Le web documentaire : création d'une société de production( Télécharger le fichier original )par Gwénaëlle Barzic, Sophie Léron, Ludovic F Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2 D2A Droit, économie et gestion de l'audiovisuel 2010 |
b) Une diversité d'approches et de manières de faireNe nous y trompons pas, cette catégorie ne renferme pas des web documentaires qui se ressemblent forcément. Leur point commun réside dans ce qu'ils proposent à l'internaute dans son rapport à ce type de contenus. La catégorie « visuel interactif » ne suppose d'ailleurs pas non plus le choix d'un média dominant particulier. Certains sont plus basés sur de la photographie et du son comme « Le Corps incarcéré » quand d'autres se concentrent beaucoup plus sur de courtes vidéos comme « La crise du lait " ou « Haïti, la vie au milieu des ruines ». Et l'intérêt pour l'auteur réside souvent dans le choix du contenu le plus pertinent. Il est à noter, dans de nombreuses interviews d'auteurs, l'importance consacrée au son qui permet de créer un univers ou de mettre en exergue une parole. Car l'internaute est, comme nous l'a rappelé Thierry Caron, captif. Il est devant un écran et choisit d'entrer au moment qu'il veut dans le web documentaire. Pour l'auteur c'est sans nul doute une chance incroyable. Mais, comme à ce stade, rien n'est acquis, tout est mouvant, le public « est tellement impalpable qu'il n'y a pas de regles17 ". De la même manière, chaque web documentaire est un objet multimédia singulier et les modes de fabrication peuvent refléter des réalités très différentes. Il est néanmoins intéressant de constater que pour un certain nombre de web documentaires de ce type, c'est d'abord « la matière » qui a fait l'objet. C'est le cas du premier web documentaire de la Collection « Portraits d'un nouveau Monde " ou, justement, d'«Adoma vers la maison " de Thierry Caron. Car on retrouve dans cette catégorie, et seulement dans celle-là, les web documentaires autoproduits, ceux de ces acteurs qui, seuls à un moment donné, ont voulu créer différemment, souvent sur la base d'une matière initialement récoltée pour un autre usage. C'est le cas de nombreux photographes comme Thierry Caron et son web documentaire pour lequel il avait effectué initialement un reportage photographique qu'il a été amené à transformer en web documentaire pour tenter d'être sélectionné (avec succès d'ailleurs) pour le prix RFI-France 24 de Visa pour l'image. C'est aussi le cas de « La route de la Faim18 ", dans la mesure où les deux auteurs du web documentaire Jean Abbiateci (journaliste) et Julien Tack (photographe) restent sur place pour alimenter leur blog, faire un web documentaire ou vendre un reportage photo. C'est sans nul doute, dans un genre différent, le cas des web documentaires réalisés au sein de rédactions (DNA, France 24) dont les journalistes collectent images et interviews, sorte d'information brute, qui pourront, par la suite, servir plusieurs usages. Il s'agit, des lors pour eux, d'utiliser les meilleurs vecteurs de diffusion pour la matière qu'ils veulent donner à voir. Pour les photographes engagés dans cette forme nouvelle de création, la vitrine offerte par le net est indéniablement un attrait. La fabrication quant à elle, revêt des
réalités très diverses. David Castello-Lopes
auteur 17 Interview de Thierry Caron, Cf. Annexe n°8 18 http://www.espritblog.com/wp-content/uploads/2009/04/web_reportage.html 19 http://www.lemonde.fr/societe/visuel/2009/12/15/histoire-d-oeufs_1278320_3224.html graphisme puis programmer l'animation Flash, quatre jours pour la documentation et les prises de rendez-vous, trois jours pour le tournage (à Paris, dans l'Eure et dans la Somme) et une semaine pour le montage, le mixage et l'exportation20 ». Selon Satellinet, « Les bras de la France21 », web documentaire de la rédaction de France 24 sur des travailleurs maliens en Bretagne, a mobilisé quatre personnes durant trois semaines. Soren Seelow, auteur du « Corps incarcéré », s'est lui « occupé à plein temps pendant 3 mois de la partie journalistique, les enquêtes, les interviews, les reportages22 » puis a travaillé avec un journaliste du monde.fr pour passer de 8 heures de rush son aux 15 minutes utilisées dans le web documentaire final. Jean-François Fernandez et Emmanuel Leclère détaillent de manière très précise23 le temps qu'il leur a fallu pour créer leur web documentaire. Il n'est évidemment pas possible de comparer leur démarche avec celle des journalistes d'une rédaction, ou avec celle des auteurs de « la Cité des Mortes » qui ont tenté de mener de front la parution d'un ouvrage, la mise en ligne d'un web documentaire et d'un blog et la diffusion d'un documentaire sur le même sujet. Il reste qu'ils ont tous créé un objet multimédia avec une écriture particulière et dont le résultat permet, dans leur diversité, de les rassembler dans une catégorie d'oeuvre commune.
22 http://www.lafabriquedelinfo.fr/produits-finis/56-produits-finis/203-webdoc-2?start=2 23 Interviews de Jean-François Fernandez et d'Emmanuel Leclère, Cf. Annexe n°7 24 http://www.anthropographia.org |
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