous financés en Côte d'Ivoire, comme le
confirment les chiffres du tableau 3 cidessous.
Tableau 3 : Evolution de l'orientation sectorielle
du crédit à l'économie de 1995 à 2009
Secteurs
|
Branches d'activités (parts relatives en
%)
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Primaire
|
Agriculture, chasse, sylviculture, pêche
|
4,0
|
3,6
|
3,2
|
2,5
|
3,4
|
Industries extractives
|
0,8
|
0,9
|
0,6
|
0,4
|
1,3
|
Secondaire
|
Industries manufacturières
|
27,6
|
27,4
|
26,8
|
33,8
|
27,7
|
Electricité gaz et eau
|
3,3
|
2,8
|
4,0
|
3,7
|
4,0
|
Bâtiments et travaux publics
|
2,2
|
2,0
|
1,9
|
1,7
|
3,0
|
Tertiaire
|
Commerce de gros et détail
|
41,3
|
42,5
|
40,9
|
33,4
|
33,3
|
Transport, entrepôts et communications
|
12,8
|
12,0
|
15,0
|
16,4
|
18,1
|
Banques, Assurances, Aff. Immobilière, Services
|
4,5
|
4,4
|
3,5
|
3,5
|
4,4
|
Service à la Collectivité et Personnels
|
3,5
|
4,4
|
4,1
|
4,6
|
4,8
|
Source : BCEAO - Comité de
Développement du Secteur Financier (CODESFI)
b) Evolution des capitaux privés
étrangers
Le reste du monde accorde des financements au secteur
privé ivoirien sous forme d'investissements directs à hauteur de
58% des capitaux reçus, d'investissements de portefeuille (2%) et des
prêts aux entreprises nationales (40%), tels que retracés dans le
tableau 4. Les afflux nets de capitaux privés étrangers dans leur
ensemble représentent 3% du PIB en moyenne. Ils se sont inscrits en
baisse depuis le déclenchement de la crise militaropolitique, surtout
s'agissant des investissements directs étrangers qui rapportés au
PIB sont passés de 2,7% en moyenne sur la période 1995-1999
à 1,8 % du PIB de 2003 à 2009.
Tableau 4 : Composantes des afflux de capitaux
privés étrangers en Côte d'Ivoire de 2006
à2007
CPE entrants (Montants en milliard de FCFA)
|
Stocks
|
Flux
|
Fin 2006
|
%
|
Fin 2007
|
%
|
2007
|
%
|
Investissements directs entrants
|
577,4
|
84,8
|
673,2
|
79,7
|
95,8
|
58,3
|
dont Participations directes
|
413,9
|
60,8
|
553,1
|
65,5
|
139,2
|
84,8
|
dont Emprunts inter-entreprises
|
119,1
|
17,5
|
168,9
|
20,0
|
49,8
|
30,3
|
Investissements de portefeuile
|
34,6
|
5,1
|
37,8
|
4,5
|
3,2
|
2,0
|
Autres investissements
|
68,9
|
10,1
|
134,0
|
15,9
|
65,1
|
39,7
|
Crédits commerciaux reçus
|
4,3
|
0,6
|
20,2
|
2,4
|
15,9
|
9,7
|
Autres emprunts non filiaux
|
64,6
|
9,5
|
113,8
|
13,5
|
49,2
|
30,0
|
Total des capitaux privés étrangers
entrants
|
680,9
|
100,0
|
845,0
|
100,0
|
164,1
|
100,0
|
Source : Enquête du GTN (2009)
Selon les résultats de l'enquête 2009 du
GTN7, le stock des participations étrangères directes
sous forme d'investissements directs et de portefeuille a progressé de
16,2% sur la période 2006-2007. D'après l'orientation sectorielle
à fin 2007 des capitaux privés étrangers
présentée en Annexe 9, les principaux secteurs
bénéficiaires sont les industries manufacturières (24,0%),
les transports, l'entreposage et la communication (23,4%) et
l'intermédiation financière, les assurances et retraites
(16,7%).
Les analyses précédentes confirment le
rôle moteur du secteur privé dans l'économie ivoirienne.
Toutefois, ce rôle s'est considérablement contracté au fil
des années depuis le début de la crise sociopolitique tel que
reflété par le déclin de la plupart des indicateurs de
mesure du poids du secteur privé dans l'économie nationale. Ce
retournement de tendance est certainement lié au caractère
risqué de l'environnement des affaires en Côte d'Ivoire au cours
de cette période.
III. CARACTERISTIQUES DE L'ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES
EN COTE D'IVOIRE
L'environnement des affaires se rapporte à l'ensemble
des facteurs qui orientent les décisions des investisseurs et qui
déterminent la qualité et le volume des investissements en
affectant toute initiative privée de création de richesse. Avant
de présenter les résultats du Doing Business, il convient de
rappeler le cadre réglementaire et institutionnel d'encadrement et de
promotion de l'initiative privée en Côte d'Ivoire.
III.1. Cadre réglementaire et institutionnel des
affaires en Côte d'Ivoire
III.1.1. Cadre législatif d'encadrement et de
promotion des investissements en Côte d'Ivoire
Un environnement des affaires satisfaisant favorise
l'investissement qui constitue un des moteurs de la croissance
économique. C'est donc à juste titre que les autorités
publiques ivoiriennes ont adopté un ensemble de textes visant à
organiser et protéger l'investissement privé en Côte
d'Ivoire.
Dans ce cadre bien précis, les pouvoirs publics ont
institué le premier Code des investissements de la République de
Côte d'Ivoire (loi n° 59-134 du 3 septembre 1959) qui a fait montre
de son exemplarité en Afrique de l'Ouest pendant vingt-cinq
années.
7 Voir la présentation du GTN et de ses
activités dans la section III-1-2.
Le Code de 1959 a été conçu pour
répondre aux orientations de la politique industrielle de
l'époque. En effet, dans un contexte de décolonisation en
Afrique, le Code devait permettre à l'Etat ivoirien de conduire d'une
part, sa politique d'industrialisation de substitution aux importations et
d'autre part, la politique agro-industrielle axée sur les principaux
produits agricoles d'exportation que sont le café, le cacao, le coton et
le bois. En 1973, les autorités ivoiriennes ont manifesté le
désir de diversifier les sources de devises de l'économie
nationale en assurant la promotion du tourisme. Cette volonté a
été prise en compte par le législateur ivoirien qui a
voté la loi n° 73-368 du 26 juillet 1973 instituant le Code des
investissements touristiques.
Face à la forte crise qui frappait tous les secteurs de
l'économie ivoirienne dans les années 80 et dont les effets sur
l'industrie ivoirienne étaient patents, l'adoption d'un nouveau Code des
investissements était apparue opportune, notamment en lui assignant des
objectifs spécifiques qui marqueraient une rupture totale par rapport au
Code de 1959. C'est ainsi que la loi n° 84-1230 du 8 novembre 1984 a
institué le deuxième Code des investissements de la
République de Côte d'Ivoire. Il devrait contribuer à la
mise en oeuvre de la politique industrielle de l'Etat. Celle-ci devrait
intégrer les mesures conjoncturelles de stabilisation économique
et poursuivre la politique structurelle de l'industrialisation de la Côte
d'Ivoire.
Compte tenu du durcissement de la contrainte financière
de l'Etat, la mise en oeuvre de la politique structurelle a été
difficile et les pouvoirs publics se sont contentés d'assigner le Code
des investissements à des missions de restructuration et de
modernisation des équipements des entités industrielles en
difficulté. Le Code de 1984 assuma les destinées de la politique
industrielle sous le joug de la crise économique et financière de
l'Etat jusqu'à la dévaluation du FCFA en 1994. Les effets
attendus de cette dévaluation garantissaient les conditions d'une
relance vigoureuse de l'économie ivoirienne. Ainsi, la Côte
d'Ivoire entendait porter son taux de croissance à 10% à la fin
de la décennie 90, performance économique à laquelle
l'industrie jouerait un rôle crucial. En effet, le ratio brut de
l'investissement par rapport au PIB de 12% devrait être porté
à 20% dont 14% pour le secteur privé.
Pour y arriver, l'adoption d'un nouveau Code des
investissements apparaissait justifiée et concrétisée par
la loi n° 95-620 du 3 août 1995 abrogeant le Code de 1984 et
instituant le Code de 19958. Les entreprises éligibles au
Code bénéficient d'importants avantages fiscaux. Les
périodes d'exonération prévues par le Code de 1995 sont en
principe épuisées depuis 2003. Toutefois, en raison de la
situation de crise qui prévaut, les autorités ivoiriennes ont
décidé de maintenir les dispositions du Code de 1995, quoique des
initiatives soient en cours en vue de sa refonte pour le rendre compatible aux
impératifs de sortie de crise. Pour assurer une meilleure application de
ces textes et optimiser les retombées du cadre réglementaire en
vigueur, un dispositif institutionnel a été mis en place et
renforcé.
III.1.2. Cadre institutionnel d'encadrement et de promotion
des investissements en Côte d'Ivoire
Le dispositif institutionnel comporte les structures
administratives et judiciaires, les établissements financiers et les
structures de production de l'information économique et
financière opérationnelles en Côte d'Ivoire.
8 Voir la présentation synthétique du
Code de 1995 en Annexe 10.
a) Les structures administratives et judiciaires
d'encadrement et de promotion des investissements en Côte d'Ivoire
> Le Centre de Promotion des Investissements en Côte
d'Ivoire
Créé par décret n° 93-774 du 29
septembre 1993, le Centre de Promotion des Investissements en Côte
d'Ivoire (CEPICI) est placé sous l'autorité et le contrôle
du Premier Ministre. Il a pour objet de favoriser le développement et la
promotion des investissements en Côte d'Ivoire.
> Le Ministère de l'Industrie et de la Promotion du
Secteur Privé
A travers la Direction de la Promotion du Secteur Privé
et de l'Environnement des Affaires, ce département est chargé de
la mise en oeuvre et du suivi de la politique du Gouvernement en matière
de développement de l'industrie, de promotion du secteur privé et
des PME/PMI. Par ailleurs, il exerce la tutelle de plusieurs organismes dont la
mission entre dans le cadre de ses attributions : le Fonds Ivoirien pour le
Développement de l'Entreprise Nationale (FIDEN), l'Institut Ivoirien de
l'Entreprise (INIE) et l'Office Ivoirien de la Propriété
Intellectuelle (OIPI).
> Le Ministère de l'Economie et des
Finances
Outre le Cabinet du Ministre de l'Economie et des Finances,
plusieurs services techniques interviennent en matière d'encadrement et
de promotion du secteur privé. Il s'agit essentiellement de la Direction
Générale des Impôts, la Direction Générale
des Douanes, la Direction Générale du Budget et des Finances et
la Direction Générale du Trésor et de la
Comptabilité Publique (Trésor Public). Le Trésor Public
est un acteur important de la promotion du secteur privé en Côte
d'Ivoire. En plus de son rôle de caissier de l'Etat qui le met en
relation directe avec les acteurs dudit secteur, il supervise l'ensemble du
système financier, notamment les relations financières
extérieures du pays et assure à ce titre la présidence du
Comité de la Balance des Paiements et celle du Groupe de Travail
National (GTN).
Le GTN a été créé par
décret n° 2009-179 du 7 mai 2009, en vue de la mise en oeuvre du
Programme de Renforcement des Capacités en analyse des flux de Capitaux
Privés Etrangers (PRC-CPE) initié conjointement par la Banque
Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et la Banque des Etats de
l'Afrique Centrale (BEAC) avec l'appui de Development Finance International
(DFI). Le projet consiste en la collecte et l'analyse de données
quantitatives et qualitatives auprès des entreprises en vue
d'apprécier le climat des affaires et les flux de capitaux privés
étrangers dans les Etats membres. En Côte d'Ivoire,
l'enquête a débuté le 24 mars 2009 et s'est poursuivie
jusqu'au 26 août 2009. La taille de l'échantillon retenue est de
700 entreprises significatives réparties sur toute l'étendue du
territoire et exerçant dans tous les secteurs d'activité.
L'atelier de restitution des résultats de cette enquête a eu lieu
le 15 avril 2010 à Abidjan9.
> Les institutions judiciaires
Consciente de la relation positive établie entre la
Justice et le niveau des investissements privés, l'autorité
ivoirienne compétente a mis en place les Tribunaux de Grandes Instances,
les Cours d'Appel et la Cour d'Arbitrage.
9 Cet atelier fait suite au forum Doing Business
2010 : « Comment améliorer l'environnement des affaires en
Côte d'Ivoire ? » qui s'est tenu le jeudi 26 novembre 2009 à
Abidjan, sous l'égide du Ministère de l'Economie et des Finances,
du Ministère de l'Industrie et de la Promotion du Secteur Privé
et de la Banque Mondiale.
~~~iro~~e&e~t es c-ff~ires et reLc&c é~ovovvi~ve
post-~rise ~~ c6te 'tJoire > Les autres structures
On peut citer entre autres structures la Commission Technique
des Investissements (CTI), la Commission de la Concurrence, le Conseil National
de Lutte contre la Fraude Economique (CNLFE), la Cellule Nationale de
Traitement des Informations Financières (CENTIF) et les Autorités
de Régulation.
b) Les structures de financement des investissements >
Les banques et établissements financiers
Le système bancaire ivoirien est le plus important
d'Afrique de l'Ouest. Il est composé aussi bien de banques ivoiriennes
que de nombreuses banques étrangères qui ont ouvert des
succursales ou bureaux de représentation en Côte d'Ivoire. Au 30
juin 2010, le système bancaire compte 23 établissements de
crédit dont 3 établissements financiers et représente 25%
de l'ensemble des établissements en activité dans l'UEMOA. Si la
majorité des banques se distinguent par leur vocation universelle,
quelques unes d'entre elles, outre leur caractère universel, sont
spécialisées dans les interventions en faveur de secteurs
particuliers, à savoir l'habitat et l'agriculture. En revanche,
conformément aux termes de leurs agréments respectifs, les
établissements financiers sont spécialisés dans les ventes
à crédit, l'octroi de garantie et le crédit
différé, comme retracés en Annexe 11. Tous ces
établissements sont regroupés au sein de l'Association
Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers de Côte d'Ivoire
(APBEF-CI). En principe, ils financent des opérations de banques en
fonction des dossiers qui leur sont fournis (investissements corporels et
incorporels, besoins en fonds de roulement et de la trésorerie...).
> Les banques de développement
Il s'agit essentiellement de la Banque Africaine de
Développement (BAD) dont le siège, initialement basé
à Abidjan, a été délocalisé à Tunis
(Tunisie) à la suite du déclenchement de la guerre, la Banque
Ouest-Africaine de Développement (BOAD) qui est l'établissement
spécialisé de l'UEMOA et dont le siège est sis à
Lomé au Togo et la Banque d'Investissement et de Développement de
la CEDEAO (BIDC) basée également à Lomé.
> Les institutions de microfinance
Au 31 décembre 2009, on dénombre 78 institutions
de microfinance autorisées à exercer en Côte d'Ivoire. Le
secteur est dominé par le Réseau UNACOOPEC-CI qui compte 87
caisses de base agréées et représente à lui seul
plus de 80% du marché. Suivent ensuite une dizaine de structures de
taille moyenne et enfin de nombreuses structures de petites tailles. La
cartographie du secteur est marquée par une forte concentration dans le
Sud du pays avec 111 caisses de base dont 64 pour la ville d'Abidjan, une
représentation moyenne dans le Centre du pays et une faible
représentation dans les régions Nord, Est et Ouest. La tutelle
professionnelle des institutions de microfinance est assurée par
l'Association Professionnelle des Systèmes Financiers
Décentralisés de Côte d'Ivoire (APSFD-CI).
> Le marché financier régional
La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières
(BRVM) a établi son siège social à Abidjan (Côte
d'Ivoire), depuis sa création. Sur le compartiment des actions qui
représente jusqu'à présent le marché le plus
dynamique de cette bourse, l'on enregistre 39 entreprises de l'UEMOA inscrites
à la cote. Au nombre de celles-ci figurent 33 entreprises de droit
ivoirien, soit 84,6% de l'ensemble des sociétés cotées
à fin décembre 2009.
~~~iro~~e&e~t es c-ff~ires et reLc&c é~ovovvi~ve
post-~rise ~~ c6te 'tJoire > Le financement international en Côte
d'Ivoire
Le secteur privé ivoirien bénéficie des
financements provenant des institutions financières internationales dont
: la Société Financière Internationale (SFI) de la Banque
Mondiale, l'Agence Française de Développement (AFD) par le canal
de son établissement spécialisé PROPARCO, l'Agence de la
Francophonie avec le Fonds Francophone de Soutien aux Petites et Moyennes
Entreprises (FFS-PME), le Fonds Européen de Développement
à travers la Convention UE-ACP de Lomé, le Contrat de
Développement Innovation (CDI) et l'Organisation des Nations Unies pour
le Développement Industriel (ONUDI).
c) Les structures de production de l'information
économique et financière
En Côte d'Ivoire, les sources de l'information
économique et financière sont l'Institut National de la
Statistique (INS), la Direction des Statistiques et Industrielles du
Ministère de l'Industrie et de la Promotion du Secteur Privé, le
Bureau National d'Etude Technique et de Développement (BNETD), la
Direction de la Conjoncture et de la Prévision Economiques (DCPE) du
Ministère de l'Economie et des Finances, la Direction Nationale de la
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et le Poste
d'Expansion Economique de l'Ambassade de France à Abidjan.
Au total, il existe un cadre réglementaire et
institutionnel spécifique d'encadrement et de promotion des affaires en
Côte d'Ivoire. L'importance d'un tel cadre réside néanmoins
dans sa prévisibilité et c'est cette faculté que le forum
du Doing Business de la Banque Mondiale tente de mesurer chaque année
dans plusieurs économies du monde. L'accent sera mis dans les pages qui
suivent sur les récents résultats de cette évaluation du
Doing Business pour la Côte d'Ivoire.
III.2. Facilité de faire des affaires en Côte
d'Ivoire selon le Doing Business
Pour mieux cerner la teneur des récents
résultats obtenus par la Côte d'Ivoire dans le cadre des
classements du forum Doing Business, l'analyse portera à la fois sur le
positionnement global du pays et le détail des indicateurs
étudiés10.
III.2.1. Positionnement global de la Côte
d'Ivoire à partir de 2009
Selon le rapport 2010 du Doing Business, alors que le rang
moyen de l'Afrique subsaharienne est de 139, la Côte d'Ivoire se
positionne au 168ème rang sur les 183 économies
mondiales étudiées sur dix indicateurs de la
réglementation du cadre des affaires, à savoir : la
création d'entreprise, l'obtention des permis de construire, l'embauche
des travailleurs, le transfert de propriété, l'obtention de
prêts, la protection des investisseurs, le paiement des taxes et
impôts, le commerce transfrontalier, l'exécution des contrats et
la fermeture d'entreprise. En l'espace d'un an, la Côte d'Ivoire a perdu
cinq places en chutant de la 163ème place en 2009 à ce
rang occupé en 2010. Qui pis est, le pays a encore reculé d'un
rang dans le classement 2011 du Doing Business en se situant à la
169ème place.
10 Voir la présentation du Doing Business en
Annexe 12 et le détail des indicateurs chiffrés en Annexe 13.
~~~iro~~e&e~t es c-ff~ires et reLc&c é~ovovvi~ve
post-~rise ~~ c6te 'tJoire
La Côte d'Ivoire se positionne ainsi parmi les pays les
moins réformateurs au monde. Cette impossibilité d'enregistrer
des scores bien meilleurs et ces recules très évocateurs
qu'accuse le pays dans les récents rapports du Doing Business,
s'expliquent par le manque d'assurance du secteur privé qui n'a pas
bénéficié de réformes initiées par l'Etat
ivoirien pour faciliter les activités liées au cycle de vie de
l'entreprise. Ces constats devraient transparaître au niveau du
détail des rangs occupés en fonction des dix indicateurs
étudiés par le Doing Business en 2010.
III.2.2. Détails des indicateurs Doing Business
2010 pour la Côte d'Ivoire
Les détails des rangs occupés en 2010 par la
Côte d'Ivoire sont présentés dans des tableaux en Annexe 13
avec des comparaisons aux scores moyens réalisés en Afrique
Subsaharienne et dans l'OCDE.
L'examen de ces tableaux révèle qu'en Côte
d'Ivoire, les règles d'entrée des entreprises, celles
régissant leur fonctionnement et dans une moindre mesure les
règles de sortie, présentent en grande partie des insuffisances
par rapport aux normes internationales. Ces faiblesses résident dans les
exigences procédurières excessives et les coûts y
associés qui apparaissent souvent très élevés.
Au titre des règles d'entrée et pour
l'enregistrement d'une entreprise par exemple, il faut compter 10
procédures en Côte d'Ivoire contre 9,4 en Afrique subsaharienne et
5,7 dans les pays de l'OCDE. L'enregistrement dure environ 40 jours contre 45,6
en Afrique Subsaharienne et 13 dans l'OCDE. Il coûte presque 1,3 fois le
Revenu National Brut (RNB) par habitant contre près de l'unité
pour l'Afrique Subsaharienne et moins d'un vingtième du RNB par
tête dans l'OCDE.
En ce qui concerne les règles de fonctionnement, le
transfert de propriété en Côte d'Ivoire implique 6
procédures sur 62 jours et engendre un coût global
équivalant à 13,9% du RNB par habitant. La moyenne en Afrique
Subsaharienne est de 6,7 procédures sur 80,7 jours pour un coût
envoisinant 10 fois le RNB par tête. Dans les pays de l'OCDE, il faut
remplir 4,7 formalités sur 25 jours avec un coût équivalant
à 4,6% du RNB par habitant.
S'agissant des règles de sortie, la liquidation
d'entreprise en Côte d'Ivoire dure 2,2 années pour un coût
équivalant à 18% du RNB par habitant. Elle dure en moyenne 3,4 et
1,7 années respectivement en Afrique Subsaharienne et dans l'OCDE avec
des coûts associés équivalant à 20,1% du RNB par
tête pour l'Afrique Subsaharienne et 8,4% du RNB par habitant dans
l'OCDE.
Cette première partie de l'étude a
été consacrée au rappel du macroenvironnement interne dans
lequel l'économie ivoirienne a évolué depuis l'entame de
la seconde moitié de la décennie 90. Cette période
post-dévaluation dans l'UEMOA n'a pas pu être durablement
profitable à la Côte d'Ivoire, malgré un contexte mondial
relativement favorable qui a consacré le retour à la croissance
soutenue dans plusieurs pays d'Afrique Subsaharienne. Cela tient
essentiellement aux turbulences sociopolitiques que connaît le pays
depuis fin 1999 et dont les conséquences continuent de peser lourdement
sur l'économie nationale.
Même s'il a conservé son rôle moteur de
création de richesse, le secteur privé ivoirien a
été durement éprouvé par plus d'une dizaine
d'années de crise. Cela s'est traduit par la détérioration
des principaux indicateurs macroéconomiques qui permettent de rendre
compte du poids de ce secteur dans l'économie nationale. En effet, le
ralentissement économique général s'est accompagné
d'une forte chute des investissements privés et publics, de la baisse
drastique des financements longs tants nationaux qu'étrangers
destinés au secteur privé, de l'effondrement de la production
dans plusieurs branches d'activités jadis dynamiques et de la fermeture
ou la délocalisation de nombreuses entreprises, reflétant ainsi
le caractère très hostile de l'environnement des affaires au
cours de la dernière décennie.
Cette dégradation de l'environnement des affaires est
confirmée par les récents résultats du Doing Business pour
la Côte d'Ivoire, bien que les indicateurs étudiés ne
mesurent pas la totalité des aspects de l'environnement des affaires. Du
reste, le positionnement actuel de la Côte d'Ivoire qui ne reflète
certainement pas ses potentialités, a été l'un des
catalyseurs de la prise de conscience collective sur la nécessité
d'agir de façon diligente.
Aussi de façon pertinente, convient-il d'identifier les
principaux facteurs qui constituent des contraintes majeures ou alors des
opportunités réelles de développement du secteur
privé, lesquels facteurs permettront d'envisager idéalement les
perspectives d'une relance économique au sortir de la crise. Tel est
l'objet de la deuxième partie de notre étude.
DEUXIEME PARTIE : CONTRAINTES ET OPPORTUNITES DU
SECTEUR PRIVE EN COTE D'IVOIRE
Dans cette deuxième partie de l'étude, il
s'agira d'une part de repérer en utilisant l'approche du diagnostic de
croissance les principales contraintes qui pèsent sur le secteur
privé en Côte d'Ivoire, et d'autre part d'explorer les
opportunités offertes au monde des affaires par l'économie
ivoirienne dans la perspective de relance économique post-crise.
I. CONTRAINTES A L'INVESTISSEMENT PRIVE ET A
L'ENTREPRENARIAT EN COTE D'IVOIRE : LES EVIDENCES DU DIAGNOSTIC DE
CROISSANCE
Le diagnostic de croissance repose sur un modèle de
croissance simple selon lequel la fonction générale de production
dépend de plusieurs facteurs pouvant être contraints : capital
financier, capital humain, institutions, géographie, infrastructures,
diversification productive (auto-découverte), etc. Cette approche a
été formalisée dans un modèle complet
développé par Ricardo HAUSMANN, Dani RODRIK et Andrés
VELASCO (HRV) en 2005. Elle s'inspire des principes de base de la croissance :
incitations du secteur privé pour investir, adoption de nouvelles
technologies et recherche de nouveaux produits.
Les facteurs exogènes tels que les changements
technologiques (théories de la croissance exogène) ne sont pas
les déterminants de la croissance à long terme, selon cette
approche. Le modèle du diagnostic de croissance est plutôt
endogène, c'est-à-dire faisant l'hypothèse que
l'accumulation du capital par le secteur privé est le facteur qui
détermine in fine la croissance, tout en montrant que les
externalités négatives peuvent influer fortement en contraignant
les décisions d'investissement, les niveaux de productivité, de
connaissance et d'innovation. Les facteurs sont supposés
complémentaires et avoir tous une influence déterminante sur la
croissance. La difficulté réside dans l'identification des
facteurs offrant le taux de rentabilité marginale le plus
élevé - ce qui montre qu'ils sont effectivement des
contraintes majeures - ou qui impactent fortement la croissance et que
toute politique les affectant pourra avoir de fortes implications positives sur
la croissance économique11.
Dans la pratique, le diagnostic de croissance suit une
procédure discriminante matérialisée par un arbre
décisionnel (arbre à problèmes) afin d'évaluer tous
les goulets d'étranglement potentiels qui empêchent le
décollage de la croissance. Cette procédure définit
en premier lieu un ensemble de contraintes majeures
potentielles associées à tous les facteurs de production
possibles, mais regroupées en trois catégories :
(i) les contraintes de financement (faible
niveau d'épargne nationale, faible intermédiation sur les
marchés financiers nationaux, accès limité aux
financements extérieurs ou insuffisance des investissements directs
étrangers) ;
(ii) la faiblesse du taux de rendement social des
facteurs de production (facteurs géographiques
défavorables ou investissements insuffisants dans les facteurs
complémentaires comme le capital humain et les infrastructures) ;
11 Banque Mondiale, Rapport No. 32948-MOR,
Mémorandum économique pays du Royaume du Maroc, Mars 2006 (page
15).
(iii) et la faiblesse de la capacité
d'appropriation privée (hauts risques macroéconomiques
et microéconomiques, fiscalité inefficace, droits de
propriété et application des contrats défaillants,
très peu ou pas d'innovations de produits ou absence
d'auto-découverte, externalités importantes).
En second lieu, la procédure analyse
chaque contrainte majeure potentielle identifiée afin de s'interroger
sur sa validité. Ce qui suppose un examen détaillé des
possibilités en suivant l'arbre décisionnel. Le fait de descendre
les branches de l'arbre permet de supprimer de manière
séquentielle les contraintes les moins importantes jusqu'à ce
qu'il ne reste que quelques choix possibles qui retiendront notre plus grande
attention dans le cadre de la définition des axes stratégiques de
la réforme économique à engager (Graphique 5).
Graphique 5: Diagnostic de croissance de
l'économie ivoirienne - Arbre à problèmes
ProloL~vvte cevl.traL
|
|
|
Niveaux bas de l'investissement privé et de
l'entreprenariat en Côte d'Ivoire
|
|
|
|
|
Coût de financement
élevé
Faibles rendements de l'activité
économique
Déficiences des politiques
publiques
Faibles rendements sociaux des facteurs de
production
Mauvais contexte de financement interne
Déficiences des marchés
Faible capacité d'appropriation
privée
Mauvais contexte de financement
international
Faible épargne intérieure
Géographie défavorable
Capital humain faible ou inadéquat
Infrastructures déficientes
Faible compétitivité
Risques macro :
Instabilité sociopolitique Instabilité
financière
Instabilité budgétaire
|
Risques micro :
Faible respect du droit, Impunité Corruption,
Criminalité, Fraude Contrebande, Informalité
|
Externalités d'information
Absence de diversification productive ou d'innovations «
Absence d'auto-découverte »
|
Défaut de coordination
Insuffisante intermédiation
Rationnement de crédit sur le marché
financier
Constitue une contrainte majeure à la croissance Ne
constitue pas une contrainte à la croissance
I.1. Les rendements des investissements sont-ils
faibles en Côte d'Ivoire ?
I.1.1. Analyse du rendement global des investissements
en Côte d'Ivoire
Le graphique 6 montre qu'en absence de chocs exogènes,
la rentabilité des investissements est d'un niveau acceptable voire
concurrentiel en Côte d'Ivoire. Au cours la période 1995-1998 qui
a été relativement stable en Côte d'Ivoire, le ratio
marginal capital-production (RMCP)12 est ressorti à 2,3
contre 5,3 pour l'Afrique Subsaharienne. Les rendements des investissements ont
été plus faibles dans tous les pays de niveau de
développement comparable à la Côte d'Ivoire sur cette
même période (Tableau 5). A titre d'exemple, le RMCP se situait
à 5,1 au Ghana, 3,2 au Cameroun et 4,9 en Ile Maurice entre 1995 et
1998.
Les années sensibles de la crise militaro-politique en
Côte d'Ivoire (1999-2003) ont été
caractérisées par une non-rentabilité prononcée de
l'activité économique, avec une aberration en 2001 où le
niveau du RMCP indique qu'il fallait environ 110 FCFA d'investissements bruts
pour générer 1 FCFA additionnel d'extrants, soit 50 fois plus de
capitaux requis que la moyenne de la période 1995-1998. Le faible taux
de croissance enregistré en 2001 malgré d'importants
investissements réalisés suggère qu'il y a eu beaucoup
d'investissements improductifs en 2001.
Graphique 6: Evolution du ratio marginal
capital-production (RMCP) public et privéen Côte d'Ivoire de 1995
à 2009
110,0
-10,0
90,0
70,0
50,0
30,0
10,0
1 935
1933
1937
1926
1933
2000
2031
2CO2
2003
2034
RMCP global RMCP privé RMCP public
2005
2005
2037
2706
2703
Tableau 5 : Comparaison des RMCP moyens par
période de 1995 à 2009
Pays ou région
|
1995-1998
|
1999-2003
|
2004-2008
|
2009
|
Côte d'Ivoire
|
2,3
|
20,6
|
6,0
|
3,0
|
Afrique subsaharienne
|
5,3
|
5,3
|
3,5
|
12,0
|
Ghana
|
5,1
|
5,3
|
3,8
|
4,2
|
Cameroun
|
3,2
|
4,2
|
5,9
|
8,5
|
Maroc
|
-1,9
|
15,7
|
7,7
|
7,3
|
Maurice
|
4,9
|
7,6
|
7,9
|
10,0
|
Source : Nos calculs sur la base des
données de la Banque Mondiale
12 Le RMCP mesure l'investissement de capitaux
différentiel requis pour générer une unité
supplémentaire d'extrants. Il permet de mesurer la rentabilité
des nouveaux investissements de capitaux. Le RMCP est donné par le
rapport entre le taux brut d'investissement et le taux de croissance
économique. Il peut être considéré comme une mesure
de l'inefficacité avec laquelle les capitaux sont utilisés. Dans
les pays performants, le RMCP est d'environ 3 (Banque Mondiale, Rapport N°
40138 - BI, page 46).
De 2004 à 2008, les rendements de l'activité
économique ont été faibles en Côte d'Ivoire par
rapport aux performances d'avant crise. Le RMCP est ressorti à 6 en
moyenne sur cette période contre 3,5 en Afrique Subsaharienne, 3,8 au
Ghana et 5,9 au Cameroun. En 2009, les investissements réalisées
en Côte d'Ivoire ont quasiment retrouvé le niveau de leur
rentabilité d'antan avec un RMCP fortement amélioré par
rapport aux ratios des pays retenus.
En tout état de cause, les analyses ci-dessus
révèlent que les rendements des investissements sont
structurellement plus élevés en Côte d'Ivoire que dans les
pays de niveau de développement comparable. Elles suggèrent
également que les faibles rendements enregistrés depuis le
déclenchement de la crise militaro-politique sont une des principales
sources de la faiblesse des investissements privés sur la
période. Ces résultats décevants tirent-ils leurs origines
d'une faible rentabilité sociale des facteurs de production ou de hauts
risques pour les producteurs de biens et services de bénéficier
d'une part significative des richesses qu'ils créent (faible
capacité d'appropriation privée) ?
I.1.2. Analyse des rendements sociaux des facteurs de
production
L'analyse des rendements sociaux des facteurs de production
revient à explorer la situation géographique du pays, le
rendement de l'éducation ou les investissements dans le capital humain,
la qualité des infrastructures socioéconomiques et les facteurs
de compétitivité interne et externe.
La situation géographique de la Côte d'Ivoire,
telle que décrite dans la première partie de l'étude, est
favorable à la pratique des affaires car très stratégique
à l'instar de beaucoup de pays non enclavés d'Afrique
Subsaharienne. La géographie offre au pays des avantages certains
permettant de rendre très dynamiques les activités
économiques en période de stabilité, en raison notamment
de la disponibilité de plusieurs infrastructures modernes
réalisées pour la plupart dans les années 70 lors du boom
économique. C'est donc à juste titre qu'environ 70% des
entreprises interrogées lors de l'enquête du GTN ont
confirmé le rôle déterminant de la qualité et de
l'importance des infrastructures en Côte d'Ivoire dans leurs
décisions initiales d'investissement entre 2006 et 2007.
Cependant, il convient de noter que la persistance de la crise
militaro-politique a occasionné la destruction de plusieurs
infrastructures et la surexploitation des équipements
existants13. Il s'ensuit inéluctablement des surcoûts
supportés par les opérateurs économiques sur les facteurs
de production ou d'installation. Selon l'enquête du GTN de mars 2009, les
coûts relativement élevés de l'eau, de
l'électricité, du carburant ainsi que l'inefficacité des
services postaux et l'absence de réglementation en matière de
fixation des loyers immobiliers ou de terrains industriels agissent
négativement sur la rentabilité des entreprises en Côte
d'Ivoire. Par ailleurs, le secteur informel a pris de l'ampleur à la
faveur de la crise et celui-ci exerce de plus en plus une forte concurrence aux
entreprises légalement établies. Cette situation est
préjudiciable au secteur privé à cause de l'impact
négatif confirmé de ces surcoûts directs et indirects sur
la compétitivité-prix des entreprises nationales.
13 Selon le DRSP, 3 515 infrastructures et
édifices publics sont à réhabiliter ou à
reconstruire dans la zone CNO.
Par ailleurs, l'absence d'investissement dans le secteur de
l'électricité a conduit au délestage électrique
accentué à Abidjan entre fin 2009 et mi-2010.Les pertes y
afférentes ont représenté en 2009 environ 5% des pertes
totales de chiffre d'affaire des entreprises ivoiriennes (Banque Mondiale,
2009).
Concernant l'éducation, les autorités
ivoiriennes ont toujours considéré ce secteur comme prioritaire
dans la politique de développement du pays en lui allouant plus de 30%
du budget. De nombreuses infrastructures scolaires et universitaires ont
été réalisées par le passé et des efforts
considérables ont été déployés par l'Etat
pour assurer leur fonctionnement. Cependant, les résultats du
système éducatif ivoirien sont mitigés et de nombreux
défis restent à relever. En effet, hormis le taux d'inscription
au supérieur d'environ 7,8% sur la période 2000-2008 qui
constitue l'un des taux les plus élevés en Afrique Subsaharienne,
les taux de scolarisation dans le primaire (72,0%) et le secondaire (24,5%)
demeurent largement inférieurs aux performances de la plupart des pays
de la région (Annexe 14). En dépit de la persistance de la crise,
l'Etat ivoirien a consacré en moyenne sur la même période
4,6% de son PIB à l'éducation, essentiellement destinés au
fonctionnement du système éducatif. Ce qui constitue un effort
acceptable au regard de la part des dépenses publiques
d'éducation dans le PIB des pays comparables tels que le Ghana (5,4%),
le Cameroun (3,1%) et le Sénégal (4,4%).
En termes de rendement de l'éducation, il est
couramment reconnu que quatre types de marchés du travail coexistent
dans les pays en développement, à savoir le monde rural, le
secteur public, le secteur privé formel et l'informel, chaque
marché présentant des caractéristiques qui lui sont
propres en matière d'emploi. En Côte d'Ivoire, l'éducation,
si elle ne constitue pas toujours un rempart contre le chômage, permet
incontestablement d'obtenir des gains plus élevés sur le
marché du travail, en particulier dans les secteurs formels public et
privé. Le rendement marginal de l'éducation, mesurant le
supplément de gain salarial du travailleur généré
par une année d'études supplémentaire, est de 13 % dans le
secteur public, 6% dans le privé formel et 1,8% dans l'informel (Lettre
d'information de DIAL n° 25, juillet 2006). Il existe en effet une
convexité du rendement de l'éducation en fonction du niveau
scolaire atteint en Côte d'Ivoire, expliquant ainsi que
l'éducation influence de façon croissante la
rémunération du marché du travail et que le rendement
marginal augmente au fil de l'accumulation du capital humain.
Ces rendements assez élevés pourraient
suggérer l'épuisement de l'offre rare de personnes
qualifiées dans l'économie ivoirienne, mais l'analyse du taux de
chômage des diplômés en Côte d'Ivoire au cours des
dernières années nuancent cette thèse. Selon le DRSP
(2009), le taux de chômage des diplômés était de 13%
en 2002 au niveau national. Ce taux était relativement
élevé pour les titulaires du BAC (27%), de la Maîtrise
(25%) et du CEPE (22%). Pour ceux de la Licence et du BEPC, ils étaient
respectivement de 19% et de 16%. De même, dans l'enseignement technique
et la formation professionnelle, ces taux sont relativement
élevés pour les titulaires du BEP (53%) et du BTS (42%). Pour
ceux du BT et du CAP, ces taux s'établissaient à 12,5% et 12,7%.
Finalement, les considérations précédentes
suggèrent que la croissance économique en Côte d'Ivoire
n'est pas contrainte par le manque de disponibilité ou
l'inadéquation du capital humain.
S'agissant de la compétitivité externe et des
avantages comparatifs dynamiques de l'économie ivoirienne, il convient
de noter que malgré une part relativement importante des exportations
dans la demande mondiale de 1,7% entre 2000 et 2009 contre 0,9% pour le Ghana
et le Cameroun respectivement, la Côte d'Ivoire reste tributaire d'une
économie de rente basée essentiellement sur l'exportation de ses
ressources naturelles et des produits agricoles primaires. De manière
générale, le taux de transformation locale des principaux
produits d'exportation est très bas : il se situe à 1,5% pour le
cacao et environ 5% pour le café au cours des dernières
années. Cette faiblesse traduit l'absence d'innovations du secteur
privé ivoirien susceptibles de soutenir le monde agricole et donner
ainsi la valeur ajoutée aux biens échangeables du pays.
Par ailleurs, au cours de la dernière décennie,
l'économie ivoirienne a enregistré une dépréciation
réelle du taux de change de l'ordre de 1,5%, en raison d'un
différentiel d'inflation moins favorable aux principaux partenaires
commerciaux, et d'un euro fort et instable vis-à-vis du dollar
américain sur la période. Il en découle que des
problèmes d'avantages comparatifs dynamiques (absence d'innovations) et
de faible compétitivité interne et externe peuvent constituer des
contraintes réelles à la croissance économique en
Côte d'Ivoire.
I.1.3. Analyse de la capacité d'appropriation
privée
La faiblesse de la capacité d'appropriation
privée peut tirer ses sources des déficiences des politiques
publiques (elles-mêmes imputables à des hauts risques macro et
microéconomiques) et des défaillances du marché en raison
de la présence d'externalités d'information et de coordination.
Ces différents facteurs seront analysés dans les lignes
suivantes.
a) Des incertitudes sur la stabiité des
politiques macroéconomiques constituent-elles des contraintes à
la croissance en Côte d'Ivoire ?
L'examen du cadrage macroéconomique 1995-2009 a mis en
lumière de graves déséquilibres au niveau des comptes
macroéconomiques au lendemain de la crise militaropolitique en
Côte d'Ivoire. Outre la faiblesse de la croissance économique
enregistrée sur la période, ceux-ci ont porté
généralement sur des déficits budgétaires et un
endettement public insoutenables ayant exacerbé les tensions de
trésorerie de l'Etat et provoqué l'accumulation d'importants
arriérés de paiement intérieurs et extérieurs.
En tant que membre de l'UEMOA, la Côte d'Ivoire
bénéficie d'un régime de change fixe de par l'arrimage du
FCFA à l'euro. Dans ce cadre et conformément à la norme
communautaire en vigueur, elle a pu contenir l'inflation à moins de 3%
au cours des dernières années. Le respect de cet objectif
principal de la politique monétaire de l'UEMOA a été
jugé positif par la majorité des dirigeants d'entreprises
interrogés lors de l'enquête du GTN de mars 2009. En revanche,
l'instabilité du taux de change euro/dollar marquée par un euro
fort sur la période a été perçue comme un facteur
négatif sur la rentabilité des entreprises.
Quant à la politique fiscale, elle est restée
globalement stable au cours de la dernière décennie : le taux de
pression fiscale a été stabilisé autour de 15,5% depuis
2000, en baisse d'un point par rapport à son niveau moyen d'avant la
crise. Par ailleurs, le taux marginal d'imposition maximal pour les entreprises
qui était fixé à 35% jusqu'en 2007 a été
revu à la baisse à 25% comme au Ghana, alors qu'il est de 38,5%
au Cameroun et de 35% au Sénégal. Dès lors,
comparée aux pays tels que le Ghana, le Cameroun et le
Sénégal, la pression fiscale en Côte d'Ivoire
s'avère acceptable et ne devrait pas constituer un obstacle majeur
à la croissance.
Le déficit budgétaire et l'endettement public
insoutenables sur toute la période de crise sont incontestablement les
principales variables d'instabilité du cadre macroéconomique. En
réalité, de nouvelles charges liées à la gestion de
la crise ont fait leur apparition dans le budget de l'Etat. D'importantes
ressources consacrées à ces opérations ont
créé, dans un contexte de contraction des recettes publiques
notamment extérieures, de vives tensions de trésorerie avec pour
conséquences l'irrégularité enregistrée dans le
paiement des fournisseurs de l'Etat et l'accumulation d'importants
d'arriérés de paiement.
Ces graves déséquilibres budgétaires sont
préjudiciables au secteur privé parce qu'ayant annihilé
les efforts de plusieurs opérateurs économiques et
entrainé, le cas échéant, l'arrêt définitif
de leurs activités. Ils constituent donc une sérieuse contrainte
à la croissance économique.
b) Des hauts risques microéconomiques
constituent-ils des contraintes à la croissance en Côte d'Ivoire
?
L'analyse des indicateurs du Doing Business effectuée
en fin de première partie a suggéré
l'éventualité de risques microéconomiques qui
entraveraient la pratique des affaires en Côte d'Ivoire. L'accent sera
mis ici sur la gouvernance politique et économique c'est-à-dire
les facteurs de stabilité sociopolitique, les pesanteurs
bureaucratiques, la primauté du droit et des règles en vigueur,
l'informalité et la fiscalité, la corruption, la
sécurité et la criminalité.
La crise sociopolitique qui prévaut depuis fin 1999
constitue le plus gros choc de l'histoire de la Côte d'Ivoire
indépendante. Contrairement à beaucoup de pays africains qui ont
consolidé leur processus démocratique à l'orée du
21ème siècle, cette crise a instaurée
durablement une instabilité sociopolitique en Côte d'Ivoire. Selon
l'enquête du GTN et celle de la Banque Mondiale réalisée
sur le secteur privé14 en 2009, l'instabilité
sociopolitique au cours des dernières années a été
perçue par les dirigeants d'entreprises comme l'une des principales
contraintes à l'initiative privée en Côte d'Ivoire, en
raison du risque pays et politique très élevé. Cette grave
crise a consacré la faiblesse et la fragilité des institutions du
pays comme l'attestent les données de la Banque Mondiale sur la
qualité de la gouvernance et des institutions. L'examen du tableau 6
montre en effet que la qualité de la gouvernance et des institutions
s'est globalement dégradée depuis le déclenchement de la
crise en Côte d'Ivoire, les scores enregistrés par le pays
étant des plus bas en Afrique voire au monde.
Tableau 6 : Qualité de la gouvernance et
des institutions en Afrique Subsaharienne
Pays (0 =faible et 6 = élevé)
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Côte d'Ivoire
|
2,5
|
2,5
|
2,4
|
2,5
|
2,6
|
Ghana
|
3,7
|
3,9
|
3,9
|
3,9
|
3,8
|
Cameroun
|
3,1
|
3,0
|
3,0
|
2,9
|
2,9
|
Nigéria
|
2,8
|
2,9
|
2,9
|
2,9
|
2,9
|
Sénégal
|
3,6
|
3,6
|
3,5
|
3,4
|
3,4
|
Source : Banque Mondiale
L'étude diagnostique sur la méthodologie
d'élaboration d'un Plan National de Bonne Gouvernance et de Lutte contre
la Corruption pour la période 2010-201415 a mis en
évidence les larges pouvoirs de l'Exécutif en Côte
d'Ivoire, ce qui limite la séparation réelle des pouvoirs
vis-à-vis du Législatif et du Judiciaire. Aussi, les
modalités d'accès aux fonctions de Magistrat et de leur promotion
ne permettent-elles pas de garantir leur indépendance. Ce corps de hauts
fonctionnaires est en outre affecté par une forte corruption, tout comme
celui des forces de défense et de sécurité ainsi que bien
d'autres corps de métier de l'Administration publique.
14 Les résultats détaillés de
cette enquête dénommée « Enterprise surveys »
sont disponibles sur le site http://www.enterprisesurveys.org/ mis à
disposition des utilisateurs par la Banque Mondiale.
15 Gouvernement de la République de Côte
d'Ivoire, Plan National de Bonne Gouvernance et de Lutte contre la Corruption
2010-2014, Rapport provisoire, décembre 2009.
La corruption s'est amplifiée de façon
endémique sous plusieurs formes au cours de la dernière
décennie. En effet, la privatisation informelle est devenue une
gangrène qui mine la plupart des services publics au sein desquels le
recours à des intermédiaires ou tierces personnes semble devenu
la règle. Les pesanteurs bureaucratiques qui caractérisent ainsi
ces services occasionnent des surcoûts importants pour les
entreprises16 et rendent inefficace l'Administration publique
ivoirienne. Cela est confirmé par l'indice de perception de la
corruption de la Banque Mondiale qui situe la Côte d'Ivoire ces
dernières années dans le denier quart des pays africains avec un
score voisin de 2 (Annexe 15).
Par ailleurs, la prolifération et la circulation
illicite d'armes légères et de petits calibres, dans le contexte
de crises socio-politiques répétées, ont augmenté
de façon drastique l'insécurité des personnes et des biens
ainsi que l'insécurité transfrontalière (porosité
des frontières). Selon la Banque Mondiale, les pertes des entreprises
attribuables aux vols, vandalismes et incendies criminels se chiffrent à
3,4% des pertes de totales de chiffre d'affaire en 2009.
L'affaiblissement et la déliquescence de
l'autorité de l'Etat se sont également aggravés au cours
de ces années par divers actes d'insubordination et de défiance
portant notamment sur l'inapplication et le non respect des lois et des textes
en vigueur, et l'impunité des responsables auteurs de manquements
avérés. Dans cet environnement malsain, les dirigeants
d'entreprises déplorent l'incertitude du droit et
l'insécurité des biens et des personnes. La pratique des affaires
se heurte également à la persistance du phénomène
de la fraude et de la contrebande aggravé par la porosité des
frontières et la montée en puissance du secteur informel. Par
ailleurs, les entreprises ont dénoncé l'obsolescence du cadre
réglementaire d'appui à l'initiative privé. Pour
celles-ci, le Code de 1995 et les textes régissant les activités
du secteur privé sont obsolètes et gagneraient à
être actualisés pour tenir compte des différentes
évolutions de l'environnement des affaires.
En plus, la Côte d'Ivoire s'est engagée
récemment dans le développement durable en encourageant
l'adoption des politiques de la Responsabilité Sociétale
d'Entreprise (RSE). Mais à ce jour, très peu d'entreprises
ivoiriennes ont intégré ce concept dans leur politique
managériale. De même, selon la Banque Mondiale, seulement 4,3% des
entreprises ivoiriennes ont pu obtenir la certification de l'Organisation
Internationale de la Normalisation (ISO) à fin 2009.
Bien que d'importantes avancées soient perceptibles en
matière de lutte contre le blanchiment des capitaux, le système
de lutte contre la criminalité financière locale et
transfrontalière semble être confronté à l'absence
d'une loi sur la cybercriminalité, d'une base de données
nationales sur les informations financières et de mécanismes de
gel, saisie et confiscation des avoirs dans les affaires de corruption. Il
importe aussi de relever que l'absence de lois et de dispositifs
institutionnels spécifiques sur la corruption et l'enrichissement
illicite, le caractère dérisoire et peu dissuasif de la sanction
pécuniaire et pénale y afférente et l'absence de
référentiel éthique dans la gestion des affaires
publiques, ne permettent pas de lutter efficacement contre ces pratiques
déviantes qui ont eu tendance à se développer en
constituant ainsi de sérieuses entraves à la croissance
économique en Côte d'Ivoire.
16 Dans son intervention lors du forum Doing
Business 2010 de novembre 2009, Monsieur Jean Louis BILLON, Président de
la CCI-CI a indiqué que la corruption occasionne des pertes au secteur
privé évaluées entre 150 et 300 milliards de FCFA par an
et exprimé ainsi la nécessité d'une action corrective
urgente.
c) Des défailances du marché
s'affichent-elles comme des contraintes à la croissance en Côte
d'Ivoire ?
Les défaillances du marché portent sur
l'existence d'externalités d'information et de coordination. Les
externalités d'information proviennent du fait qu'il est difficile de
créer mais facile de copier ou d'imiter. Les moyens de protection des
droits de propriété sont limités en Côte d'Ivoire,
notamment en termes d'instruments juridiques et organisationnels. La
contrefaçon touche tous les produits et presque tous les domaines
d'activité. La structure institutionnelle régissant
l'exécution des droits de propriété et des contrats
commerciaux, et le cadre juridique de l'activité économique en
général sont déficients. L'intensité de la
corruption et de l'insécurité nuit à la
sécurité des contrats. Il en résulte un réel
problème d'innovations et de diversification productive en Côte
d'Ivoire. C'est ce que l'approche HRV baptise le problème de «
l'auto-découverte » qui peut aussi faire
référence en Côte d'Ivoire à l'absence de
diversification des partenaires commerciaux.
En ce qui concerne la coordination, le Comité de
concertation Secteur public/Secteur privé, rattaché au Cabinet du
Premier Ministre et dont le secrétariat technique est assuré par
le Ministère de l'Industrie et de la Promotion du Secteur Privé,
n'est plus actif. Ce cadre de dialogue entre le secteur privé et l'Etat
semble rompu et non opérationnel depuis sa création. Les
problèmes de chaque entreprise sont réglés au cas par cas
et impliquent des délais longs et très coûteux pour le
secteur privé. Par ailleurs, outre quelques organisations
professionnelles représentatives du secteur privé national
décrites dans la première partie de l'étude, il n'existe
pas de coopérations inter-entreprises dynamiques à l'image des
clusters ou systèmes productifs locaux en Occident ou dans certains pays
africains tels que le Sénégal, le Nigéria et le Maroc,
à même d'impulser une véritable révolution
copernicienne dans le monde des affaires en Côte d'Ivoire et créer
ainsi des pôles de compétitivité au bénéfice
de l'économie nationale. Plus grave, la partition du pays depuis 2002
induit une perte de marchés pour les entreprises nationales.
L'étroitesse du marché local est rendue perceptible et
contraignante par la non-effectivité de l'accès des entreprises
ivoiriennes à certains marchés régionaux et
sousrégionaux dans le cadre de l'UEMOA et de la CEDEAO.
En somme, les dernières années ont
été marquées par la faiblesse des rendements de
l'activité économique liée à des
défaillances des politiques publiques et des distorsions de
marché qui se sont amplifiées pour réduire la
capacité d'appropriation privée en Côte d'Ivoire. Qu'en
est-il du coût du financement de l'activité économique ?
I.2. Le coût du financement privé est-il
élevé en Côte d'Ivoire ?
Pour juger le coût du financement élevé et
donc à même de freiner la croissance économique, celui-ci
doit être le reflet d'un mauvais contexte de financement au niveau
national et/ou à l'échelle internationale.
I.2.1. La faible croissance économique en
Côte d'Ivoire est-elle liée à des contraintes de
financement interne ?
Des contraintes de financement interne existent si
l'épargne nationale est faible, l'intermédiation
financière est insuffisante, un rationnement de crédit est fait
par le secteur financier domestique et/ou ce secteur présente de fortes
vulnérabilités face aux chocs. C'est donc sur ces
différents paramètres que va se fonder l'analyse des contraintes
du financement endogène de l'économie ivoirienne.
evl.virovl.vl.evvtevl.t des affaires et reLavl.ze
6covl.ovvticit,te post-arise evl. Cate ortvoire a) L'épargne
nationale est-elle d'un faible niveau ?
De 1995 à 2002, l'épargne intérieure de
la Côte d'Ivoire représentait en moyenne 21% du PIB. Ce taux a
dégringolé à 18,5% sur la période 2003-2009 et se
situe légèrement en dessous de la moyenne de l'Afrique
Subsaharienne (22%) sur la même période. Quant à
l'épargne nationale disponible brute, elle s'est stabilisée
autour de 11,6% du PIB sur la période 1995-2009 contre 16,5% au Ghana et
16,2% au Cameroun. Le faible niveau de l'épargne nationale en Côte
d'Ivoire reflète d'importantes sorties nettes de capitaux au titre des
revenus de facteurs et des transferts courants (environ 7% du PIB en moyenne
par an). En effet, l'économie ivoirienne supporte chaque année
des paiements considérables d'intérêts sur la dette
publique extérieure mais aussi et surtout d'importants transferts sous
forme d'envois de fonds de travailleurs immigrés et de rapatriements de
dividendes vers le reste du monde.
Tableau 7 : Evolutions comparées des taux
moyens d'épargne et d'investissement de 2003 à 2009
Indicateurs
|
Moyenne 2003-2009
|
Côte d'Ivoire
|
Ghana
|
Cameroun
|
FBCF (% du PIB)
|
9,8
|
23,3
|
17,6
|
Epargne intérieure (% du PIB)
|
18,5
|
5,5
|
18,4
|
Epargne nationale (% du PIB)
|
11,7
|
16,5
|
17,6
|
Epargne nationale (% du RNB)
|
11,7
|
16,6
|
18,0
|
Epargne nette ajustée (% du RNB)
|
2,3
|
10,3
|
5,5
|
Source : DCPE et Banque Mondiale
En intégrant la dimension du développement
durable, l'on s'aperçoit que l'épargne nationale devient
très faible, en attestent les niveaux bas et décroissants de
l'épargne nette ajustée (ENA)17 sur toute la
période. Par exemple, l'ENA a représenté seulement 2,3% du
RNB en moyenne de 2003 à 2009 contre 10,3% au Ghana et 5,5 au Cameroun
(Tableau 7).
Graphique 7: Evolutions des taux d'épargne
nationale et d'investissement en Côte d'Ivoire
En %du PIB
FBCF
Epargne nle 11,8%
18,0%
16,0%
14,0%
12,0%
10,0%
4,0%
2,0%
8,0%
6,0%
0,0%
13,7% 14,8%
1995
10,4% 13,4%
1996
14,3% 10,7%
1997
10,7% 11,7%
1998
14,4% 11,2%
1999
2000
8,0% 10,6%
2001
9,9%
10,9% 9,7%
16,8% 12,3%
2002
2003
12,4% 10,0%
2004
9,8%
2005
9,7%
12,1% 8,4%
2006
9,3%
2007
8,7% 10,1%
12,3% 14,7%
2008
11,4%
2009
Source : DCPE et Banque Mondiale
17 L'épargne nette ajustée est un
indicateur de mesure du développement durable. Elle est ici égale
à l'épargne nationale plus les dépenses en
éducation, moins l'épuisement en énergie, en
minéraux et en ressources forestières et moins les dommages
causés par le dioxyde de carbone et les émissions de
particules.
La faiblesse de l'épargne nationale, surtout publique,
a orienté les investissements à des niveaux bas sur la
période (Graphique 7). L'analyse de ce graphique révèle
que l'épargne nationale s'avère largement insuffisante pour
financer les investissements nationaux, le besoin annuel de financement pouvant
se situer jusqu'à 4% du PIB. La faiblesse des investissements depuis le
début de la crise ivoirienne laisse apparaître la
disponibilité d'une épargne nationale oisive sur cette
période.
b) L'intermédiation financière est-elle
insuffisante en Côte d'Ivoire ?
L'économie ivoirienne dans ses caractéristiques
actuelles demeure une économie d'endettement. Favoriser l'investissement
et stimuler la croissance requiert dès lors une intermédiation
financière dynamique, consistant pour les intermédiaires
financiers à mobiliser l'épargne des agents à
capacité de financement pour les intégrer dans leur bilan et
procéder à des prêts aux agents à besoin de
financement, en particulier les entreprises. L'examen du tableau 8 montre que
l'épargne est faiblement rémunérée et que le
coût du crédit est relativement élevé en Côte
d'Ivoire. En effet, la marge d'intérêt des banques ivoiriennes sur
les opérations avec la clientèle, mesurée par la
différence entre les rendements moyens des prêts (taux
débiteurs) et les coûts moyens des ressources provenant de la
clientèle (taux créditeurs), est de 8,1 points de pourcentage
entre 2006 et 2009 en Côte d'Ivoire, contre une moyenne de 10,4 points
dans l'UEMOA et 11,1 points au Cameroun. La marge d'intérêt est
ressortie plus faible au Nigéria (6,5 points) et au Maroc (7,9 points).
Il convient aussi d'indiquer que dans les pays développés tels
que la France, cette marge est généralement en dessous de 4
points.
Tableau 8 : Comparaison des conditions moyennes de
banque de 2006 à 2009
Conditions de banque (en %)
|
Côte d'Ivoire
|
UEMOA
|
Cameroun
|
Nigéria
|
Maroc
|
Taux débiteurs (rendements)
|
10,6
|
12,6
|
15,1
|
17,2
|
12,1
|
Taux créditeurs (coûts)
|
2,5
|
2,2
|
4,0
|
10,6
|
4,2
|
Marge d'intérêts (spreads)
|
8,1
|
10,4
|
11,1
|
6,5
|
7,9
|
Source : BCEAO et Banque Mondiale
Les taux d'intérêts varient selon le type de
clientèle et la maturité des concours bancaires (Annexes 16 et
17). Par ailleurs, malgré la baisse des taux directeurs de la BCEAO en
juin 2009 de 0,5 point (diminution du taux de pension de 4,75% à 4,25%
et du taux d'escompte de 6,75 à 6,25%), les taux d'intérêt
débiteurs appliqués à la clientèle à fin
décembre 2010 sont restés élevés et
démontrent que plusieurs banques ivoiriennes n'ont véritablement
pas intégré cette baisse dans la tarification de leurs services
bancaires. Cette situation semble refléter l'augmentation des besoins de
liquidité des entreprises ivoiriennes, en liaison notamment avec la
baisse des recettes d'exportation et l'accroissement des risques de
défaut de paiement dans le contexte de crise financière et
économique internationale.
Même si la qualité du portefeuille des banques
s'est légèrement améliorée à fin juin 2010
par rapport à la situation de fin décembre 2009, il est bon de
noter qu'à fin 2008, le taux brut de dégradation du portefeuille
de la Côte d'Ivoire était plus élevé que la moyenne
dans l'UEMOA, comme l'attestent les données du tableau 9.
Tableau 9 : Qualité du portefeuille de
crédit bancaire en Côte d'Ivoire de 2007 à fin juin
2010
En milliards de FCFA
|
COTE D'IVOIRE
|
UEMOA
|
Déc. 2007
|
Déc. 2008
|
Déc. 2009
|
Juin. 2010
|
Déc. 2008
|
Crédits sains (1)
|
1 576,3
|
1 680,3
|
1 852,2
|
1 822,9
|
|
Court terme
|
1 162,3
|
1 155,2
|
1 215,1
|
1 133,3
|
|
Crédits de campagne
|
97,4
|
95,0
|
99,1
|
60,7
|
|
Crédits ordinaires
|
1 065,0
|
1 060,2
|
1 116,0
|
1 072,5
|
|
Moyen terme
|
353,6
|
446,3
|
530,5
|
582,2
|
|
Long terme
|
39,5
|
58,0
|
80,5
|
81,3
|
|
Crédit bail
|
20,9
|
20,7
|
26,2
|
26,1
|
|
Crédits en souffrance (2)
|
34,6
|
90,8
|
88,8
|
82,9
|
|
Impayés et immobilisés
|
19,3
|
47,5
|
53,0
|
49,7
|
|
Douteux et litigieux
|
15,3
|
43,3
|
35,8
|
33,2
|
|
Total Crédits à l'économie (3) = (1)
+ (2)
|
1 611,0
|
1 771,1
|
1 941,1
|
1 905,8
|
|
Provisions (4)
|
304,246
|
309,395
|
280,42
|
267,481
|
|
Créances en souffrance brutes (5)
|
338,9
|
338,9
|
338,9
|
338,9
|
|
Total portefeuille crédits à
l'économie (6) = (1) + (5)
|
1 915,2
|
2 019,2
|
2 191,1
|
2 161,8
|
|
Taux brut de dégradation du portefeuille (7) =
(5)/(6)
|
17,7%
|
16,8%
|
15,5%
|
15,7%
|
18,3%
|
Taux net de dégradation du portefeuille (8) = (2)/(3)
|
2,1%
|
5,1%
|
4,6%
|
4,3%
|
7,3%
|
Taux de provisionnement (9) = (4)/(5)
|
89,8%
|
91,3%
|
82,7%
|
78,9%
|
64,5%
|
Source : BCEAO - CODESFI, 2010
Le taux brut de dégradation du portefeuille est
ressorti à 16,3% au Sénégal en 2008 et il a
été en moyenne de 13,75% au Ghana, 16,37% au Nigéria et
14,45% au Maroc sur la période 2005-2006. En termes relatifs, l'on peut
affirmer que le taux brut de dégradation du portefeuille des banques
ivoiriennes est élevé. Cela traduit un niveau de risque
considérable pris par ces banques et peut justifier l'exigence d'une
prime de risque élevée sur le rendement des prêts en
Côte d'Ivoire. En outre, la solvabilité du secteur bancaire
ivoirien s'est fortement dégradée au cours des dernières
années, en passant de 12,2% en 2002 à 9,25% à fin 2008
(CODESFI, 2010).
c) Le système financier local
opère-t-il un rationnement de crédit ?
Le système bancaire ivoirien enregistre chaque exercice
un excédent de trésorerie depuis 2004, celui-ci étant
évalué à plus de 200 milliards de FCFA par an. Cette
importante trésorerie constitue l'essentielle des ressources non
employées au sein de l'UEMOA. En 2008, environ 23% de la
trésorerie dégagée par l'Union provient de la Côte
d'Ivoire (Tableau 10).
Tableau 10 : Evolution des ressources et emplois
des banques ivoiriennes de 2004 à fin juin 2010
(En milliards de FCFA)
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Juin 2010
|
UEMOA (2008)
|
TOTAL EMPLOIS (E)
|
1 600,6
|
1 624,4
|
1 787,2
|
2 188,5
|
2 381,5
|
2 527,3
|
2 590,3
|
8 152,2
|
E1 : Crédits Clientèle
|
1 380,3
|
1 378,0
|
1 343,9
|
1 652,1
|
1 820,4
|
1 943,3
|
1 905,4
|
6 119,6
|
E1.1 Crédits sains
|
1 210,2
|
1 310,4
|
1 294,3
|
1 614,6
|
1 741,6
|
1 854,5
|
1 822,7
|
5 670,1
|
E1.2 Crédits en souffrance
|
170,1
|
67,6
|
49,6
|
37,5
|
78,8
|
88,8
|
82,7
|
449,5
|
E2 : Autres emplois
|
220,3
|
246,4
|
443,3
|
536,4
|
561,1
|
584,0
|
684,9
|
2 032,6
|
TOTAL RESSOURCES (R)
|
1 848,6
|
1 873,5
|
2 015,2
|
2 343,7
|
2 547,0
|
2 799,3
|
2 977,5
|
8 881,5
|
R1 : Dépôts et emprunts
|
1 497,0
|
1 541,9
|
1 674,1
|
1 970,3
|
2 100,4
|
2 333,5
|
2 521,5
|
7 345,1
|
R2 : Fonds Propres nets
|
215,4
|
199,7
|
174,9
|
176,6
|
186,2
|
221,1
|
202,9
|
850,4
|
R3 : Divers
|
136,2
|
131,9
|
166,2
|
196,8
|
260,4
|
244,7
|
253,1
|
686,0
|
EXCEDENT (R-E)
|
248,0
|
249,1
|
228,0
|
155,2
|
165,5
|
272,0
|
387,2
|
729,3
|
Source : BCEAO - CODESFI, 2010
Malgré cette abondance de liquidité, la
contribution du secteur bancaire au financement de l'économie ivoirienne
reste faible. Cette contribution, mesurée par le rapport entre les
crédits à l'économie et le PIB, est passée de 16,5
% en moyenne sur la période 1995-1999 à 15 % de 2000 à
2008, avant d'atteindre 17,3% en 2009 contre un ratio de 17,8 % au Ghana, 11,5
% au Cameroun, 34 % au Nigeria, 77 % au Maroc et 87,8 % en Ile Maurice. La
tendance en Côte d'Ivoire traduit ainsi une accentuation des
difficultés d'accès aux concours bancaires au cours des
dernières années. Pour le monde des affaires, ces
difficultés de financement concernent surtout les PME/PMI et les
entrepreneurs individuels. Selon l'enquête de la Banque Mondiale, sept
PME/PMI ivoiriennes sur dix estiment qu'elles éprouvent des
difficultés d'accès au financement bancaire local, alors que
seulement 45% des grandes entreprises sont concernées par la
question.
Les difficultés d'accès des populations aux
services bancaires classiques ont ainsi favorisé la floraison des
institutions de microfinance. Ainsi, en dépit de la persistance des
tensions sociopolitiques, le secteur de la microfinance a su maintenir une
bonne dynamique, comme en témoigne la progression continue du nombre de
bénéficiaires et de l'épargne. En effet, le secteur a
atteint la barre du million d'adhérents en 2009 contre 972 691 en 2008.
L'encours des dépôts est passé de 85,4 milliards de FCFA
à fin 2008 à 85,6 milliards de FCFA à fin 2009. Quant au
volume des crédits distribués, il ressort à 25,6 milliards
en 2009 contre 40,6 milliards en 2008. Cependant, la situation
financière du secteur de la microfinance en Côte d'Ivoire est
très préoccupante, avec tous les grands réseaux en quasi
faillite.
d) Le secteur financier ivoirien est-il
vulnérable aux chocs ?
A la demande du Gouvernement ivoirien, le secteur financier a
été évalué du 29 avril au 12 mai 2009 au titre du
Programme d'Evaluation du Secteur Financier (PESF) par les Experts du FMI et de
la Banque Mondiale. Le diagnostic a révélé des faiblesses
au niveau de l'ensemble des composantes du secteur financier. Les stress tests
effectués dans le cadre cette évaluation et ayant porté
sur un scénario macroéconomique, combinant trois scénarii
distincts « augmentation uniforme des créances en souffrance de 50%
», « 40% de dépréciation du FCFA contre l'Euro »
et « 600 points de base de diminution uniforme le long de la courbe des
rendements », montrent que le système bancaire ivoirien reste
vulnérable aux chocs notamment exogènes. En effet, aucune banque
ne résiste à l'un des trois scénarii de chocs retenus, les
banques les plus vulnérables étant celles à capitaux
nationaux. Par ailleurs, les effets combinés des trois chocs conduisent
à une dégradation très prononcée de la situation du
système bancaire qui se traduirait par la chute du ratio de
solvabilité de 9,28% à 2,30%.
En tout état de cause, le contexte de financement
interne est peu favorable en Côte d'Ivoire. La faible contribution des
banques au financement de l'économie nationale, nonobstant une
surliquidité du système bancaire, suggère que le
réel problème réside dans la réticence des banques
à satisfaire les énormes besoins des agents économiques et
qu'il n'est pas forcément lié à des coûts du
financement non accessibles. Il s'agit bien plus d'un problème
d'accès limité au financement bancaire, qui hélas ne
trouve pas de solutions alternatives crédibles en Côte d'Ivoire.
Aussi, le déclin de la stabilité du secteur financier au cours
des dernières années reflète-il le caractère
très risqué de l'environnement des affaires et la
dégradation de la gouvernance décrits plus haut, qui minent la
qualité des portefeuilles bancaires et constituent un frein tangible au
financement de l'économie nationale et donc à la croissance.
I.2.2. La croissance économique en Côte
d'Ivoire est-elle contrainte par l'insuffisance des financements
extérieurs ?
En dépit d'un risque pays élevé depuis
2000, la Côte d'Ivoire reste une destination privilégiée
des flux de capitaux privés, en particulier les IDE. Entre 1995 et 1999,
la Côte d'Ivoire a reçu environ 5% des flux totaux d'IDE en
direction de l'Afrique Subsaharienne, alors que la part de l'ensemble des pays
de l'UEMOA se situait à 8%.
Quoiqu'en baisse depuis le début de la crise
militaro-politique et largement inférieure aux parts du Nigéria
et de l'Afrique du Sud, la part moyenne des IDE en Côte d'Ivoire reste la
plus élevée dans l'UEMOA sur la période 2000-2009. Cette
part d'environ 2% est très proche des pays de niveau de
développement comparable comme le Ghana et le Cameroun (Graphique 8).
Graphique 8: Parts relatives des pays dans le
total d'IDE reçus par l'Afrique Subsaharienne (%)
Période 1995-1999 Période 2000-2009
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
ZAF
NGA
UEMOA
CIV
GHA
CMR
MLI
SEN
BEN
NER
BFA
TGO
GNB
Source : Nos calculs à partir des
données de la Banque Mondiale
Il convient aussi de noter que la réglementation des
changes en vigueur dans les pays membres de l'UEMOA18 prescrit une
liberté à l'entrée des flux de capitaux privés
étrangers, laquelle est subordonnée à une simple
déclaration à des fins statistiques aux autorités de
contrôle. Ces textes prévoient également la liberté
du rapatriement des dividendes et du produit de la liquidation partielle ou
totale des investissements étrangers.
La réglementation des changes en vigueur dans l'UEMOA
traduit d'une part, la libéralisation totale des transactions courantes
en adhésion au régime de l'article 8 des statuts du FMI et
d'autre part, une volonté de poursuivre une libéralisation
graduelle des opérations du compte de capital, conformément au
Consensus de Washington. Mais, un contrôle de change existe dans l'Union
à travers une taxe spécifique appliquée sur les transferts
hors de la zone et fixée à 0,3% du montant total du transfert.
D'autre part, l'endettement excessif de la Côte d'Ivoire
a réduit assurément les possibilités des opérateurs
économiques nationaux à recourir aux marchés financiers
internationaux qui exigent généralement l'aval ou la garantie de
l'Etat, à l'exception des filiales de grands groupes internationaux qui
reçoivent généralement cette garantie de la part de leur
maison-mère.
18 Cf. Règlement n° 09/2010/CM/UEMOA du
1er octobre 2010 relatif aux relations financières
extérieures des Etats membres de l'Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine (UEMOA). Il a abrogé le Règlement n°
09/98/CM/UEMOA du 20 décembre 1998.
L'expérience tirée de la période
d'endettement a conduit les autorités ivoiriennes à suspendre,
depuis la deuxième moitié des années 80, toute garantie de
remboursement de l'Etat dans le cadre d'opérations financières
extérieures relevant du secteur privé.
La Côte d'Ivoire a bénéficié d'une
part marginale de l'aide publique au développement (APD) au cours des
dernières années, en raison des ruptures
répétées des relations avec la communauté
financière internationale. Toutefois, l'admission du pays au point de
décision de l'initiative PPTE, en mars 2009, a ouvert de bonnes
perspectives pour un afflux massif d'APD en Côte d'Ivoire pour les
années à venir, surtout dans le cadre de la reconstruction du
pays. Les conditions de l'efficacité de ces flux d'aide devraient
largement dépendre de la qualité des politiques et des
institutions nationales en place au sortir de la crise. De toute
évidence, la croissance économique en Côte d'Ivoire n'est
pas contrainte par les financements extérieurs. Les flux de capitaux
étrangers requièrent ordinairement un environnement interne
favorable et à même d'offrir des retours sur investissements
conséquents.
En résumé, le diagnostic de croissance
(Graphique 5) nous enseigne que l'investissement privé et
l'entreprenariat en Côte d'Ivoire ont régressé à des
niveaux très bas à cause :
- de la faiblesse des rendements de l'activité
économique imputable aussi bien aux défaillances des
politiques publiques (instabilité sociopolitique
chronique, déficits budgétaires insoutenables, non respect du
droit et des règles en vigueur, mauvaise gouvernance, forte corruption
et privatisation informelle des services publics, criminalité due
à la prolifération et circulation illicite d'armes
légères, fraude et contrebande liée à la
porosité des frontières, informalité
généralisée) qu'aux déficiences du
marché (absence d'innovations, accès non effectif
aux marchés locaux et régionaux, défaut de coordination
lié à l'absence d'un cadre de dialogue Public/Privé) ;
- du coût élevé du financement
intérieur et de l'accès limité au crédit imputables
d'une part, à la faiblesse de l'épargne
nationale et d'autre part, à l'insuffisance de
l'intermédiation financière résultant
elle-même des risques inhérents aux défaillances de
politiques publiques qui minent la qualité des portefeuilles bancaires
et justifient le « paradoxe » de la surliquidité des banques
ivoiriennes et leur faible contribution au financement de l'économie
nationale.
L'application de l'approche du diagnostic de croissance
à l'économie ivoirienne a ainsi permis d'identifier deux
contraintes principales à l'investissement privé et à
l'entreprenariat en Côte d'Ivoire, et donc au développement
économique du pays. Malgré tout, l'économie ivoirienne
regorge d'énormes atouts à même de garantir
l'émergence d'un secteur privé dynamique au sortir de la
crise.
II. OPPORTUNITES DU SECTEUR PRIVE IVOIRIEN
Les opportunités d'affaires en Côte d'Ivoire
reposent sur le potentiel existant (capital naturel et physique) et quelques
actions prioritaires engagées en faveur du secteur privé.
II.1. Ressources et potentiel existants
II.1.1. Un capital naturel varié
Malgré les lourdes conséquences de la
persistance de la crise militaro-politique, la Côte d'Ivoire reste la
troisième puissance économique d'Afrique subsaharienne
après l'Afrique du Sud et le Nigéria. Elle constitue un
pôle économique d'importance au sein de l'Afrique de l'Ouest, en
raison notamment de ses ressources naturelles (minérales et agricoles)
variées.
Au titre des ressources agricoles, l'étendue du couvert
forestier ivoirien19 a favorisé la commercialisation des
essences de bois et l'émergence d'une industrie de bois permettant
à ce secteur de se développer en proposant des produits finis ou
semis finis à forte valeur ajoutée. De nombreuses cultures sont
également pratiquées à grande échelle : cacao,
café, caoutchouc, banane, ananas, anacarde, coton, canne à sucre,
cultures vivrières, etc. Quoique de tradition non pastorale, le pays met
l'accent sur l'élevage de bovins, de petits ruminants (ovins et
caprins), de porcins et de volailles. En plus, les atouts du pays sont mis en
valeur pour le développement de la pêche, notamment la
façade côtière sur le Golfe de Guinée.
En ce qui concerne les ressources minérales, le pays
possède d'importants gisements de diamant et d'or, de pétrole et
de gaz naturel, ainsi que bien d'autres minerais non exploités : fer,
nickel, manganèse, bauxite, uranium, cobalt, étain. En outre, la
Côte d'Ivoire dispose d'une société de traitement du
pétrole brut, la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR),
qui a une capacité de raffinage de 3 500 000 tonnes par an, soit 70 000
barils par jour. Le pays est producteur d'énergie électrique
d'origine hydraulique (40%) et thermique (60%) avec 25% de la production
exportée vers le Ghana, le Burkina Faso, le Mali et le Bénin.
II.1.2. L'infrastructure physique et sociale en
place
Un des avantages stratégiques de la Côte d'Ivoire
est que ses infrastructures sont plus développées que celles des
autres pays de l'Afrique de l'Ouest, même si la crise sociopolitique a
empêché leur entretien régulier voire leur extension au
cours des dernières années. Ces infrastructures existent dans les
secteurs du transport (routier, ferroviaire, maritime et aérien), de
l'eau, de l'électricité, des télécommunications, de
l'éducation élémentaire et de la santé de base.
Au niveau du transport, la Côte d'Ivoire dispose du
réseau routier le plus dense d'Afrique de l'Ouest (45% du réseau
routier de l'UEMOA), avec près de 83 000 Km dont 6 514 Km revêtus
et une voie autoroutière de 155 Km, en cours de prolongement pour relier
la capitale économique (Abidjan) à la capitale politique
(Yamoussoukro). Le pays possède une ligne de chemin de fer de 639 Km
assurant le service ferroviaire avec les pays de l'hinterland. La Côte
d'Ivoire a également deux grands ports maritimes internationaux dont le
Port Autonome d'Abidjan qui est le deuxième port d'Afrique après
celui de Durban en Afrique du Sud, trois aéroports internationaux,
quatorze aéroports régionaux et vingt-sept aérodromes.
S'agissant des télécommunications, elles
couvrent les domaines de la téléphonie fixe, la
téléphonie mobile et l'Internet en Côte d'Ivoire et se
caractérisent par d'importantes innovations technologiques.
Malgré la crise, le marché local de la téléphonie
mobile est en pleine expansion (7% du PIB), avec cinq opérateurs pour un
taux d'équipement estimé à 55%.
19 Le couvert forestier ivoirien représentait
environ 45% du territoire national en 1960. En 2010, près de 80% de ce
patrimoine a disparu sous le poids de la croissance démographique et des
activités agricoles extensives.
En somme, l'importance et la qualité relative des
infrastructures économiques et sociales développées par
l'Etat de Côte d'Ivoire permettent d'assurer plus facilement la promotion
de l'investissement privé et donc d'accroître l'activité
économique. Les actions engagées récemment par les
autorités nationales s'inscrivent dans cette vision de promotion du
développement de l'initiative privée dans la perspective de
sortie de crise.
II.2. Actions engagées en faveur du secteur
privé
Des actions entreprises au cours des dernières
années méritent d'être citées dans le cadre des
initiatives en faveur du secteur privé : les mesures d'assainissement
des finances publiques, la création d'un comité technique de
contrôle de la fluidité routière et la réforme en
cours du secteur financier.
II.2.1. Les mesures d'assainissement des finances
publiques
Ces mesures ont été prises à la faveur de
la reprise des relations avec la communauté financière
internationale. Ainsi, l'année 2008 a consacré le
rétablissement du calendrier budgétaire par le retour au principe
d'annualité après huit années de rupture. En 2008, la
Banque Mondiale a d'ailleurs accordé à l'Etat de Côte
d'Ivoire un don projet d'un montant de 13 millions de dollars US
dénommé Don de Gouvernance et Développement Institutionnel
(DGDI), en vue de la promotion des principes de bonne gouvernance dans la
gestion des ressources publiques. Dans le souci de moderniser ses finances
publiques, la Côte d'Ivoire s'est prêtée aux
évaluations PEMFAR et PEFA en 2007. Le Gouvernement entend poursuivre la
mise en oeuvre du plan de réformes issues de ces évaluations,
notamment par la mise en cohérence avec les règles communautaires
et la transposition des directives pertinentes de l'UEMOA.
Par ailleurs, pour appuyer la relance des activités
économiques notamment dans les zones CNO, d'importantes mesures de
soutien aux entreprises nationales, portant sur des allègements fiscaux,
ont été prévues dans les annexes fiscales 2009 et 2010. Il
convient aussi de rappeler que la Côte d'Ivoire s'est dotée depuis
2005 d'un nouveau code des marchés publics qui s'adapte au nouvel
environnement juridique des entreprises. A ce titre, un organe
indépendant, dénommé Autorité Nationale de
Régulation des Marchés Publics (ANRMP), a été
créé en 2009 pour assurer la régulation du système
des marchés publics et des délégations de service
public.
En outre, l'admission de la Côte d'Ivoire au point de
décision de l'initiative PPTE a permis à l'Etat de faire des
efforts substantiels en matière d'apurement d'arriérés
intérieurs et de restructuration de la dette publique extérieure.
Ce qui vise à restaurer la crédibilité de l'Etat tout en
ouvrant de nouvelles perspectives de financement de l'économie
nationale. D'ailleurs, la Banque Mondiale a accordé, en novembre 2009,
un don de 15 millions de dollars US à l'Etat de Côte d'Ivoire. Ce
don a été rétrocédé à l'APEX-CI dans
le cadre du Projet d'Appui à la Revitalisation et à la
gouvernance des Entreprises (PARE/PME) dont l'une des composantes est
l'amélioration de l'environnement des affaires en Côte d'Ivoire
à travers le Doing Business.
II.2.2. Le programme de lutte contre le racket et les
tracasseries routières
Face à la montée du phénomène du
racket et des tracasseries routières préjudiciables à
l'économie nationale, il a été mis sur pied en juin 2008
un Comité Technique de Contrôle de la Fluidité
Routière (CTCFR) présidé par le Chef d'Etat-major des
Armées. A travers le DGDI, la Banque Mondiale a fourni un appui
financier de 100 000 dollars US à ce comité pour réaliser
des activités de communication au cours du projet pilote qui a
concerné la ville d'Abidjan et l'axe Abidjan - Pôgô-
Larélaba (frontière Nord du pays).
A cet effet, le CTCFR et le DGDI ont défini une
stratégie efficace de lutte axée sur quatre grands points :
l'information et la sensibilisation, l'action par les contrôles sur
place, le renforcement de capacités et la sanction. Le lancement de
cette phase pilote en janvier 2010 donne de réels espoirs pour
l'éradication de ce phénomène au sortir de la crise.
II.2.3. La réforme en cours du secteur
financier
S'appropriant les conclusions et recommandations du PESF 2007
de l'UEMOA et du PESF 2009 de la Côte d'Ivoire, le Ministère de
l'Economie et des Finances a créé le Comité de
Développement du Secteur Financier (CODESFI). Ce comité est
chargé d'élaborer une stratégie et de veiller à sa
mise en oeuvre, en vue de l'assainissement et du développement du
secteur financier national. En outre, il est chargé d'assurer le suivi
du plan d'actions pour la mise en oeuvre des recommandations du PESF
régional.
Pour réaliser ces missions, le CODESFI a mis en place
cinq commissions de travail composées de membres issus de
l'administration publique, du secteur financier, du secteur privé et de
la société civile ivoirienne, ayant pour thème de
réflexion respectivement : le financement de l'activité
économique, les banques et la dette publique, la microfinance, les
assurances et la sécurité sociale, l'environnement des affaires
du secteur financier. Dans ce cadre, un atelier sur la réforme du
secteur financier a été organisé les 7 et 8 septembre 2010
à Abidjan, avec l'appui des institutions de Bretton Woods. Il a permis
aux parties prenantes réunies de définir les différents
axes d'orientation et un plan d'actions pour chacune des composantes du secteur
financier ivoirien. Ces travaux de réflexion concertée
constituent la première étape du programme d'activités du
CODESFI. Les autres étapes ont été, malheureusement,
perturbées par les élections présidentielles de fin
novembre 2010 ainsi que la crise née au lendemain de ces
élections. Cependant, compte tenu de la nécessité de
réformer le secteur financier afin qu'il joue le rôle moteur qui
est le sien dans la relance économique post-crise, la poursuite de la
mise en oeuvre du plan d'actions du CODESFI doit être effective
dès le retour à la normalité en Côte d'Ivoire.
En définitive, la deuxième partie de
l'étude s'est attelée à analyser les contraintes et
opportunités du secteur privé ivoirien. Elle a permis
d'identifier deux entraves majeures à l'investissement privé et
à l'entreprenariat en Côte d'Ivoire : la faible capacité
d'appropriation privée et le coût élevé du
financement intérieur associé à l'accès
limité au crédit. De façon urgente, des réformes
prioritaires doivent être bâties autour de ces principaux obstacles
à la croissance afin de (ré) valoriser les opportunités
économiques du pays et envisager les conditions d'une relance
économique optimale dans la période post-crise. La
dernière partie de notre étude traitera de ces réformes
capitales à la survie de l'économie ivoirienne.
TROISIEME PARTIE : PROPOSITIONS DE REFORMES POUR UNE
RELANCE ECONOMIQUE POST-CRISE OPTIMALE EN COTE D'IVOIRE
Confrontés à une liste de réformes
nécessaires, les décideurs ont été couramment
tentés soit de résoudre tous les problèmes
simultanément, soit d'engager des réformes qui en
réalité ne sont pas indispensables au potentiel de croissance de
leur pays. Le plus souvent, les réformes se sont contrariées
à terme : la réforme conduite dans un secteur créant des
distorsions imprévues dans un autre (HRV, 2006). Face à la
difficulté politique d'engager des réformes globales et, souvent,
l'incapacité de ces réformes de stimuler la croissance,
l'approche innovante du diagnostic de croissance a été
proposée pour offrir un nouveau cadre de la réforme
économique axée sur les entraves majeures à la croissance
et nettement plus subordonnée au climat économique du pays
considéré.
La troisième partie de cette étude s'appuie donc
sur les résultats pertinents du diagnostic de croissance de
l'économie ivoirienne pour proposer les réformes prioritaires
à mener en vue de lever les principaux obstacles à
l'investissement privé et l'entreprenariat en Côte
d'Ivoire20. En leur adjoignant des mesures d'accompagnent
ciblées, ces réformes devraient impulser à
l'économie nationale une nouvelle dynamique de croissance au sortir de
la crise.
I. REFORMES EN VUE DE L'AMELIORATION DE L'APPROPRIATION
PRIVEE I.1. Remédier aux défaillances des politiques
publiques
I.1.1. Assainir le cadre macroéconomique et
garantir sa stabilité
L'assainissement et la maîtrise du cadre
macroéconomique sont, nul doute, la première des réformes
pour réinstaurer un environnement des affaires porteur en Côte
d'Ivoire, dans lequel toute entreprise privée à capitaux
nationaux ou étrangers peut prospérer sans craintes ni faveurs.
Pour cela, les autorités gouvernementales sont appelées à
:
- poursuivre l'assainissement des finances publiques, dans le
respect des conditionnalités du programme économique et financier
accompagnant l'admission au point de décision de l'initiative PPTE, afin
d'atteindre dans les meilleurs délais le point d'achèvement ;
- assurer l'efficacité de l'aide internationale qui
connaîtra forcément une affluence vers le pays pour le financement
des projets dans le cadre de la reconstruction ;
- continuer à contenir durablement l'inflation à
moins de 3%, conformément à la norme en vigueur dans l'UEMOA ;
- enrayer toutes les spirales inflationnistes d'origine non
monétaire par l'instauration de mécanismes de surveillance des
prix des biens et services sur les marchés, assortie de compte rendus
périodiques au Gouvernement ;
20 Voir l'arbre à solutions en Annexe 18.
- définir clairement une politique d'endettement public
soutenable, en parachevant la création du Comité National de la
Dette Publique (CNDP) et en le rendant opérationnel sans délai,
afin de s'approprier le règlement n° 09/2007/CM/UEMOA du 4 juillet
2007 portant cadre de référence de la politique d'endettement
public et de gestion de la dette publique dans les Etats membres de l'UEMOA
;
- définir une politique transparente
d'exonération fiscale sectorielle ou globale, selon le cas, pour tenir
compte du poids de la crise sur le secteur privé et redonner confiance
aux investisseurs afin de contribuer au retour des capitaux et des entreprises
délocalisées, notamment dans les zones CNO. Ainsi,
l'administration fiscale devra rechercher des voies et moyens pour
élargir l'assiette fiscale afin d'améliorer les mesures
d'incitation à l'investissement.
Toutes ces mesures requièrent un préalable sans
équivoque qui est celui de l'instauration de la paix et la
stabilité sociopolitique en Côte d'Ivoire, car pour les
entreprises les conflits et les tensions sociales de toute nature accroissent
les coûts et l'incertitude, et freinent les opportunités
d'investissements tant nationaux qu'étrangers. La persistance de la
crise ivoirienne, à l'instar de beaucoup de conflits armés du
monde entier, s'oppose en premier lieu au développement du secteur
privé national parce que conduisant à la tragique destruction du
capital humain, à la mauvaise allocation des ressources publiques rares,
à la dévastation des terres, à la destruction massive du
capital naturel et physique, à l'accaparement d'une partie significative
des ressources naturelles et financières du pays ainsi qu'à
l'élimination de l'accès à divers marchés.
Dès lors, les conditions d'un redressement du cadre
macroéconomique national exigent du Gouvernement de restaurer dans les
meilleurs délais l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du
territoire national et de prévenir l'éclatement de nouveaux
conflits en promouvant la cohésion sociale et en encourageant la gestion
participative, dans une volonté affichée de réconciliation
nationale au sortir de la crise. L'assainissement du cadre
macroéconomique doit aller de pair avec la quête de la bonne
gouvernance économique et politique par la suppression, à tout le
moins la réduction significative, des hauts risques
microéconomiques pesant sur l'appropriation privée et qui ont
détérioré les rendements de l'activité
économique en Côte d'Ivoire ces dernières années.
I.1.2. Supprimer ou réduire les risques
microéconomiques
L'éradication des risques microéconomiques
suppose d'améliorer la gouvernance économique et politique
assortie de la prévisibilité des politiques et des règles
de droit en vigueur, de faire respecter la force de la loi et de créer
les conditions d'une économie formelle de marché. En vue de
l'atteinte de tels objectifs, les pouvoirs publics doivent prendre les mesures
suivantes.
a) Garantir la sécurité des biens et
des personnes
Il est impérieux de parachever le processus de
désarmement, de démobilisation et de réinsertion des
ex-combattants et milices, afin d'accroître l'efficacité de la
lutte contre la criminalité, la prolifération et la circulation
illicite d'armes dans le pays et de juguler ainsi le grand banditisme
permettant de rassurer les populations en général et les
investisseurs en particulier. Au besoin, il faut réexaminer les textes
en vigueur en matière de lutte contre la criminalité afin de les
adapter au contexte post-conflit.
Aussi, convient-il d'instaurer une meilleure collaboration
entre les institutions d'intégration régionale et internationale
telles que l'Organisation Internationale de Police Criminelle (INTERPOL). Ces
dispositions doivent être appuyées par une vaste campagne de
sensibilisation de la population.
b) Renforcer la lutte contre la corruption et
l'enrichissement illicite
Les effets pervers de la corruption sur l'activité
économique sont pluriels. La Banque Mondiale estime que la corruption
peut réduire le taux de croissance des pays de 0,5 à 1 point. La
corruption a également pour effet d'induire des distorsions de prix et
de marché, et de s'opposer au jeu de la concurrence libre et
équitable. Dès lors, pour garantir une relance optimale de
l'économie ivoirienne au sortir de la crise, la lutte contre ce
phénomène - que ce soit la petite ou la grande corruption, la
corruption banalisée (discrète) ou non - doit être le
leitmotiv de tous les acteurs de la vie économique du pays : pouvoirs
publics, secteur privé et communauté.
Pour y arriver, l'Etat de Côte d'Ivoire doit mettre en
place un cadre réglementaire et institutionnel conforme aux normes et
standards internationaux de lutte. Il est donc indispensable de ratifier de
façon diligente la Convention de Mérida (2003) des Nations Unies
contre la Corruption, signée le 10 décembre 2003 par l'Etat de
Côte d'Ivoire. Conformément à cette convention des Nations
Unies, le Gouvernement devra impérativement mettre en place un organe
anti-corruption par le biais d'une loi votée par le législateur
ivoirien, lequel organe devra bénéficier de l'indépendance
institutionnelle et de l'autonomie financière vis-à-vis des
pouvoirs publics. Il faut par ailleurs renforcer le dispositif
réglementaire et institutionnel de lutte contre le blanchiment d'argent
et le financement du terrorisme, en ratifiant la Convention de Vienne (2000)
contre la criminalité transfrontalière organisée et en
renforçant les conditions de l'efficacité des structures
nationales de lutte anti-blanchiment existantes.
Une fois que le cadre réglementaire et institutionnel
est bien défini, il convient de renforcer les contrôles à
tous les niveaux et de procéder à la répression par des
sanctions exemplaires et non discriminatoires. Dans ce cadre, le CTCFR doit
renforcer ses actions de sensibilisation et de contrôle sur l'ensemble du
territoire national afin de mettre un terme définitif au racket et aux
tracasseries routières.
Par ailleurs, pour garantir l'efficacité de
l'Administration, il faut en finir avec l'enchâssement de la corruption
dans les pratiques administratives et son corollaire de pesanteurs
bureaucratiques dans les services publics. Cela suppose que chaque service
public se dote d'un code de déontologie et une charte de bonne conduite
qui favorisent et récompensent l'intégrité et le
professionnalisme.
De plus, la mise en oeuvre de politiques de management des
services de l'Etat basées sur des processus clairement
élaborés, et non plus sur des fonctions ou postes, est aussi
souhaitable : c'est la recommandation de l'adoption du Management par
activité ou "Management Based on Activity" dans l'Administration
publique ivoirienne. A ce titre, il est préconisé que les
services publics adoptent la démarche qualité en vue de la
certification à la norme ISO de leurs activités respectives
décrites dorénavant sous forme de processus. Quant au secteur
privé, il lui revient de développer et de promouvoir la culture
d'entreprise orientée vers l'éthique et le civisme. Dans ce
cadre, les entreprises nationales sont fortement invitées à
adopter les politiques RSE dans leur système de management.
Finalement, toutes ces dispositions doivent être
appuyées par la sensibilisation des acteurs à travers les masses
media et autres supports de communication : presse audiovisuelle et
écrite, affiches et panneaux publicitaires, slogan, musique, ateliers de
formation, etc. Le Gouvernement peut rigoureusement s'appuyer sur le plan
national de gouvernance et de lutte contre la corruption 2010-2014
élaboré en décembre 2009.
c) Renforcer la primauté du droit et la
prévisibilité des règles
La primauté du droit se rapporte à un
régime où les décisions des autorités nationales
sont prises conformément à un ensemble de textes de lois et de
règles écrites auquel doivent se conformer tous les citoyens du
pays, où ces règles sont appliquées de manière
cohérente sous la gestion d'une administration professionnelle et avec
l'intervention d'un pouvoir judiciaire équitable et transparent. En
Côte d'Ivoire, il existe plusieurs facteurs majeurs responsables de la
méfiance actuelle des populations et des opérateurs
économiques vis-à-vis de l'appareil juridique et judiciaire en
place : impunité, corruption du personnel judiciaire, absence
d'indépendance, complexité et longueur des procédures,
etc.
La corruption et la confusion qui règnent au niveau de
l'application des règles se traduisent souvent par des coûts
d'observation élevés. Les formalités administratives, les
décisions arbitraires, les diverses exigences particulièrement
lourdes et les pratiques inefficaces font ainsi obstacle à
l'activité privée. L'arbitraire ou la corruption au niveau de
l'application tournent les lois prévues comme protection, notamment pour
la sécurité du travail, la protection de l'environnement et la
sécurité des consommateurs et les détournent de leur but.
Par conséquent, outre les mesures relatives à la lutte contre la
corruption ci-dessus énumérées, les pouvoirs publics
doivent s'atteler à :
- adapter et consolider l'environnement juridique et judiciaire
national afin de favoriser et sécuriser les activités
économiques et financières ;
- faire la promotion du droit des affaires régional,
en l'occurrence les règles édictées par l'Organisation
pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) en vue de son
appropriation ;
- renforcer les moyens d'actions des juridictions suprêmes
de la République, notamment la Cour des Comptes ;
- créer des tribunaux de commerce et réformer le
registre du commerce, du crédit mobilier et du greffe pour le bon
fonctionnement de ces juridictions spécialisées ;
- renforcer les capacités de la Cour d'Arbitrage ;
- divulguer les règles de droit en vigueur et les rendre
facilement accessibles ;
- former et responsabiliser les experts judiciaires et
organiser un vaste programme de formation des magistrats
spécialisés au droit des affaires, bancaire, financier, des
assurances, anti- blanchiment des capitaux, etc.
d) Consolider la formalisation de l'économie
nationale
Le secteur privé formel est défavorisé
par les subventions implicites dont bénéficient les entrepreneurs
informels du fait de l'application inégale des règlements et
mécanismes inférieurs de protection des biens et des contrats.
« Ces deux facteurs exercent un effet de distorsion
sur la concurrence, faussent le terrain économique, réduisent
l'accès des entreprises formelles aux intrants et aux marchés
tout en les décourageant d'effectuer des investissements qui
accroîtraient leur productivité21 ». Le
Gouvernement doit ainsi s'évertuer à créer les conditions
qui réduisent l'informalité et modifient progressivement la
composition du secteur privé ivoirien dominé à plus de 80%
par le secteur informel. A ce titre, il doit prendre des mesures afin de
réduire la forte concurrence déloyale livrée au secteur
formel par les nombreux acteurs informels et restaurer ainsi la
compétitivité des entreprises nationales. Il importe
également que des efforts soient faits pour divulguer auprès de
tous les opérateurs économiques, les informations concernant le
système fiscal pour une meilleure connaissance de ce système,
afin d'optimiser les facilités qui leur sont offertes et permettre aux
entrepreneurs informels "ignorant les conditions légales d'exercice" de
procéder à la régularisation de leur situation.
Par ailleurs, le Gouvernement doit oeuvrer pour le
repositionnement de la Côte d'Ivoire au niveau des indicateurs Doing
Business de la Banque Mondiale, par la mise en oeuvre de réformes visant
à réduire le nombre d'autorisations requises, la longueur des
procédures administratives, les délais d'exécution des
contrats et les coûts associés à la création et
à la vie de l'entreprise notamment la PME/PMI en Côte d'Ivoire.
Pour ce faire, il est recommandé aux pouvoirs publics de procéder
notamment :
- au renforcement du rôle de guichet unique du CEPICI pour
accélérer les formalités de création des
entreprises ;
- à la révision du mode opératoire
d'attribution des lots industriels pour plus d'efficacité.
L'amélioration de l'appropriation privée et
subséquemment du rendement de l'activité économique passe
également par la levée des facteurs à l'origine des
déficiences des marchés en Côte d'Ivoire.
I.2. Remédier aux défaillances des
marchés
I.2.1. Instaurer un cadre permanent de Dialogue Public
PrivéDans le document de travail N° 58 paru en janvier 2008,
Nicolas MEISEL et Jacques
OULD AOUDIA22 montrent de façon empirique
que les pays qui ont connu des phases d'accélération forte et
soutenue de leur croissance, notamment en Asie et en Europe continentale dans
l'après-guerre, ont mis au point des systèmes de coordination des
acteurs et de sécurisation des anticipations qui ont permis de
démultiplier la production de confiance dans la société.
Pour ces auteurs, ces modes d'organisation qu'ils baptisent d'ailleurs du nom
générique de « monopole focal de gouvernance »
ont permis, à des degrés divers, de réguler le jeu des
intérêts particuliers dans le champ économique et social en
vue de réaliser un intérêt plus général
c'est-à-dire « un intérêt le plus commun
possible ».
21 Commission du Secteur Privé et du
Développement, Programme des Nations Unies pour le Développement,
Rapport au Secrétariat Général des Nations Unies,
Libérer l'entreprenariat - Mettre le monde des affaires au service des
pauvres, Mars 2004.
22 Nicolas MEISEL et Jacques OULD AOUDIA, « La
bonne Gouvernance » est-elle une bonne stratégie de
développement ?, Document de travail N° 58, Département de
la Recherche de l'AFD, Janvier 2008.
Le monopole focal de gouvernance a souvent pris la forme de
créations institutionnelles originales favorisant le dialogue et la
coordination entre élites publiques et privées, dans lesquelles
la confiance est inextricablement créée sur une base à la
fois interpersonnelle, dynamique et institutionnalisée. Une telle
régulation s'est avérée particulièrement profitable
dans des pays où les incitations de marché ne fonctionnaient pas
à l'échelle systémique, en d'autres termes où les
signaux des marchés nationaux et internationaux ne suffisaient pas
à coordonner les agents économiques sur un équilibre
productif.
En Côte d'Ivoire, le degré de confiance entre le
secteur privé et l'Administration publique semble totalement
rompu23 au cours des dernières années. Le
Comité de Concertation Etat/Secteur Privé, censé offrir un
cadre de dialogue entre ces deux principaux acteurs de la vie économique
du pays, n'a jamais été opérationnel depuis sa
création. Il est donc urgent pour les pouvoirs publics de
redéfinir un monopole focal de gouvernance en Côte d'Ivoire, en
mettant en place un cadre commun de concertation impliquant au plus haut niveau
les acteurs de l'Administration publique et ceux du secteur privé y
compris la société civile. Ce cadre de dialogue
public/privé doit être conçu sous la forme d'un
comité paritaire de décisions et d'actions, afin d'être
l'épicentre des réflexions sur les problématiques de
développement du secteur privé en Côte d'Ivoire.
I.2.2. Renforcer les mesures de lutte contre la
fraude
Les fraudes de toutes natures sur les biens et services
(contrebande, contrefaçon, piraterie, fraude fiscale, importations
illégales, marché noir des changes...) concourent à
entretenir une concurrence déloyale aux entreprises formelles. Elles ont
produit des effets négatifs sur la rentabilité des entreprises
ivoiriennes selon l'avis de plus de la moitié des chefs d'entreprises
(65,14%) interrogés lors de l'enquête du GTN de mars 2009. Les
pouvoirs publics doivent donc s'inscrire dans le cadre d'une politique de lutte
acharnée contre ce phénomène visiblement
préjudiciable à la compétitivité des entreprises
nationales, en prenant des mesures vigoureuses tendant à :
- sécuriser les frontières du pays (maritimes,
terrestres, aériennes, ferroviaires) au sortir de la crise ;
- accentuer les contrôles douaniers, fiscaux et ceux
relevant du Ministère en charge du commerce sur toute l'étendue
du territoire national ;
- former et spécialiser les autorités de poursuite
et d'enquête sur la question de lutte contre la fraude ;
- doter des moyens matériels et humains suffisants aux
structures de lutte contre la fraude notamment la CENTIF, les autorités
d'enquête et de poursuite pénale.
23 Monsieur Jean Kacou DIAGOU, Président du
Patronat ivoirien, faisait remarquer à ce propos, dans son intervention
lors du forum Doing Business 2010 de novembre 2009, qu'il importe que la
culture de la performance devienne un état d'esprit, un leitmotiv pour
les fonctionnaires ivoiriens qui doivent dorénavant se comporter comme
des « entrepreneurs » de l'Administration publique.
~~~iro~~e&e~t es c-ff~ires et reLc&c é~ovovvi~ve
post-~rise ~~ c6te 'tJoire I.2.3. Assurer la protection et la promotion
des produits nationaux
Cette mesure doit concourir à protéger
l'authenticité des produits ivoiriens en encourageant les initiatives de
recherche et développement, et d'innovation en Côte d'Ivoire. Elle
offre une protection interne et externe aux produits ivoiriens sur les
marchés. Cette double protection apparaît également comme
un puissant moyen de promotion des produits échangeables, basé
sur une stratégie marketing par la différenciation. Pour sa mise
en oeuvre, le Gouvernement doit définir progressivement une politique
d'indications géographiques pour l'ensemble des produits authentiquement
ivoiriens sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux
(produits agricoles, artisanaux, vivriers et manufacturés). Il s'agit
notamment pour le Gouvernement de :
- mettre en place un cadre juridique adapté aux besoins
locaux mais conforme aux normes et standards internationaux en vigueur,
notamment les Accords sur les aspects des Droits de Propriété
Intellectuelle touchant au Commerce (ADPIC) de l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) ;
- mettre en place le cadre institutionnel adéquat
qu'implique l'adoption d'une telle politique d'indications géographiques
ou de labellisation ;
- susciter l'engagement des filières et producteurs
nationaux dans cette démarche qui reste somme toute volontaire ;
- approuver les indications géographiques proposées
par les producteurs et filières ; - vérifier la conformité
des règles et assurer le contrôle réglementaire ;
- rechercher ou apporter l'appui technique et financier
nécessaire lors des différentes phases du processus
d'établissement des indications géographiques.
De ce fait, le Gouvernement doit s'engager dans une politique
de diversification productive en termes de promotion de produits novateurs
à forte valeur ajoutée mais aussi de recherche de partenaires
commerciaux plus variés de par le monde. Par ailleurs, l'Etat doit
concourir à la consolidation de l'intégration
sous-régionale et veiller au libre accès des entreprises
nationales aux marchés régionaux (UEMOA, CEDEAO) afin de leur
offrir un vaste marché pour l'écoulement de leur production.
En somme, il apparait évident que la tâche
s'avère immense voire complexe. Néanmoins, le défi pour le
Gouvernement d'après crise en Côte d'Ivoire est d'arriver à
réduire considérablement les risques inhérents aux
défaillances des politiques publiques ainsi qu'aux déficiences
des marchés, qui se sont amplifiés au cours de la dernière
décennie. Cela suppose un Gouvernement qui sera engagé au plus
haut niveau, faisant preuve de cohérence et de profondeur
vis-à-vis des réformes susvisées. Au regard des
conclusions du diagnostic de croissance, d'autres réformes de
l'environnement des affaires sont indispensables pour une relance optimale de
l'économie.
II. REFORMES COMPLEMENTAIRES DE L'ENVIRONNEMENT DES
AFFAIRES
II.1. Réformer le secteur financier pour
faciliter l'accès au capitaux II.1.1. Parachever la réforme en
cours du secteur financier
La réforme du secteur financier est apparue à
l'analyse des contraintes à la croissance comme l'une des
réformes prioritaires dans le cadre de la relance économique
post-crise en Côte d'Ivoire. A ce titre, il est urgent pour le
Gouvernement de procéder à la mise en oeuvre effective du
programme d'activités du CODESFI afin de parachever la réforme en
cours dudit secteur. En effet, au terme de l'atelier de réflexion des 7
et 8 septembre 2010, un consensus s'est dégagé sur cinq
principales étapes décisives du plan d'actions du CODESFI restant
à franchir. Ces étapes se déclinent comme suit :
- réalisation d'études sur des questions
spécifiques identifiées lors de l'atelier des 7 et 8 septembre
2010 ;
- rédaction du document de stratégie du secteur
financier par le CODESFI avec l'apport de personnes-ressources ;
- finalisation du document de stratégie en relation avec
toutes les parties prenantes ; - transmission du document de stratégie
finalisé au Gouvernement pour adoption ;
- démarrage de la mise en oeuvre de la stratégie du
secteur financier ainsi adoptée.
Dans la réforme du secteur financier ivoirien, l'on ne
doit pas perdre de vue que pour atteindre et soutenir l'objectif de croissance
régulière du PIB par tête de 4% à l'horizon 2015,
tel que ciblé par les autorités nationales dans le DSRP (2009),
il faut nécessairement faire passer le ratio des Crédits au
secteur privé/PIB de son niveau actuel de 15% à environ 30%,
à la lumière des expériences dans les pays
émergents. Cela suppose également un accroissement significatif
du taux d'épargne nationale qui devrait également avoisiner 30%
à la fin de l'année 2015, afin de garantir les conditions d'un
financement endogène soutenu de l'économie ivoirienne. Dans cette
optique, le Gouvernement doit concevoir des politiques incitatives pour
canaliser et mobiliser l'épargne de la diaspora ivoirienne à
l'étranger24.
En plus, il convient de parachever le processus de
l'évaluation mutuelle du dispositif ivoirien de lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Dans le contexte de
pays post-conflit avec de nombreux crimes économiques et financiers
avérés, cet exercice s'avère incontournable pour rassurer
les bailleurs de fonds et les investisseurs notamment étrangers. En
réalité, les diligences liées à cette
évaluation ont été accomplies par le Comité
National de Suivi des Activités du Groupe Intergouvernemental d'Actions
contre le Blanchiment d'Argent et le financement du terrorisme en Afrique de
l'Ouest (CNSA-GIABA) et la CENTIF Côte d'Ivoire, les deux organes
nationaux spécialisés, en liaison avec les autorités
compétentes du pays. Le questionnaire d'évaluation a
été finalisé et il ne reste plus que la visite sur place
des Experts Evaluateurs qui a fait maintes fois l'objet de report en raison du
contexte des élections générales en Côte
d'Ivoire.
24 Selon la Mutuelle des Ivoiriens de l'Etranger,
environ deux millions d'ivoiriens vivent à l'étranger pour des
raisons socio-économiques et politiques, et leur contribution dans la
reconstruction post-crise de la Côte d'Ivoire est « une
opportunité à saisir ».
De ce point de vue, la mise en oeuvre diligente des
réformes visant à réduire considérablement les
risques microéconomiques (problèmes de gouvernance
économique et politique) trouve toute sa justification puisqu'elle est
indispensable pour l'amélioration de la qualité des portefeuilles
bancaires qui pourra conférer un élément de
réalisme à la fixation d'un tel objectif de revenu par
tête. Aussi, les pouvoirs publics sont-ils appelés à
faciliter les conditions d'accès aux capitaux pour les entreprises
nationales, notamment les PME/PMI et les entrepreneurs individuels.
II.1.2. Faciliter l'accès aux capitaux
La question centrale du financement de l'économie
nationale se situant au niveau de la difficulté d'accès aux
crédits par les opérateurs économiques, notamment les
PME/PMI et les entrepreneurs individuels, la réforme du secteur
financier doit par conséquent envisager l'assainissement d'urgence du
secteur de la microfinance. Cela nécessite un engagement des pouvoirs
publics qui doit se traduire par la mobilisation de ressources destinées
à la mise en oeuvre des mesures de rétablissement de
l'équilibre financier de ce secteur en quasi-faillite. L'Etat devra
ainsi jouer un double rôle de protecteur du secteur de la microfinance et
des clients d'une part, mais aussi et surtout de promoteur dudit secteur via
des politiques de refinancement des institutions en activité d'autre
part.
Par ailleurs, il convient de prendre des dispositions idoines
en vue de procéder à la minoration des taux débiteurs
pratiqués par les banques ivoiriennes et permettre ainsi l'obtention de
financement moins onéreux par une plus large clientèle. Pour ce
faire, la marge d'intérêts (spreads) devra à terme
être revue substantiellement à la baisse, dans un environnement
d'exercice assaini, pour se situer à environ 7 points de pourcentage
comme au Nigéria. L'Etat doit également veiller à la mise
en place d'une Agence de Crédit Export (ACE) en Côte d'Ivoire,
à l'image de COFACE en France, Euler Hermes/KfW en Allemagne, US
Eximbank aux Etats-Unis d'Amérique ou EDC au Canada.
Outre ces mesures d'appui à la mesofinance et toujours
en vue de faciliter l'accès aux capitaux, le développement de
produits financiers novateurs est indispensable sur le marché financier
régional (BRVM) en vue de surmonter les handicaps structurels de ce
marché (problèmes de liquidité, masse critique, flottant
faible et faible présence d'investisseurs institutionnels). Ainsi, de
concert avec les autorités régionales de supervision dudit
marché, le Gouvernement doit initier des actions cohérentes et
courageuses visant à :
- développer un compartiment destiné aux PME/PMI
à la BRVM ;
- encourager la participation des investisseurs
institutionnels25 au dynamisme du marché financier par la
promotion d'Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières
(OPCVM). En la matière, le Gouvernement pourrait s'inspirer de
l'expérience tunisienne de création d'un OPCVM à capital
garanti via des obligations à coupon zéro, un projet original
à succès qui a été financé par PROPARCO
entre 2003 et 2006 ;
25 Le potentiel de mobilisation des ressources
à moyen et long terme existe avec le secteur de l'épargne
contractuelle (assurances et caisse de retraite). Mais, la réforme du
secteur financier doit impérativement envisager des mesures
d'assainissement et de restructuration financière permettant d'assurer
la viabilité à terme des assurances et des caisses de
retraite.
- promouvoir une gamme plus élargie de produits
financiers novateurs tels que les options et surtout la titrisation qui pourra
permettre aux banques ivoiriennes de réduire la consommation de leurs
fonds propres dans le cadre des opérations de crédit et continuer
à se conformer à la norme réglementaire relative au ratio
de solvabilité.
D'autre part, pour faire face aux nombreux besoins en fonds
propres des entreprises non cotées en général et des
PME/PMI en particulier, il est vivement recommandé au Gouvernement de
promouvoir l'émergence de l'industrie du capital investissement en
Côte d'Ivoire. A ce titre, l'Etat doit mettre en place le cadre
réglementaire et institutionnel requis pour garantir l'efficacité
et la pérennité des ces interventions en fonds propres, notamment
en ce qui concerne le capital amorçage, le capital risque et le capital
développement.
II.2. Parachever la refonte du Code des
investissements
Le cadre réglementaire d'encadrement et de promotion
des investissements en Côte d'Ivoire régi par le Code des
investissements de 1995 ne répond plus aux attentes du secteur
privé et certainement pas aux exigences de sortie de crise. Ce code peut
être perçu comme un élément d'appui au redressement
de l'économie ivoirienne qui se projetait au lendemain de la
dévaluation du FCFA en janvier 1994. A l'époque, conduire
conjointement ces deux grandes mesures de politique économique, l'une
dans la sphère monétaire et l'autre dans la sphère
réelle, devrait aider le pays, au terme du deuxième
millénaire, à sortir de l'impasse amorcée depuis le
début des années 80.
Cependant, l'analyse critique du Code de 1995 a permis aux
autorités compétentes de déceler des limites aussi bien en
termes de retombées économiques et sociales que de lacunes au
niveau de la gestion des dossiers de demande d'agrément. Ces limites
résident dans l'absence ou l'insuffisance de dispositions
précises du Code permettant de :
- promouvoir les PME/PMI garantes de l'emploi et du
développement économique dans les pays en voie de
développement ;
- promouvoir l'entreprenariat ivoirien et accélérer
le rythme de création d'emplois nationaux ;
- développer les institutions financières,
notamment les établissements bancaires dans le cadre de l'extension de
leur réseau à l'intérieur du pays ;
- promouvoir les secteurs de l'hôtellerie, de la
santé et de l'éducation ; - valoriser les ressources naturelles
et les produits agricoles de base ;
- contribuer au développement économique
régional.
En réalité, le montant minimum requis (500
millions de FCFA) pour l'éligibilité aux avantages de
l'agrément à l'investissement (pendant l'investissement et
l'exploitation) est jugé trop élevé par les
opérateurs économiques. Ce montant serait ainsi restreint aux
seules grandes entreprises en défavorisant les PME/PMI et surtout les
investisseurs individuels nationaux dont la capacité financière
reste beaucoup plus limitée. C'est pourquoi, beaucoup
d'opérateurs privés ivoiriens ont été amenés
à penser que le Code de 1995 a été conçu en
direction des investisseurs étrangers, même si les dispositions du
Code ne contiennent aucune discrimination.
Par ailleurs, la réduction du nombre de zones
d'investissements à 2, contrairement au Code de 1984 qui en avait
prévues 3, a considérablement défavorisé
l'investissement à l'intérieur du pays et accentué le
déséquilibre du développement régional (80% des
investissements gérés par le Code de 1995 se sont situés
dans la région d'Abidjan). Une autre limite et non des moindres,
réside dans l'omission du suivi a priori des projets d'investissements,
par la non exigence par le Code de 1995 d'une étude technique et une
évaluation économique, sociale et environnementale des projets
avant l'agrément final.
Au regard de ces insuffisances, le Gouvernement doit
accélérer la refonte en cours du Code des investissements de 1995
et offrir ainsi à la Côte d'Ivoire un nouveau dispositif
législatif d'encadrement et de promotion des investissements qui prend
en compte les impératifs de sortie de crise et de relance de
l'économie nationale, les attentes du secteur privé ainsi que les
exigences internationales en matière de financement international de
projets portant notamment sur les problématiques du développement
durable.
II.3. Développer des partenariats publics
privés pour moderniser et consolider les infrastructures physiques et
sociales
La persistance de la crise sociopolitique a eu des
répercussions négatives sur l'entretien régulier voire
l'extension des infrastructures physiques et sociales en Côte d'Ivoire.
En effet, face au durcissement de la contrainte financière de l'Etat et
en raison du risque pays défavorable, le problème de financement
des nouveaux investissements ou de rénovation des équipements
existants s'est posé avec acuité et a conduit à l'abandon
pur et simple de presque toutes les infrastructures physiques et sociales du
pays dans des états de dégradation avancée : routes,
chemin de fer, électricité, eau, assainissement, écoles et
centres de santé.
Pour ce faire, le Gouvernement doit développer des
modèles cohérents et innovants de partenariats publics
privés (PPP) qui, tout en préservant le service universel,
permettent d'assurer l'efficacité opérationnel et de garantir
l'équilibre financier sans contraindre les finances publiques du pays,
à travers la délégation au secteur privé de la
gestion et des investissements de maintenance nécessaires dans chacun
des domaines critiques ci-dessus mentionnés. L'adoption de cette
approche dans les secteurs de l'éducation et de la santé aura
absolument un impact significatif sur les taux bruts d'instruction et
d'alphabétisation ainsi que les conditions de vie des populations qui
restent globalement faibles par rapport à la moyenne en Afrique
Subsaharienne.
Les concessions dans les secteurs de l'eau et de
l'électricité dans les années 90 sont très
édifiantes et constituent des modèles de réussite de PPP
en Afrique qu'il convient de consolider. Il importe aux pouvoirs publics
d'élaborer des modèles de PPP d'envergure en vue de la fourniture
des services de base durables aux populations ivoiriennes et aux
opérateurs économiques. Cela suppose préalablement un
renforcement de capacité des acteurs de l'Administration publique voire
du secteur privé, en vue de mettre en place des compétences
très sophistiquées en la matière afin que les incitatifs
de tous les intervenants soient bien équilibrés et régis
par des principes appropriés de gouvernance.
Les réformes proposées relèvent toutes du
diagnostic de croissance de l'économie ivoirienne et sont censées
permettre à la Côte d'Ivoire d'amorcer la croissance
économique au sortir de la crise par la levée des principales
contraintes à l'investissement et à l'entreprenariat. Pour
garantir la réalisation des objectifs socioéconomiques
assignés à ces réformes, des mesures d'accompagnent
spécifiques doivent être mises en place.
III. MESURES D'ACCOMPAGNEMENT
Les réformes de l'environnement des affaires
proposées en vue de la relance économique post-crise en
Côte d'Ivoire doivent faire intervenir toutes les composantes de la vie
économique et sociale du pays dans une synergie d'actions : pouvoirs
publics, acteurs du secteur privé, société civile,
partenaires au développement et populations ivoiriennes. Le rôle
de chaque acteur dans ce cadre collégial de réflexions et
d'actions mérite d'être précisé.
III.1. Cadre d'intervention des acteurs nationaux
III.1.1. Le rôle des pouvoirs publics
Il importe que les pouvoirs publics s'approprient les
différentes réformes à mener par un engagement politique
fort au plus haut niveau de l'Etat. Cela suppose, comme mentionné
précédemment, un Gouvernement faisant preuve de cohérence
et de profondeur vis-à-vis desdites réformes. La mise en oeuvre
des réformes doit obligatoirement passer par la création d'un
monopole focal de gouvernance sous forme d'un Comité paritaire
Etat/Secteur privé, placé sous la présidence du
Premier Ministre ou du Président de la République.
Au niveau de l'Administration publique, il conviendrait de
mettre sur pied un organe de veille, le « Comité de la
Relance de l'Economie Nationale », qui sera composé des
ministères concernés par les différentes réformes
à mener et placé sous la présidence du Ministère de
l'Economie et des Finances en sa qualité de Ministère leader
« porteur des réformes ». Cet organe très actif devra
se réunir au moins une fois par mois, entre autres, pour faire le point
des différentes réformes sectorielles au niveau de
l'Administration publique, examiner les éventuelles
réorientations de réformes en fonction de l'évolution de
l'environnement national et international, et identifier les besoins
d'assistance technique et financière dans chaque Ministère ou
domaine de réformes retenu.
Les conclusions de ces rencontres périodiques devront
êtres immédiatement portées à la connaissance du
Président du Comité paritaire Etat/Secteur privé et des
autres membres dudit comité dont les acteurs du secteur privé et
la société civile ivoirienne.
III.1.2. Le rôle du secteur privé
Le bon fonctionnement du monopole focal de gouvernance suppose
un secteur privé engagé et participant à toutes les
réflexions sur la vie économique du pays. Mais, pour que le
secteur privé puisse jouer convenablement ce rôle crucial qui lui
est dévolu, il faut une coopération inter-entreprises très
poussée et dynamique, c'est-à-dire une forte capacité
d'autoorganisation de toutes les composantes du secteur privé ivoirien.
A ce titre, les acteurs du secteur privé doivent développer
toutes les formes de coopération interne permettant l'animation
économique et le relationnel nécessaires au développement
de pôles de compétitivité.
Dans cette logique, la consolidation des organisations
professionnelles existantes devient un impératif et cela passe par le
renforcement du membership des différentes entités qui les
composent. Pour ce faire, les organisations professionnelles doivent être
à même d'offrir à leurs membres des services de
qualité répondant à leurs besoins : promotion commerciale,
accès au financement et aux marchés, formation professionnelle,
information technique, conseil qualité et fiscal, etc.
Par ailleurs, il serait souhaitable que ces formes de
coopérations inter-entreprises se développent à des
niveaux plus poussés combinant l'initiative publique au leadership
privé et ce, à travers la représentation de
systèmes productifs locaux (clusters) sur l'ensemble du territoire
ivoirien. Ainsi, les pouvoirs publics doivent mettre en place le cadre
réglementaire et institutionnel adéquat ou alors
développer des projets d'appui aux clusters en Côte d'Ivoire.
III.1.3. Le rôle de la société
civile et des populations ivoiriennes
La société civile est appelée à
jouer un rôle important en contribuant au bon fonctionnement du
Comité paritaire Etat/Secteur privé dont la mise en place a
été recommandée plus haut. Elle doit se mobiliser pour la
restauration définitive de la paix et des valeurs républicaines
dans le pays. La société civile doit assumer avec
responsabilité sa mission d'éveil des consciences, à
l'instar de ce qui se pratique dans les pays modernes et
démocratiques.
De façon concrète, il faut l'émergence
d'une société civile responsable et plus vivante en Côte
d'Ivoire : groupes de défense des droits de l'homme, organisations de
jeunes et de femmes dynamiques, institutions religieuses actives et
organisations non gouvernementales populaires centrées sur la
réconciliation et le développement communautaire. Le travail de
cette nouvelle ossature de la société civile ivoirienne doit
s'accompagner du renforcement de la liberté de la presse et de
l'émergence de médias beaucoup plus indépendants. Ces
médias doivent sensibiliser les populations ivoiriennes sur la
nécessité de s'inscrire dans une quête permanente des
valeurs du travail et de l'éthique. Ils doivent également
promouvoir auprès de ces populations, plus que divisées ces
dernières années, les vertus de la coexistence pacifique, de la
paix et de la démocratie en vue de la réalisation d'un objectif
commun de développement économique et social harmonieux de la
Côte d'Ivoire.
III.2. Quel rôle pour les bailleurs de fonds
?
La mobilisation et la réactivité des principaux
bailleurs de fonds tant multilatéraux que bilatéraux seront le
gage de la réussite des réformes proposées pour garantir
une relance optimale de l'économie ivoirienne au sortir de la crise.
L'engagement de la communauté des partenaires au développement
doit se faire à travers les deux principaux canaux d'intervention
ci-après : l'appui institutionnel et financier.
III.2.1. L'appui institutionnel des bailleurs de
fonds
L'appui institutionnel des bailleurs de fonds est un volet
crucial des politiques de relance économique en Côte d'Ivoire.
Tous les acteurs nationaux ci-dessus énumérés en sont
demandeurs : Administration publique et parapublique, secteur privé et
société civile ivoirienne. Cet appui consistera en la fourniture
de services de consultants sous forme d'assistance technique dans des domaines
variés, d'offres de formation de courte durée ou de longue
durée sur place comme à l'étranger (à l'instar des
formations professionnelles du CEFEB), de renforcement des capacités par
des mises à niveaux à travers des ateliers et séminaires,
des conseils pour la mise en place du cadre réglementaire et
institutionnel dans plusieurs secteurs stratégiques.
A l'analyse, cet appui doit viser prioritairement la mise en
place du Comité paritaire Etat/Secteur privé afin qu'il
réponde aux exigences d'un monopole focal de gouvernance. Aussi, face
aux enjeux de la reconstruction du pays, un renforcement des capacités
des acteurs de l'Administration publique et du secteur privé
s'avère-t-il indispensable dans les domaines de la maîtrise
d'ouvrage, de la gouvernance et l'efficacité de l'aide, des montages
économiques et financiers des projets de développement et des
modalités de financement de tels projets notamment par les PPP. En
faveur de la société civile ivoirienne, l'appui institutionnel
des bailleurs de fonds est nécessaire pour (ré) organiser les
différentes composantes de cette société civile, les
encadrer sur le terrain afin de garantir l'efficacité de leurs actions
respectives.
III.2.2. L'appui financier des baileurs de fonds
L'appui financier des bailleurs de fonds est plus que vital
face aux énormes besoins de l'économie ivoirienne et aux
impératifs de reconstruction du pays ruiné par plus de dix
années de crise militaro-politique. En fonction de l'acteur national
bénéficiaire, cet appui financier peut prendre diverses
formes.
En ce qui concerne l'Etat de Côte d'Ivoire, il s'agit
des aides budgétaires, aides publiques au développement,
prêts concessionnels et tout concours financier de restructuration de la
dette publique extérieure (rééchelonnement, remise ou
annulation de dette). Par ailleurs, pour les projets conçus avec des
financements par PPP, la mobilisation des bailleurs de fonds notamment
multilatéraux auprès de l'Etat ivoirien sera un signal de
crédibilité et constituera un gage de réussite de ces
projets d'envergure nécessaires pour la modernisation et la
consolidation des infrastructures physiques et sociales du pays au sortir de la
crise.
Au niveau du secteur privé, les bailleurs de fonds
pourraient intervenir de plusieurs manières : apports directs pour
renforcer les fonds propres des entreprises ivoiriennes, prêts directs
à celles-ci, octroi de garanties pour permettre aux institutions
financières nationales ou internationales de prêter facilement
à ces entreprises, assistance financière aux entreprises des
secteurs clés de l'économie et aux initiatives innovantes
notamment dans le secteur financier, appuis aux politiques de gouvernance
d'entreprise en particulier pour la mise en oeuvre effective des politiques de
la RSE, etc.
S'agissant de la société civile, les bailleurs
de fonds utilisent généralement son canal pour l'allocation de
l'aide dans les pays en développement. Les campagnes de sensibilisation
des populations et de promotion des principes fondamentaux de la gouvernance,
dans le contexte ivoirien de pays post-conflit, requiert une assistance
financière significative de la part des bailleurs de fonds au profit des
composantes de la société civile.
Depuis la reprise des relations avec la communauté
financière internationale en 2008, des efforts considérables ont
été faits au profit de l'économie ivoirienne notamment par
le FMI et la Banque Mondiale. La réactivité de l'AFD face
à l'urgence de la situation post-crise, à travers la signature le
26 avril 2011 d'une convention de financement de 350 millions d'Euros pour le
redressement des finances publiques et la relance économique en
Côte d'Ivoire, est louable et augure de bonnes perspectives avec la
reprise des activités de l'AFD dans le pays et la réactivation
imminente du bureau régional de PROPARCO à Abidjan. Aussi, est-ce
souhaitable que cette initiative se consolide et fasse tache d'huile sur les
autres bailleurs de fonds pour la réussite des réformes
proposées dans le cadre de cette étude.
CONCLUSION
La crise militaro-politique qui prévaut en Côte
d'Ivoire depuis la fin de la décennie 90 est lourde de
conséquences sur les populations ivoiriennes, l'économie
nationale et les économies de la sous-région ouest-africaine. La
persistance de cette crise a plongé le pays dans une récession
économique sans précédent historique. Le ralentissement
général de l'activité économique s'est
accompagné en permanence de la chute du niveau des investissements
privés et publics, de la raréfaction des financements tant
intérieurs qu'extérieurs, du durcissement de la contrainte
financière de l'Etat préjudiciable au secteur privé, de
l'effondrement de la production de plusieurs branches d'activités jadis
dynamiques, de la destruction, la fermeture et la délocalisation de
plusieurs entreprises nationales, avec pour corollaire la dégradation
continue des conditions de vie des populations. Ces évolutions
défavorables, en dépit des nombreuses potentialités
socioéconomiques du pays, reflètent le caractère
très risqué et hostile de l'environnement des affaires en
Côte d'Ivoire au cours de la dernière décennie.
Cette étude a consisté à déceler
les entraves majeures à l'investissement privé et à
l'entreprenariat en Côte d'Ivoire afin de les utiliser comme principal
support pour la formulation des réformes prioritaires à mener en
vue de garantir une relance optimale de l'économie ivoirienne dans la
période post-crise. Se basant sur l'approche du diagnostic de
croissance, proposée par Ricardo HAUSMANN, Dani RODRIK et Andrés
VELASCO (HRV) en 2005, elle aboutit au résultat selon lequel les niveaux
très bas de l'investissement privé et de l'entreprenariat en
Côte d'Ivoire trouvent leurs explications dans :
- la faiblesse de la capacité d'appropriation
privée, c'est-à-dire l'impossibilité pour les
producteurs de biens et services de bénéficier d'une part
significative des richesses qu'ils créent, en raison des
défaillances des politiques publiques (instabilité sociopolitique
chronique, déficits budgétaires insoutenables, non respect du
droit et des règles en vigueur, mauvaise gouvernance, niveau de
corruption élevé et privatisation informelle des services
publics, forte criminalité, fraude et contrebande liée à
la porosité des frontières, informalité
généralisée) et des déficiences des marchés
(absence d'innovations, accès non effectif aux marchés locaux et
régionaux, défaut de coordination des acteurs) ;
- le coût élevé du financement
intérieur et l'accès limité au crédit
imputables à la faiblesse de l'épargne nationale et à
l'insuffisance de l'intermédiation financière liée aux
risques inhérents aux défaillances des politiques publiques qui
minent la qualité des portefeuilles bancaires et justifient le «
paradoxe » de la surliquidité des banques ivoiriennes et leur
faible contribution au financement de l'économie nationale.
Ces résultats permettent ainsi de comprendre le mauvais
positionnement de la Côte d'Ivoire dans les derniers rapports du Doing
Business de la Banque Mondiale et les résultats de l'enquête du
GTN sur le climat des affaires, au-delà des perceptions qualitatives des
acteurs du secteur privé. Ils confirment surtout l'issue des travaux
préliminaires du GTN et du forum du Doing Business, selon laquelle il
est nécessaire de mettre en place un plan de réformes d'urgence
de l'environnement des affaires en Côte d'Ivoire qui répond aux
impératifs de la relance économique post-crise.
evl.virovl.vl.evvtevl.t des affaires et reLavl.ze
6covl.ovvticit,te post-arise evl. Cate ortvoire
Toutefois, pour que ces réformes soient porteuses de
croissance au sortir de la crise, l'étude préconise de les
adosser aux principales entraves identifiées, c'est-à-dire de
prendre des mesures idoines afin d'améliorer l'appropriation
privée en Côte d'Ivoire et parachever la réforme en cours
du secteur financier, entamée en 2009 suite à l'évaluation
de ce secteur par le FMI et la Banque Mondiale.
Dans cette perspective, des actions cohérentes visant
à remédier aux défaillances des politiques publiques et
à minimiser les déficiences des marchés deviennent
urgentes et prioritaires. Outre l'instauration durable de la paix et la
stabilité sociopolitique en Côte d'Ivoire comme préalable,
ces mesures portent sur la nécessité pour le Gouvernement de
garantir la stabilité du cadre macroéconomique par la poursuite
des mesures d'assainissement des finances publiques. Des actions
appropriées doivent également permettre d'améliorer la
gouvernance économique et politique assortie de la
prévisibilité des politiques et des règles de droit en
vigueur, de faire respecter la force de la loi, de garantir la
sécurité des biens et des personnes et de créer les
conditions d'une économie formelle de marché en Côte
d'Ivoire. Dans la même logique, il revient au secteur privé de
développer et promouvoir la culture d'entreprise orientée vers
l'éthique et le civisme, par l'appropriation des politiques RSE.
Une autre issue importante de cette étude est que la
restauration de la confiance perdue entre les différents acteurs de la
vie économique et sociale du pays passe nécessairement par la
mise sur pied d'un monopole focal de gouvernance à travers la
création d'un comité paritaire Etat/Secteur Privé
impliquant au plus haut niveau l'Administration publique, le secteur
privé et la société civile. En outre, des mesures doivent
être prises pour assurer progressivement la protection et la promotion
des produits locaux en renforçant la lutte contre la fraude.
L'étude suggère également que des réformes
complémentaires soient envisagées pour mettre en place le cadre
réglementaire et institutionnel propice à l'émergence de
financements innovants facilitant l'accès aux capitaux, notamment par
les PME/PMI. D'autre part, l'Etat est invité à développer
des modèles de partenariats publics privés pour la modernisation
et la consolidation des infrastructures physiques et sociales du pays dont la
plupart est restée dans un état de dégradation
avancée, en raison de l'absence d'investissements de maintenance durant
la crise.
La mise en oeuvre de ces réformes suppose un
Gouvernement d'après crise qui sera très engagé en faisant
preuve de cohérence et de profondeur vis-à-vis desdites
réformes. L'ampleur des tâches à exécuter et les
enjeux liés à celles-ci exigent des différents acteurs
nationaux une organisation interne dynamique garantissant l'efficacité
de leurs actions respectives. Aussi, parce que la mise en oeuvre des
réformes proposées s'avère capitale à la survie de
l'économie ivoirienne et partant des économies de la
sous-région ouest-africaine, la mobilisation et la
réactivité des bailleurs de fonds, à travers leur appui
institutionnel et financier, sont-elles vivement souhaitées et
constituent le gage de la réussite des réformes susvisées
qui impliquent une mise à niveau des acteurs et des besoins financiers
importants en Côte d'Ivoire.
Pour tirer avantage de la mondialisation et des nouveaux
enjeux du développement international, la Côte d'Ivoire est
invitée à s'inscrire constamment dans le développement
durable surtout dans le cadre de la gestion de ses ressources naturelles. Elle
doit aussi s'évertuer à pérenniser l'agriculture notamment
d'exportation, à redynamiser l'écotourisme et à
développer la coopération sous-régionale et internationale
pour jouer pleinement son rôle historique de locomotive économique
au sein de la sous-région ouest-africaine.
ANNEXES
ANNEXE 1 : Evolution de la pauvreté en
Côte d'Ivoire de 1993 à 2008
Indicateurs de pauvreté
|
1993
|
1995
|
1998
|
2002
|
2008
|
Proportion de la population vivant en dessous du seuil national
de pauvreté (%)
|
32,3
|
36,8
|
33,6
|
38,4
|
48,9
|
* En milieu urbain
|
19,4
|
23,7
|
23,4
|
24,5
|
29,5
|
* En milieu rural
|
42,0
|
46,1
|
41,8
|
49,0
|
62,5
|
Indice d'écart de la pauvreté (%)
|
9,0
|
10,4
|
10,3
|
12,9
|
18,2
|
Part des 20% les plus pauvres (1er quintile) dans la
consommation nationale (%)
|
7,0
|
7,2
|
6,9
|
5,1
|
5,7
|
Source : INS - Enquête Niveau de
Vie (ENV) 1993, 1995, 1998, 2002, 2008
ANNEXE 2 : Evolution comparée de la croissance
mondiale, régionale et en Côte d'Ivoire de 2000 à
2009
Taux de croissance du PIB reel
-2,0%
-4,0%
4,0%
Monde Afrique Subsaharienne UEMOA Côte d'Ivoire
8,0%
6,0%
2,0%
0,0%
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Source : FMI et Banque de France -
Rapport sur la Zone Franc (2009)
ANNEXE 3 : Evolution de l'équilibre Ressources -
Emplois de la Côte d'Ivoire de 1995 à 2009 (en milliard de
FCFA)
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
PIB nominal
|
5 491
|
6 210
|
6 842
|
7 440
|
7 620
|
7 605
|
7 887
|
8 006
|
7 984
|
8 178
|
8 626
|
9 033
|
9 440
|
10 425
|
10 881
|
Importations
|
1 782
|
2 078
|
2 415
|
2 602
|
2 601
|
2 569
|
2 582
|
2 405
|
2 704
|
3 169
|
3 805
|
3 769
|
3 974
|
4 359
|
4 106
|
RESSOURCES = EMPLOIS
|
7 273
|
8 288
|
9 256
|
10 042
|
10 222
|
10 174
|
10 469
|
10 411
|
10 688
|
11 348
|
12 431
|
12 802
|
13 413
|
14 784
|
14 987
|
Consommation privée
|
3 502
|
4 062
|
4 346
|
4 863
|
5 132
|
5 108
|
5 213
|
4 836
|
5 345
|
5 611
|
6 136
|
5 908
|
6 680
|
7 197
|
7 078
|
Consommation publique
|
936
|
983
|
1 029
|
1 021
|
982
|
1 179
|
1 297
|
910
|
959
|
1 012
|
1 085
|
1 280
|
1 391
|
1 526
|
1 531
|
Investissement privé
|
576
|
448
|
615
|
664
|
501
|
648
|
718
|
537
|
596
|
605
|
730
|
679
|
779
|
858
|
764
|
Investissement public
|
208
|
231
|
331
|
415
|
376
|
210
|
140
|
264
|
216
|
259
|
233
|
244
|
252
|
320
|
272
|
Exportations
|
2 051
|
2 564
|
2 936
|
3 080
|
3 231
|
3 028
|
3 101
|
3 863
|
3 572
|
3 860
|
4 247
|
4 692
|
4 312
|
4 883
|
5 342
|
Taux de croissance du PIB
réel
|
7,0%
|
6,7%
|
5,7%
|
5,4%
|
1,6%
|
-2,3%
|
0,1%
|
-1,6%
|
-1,7%
|
1,6%
|
1,8%
|
1,2%
|
1,5%
|
2,3%
|
3,8%
|
Source : DCPE
ANNEXE 4 : Evolution des composantes de la demande de
1995 à 2009
Composantes de la demande(en % du PIB)
|
1995-1999
|
2000-2002
|
2003-2009
|
Demande intérieure
|
93,0%
|
89,7%
|
92,2%
|
· Consommation privée
|
65,1%
|
64,6%
|
68,1%
|
· Consommation publique
|
14,9%
|
14,4%
|
13,5%
|
· Investissement privé
|
8,4%
|
8,1%
|
7,8%
|
· Investissement public
|
4,6%
|
2,6%
|
2,8%
|
Demande extérieure nette
|
7,0%
|
10,3%
|
7,8%
|
· Exportations
|
41,1%
|
42,5%
|
47,8%
|
· Importations (-)
|
-34,1%
|
-32,2%
|
-40,0%
|
|
~v~~rovw.o&evt ~~~ ~-ff~re et reL~~c~ ~~ovovv~~ve
po~t-c~~.ce e C-6te 'tioi,re
ANNEXE 5 : Evolution des statistiques des finances
publiques de la Côte d'Ivoire - TOFE de 1995 à 2009 (en milliard
de FCFA)
ANNEXE 6 : Evolution de la balance des paiements de la
Côte d'Ivoire de 1995 à 2008 (en milliard de FCFA)
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
BALANCE COURANTE
|
-245,4
|
-82,9
|
-90,3
|
-171,2
|
-73,6
|
-171,6
|
-44,1
|
535,1
|
171,2
|
127,2
|
20,9
|
250,4
|
-66,6
|
201,9
|
Balance commerciale
|
686,7
|
932,9
|
1 046,3
|
1 014,7
|
1 167,0
|
1 058,1
|
1 120,2
|
1 964,9
|
1 485,8
|
1 388,3
|
1 290,3
|
1 625,7
|
1 229,0
|
1 487,4
|
* Exportations FOB
|
1 899,7
|
2 274,4
|
2 597,9
|
2 717,6
|
2 870,1
|
2 768,2
|
2 892,5
|
3 676,5
|
3 363,7
|
3 655,4
|
4 060,1
|
4 432,7
|
4 154,7
|
4 652,7
|
* Importations FOB (-)
|
-1 213,1
|
-1 341,4
|
-1 551,6
|
-1 702,8
|
-1 703,1
|
-1 710,0
|
-1 772,3
|
-1 711,6
|
-1 877,9
|
-2 267,1
|
-2 769,8
|
-2 807,1
|
-2 925,7
|
-3 165,4
|
Balance des services
|
-421,6
|
-447,4
|
-524,7
|
-536,6
|
-537,2
|
-530,0
|
-507,5
|
-668,8
|
-648,6
|
-670,9
|
-681,0
|
-726,0
|
-743,2
|
-732,6
|
Revenus nets des facteurs
|
-392,5
|
-393,2
|
-389,8
|
-417,1
|
-465,9
|
-464,8
|
-429,4
|
-439,0
|
-383,3
|
-344,3
|
-344,5
|
-371,4
|
-387,9
|
-403,9
|
Transferts courants nets
|
-118,0
|
-175,2
|
-222,0
|
-232,2
|
-237,5
|
-235,0
|
-227,4
|
-322,0
|
-282,8
|
-245,9
|
-243,9
|
-277,8
|
-164,5
|
-148,9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
COMPTE DE CAPITAL ET D'OPERATIONS FINANCIERES
|
91,2
|
-86,4
|
-26,1
|
75,5
|
-194,5
|
-143,3
|
-65,0
|
-307,8
|
-585,4
|
-369,2
|
-357,1
|
-463,2
|
-4,3
|
-221,0
|
Compte de capital
|
145,4
|
24,2
|
23,7
|
15,1
|
8,5
|
6,0
|
7,4
|
5,8
|
8,0
|
77,0
|
96,7
|
17,2
|
44,5
|
40,0
|
* Transferts de capital
|
145,4
|
25,6
|
29,5
|
21,2
|
10,7
|
7,0
|
8,4
|
6,3
|
8,2
|
75,9
|
94,6
|
15,1
|
43,6
|
38,9
|
* Acquisitions et cessions d'actifs non financiers et non
produits
|
0,0
|
-1,4
|
-5,8
|
-6,1
|
-2,2
|
-1,0
|
-1,0
|
-0,6
|
-0,2
|
1,1
|
2,1
|
2,1
|
0,9
|
1,1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Compte d'opérations
financières
|
-54,2
|
-110,6
|
-49,7
|
60,4
|
-203,0
|
-149,3
|
-72,4
|
-313,5
|
-593,4
|
-446,2
|
-453,8
|
-480,4
|
-48,8
|
-261,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
* Investissements directs nets
|
105,7
|
137,7
|
242,5
|
224,2
|
199,3
|
167,1
|
199,9
|
148,2
|
96,1
|
149,5
|
164,5
|
166,7
|
204,5
|
199,8
|
* Investissements de portefeuille nets
|
6,6
|
2,9
|
-6,2
|
-8,0
|
-11,4
|
-7,5
|
-10,2
|
15,9
|
14,6
|
-10,6
|
1,1
|
7,7
|
45,9
|
18,7
|
* Autres investissements nets
|
-166,5
|
-251,2
|
-286,0
|
-155,8
|
-390,9
|
-308,8
|
-262,1
|
-477,6
|
-704,1
|
-585,1
|
-619,5
|
-654,9
|
-299,2
|
-479,5
|
Erreurs et omissions
|
7,4
|
-8,7
|
-23,4
|
18,1
|
-15,5
|
-10,1
|
21,9
|
-21,7
|
-18,1
|
16,6
|
-20,2
|
-19,7
|
16,9
|
-19,6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
BALANCE GLOBALE (solde à financer)
|
-146,9
|
-178,0
|
-139,8
|
-77,6
|
-283,7
|
-325,0
|
-87,2
|
205,6
|
-432,3
|
-225,3
|
-356,3
|
-232,4
|
-54,0
|
-38,8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
FINANCEMENT
|
146,9
|
178,0
|
139,8
|
77,6
|
283,7
|
325,0
|
87,2
|
-205,6
|
432,3
|
225,3
|
356,3
|
232,4
|
54,0
|
38,8
|
Avoirs de réserves
|
-141,0
|
-57,9
|
-55,7
|
-106,1
|
67,7
|
-63,5
|
-283,4
|
-407,1
|
8,0
|
-131,9
|
69,5
|
-149,6
|
-223,1
|
33,5
|
* Position de réserve au FMI
|
45,4
|
48,2
|
-11,6
|
100,6
|
-4,8
|
-23,5
|
-40,4
|
3,6
|
-57,9
|
-66,4
|
-47,7
|
-30,8
|
4,1
|
3,6
|
Avoirs nets des banques
|
16,1
|
-1,7
|
22,8
|
12,3
|
-4,3
|
18,4
|
64,3
|
-158,4
|
30,8
|
1,2
|
-62,2
|
38,7
|
0,6
|
-26,4
|
Financement exceptionnel
|
230,5
|
191,5
|
182,9
|
213,5
|
228,3
|
395,5
|
366,8
|
1 156,0
|
473,1
|
428,7
|
417,8
|
377,1
|
283,8
|
578,9
|
* Variation des arriérés de paiement
|
7,1
|
2,1
|
120,9
|
-120,9
|
32,4
|
189,8
|
157,1
|
400,6
|
382,3
|
428,7
|
417,8
|
377,1
|
283,8
|
578,9
|
* Rééchelonnement de dette
|
223,4
|
189,4
|
62,0
|
334,4
|
195,9
|
205,7
|
209,7
|
755,4
|
90,8
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
* Annulation de dette
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Engagements - Réserves pour autorités
étrangères
|
41,3
|
46,2
|
-10,2
|
102,2
|
-8,0
|
-25,4
|
-60,6
|
5,2
|
-79,6
|
-72,7
|
-68,6
|
-1,9
|
-10,3
|
0,0
|
ANNEXE 7 : Evolution de la situation monétaire
de la Côte d'Ivoire de 1995 à 2009 (encours en milliard de
FCFA)
SITUATION MONETAIRE (Encours)
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
MASSE MONETAIRE (M2)
|
1 426,1
|
1 453,6
|
1 609,4
|
1 722,4
|
1 680,2
|
1 650,7
|
1 844,5
|
2 409,0
|
1 769,6
|
1 937,3
|
1 996,5
|
2 294,8
|
2 835,5
|
2 997,4
|
3 511,9
|
* Circulation fiduciaire
|
451,4
|
473,2
|
571,8
|
666,9
|
616,5
|
623,9
|
774,5
|
1 146,7
|
568,6
|
671,5
|
669,6
|
815,2
|
1 043,8
|
1 078,7
|
1 343,4
|
* Dépôts en banque
|
972,7
|
978,0
|
1 034,0
|
1 053,0
|
1 060,9
|
1 022,8
|
1 066,1
|
1 257,6
|
1 194,9
|
1 260,2
|
1 318,7
|
1 466,8
|
1 774,8
|
1 900,8
|
2 146,4
|
AVOIRS EXTERIEURS NETS
|
-20,3
|
24,1
|
51,2
|
39,9
|
-27,9
|
-6,2
|
279,7
|
844,6
|
434,8
|
641,9
|
619,5
|
821,8
|
1 036,6
|
1 021,4
|
1 149,2
|
* Banque Centrale
|
3,3
|
23,0
|
68,3
|
68,9
|
-3,2
|
32,6
|
371,6
|
778,1
|
408,8
|
617,8
|
533,3
|
776,0
|
994,2
|
950,3
|
1 082,5
|
* Banques commerciales
|
-23,6
|
1,1
|
-17,1
|
-29,0
|
-24,7
|
-38,7
|
-91,9
|
66,5
|
26,0
|
24,1
|
86,2
|
45,8
|
42,4
|
71,0
|
66,7
|
CREDIT INTERIEUR
|
1 527,9
|
1 514,8
|
1 722,9
|
1 826,9
|
1 790,7
|
1 700,9
|
1 670,8
|
1 688,8
|
1 501,3
|
1 517,7
|
1 568,6
|
1 635,4
|
1 961,4
|
2 103,7
|
2 506,6
|
* Position Nette du Gouvernement (PNG)
|
534,1
|
544,6
|
540,1
|
607,4
|
673,2
|
548,3
|
451,4
|
472,3
|
408,3
|
343,7
|
379,3
|
345,3
|
429,7
|
399,6
|
622,1
|
* Crédits à l'économie
|
993,8
|
970,2
|
1 182,8
|
1 219,5
|
1 117,5
|
1 152,6
|
1 219,4
|
1 216,5
|
1 093,0
|
1 174,0
|
1 189,3
|
1 290,1
|
1 531,7
|
1 704,0
|
1 884,5
|
dont crédits douteux et litigieux
|
36,9
|
54,0
|
64,9
|
99,8
|
114,0
|
33,0
|
46,4
|
44,4
|
30,3
|
37,3
|
30,7
|
32,6
|
16,5
|
41,5
|
35,0
|
AUTRES ELEMENTS NETS
|
-81,5
|
-85,3
|
-164,7
|
-144,4
|
-82,6
|
-44,1
|
-106,0
|
-124,4
|
-166,6
|
-222,4
|
-191,7
|
-162,4
|
-162,5
|
-127,6
|
-143,8
|
Source : BCEAO
ANNEXE 8 : Critères de convergence
macroéconomique dans l'UEMOA
CRITERES DE PREMIER RANG
|
Norme requise
|
Ration de solde budgétaire de base / PIB
|
>=0
|
Taux d'inflation (IHPC)
|
<=3%
|
Ration de l'encours de la dette intérieure et
extérieure / PIB
|
<=70%
|
Variation des arriérés de paiement
intérieurs
|
<=0
|
Variation des arriérés de paiement
extérieurs
|
<=0
|
CRITERES DE SECOND RANG
|
Norme requise
|
Ratio de la masse salariale / recettes fiscales
|
<=35%
|
Ratio investissements publics financés sur ressources
internes / recettes fiscales
|
>=20%
|
Ratio déficit extérieur courant hors transferts
publics / PIB
|
<=5%
|
Taux de pression fiscale
|
>=17%
|
ANNEXE 9 : Orientation sectorielle des capitaux
privés étrangers de 2006 à 2007
Branches d'activités
(Chiffres en milliard de FCFA)
|
Stocks
|
Flux
|
Fin 2006
|
%
|
Fin 2007
|
%
|
2007
|
%
|
Agriculture, chasse et sylviculture
|
59,7
|
11,7
|
61,1
|
10,3
|
1,4
|
1,7
|
Pêche
|
0,2
|
0,0
|
0,2
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Activités extractives
|
-14,8
|
-2,9
|
-14,5
|
-2,5
|
0,3
|
0,4
|
Industries manufacturières
|
92,7
|
18,2
|
141,7
|
24,0
|
49,0
|
59,3
|
Electricité, gaz et eau
|
66,7
|
13,1
|
68,5
|
11,6
|
1,8
|
2,2
|
Construction
|
-8,6
|
-1,7
|
-4,4
|
-0,7
|
4,2
|
5,1
|
Commerce de gros et de détail
|
64,4
|
12,7
|
84,2
|
14,2
|
19,8
|
23,9
|
Hôtel, restaurant et débits de boissons
|
-1,1
|
-0,2
|
-1,0
|
-0,2
|
0,1
|
0,1
|
Transports, entreposage et communication
|
133,4
|
26,2
|
138,6
|
23,4
|
5,2
|
6,3
|
Intermédiation financière, assurance et
retraites
|
98,4
|
19,3
|
98,8
|
16,7
|
0,4
|
0,5
|
Immobilier, location et services aux entreprises
|
17,4
|
3,4
|
17,8
|
3,0
|
0,4
|
0,5
|
Autres
|
0,3
|
0,1
|
0,4
|
0,1
|
0,1
|
0,1
|
Total des capitaux privés entrants
nets
|
508,7
|
100,0
|
591,4
|
100,0
|
82,7
|
100,0
|
Source : GTN (2009)
ANNEXE 10 : Présentation synthétique du
Code des investissements de 1995
Le Code des investissements de 1995, institué par la
loi n° 95-620 du 3 août 1995, présente trois grandes
spécificités articulées autour des garanties
générales, du transfert des retours sur investissement et de la
résorption des litiges commerciaux.
En ce qui concerne les garanties générales, le
code des investissements s'étend aux personnes morales et physiques de
droit privé soumises au même régime de traitement, sans
préjudice des dispositions des traités et accords conclu par
l'Etat ivoirien avec les autres Etats.
S'agissant du transfert des capitaux, le code admet le
principe de la liberté de transfert des bénéfices
résultats des activités et du produit de la liquidation de
l'investissement, conformément aux dispositions réglementaires en
vigueur en matière de change.
Quant aux différends commerciaux nés à
l'occasion de la réalisation de l'investissement ou lors des
activités déployées par l'entreprise
bénéficiaire des avantages du Code des investissements, le
règlement de tels litiges est connu par les tribunaux et cours d'appel
de la République de la Côte d'Ivoire et ce conformément aux
textes en vigueur dans le pays.
Le Code des investissements de 1995 repose sur deux
régimes spécifiques : le régime de la déclaration
d'investissement et le régime d'agrément à
l'investissement.
> Le régime de déclaration à
l'investissement
Ce régime s'applique aux opérations de
création nouvelle d'activité et dont le montant de
l'investissement est inférieur à 500 millions de FCFA. Sont
exclus de ce régime les secteurs du bâtiment et travaux publics,
du commerce, des transports, des services bancaires et financiers.
Deux zones sont définies pour bénéficier
des avantages : la zone A (Abidjan) dont la durée du régime est
de 5 ans, et la zone B (Autres régions de Côte d'Ivoire) dont la
du régime est de 8 ans. Les entreprises soumises au régime de la
déclaration d'investissement sont assujetties au régime
réel d'imposition qu'il soit simplifié ou normal. Elles
bénéficient d'importants avantages fiscaux dont
l'exonération au bénéfice industriel et commercial (BIC)
et au bénéfice non commercial (BNC) ainsi qu'à la
contribution de patentes et licences. Ces exonérations sont
réduites à 50% l'avant-dernière année du
régime et à 25% la dernière année.
> Le Régime d'agrément à
l'investissement
Ce régime concerne les investissements relatifs aux
opérations de création nouvelle d'activités et au
développement des activités existantes et dont le montant
d'investissement minimum est de 500 millions FCFA. Les investissements de
développement concernent l'accroissement de la capacité de
production de l'entreprise, la fabrication d'un produit nouveau par une
entreprise déjà existante et impliquant l'acquisition
d'équipements de production nouveaux, et le renouvellement des
équipements de production vétustes en vue de leur
adéquation aux exigences technologiques nouvelles. Il résulte de
ceci que le développement des activités existantes vise soit leur
extension, leur diversification ou leur modernisation. Sont cependant exclus du
régime d'agrément à l'investissement, les secteurs du
bâtiment et des travaux publics, des services bancaires et financiers, de
la première transformation du café, cacao et du bois.
Deux zones sont définies pour bénéficier
des avantages : la zone A (Abidjan) dont la durée du régime est
de 5 ans, et la zone B (Autres régions de Côte d'Ivoire) dont la
du régime est de 8 ans. Les entreprises soumises à ce
régime bénéficie du droit préférentiel
d'entrée (droit de douane et droit fiscal) de 5% sur les
équipements, matériels et pièces de rechange si le montant
de l'investissement est compris entre 500 millions et 2 milliards de FCFA, et
exonérées de tout droit d'entrée si le montant de
l'investissement est supérieur à 2 milliards de FCFA. Elles sont
en outre exonérées de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
sur les matériels et équipements importés,
fabriqués ou vendus localement, les véhicules utilitaires et les
pièces de rechange si le montant de l'investissement est
supérieur à 500 millions de FCFA.
Les entreprises agréées qui réalisent une
opération de création d'activité sont
exonérées pendant la durée de l'agrément des droits
et taxes suivants :
- Exonération au BIC, à la contribution de patentes
et licences si le montant de l'investissement est compris en 500 millions de 2
milliards de FCFA,
- Exonération au BIC, à la contribution de patentes
et licences, à la contribution foncières des
propriétés bâties si le montant de l'investissement est
supérieur à 2 milliards de FCFA.
Ces exonérations sont réduites à 50%
l'avant-dernière année du régime et à 25% la
dernière année. Ne peuvent donner lieu aux exonérations
les matériaux de construction, les véhicules de tourisme et les
biens mobiliers.
ANNEXE 11 : Etablissements de crédits en
activité en Côte d'Ivoire au 30 juin 2010
Institutions opérationnelles
|
Nombre au 30/06/2010
|
Banques à vocation générale
:
|
18
|
Banques à domaines spécialisés
:
|
2
|
o Habitat
|
1
|
o Agriculture
|
1
|
Établissements financiers à domaines
spécialisés :
|
3
|
o Financement de ventes à crédit
|
1
|
o Garantie
|
1
|
o Crédit différé
|
1
|
Total institutions
|
23
|
Source : BCEAO - Comité de
Développement du Secteur Financier (CODESFI)
ANNEXE 12 : Présentation du Doing Business
Le projet Doing Business a été
développé à partir de 2002 par la Banque Mondiale en tant
que partenaire au développement, pour mesurer la réglementation
des affaires et leur application effective dans plusieurs économies du
monde et certaines villes au niveau infranational et régional.
L'évaluation repose sur les données issues d'enquêtes
annuelles diligentées dans aujourd'hui 183 économies du monde
entier à travers un réseau de 8 000 correspondants et experts. La
collecte des données se fait sur la période allant du 31 mai de
l'année précédente au 1er juin de
l'année de référence, soit un décalage
systématique d'un an dans la production du rapport
d'évaluation.
De façon précise, le rapport Doing Business
étudie dix indicateurs pertinents relatifs au cycle de vie d'une Petite
et Moyenne Entreprise (PME) nationale, en se fondant sur des scénarios
normalisés et en mettant l'accent sur le secteur formel de
l'économie étudiée. Ces dix indicateurs qui permettent
d'établir des comparaisons entre pays à l'échelle mondiale
peuvent se regrouper en trois grandes rubriques portant sur le cycle de vie de
l'entreprise. Ils sont présentés dans le tableau ci-après
:
Cycle de vie de l'entreprise
|
Indicateurs Doing Business
|
I- Démarrage de l'activité
|
1. Création d'entreprise
|
II- Vie de l'entreprise
|
2. Octroi de permis de construire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
III- Cessation de l'activité
|
10. Fermeture d'entreprise
|
~~~iro~~e&e~t es c-ff~ires et reLc&c é~ovovvi~ve
post-~rise ~~ c6te 'tJoire ANNEXE 13 : Evolution du classement Doing
Business pour la Côte d'Ivoire
Indicateurs Doing Business
|
Rang DB 2009
|
Rang DB 2010
|
Rang DB 2011
|
2010/2009
|
2011/2010
|
Classement général de la facilité de
faire des affaires
|
163
|
168
|
169
|
? 5
|
? 1
|
Création d'entreprise
|
170
|
172
|
172
|
? 2
|
0
|
Octroi de permis de construire
|
157
|
167
|
165
|
? 10
|
? 2
|
Embauche des travailleurs
|
128
|
129
|
**
|
? 1
|
**
|
Transfert de propriété
|
142
|
145
|
151
|
? 3
|
? 6
|
Obtention de prêts
|
147
|
150
|
152
|
? 3
|
? 2
|
Protection des investisseurs
|
151
|
154
|
154
|
? 3
|
0
|
Paiements des impôts
|
150
|
152
|
153
|
? 2
|
? 1
|
Commerce transfrontalier
|
158
|
160
|
160
|
? 2
|
0
|
Exécution des contrats
|
126
|
127
|
126
|
? 1
|
? 1
|
Fermeture d'entreprise
|
71
|
71
|
76
|
0
|
? 5
|
Source : Rapport Doing Business (2009),
(2010) et (2011)
a) Création d'entreprise : Côte
d'Ivoire classée 172ème en 2010
Indicateurs de création d'entreprise
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Procédures (nombre)
|
10
|
9,4
|
5,7
|
Délai (jours)
|
40
|
45,6
|
13,0
|
Coût (% du RNB par habitant)
|
133,3
|
99,7
|
4,7
|
Capital minimum (% du RNB par habitant)
|
204,9
|
144,7
|
15,5
|
b) Obtention du permis de construire :
Côte d'Ivoire classée 167ème en
2010
Indicateurs d'obtention du permis de
construire
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Procédures (nombre)
|
22
|
17,3
|
15,1
|
Délai (jours)
|
629
|
260,5
|
157,0
|
Coût (% du RNB par habitant)
|
230,9
|
1 955,6
|
56,1
|
c) Embauche des travaileurs : Côte
d'Ivoire classée 129ème en 2010
Indicateurs d'embauche des travailleurs
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Difficulté d'embauche (0-100)
|
33
|
37,3
|
26,5
|
Rigidité des heures de travail (0-100)
|
47
|
29,3
|
30,1
|
Difficulté de licenciement (0-100)
|
20
|
39,8
|
22,6
|
Rigidité de la législation du travail (0-100)
|
33
|
35,5
|
26,4
|
Coût du licenciement en semaine de
salaire (0-100)
|
49
|
67,6
|
26,6
|
d) Transfert de propriété :
Côte d'Ivoire classée 145ème en
2010
Indicateurs du transfert de
propriété
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Procédures (nombre)
|
6
|
6,7
|
4,7
|
Délai (jours)
|
62
|
80,7
|
25,0
|
Coût (% valeur de la propriété)
|
13,9
|
9,9
|
4,6
|
e) Accès au crédit : Côte
d'Ivoire classée 150ème en 2010
Indicateurs de l'accès au
crédit
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Indice de fiabilité des garanties (0-10)
|
3
|
4,6
|
6,8
|
Etendue de l'information sur le crédit (0-6)
|
1
|
1,5
|
4,9
|
Couverture par les registres publics
(% des adultes)
|
2,7
|
2,4
|
8,8
|
Couverture par les bureaux privés
(% des adultes)
|
0
|
4,5
|
59,6
|
f) Protection des investisseurs : Côte
d'Ivoire classée 154ème en 2010
Indicateurs de protection des investisseurs
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Indice de divulgation de l'information (0-10)
|
6
|
4,8
|
5,9
|
Indice de la responsabilité des dirigeants (0-10)
|
1
|
3,3
|
5,0
|
Indice de la facilité des poursuites par les actionnaires
(0-10)
|
3
|
5,1
|
6,6
|
Indice de protection des investisseurs (0-10)
|
3,3
|
4,4
|
5,8
|
g) Pression fiscale : Côte d'Ivoire
classée 152ème en 2010
Indicateurs de la pression fiscale
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Nombre d'impôts et taxes
|
66
|
37,7
|
12,8
|
Temps consacré aux déclarations et calculs (en
heures)
|
270
|
306,0
|
194,1
|
Impôt sur les bénéfices (% profits)
|
9
|
23,8
|
16,1
|
Charges sociales (% profit brut)
|
20,1
|
12,7
|
24,3
|
Autres taxes (% profit brut)
|
15,7
|
30,9
|
4,1
|
Total impôts (% profit brut)
|
44,7
|
67,5
|
44,5
|
h) Commerce transfrontalier : Côte
d'Ivoire classée 160ème en 2010
Indicateurs du commerce transfrontalier
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Documents pour l'export (nombre)
|
|
10
|
|
7,8
|
|
4,3
|
Délai à l'export (jours)
|
|
25
|
|
33,6
|
|
10,5
|
Coût à l'export (USD / conteneur)
|
1
|
969
|
1
|
941,8
|
1
|
089,7
|
Documents pour l'import (nombre)
|
|
9
|
|
8,8
|
|
4,9
|
Délai à l'import (jours)
|
|
36
|
|
39,4
|
|
11,0
|
Coût à l'import (USD / conteneur)
|
2
|
577
|
2
|
365,4
|
1
|
145,9
|
i) Exécution forcée des contrats
: Côte d'Ivoire classée 127ème en
2010
Indicateurs de l'exécution des
contrats
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Procédures (nombre)
|
33
|
39,2
|
30,6
|
Délai (jours)
|
770
|
643,9
|
462,4
|
Coût (% de la créance)
|
41,7
|
49,3
|
19,2
|
j) Liquidation d'entreprise : Côte
d'Ivoire classée 71ème en 2010
Indicateurs de liquidation d'entreprise
|
Côte d'Ivoire
|
Afrique Subsaharienne
|
OCDE moyenne
|
Délai (nombre d'années)
|
2,2
|
3,4
|
1,7
|
Coût (% du RNB par habitant)
|
18
|
20,1
|
8,4
|
Taux de recouvrement (cent / dollar)
|
34
|
17,0
|
68,6
|
ANNEXE 14 : Indicateurs de l'éducation en Afrique
Subsaharienne (Moyenne sur la période 2002 -2008)
Pays ou région
|
Taux d'inscription à l'école (%
brut)
|
Dépenses d'éducation (en % du
PIB) Moyenne 2002-2008
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Côte d'Ivoire
|
72,0%
|
24,5%
|
7,8%
|
4,6%
|
Afrique Subsaharienne
|
90,4%
|
29,7%
|
5,3%
|
4,2%
|
Ghana
|
87,9%
|
44,8%
|
5,4%
|
5,4%
|
Cameroun
|
104,3%
|
29,5%
|
5,7%
|
3,1%
|
Maroc
|
103,0%
|
45,9%
|
10,9%
|
5,7%
|
Maurice
|
100,0%
|
83,8%
|
19,2%
|
4,4%
|
Sénégal
|
75,9%
|
21,4%
|
6,0%
|
4,4%
|
Bénin
|
102,3%
|
27,9%
|
5,4%
|
3,9%
|
ANNEXE 15 : Evolution de l'indice de perception de la
corruption (IPC)
Pays (0-10)
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
Côte d'Ivoire
|
2,0
|
1,9
|
2,1
|
2,1
|
2,0
|
2,1
|
2,2
|
Ghana
|
3,5
|
3,5
|
3,3
|
3,7
|
3,9
|
3,9
|
4,1
|
Cameroun
|
2,2
|
2,2
|
2,3
|
2,4
|
2,3
|
2,2
|
2,2
|
Sénégal
|
3,2
|
3,2
|
3,3
|
3,6
|
3,4
|
3,0
|
2,9
|
Source : Banque Mondiale
ANNEXE 16 : Evolutions des conditions de banque en
Côte d'Ivoire selon la clientèle de 2006 à 2010
Clientèle des banques (Moyenne
pondérée en %)
|
Taux d'intérêt
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
Etat et organismes assimilés
|
Débiteurs
|
8,7
|
9,8
|
8,6
|
9,6
|
7,1
|
Créditeurs
|
6,0
|
5,6
|
4,7
|
4,5
|
4,7
|
Particuliers
|
Débiteurs
|
13,4
|
11,7
|
13,2
|
13,1
|
12,7
|
Créditeurs
|
4,5
|
4,9
|
5,2
|
5,5
|
5,4
|
Sociétés d'Etat et EPIC
|
Débiteurs
|
10,4
|
7,8
|
7,2
|
8,8
|
9,3
|
Créditeurs
|
5,3
|
3,9
|
4,9
|
4,7
|
4,9
|
Entreprises privées du secteur
productif
|
Débiteurs
|
7,7
|
6,6
|
6,9
|
7,8
|
7,7
|
Créditeurs
|
4,9
|
4,8
|
5,2
|
5,1
|
5,1
|
Entreprises individuelles
|
Débiteurs
|
7,1
|
6,9
|
6,8
|
7,1
|
6,7
|
Créditeurs
|
4,3
|
4,4
|
4,8
|
4,9
|
5,2
|
Coopératives et groupement villageois
|
Débiteurs
|
12,6
|
7,8
|
9,9
|
7,9
|
9,7
|
Créditeurs
|
6,0
|
5,8
|
4,9
|
4,3
|
4,6
|
ONG, Amicales, Syndicats et Autres
|
Débiteurs
|
12,6
|
7,8
|
10,0
|
7,9
|
9,7
|
Créditeurs
|
4,4
|
4,6
|
5,6
|
5,5
|
4,9
|
Taux moyens tout client confondu
|
Débiteurs
|
7,7
|
6,9
|
7,1
|
7,8
|
7,7
|
Créditeurs
|
5,0
|
4,9
|
5,3
|
5,2
|
5,2
|
ANNEXE 17 : Evolutions des conditions de banque en
Côte d'Ivoire selon la maturité des opérations de 2006
à 2010
Clientèle des banques (Moyenne
pondérée en %)
|
Taux d'intérêt
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
<= 1 mois
|
Débiteurs
|
6,96
|
6,40
|
6,56
|
7,31
|
7,03
|
Créditeurs
|
5,12
|
4,93
|
4,92
|
5,46
|
5,24
|
> 1 mois <= 3 mois
|
Débiteurs
|
7,18
|
5,94
|
6,59
|
7,08
|
6,64
|
Créditeurs
|
5,47
|
5,12
|
5,59
|
5,51
|
5,18
|
> 3 mois <= 6 mois
|
Débiteurs
|
10,04
|
10,81
|
10,32
|
9,19
|
10,33
|
Créditeurs
|
5,10
|
5,09
|
6,45
|
5,09
|
5,28
|
> 6 mois <= 1 an
|
Débiteurs
|
10,92
|
9,89
|
10,41
|
10,29
|
10,55
|
Créditeurs
|
4,54
|
4,34
|
4,94
|
4,88
|
5,09
|
> 1 an <= 2 ans
|
Débiteurs
|
12,65
|
11,72
|
11,4
|
12,47
|
11,94
|
Créditeurs
|
4,21
|
4,4
|
5,12
|
5,05
|
5,14
|
> 2 ans <= 5 ans
|
Débiteurs
|
11,26
|
9,9
|
10,65
|
10,74
|
11,51
|
Créditeurs
|
4,16
|
4,92
|
4,99
|
4,69
|
5,43
|
> 5 ans <= 10 ans
|
Débiteurs
|
11,22
|
10,67
|
10,14
|
8,58
|
9,48
|
Créditeurs
|
4,04
|
4,74
|
5,16
|
4,87
|
5,04
|
10 ans et +
|
Débiteurs
|
8,29
|
6,06
|
6,67
|
7,59
|
6,74
|
Créditeurs
|
4,04
|
4,74
|
5,16
|
4,87
|
5,04
|
Taux toute durée confondue
|
Débiteurs
|
7,72
|
6,9
|
7,12
|
7,84
|
7,7
|
Créditeurs
|
4,95
|
4,87
|
5,27
|
5,22
|
5,23
|
Source : BCEAO - Rapport sur les
conditions de Banque dans l'UEMOA 2008-2010
evl.virovl.vl.evvtevl.t des affaires et reLavl.ze
6covl.ovvticit,te post-arise evl. Cate ortvoire
ANNEXE 18 : Arbre à solutions découlant de
l'application de l'approche du diagnostic de croissance à
l'économie ivoirienne
Objectif
Source : L'auteur
BIBLI0GRAPHIE
Ouvrages généraux
BEAU Michel, L'art de la thèse, La
découverte, Paris, 1997, 184 p.
VERNIMMEN Pierre, QUIRY Pascal et LE FUR Yann, Finance
d'entreprise, 9ème édition, Dalloz, Paris,
Août 2010, 1 218 p.
Articles et autres documents
BANQUE MONDIALE, «République de Burundi : source de
croissance rurale», Rapport N° 40138 - BI, Washington DC,
Septembre 2007, p. 1-166.
CALVO Sara, «Applying the growth diagnostics approach: the
case of Bolivia», The World Bank, Washington DC, Février 2006,
p.1-30.
COMMISSION DU SECTEUR PRIVE ET DU DEVELOPPEMENT,
«Libérer l'entreprenariat : mettre le monde des affaires au service
des pauvres», Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), New York (USA), Mars 2004, p.1-48.
GOUVERNEMENT DE LA REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE, «Document
de Stratégie de Relance du Développement et de Réduction
de la Pauvreté (DSRP)», Janvier 2009, 180 p.
GOUVERNEMENT DE LA REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE, «Plan
national de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption 2010-2014»,
Document de travail, Version provisoire, Décembre 2009, 112 p.
GROUPE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL - Région
Moyen-Orient et Afrique du Nord, «Promouvoir la croissance et l'emploi par
la diversification productive et la compétitivité»,
Mémorandum économique pays - Royaume du Maroc - Rapport
N°32948-MOR, Volume I, Banque Mondiale, Washington DC, Mars 2006, p.
1-94.
HAUSMANN Ricardo, RODRIK Dani et VELASCO Andrés,
«Etablir le bon diagnostic : une nouvelle approche de la réforme
économique», Finances & Développement, Mars 2006,
p.1-15.
IANCHOVICHINA Elena, «What are the binding constraints to
growth in Benin?», s.l., Mai 2008, p.1-43.
KUEPIE Mathias, NORDMAN Jalil Christophe et ROUBAUD
François, «Marché du travail urbain et secteur informel en
Afrique francophone : l'éducation est-elle encore rentable ?»,
Dialogue, IRD - DIAL, Paris, Juillet 2006, p.1-12.
MEISEL Nicolas et OULD AOUDIA Jacques, «La bonne
gouvernance est-elle une bonne stratégie de développement
?», Document de travail N° 58, Agence Française de
Développement (AFD), Janvier 2008, p.1-74.
RAFFINOT Marc, «Growth diagnostics for developing
countries», Lecture 4, Université Paris Dauphine, Master PPD M1
2008 - 2009.
Textes réglementaires et
législatifs
Règlement n° 09/2010/CM/UEMOA du 1er
octobre 2010 relatif aux relations financières extérieures des
Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine
(UEMOA).
Règlement n°09/2007/CM/UEMOA du 4 juillet 2007
portant cadre de référence de la politique d'endettement public
et de gestion de la dette publique dans les Etats membres de l'Union Economique
et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).
Loi n° 95-620 du 3 août 1995 portant Code des
Investissements de la République de Côte d'Ivoire.
Références
webographiques
http://www.africa-onweb.com/apex-ci/secteur-prive.htm,
consultation des missions de l'APEX-CI dans le cadre de la mise en oeuvre du
don-projet de la Banque Mondiale dénommé Projet d'Appui à
la Revitalisation et à la gouvernance des Entreprises (PARE/PME).
http://www.doingbusiness.org,
consultation des rapports Doing Business 2009, Doing Business 2010 :
Réformer en période difficile et Doing Business 2011 : Agir pour
les entrepreneurs.
http://www.enterprisesurveys.org,
consultation des résultats détaillés de l'enquête de
la Banque Mondiale sur le secteur privé ivoirien en 2009.
http://www.tresor.gov.ci,
consultation de la situation de la dette publique à fin septembre
2010.
evl.virovl.vl.evvtevl.t des affaires et reLavl.ze
6covl.ovvticit,te post-arise evl. Cate ortvoire
L'Université d'Auvergne et l'Agence
Française de Développement (AFD) n'entendent donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire.
Ces opinions doivent être considérées comme propres
à leur auteur.
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