La température due à l'autoéchauffement
est une grandeur importante dans un supercondensateur, elle est à
l'origine du vieillissement. L'objectif de cette partie est de présenter
une étude simple de l'origine de l'autoéchauffement et une
modélisation simplifiée du comportement thermique.
3.4.4.1. Source de chaleur
Nous pouvons constater dans un supercondensateur que la
production de chaleur est la superposition de générations
irréversible et réversible de chaleur [96, 123, 124].
3.4.4.1.1. Génération de chaleur
irréversible
La génération irréversible de chaleur,
due à l'effet Joule, est la puissance dissipée dans les
résistances ohmiques. La puissance dissipée peut être
estimée pour une fréquence donnée à partir du
modèle à simple pore (cf. eq. 3-42) en considérant
Ieff courant efficace dans le composant.
P th = ESR . Ieff
23-42
3.4.4.1.2. Génération de chaleur
réversible
Trois causes pour une génération de chaleur
réversible sont possibles : des réactions chimiques
d'oxydoréduction, l'effet Peltier et la variation de l'entropie
[123-126]. L'autoéchauffement lié aux réactions
d'oxydoréduction est dépendant de la tension. Les ions dans
l'électrolyte d'une double couche sont organisés par le champ
électrique pendant la charge
et se répandent à nouveau pendant la
décharge : l'entropie peut être interprétée comme
une mesure d'agitation. L'effet de Peltier pour les contacts entre l'aluminium
et le charbon se traduit par une variation de température de quelques
uK, qui est proportionnelle au courant appliqué. Ce dernier dans un
supercondensateur à base de charbon et électrolyte organique peut
être négligé [123, 124].
3.4.4.2. Impédance thermique
Fondamentalement, la propagation de la chaleur issue d'un
composant peut s'effectuer de trois manières : par conduction, par
convection, et par radiation [20, 123, 124].
Le circuit équivalent de l'impédance de
diffusion de la chaleur se base sur la théorie des lignes de
transmission [20, 127]. Il décrit correctement la distribution de la
température interne du système et permet une corrélation
claire entre éléments équivalents et
éléments physiques. Il existe d'autres réseaux capables de
décrire correctement le comportement thermique et plus facile à
identifier mais la structure interne du réseau n'a pas de correspondance
physique évidente [128, 127]. La figure 3-79 montre le circuit
équivalent considéré.
![](Etude-et-modelisation-des-supercondensateurs107.png)
Pth
è1 è2
Rth1 Rth2 èn
Cth 1 Cth2 Cthn
Rthn
è 0
Fig. 3-79 : Modèle thermique du
supercondensateur à base de ligne de transmission
Il est clair, que l'identification de tous ces
éléments par des mesures de température diverses à
la surface et à l'intérieur du composant n'est pas envisageable.
Le modèle équivalent devrait alors être simplifié
pour obtenir un modèle identifiable. Le modèle simplifié
proposé est basé sur l'hypothèse simplificatrice suivante
: la température aux bornes et au coeur du supercondensateur est
identique en régime permanent [129].
La température des bornes peut représenter la
température à l'intérieur du supercondensateur car elles
sont reliées directement aux collecteurs de courant en aluminium de
conductivité thermique élevée. Des mesures ont
été effectuées par l'Institut Paul Scherrer pour Maxwell
en plaçant un thermocouple au centre du supercondensateur et un autre
sur la borne positive. Les ré sultats ont montré que ces deux
températures étaient pratiquement identiques [20].
La figure 3-80 représente un modèle thermique
simplifié composé de deux constantes de temps. Ce modèle
considère les températures du boîtier et des bornes
[130].
Le flux thermique Pth représente
la puissance provenant de l'effet Joule en négligeant la source de
chaleur réversible. La source de chaleur réversible peut
être négligée pour une simple modélisation d'un
supercondensateur, car sa constante de temps thermique est très
supérieure aux périodes de charge/décharge [35, 131]. Ce
flux de chaleur s'écoule dans les résistances thermiques
Rth1 et Rth2 (en °C/W)
et les capacités Cth1 et
Cth2 (en J/°C) pour provoquer la chute de la température
Äè (en °C) sur le composant. La température ambiante
èo est assimilée, dans le circuit
équivalent, à une source de tension constante.
![](Etude-et-modelisation-des-supercondensateurs108.png)
Cth1 Cth2
Pth
Rth2
Coeur (bornes) èc Rth1 èb
Boîtier
è0
Fig. 3-80 : Modèle thermique simplifié du
supercondensateur
L'impédance thermique peut être écrite par
la relation suivante à partir du circuit équivalent :
Z = R C + R
th ( ( th 2 // th 2 ) th 1 )
// th 1
C3-43
Avec le formalisme en p (variable de Laplace)
Zth peut exprimée ainsi :
1 + R th 1
R th 1
ô . p 1 + ô .
th 2 th 2
p
ô 2th p )
Z = ( R R
+
th th 1 th 2
3-44
)
1+
R R
+ R R
+
th 1 th 2 th 1 th 2
? ( R R
ô + ô +
1 p + ô ô
2 p R C p
2 1 1 2 p
th th th th th th
+ )
p
2 th 1 th 2 (1 + ô )(1
1 p +
th
avec
ô th 1
)C th 1 3-45
= ( R R
+
th 1 th 2
ô =
th 2 ( 2 ) 2
R C
th th
L'expression 3-44 utilise l'hypothèse simplificatrice que
la constante de temps thermique ôth2 est très grande par rapport
à ôth1 [132].
La montée en température entre le coeur (bornes)
du composant et l'ambiance est donc :
Äèc = P thZ th
3-46
L'évolution temporelle de la température du coeur
du composant est alors gouvernée par cette expression :
? ? t ? ? ? t ? ? ?
?-
Ä ( )
t P R
= 1 exp ?-
è ?
th ? ? - ? ? ?? +
R ? 1 exp
- ? ? ?? 3-47
1
c th th 2
? ? ? ? ô 1 ? ? ? ? ô2 ? ? ? ?
L'évolution de la température sur le
boîtier, quant à elle, est donnée comme suit :
![](Etude-et-modelisation-des-supercondensateurs109.png)
? t ? t
1
- ??- + ?-
ô
Ä è t P th R th
= ? ? exp
b ( ) 2 1 exp ?
? ? ô2 ? ô 2 ? ô 1
? ?
?? 3-48
? ?
3.4.4.3. Réponse thermique du
supercondensateur
3.4.4.3.1. Outil de mesure
La mesure de la température sur la surface du
supercondensateur a été effectuée à l'aide de
thermocouples de type K liés au système d'acquisition multivoies
de National Instrument (NI 9211). Les caractéristiques techniques du
système d'acquisition sont données dans l'annexe D. Ce
système est programmé sous le logiciel LabView. L'acquisition de
données est effectuée en temps réel.
Nous présentons sur la figure 3-81 la position des
cinq thermocouples employés pour la mesure. Sur un composant BCAP010,
trois sont collés sur l'extérieur du boîtier et deux sur
les bornes. Un sixième thermocouple pour la température ambiante
de la salle de manipulation est loin du composant (sachant que la convection
est naturelle et que la salle climatisée est à 25 °C).
![](Etude-et-modelisation-des-supercondensateurs110.png)
Fig. 3-81 : Position des thermocouples sur le
supercondensateur
3.4.4.3.2. Essai expérimental
Le dispositi
f expérimental employé pour effectuer
la charge/décharge est un banc Arbin (cf. annexe E)
permettant d'effectuer des charges décharges à courant constant,
puissance constante, ...
Le comportement thermique pendant la charge
(exothermique) est différent de celui pendant la
décharge (exothermique et endothermique). Afin de mesurer la
température aussi précisément que
possible, des pauses ont été ajoutées après chaque
étape.
Nous avons chargé et déchargé le
supercondensateur par à courant constant de 100 A avec un rapport
cyclique de 0,83 à partir d'une tension initiale de UN/2
un
pendant
peu plus d'une heure. Ensuite, nous l'avons
laissé se refroidir. Le profil du courant est montré sur la
figure 3- 82-a et l'évolution de la tension aux bornes du
supercondensateur pendant l'essai expérimental
sur la figure 3-82-b.
![](Etude-et-modelisation-des-supercondensateurs111.png)
Fig. 3-82 : Evolution de la tension aux bornes du
supercondensateur durant l'essai thermique
La réponse thermique du supercondensateur
présentée sur la figure 3-83 montre les
différente s températures dans le supercondensateur en
fonction de tem
ps. La température aux
bornes du supercondensateur est supérieure aux
autres. Les te
mpératures mesurées à
différentes positions du boîtier sont
pratiquement les mêmes. Les résultats de la fi
gure
montrent que le régime permanent est
atteint au bout d'une heure environ.
![](Etude-et-modelisation-des-supercondensateurs112.png)
Fig. 3-83 : Evolution des températures du
supercondensateur pour le profil présenté
3.4.4.3.3. Simulation et validation du modèle
thermique
Les résultats expérimentaux montrés sur
la figure 3-83 nous permettent de déterminer les éléments
du modèle établi sur la figure 3-80. En régime permanant
les résistances thermiques peuvent être e stimées par la
puissance dissipée et l'augmentation des températures (cf. eq. 3-
49 ).
Äè Ä è
b c
R 2 = , R R
+ = 3-49
th th 1 th 2
P P
th th
Les capacités thermiques peuvent être
calculées à partir des constantes de temps
déterminées par un logiciel de "fitting" avec une erreur de moins
de 1% (cf. eq. 3-50).
![](Etude-et-modelisation-des-supercondensateurs113.png)
1
ô
th
1
Cth
3-50
R R
+
th 1 th 2
ô th 2
Rth 2
Cth
2
Ces éléments sont présentés dans le
tableau 3-15 ci-dessous.