INTRODUCTION GENERALE
0.1. PROBLÉMATIQUE DE L'ETUDE
La décennie de quatre-vingt-dix, a été
marquée dans un contexte de la mondialisation libérale par une
réactivation des expériences d'intégration
régionales économiques et de la coopération dans le monde
en développement (Hugon, 2001). L'importance de la coopération et
de l'intégration économique régionale pour
accélérer et renforcer la croissance économique, le
développement économique et social est reconnue depuis longtemps
par les décideurs africains. L'unité, la coopération et
l'intégration de l'Afrique ont été de tout temps, des
objectifs pour des nombreux responsables africains comme Georges Patmore,
W.E.B. Dubois ou Marcus Garvey, ainsi que pour des nationalistes comme Kwane
Nkrumah qui, dans son livre « Africa must unite », préconisait
déjà l'unité africaine.
Ainsi en Afrique, on compte plusieurs Communautés
Economiques Régionales (CER) parmi lesquelles nous pouvons citer :
Communauté pour le Développement de l'Afrique Australe (SADC,
sigle anglais de South African Development Community), Communauté
Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Marché Commun de
l'Afrique Orientale et Australe (COMESA, sigle anglais de Common Market of
Esthern and Southern Africa), etc. De toutes ces CER, " le COMESA est la plus
importante en terme d'intégration des économies d'états
souverains. C'est un espace au développement
hétérogène, avec en son sein 19 Etats souverains, dont la
RDC, avec une superficie totale de 12 millions de km2, une
population de 380 millions d'habitants et un PNB de 190 millions de dollars
américains1.
1 COMESA, Plan stratégique 2007 2010,
Lusaka, 2006, p.9-12
Depuis sa création en 1993, le Marché Commun
d'Afrique Orientale et australe (COMESA) n'a pas ménagé ses
efforts pour progresser afin de faciiter et de promouvoir le commerce entre ses
Etats membres2. Le COMESA vient de lancer une union douanière
(UD) depuis décembre 2008.3 Une UD qui suppose l'application,
par tous les pays membres, d'un tarif extérieur commun (TEC), et la
libre circulation des biens entre ces pays de l'union sans aucun obstacle
interne.4 D'après l'article XXIV du GATT (Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce), on entend par
union douanière la substitution d'un seul territoire douanier à
deux ou plusieurs territoires douaniers, lorsque cette substitution a pour
conséquence :
que les droits de douane et les autres réglementations
commerciales restrictives sont éliminés pour l'essentiel des
échanges commerciaux entre les territoires constitutifs de l'union ;
et que les droits de douane et les autres
réglementations appliqués par chacun des membres de l'union au
commerce avec les territoires qui ne sont pas compris dans celle-ci sont
identiques en substance.
Sur le plan communautaire, le concept d'union douanière
constitue, avec les politiques communes couvrant l'agriculture, le commerce et
les transports, la condition indispensable de la libre circulation des
marchandises, qui est une des quatre libertés sur lesquelles la
Communauté économique européenne est fondée (art. 3
CEE).
L'article 23 (ancien 9) du traité stipule que la
Communauté est fondée sur une union douanière qui
s'étend à l'ensemble des échanges de marchandises, et qui
comporte l'interdiction, entre les Etats membres, des droits de douane à
l'importation et à l'exportation et de toutes taxes d'effet
équivalent, ainsi que l'adoption d'un tarif douanier commun dans les
relations avec les pays tiers5.
2 Burundi, Djibouti, Égypte,
Érythrée, Éthiopie, Kenya, Libye, Madagascar, Malawi,
Maurice, Ouganda, République Démocratique du Congo, Rwanda,
Seychelles, Soudan, Swaziland, Union des Comores, Zambie, Zimbabwe.
3 Nous attendons l'adhésion
définitive de la RDC à cette Union douanière du
COMESA
4 Mark PEARSON, Arrangements commerciaux
régionaux entre le COMESA, l'EAC et la SADC, Lusaka, 10 2008, p.
1
5 L'article XXIV du GATT (Accord général sur
les tarifs douaniers et le commerce), reconnaît la
compatibilité
Au niveau des pays, le problème se rapporte à la
taille des différentes économies. En effet, les pays avec une
base industrielle encore embryonnaire considèrent que l'UD profiterait
aux pays plus industrialisés de façon disproportionnée.
Elle procurerait des bénéfices de loin plus importants aux pays
avec une base industrielle avancée comme le Kenya, le Zimbabwe et
Maurice, leur accordant des parts plus élevées dans les
échanges intra-régionaux. La diversification de l'outil de
production intérieur, particulièrement chez les moins
performants, devrait donc être une condition nécessaire pour une
intégration efficace. Aussi, l'UD pourrait également chez les
plus faibles, provoquer la disparition de leurs industries, moins
compétitives, et la migration de l'investissement vers les pays plus
industrialisés de l'entité régionale, renforçant
ainsi le phénomène de polarisation (négative) de la
structure initiale du développement industriel6. Mais
à l'intérieur du pays, les effets de l'UD ne sont pas non plus
ressentis de la même manière partout. En effet, il a
été démontré que généralement, ce
sont les populations habitant la ville c'est-à-dire les ménages
publics qui tirent le plus profit de la libéralisation du commerce ; les
populations des milieux reculés c'està-dire la population de la
campagne (autres ménages) sont quant à elles à
l'écart de ce processus, et voient même leur niveau de vie se
dégrader, ceci du moins à court terme. Deux raisons principales
expliquent cette situation, à savoir : le caractère traditionnel
du secteur agricole (qui consomme peu d'intrants importables et est peu
orientée vers l'exportation) et une faiblesse de la consommation de
produits importés.
des unions douanières et zones de libre-échange
avec l'Accord général sous certaines conditions : a) l'accord
doit augmenter la liberté du commerce entre les pays participants ; b)
il ne doit pas opposer d'obstacles au commerce avec les pays tiers ; c) il doit
éliminer les restrictions au commerce entre les membres pour l'essentiel
des échanges commerciaux ; d) il doit être notifié à
l'Organisation Mondiale du Commerce en vue de son examen par le comité
des accords commerciaux régionaux ; e) dans le cas d'un accord
provisoire, un plan et un programme pour l'établissement, dans un
délai raisonnable, de l'Union Douanière (U.D en sigle) ou de la
Zone de Libre Echange doivent être prévus (soit dix ans sauf
« cas exceptionnels » selon le mémorandum d'accord sur
l'interprétation de l'article XXIV).
6 Mabushi E., Intégration régionale des petites
économies et perspectives du COMESA, Thèse de doctorat,
Université Catholique de Louvain, présentée le 15/02/05,
p.50.
0.1.1. Questions de recherche
Ce travail s'articule autour de la question centrale suivante
: « Quels sont les enjeux que la RDC pourrait retirer de son
adhésion à l'UD du COMESA ? »
De cette question centrale nous dérivons les sous
questions suivantes :
1. Quel serrait l'impact de cette UD sur l'économie
congolaise, plus précisément sur les activités de
production et la demande intérieure des biens ?
2. Comment prévoir et serraient ressentis ces effets par
les ménages congolais selon le milieu de résidence?
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