1.3. Conditions expérimentales
particulières.
La définition du concept de milieu dans le cadre de ce
travail a été précisée dans la première
partie. Le site expérimental est considéré comme une
station dont nous allons renforcer les particularités.
Cette station doit être représentative des
techniques culturales en usage du point de vue des travaux du sol et de la
végétation cultivée. Elle doit également disposer
de caractéristiques écologiques qui lui permettent de remplir sa
double fonction (milieu naturel et milieu cultivé) pour la
vérification de la troisième hypothèse. Nous avons ainsi
à prévoir les conditions de réalisation les plus
adaptées pour vérifier nos hypothèses. Voici les
aménagements prévus dans le protocole expérimental.
Les agriculteurs qui pratiqueront la réutilisation des
eaux usées sur le site devront respecter deux impératifs qui
garantissent la qualité des analyses. Ces impératifs sont
l'interdiction d'utiliser des fertilisants de complément et le respect
de la mise en défens des friches.
La capacité de régénération du
milieu dépend de la possibilité de développement
spontané du couvert végétal. La présence d'animaux
dans le sol dépend non seulement de ce couvert végétal
(ligneux ou herbacé) mais également des travaux culturaux
effectués avant l'expérimentation. La présence d'arbres
qui servent de refuge aux populations animales est l'un des facteurs de
variation des mesures . Nous ne connaissons pas en détail le
passé cultural du dispositif expérimental. Pour nous assurer la
présence de la faune des sols sur le site, nous préservons le
couvert ligneux existant. Ce couvert constitue une niche écologique qui
permet à certaines espèces de la faune de résister
à la période sèche (Gillon et Gillon, 1979). D'autre part,
le maintien d'espaces interparcellaires en friche va permettre la colonisation
des parcelles cultivées par la faune des sols (Dangerfield, 1990).
1.4. Avantages et limites de la démarche
expérimentale retenue.
En utilisant un dispositif expérimental de type
agronomique, il nous est possible de comparer l'évolution de la
fertilité du milieu avec celle enregistrée dans d'autres sites.
Nous pouvons en conséquence nous permettre d'appliquer les principes
proposés. Cependant, l'utilisation des espaces interparcellaires comme
référentiel naturel comporte des avantages et des
inconvénients. Les avantages ont été
présentés plus haut. Les inconvénients sont les risques
d'effets de bordure, associés à une colonisation du milieu dont
la cause serait l'amélioration des conditions hydriques. L'utilisation
de la faune comme indicateur de la fertilité risque de nous amener
à confondre les causes et les effets (Dunger et Fiedler, 1989).
Admettons que les eaux usées aient une valeur fertilisante basée
uniquement sur leur composition minérale. Dans ce cas, la croissance
végétale s'effectue normalement comme dans des conditions de
cultures hors sol et le développement de la faune suit celui de la
production végétale. Cette dépendance de la faune
vis-à-vis de la production végétale limite la
portée de l'expérimentation. Par la comparaison des
résultats obtenus sur les
parcelles cultivées avec ceux obtenus dans les espaces
interparcellaires, le problème de l'interprétation des
résultats se réduit. Sans connaître le mécanisme qui
permet la conservation de la fertilité du milieu naturel, il nous est
possible de discriminer les mécanismes responsables de chacune des
situations. Ce mode d'expérimentation qui utilise des principes
généraux risque de nous conduire à des situations
imprévisibles et ininterprétables. L'avantage qu'il y a dans les
milieux tropicaux secs est la rapidité de leur réaction à
la mise en culture. Une expérimentation du type de celle que nous
proposons est difficilement envisageable en climat tempéré, les
temps de réaction des systèmes étant infiniment plus
longs. Il existe toutefois un risque de ne pouvoir obtenir de réponse
dans les délais imposés.
L'étude des mécanismes qui orientent le cycle de
la matière organique dans le sol n'a pas été
envisagé pour cette étude. En utilisant le mode de
régénération de la fertilité d'un sol en conditions
naturelles comme critère de référence nous obtenons une
vision globale de l'impact des eaux usées sur le milieu. Cette
perception permet de concilier les besoins de rigueur de l'analyse scientifique
aux réalités locales. A cette fin nous organisons de façon
définitive l'ensemble du site expérimental. Nous préparons
ainsi le site pour qu'après trois saisons des pluies, nous puissions
effectuer un inventaire général de l'évolution des
paramètres. Sur le site, d'autres phénomènes peuvent
être observés.
D'un point de vue sanitaire, par exemple, on s'assure, dans
des conditions d'observations rigoureuses, de la façon dont est
manipulé l'effluent par les agriculteurs. L'eau, même propre, fait
courir de nombreux risques à son utilisateur en climat tropical, ce dont
tout projet d'irrigation doit tenir compte (Birley, 1993). En reproduisant les
conditions réelles, il est possible d'observer les conséquences
de l'aménagement sur des points qui ne sont pas nécessairement
perceptibles lors de l'élaboration d'un projet.
Les options choisies nécessitent un suivi
régulier et quasi permanent, que ce soit pour s'assurer du respect des
conditions imposées ou de la qualité des données
recueillies. Le chercheur se trouve confronté à une situation
dans laquelle il doit maîtriser au mieux les événements
aléatoires puisque ceux-ci sont considérés comme partie
intégrante de l'expérimentation. Ces événements
aléatoires peuvent être d'origine humaine ou naturelle. Le risque
de multiplier les analyses et les paramètres de mesures sans pouvoir en
tirer une interprétation valable existe dans ce type de démarche.
Le choix de paramètres de mesures et de techniques
d'échantillonnages adaptés est l'une des garanties disponibles
pour pallier à ce risque. Le fait de disposer de travaux de
synthèse récents qui traitent de la fertilité des sols
tropicaux en zone semiaride est une autre garantie.
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