Conclusion
Les réformes du système financier et fiscal ont
eu pour effet l'amélioration des conditions de financement des
entreprises. En effet, le coüt des ressources financières a
été réduit et de nouveaux instruments financiers ont
été créés. Ces deux nouveaux faits influencent la
structure financière mais sont insuffisants pour appréhender les
déterminants de la structure financière des entreprises
marocaines. Une analyse plus pertinente de ces déterminants fera l'objet
du troisième chapitre.
43 Le taux de 30% est applicable aux personnes
physiques ne souhaitant pas décliner leur identité fiscale. La
taxe est dans ce cas libératoire de l'impôt sur le revenu.
Chapitre III Analyse des déterminants de la
structure financière des entreprises marocaines cotées en
bourse
Introduction
Les théories explicatives des déterminants de la
structure financière des entreprises ont fait l'objet de plusieurs
études empiriques44. Ces études visaient a valider
empiriquement le cadre d'analyse le plus approprié pour
appréhender le comportement financier des entreprises. Néanmoins
la diversité des résultats empiriques montre qu'aucune des
théories de financement ne peut, a elle seule, expliquer les
déterminants de la structure financière des entreprises. En
effet, certains travaux empiriques ont conclu a l'existence d'un ratio cible
d'endettement que les entreprises cherchent a atteindre. Hovakimian et al.
(2001) montrent que les entreprises s'endettent lorsque la cible d'endettement
est supérieure au ratio d'endettement actuel et, se désendettent
lorsqu'il est inférieur. Le méme résultat est obtenu par
Opler et Titman (1994) et Jalilvaud et Harris (1984). D'autres travaux ont
montré que les entreprises hiérarchisent leurs ressources de
financement en privilégiant le financement interne au financement
externe. C'est ainsi que Molay (2006), a partir des informations comptables sur
un échantillon de 393 entreprises francaises cotées, valide la
théorie des préférences hiérarchisées de
financement. Frank et Goyal (2003), Shyam-Sunder et Myers (1999) obtiennent le
méme résultat. Une troisième catégorie de travaux,
dont notamment ceux de Welch (2004) et Baker et Wergler (2002), justifie les
choix de financement par la volonté de <<timer>> le
marché. Les entreprises s'endettent quand le climat du marché est
propice aux émissions de dettes et procèdent a des augmentations
de capital lorsque les cours des actions sont élevés.
Dans le cas du Maroc45, Boutahlil (2002) a
montré que les entreprises marocaines recourent en premier aux dettes
qui sont essentiellement a court terme, ensuite a l'autofinancement et rarement
a l'émission de nouvelles actions. Conscient de l'insuffisance des
travaux sur les déterminants de la structure financière des
entreprises marocaines, nous essayerons, dans le cadre de ce travail,
d'apporter une contribution dans ce sens. Pour ce faire, nous avons
scindé ce chapitre en trois sections. La première est
réservée a la présentation de la problématique et a
la description de l'échantillon. La deuxième est consacrée
a la description de la structure financière des entreprises marocaines
et a la présentation des données. La méthodologie et
l'interprétation des résultats feront l'objet de la
dernière section.
44 Ces études ont concerné,
essentiellement, les entreprises des pays développés.
45 Les travaux empiriques sur les déterminants
de la structure financière des entreprises sont très rares a
cause de la difficulté de collecte des données financières
et comptables des entreprises marocaines.
3.1 Problématique et description de
l'échantillon
Notre objectif est d'appréhender les
déterminants de la structure financière des entreprises
marocaines cotées, en particulier les entreprises des deux secteurs
piliers de l'économie nationale a savoir : l'agroalimentaire et le
chimie parachimie. Pour ce faire, nous nous proposons de tester empiriquement
la théorie de compromis et celle des préférences
hiérarchisées de financement en essayant de voir :
-Si les entreprises s'endettent parce qu'elles cherchent a
atteindre un ratio d'endettement optimal; ou
-Si les entreprises s'endettent parce qu'elles ont des
préférences hiérarchisées de financement ; ou
-Si les entreprises s'endettent a la fois parce qu'elles
cherchent a atteindre un niveau d'endettement cible et parce qu'elles
hiérarchisent leurs ressources de financement.
La confirmation de ce dernier cas implique que la structure
financière des entreprises marocaines cotées46 peut
être expliquée a l'aide de deux cadres conceptuels que sont la
théorie de compromis et la théorie des préférences
hiérarchisées.
3.1.1 Population cible
Les secteurs de l'agroalimentaire et de la chimie parachimie
sont représentés a la bourse des valeurs de Casablanca par 25
entreprises. 14 sont de grande taille et sont cotées sur le
marché principal47, 10 sont de moyennes entreprises
cotées sur le marché développement48 et une est
de taille moyenne cotée sur le marché croissance49.
Le choix de ces entreprises se justifie par le fait, d'une
part, de la disponibilité des informations comptables relatives aux
entreprises cotées. Il n'existe aucune base de données accessible
centralisant les informations comptables des entreprises marocaines non
cotées ; d'autre part, par le fait que ce travail s'inscrit dans le
cadre du projet de recherche sur l'évaluation du processus de
réforme et mise a niveau efficiente des entreprises marocaines a
l'horizon 201050. Seules les entreprises des secteurs
agroalimentaire, chimie et parachimie et textile habillement sont retenues.
Dans la mesure oü le textile habillement n'est représenté
par aucune entreprise dans la bourse des valeurs de Casablanca, nous n'avons
retenu que les
46 Essentiellement les entreprises des secteurs
agroalimentaire et chimie parachimie
47 Réservé aux entreprises
émettrices d'un montant supérieur ou égal a 75 millions de
dirhams.
48 Réservé aux entreprises
émettrices d'un montant au moins égal a 25 millions de
dirhams.
49 Réservé aux entreprises en forte
croissance émettrices d'un montant supérieur ou égal a 10
millions de dirhams.
50 Il s'agit du projet mené au sein du
laboratoire GREER et financé par TrustAfrica.
entreprises cotées des secteurs agroalimentaire et chimie
et parachimie. La période d'analyse retenue est 2003-2006.
|