2.3. Evolution de la fertilité physique des
sols.
On vérifie ici si les observations effectuées
sur les plantes (enroulement des feuilles) et sur les sols (écoulements
préférentiels) correspondent à des problèmes
d'infiltration d'eau dans le sol. La première cause possible peut
être les modifications des débits d'entrée de la STEP.
Ceux-ci ont provoqué une modification observée de la
qualité biologique des eaux (plancton). Cette modification de
qualité peut provoquer une diminution de l'infiltration par le colmatage
du sol.
On décide en conséquence d'effectuer des mesures
du temps d'infiltration sur un système contrôlé,
sans végétation. D'autre part, pour déterminer si les
variations de croissance mesurées sur la végétation
dans la zone C sont dues à des problèmes
d'alimentation hydriques des plantes, on effectue des mesures du temps
d'infiltration sur le site expérimental en septembre 1993. Deux
réponses sont attendues. La première devrait permettre de
connaître l'influence de la qualité des eaux sur le temps
d'infiltration. La seconde doit faciliter la compréhension de la
relation entre la typologie des sols et le temps d'infiltration.
Expérimentation sur un milieu
contrôlé.
Les caractéristiques de ce milieu ont fait l'objet d'un
travail de diplôme E.P.F.L. (Rudig, 1992). Dans ce travail
l'infiltrabilité moyenne mesurée est de 1x10-5 m/s.
Rudig note l'influence de la mise en eau initiale du dispositif. Ce
phénomène est à prendre en compte pour l'analyse des
mesures qui suivent. L'influence des pluies dans cette expérience
provoque une modification brutale des temps d'infiltration mesurés.
On procède à des mesures du temps d'infiltration de
quatre types d'eaux différents.
Il s'agit des eaux provenant des bassins de maturation du
lagunage et du lit bactérien d'une part, d'eaux du réseau de la
ville et du premier bassin de maturation de la filière lagunage d'autre
part.
Les caractéristiques générales des deux
premières sont connues. Les deux autres sont utilisées à
titre de référentiel. Dans ce cas, c'est le taux de
matières en suspension qui fait référence. Les eaux
provenant du réseau d'eau potable sont considérées comme
très faiblement chargées en matières en suspension, alors
qu'à l'opposé, les eaux du premier bassin de la filière
lagunage en sont fortement pourvues (MES >10 mg/l, Roduit, 1993).
L'expérience débute en mars 1993. Un seau de 15
litres est versé chaque jour dans un carré de 50 cm de
côté. On mesure le temps d'infiltration.
Tableau 1: Résultats des mesures du temps
d'infiltration sur milieu contrôlé.
Mois
|
Lagunage (1er bassin)
|
Lit bactérien
|
Lagunage (2ème bassin)
|
Eaux du réseau
|
Mars
|
28 mn
|
|
14 mn
|
36 mn
|
Avril
|
55mn
|
53 mn
|
39 mn
|
98 mn
|
Mai
|
111 mn
|
35 mn
|
94 mn
|
178 mn
|
Juillet
|
93 mn
|
166 mn
|
313 mn
|
962 mn
|
Août
|
103 mn
|
149 mn
|
214 mn
|
959 mn
|
Septembre
|
50 mn
|
101 mn
|
190 mn
|
772 mn
|
Octobre
|
45 mn
|
75 mn
|
408 mn
|
474 mn
|
Novembre
|
40 mn
|
86 mn
|
471 mn
|
563 mn
|
Décembre
|
38 mn
|
88 mn
|
407 mn
|
444 mn
|
Janvier
|
35 mn
|
101 mn
|
340 mn
|
439 mn
|
Février
|
35 mn
|
87 mn
|
314 mn
|
443 mn
|
A partir du mois de mai commence la saison des pluies. Au mois
de juin, on observe sur le carré de l'essai lit bactérien la
formation d'une croûte de surface composée d'algues (cf. photo).
Sur le carré de l'essai eau du réseau la surface du sol ressemble
à de la terre cuite. En saison des pluies le carré des eaux de
lagunage est le seul fréquenté par des chilopodes de couleur
orange (cf. photo).
Graphique 1: Mesures du temps d'infiltration (mn) sur le
système contrôlé (Sud STEP).
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1000
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 1 2 3 4 5 6 7 8 9
10 11 1 2 lagunage lit bactérien premier bassin
Temps d'infiltration (mn) moyennes mensuelles
du premier mois d'expérimentation (mars 93) au 11eme
(février 94)
Les écarts types diminuent progressivement pour les
eaux du lit bactérien et celles du premier bassin de lagunage alors
qu'ils restent importants pour les deux autres types d'eaux.
L'expérience a duré 11 mois, de mars 1993 à février
1994. Il apparaît une différenciation entre les différents
types d'eau.
On notera qu'en fin d'expérimentation les analyses
chimiques du sol donnent les résultats suivants:
Tableau 2 : Analyses chimiques (cations
échangeables) effectuées en fin d'expérimentation.
Type d'eau
|
Mg (meq/100g)
|
Ca (meq/100g)
|
K (meq/100g)
|
Na (meq/100g)
|
S (meq/100g)
|
Lit bactérien
|
1.24
|
4.19
|
0.28
|
0.31
|
6
|
Lagunage
|
1.33
|
4.59
|
0.34
|
0.28
|
6.55
|
Réseau
|
1.26
|
3.99
|
0.25
|
0.16
|
5.7
|
Premier bassin
|
1.2
|
3.41
|
0.29
|
0.3
|
5.2
|
Tableau 3: Proportion de carbone et d'azote dans les sols.
Teneur en substances humiques (essai en milieu contrôlé).
Type d'eau
|
Azote %o
|
Carbone
%
|
Substances humiques (mgC/g de sol)
|
Lagunage
|
0.08
|
0.76
|
1,5
|
Lit bactérien
|
0.08
|
0.81
|
1.80
|
Réseau
|
0.07
|
0.69
|
1
|
Premier bassin
|
0.05
|
0.46
|
0.6
|
Tableau 4: Dénombrements d'animaux pour chaque
essai.
Type d'eau
|
Nombre d'animaux Nombre de lombrics
|
Lagunage
|
1700
|
13
|
Lit bactérien
|
échantillon d'animaux renversé
|
27
|
Réseau
|
800
|
1
|
Premier bassin
|
700
|
0
|
Il y a une influence de la qualité des eaux sur
l'infiltration.
L'observation de la surface des carrés sur lesquels cette
expérimentation s'est effectuée montre que les eaux potables du
réseau provoquent une destructuration rapide de la surface du sol.
Malgré la perte de données pour le lit
bactérien, on a constaté sur la surface du sol la formation d'une
croûte d'algues. L'observation de la présence d'animaux y est
attestée en surface par les chilopodes et en profondeur par les
lombrics. On considère que la croûte d'algues permet le maintien
de la structure du sol.
L'eau du premier bassin est fortement chargée en
matières en suspension. Il n'y a pas de colmatage des sols par ces
matières en suspension. Aucune structure particulière n'est
visible à la surface du sol
Dans le cas du lagunage, on constate que malgré des
effectifs de lombrics supérieurs à ceux observés pour les
eaux du réseau, le temps d'infiltration reste important. On suppose que
ce phénomène est dû à un colmatage du sol par des
algues spécifiques (Errerella sp.) trouvées dans ce type
d'effluent.
Mesures du temps d'infiltration sur le site de
R.E.U..
Sur le terrain, en septembre 1993, on enregistre les
données suivantes en procédant au même type de mesures.
Tableau 5: Mesures du temps d'infiltration sur le site
expérimental.
Type d'eau
|
Temps d'infiltration (en minutes)
|
Barrage
|
76 mn écart type 39 mn
|
Lagunage
|
40 mn écart type 39 mn
|
Lit bactérien
|
25 mn écart type 20 mn
|
Pluie
|
10 mn écart type 6 mn
|
Tableau 6: Synthèse des résultats
statistiques.
Lieu de mesure
|
Différence entre types d'eau
|
Observations
|
Nord de la STEP
|
Temps d'infiltration 1er bassin et lit bactérien <
réseau et lagunage. Les différences entre traitements sont de
plus de 100%
|
L'arrivée des pluies modifie fortement les distributions
qui sont Log normale pendant les deux premiers mois.
|
Site expérimental
|
Significative Pluie<traités<
barrage
|
Distribution Log normales 36 échantillons
|
L'ensemble de ces mesures indique une influence de la
qualité des eaux sur les temps d'infiltration.
La mesure sur le site expérimental montre la forte
influence des différents modes de gestion de la fertilité. Le
système naturel est caractérisé par des temps
d'infiltration extrêmement bas comparé aux systèmes
cultivés.
Les eaux usées permettent seulement de ralentir les
processus qui conduisent à une augmentation des temps
d'infiltrations.
|