Le web documentaire : création d'une société de production( Télécharger le fichier original )par Gwénaëlle Barzic, Sophie Léron, Ludovic F Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2 D2A Droit, économie et gestion de l'audiovisuel 2010 |
c) Nécessaire collaboration entre les auteurs et les professionnels du webCette deuxième catégorie de sujets est beaucoup plus homogène que la première mais aussi beaucoup moins fournie. Au total, seulement une demi-douzaine des productions recensées dans notre typologie correspondent à ce type de narration. L'élaboration d'un récit interactif demande souvent plus de travail qu'un dossier multimédia mais aussi un budget plus conséquent : 65 000 euros pour « The Big Issue, l'Obésité est-elle une fatalité ?33", 50 000 euros pour « Le Challenge " contre 30 000 euros pour « Le corps incarcéré " par exemple. Autres caractéristiques de ces web documentaires, ils sont souvent plus longs que les visuels interactifs (plus de 30 minutes en moyenne) et le support vidéo est davantage présent. Surtout, ils nécessitent un travail important en terme d'interactivité : choix de l'interface, des modes de parcours de l'internaute, liens, graphisme, base de données . .« Le principe de l'interactivité, inspiré du jeu vidéo, nécessite l'écriture d'un synopsis extrêmement précis. Un vrai casse-tête ! Car mon matériau, c'est le réel. Il faut donc faire preuve d'imagination sans pour autant le trahir ", explique Laetitita Moreau34, l'auteur de « Le Challenge ", sa première expérience dans le web documentaire après la réalisation de plusieurs documentaires « traditionnels ". Pour « Voyage au bout du charbon ", les auteurs ont mené une réflexion approfondie sur l'interface avec la société de production Honkytonk et l'agence web 31 Septembre, qui ont depuis fusionné. Plusieurs tests ont été effectués pour aboutir à la réalisation d'une maquette. Cette collaboration nécessaire avec les professionnels du web n'est pas toujours évidente, comme l'explique Samuel Bollendorff à propos de son travail sur « Voyage au bout du charbon " avec un développeur35. « C'est compliqué parce que ce n'est pas du tout la même culture. (...) Il était tres sympa et tres performant mais le problème c'est qu'il faisait du code. Donc moi, à chaque fois que je disais : cette image on pourrait l'afficher 32 http://www.dailymotion.com/video/xc0dia doc-on-web creation#from=embed?start=2 33 http://www.curiosphere.tv/ressource/22876-lobesite-est-elle-une-fatalite 34 Interview dans Télérama, 22 février 2010 35 Samuel Bollendorff, Op. Cit. une seconde de plus, lui passait 15 minutes à une demi-heure de transcription. C'était extrêmement chronophage ". d) La marque de fabrique HonkytonkSur la demi-douzaine de web documentaires que nous avons rangés dans cette catégorie, la plupart ont été produits par la société Honkytonk, dont c'est devenu en quelque sorte « la marque de fabrique ». La jeune société s'est spécialisée depuis deux ans et demi dans le web documentaire avec pour objectif d'écrire des « histoires interactives " qui tirent parti de toutes les potentialités de visionnage sur le web. Dans « Le Challenge ", « Voyage au bout du charbon " ou « The Big Issue : l'Obésité est-elle une fatalité ", les récits empruntent des formes différentes - enquête journalistique pour le premier, reportage dans le deuxième et documentaire pédagogique pour le dernier - mais ils pourraient tous se résumer ainsi « L'Aventure dont vous êtes le héros ". Au-delà de la narration, les trois web documentaires comportent de nombreuses similitudes en terme d'interface graphique, de modes de navigation, de liens. De « Big Issue " à « Le Challenge ", on retrouve des formats de questions identiques et les mêmes interviews de témoins parfois représentés par des photos fixes36. Il y a donc un « format Honkytonk » qui constitue d'un début d'industrialisation de la production et permet notamment de réduire les coüts de développement sur l'interface, ce qui n'empêche par la société de produire d'autres projets comme des visuels interactifs à l'image de « iROCK". |
|