4.4.2. Modèles prenant en c ompte
l'autodécharge due au processus de
diffusion lié à
l'oxydoréduction
4. 4.2.1. Modèle analytique
Nous avons constaté auparavant que la
décroissance de la tension du supercondensateur pendant
l'autodécharge n'est pas uniquement liée au courant de fuite,
mais aussi au processus de diffusion lié à
l'oxydoréduction. Ce dernier contrôle l'autodécharge durant
les premières heures (de quelques heures à quelques dizaines
d'heures) [116].
Fig. 4-6 : Courbe expérimentale de
l'autodécharge tracée en fonction de la racine carrée
du temps pour le composant BCAP010
Pendant cette phase d'autodécharge du
supercondensateur, la diminution de la tension du supercondensateur peut
être modélisée moyennant certaines hypothèses
simplificatrices par une équation fonction de la tension initiale et de
la racine carrée du temps (cf. eq. 4-4 et fig. 4- 6) [138] :
u t U 0 - m t
( ) 4-4
où,
m est le paramètre de diffusion, qui peut
être calculée par l'équation 4-5 :
C q D
m R 0
= 4-5
C1 2
D est le coefficient de diffusion des ions dans
l'électrolyte,
C12 est la capacité surfacique des deux doubles
couches (positive et négative) du supercondensateur,
CR0 est la concentration initiale des espèces
ioniques à l'interface électrode - électrolyte, q
est la charge portée à la surface du charbon par ion.
Par exemple, pour le composant BCAP010 m = 7 mV/
s1/2.
L'équation 4-4 décrit l'autodécharge du
processus de diffusion lié à l'oxydoréduction pendant les
premières heures, où le courant de fuite est faible et peut
être négligeable [144]. La simulation complète de
l'autodécharge consiste à associer les deux modèles : le
modèle de courant de fuite et le modèle analytique de
l'autodécharge due au processus de diffusion lié à
l'oxydoréduction. Comme le montre la figure 4-7, il existe une faible
erreur entre les résultats expérimentaux et la simulation. En
effet, ce modèle est capable de modéliser parfaitement
l'évolution de l'autodécharge du processus de diffusion
lié à l'oxydoréduction avec le temps (erreur relative
moyenne de 0,3%). Cependant, la difficulté de la construction du
modèle est que les paramètres physiques requis pour calculer le
paramètre de diffusion m, notamment CR0, sont
difficile à déterminer. Par ailleurs, ce modèle ne peut
pas être représenté par un circuit électrique
équivalent.
Fig. 4-7 : Comparaison du modèl analytique avec
l'expérimental
e
4.4.2.2. Circuit série
Puisque le modèle analytique est difficile à
ablir et limité par la quantité d'impuretés, un
ét
autre modèle est utilisable. Il se présente par
deux circuit s RC en série modélisant les deux
phénomènes de l'autodécharge (cf. fig. 4-8) [145]. La
capacité totale du supercondensateur C1 est divisée en
deux c apacités en série Cfs
et Crs.
u
R1
Cfs
R2
Crs C2
Fig. 4-8 : Circuit électrique équivalent
du supercondensateur prenant en compte l'autodécharge ; le courant de
fuite par Rfs et
Cfs, l'autodécharge du processus de diffusion lié
à l'oxydoréduction par Rrs et
Crs
Pour identifier les nouveaux éléments du
circuit électrique Rfs, Rrs, Cfs
et Crs, nous supposons que la courbe de la
décroissance de la tension du supercondensateur u(t) est
composée de deux exponentielles superposées avec deux constantes
du temps différentes (cf. éq. 4-6). La première uf(t)
représente l'autodécharge du courant de fuite et la
deuxième ur(t) (r pour redox) représente
l'autodécharge du processus de diffusion lié à
l'oxydoréduction. Cette dernière peut être
déterminée par la différence de la courbe
expérimentale de l'autodécharge avec
l'exponentielle liée au courant de fuite (cf. fig.4-9).
Nous pouvons donc écrire :
u t u
( ) ( ) ( )
= t u t
+
f r
- t t 4-6
-
u t
( )
Ue
f 0
ô f + Ur 0 e
ôr
où,
Uf0 est la tension initiale de l'autodécharge du
courant de fuite,
Ur0 est la tension initiale de l'autodécharge
du processus de diffusion lié à l'oxydoréduction. Les deux
tensions initiales sont déterminées à partir des
résultats expérimentaux, comme illustré sur les figures
4-9.
ôr est la constante de temps de
l'exponentielle représentant l'autodécharge du processus de
diffusion lié à l'oxydoréduction, elle est
déterminée à partir des résultats
expérimentaux. Le calcul de la deuxième constante de temps
ôf est déjà présenté dans le
paragraphe 4.4.1.
Uf0
Ur0
Fig. 4-9 : Courbe des exponentielles du courant de
fuite et de l'autodécharge du processus de diffusion lié
à l'oxydoréduction
L'identification des deux capacités
Cfs et Crs est basée
sur l'hypothèse simplificatrice suivante : pendant la charge du
supercondensateur le circuit électrique équivalent
schématisé sur la figure 4-8 peut être réduit
à deux condensateurs en série Cfs
et Crs avec la résistance R1 (c f.
fig. 4-10). Cette simplification est possible car les autres branches du
circuit ont une constante de temps très élevé par rapport
à celle de ce circuit. Ceci permet d'appliquer la loi de conservation de
la charge : la charge totale stockée dans deux condensateurs en
série est égale à la charge stockée dans chacun.
u
R
1
Cfs
Crs
Fig. 4-10 : Circuit équivalent du
supercondensateur pendant la charge
Ceci nous permet d'écrire l'équation suivante :
U 0
C = C 4-7
fs 1 U f 0
avec C1, capacité totale (équivalent
à Cfs en série avec Crs)
Ainsi, la valeur de la résistance de fuite peut
être calculée par la relation ci-dessous :
ô f
R = 4-8
fs C
fs
Les paramètres de l'autodécharge du processus de
diffusion lié à l'oxydoréduction sont calculés par
la même méthode comme le montre les équations suivantes
:
U0
C = C 4-9
rs 1 U r 0
ô r
R = 4-10
rs C
rs
Dans le tableau ci-dessous nous présentons les valeurs
des éléments du circuit série de l'autodécharge
pour le supercondensateur BCAP010.
Cfs (kF)
|
Crs (kF)
|
Rfs (k?)
|
Rrs (?)
|
3,41
|
50
|
1,16
|
0,21
|
|
Tab. 4-1 : Eléments du circuit série de
l'autodécharge du supercondensateur BCAP010
La comparaison des résultats expérimentaux avec
la simulation est illustrée par la figure cidessous (cf. fig. 4-11).
Nous constatons qu'il existe qu'une très légère
différence entre la simulation du circuit série et la courbe
expérimentale (erreur relative moyenne de 1,5%). La modélisation
de l'autodécharge par un circuit électrique améliore
nettement la simulation de l'autodécharge par rapport au modèle
du courant de fuite. Cependant, l'erreur est légèrement
supérieure à celle trouvée avec le modèle
analytique notamment pendant les premières heures de
l'autodécharge.
Le circuit série est un concept simple et assez facile
à mettre en place par rapport au modèle analytique. Son
intégration dans un logiciel de circuit électrique est
aisée. Cependant, à partir du tableau 4-1, nous observons que les
capacités Cfs et Crs
possèdent des valeurs très élevées non
représentatives du fonctionnement physique du composant.
Fig. 4-11 : Comparaison du modèle du circuit
série avec un essai expérimental
4.4.2.3. Circuit parallèle
Nous avons montré précédemment que la
représentation de l'autodécharge par un circuit série
engendre des valeurs élevées non représentatives des deux
capacités Cfs et Crs.
Établir un nouveau modèle de l'autodécharge
représentant mieux les mécanismes physiques qu'elle engendre est
donc souhaitable.
Nous proposons de modéliser l'autodécharge par
une résistance Rf en parallèle avec la capacité
totale du superc ondensateur C1 pour le courant de fuite
intrinsèque à celle-ci et une capacité
Crp en série avec une rési stance R
rp pour l'autodécharge due au processus de diffusion
lié à l'oxydoréduction, comme schématisé sur
la figure 4-12. Ce circuit n'est qu'une extension de celui montré sur la
figure 4-3 en ajoutant une branche RrpCrp. De ce fait, la
résistance de fu e Rf peut être calculée comme
montré dans le paragraphe 4.4.1. Ainsi sa valeur reste
it
inchangée.
u
Rf
Rrp
Crp
R1 R2
C1 C2
Fig. 4-12 : Circuit équivalent du
supercondensateur avec le circuit parallèle de
l'autodécharge
Pour identifier les deux nouveaux éléments
Rrp et Crp du circuit, nous
simplifions le circuit équivalent ci-dessus à partir du
comportement temporel du supercondensateur durant l'autodécharge :
· A l'instant zéro, au moment de l'arrêt du
courant de charge, le circuit peut être simplifié par le
schéma suivant :
U0
C1
Fig. 4-13 : Circuit équivalent de
supercondensateur à l'état initial (fin de charge à une
tension constante)
Dans ce cas, la charge initiale Q0 emmagasinée
dans la capacité C1 peut être calculée par la
formule suivante :
Q0 = C1.
U0 4-11
· Après l'état initial, la différence
des tensions des deux capacités C et C , due
à
1 rp
l'accumulation de charge près des interfaces des
électrodes-électrolyte, conduit à diffuser une partie de
la charge stockée Q0 dans la double couche
(représentée par C1) vers les interfaces
électrodes-électrolyte (représentées par
Crp). Le circuit à considérer est celui de la
figure 4-14, bien entendu en négligeant l'effet du courant de fuite.
Rrp
Uc1=U0
Crp
UCrp = 0
U0
C1
Fig. 4-14 : Répartition des tensions des
éléments du circuit à l'état initial
· A la fin de la période
d'autodécharge par processus de diffusion lié à
l'oxydoréduction, le courant de diffusion s'annule, les tensions des
deux capacités C1 et Crp sont égales
et valent la tension aux bornes du supercondensateur Urf.
La charge totale Qr stockée est égale la
charge initiale Q0.
Rrp
Uc1 =Urf
Crp
UCrp =Urf
Urf
C1
Fig. 4-15 : Répartition des tensions sur les
éléments du circuit à la fin de la phase du processus
de diffusion lié à l'oxydoréduction
Nous pouvons donc écrire les équations suivantes
:
Qr = Q0 = U0 .
C1( U 0) 4-12
Q r = Urf.( C1 (Urf
)+Crp) 4-13
où,
Urf est la tension aux bornes du supercondensateur
à la fin de la période de l'autodécharge du processus de
diffusion lié à l'oxydoréduction.
Nous pouvons donc écrire :
C1 ( U0).
U0 -C1 ( U,f )
Urf )
C = 4-14
rp
Urf
Par ailleurs, à partir de la figure ci-dessous (cf. fig.
4-16), nous pouvons écrire les équations suivantes :
u ( t ) = i (t ) .R
rp + u crp (t)
du t
( ) 4-15
rp du t
( )
i t C
( ) = = - 1
C
rp
dt dt
u(t)
C1
uc1(t)
Crp
Rrp
i (t)
uCrp(t)
Fig. 4-16 : Circuit équivalent du
supercondensateur lors de l'autodécharge du processu s de diffusion
lié à l'oxydoréduction
D'où, nous pouvons déduire l'équation
différentielle suivante :
d u t C + C rp du t
2 ( ) 1 ( )
C R = 0 4-16
1 rp dt 2 + C dt
rp
La résolution de cette équation avec la condition
initiale présentée précédemment permet de
calculer la tension instantanée aux bornes
du supercondensateur pendant la durée de
l'autodécharge par processus de diffusion lié
à l'oxydoréduction par la fonction exponentielle suivante :
??
u t U
( ) 0 exp ??- t
= 4-17
? r ?
ô
avec,
U0 la tension initiale aux bornes du
supercondensateur,
Tr la constante du temps de la
charge de la capacité Crp, qui peut être
calculée par l'équation suivante :
C C R 1
rp rp
4. Etude, caractérisation et modélisation de
l'autodécharge des supercondensateurs
ô = 4-18
r C C
+
1 rp
En supposant que la capacité C1
>>Crp la constante du temps peut être donc
réduite comme suit :
ô r = C rp R rp
4-19
La résistance Rrp, qui
représente l'évolution des réactions faradiques aux
interfaces électrodesélectrolyte, peut être calculée
par l'équation suivante :
ô r
R = 4-20
rp C
rp
Crp (kF)
|
Rrp (?)
|
Rf (k?)
|
0,2
|
85
|
1,34
|
|
Tab. 4-2 : Valeurs des éléments du circuit
parallèle de l'autod arge
éch
pour le supercondensateur BCAP010
La comparaison entre la simulation des modèles
réalisés avec les résultats expérimentaux,
effectuée sur la figure 4-17, montre que le modèle du circuit
parallèle est aussi précis que les autres modèles :
analytique et circuit série (erreur relative moyenne de 1,2%).
Fig. 4-17 : Comparaison de la simulation du circuit
parallèle de l'autodécharge avec la courbe
expérimentale et les autres modèles
réalisés
En fait, la valeur de la résistance
Rrp peut augmenter avec le temps ainsi que la
résistance de fuite Rf, selon l'état thermodynamique de
supercondensateur, ralentissant ainsi la charge dans
la capacité Crp. Malgré cela,
ce modèle montre qu'une partie de la charge de la capacité
Crp peut se décharger dans la résistance de fuite
Rf en tenant compte de l'effet de navette.
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