Université CADI AYYAD Faculté des
Sciences Juridiques Economiques et Sociales Marrakech
Master en Finance Appliquée
Les déterminants de la structure
financière des entreprises marocaines cotées : cas des
secteurs agroalimentaire et chimie et parachimie
Mémoire pour l'obtention du Master en Finance
Appliquée
Présenté par Salah Eddine
KARTOBI
Sous la direction du professeur Brahim
BOUAYAD
Membres du Jury:
Professeur. Brahim BOUAYAD, Université CADI AYYAD,
Président. Professeur. El Mustapha KCHIRID, Université CADI
AYYAD. Professeur. Mohamed HAMDAOUI, Université CADI AYYAD.
Septembre 2008
Résumé
La présente recherche tente de valider empiriquement le
cadre d'analyse le plus approprié pour appréhender les
déterminants de la structure financière des entreprises
marocaines. Deux théories de financement ont fait l'objet d'analyse : la
théorie de compromis qui affirme l'existence d'un ratio optimal
d'endettement que les entreprises cherchent a atteindre et la théorie
des préférences hiérarchisées de financement qui
montre que les entreprises suivent une hiérarchie de financement
guidée par le besoin de fonds externes.
Notre étude porte sur un panel de 12 entreprises
marocaines cotées a la bourse de Casablanca et appartenant aux deux
secteurs piliers de l'économie nationale, a savoir l'agroalimentaire et
le chimie et parachimie.
Les résultats obtenus montrent que la structure
financière des entreprises marocaines s'explique par la volonté
d'atteindre un ratio cible d'endettement et non par le besoin de fonds
externes.
Abstract
This research attempts to empirically validate the analytical
framework, that is the most appropriate to understand the determinants of
financial structure of Moroccan companies. Two funding theories have been the
subject of analysis: the theory of trade off that affirms the existence of an
optimal ratio of debt that companies seek to achieve, and the theory of pecking
order of funding shows that companies follow a financing strategy guided by the
need for external funds.
Our study focuses on a panel of 12 Moroccan companies listed
on the Casablanca stock exchange and belonging to two pillars of the national
economy: food industry and chemistry and parachimy.
The results show that the financial structure of Moroccan firms
is explained by the desire to achieve a target debt ratio and not by the need
for external funds.
Avant propos
Au terme de ce mémoire, je tiens a exprimer mes
remerciements les plus distingués a mon professeur BRAHIM BOUAYAD
d'avoir accepté de diriger ce travail. Il m'est agréable de lui
exprimer ma profonde gratitude pour son aide précieuse, sa
disponibilité et ses judicieux conseils.
Je remercie également, mes professeurs MOHAMED HAMDAOUI et
EL MUSTAPHA KCHIRID de m'avoir fait l'honneur de juger mon travail.
Je tiens aussi a remercier tous ceux qui ont participé
de près ou de loin a l'élaboration de ce travail. Ainsi, et comme
symbole d'une profonde reconnaissance et d'une gratitude égale, je
dédie ce modeste travail:
A ma mère qui m'a indiqué la bonne voie et qui m'a
guidé avec ses conseils intangibles dans la conception de ma
personnalité.
A mes soeurs et frère auxquels je dois une profonde
gratitude de m'avoir encouragé et m'avoir tendu mains fortes.
A tous mes amis avec lesquels j'ai formé une équipe
solide et efficace.
A tous mes professeurs qui ont contribué a ma solide
formation.
Table des matières
Introduction générale 1
Chapitre 1 : Les déterminants de la structure
financière
des firmes : une revue de littérature
3
Introduction 4
1.1 Les apports de la théorie classique de la firme 5
1.1.1 Effet de levier et coüt du capital 5
1.1.1.1 Effet de levier 5
1.1.1.2 Le coüt du capital 6
1.1.1.2.1 Le modèle de Gordon et Shapiro 7
1.1.1.2.2 Le modèle d'équilibre des actifs
financiers (MEDAF) 9
1.1.2 Influence de la structure financière sur le
coüt du capital 10
1.2 Apports de Modigliani et Miller 11
1.2.1 La thèse de neutralité 12
1.2.1.1 Les hypothèses du modèle de base de
Modigliani et Miller 12
1.2.1.2 Convergence entre la théorie de Modigliani Miller
et le MEDAF 15
1.2.2 Les effets de la fiscalité 17
1.2.2.1 L'impôt sur les sociétés 18
1.2.2.2 L'impôt du revenu des personnes physiques 20
1.3 La théorie de compromis 21
1.3.1 Les coüts de faillite 21
1.3.2 Influence des coüts de faillite sur la structure
financière 21
1.4 Apports des théories modernes de la firme 22
1.4.1 Apport de la théorie du signal a l'étude de
la structure financière 23
1.4.1.1 Théorie du signal 23
1.4.1.2 Théorie du signal et structure financière
24
1.4.2 Apport de la théorie d'agence a l'étude de la
structure financière 25
1.4.2.1 La théorie d'agence 25
1.4.2.2 Théorie d'agence et structure financière
26
1.4.3 Les autres apports théoriques en matière de
structure financière 27
1.4.3.1 Théorie des préférences
hiérarchisées de financement 27
1.4.3.2 Théorie de <<Market Timing>> 28
Conclusion 29
Chapitre 2 : Environnement financier et fiscal
de l'entreprise marocaine 30
Introduction 31
2.1 Le système financier Marocain 32
2.1.1 Le système bancaire marocain 32
2.1.1.1 Evolution des instruments de régulation du
crédit 32
2.1.1.1.1 Les instruments de régulation du crédit
(1959-1991) 32
A- Le plafond de réescompte 33
B- Le coefficient de trésorerie 33
C- La réserve monétaire 33
D- Le plancher d'effets publics 34
E- L'encadrement du crédit 34
2.1.1.1.2 Les nouveaux instruments de régulation du
crédit 34
2.1.1.2 Structure et cadre juridique de l'activité
bancaire 35
2.1.1.2.1 Structure du système bancaire 35
2.1.1.2.2. Cadre juridique régissant l'activité
bancaire 36
2.1.2 Le marché des capitaux marocain 37
2.1.2.1 Le marché monétaire 37
2.1.2.1.1 Les composantes du marché monétaire
marocain 38
A- Le marché interbancaire 38
B- Le marché des bons du trésor 39
C- Le marché des titres de créances
négociables 39
2.1.2.2 Le marché boursier 40
2.1.2.2.1 Synthèse des principales réformes du
marché boursier 40
2.1.2.2.2 Evolution des principaux indicateurs de
l'activité boursière 41
A- L'indice Masi flottant 41
B- La capitalisation boursière 42
C- Le volume des transactions 43
2.2 Modalités de financement de l'entreprise marocaine
44
2.2.1 Financement par fonds et quasi-fonds propres 44
2.2.1.1 Financement par fonds propres 45
2.2.1.1.1 La capacité d'autofinancement (CAF) 45
2.2.1.1.2 Les cessions d'éléments de l'actif
immobilisé 45
2.2.1.1.3 L'augmentation de capital 46
2.2.1.1.4 Evolution des augmentations de capital des entreprises
marocaines 47
2.2.1.2 Financement par quasi fonds propres (QSF) 48
2.2.1.2.1 Produits dérivés de l'obligation (PDO)
48
2.2.1.2.2 Les produits dérivés de l'action (PDA)
48
2.2.1.2.3 Les nouveaux instruments financiers prévus par
la loi marocaine 49
2.2.2 Financement par endettement 50
2.2.2.1 Financement auprès des établissements de
crédit 51
2.2.2.1.1 Les crédits ordinaires 51
A- Crédit a moyen et long terme 51
B- Les crédits a court terme 51
2.2.2.1.2 Le crédit bail 52
2.2.2.1.3 Evolution des crédits accordés aux
entreprises marocaines 52
2.2.2.2 Financement désintermédié sur le
marché des capitaux 53
2.2.2.2.1 Titres de créances négociables (TCN)
53
2.2.2.2.2 Les obligations 53
2.2.2.2.3 Evolution des émissions obligataires des
entreprises marocaines 54
2.3 Traitement fiscal des différentes modalités de
financement 56
2.3.1 Mesures incitatives au financement par emprunt 56
2.3.1.1 Traitement fiscal des charges communes aux
différentes modalités
de financement par emprunt 57
2.3.1.1.1 Déductibilité fiscale des
intéréts financiers 57
2.3.1.1.2 Déductibilité fiscale des autres frais
liés a l'emprunt 58
2.3.1.2 Traitement fiscal des charges spécifiques a chaque
modalité
de financement par emprunt 58
2.3.1.2.1 Traitement fiscal des charges liées a l'emprunt
bancaire et obligataire 59
2.3.1.2.2 Traitement fiscal des charges afférentes aux
avances en compte
courant d'associés 59
2.3.1.2.3 Traitement fiscal des charges afférentes au
crédit bail 60
2.3.2 Mesures incitatives au financement par fonds propres 60
2.3.2.1 Mesures incitant les entreprises a se financer par fonds
propres 61
2.3.2.1.1 La réduction des taux d'imposition sur les
bénéfices 61
2.3.2.1.2 Exonération des bénéfices mis en
réserve 61
2.3.2.1.3 Exonération des produits de cession des
éléments d'actif 62
2.3.2.2 Mesures incitant l'épargnant a détenir des
titres de propriété 62
2.3.2.2.1 Baisse de l'impôt de distribution 63
2.3.2.2.2 Les abattements sur impôt 63
Conclusion 63
Chapitre 3 : Analyse des déterminants de la
structure financière
des entreprises marocaines cotées en bourse
64
Introduction 65
3.1 Problématique et description de l'échantillon
66
3.1.1 Population cible 66
3.1.2 Critère de sélection de l'échantillon
67
3.2 Structure financière et présentation des
données 67
3.2.1 Structure financière 67
3.2.2 Présentation des données 70
3.3 Méthodologie et présentation des
résultats 73
3.3.1 Méthodologie générale 73
3.3.1.1 Présentation des modèles 73
3.3.1.2 Evolution des variables endogène et
exogènes 75
3.3.1.3 Estimation des modèles 77
3.3.2 Résultats et interprétations 78
Conclusion 79
Conclusion générale 81
Bibliographie 82
Annexes 85
Liste des graphiques et tableaux
Liste des graphiques
Figure 1.1 : La position classique en matière de structure
financière 11
Figure 1.2 : coüt du capital en prenant en compte
l'impôt sur le bénéfice 20
Figure 2.1 : Evolution de l'indice MAST 42
Figure 2.2 : Evolution de la capitalisation boursière
43
Figure 2.3 : Evolution du volume des transactions 44
Schéma 2.1 : Récapitulation des différentes
sources de financement 55
Liste des tableaux
Tableau 1.1 : Les données relatifs aux deux
sociétés A et B 14
Tableau 2.1 : Evolution des principaux indicateurs
d'activité et de rentabilité
des banques marocaines 35 Tableau 2.2 : Evolution des encours
de prêts et emprunts sur le marché monétaire
interbancaire 38
Tableau 2.3 : Evolution du taux d'intérêt des bons
du trésor émis par adjudication 39
Tableau 2.4 : Encours des titres de créances
négociables 40
Tableau 2.5 : Les augmentations de capital des entreprises
marocaines 47
Tableau 2.6 : Les crédits accordés aux entreprises
marocaines 52
Tableau 2.7 : Les émissions obligataires des entreprises
marocaines 54
Tableau 3.1 : Répartition des entreprises par secteur
d'activité 67
Tableau 3.2 : Ratios de structure financière des
entreprises de l'agroalimentaire 68
Tableau 3.3 : Structure des dettes financières des
entreprises de l'agroalimentaire 68
Tableau 3.4 : Ratios de structure financière des
entreprises du chimie parachimie 69
Tableau 3.5 : Structure des dettes financières des
entreprises du chimie parachimie 69
Tableau 3.6 : Ratios de structure financière de l'ensemble
des entreprises retenues 70
Tableau 3.7 : Données comptables relatives aux entreprises
agroalimentaires 71
Tableau 3.8 : Données comptables relatives aux entreprises
du secteur chimie
et parachimie 72
Tableau 3.9 : Données comptables relatives aux entreprises
retenues 72
Tableau 3.10 : Signes et interprétation des
paramètres 75
Tableau 3.11 : Valeurs moyennes des variables relatives aux
entreprises de
l'agroalimentaire 75
Tableau 3.12 : Valeurs moyennes des variables relatives aux
entreprises du secteur
chimique et parachimique 76
Tableau 3.13 : Valeurs moyennes des variables relatives aux
entreprises retenues 76
Tableau 3.14 : Estimation sur données de panel de 12
entreprises marocaines cotées
de 2003 a 2006 par les moindres carrés ordinaires (MCO)
78 Tableau 3.15 : Estimation sur données de panel de 12 entreprises
marocaines cotées
de 2003 a 2006 par les moindres carrés ordinaires avec
effets fixe 79
Introduction générale
Les travaux relatifs à la structure financière
des entreprises se sont intéressés à l'incidence des
moyens de financement sur la valeur de la firme et aux déterminants de
la structure financière. Ainsi, Modigliani et Miller (1958) ont
montré, dans un premier temps et moyennant certaines
hypothèses1que la structure financière des entreprises
est neutre. Ils ont conclu2 dans leur travail publié en
(1963) que la valeur d'une firme endettée est toujours supérieure
à celle d'une entreprise non endettée. En effet, la
première aura l'avantage de déduire les charges
financières de son résultat imposable et par conséquent,
bénéficier des économies d'impôt.
Miller (1977), en prenant en compte l'imposition du revenu des
personnes physiques, revient aux conclusions initiales et soutient à
nouveau que la structure financière n'a pas d'impact sur la valeur de la
firme.
La remise en cause progressive des autres hypothèses de
Modigliani et Miller a favorisé l'émergence d'une nouvelle
théorie explicative des déterminants de la structure
financière. Il s'agit de la théorie de compromis dont la
première version est l'aboutissement de la remise en cause de
l'hypothèse relative à la faillite, car l'existence d'une
probabilité de faillite conjuguée à l'imposition des
entreprises, conduit à une situation oü la structure de capital est
la résultante d'un arbitrage entre les économies d'impôt
liées à l'endettement et les coüts d'une éventuelle
faillite.
La deuxième version de la théorie de compromis
est la résultante de la remise en cause de l'hypothèse d'absence
de conflits d'intérêt entre les différents acteurs de la
vie économique et financière de l'entreprise. Cette remise en
cause relève de la théorie d'agence qui met l'accent sur les
différents coüts qui naissent de la relation d'agence entre
actionnaires et dirigeants, d'une part, et entre dirigeants et
créanciers, d'autre part.
Qu'il s'agisse de la première ou de la deuxième
version, la théorie de compromis nous enseigne qu'une structure
financière ne peut être expliquée que par la recherche d'un
ratio d'endettement optimal.
Le débat sur la structure financière est loin
d'être clos, puisque deux autres théories se sont
succédées pour appréhender les déterminants de la
structure financière.
Il s'agit de la théorie de <<Pecking order>>
ou préférences hiérarchisées de financement et
de la théorie de <<Market timing >>. Selon la
première théorie, l'entreprise, en raison
des asymétries d'information entre les agents aussi bien à
l'intérieur qu'à l'extérieur de
1 Perfection des marchés, absence
d'asymétrie d'information et de conflits d'intérêt entre
les différents agents, les coüts de faillite sont nuls.
2 En prenant en compte l'impôt sur le
bénéfice des entreprises
l'entreprise, suit une hiérarchie des financements
guidée par le besoin de fonds externes, et non par la recherche d'un
ratio d'endettement optimal.
La deuxième théorie se réfère au
climat du marché financier pour expliquer la structure financière
des firmes. En effet, selon ce nouveau cadre d'analyse, les formes a choisir
pour se financer dépendent des conditions du marché (augmentation
de capital si le climat boursier est favorable et rachat des titres ou
endettement dans le cas contraire).
A ce niveau, il est essentiel de mentionner que les travaux
empiriques sur les déterminants de la structure financière des
entreprises marocaines3 sont rares sinon inexistants4.
Conscient de cette insuffisance, l'objet de notre travail est d'essayer
d'apporter une contribution et un enrichissement dans ce sens.
Pour ce faire, nous tenterons de répondre aux questions
suivantes :
- Les entreprises marocaines5 s'endettent-elles parce
qu'elles cherchent a atteindre un ratio d'endettement optimal?
- Les entreprises marocaines s'endettent-elles parce qu'elles ont
des préférences hiérarchisées de financement ?
- Les entreprises marocaines s'endettent-elles parce qu'elles
cherchent a atteindre un ratio d'endettement optimal et parce qu'elles ont des
préférences hiérarchisées de financement ?
A cet effet, notre travail sera structuré comme suit:
dans un premier chapitre, nous présenterons un bref survol de
littérature des contributions au débat sur la structure
financière. Dans un deuxième chapitre, nous exposerons les
composantes et les caractéristiques du système financier et
fiscal marocain qui influencent largement les décisions de financement
des entreprises.
Dans le troisième chapitre, nous analyserons les
déterminants de la structure financière a partir d'une estimation
sur données de panel de 12 entreprises marocaines cotées en
considérant la période allant de 2003 a 2006.
3 Boutahlil (2001) montre que les entreprises
marocaines recourent en première ligne aux dettes qui sont
essentiellement a court terme, ensuite a l'autofinancement et rarement a
l'émission de nouvelles actions. 4A cause de la difficulté de
collecte des données comptables et financières des
entreprises.
5 En particulier les entreprises cotées des
secteurs agroalimentaire et chimie et parachimie.
Chapitre I
Les déterminants de la structure
financière des
firmes : une revue de littérature
Introduction
La structure financière des entreprises,
élément central de la théorie financière, est un
thème qui a suscité depuis plusieurs années
l'intérêt de plusieurs chercheurs en finance.
Au départ, la préoccupation était de voir
l'existence ou non d'une combinaison particulière de dettes et de fonds
propres qui maximise la valeur de la firme.
Par la suite, les travaux qui se sont
succédés6 ont appréhendé les
déterminants de la structure financière des
entreprises7.
Dés lors, les apports en matière de structure
financière prenaient la forme de validations empiriques des
théories explicatives des déterminants de la structure du capital
des firmes. L'objectif de ce chapitre est de présenter un bref survol de
littérature de l'essentiel des contributions au débat sur la
structure financière.
Pour ce faire, nous présenterons, dans une première
section, les apports de la théorie classique de la firme aux
problèmes de la structure financière.
Dans une deuxième section, nous exposerons les travaux qui
ont donné les assises théoriques a cette problématique.
Dans une troisième section, nous aborderons l'apport de la
théorie de compromis a l'étude de la structure
financière.
Dans une quatrième section, nous présenterons
l'apport des théories modernes de la firme a cette
problématique.
6 Notamment : Baxter (1967), Jensen et Meckling
(1976), Myers (1984).
7 A l'origine de cette deuxième vague de
travaux, le rejet de la thèse de neutralité de la structure
financière.
1.1 Les apports de la théorie classique de la
firme
L'approche classique de la structure financière est
fondée sur l'hypothèse que les décisions
financières sont prises dans le but de maximiser la richesse des
actionnaires.
Elaborée sur la base de l'observation des conditions
pratiques d'endettement ; elle se base sur l'existence d'une combinaison
optimale des fonds propres et capitaux empruntés qui minimise le
coüt moyen pondéré du capital.
Puisque l'influence de la structure de financement sur le
coüt du capital est a la base de la valeur de la firme, nous
présenterons dans le cadre de cette section le mécanisme du
levier d'endettement et le concept de coüt du capital.
1.1.1 Effet de levier et coüt du capital
Le coüt du capital et la valeur d'une firme sont
influencés par le niveau d'endettement. Cette influence est
analysée a travers l'effet levier de l'endettement.
1.1.1.1 Effet de levier
L'effet levier de l'endettement est le phénomène
qui, en raison du recours a l'endettement, amplifie la rentabilité des
fonds propres en sens positif ou négatif. En effet, du moment oü la
rentabilité économique de l'actif de la firme excède le
coüt de la dette, cet excèdent de rentabilité profite aux
actionnaires. A l'inverse, un écart négatif entre la
rentabilité économique et le coüt de la dette
présente un désavantage aux actionnaires.
Posons :
Ka : la rentabilité financière
(taux de rentabilité des capitaux propres)
C : le montant des capitaux propres
D : le montant des dettes
A : l'actif total A = C + D
R : la rentabilité économique de la firme
r : le taux d'intérêt a payer aux prêteurs
Le bénéfice de la firme avant intérêt
est RA, il est, après intérêt de (RA - rD) La
rentabilité financière de la firme se définit comme
suit:
( - )
RA rD
Ka = ou encore :
C
D
Ka = R+( R--r )
(1.1)
C
(1.1) est la relation mettant en évidence l'effet levier
d'endettement.
Partant de cette relation, trois situations peuvent se
présenter:
R < r : le taux de rentabilité économique des
actifs est inférieur au coüt de la dette, l'entreprise n'a pas
intérêt a s'endetter davantage. La rentabilité
financière est d'autant plus faible que l'entreprise est
endettée.
R = r : implique que Ka = R, le
niveau d'endettement n'a pas d'influence sur la rentabilité
financière et de ce fait, son effet est neutre sur la
structure financière de la firme.
R > r : la rentabilité économique de l'actif
est supérieure au taux d'intérêt. Dans ce cas, l'effet de
levier présente un avantage croissant aux actionnaires qui verront la
rentabilité financière de leurs fonds croItre avec le niveau
d'endettement de la firme.
1.1.1.2 Le coüt du capital
Le coüt du capital est le coüt moyen
pondéré des diverses sources de fonds utilisées par
l'entreprise pour le financement de ses investissements. Le coefficient de
pondération de chaque catégorie de capitaux utilisés est
égal a la part relative des différents moyens de financement dans
le financement total de l'entreprise.
En supposant que l'entreprise est entièrement
financée par dettes et fonds propres, le coüt du capital peut
s'écrire de la manière suivante :
D S
K ( ) (
= r + )
D S
+ D S
+
k (1.2)
oü:
K = coüt moyen pondéré du capital
r = coüt des fonds empruntés
k = coüt des fonds propres
D = valeur de la dette totale de l'entreprise
S = valeur des fonds propres de l'entreprise
Il est clair que la détermination du coüt moyen
pondéré du capital passe, au préalable, par le calcul du
coüt des différentes sources de financements.
En règle générale, le coüt d'une
source de financement est le taux d'actualisation qui égalise la valeur
actuelle des sorties de fonds avec celle des rentrées nettes de fonds.
Formellement, le coüt d'un moyen de financement peut être
déterminé par :
n A t
F = ? (1.3)
o ( ) t
t
oü :
= 0 1 + k
F0 , désigne le montant des fonds nets recus par
l'entreprise (après déduction des frais liés a
l'émission d'actions ou a l'emprunt),
At: le montant des sorties nettes de trésorerie qui
comprend les revenus versés aux détenteurs de fonds8
(intéréts et dividendes) et le remboursement du capital.
Dans la mesure oü les créanciers ont droit aux
flux fixes de revenu, la détermination du coüt de l'endettement est
relativement simple comparativement au cas de détermination du coüt
des fonds propres. En effet, la détermination du coüt des fonds
propres passe par l'estimation des dividendes a verser aux actionnaires ; or
ces derniers dépendent a la fois des bénéfices
futurs9 et de la politique de distribution adoptée par les
dirigeants, ce qui présente une double indétermination, et montre
la complexité de la détermination du coüt des fonds
propres.
Pour une meilleure illustration, il nous paraIt essentiel de
présenter les principaux modèles d'estimation du coüt des
fonds propres.
1.1.1.2.1 Le modèle de Gordon et
Shapiro
Utilisé pour estimer le coüt des fonds propres, le
modèle de Gordon et Shapiro (1956) considère que:
- La croissance de l'entreprise est exclusivement financée
par autofinancement - Le taux de rétention des bénéfices
(b) est constant
- Le taux moyen annuel de rentabilité nette des
investissements nouveaux (i) est également constant.
Il résulte de ces hypothèses que le taux de
croissance annuel du bénéfice (g) est constant et égal a :
b x i , qui est également égal au taux de
croissance annuelle du dividende.
En effet10: Si /3t est le
bénéfice par action et Dt le dividende par action de la
tième période,
alors :
B t = B0 (1
+g)t (1.4)
D t = (1 --b)B t (1.5) (1 --b
)B 0 (1 +g) t
D 0 (1 +g)t
(1.6) La valeur de l'action a l'instant zéro et après paiement
du coupon sera donnée par:
8 Les rentrées et sorties de fonds
s'évaluent après impôt.
9 Qui sont aléatoires et constituent la base de
rémunération des actionnaires.
10 Démonstration proposée par Robert
Cobbaut dans son ouvrage : Théorie financière - troisième
édition-
? D g
+
1 (1 ) t
v = ? (1.7)
0 t ? 1
(1 )
+ k
t = 0
oü k est le coüt des fonds propres
? (1 ) t
+ g
V D
= ? (1.8)
0 1 (1 ) 1
t ?
+ k
t ? 0
1 (1 )
+ g
D 1 ( + 2 ? ...) (1.9)
(1 )
+ k (1 )
+ k
La quantité qui multiplie D1 est la somme des termes
d'une progression géométrique de base
1
|
et de raison
|
1 +
|
g
|
Cette somme est une quantité finie si la suite est
convergente, c'est-
|
1+ k
|
1+
|
k
|
a-dire si :
Comme g et k ne peuvent être que des quantités
positives, cette condition se ramène a :
1 + 1+
1
g
?
k
Et donc a : g < k
Sous cette condition, l'équation (1.8) devient :
1
1 + k
V D
= 1 ( ) (1.10)
1
0 1 + g
1+ k
D1
? k ? +
V 0
g (1.12)
Le coüt des fonds propres est alors défini comme la
somme du taux de rendement boursier et du taux de croissance de longue
période des revenus.
A ce niveau, nous devons signaler que le modèle de Gordon
et Shapiro est généralement utilisé pour la
détermination du coüt des fonds propres des entreprises en forte
croissance.
1.1.1.2.2 Le modèle d'équilibre des actifs
financiers (MEDAF)
Le MEDAF, qui évalue la rentabilité d'un titre
en fonction de la rentabilité du marché, est basé sur des
hypothèses relatives au comportement des investisseurs et sur des
hypothèses nécessaires a l'équilibre (Amenc et Le Sourd
(2002) p.134) :
- Les investisseurs sont averses au risque et cherchent a
maximiser l'utilité espérée de leur richesse en fin de
période.
- Les investisseurs choisissent leurs portefeuille en
considérant uniquement les deux premiers moments de la distribution des
rentabilités : l'espérance de rendement et la variance.
- Les investisseurs considèrent une seule période
d'investissement et cette période est commune pour tous.
- Les investisseurs peuvent prêter et emprunter au taux
sans risque sans limitation.
- L'information est accessible sans coüt et disponible
simultanément pour tous les investisseurs. Ils font donc tous les
mêmes prévisions d'espérance de rendement, de variance et
de covariance pour tous les actifs.
- Les marchés sont parfaits : il n'y a pas de taxes, ni de
coüts de transactions. Les actifs sont tous négociés et
divisibles a l'infini.
Le modèle d'équilibre des actifs financier permet
d'estimer le coüt des fonds propres (rentabilité exigée par
le marché sur un actif risqué E (Ri)) a partir de trois
variables:
- Le taux d'intérêt de l'actif sans risque (Rf)
- L'espérance de rentabilité du marché E
(Rm)
- Le coefficient du risque systématique (f3)
Formellement, la relation peut être écrite :
E(Ri) = Rf + [E(Ri) - Rf]f3 (1.13)
Le coüt des fonds propres estimé par le MEDAF n'est
autre que le taux de rentabilité exigée par le marché sur
les actions de l'entreprise i E(Ri).
1.1.2 Influence de la structure financière sur le
coüt du capital
L'approche classique de financement affirme qu'il existe une
structure financière optimale qui minimise le coüt moyen
pondéré du capital. Elle stipule que la maximisation de la valeur
d'une firme revient a minimiser son coüt moyen pondéré du
capital qui passe par l'augmentation de la part des dettes dans la structure
financière de la firme jusqu'au point oü le taux
d'intérêt exigé par les bailleurs de fonds devient une
fonction croissante du taux d'endettement.
En effet, plus une entreprise s'endette plus son risque
financier s'accroIt et plus le coüt de sa dette11 et de ses
fonds propres12 augmentent. Si une entreprise emprunte des fonds
alors qu'elle est faiblement endettée, son coüt moyen
pondéré du capital commence a décroItre du fait que le
taux d'intérêt reste constant et le coüt des fonds propres
n'augmente que faiblement
11 Rentabilité exigée par les
prêteurs
12 Rentabilité exigée par les
actionnaires
(puisque le risque financier est jusqu'ici limité).
L'entreprise aura, alors, intérét à s'endetter davantage
pour minimiser le coüt moyen pondéré de son capital. En
effet, puisque les actionnaires n'ont pas droit à une
rémunération dont le niveau est fixé contractuellement, il
est clair que ce niveau sera supérieur à celui des capitaux
empruntés. Par conséquent, toute augmentation de l'endettement se
traduira par une diminution du coüt moyen pondéré du capital
(analogiquement, par un accroissement de la valeur de la firme) et l'entreprise
continuera à s'endetter jusqu'à ce que l'augmentation du
coüt des capitaux propres, due au risque financier accru, l'emporte sur
l'avantage d'un recours croissant à l'endettement (source de financement
la moins onéreuse). Ce qui entraInera l'augmentation du coüt moyen
pondéré du capital.
Soucieuse de la minimisation du coüt de son capital qui
revient à maximiser sa valeur, l'entreprise opte pour le niveau
d'endettement D*/C* comme illustré ci-dessous :
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a1.png)
Coüt du capital
Levier d'endettement
D/C
D*/C*
Source: Ginglinger. E (1991) p.42.
Figure 1.1 : La position classique en matière
de structure financière
Coüt moyen pondéré
Coüt de dette
Coüt du capital action
Nous remarquons des développements
présentés que l'approche classique reste défaillante, dans
le sens oü elle n'est pas déduite d'hypothèses
homogènes et clairement précisées. On la qualifie
d'approche purement empirique et ses applications relèvent
essentiellement du champ empirique. Des développements théoriques
(Modigliani et Miller (1958)) sont venus démonter cette approche et vont
asseoir le cadre théorique de la structure financière des
firmes.
1.2 Apports de Modigliani et Miller
Modigliani et Miller étaient les premiers a mener une
véritable réflexion théorique sur l'incidence des moyens
de financement (dettes et fonds propres) sur la valeur de la firme. Ils ont, de
ce fait, donné les assises théoriques a la problématique
de la structure de financement des entreprises.
Initialement, Modigliani et Miller ont fondé leur
approche sur l'hypothèse fondamentale de perfection des marchés
de capitaux pour conclure que la structure financière des firmes est
neutre, Dans le sens oü aucune combinaison (de dettes et fonds propres)
n'est meilleure qu'une autre, et par conséquent, la structure du capital
est indépendante de la valeur de la firme.
La remise en cause de l'hypothèse d'absence de taxation
des bénéfices, a conduit Modigliani et Miller (1963) a affirmer
que la structure financière n'est plus neutre. La valeur d'une
entreprise endettée sera toujours supérieure a celle d'une
entreprise non endettée. La première aura l'avantage de
déduire les charges financières liées a l'endettement de
son résultat imposable et de ce fait, tirer profit des économies
d'impôt qui en découlent.
Miller (1977), en prenant en compte l'imposition du revenu des
personnes physiques, revient aux conclusions initiales et soutient a nouveau
que la structure financière n'a pas d'impact sur la valeur de la
firme.
Ainsi, et pour une meilleure analyse des thèses en
présence, nous présenterons dans un premier point la thèse
de neutralité de Modigliani et Miller, pour ensuite exposer, dans un
deuxième point l'effet de la fiscalité sur la structure
financière des firmes.
1.2.1 La these de neutralité
Les travaux de Modigliani et Miller, considérés
en finance comme le cadre théorique de la structure financière,
étaient a la base des développements de la théorie. En
effet, Modigliani et Miller ont montré qu'une entreprise située
dans une classe de risque donnée ne peut accroItre sa valeur en
modifiant son taux d'endettement, car, et a la différence de l'approche
classique, le coüt moyen pondéré du capital d'une entreprise
est complètement indépendant de la structure financière de
celle-ci. Il est égal au taux de rentabilité exigé par le
marché sur une entreprise de méme risque, financée
exclusivement par fonds propres. Ce taux de rentabilité dépend du
risque d'exploitation de la firme.
1.2.1.1 Les hypothèses du modèle de base
de Modigliani et Miller
Pour asseoir leur conclusion de la neutralité de la
structure financière des firmes les auteurs considèrent :
- Que les marchés des capitaux sont parfaits et qu'il n'y
a pas d'impôt, ni de coüt de transaction, de même, que le
comportement des investisseurs est rationnel.
- Que les coüts de faillite sont nuls, c'est a dire que la
probabilité de défaillance
est nulle.
- Qu'il y a absence d'asymétries d'informations entre les
agents et par conséquent les problèmes d'anti-sélection et
d'aléa moral sont négligeables.
- Qu'il y a absence de conflits d'intérêt entre les
dirigeants et les actionnaires, et de ce fait, le dirigeant cherche a maximiser
la valeur de la firme et non sa propre utilité.
- Que Les entreprises distribuent l'intégralité de
leur bénéfice. Cette hypothèse est retenue pour isoler les
effets de la politique de dividende sur la structure financière
- Que les agents peuvent prêter ou emprunter a un taux fixe
et sans limite. Modigliani et Miller affirment en tenant compte de ces
hypothèses, que la valeur d'une firme est indépendante de sa
structure financière. Dans le sens oü la valeur d'une entreprise
non endettée ne peut être inférieure a celle d'une firme
endettée car cela créerait des opportunités d'arbitrage
incompatibles avec l'hypothèse fondamentale de marchés financiers
parfaits. Pour expliciter cela, et en se basant sur l'exemple de Cobbaut (1994)
: supposons qu'il existe deux firmes A et B, qui sont identiques,
excepté que le capital permanent de B comporte une certaine
quantité de dette, alors que celui de A est composé exclusivement
de fonds propres. Si l'évaluation par le marché s'effectue
conformément a la position pragmatique des traditionnels, la valeur de
marché globale (actions + obligations) de B doit être
supérieure a celle de A.
Tableau 1.1 : les donnees relatifs aux deux societes A
et B
Société A Société B
Résultat net d'exploitation
[ E (RNE)] 100 100
Charge des emprunts [ r x D] au taux de
4% Valeur de marché de la dette
Revenu des actionnaires
100 84
[ E ( RNE) -- r x D]
Coilt des fonds propres selon
10% 10%
la théorie traditionnelle [ k]
1000 840
[
S
Valeur de marché des fonds propres
( E( RNE) -- r x
D)l
k LI
Valeur de marché totale
1000 1240
[ V = S+D]
Source : Robert Cobbaut (1994) p 359
( E
(
RNE
)
--rx Dx i
)
Selon la théorie de Modigliani et Miller, on devrait
observer l'égalité Va = Vb = 1000
,
ou
entrainant S b = Vb --
Db =1000 -- 400 = 600 , et kb = = 84 = 0,1
4
S 600
14%. Sur la base de la théorie de l'arbitrage.
Considérons un individu qui détient la
milliéme partie des actions de B, pour une valeur de 84000. Si les prix
de marché sont bien ce que postulent les traditionnels, cet individu
posséde une opportunité d'arbitrage, c'est-à-dire a la
faculté de réaliser sans aucune mise de fonds propres, une
opération dont l'espérance de gain est positive.
Cet arbitrage consiste à :
1. Vendre les actions de B ;
2. S'endetter pour son propre compte, au taux de
marché (4%), dans la même proportion que la société
B (400 #177; 840 = 0,47619). Il empruntera donc (840000 x 0,47619) = 400000
;
3. Investir la totalité du budget ainsi constitué,
soit 1240000, dans les actions de A.
En effet alors que son rendement attendu avant arbitrage
était de :
840000 x 0,10 = 84000
Son rendement après arbitrage sera de :
(1240000 x 0,10) - (400000 x 0,04) = 108000
Seule une situation oü cet arbitrage aurait, à
l'équilibre du marché, une espérance de return nulle est
compatible avec l'hypothèse théorique d'un marché parfait
de capitaux. Autrement dit, si le marché financier est bien une
structure efficiente tendant à l'équilibre, ce marché,
devant l'annonce d'un prix de 840 pour les actions de B, deviendra massivement
vendeur du titre B, jusqu'à ce que celui-ci atteigne son niveau
d'équilibre de 600. Sur un marché parfait cet ajustement serait
instantané.
1.2.1.2 Convergence entre la théorie de
Modigliani Miller et le MEDAF
Fondés sur les mémes hypothèses qui
définissent un marché financier parfait, le modèle de
Modigliani Miller et le MEDAF convergent en terme d'évaluation du taux
de rendement requis par les actionnaires d'une firme sur leurs capitaux
propres.
En effet, Modigliani et Miller démontrent que la
rentabilité exigée par les actionnaires d'une entreprise
endettée n'est autre que le taux de capitalisation des flux de revenu
d'une entreprise de méme risque non endettée (rentabilité
exigée par les actionnaires d'une firme financée
entièrement par fonds propres) augmenté d'une prime égale
à la différence entre ce taux de capitalisation et le coüt
de la dette, multiplié par le ratio d'endettement de cette
entreprise.
Formellement :
1
E K e R R r
( a ) = + ( -- ) (1.14)
C
Le MEDAF permet d'aboutir au méme résultat et
donne une analyse pertinente du coüt des fonds propres d'une firme, et,
à travers le concept de coefficient du risque systématique (f3),
facilite la mise en oeuvre de la théorie de Modigliani et Miller.
Considérons deux entreprises appartenant à une
méme classe de risque, qui dégagent le méme
résultat d'exploitation et qui ne différent que par leur
structure financière et soient :
E Ka , le taux de rentabilité
exigé par le marché sur une entreprise non endettée ;
( n )
E Ka , le taux de rentabilité
exigé par le marché sur une entreprise endettée ;
( e )
f3e: le coefficient du risque systématique
d'une firme endettée
f3n : le coefficient du risque systématique
d'une firme non endettée
Alors :
E ( K a ) ? r ? E
( R ) ? r ?
n ? m ? n (1.15)
E ( K a e ) =r
+[E(Rm ) -- rifle (1.16)
De (7) et (8) nous pouvons écrire le coefficient du risque
systématique d'une firme endettée en fonction de celui d'une
firme non endettée :
e
E K
( ) ? r
a
? ?
e ? (1.17)
n
E K
( )
n ? r a
Nous savons que le taux de rentabilité financiere d'une
entreprise endettée (qui est le taux de rendement requis par les
actionnaires) est égal a :
E ( K :
|
E(Z ) -- rD
)= C (1.18)
|
Oil :
E(Z) est le revenu d'exploitation de la firme endettée, R,
le taux d'intérêt, D, la valeur de la dette et C, la valeur des
fonds propres
De même que le taux de rentabilité financiere
d'une firme non endettée est égale a : E (X)/V oil V est la
valeur de la firme non endettée qui est égale a la valeur des
fonds propres de la firme endettée plus la valeur de sa dette.
En remplaçant (1.15) et (1.16) dans (1.17), nous obtenons
:
E ( K a e)=r
+[E(R m ) -- rifla
+[E(R m ) -- r]D
fla (1.19) C
(1.19) indique que la rentabilité exigée sur une
entreprise endettée (coft des fonds propres) est égal au taux
d'intérêt sans risque augmentée d'une prime de risque
d'exploitation plus une prime de risque financiere liée a
l'endettement.
En posant R = r +
[E(Rm) -- rPa nous
obtenons l'expression (1.14) proposée par Modigliani et Miller :
D C
E ( K a e )
=R+(R--r)
Nous remarquons que plus une entreprise s'endette, plus la
rentabilité exigée par les actionnaires sur leurs fonds propres
augmente et par conséquent, le gain associé a l'effet levier de
l'endettement se trouve neutralisé par la perte de valeur de l'action.
Conséquence, la valeur de la firme reste inchangée, et, de ce
fait, l'endettement n'aura aucun impact sur la valeur de l'entreprise.
Nous pouvons, à partir de la relation (1.14),
démontrer aisément que le cout moyen pondéré du
capital d'une entreprise endettée est indépendant de la structure
financiere de celle-ci, et égal à la rentabilité
exigée par les actionnaires d'une entreprise non endettée.
En partant du coilt moyen pondéré du capital
(déjà présenté auparavant) :
? C ? ? D ?
CMPC = E K e
( ) ? ( ) r
a ?? ?? ? ?
D C ?? ??
? ( )
D C
?
En remplacant ( e )
E Ka par sa valeur dérivée de
l'équation (1.14) nous obtenons :
? D ? ? C ? ? D
?
CMPC = R ( R r )
? ? ? ? ? ?
?? r
C ?? ?? D C
? ?? ?? D C
? ??
? C ? D ? ? D ?
= R ? ? ? ? ? C ?
? ( )
R r ? ? ?
r
?? D C
? ?? ?? C ?? ?? D C
? ?? ?? D C
? ?? i? C ? ? D ? ?
C ? ? D ? ? C ? ? D ?
= R ? ? ?
R ? ? ?
r ? ? ?
r
?? D C
? ?? ?? C ?? ?? D C
? ?? ?? C ?? ?? D C ??
? ?? D C
? ?? i? C ? ? D ? ?
D ? ? D ?
= R ? ? ?
R ? ?
r ? ?
r
?? D C
? ?? ?? D C
? ?? ?? D C ??
? ?? D C
? ?? i
? D C
? ?
CMPC = R ? ? R . (1.20)
?? D C
? ??
(1.20)concrétisee la these deneutralitée de la
structure financiere. Cependant (1.20) ne sera plus vérifiéee
sil'onn prend enconsidérationn la variable fiscale
1.2.2 Les effets de la fiscalité
La remise en cause del'hypothesee de perfection
desmarchéss de capitaux conduira Modigliani et Miller (1963)àa
remettre en cause la these de neutralité de la structure financiere.
Miller (1977), en tenant compte del'impôt& sur le
revenu des personnes physiques, soutient la proposition initialed'inexistencee
de structure financiere optimale de financement qui maximise la valeur de la
firme.
1.2.2.1L'impott sur lessociétéss
La prise en compte del'impositionn desbénéficess
del'entreprisee conduira Modigliani et Miller (1963)àa affirmer que la
valeurd'unee entreprise endettée est toujours supérieureàa
celled'unee entreprise non endettée. La valeur de lapremièree
étant égaleàa la valeur de la deuxieme augmentée
del'économiee del'impôt& réaliséeàa cause
del'endettement.. En effet, une entreprise endettée aural'avantagee de
déduire les charges financieres de son résultat
imposable et par conséquent bénéficier des
économies d'impot (sous réserve que l'entreprise endettée
dégage un résultat d'exploitation positif).
Si X est le bénéfice avant impot d'une
entreprise non endettée et T , le taux d'imposition du
bénéfice, alors X(1-- T) est le
bénéfice apres impot de la firme non endettée. La valeur
de celle-ci est donnée par :
V ?
R'
X (1 -- T) ou R' est le taux de
rentabilité exigé par les actionnaires de la firme non
CMPC =
|
[
|
D ? C
R R r
? ? ? ? ? ? ?
( ) (1 )
T ? ? ? ?
r T
(1 )
C ?? D + C
|
D
|
D + C
|
endettée.
Le résultat d'une firme endettée apres impot et
avant charges financieres qui dégage le même résultat
d'exploitation que la firme non endettée est égal a :
X(1-- T)+rxTxD
oil r est le taux d'intérêt et D, la valeur de la dette. Ce
résultat correspond au résultat de la firme non endettée
augmenté de l'économie d'impot réalisée du fait de
l'endettement.
La valeur de la firme endettée s'écrit comme :
X T
(1 )
? r T D
? ?
V ? ? ? ? ?
V T D (1.21)
e n
R ? r
Nous retrouvons le résultat de Modigliani et Miller, a
savoir que la valeur d'une entreprise endettée est égale a la
valeur d'une entreprise non endettée ( Vn )
augmentée des économies
d'impot actualisées a l'infini (Tx D).
Ainsi, la valeur d'une firme est une fonction croissante de son niveau
d'endettement (plus D augmente plus ve augmente).
En tenant compte du taux d'imposition, le cout de la dette ne se
limite plus au taux d'intérêt mais a :
r' = r(1-- T) (1.22)
En conséquence, la rentabilité exigée par
les actionnaires sur leurs fonds propres devient :
E K e R R r
( ) ? ? ? ? ( ? ? ) ? (1 ? )
T
a
|
D
x (1.23)
C
|
Des lors, nous pouvons démontrer que le cout moyen
pondéré du capital n'est plus indépendant de la structure
financiere de la firme.
Partons de la relation du cout moyen pondéré du
capital :
? C ? ? D ?
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a2.png)
CMPC = E K e
( a ) ? ? ? ? ?
r
?? D C
? ?? ??D
+
C
LI
En remplacant ( ) ?
E Ka et r' par leurs valeurs on obtient :
e
C ? D ? ? D
= R ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? C
? ?
R r (1 )
T ?? ? ? ? ?
r (1 )
T
?? ??
D C
? ?? C D C
? D + C
R
|
'x
|
[
|
C
|
1 li
|
D
? ? ? ? ? ?
( ) (1 )
R r T ? ? ?
r (1 )
T
D C
?
|
x
|
D
|
D + C
|
D + C
|
R' x
?
= R ? ? ? C D
? ? ( R r ) (1 T ) r (1 T
)?
? ? ? ? ? ? ?
?? D C
? ?? D+C
[
|
C 1
li-FR'x(1 T)
|
x
|
D
|
|
|
D + C
|
D + C
|
? C D ?
= R ? ? ? ? ?
(1 )
T
?? D C
? D + CLI
? D ?
= R 1 T
? ? ? ? (1.24)
?? D C
? ??
Nous remarquons que le coot moyen pondéré du
capital n'est plus indépendant du taux d'endettement (comme
c'était le cas sans imp8t). La figure 1.2 illustre ceci :
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a3.png)
)
CMPK =
R (1 t
DD C
?
E ( K a e ) = R + (1--
t)(R -- r)
r(1-- T)
D
C
D
C
Figure 1.2 : coot du capital en prenant en compte
l'impôt sur le benefice Taux
Source : Cobbaut. R (1994) p.364
1.2.2.2 L'impot du revenu des personnes physiques
La prise en compte de l'impôt sur le revenu des
personnes physiques, montre que le gain fiscal généré par
l'endettement s'annule car les créanciers exigent un taux de
rémunération qui doit compenser la différence d'impot sur
les revenus entre dettes et capitaux propres (Miller (1977)). Le gain (G)
associé a l'endettement d'une entreprise est donné par :
? ? ?
G
? (1 ) (1 )
_ x _
T 7 l l
1 a ? X
? (1 ) D (1.25)
?? I' ?i
-- d i
Avec :
Ta : le taux d'imposition des dividendes
Td : le taux d'imposition des intérêts
Nous remarquons que :
- Lorsque (1 -- T d ) = (1 -- T) x
(1 -- Ta), le gain du a l'endettement est inexistant. On
retrouve alors la proposition initiale de Modigliani et Miller de
neutralité de la structure financière13.
- Dans le cas oü Td > Ta, le gain fiscal du a
la déductibilité des charges d'intérêt se trouve
réduit a cause de l'imposition élevée des
intérêts (revenu des créanciers).
- Si Td < Ta, l'entreprise aura
intérêt a maximiser son endettement pour maximiser le gain fiscal
lié a la déductibilité des charges
d'intérêt.
Les apports de Modigliani et Miller, que nous venons de
présenter, étaient décisifs dans l'évolution de la
théorie financière. Néanmoins, ils ont fait l'objet de
plusieurs critiques dues a l'irréalisme des hypothèses
émises et qui vont être surmontées par la théorie
dite de compromis.
1.3 La théorie de compromis
La remise en cause progressive des hypothèses
proposées par Modigliani et Miller a favorisé l'émergence
de la théorie de compromis qui confirme l'existence d'une structure
optimale de financement a cause des coüts de faillite.
L'appréhension de la relation entre ces coüts et la structure
financière passe, tout d'abord, par la présentation de ces
derniers.
1.3.1 Les coüts de faillite
L'entreprise, en s'endettant davantage, se trouve
confrontée au risque de défaut de remboursement. En effet, il
suffit que les revenus futurs attendus soient inférieurs aux
anticipations pour que l'entreprise soit confrontée au défaut de
paiement. Les entreprises qui ne sont pas loin de la cessation de paiement sont
dites potentiellement en faillite. Ces dernières supportent
généralement des coüts additionnels qui réduisent
leur valeur de marché. Il s'agit essentiellement, des dépenses
réalisées par les dirigeants de l'entreprise pour éviter
la
13 Pour démontrer que l'endettement est sans
effet sur la valeur de la firme, Miller s'appuie sur l'équilibre du
marché de la dette qui correspond au volume total d'obligations
émises par l'ensemble des firmes et qui n'implique nullement un niveau
optimal du ratio d'endettement pour l'entreprise marginale. Cet
équilibre est atteint lorsque ( 1 ) ( 1 ) ( 1 )
- T d = - T x - T a. A ce
moment le gain lié a l'endettement disparaIt complètement.
faillite, des frais de notaires, d'avocats et surtout des
coüts liés a la perte de confiance de la part des clients,
fournisseurs et employés. Ces coüts, qui dépendent de la
taille de chaque entreprise, peuvent être décomposés en
coüts directs et coüts indirects14 (Malécot
(1984)).
1.3.2 Influence des coüts de faillite sur la structure
financière
Comme nous l'avons mentionné auparavant, la
fiscalité favorise l'endettement de l'entreprise15 qui
accroIt la valeur de la firme par le biais des économies d'impôt.
Modigliani et Miller affirment qu'une valeur maximale de la firme va de paire
avec un endettement maximum. Cependant, ce résultat n'est plus valable
s'il y a probabilité de faillite des entreprises.
En effet, un endettement excessif engendre un accroissement du
risque de défaut de l'entreprise qui s'accompagne par des
difficultés financières qui surgissent lorsque l'entreprise ne
remplit plus ses promesses a l'égard de ses créanciers ou quand
elle y parvient avec difficulté.
Ces difficultés financières inquiéteront
les investisseurs et vont se refléter dans la valeur de marché
des titres de l'entreprise endettée. Ainsi, la valeur de la firme est
divisée en trois parties:
Valeur de l'entreprise = valeur de l'entreprise
financée entièrement par fonds propres + valeur actuelle de
l'économie d'impôt - valeur actuelle des coüts des
difficultés financières, l'arbitrage entre les économies
d'impôt et les coüts des difficultés financières
détermine la structure optimale du capital (Baxter (1967)).
La théorie de compromis, qui constitue un apport de
l'approche néoclassique de la firme, permet d'expliquer les
différences sectorielles observées de la structure
financière. En effet, les entreprises dont les actifs sont
essentiellement de nature incorporelle et opérant dans des
secteurs16 qui supportent des risques énormes s'endettent
relativement peu17. A l'inverse, les entreprises disposant d'actifs
de nature corporelle et relativement surs ont des ratios d'endettement
élevés.
Mais puisque la théorie de compromis ne permet pas
d'expliquer pourquoi des entreprises très rentables s'endettent
très peu, et renoncent par conséquent, aux économies
d'impôt, les
14 Parmi les coüts directs, nous pouvons citer
les coüts administratifs intervenant a priori et les coüts de vente
forcée et urgente des actifs intervenant a posteriori. Concernant les
coüts indirects, il s'agit essentiellement des coüts
d'opportunité ou des manques a gagner.
15 Ce raisonnement est valable si l'on fait
abstraction a l'imposition des personnes physiques.
16 Nous donnons a titre d'exemple, le secteur de la
haute technologie.
17 Etant donné leur probabilité de
faillite élevée, les entreprises opérant dans des secteurs
très risqués trouvent des difficultés pour accéder
au financement par emprunt.
développements théoriques qui vont suivre
permettront de donner une réponse a ces interrogations.
1.4 Apports des théories modernes de la
firme
La remise en cause des hypothèses de la théorie
néoclassique de la firme est a la base de la quatrième vague de
travaux théoriques ayant contribué au débat sur la
structure financière des entreprises.
Ces travaux de recherche, connus sous l'appellation de
théories modernes de la firme, sont nés du rejet du postulat
néoclassique de gratuité et symétrie d'information entre
les acteurs économiques. Dès lors, la problématique de la
structure de financement est abordée en tenant compte des
asymétries informationnelles entre les différents agents.
La première théorie ayant pris en compte ces
asymétries d'information est la théorie du signal qui affirme
l'existence d'une corrélation positive entre la valeur de la firme et
son niveau d'endettement.
La levée d'une autre hypothèse de la
théorie néoclassique de la firme, a savoir l'absence de
coüts d'agence, a donné naissance a la théorie des mandats
selon laquelle une structure financière optimale résulte d'un
arbitrage entre les coüts d'agence des fonds propres et les coüts
d'agence des dettes.
Deux autres théories, plus récentes en
matière de structure de financement, se sont succédées
pour appréhender les déterminants d'une structure
financière. La première considère que, sous l'effet des
asymétries d'information, il n'existe pas de structure financière
optimale mais une structure de financement qui résulte de
préférences hiérarchisées de financement. La
deuxième, affirme que la structure du capital est la résultante
des décisions financières antérieures qui dépendent
du climat boursier du moment.
1.4.1 Apport de la théorie du signal a
l'étude de la structure financière
Il nous paraIt essentiel de présenter, dans un premier
temps, la théorie du signal avant d'analyser, dans un deuxième
temps, l'apport de cette dernière au débat sur la structure
financière des entreprises.
1.4.1.1 Théorie du signal
Fondée sur l'asymétrie d'information entre les
dirigeants et les partenaires externes a l'entreprise, la théorie du
signal propose aux dirigeants, mieux informés sur la qualité de
leur
entreprise, de communiquer ces informations aux actionnaires et
aux créanciers, par le biais de signaux18.
Néanmoins, l'émission d'un signal n'est pas sans
poser des problèmes d'imitation. En effet, les dirigeants d'une
entreprise de mauvaise qualité vont tenter de publier les mêmes
informations émises par les dirigeants d'une entreprise de bonne
qualité pour que leur entreprise soit reconnue performante. Pour
éviter ce problème d'imitation, les dirigeants des entreprises
performantes doivent émettre des signaux porteurs de conséquences
néfastes pour ceux qui les imitent. Parmi ces signaux, nous pouvons
citer l'émission de titres à caractéristiques optionnelles
qui représentent pour les bailleurs de fonds un gage incitant les
dirigeants de la firme à agir dans leur
intérêt19.
1.4.1.2 Théorie du signal et structure
financière
La première application de la théorie des
signaux à l'analyse de la structure financière des entreprises
est due à Ross (1977) qui a développé un modèle
fondée sur les hypothèses suivantes :
- Les marchés de capitaux sont parfaits. Il n'y a ni
coüts de transaction ni effets de
taxation.
- Les coüts d'agence sont nuls mais l'information sur le
marché est asymétrique. Les dirigeants détiennent des
informations privilégiées sur la qualité de leur
entreprise.
- Le modèle se situe dans un monde à deux
périodes et il n'existe que deux types de firmes sur le marché.
Les firmes performantes et les firmes non performantes.
- Les investisseurs sont neutres vis-à-vis du risque.
Sur la base de ces hypothèses, Ross conclut que le niveau
d'endettement des entreprises performantes est supérieur à celui
des entreprises de qualité médiocre. Il en découle que la
valeur d'une firme est positivement corrélée avec son
degré d'endettement. Nous constatons alors, que le modèle de Ross
converge en terme de résultat avec la deuxième thèse de
Modigliani et Miller (un endettement maximum signifie une valeur maximale de la
firme). Néanmoins ces deux apports divergent en terme de démarche
ayant permis l'aboutissement à ce résultat. Alors que Modigliani
et Miller justifient la corrélation positive entre la valeur de la firme
et son niveau d'endettement par l'existence d'économies d'impôt
18 Prennent généralement la forme de
décisions financières.
19 L'émission d'obligations convertibles en actions
incitera les dirigeants à fournir les efforts nécessaires afin de
maximiser la valeur des actions de la firme. Si les dirigeants s'abstiennent de
déployer les efforts nécessaires, la valeur de la firme diminue,
l'option de conversion des obligations en actions ne sera pas exercée et
la carrière des dirigeants se trouve en danger.
liées a la déductibilité des charges
financières, Ross aboutit a cette corrélation en fondant son
modèle sur l'hypothèse d'asymétrie d'information entre
dirigeants et investisseurs externes. Cependant, Ross n'intègre pas les
coüts d'agence qui seront pris en compte dans le cadre de la
théorie d'agence qui fera l'objet d'une présentation dans la sous
section suivante.
1.4.2 Apport de la théorie d'agence a l'étude
de la structure financière
La théorie d'agence qui propose des explications aux
comportements financiers observés des entreprises, apporte une
contribution au débat sur la structure financière des firmes.
La présentation de cette théorie de même que
l'analyse de son apport a l'étude de la structure financière fera
l'objet des deux points de cette deuxième sous section.
1.4.2.1 La théorie d'agence
La théorie d'agence est fondée sur
l'asymétrie de l'information entre les différents agents
économiques et sur la divergence d'intérêts entre les
dirigeants et les actionnaires (ainsi que les créanciers et
actionnaires). Cette divergence d'intérêts trouve son origine dans
le principe néoclassique selon lequel, chaque agent économique
cherche a maximiser son intérêt particulier avant
l'intérêt général. La théorie d'agence permet
de caractériser les contrats optimaux qui peuvent être conclus
entre deux personnes et d'expliquer les comportements de certaines entreprises
du moment oü il existe une relation d'agence. Cette dernière se
définit comme étant un contrat par lequel, une personne
appelée principal ou mandat a recours aux services d'une autre personne,
agent ou mandataire, pour réaliser en son nom et pour son compte une
tâche déterminée qui implique la délégation
de certaines décisions du mandat au mandataire.
Dans l'entreprise, il existe une relation d'agence entre les
actionnaires et les dirigeants : les premiers délèguent une part
de leurs pouvoirs aux seconds, et cette délégation peut
être source de conflits potentiels. Les dirigeants s'engagent a agir dans
l'intérêt des mandataires, mais peuvent être tentés
de maximiser avant tout leur richesse.
Ce type de comportement peut s'expliquer par le fait que les
dirigeants ne détiennent pas personnellement la totalité des
droits de propriété de l'entreprise. Il résulte alors de
la délégation du pouvoir dont bénéficie les
dirigeants des coüts d'agence. En effet, vu que le mandataire ne
bénéficie pas du profit total de son activité, il peut
détourner les richesses non financières de l'entreprise (Baxter
(1976)). Ce détournement est a la base de conflits entre actionnaires et
dirigeants qui peuvent engendrer selon Jensen (1986) des coüts d'agence
qui peuvent être de trois types:
- Les coüts de contrôle : il s'agit des
dépenses résultant de la nécessité pour le
principal de surveiller les actions de l'agent et de l'inciter a agir dans son
intérêt
- Les coüts de justification: qui comportent des
dépenses engagées par le mandataire pour prouver la
qualité des décisions prises et convaincre le mandat qu'il agit
bien dans son intérêt. - Les coüts résiduels : les
coüts de justification résultant de la volonté des deux
parties contractantes de limiter la perte de valeur entraInée par le
caractère sous optimal des décisions prises par le mandataire.
Cette perte de valeur ne peut être réduite a néant, car a
partir d'un certain seuil de contrôle, le coüt marginal
engendré dépasse le revenu marginal généré
par l'activité de contrôle (Ginglinger (1991) p.42).
A ce niveau, il apparaIt important de signaler qu'il existe
aussi des conflits d'intérêt entre actionnaires et
créanciers dont les principales sources20 sont la
substitution d'actifs, le sous investissement, la dilution des créances
et la politique de dividendes.
1.4.2.2 Théorie d'agence et structure
financière
Contrairement a la théorie de compromis qui stipule
qu'une structure financière optimale résulte d'un arbitrage entre
avantages fiscaux liés a l'endettement et coüts de détresse
financière, la théorie d'agence affirme que l'arbitrage entre les
coüts d'agence des fonds propres et les coüts d'agence relatifs aux
relations avec les créanciers détermine une structure
financière optimale pour la firme.
En effet, les conflits entre actionnaires et dirigeants
peuvent être résolus par l'émission de dettes qui permet,
de ce fait, de réduire les coüts d'agence des fonds propres et
s'explique par le fait que l'augmentation de la part des dettes dans le passif
de l'entreprise aura pour effet une augmentation du contrôle par la
banque de la qualité de gestion des dirigeants. De surcroIt, le paiement
régulier des intérêts de la dette aura pour effet la
diminution de la probabilité d'investissement sous optimal de la part du
dirigeant puisque le cash flow disponible se trouve réduit. Ainsi,
l'augmentation de l'endettement accroIt le risque de faillite, et de ce fait,
le risque de perte de l'emploi du dirigeant, chose qui incitera ce dernier a
fournir les efforts nécessaires pour maximiser la valeur de la firme et
par conséquent la richesse des actionnaires.
Si l'endettement est un moyen efficace de résolution des
conflits entre actionnaires et dirigeants, il est cependant, source de
coüts d'agence entre actionnaires et créanciers.
En effet, le recours a l'endettement s'accompagne de coüts
d'agence qui peuvent être classés en trois catégories:
20 Voir a ce titre << Théorie
financière >> Robert Cobbaut (1994).
-Les coüts liés à la possibilité de
détournement par les dirigeants des fonds prêtés par les
créanciers à des fins plus risqués que prévu de
sorte à maximiser la valeur de l'endettement au détriment du
risque. Les créanciers n'accepteront alors de prêter à
l'entreprise qu'à un prix intégrant le choix des projets
d'investissement les plus rentables, prix qui sera, par définition,
élevé.
- Les coüts de contrôle engagés par les
créanciers pour vérifier la qualité de gestion des
dirigeants, ces coüts seront intégrés par les
créanciers dans le coüt d'endettement de l'entreprise et auront
pour effet le renchérissement du coüt de la dette.
- Les coüts d'une éventuelle faillite qui seront
à leur tour pris en compte par les créanciers dans la
détermination de leur niveau de rémunération.
L'existence de tous ces coüts conduira les entreprises
désireuses de maximiser leur valeur à s'endetter jusqu'au point
oü l'accroissement de leur valeur due aux investissements financés
par endettement sera égal aux coüts d'agence marginaux
générés par un surcroIt d'endettement21.
1.4.3 Les autres apports théoriques en
matière de structure financière
Le débat sur la structure financière est loin
d'être clos, puisque deux nouvelles théories ont récemment
fait leur apparition pour appréhender les déterminants de la
structure financière des firmes. Il s'agit de la théorie des
préférences hiérarchisées de financement (Peking
order) et de la théorie de <<Market timing >>.
1.4.3.1 Théorie des préférences
hiérarchisées de financement
Fondée sur l'existence d'asymétries
informationnelles entre les agents aussi bien à l'intérieur
qu'à l'extérieur de l'entreprise, la théorie de <<
peking order>> nous enseigne que l'entreprise suit une hiérarchie
des financements précise guidée par le besoin de fonds externes
et non par la recherche d'un ratio d'endettement optimal.
Selon Myers (1984), les investissements de l'entreprise sont,
tout d'abord, financés par des fonds internes (autofinancement), puis
par des émissions nouvelles de titres d'emprunt, et enfin, par des
émissions nouvelles d'actions. Les augmentations de capital
n'interviennent qu'en dernier ressort, quand l'entreprise a
dépassé sa capacité d'endettement.
L'ordre de préférences que nous venons de
présenter s'explique par le fait que l'autofinancement ne pose pas de
problèmes d'asymétries informationnelles qui peuvent
21 Ici, le principe néoclassique de
raisonnement à la marge s'applique parfaitement.
coüter cher à l'entreprise. En effet, en
choisissant de se financer de manière interne, l'entreprise n'aura pas
à justifier ses décisions d'investissement puisqu'elle financera
ces derniers par les ressources générées de son
activité. Ce problème de justification se pose lorsque
l'entreprise manifeste un besoin de financement externe. Elle aura alors
à choisir entre l'émission de titres d'emprunt et l'augmentation
de capital pour combler son déficit.
Le financement par émission de nouvelles actions
apparaIt plus coüteux pour l'entreprise que le financement par
endettement. Ceci s'explique par le fait que les actionnaires exigent un plan
détaillé des projets et des perspectives d'avenir de
l'entreprise. La communication de ce plan revient chère à
l'entreprise et donne une information précieuse à ses
concurrents. De plus, l'augmentation du capital pose des difficultés
techniques22qui engendrent des coüts supplémentaires. On
comprend alors pourquoi l'entreprise opte d'abord pour l'endettement en cas de
déficit interne de financement.
En effet, l'émission des titres d'emprunt est une
opération moins coüteuse que l'augmentation du capital dans le sens
oü les créanciers exigent moins d'information que les actionnaires
sur les investissements projetés du fait qu'ils ont droit à une
rémunération fixe23.
Le constat à tirer de cette
théorie24, est que la structure financière d'une
entreprise est le résultat cumulé des décisions de
financement individuelles dans lesquelles les dirigeants suivent une
hiérarchie.
1.4.3.2 Théorie de « Market
Timing>>
La théorie de <<Market Timing>> se
réfère au climat du marché financier pour expliquer en
quoi résulte une structure financière. En effet, les
modalités à choisir pour se financer dépendent des
conditions du marché, il serait opportun pour une entreprise de
procéder à des augmentations de capital si le climat boursier est
favorable à ces opérations, c'est-à-dire lorsque les cours
des titres évoluent à la hausse reflétant ainsi
l'optimisme des investisseurs. L'entreprise aura intérét à
racheter ses titres ou à s'endetter lorsque le pessimisme règne
sur le marché boursier.
Ainsi Baxter et Wurgler (2002) et Welch (2004) affirment que la
structure du capital est la résultante de la volonté
successive de <<timer>> le marché. Dans cette condition, la
structure du capital des firmes ne résulte plus du choix conscient
d'un ratio cible d'endettement, ni de
22 Notamment la détermination du prix
d'émission convenable
23 S'il n'y avait pas d'asymétries
d'information entre les acteurs internes et externes à l'entreprise, il
n'y aurait pas de préférences hiérarchisées de
financement.
24Pour ses applications voir notamment Titman et
Wessels (1988), Rajan et Zingales (1995) qui ont montré l'existence de
fortes corrélations négatives entre les ratios de dette et la
profitabilité passée de l'entreprise. Ce qui veut dire que
l'autofinancement est préféré à l'endettement.
préférences hiérarchisées de
financement, mais de l'accumulation des décisions prises dans le
passé en fonction du contexte boursier du moment.
Conclusion
Le premier chapitre a présenté une
synthèse des contributions au débat sur la structure
financière et a montré que le choix d'une structure
financière dépend de plusieurs variables. En effet, la
théorie de compromis met en oeuvre une structure financière qui
résulte d'un arbitrage entre les économies d'impôts
liés a l'endettement et les coüts d'une éventuelle faillite.
La théorie des préférences hiérarchisées de
financement montre que la structure financière est influencée par
les asymétries d'information. La théorie de Market timing affirme
que celle-ci dépend des conditions du marché.
Avant d'appréhender les déterminants de la
structure financière des entreprises marocaines, il est opportun de
décrire, dans un deuxième chapitre, leur environnement financier
et fiscal.
Chapitre II
Environnement financier et fiscal de l'entreprise
marocaine
Introduction
Le choix d'une structure de financement, permettant a
l'entreprise de maximiser sa valeur, dépend principalement de son
environnement financier et fiscal.
Par environnement financier, il faut entendre les
différentes composantes du système financier de même que
les modalités de financement que ce système offre aux
entreprises. L'environnement fiscal est matérialisé par
l'ensemble de règles d'imposition des différentes
modalités de financement auxquelles l'entreprise recourt.
Au Maroc, le système financier a subi des mutations
profondes dans le cadre des réformes entreprises depuis les
années quatre-vingt. Il s'agit de la mise en place d'un système
financier moderne, libéral et en mesure d'assurer une meilleure
mobilisation de l'épargne qui peut être allouée aux
entreprises de deux manières :
- Soit indirectement (financement intermédié) par
le système bancaire ayant pour mission principale la distribution des
crédits a l'économie.
- Soit directement (financement
désintermédié) par le biais du marché des capitaux
qui permet a l'entreprise d'émettre des titres de créance ou de
propriété pour combler son déficit de financement.
A l'instar du système financier, le système fiscal
a également subi une réforme ayant pour motif principal le
traitement fiscal inéquitable des différents moyens de
financement25.
Pour remédier a cette situation, le législateur
marocain a entrepris des mesures fiscales incitant les entreprises a renforcer
leurs fonds propres.
Dans la mesure oü les décisions de financement des
entreprises marocaines sont largement influencées par le système
financier de même que par le traitement fiscal des différentes
modalités de financement, il nous parait essentiel d'esquisser, dans une
première section, les composantes et les caractéristiques du
système financier marocain, ensuite présenter, dans une
deuxième section, les différentes modalités de financement
que ce système offre aux entreprises marocaines. L'exposé de ces
différentes modalités de financement nous conduira, dans une
troisième section, a l'examen du traitement fiscal que le
législateur marocain leur a réservé.
2.1 Le système financier Marocain
Principale source d'approvisionnement des entreprises
marocaines en ressources financières, le système financier
marocain est composé du secteur bancaire, ayant pour mission
principale
25La fiscalité marocaine a largement
favorisé le financement par emprunt au détriment des fonds
propres.
la distribution des crédits à l'économie, et
du marché des capitaux qui permet aux entreprises d'émettre des
titres de créance pour combler leurs besoins de financement.
Ces deux composantes du système financier, qui ont connu
des réformes depuis les années quatre vingt, feront l'objet d'une
présentation dans la suite de cette section.
2.1.1 Le système bancaire marocain
Le système bancaire marocain, à l'instar des
autres composantes du système financier, a connu dés le
début des années 90 une réforme qui s'est traduite par la
généralisation de la banque universelle, la libéralisation
des taux d'intérêt et la déréglementation de
l'activité bancaire. Les instruments mis en oeuvre pour réaliser
ces objectifs concernaient, essentiellement, l'encadrement du crédit,
les emplois obligatoires et le plancher d'effets publics. De ce fait, nous
présenterons, dans un premier point, l'évolution des principaux
instruments de régulation du crédit utilisés au Maroc.
Avant d'exposer, dans un deuxième point, la structure et le cadre
juridique régissant l'activité bancaire au Maroc.
2.1.1.1 Evolution des instruments de regulation du
credit
Nous présenterons les instruments de régulation du
crédit, utilisés entre 1959 et 1991, ainsi que les nouveaux
instruments de régulation introduits depuis 1991.
2.1.1.1.1 Les instruments de regulation du credit
(1959-1991)
Les instruments de régulation du crédit,
utilisés au Maroc, concernaient essentiellement le plafond de
réescompte, le coefficient de trésorerie, la réserve
monétaire, le plancher d'effets publics et l'encadrement du
crédit.
A - Le plafond de réescompte
Institué en juillet 1959 pour contrôler
étroitement la masse monétaire, le plafond de réescompte
est une technique qui consiste à déterminer, pour chaque
établissement bancaire, un plafond unique d'escompte
déterminé en fonction des dépôts collectés,
au delà duquel les taux pratiqués par l'institut
d'émission deviennent dissuasifs26.
A ce niveau, il est essentiel de noter que le plafond de
réescompte s'est avéré inefficace pour limiter la
distribution des crédits. En effet, pour satisfaire la demande de
crédits, les banques
26 Il faut souligner, cependant, que le plafond de
réescompte ne s'appliquait pas aux effets relatifs aux secteurs
jugés prioritaires par les pouvoirs publics.
n'avaient pas a réescompter des effets de commerce car
elles se refinancaient auprès de leurs maisons mères
installées a l'étranger.
B - Le coefficient de trésorerie
Institué en octobre 1963, le coefficient de
trésorerie est venu compléter la technique de réescompte
pour mieux contrôler la liquidité bancaire. C'est un instrument de
la politique monétaire qui consiste a bloquer, dans l'actif des
établissements de crédit, 45% de leurs exigibilités,
constituées des avoirs en caisse ou en compte a l'institut
d'émission, des bons de trésor et des effets
réescomptables hors plafond. Nous remarquons, néanmoins, que
l'efficacité de cette technique est restée limitée puisque
les établissements de crédit ont pu répondre favorablement
a la demande de crédit qui leur a été adressée
malgré le plafond de réescompte et le coefficient de
trésorerie, incitant les autorités a le remplacer par deux
nouveaux instruments : la réserve monétaire et le plancher
d'effets publics.
C - La réserve monétaire
Elle est instituée en février 1966 pour
éponger le surplus de liquidité monétaire. La
réserve obligatoire (technique de contrôle indirecte de la
distribution de crédit) consistait a conserver dans un compte
rémunéré a Bank Al-Maghrib (BAM) l'excédant des
dépôts a vu et a terme.
A partir de novembre 1966, les banques n'avaient a placer
auprès de BAM que 25% de l'accroissement des dépôts a vu.
Par la suite, le taux de la réserve monétaire s'est fixé
en 1971 a 4% de l'ensemble des exigibilités des banques. A son tour,
cette mesure s'est révélée inefficace pour limiter la
distribution des crédits.
D - Le plancher d'effets publics
Il fut instituée en février 1966 et consistait a
imposer aux banques commerciales la détention d'un portefeuille minimum
d'effets publics (bons du trésor) qui oscillait entre 30 et 35% des
exigibilités des banques jusqu'au début des années quatre
vingt dix.
E - L'encadrement du crédit
La nécessité d'intervenir directement pour
contraindre la distribution des crédits par les banques, a conduit les
autorités marocaines a instituer en 1969 l'encadrement du crédit.
Cette procédure administrative consiste a imposer aux banques pour une
période déterminée et par rapport a une date de
référence, une limite d'accroissement de leurs concours. Des
sanctions ont été prévues en cas de dépassement de
cette limite.
Cependant, des procédures dérogatoires ont
été admises pour ne pas pénaliser l'activité
économique et favoriser certains secteurs jugés prioritaires
(essentiellement le secteur agricole).
L'encadrement du crédit a été
abandonné en 1972 pour relancer l'activité économique a
travers une politique monétaire expansionniste utilisant les techniques
de contrôle indirectes (réserve monétaire et plafonds de
réescompte).
La relance de l'activité économique s'est
traduite par des déséquilibres économiques et financiers
qui ont obligé les autorités monétaires a
réinstaurer en 1976 la politique d'encadrement du crédit. Cette
dernière a été reconduite d'année en année
par les autorités monétaires jusqu'en 1990.
2.1.1.1.2 Les nouveaux instruments de régulation
du crédit
Pour freiner le développement des crédits, suite
a l'abolition de l'encadrement du crédit et la réduction des
emplois obligatoires, les autorités monétaires ont
utilisées la réserve monétaire et la modulation du volume
et du coüt de refinancement sur le marché monétaire, en
instituant un nouveau système de refinancement des établissements
bancaires. Ce dernier est fondé sur des appels d'offre hebdomadaires et
des prises en pension a cinq jours. Les taux communiqués par BAM,
utilisés comme instrument de régulation, constituent les deux
taux directeurs qui permettent a la banque centrale d'orienter les taux sur le
marché monétaire interbancaire et de ce fait, agir indirectement
sur la distribution des crédits.
2.1.1.2 Structure et cadre juridique de
l'activité bancaire
Avant de présenter le cadre juridique régissant
l'activité bancaire, une présentation de la structure du
système bancaire est nécessaire.
2.1.1.2.1 Structure du système
bancaire
Caractérisée par l'importance des fonds
propres27, et une rentabilité confortable mais aussi une
faible concurrence, le système bancaire marocain compte, a fin 2007, 76
établissements de crédit et organismes assimilés dont 16
banques, 37 sociétés de financement, 6 banques offshore, 14
associations de micro crédit et 3 autres établissements.
Le nombre des établissements de crédit a
baissé entre 2003 et 2007 en passant de 82 a 76 établissements
de crédit a cause des fusions acquisitions soit des banques en
difficulté par d'autres banques, soit de décisions
s'inscrivant dans une logique de rationalisation ou de
27 Les ratios des règles prudentielles
dépassent largement ce qui est requis.
renforcement des parts de marché. Le tableau 2.1
présente l'évolution des principaux indicateurs du système
bancaire marocain.
Tableau 2.1 : Evolution des principaux indicateurs
d'activité et de rentabilité des banques marocaines
(2003-2007) (en milliards de dirhams).
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Crédits par décaissement (nets des
provisions)
|
207
|
223
|
250
|
304
|
402
|
Dépôts de la clientele
|
300
|
327
|
373
|
437
|
516
|
Fonds propres (hors bénéfice de
l'exercice)
|
27
|
32
|
36
|
40
|
46
|
Produit net bancaire
|
17,3
|
18,6
|
20,2
|
22,2
|
26
|
Taux des créances en souffrance
|
18,7%
|
19,4%
|
15,7%
|
10,9%
|
7,9%
|
Source: rapports de Bank Al Maghrib (2003-2007)
Nous remarquons que les crédits distribués de
méme que les dépôts collectés ont augmenté
d'année en année. Le taux de croissance annuel moyen des
crédits, 18,42 %, celui des dépôts, 14,57%, montrent que
les crédits distribués ont augmenté plus vite que les
dépôts collectés. Nous constatons également que le
produit net bancaire28 s'est nettement amélioré,
passant de 17,3 milliards en 2003 a 20,2 milliards de dirhams en 2005, puis a
26 milliards en 2007. Le taux de croissance des créances en souffrance
montre une nette régression d'une année a l'autre passant de
18,7% a 9,7% en 2007.
2.1.1.2.2 Cadre juridique régissant
l'activité bancaire
Les changements induits par les réformes du
système financier ont rendu indispensable la modernisation du cadre
juridique régissant l'activité bancaire. Ainsi, la promulgation
d'une nouvelle loi bancaire en 1993, en remplacement de celle de 1967 visait
trois objectifs :
1- l'unification du dispositif juridique applicable a
l'ensemble des établissements bancaires et financiers. La notion de
banque universelle a été introduite et les établissements
bancaires ont été classés en deux catégories:
- les banques autorisées a collecter les
dépôts et a accorder les crédits.
- Les sociétés de financement qui ne sont pas
autorisées a collecter des dépôts a vu ou dont la
durée n'excède pas deux ans. Il s'agit des sociétés
de crédit a la consommation, des sociétés de crédit
bail, des sociétés d'investissement et d'autres
établissements telles que le fond d'équipement communal, la
caisse marocaine des marchés et les sociétés de capital
risque.
2- l'élargissement du cadre de la concertation entre
les autorités monétaires et la profession. C'est ainsi que fut
créée trois organes de concertation a la place du conseil du
crédit et du marché financier. Il s'agit :
28 Il mesure la contribution spécifique des
banques a l'augmentation de la richesse nationale
- du conseil national de la monnaie et de l'épargne
consulté sur la politique monétaire et financière.
- Du comité des établissements de crédit
chargé de la réglementation des établissements de
crédit.
- << De la commission de discipline des
établissements bancaires qui est chargée d'instruire les dossiers
disciplinaires et de proposer les sanctions qui seront prononcées par le
ministère des finances, ou le gouverneur de BAM, a l'encontre des
établissements pour les infractions pour lesquelles elles ont
été saisies.>> Rigar (2003) p.336.
3- Le renforcement de la protection des déposants et
des emprunteurs a travers, entre autres, la mise en place d'une
réglementation prudentielle rigoureuse visant a limiter les risques des
établissements bancaires.
La loi bancaire de 1993 a été
complétée en 2006 par le nouveau dispositif prudentiel de Bale II
qui repose sur trois piliers29 :
Pilier I : les établissements bancaires sont tenus de
respecter un niveau minimum de fonds propres pour couvrir leurs risques de
crédit, opérationnels et de marché
Pilier II : la banque centrale doit s'assurer que les
établissements de crédit disposent d'instruments leur permettant
de maItriser les risques et de respecter en permanence un niveau adéquat
de fonds propres.
Pilier III: les établissements de crédit sont
tenus de publier des informations fiables et régulières sur les
risques encourus, ainsi que sur les dispositifs mis en place pour leur maItrise
et l'adéquation de leurs fonds propres.
2.1.2 Le marché des capitaux marocain
Le marché des capitaux, n'ayant joué pendant
longtemps qu'un role marginal dans le financement des activités
économiques, s'est engagé dans un vaste programme de
modernisation et de réorganisation visant a faire évoluer le
système financier d'une économie d'endettement peu efficace
économiquement vers une économie de marchés financiers
capable d'allouer les ressources financières d'une manière
optimale. C'est ainsi que le marché monétaire et boursier ont
connu une nouvelle dynamique qui s'est traduite par une réduction du
coüt des ressources financières.
29 Rapport de banque Al Maghrib 2005
2.1.2.1 Le marché monétaire
Le marché monétaire, quasi inexistant pendant
plusieurs années, s'est inscrit dans un processus de modernisation qui a
concerné toutes ses composantes. Une présentation de ces derniers
s'avère essentielle après un exposé synthétique des
principales réformes du marché monétaire. En effet, c'est
en 1989 que nous avons assisté a l'introduction de la technique des
adjudications qui permet au trésor de lever les fonds nécessaires
au financement de son déficit et qui met en concurrence les
souscripteurs ou soumissionnaires aux bons du trésor. Par la suite, le
marché monétaire, réservé au départ aux
seules banques, a été ouvert graduellement, d'abord aux
établissements financiers et compagnies d'assurance, puis aux
entreprises publiques et privées et enfin en 1995 aux personnes
physiques de méme qu'aux non résidents. Ainsi, le trésor a
initié une série de mesures destinées a améliorer
les procédures d'émission afin de rendre le marché des
adjudications plus attractif. L'animation du marché a été
par la suite confiée aux intermédiaires en valeur du
trésor, choisis parmi les institutions financières les plus
dynamiques de la place. En méme temps, le marché a
été ouvert aux émetteurs privés par la
création en 1995, des titres de créances négociables
constituées par les certificats de dépôt émis par
les banques, les billets de trésorerie émis par les entreprises
non financières et les bons des sociétés de financement.
Cette ouverture graduelle du marché monétaire avait pour objectif
l'allocation optimale des ressources financières par le biais de la
désintermédiation.
2.1.2.1.1 Les composantes du marché
monétaire marocain
Il s'agit du marché interbancaire, du marché des
bons du trésor et du marché des titres de créances
négociables.
A - Le marché interbancaire
Permettant aux banques d'équilibrer leurs
trésoreries par le biais de la compensation de leurs déficits et
excédents, le marché monétaire interbancaire a connu,
depuis juin 199530, un dynamisme marquée par le
développement des transactions interbancaires qui offrent des taux de
refinancement plus avantageux que ceux de Bank Al-Maghrib.
30 Date de la réforme de refinancement qui a
supprimé le réescompte auprès de Bank Al-Maghrib des
crédits privilégiés a taux faibles.
Tableau 2.2 : Evolution des encours de prêts
et emprunts sur le marché monétaire interbancaire (2003-2007)
(en millions de dirhams)
Encours moyens de fin de mois
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Prêts des banques
|
659
|
1011
|
2584
|
4945
|
5492
|
Prêts de la CDG
|
133
|
82
|
18
|
109
|
35
|
Prêts des autres intervenants
|
63
|
207
|
1
|
2
|
6
|
Total des prêts
|
855
|
1300
|
2602
|
5056
|
5533
|
Emprunts des banques
|
676
|
973
|
2445
|
3126
|
4927
|
Emprunts de la CDG
|
--
|
251
|
157
|
1931
|
606
|
Emprunts des autres intervenants
|
179
|
76
|
--
|
--
|
--
|
Total des emprunts
|
855
|
1300
|
2602
|
5056
|
5533
|
Source: Tableau élaboré à partir des
rapports de banque Al-Maghrib (2003-2007)
Les encours des prêts et emprunts sur les cinq
dernières années n'ont cessé de croItre, passant de 855
millions en 2003 a 2602 millions de dirhams en 2005 puis a 5533 millions en
2007. Ce volume important de prêts et emprunts sur le marché
interbancaire prouve la contribution considérable de cette composante
dans le volume global des transactions effectuées sur le marché
monétaire.
B - Le marché des bons du trésor
La technique des adjudications qui met en concurrence les
souscripteurs ou soumissionnaires aux bons de trésor a permis d'assurer
le refinancement du trésor aux meilleures conditions. En effet, le
trésor a profité de la baisse des taux d'intérêt
alimentée essentiellement par l'abondance de l'offre de fonds due a la
surliquidité bancaire. Comme nous pouvons le voir au tableau 2.3 :
Tableau 2.3 : Evolution du taux
d'intérêt des bons du trésor émis par adjudication
(2003-2007)
|
|
|
Taux moyen pondéré
|
|
|
Maturité
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
13 semaines
|
3,4
|
2,42
|
2,48
|
2,56
|
3,57
|
26 semaines
|
3,54
|
2,65
|
2,61
|
2,63
|
3,48
|
52 semaines
|
3,85
|
3,03
|
2,89
|
2,99
|
3,35
|
2 ans
|
4,00
|
3,44
|
3,22
|
3,11
|
3,27
|
5 ans
|
4,83
|
4,50
|
3,97
|
3,76
|
3,18
|
10 ans
|
5,70
|
5,10
|
4,78
|
4,29
|
3,40
|
15 ans
|
6,15
|
5,68
|
5,34
|
4,90
|
3,65
|
20 ans
|
--
|
6,08
|
5,99
|
5,19
|
3,81
|
30 ans
|
--
|
--
|
--
|
3,98
|
3,98
|
Source: Tableau élaboré à partir des
rapports de banque Al Maghrib (2003-2007)
C - Le marché des titres de créances
négociables
La création des titres de créances
négociables a permis aux investisseurs de mieux arbitrer entre les
différents produits financiers et de choisir les durées de
placement qui leur conviennent. De son coté, la composante titres de
créances négociables a été très dynamique
ces dernières années en raison de l'abondance des
liquidités et de la baisse des taux d'intérêt. C'est ainsi
que le volume d'émission des titres de créances
négociables n'a cessé d'augmenter durant les cinq
dernières années. Comme c'est illustré au tableau 2.4 :
Tableau 2.4 : Encours des titres de créances
négociables (2003-2007) (en millions de dirhams)
Catégorie de titre
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Certificats de dépôt
|
1465
|
1179
|
1482
|
4692
|
12449
|
Bons des sociétés de
financement
|
6716
|
5583
|
5021
|
4717
|
3556
|
Billets de trésorerie
|
60
|
2711
|
2978
|
906
|
1258
|
Total
|
8241
|
9473
|
9481
|
10315
|
17262
|
Source: Tableau élaboré a partir des rapports
de banque Al Maghrib (2003-2007)
2.1.2.2 Le marché boursier
Assurant l'allocation des ressources financières au
sein de l'économie, le marché boursier marocain, ayant longtemps
joué un role marginal dans le financement des activités
économiques, a vécu au cours de la décennie quatre vingt
dix une série de réformes institutionnelles visant la stimulation
de l'épargne et la création d'une nouvelle dynamique
financière reflétée par les indicateurs de
l'activité boursière qui ont évolué
significativement a la hausse.
2.1.2.2.1 Synthèse des principales réformes
du marché boursier
Le marché boursier a connu, depuis 1993, un vaste
programme de modernisation et de réorganisation ayant
débouché sur une nouvelle structure composée :
- De la bourse des valeurs de Casablanca, constituée
sous forme de société anonyme chargée de l'organisation et
de la gestion du marché boursier : organisation des introductions en
bourse, gestion des séances de cotation, diffusion des cours et des
indices, etc. Ses parts sont détenues a parts égales par les
sociétés de bourse.
- Les sociétés de bourse, actuellement au nombre
de seize et disposant du monopole de négociation sur le marché
boursier assurent également la garde des titres, la gestion des
portefeuilles de valeurs mobilières en vertu d'un mandat, le conseil a
la clientèle et l'assistance technique aux personnes morales
désirant s'introduire en bourse.
- Du dépositaire central (MAROCLEAR),
créé en 1997, est chargé de la conservation des valeurs
mobilières inscrites en comptes et d'en faciliter la circulation pour le
compte des affiliés.
- Du conseil déontologique des valeurs
mobilières (CDVM), crée en 1993, qui intervient en tant
qu'autorité de contrôle chargé de la protection de
l'épargne investie en valeurs mobilières ou tout autre placement
réalisé par appel public a l'épargne. Ainsi, le CDVM a
pour mission de veiller au bon fonctionnement du marché des valeurs
mobilières en assurant la transparence et la sécurité.
La nécessité de se mettre au diapason des
standards internationaux a conduit les autorités a instaurer en 1998 le
système de cotation électronique en remplacement de la cotation a
la criée. Ainsi, le délai de dénouement des transactions a
été ramené de cinq a trois jours.
Le processus d'élargissement du marché boursier
s'est poursuivit par l'institution du régime de titrisation des
créances hypothécaires inscrites dans le bilan des
établissements bancaires. De même, nous avons assisté a la
création des organismes de placement collectifs en valeurs
mobilières qui ont joué un rôle important dans l'animation
de la bourse et la canalisation de l'épargne vers le marché
boursier.
2.1.2.2.2 Evolution des principaux indicateurs de
l'activité boursière
L'indice Masi flottant, la capitalisation boursière de
même que le volume des transactions constituent les trois principaux
indicateurs renseignant sur le rythme de l'activité boursière.
A - L'indice Masi flottant
Considéré comme l'indice globale de
capitalisation, le Masi, composé de toutes les valeurs de type action
cotée a la bourse des valeurs, a enregistré sur les cinq
dernières années une hausse significative qui peut être
expliquée par la forte demande des actions31 qui a fait
grimper leur prix.
31 L'amélioration des performances des
sociétés cotées, les campagnes publicitaires et les
mesures mises en place pour dynamiser la bourse de Casablanca ont
stimulé la demande des actions.
Figure 2.1 : Evolution de l'indice
MAST
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a4.png)
Valeur
14000
12000
10000
4000
2000
8000
6000
Evolution de l'indice Masi sur les cinq dernières
années
0
années 2003 2004 2005 2006 2007
Année
Source : Publications de la bource des valeurs de Casablanca
(2003-2007)
B - La capitalisation boursière
Les cinq dernières années ont été
marquées par un accroissement notable de la capitalisation
boursière. Cet accroissement trouve son origine d'une part, dans les
nouvelles introductions en bourse de plusieurs entreprises, et d'autre part,
dans la demande accrue des titres de propriété. C'est ainsi que
la capitalisation boursière est passée de 115,5 milliards en
2003, a 252,3 milliards de Dirhams en 2005, puis a 586,3 milliards de dirhams
en 2007, comme nous pouvons le voir a la figure 2.2.
Figure 2.2 : Evolution de la capitalisation
boursière
Evolution de la capitalisation boursière sur les
cinq dernières années
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a5.png)
2003 2004 2005 2006 2007
valeur
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
Année
Source : Publications de la bourse des valeurs de Casablanca
(2003-2007)
C - Le volume des transactions
Le volume des transactions a enregistré, a son tour,
une hausse durant les cinq dernières années. Cette
évolution favorable montre le dynamisme de la bourse de Casablanca et
montre que le volume des transactions réalisé est passé de
53,7 milliards de dirhams en 2003 a 148,5 milliards en 2005 pour atteindre
359,7 milliards au 31 décembre 2007.
Figure 2.3 : Evolution du volume des
transactions
Evolution du volume des transactions sur les cinq
dernières années
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a6.png)
2003 2004 2005 2006 2007
Valeur
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Année
Source : Publications de la bourse des valeurs de Casablanca
(2003-2007)
2.2 Modalités de financement de l'entreprise
marocaine
Les sources de financement des activités des entreprises
sont diverses et peuvent être classées en deux
catégories:
1- les fonds et quasi-fonds propres
2- l'endettement
2.2.1 Financement par fonds et quasi-fonds propres
Le financement de l'entreprise peut se faire par des fonds et
quasi-fonds propres. Les premiers peuvent être d'origine interne:
capacité d'autofinancement, cession d'éléments de l'actif
immobilisé, ou externe : augmentation de capital. Les deuxièmes
que l'on qualifie de fonds hybrides peuvent, d'une manière
générale, être classés en produits
dérivés de l'action et en produits qui dérivent de
l'obligation.
2.2.1.1 Financement par fonds propres
Nous présenterons, dans un premier point, les
différentes modalités de financement par fonds propres avant de
présenter, dans un deuxième point, l'évolution des
augmentations de capital32 entre l'année 2002 et
200633.
2.2.1.1.1 La capacité d'autofinancement
(CAF)
La CAF, qui représente l'ensemble des ressources
générées par l'entreprise, au cours d'un exercice, du fait
de ses opérations courantes, peut être calculée de deux
manières :
CAF= résultat net + dotations aux amortissements et
provisions + valeur comptable des éléments d'actif
cédés - reprises - produits des cessions
CAF= excédent brut d'exploitation + autres produits
encaissables sauf produits des cessions - autres charges décaissables
La CAF ne représente qu'un potentiel d'autofinancement. Ce
dernier est constitué par la partie investie de la CAF dans
l'entreprise, c'est-à-dire :
Autofinancement = CAF - dividendes
L'autofinancement assure l'indépendance financière
de l'entreprise, dans la mesure oü elle n'a pas à solliciter des
ressources externes, et accroIt sa capacité d'endettement.
32 Nous ne présenterons que l'évolution
des augmentations de capital à cause de la non disponibilité des
données sur les autres formes de financement par fonds propres de
l'entreprise marocaine.
33 L'année 2007 n'a pas été prise
en compte car les données relatives aux augmentations de capital, sur
cette année, ne sont pas disponibles.
2.2.1.1.2 Les cessions d'éléments de
l'actif immobilisé
Les cessions d'éléments de l'actif
immobilisé, considérées comme une source de financement
par fonds propres, peuvent résulter soit :
-Du renouvellement normal des immobilisations qui s'accompagne,
chaque fois que cela est possible, de la vente des biens renouvelés ;
-De la nécessité d'obtenir des capitaux par la
cession, sous la contrainte, de certaines immobilisations (terrains, immeubles
...) qui ne sont pas nécessaires a l'activité de l'entreprise
;
-De la mise en oeuvre d'une stratégie de recentrage.
Dans ce cas, l'entreprise cède des usines, des participations, voire des
filiales dès lors qu'elles sont marginales par rapport aux
métiers dominants qu'elle exerce. Dans ce cas, les sommes en jeu sont
souvent considérables.
2.2.1.1.3 L'augmentation de capital
L'augmentation du capital par des apports nouveaux consiste a
mettre a la disposition de l'entreprise des moyens additionnels
nécessaires a son expansion. Elle peut se faire soit par l'augmentation
de la valeur nominale des titres existants soit par la mise en circulation de
nouveaux titres. On distingue quatre formes d'augmentation de capital:
- L'apport en numéraire : c'est la forme d'augmentation
de capital la plus fréquente: les actionnaires achètent des
actions nouvellement émises par l'entreprise. Cette opération se
traduit par une augmentation de l'actif, par le débit du compte de
trésorerie (banque) et du passif, par le crédit du compte de
capital et, le cas échéant, de prime d'émission.
- L'apport en nature: au lieu d'apporter de la
liquidité, les actionnaires apportent d'autres actifs qui sont
généralement des immobilisations. Cette forme d'augmentation de
capital par apport en nature est le plus souvent utilisée par les
groupes mettant en place des stratégies de prise de participation
croisées.
- La conversion de créances en actions : revient a
convertir des dettes en actions. Dans ce cas, les créanciers de
l'entreprise en deviennent actionnaires. Ils renoncent ainsi a l'existence
contractuelle de la date de remboursement de leurs créances, mais
obtiennent, en contrepartie un droit de regard (et éventuellement une
influence) sur la gestion de l'entreprise.
Cette forme d'augmentation de capital se produit,
généralement lors de la conversion des obligations en action ou
dans le cas oü les créanciers savent que l'entreprise ne peut plus
les rembourser.
- L'incorporation de réserves: est une restructuration
des capitaux propres qui n'augmente pas les fonds propres de l'entreprise
mais modifie leurs compositions. Ainsi, la transformation
des réserves en capital donne lieu soit à
l'attribution gratuite de nouvelles actions aux anciens actionnaires de
l'entreprise, soit à une augmentation de la valeur nominale des actions
déjà en circulation. L'incorporation de réserves permet
donc de mettre le capital de la société en harmonie avec
l'importance de capitaux propres et de susciter un opportunisme favorable
auprès des futurs investisseurs.
L'incorporation de réserves peut aussi revétir
une autre forme: l'augmentation de la valeur nominale des actions de
l'entreprise, dans ce cas, les actionnaires ne recoivent pas d'actions
gratuites.
Après avoir présenté les formes
d'augmentation de capital, il est essentiel, à ce niveau, d'examiner
leur évolution.
2.2.1.1.4 Evolution des augmentations de capital des
entreprises marocaines
Tableau 2.5 : Les augmentations de capital des
entreprises marocaines (2003-2006) (en millions de Dirhams)
Accroissement brut de capital Augmentation de capital
* SA
|
2002 18978 15615
|
2003 14504 12300
|
2004 15937 12561
|
2005 41545 37558
|
2006 23868 21005
|
-Apports en numéraire
|
11870
|
8828
|
8165
|
11803
|
15320
|
- incorporation de réserves
|
7267
|
4858
|
3763
|
6095
|
15320
|
- apports en nature
|
|
|
|
|
|
* SARL
|
2027
|
2010
|
1868
|
2406
|
--
|
Constitution de sociétés
|
|
|
|
|
|
* SA
|
2580
|
1960
|
2534
|
3302
|
--
|
* SARL
|
|
|
|
|
|
|
3741
|
3472
|
4396
|
25755
|
5685
|
|
3363
|
2204
|
3376
|
3987
|
2863
|
|
614
|
651
|
8185
|
954
|
1286
|
|
2749
|
1553
|
1191
|
3033
|
1577
|
Diminution de capital
|
-3784
|
-5436
|
-4263
|
-5102
|
-10083
|
*SA
|
3116
|
4384
|
2367
|
4555
|
9473
|
- réductions
|
1641
|
2116
|
1169
|
2266
|
8615
|
- dissolutions et fusions
|
1714
|
1823
|
879
|
2114
|
782
|
- transformations
|
|
|
|
|
|
* SARL
|
761
|
445
|
319
|
175
|
76
|
|
668
|
1052
|
1896
|
547
|
610
|
Accroissement net de capital
|
15194
|
9068
|
11674
|
36443
|
13785
|
Source : Rapports de bank AL Maghrib (2002-2006)
L'accroissement net de capital a enregistré deux
baisses importantes. La première, observée en 2003, intervient
après l'arrivée a terme du délai accordé aux
entreprises pour se mettre en conformité avec la loi sur les
sociétés. La deuxième, observée en 2006,
s'expliquée en partie par la forte augmentation des concours des
établissements de crédit aux sociétés marocaines
qui sont passés, en l'espace d'une année, de 172 milliards a 206
milliards de dirhams.
2.2.1.2 Financement par quasi fonds propres (QSF)
Les QSF, qui ont connu un fort développement ces
dernières années sont des ressources financières n'ayant
pas la nature comptable des fonds propres mais, s'en approchent. Ils permettent
a l'entreprise un financement a moindre coüt.
Nous présenterons successivement les principales formes
des quasi-fonds propres avant d'exposer les nouveaux fonds propres
prévus, comme source de financement, par la réglementation des
sociétés marocaines.
2.2.1.2.1 Produits dérivés de l'obligation
(PDO)
Les PDO sont des instruments financiers qui dérivent de
l'obligation et dont la valeur fluctue en fonction de celle-ci. Une liste
exhaustive des PDO n'existe pas. C'est la raison pour laquelle nous n'allons
présenter que les produits les plus connus qui dérivent de
l'obligation. - L'obligation convertible: dérive directement de
l'obligation classique et donne le droit et non l'obligation d'obtenir, par
conversion, des actions de la société émettrice.
- Les obligations remboursables en actions: a la
différence des obligations convertibles, obligent leur détenteur
a les convertir, a l'échéance de l'emprunt, en actions de la
société émettrice. L'augmentation de capital, toujours
aléatoire dans le cas des obligations convertibles, devient alors
certaine avec les obligations remboursables en actions.
- Les obligations a bons de souscription d'actions : aux
quelles sont attachés un ou plusieurs bons donnant la faculté de
souscrire des actions a un prix déterminé appelé prix
<< d'exercice >>. Ce choix peut s'exercer durant une période
donnée, de durée généralement inférieure a
celle de l'obligation d'origine. Ce bon de souscription d'actions s'analyse
comme une option d'achat.
2.2.1.2.2 Les produits dérivés de l'action
(PDA)
Les PDA sont des instruments financiers qui dérivent de
l'action et dont la valeur dépend de celle-ci. Il s'agit,
essentiellement, des actions a bons de souscription d'actions, des actions
privilégiées et des actions a bons de souscription d'obligations
convertibles.
- Actions a bons de souscription d'actions (ABSA) : combinent
une augmentation de capital classique avec une émission de bons de
souscription d'action. A chaque action nouvelle sont attachés un ou
plusieurs bons qui donnent le droit a la souscription d'actions dans des
conditions fixées par le contrat d'émission, notamment le prix et
la période d'exercice. L'émission des ABSA permet a
l'émetteur de réaliser, en une seule opération, une ou
plusieurs augmentations de capital dont la première est certaine et
attractive grace a la présence des bons.
- Actions privilégiées (AP), appelées
également actions de priorité ou de préférence,
elles sont émises par la société, soit a sa
création, soit en cours d'existence et jouissent d'avantages
pécuniairs par rapport aux actions ordinaires. Elles peuvent
revétir trois formes principales :
· Action de priorité pécuniaire (APP) qui
offre a son détenteur plusieurs avantages dont les principaux sont : le
droit d'antériorité sur les bénéfices, le droit
d'antériorité sur l'actif en cas de liquidation, le droit a un
pourcentage plus important de bénéfices ou d'actifs et le droit a
un dividende cumulatif
· Action a dividende prioritaire sans droit de vote
(ADPSDV ou ADP) qui comporte une innovation essentielle a savoir la privation
du droit de vote avec une contrepartie pécuniaire. Ce n'est donc plus
une action au sens traditionnel, ni une obligation puisqu'elle lui manque deux
attributs de celle-ci : créance remboursable a date connue,
intérét indépendant des résultats. Les ADP
permettent de renforcer les capitaux propres des entreprises sans toucher aux
rapports de pouvoir et aux majorités en place (Les nouveaux actionnaires
sont privés du droit de vote).
· Action a droit de vote double dont l'émission vise
a fidéliser les actionnaires de l'entreprise.
- Actions a bons de souscriptions d'obligations convertibles
(ABSOC) qui, a la différence de l'action a bon de souscription
d'actions, permet de souscrire a une obligation convertible de la
société émettrice. Ce système permet
d'étaler dans le temps l'émission des obligations convertibles et
donne la possibilité aux actionnaires, qui le souhaitent, de
négocier sur le marché secondaire leurs bons de souscription
(Hervé Hutin (2003)).
2.2.1.2.3 Les nouveaux instruments financiers
prévus par la loi marocaine
Il s'agit des actions à dividende prioritaire sans
droit de vote, des actions à vote double des certificats
d'investissement et des obligations convertibles en actions. La création
de ces nouveaux instruments financiers répond à l'objectif de
faire évoluer le système financier national d'un système
classique vers un système moderne offrant aux entreprises
différentes modalités de financement.
- Les actions à dividende prioritaire sans droit de
vote (ADPSDV) : la réglementation de la société anonyme
prévoit la création des ADPSDV aux sociétés ayant
réalisé au cours des deux derniers exercices des
bénéfices distribuables. << Les ADPSDV donnent droit
à un dividende prioritaire prélevé sur le
bénéfice distribuable de l'exercice avant tout autre affectation.
S'il parait que le dividende prioritaire ne peut être
intégralement versé en raison de l'insuffisance du
bénéfice distribuable, celui-ci doit être répartit
à due concurrence entre les titres d'action à dividende
prioritaire sans droit de vote »34. Toutefois, les ADPSDV ne
confèrent pas à leurs porteurs le droit de participer à la
prise de décision au niveau des assemblés
générales.
- Les actions à vote double : l'objectif visé
est de conférer à un groupe d'actionnaires le droit de
contrecarrer toute tentative de prise de contrôle inamical. Ainsi, elle
vise la fidélisation des actionnaires de l'entreprise.
- Les certificats d'investissement : représentent les
droits pécuniairs de leur porteur qui peut les vendre tout en conservant
le droit de vote. Le certificat d'investissement peut être émis
soit à l'occasion d'une augmentation de capital ou suite à un
démembrement de titres déjà existants.
- Les obligations convertibles en actions: permettent à
l'entreprise de disposer d'un fonds provisoire pour renforcer ses fonds propres
au détriment de ses dettes de financement. Ainsi, l'émission de
ce genre de titres permet à l'entreprise de mieux connaItre ses futures
actionnaires lorsqu'ils décident de convertir les obligations qu'ils
détiennent.
34 Article 264 de la réglementation de la
société anonyme.
2.2.2 Financement par endettement
L'endettement constitue la troisième modalité de
financement que l'entreprise peut utiliser pour couvrir ses besoins de
financement. Le recours à cette source de financement peut être
motivé par la volonté de bénéficier des
économies d'impôts engendrées par la
déductibilité des charges financières35. Le
choix de s'endetter peut aussi être expliqué par l'insuffisance
des fonds propres de l'entreprise36. Qu'il s'agisse du premier ou du
deuxième motif, l'endettement de l'entreprise peut être soit
intermédié (auprès des établissements de
crédit) soit désintermédié (sur le marché
des capitaux).
2.2.2.1 Financement auprès des
établissements de crédit
L'emprunt auprès des établissements de
crédit peut prendre la forme de crédits ordinaires ou de
crédit bail.
2.2.2.1.1 Les crédits ordinaires
Les crédits ordinaires peuvent être à long,
à moyen ou à court terme. Ils entraInent des charges
financières directes, le paiement des intérêts et
l'obligation de remboursement.
A - Crédit à moyen et long terme
Les crédits à moyen et long terme sont dits
emprunts indivis, c'est-à-dire contractés auprès d'un
préteur unique, par opposition aux emprunts obligataires divisés
en obligations souscrites par un grand nombre de préteurs. Les emprunts
sont généralement remboursables par annuités
constantes37 et plus rarement par amortissement
constant38. Les crédits à long et moyen terme sont, le
plus souvent, destinés à financer le programme d'investissement
des entreprises. Ces crédits sont généralement
octroyés par les banques et institutions financières
spécialisées (sociétés de financement) qui exigent,
avant de procéder à l'évaluation de la faisabilité
financière du programme d'investissement, des garanties et des
süretés réelles pour se prémunir contre tout risque
de défaillance.
35 Théorie de compromis.
36 Théorie des préférences
hiérarchisées de financement.
37 Il s'agit du remboursement de la même somme
à chaque échéance, tout au long de la durée de vie
de l'emprunt
38 Les amortissements du capital sont constants sur
chaque période mais la somme totale remboursée
(amortissement+intérêt) n'est pas constante.
B - Les crédits a court terme
Les crédits a court terme, destinés a financer le
cycle d'exploitation, revêtent plusieurs formes dont :
- Le crédit d'escompte, étant la forme la plus
classique de financement a court terme des créances de l'entreprise, est
une source de financement avantageuse pour l'entreprise puisqu'elle permet a
l'entreprise d'utiliser immédiatement les fonds dont elle ne peut
disposer qu'ultérieurement.
- Le crédit de trésorerie qui est a
caractère général, peut aussi servir a financer des
besoins spécifiques. On distingue généralement entre les
crédits de campagne permettant d'alimenter les trésoreries des
entreprises saisonnières pendant les périodes oü leurs
décaissements excèdent les encaissements, le découvert
bancaire, qui est une possibilité offerte aux entreprises par les
banques de laisser leurs comptes présenter temporairement un solde
débiteur et le crédit revolving, qui permet a l'entreprise de
disposer d'un plafond global de crédit négocié pour
plusieurs années. Il est dit revolving dans la mesure oü la
capacité d'emprunt se reconstitue au fur et a mesure des remboursements
antérieurs.
2.2.2.1.2 Le credit bail
Le crédit bail est la source de financement qui se
substitue a l'emprunt (difficilement accessible aux petites et moyennes
entreprises dont la structure financière est réduite). <<
Il consiste a louer aux entreprises des biens mobiliers et immobiliers a usage
professionnel spécialement achetés en vue de la location par les
sociétés de crédit bail qui en demeurent
propriétaire. Le contrat prévoit généralement :
- une période de location égale a la durée
d'amortissement fiscal du bien, au cours de laquelle le contrat ne peut pas
être résilié ;
- une clause de fin de contrat qui comporte plusieurs options
au choix du locataire. L'entreprise peur restituer le bien, ou
l'acquérir moyennant un prix fixé dans le contrat, ou encore
renouveler le contrat >> (JOSETTE Pilverdier (1993) p.395).
Les redevances de crédit bail, qui comprennent la
charge d'amortissement, le cout des capitaux engagés et le prix des
services fournis par la société de crédit bail, sont
déductibles du résultat imposable, et permettent de ce fait a
l'entreprise de bénéficier d'économies d'impôt plus
important qu'en cas d'achat (déduction de l'amortissement
uniquement).
2.2.2.1.3 Evolution des crédits accordés
aux entreprises marocaines
Tableau 2.6 : Les crédits accordés aux
entreprises marocaines (2003-2007) (en millions de dirhams)
|
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Sociétés
|
|
140991
|
147262
|
172050
|
206224
|
251464
|
Entreprises individuelles
|
|
25830
|
23050
|
18096
|
17649
|
25083
|
Total
|
|
166821
|
170312
|
190146
|
223873
|
276574
|
Variations
|
en
|
-
|
+2,1
|
+11,6
|
+17,8
|
+23,52
|
%
Source: Tableau élaboré par l'auteur a partir
des rapports de Bank Al Maghrib
Nous remarquons que les crédits octroyés aux
entreprises se sont accrus durant les cinq dernières années et
ce, malgré les baisses enregistrées des crédits
octroyés aux entreprises individuelles entre 2004 et 2006.
Représentant plus que 88% des crédits octroyés aux
entreprises sur toute la période 2003-2007, les crédits
alloués aux sociétés se sont élevés à
251,5 milliards de dirhams à fin 2007, accusant de ce fait la plus forte
hausse de la période (+22%) par rapport à 2006 qui peut
s'expliquer en partie par la surliquidité du système bancaire qui
a favorisé l'octroi des crédits aux meilleures conditions,
notamment la faiblesse des taux d'intérêt débiteurs
pratiqués par les banques.
2.2.2.2 Financement désintermédié
sur le marché des capitaux
Le coüt élevé de l'intermédiation
bancaire, de même que l'insuffisance des fonds propres pour couvrir les
besoins de l'entreprise, peut conduire cette dernière à se
financer sur le marché monétaire ou boursier par
l'émission des titres de créances négociables ou des
obligations.
2.2.2.2.1 Titres de créances négociables
(TCN)
Les titres de créances négociables, qui
représentent un droit de créance, sont émis par des
personnes morales, négociés de gré à gré et
ne peuvent faire l'objet d'une cotation en bourse. Les TCN sont classés
en trois catégories:
- les billets de trésorerie émis par les
entreprises non financières
- les bons des sociétés de financement
- les certificats de dépôt émis par les
banques
L'objectif visé par les autorités marocaines
à travers la création des TCN est l'encouragement du financement
desintérmédié des entreprises afin de permettre une
réduction des coüts de financement et de la dépendance des
entreprises vis-à-vis des établissements de crédit.
2.2.2.2.2 Les obligations
Sont des titres de créance dont la durée est
longue, qui ne peuvent être émis, comme le prévoit la loi
marocaine, que par les sociétés anonymes ayant deux années
d'existence et ayant clôturé deux exercices successifs dont les
états de synthèse ont été approuvés par les
actionnaires et dont le capital social a été intégralement
libéré. Ainsi, pour que les obligations soient cotées, il
faut que le montant minimum de l'emprunt obligataire a émettre soit
égal a 20 millions de dirhams, que la maturité minimale de
l'emprunt obligataire soit de deux années et que les comptes de
l'entreprise émettrice soient consolidés s'elle dispose de
filiales.
2.2.2.2.3 Evolution des émissions obligataires des
entreprises marocaines
Tableau 2.7 : Les émissions obligataires des
entreprises marocaines (2003-2007) (en millions de dirhams)
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Obligations cotées
|
1302
|
2950
|
1780
|
2925
|
2675
|
Obligations non cotées
|
2898
|
2650
|
1420
|
1175
|
2425
|
Total
|
4200
|
5600
|
3200
|
4100
|
5100
|
Source: Tableau élaboré à partir des
publications de la bourse des valeurs de Casablanca (2003-2007)
Le montant le plus élevé des émissions
obligataires est enregistré en 2004 (5,6 milliards de dirhams). Les
volumes les plus importants ont été levés par la
société nationale d'investissement, qui a émis des
obligations pour un montant de 1,2 milliards de dirhams, et par la Lydec qui a
effectué un emprunt de 1,1 milliards.
En 2005 le volume des émissions obligataires a
nettement diminué, en raison du faible montant émis par les
entreprises publiques. Le volume des émissions obligataires a
augmenté par la suite, passant de 3,2 milliard en 2005 a 4,1 milliard en
2006 puis a 5,1 milliard en 2007, en raison de l'importance du montant
émis par les banques commerciales39
A ce niveau, il est essentiel de noter que le marché
obligataire marocain est dominé par la présence de l'Etat qui
émet, par le biais de ses entreprises, l'essentiel des emprunts
obligataires marocains.
39 Elles avaient besoin de ressources
financières additionnelles pour financer leur expansion en 2006 et
2007.
Schéma 2.1 : récapitulation des
différentes sources de financement
Sources de financement
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a7.png)
Fonds et quasi fonds propres
Endettement
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a8.png)
Quasi fonds
|
|
Fonds propres
|
|
Sur le marché
|
|
Auprès des
|
propres
|
|
|
|
des capitaux
|
|
établissements de crédit
|
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a9.png)
Titres
|
Produits
|
Produits
|
Auto-
|
Augmenta-
|
participatifs
|
dérivés de
|
dérivés de
|
financement
|
tion de
|
et subordonné
|
l'action
|
l'obligation
|
|
capital
|
Cession d'éléments immobilisés
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a10.png)
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a11.png)
![](Les-determinants-de-la-structure-financiere-des-entreprises-marocaines-cotees-cas-des-secteurs-a12.png)
Emission
|
|
Emission
|
|
Crédit bail
|
|
Crédit
|
d'obligation
|
|
de titres de créances négociables
|
|
|
|
ordinaire
|
Source : Schéma élaboré a partir de
notre compilation
2.3 Traitement fiscal des différentes
modalités de financement
Le choix des moyens de financement les plus adaptés aux
besoins des entreprises est une décision influencée, entre
autres, par la variable fiscale pouvant conduire l'entreprise a opter pour une
modalité de financement plutôt qu'une autre. En effet, la prise en
compte de la variable fiscale incitera les entreprises a s'endetter afin de
tirer profit de la déductibilité des charges financière
liées a l'endettement. Cependant, la fiscalité n'est pas le seul
élément déterminant les décisions de financement
des entreprises. Il existe d'autres facteurs affectant le choix des moyens de
financement, telles les asymétries d'informations entre dirigeants et
bailleurs de fonds, les conditions d'accès aux capitaux et le risque de
faillite qu'un endettement excessif peut engendrer.
Au Maroc, a l'instar des autres pays, la fiscalité a
longtemps favorisé le financement des entreprises par fonds d'emprunt au
détriment du financement par fonds propres. Cette
inégalité du traitement fiscal des dettes et fonds propres,
conjuguée a d'autres causes, a eu pour effet une sous capitalisation
alarmante des entreprises marocaines.
Pour remédier a cette situation, les autorités
marocaines ont adopté des mesures fiscales incitatives au financement
par fonds propres susceptibles de renforcer l'autonomie financière des
entreprises.
2.3.1 Mesures incitatives au financement par emprunt
Du point de vue fiscal, le financement par emprunt est plus
avantageux que le financement par fonds propres en raison de la
déductibilité des charges financières liées a
l'endettement. En effet, quelque soit la modalité de financement par
emprunt (crédit bancaire, emprunt obligataire, crédit bail,...),
l'entreprise a le droit de déduire de son résultat imposable les
charges liées a la dette. Ces charges peuvent être classées
en deux catégories :
- les charges communes aux différentes modalités de
financement par fonds empruntés - les charges spécifiques a
chaque modalité de financement par fonds d'emprunt.
Le droit fiscal marocain a réservé pour chacune
d'elles un traitement fiscal spécifique.
2.3.1.1 Traitement fiscal des charges communes aux
différentes modalités de financement par emprunt
L'entreprise marocaine est autorisée a déduire de
son résultat imposable les charges financières liées a
l'emprunt. Ces charges sont comptabilisées comme frais d'exploitation
déductibles fiscalement et concernent les
intérêts financiers, considérés comme loyer d'argent
payé au prêteur et les autres frais complémentaires aux
intérêts financiers (liés a l'emprunt)
2.3.1.1.1 Déductibilité fiscale des
intérêts financiers
Pour pouvoir bénéficier de la
déductibilité des intérêts financiers et de ce fait
des économies d'impôt, l'entreprise doit respecter certaines
conditions qui sont au nombre de quatre :
1- les capitaux empruntés doivent être
utilisés effectivement dans l'intérêt d'exploitation de
l'entreprise. Il est alors interdit a cette dernière de déduire
les intérêts engendrés par des dettes contractées
pour être prêtées par la suite aux associés. Cette
interdiction de déductibilité s'applique également aux
intérêts engendrés par les dettes contractées pour
les besoins personnels ou familials de l'associé unique d'une entreprise
individuelle.
2- Les fonds empruntés doivent être
procurés par des tiers. Dans la mesure oü les
sociétés ont une personnalité juridique
indépendante, elles peuvent se procurer des fonds auprès de leurs
actionnaires (avance en compte courant d'associés) ou de n'importe
quelle personne physique ou morale. Toutefois, l'entreprise individuelle et la
société de personne (dont la personnalité juridique est
confondue avec celle des propriétaires) ne sont pas autorisées a
considérer comme dettes (et de ce fait déduire les
intérêts) les fonds qui leur sont accordés par les
actionnaires.
3- Les intérêts doivent être
déduits au titre de l'exercice au cours duquel ils ont couru ou sont
échus. Lorsque les intérêts ne sont pas échus a la
fin de l'exercice, la partie courue des intérêts peut faire
l'objet d'une provision ou être constatée parmi les charges a
payer. Le paiement avancé des intérêts peut avoir pour
effet leur non déductibilité au titre de l'exercice de leur
déboursement. L'idéal est de les rattacher aux exercices au cours
desquels ils sont effectivement échus. Cependant, l'exception a cette
règle est possible lorsqu'il s'agit des entreprises individuelles qui
ont la possibilité de rattacher les charges financières a
l'année de leur paiement.
4- La rubrique des intérêts ne doit pas inclure les
remboursements de capital de même que les amortissements du bien acquis
par endettement.
2.3.1.1.2 Déductibilité fiscale des autres
frais liés a l'emprunt
A l'instar des intérêts de la dette, les autres
charges occasionnées par la conclusion d'un contrat d'emprunt,
bénéficient de la déductibilité fiscale. Ces
charges afférentes aux services rendus par des tiers (assurances,
cautionnement, ...) peuvent faire l'objet de déduction du
résultat pendant lequel elles ont été
engagées, comme elles peuvent être amorties sur un ensemble
d'exercices (maximum cinq exercices) en les considérants comme des
investissements en non valeurs.
A ce niveau, nous devons signaler que certaines charges connexes
à l'emprunt ne peuvent pas faire l'objet de déductibilité
fiscale. Il s'agit :
- des primes liées aux contrats d'assurances conclus au
profit de l'entreprise pour couvrir certains risques, dont notamment celui
d'insolvabilité.
Les primes d'assurance ne seront pas déductibles au fur
et à mesure de leur décaissement mais feront l'objet d'un report
jusqu'à la réalisation éventuelle du sinistre qui engendre
l'encaissement de l'indemnité. Cette dernière ne sera imposable
qu'en partie (différence entre indemnité percue et les primes
d'assurance versées depuis la conclusion du contrat d'assurance vie).
- des frais de cautionnement produit par une
société à l'égard d'une autre entreprise
juridiquement indépendante de la première et opérant dans
un secteur différent. Dans ce cas, aucune relation commerciale
étroite n'existe entre l'entreprise caution et l'entreprise
cautionnée.
2.3.1.2 Traitement fiscal des charges
spécifiques a chaque modalité de financement par emprunt
L'endettement de l'entreprise peut se faire de
différentes manières. Le crédit bancaire, l'emprunt
obligataire, les avances en comptes courants d'associés de même
que le crédit bail constituent les principales modalités de
financement par emprunt. Le législateur marocain a prévu pour les
charges liées à chacune de ces modalités un traitement
fiscal spécifique.
2.3.1.2.1 Traitement fiscal des charges liées a
l'emprunt bancaire et obligataire
Les charges afférentes aux emprunts bancaires sont
traitées suivant le principe général de la
déductibilité des charges liées à l'emprunt. De
même les intérêts décaissés suite à
l'émission des emprunts obligataires sont déductibles du
résultat imposable.
L'intérêt n'est pas l'unique charge liée
à l'émission obligataire. Il existe une autre catégorie de
charge qualifiée de frais accessoires de l'emprunt que l'entreprise
supporte. Il s'agit des frais de publicité et d'émission
assimilés à des frais de constitution que l'entreprise peut
déduire au titre de l'exercice de leur engagement ou les amortir sur
plusieurs années (ces frais doivent être amortis au maximum sur
cinq ans au même titre que les immobilisations en non valeur).
A ce stade, il nous parait essentiel de préciser que
l'entreprise peut rémunérer ses créanciers par des plus
values qui résultent de l'émission des obligations à
primes d'émission et/ou de remboursement. Ces obligations peuvent
être classées en trois catégories:
1- les obligations émises au pair et remboursables au
dessus du pair, conférant à leur détenteur une prime de
remboursement ;
2- les obligations émises en dessous du pair et
remboursables au pair offrant à leur détenteur une prime
d'émission.
3- les obligations émises en dessous du pair et
remboursable au dessus du pair, conférant à leur porteur une
double prime (une d'émission et l'autre de remboursement).
Ces primes d'émission et de remboursement sont
comptabilisées au niveau de l'actif fictif de l'entreprise
(immobilisations en non valeurs) et feront de ce fait, l'objet d'amortissement
et sont donc fiscalement déductibles.
2.3.1.2.2 Traitement fiscal des charges afférentes
aux avances en compte courant d'associés
Les intérêts générés par les
avances en compte courant d'associés sont fiscalement déductibles
du résultat imposable de l'entreprise. Cette déductibilité
s'explique par le fait que les avances en compte courant d'associés sont
considérées juridiquement comme des dettes vis-à-vis de
l'entreprise. Néanmoins, pour éviter un transfert
déguisé des bénéfices de la société
(sous forme de rémunération des comptes courants
d'associés) vers les associés, le législateur marocain a
imposé certaines règles de déductibilité de la
rémunération des comptes courant d'associés.
Ces règles sont au nombre de trois :
1- Le capital de la société doit être
entièrement libéré. Cette règle concerne
essentiellement la société anonyme40puisque la
libération du capital de la société de personnes et de la
société à responsabilité limitée constitue
une des formalités obligatoires de la constitution. L'imposition de
cette règle de libération du capital apparaIt tout à fait
raisonnable puisque l'associé doit libérer en premier le capital
de son entreprise avant de lui prêter des fonds.
2- Le montant des avances en compte courant d'associés ne
doit pas excéder le montant du capital social tel qu'il ressort du bilan
de l'entreprise
3- Le taux d'intérêt servant au calcul de la
rémunération du compte courant d'associés est fixé
par arrêté du ministre des finances par référence au
taux de base pratiqué pour la rémunération des bons de
trésor à six mois de l'année précédente.
40 Peut être opérationnelle à
partir du moment oü elle libère le un quart du capital
2.3.1.2.3 Traitement fiscal des charges afférentes
au crédit bail
Le crédit bail, opération consistant en une
location des immobilisations avec possibilité de rachat a l'expiration
de la durée du contrat, est une forme d'emprunt qui présente
l'avantage de déductibilité des redevances de crédit bail
et permet, de ce fait, a l'entreprise de profiter des économies
d'impôt qui en résulte. Les redevances de crédit bail sont
composées des intéréts payés et des amortissements
de l'immobilisation louée (méme si l'immobilisation n'apparaIt
pas dans l'actif de l'entreprise).
2.3.2 Mesures incitatives au financement par fonds
propres
La fiscalité marocaine de financement a largement
encouragé le recours des entreprises a l'endettement. En effet, ces
dernières sont autorisées a déduire les charges
financières liées a la dette, de méme, la loi marocaine
n'impose aucune limite a l'emprunt des entreprises (principe de liberté
de choix des modalités de financement).
Ce traitement fiscal avantageux de l'emprunt conjugué a
d'autres causes a eu pour effet une grave sous capitalisation des entreprises
marocaines qui préféraient se financer par endettement au
détriment d'un financement par fonds propres.
Cette situation a conduit le législateur marocain a
entreprendre des mesures fiscales visant :
- D'une part, l'incitation des entreprises a augmenter la part
des fonds propres dans leurs structures de financement pour qu'elles puissent
préserver leur indépendance et leur solvabilité
- D'autre part, l'incitation des épargnants a participer
au capital de l'entreprise au lieu de se limiter aux simples
créanciers.
Nous examinerons successivement les mesures fiscales incitant
l'entreprise a se financer par fonds propres et les mesures incitant
l'épargnant a détenir des titres de propriété
(actions).
2.3.2.1 Mesures incitant les entreprises a se financer
par fonds propres
Nous présenterons, dans ce qui suit, les principales
mesures incitant les entreprises a privilégier les fonds propres au
détriment de l'endettement.
2.3.2.1.1 La réduction des taux d'imposition sur
les bénéfices
La baisse du taux d'impôt qui a concerné aussi
bien l'impôt sur les sociétés que
l'impôt général sur le revenu (devenu actuellement
impôt sur le revenu), vise l'amélioration des flux nets de
trésorerie de l'entreprise par le biais d'une diminution de la pression
fiscale. Les flux
ainsi générés seront destinés, en
partie, au financement des investissements et en autre partie, aux
associés sous forme de dividendes. Les actionnaires verront alors leur
rémunération augmenter et seront de ce fait incités a
détenir les titres de propriété de l'entreprise.
Le taux proportionnel d'imposition des entreprises a
accusé une baisse tendancielle sur les vingt dernières
années, en passant de 45% en 1987 a 35% en 1999 puis a 30% actuellement
(loi de finances 2008). Les taux de l'IGR ont connu, au même titre que le
taux d'IS, une importante baisse depuis la mise en application de l'impôt
général sur le revenu.
Cette baisse de l'impôt sur les bénéfices
des personnes physiques et morales devrait permettre une amélioration du
revenu des entreprises et de ce fait, un renforcement de leur capacité
d'autofinancement.
2.3.2.1.2. Exonération des bénéfices
mis en réserve
Afin de renforcer les capitaux propres de l'entreprise, le
législateur marocain a autorisé a ces dernières la
constitution de réserves qui bénéficient de
l'exonération au titre de l'impôt de distribution. Ces
réserves, bénéficiant de l'exonération, peuvent
être classés en trois catégories:
1- Les réserves légales qui doivent être
constituées a hauteur de 5% du résultat net de l'exercice. Le
prélèvement du montant de la réserve légale cesse
d'être obligatoire lorsqu'il excède le dixième du capital
social de la société anonyme41
2- Les réserves statutaires rendues obligatoires par
les statuts de la société ne peuvent ni être
distribuées sous forme de dividendes, ni servir a l'amortissement ou au
rachat du capital, sauf pour la partie qui dépasse le minimum
prévu par les statuts de l'entreprise. Toutefois les réserves
statutaires peuvent être affectées a l'apurement des
déficits ou a une augmentation de capital.
3- Les réserves facultatives, constituées avant
toute distribution du bénéfice par la décision de
l'assemblée générale ordinaire, servent, entre autres, a
assurer une certaine constance au niveau de la distribution des
bénéfices. Lorsqu'elles sont mises en distribution, les
réserves facultatives ne bénéficient plus de
l'exonération au titre de l'impôt de distribution.
2.3.2.1.3 Exonération des produits de cession des
éléments d'actif
Le législateur marocain prévoit une
exonération des produits de cession des éléments
de l'actif immobilisé. Cette exonération peut être
totale ou partielle. Elle est totale, lorsque
l'entreprise s'engage par écrit auprès des
services de l'administration fiscale a réinvestir les produits de
cession. << Le réinvestissement doit avoir lieu durant les trois
ans suivant la cession de l'actif et les immobilisations acquises doivent
être conservées durant une période minimale de cinq ans
>> (RIGAR (2002)). L'exonération est, en revanche, partielle
lorsque l'entreprise ne réinvestit pas le produit de cession de
l'immobilisation. L'entreprise ne bénéficiera alors, que de
certains abattements qui dépendent de la durée pendant laquelle
le bien immobilisé est resté au sein de l'entreprise.
Notons, enfin, que les exonérations (totales ou
partielles) s'appliquent a tous les produits de cession d'immobilisation (dont
les produits de cession des titres financiers).
2.3.2.2 Mesures incitant l'épargnant a
détenir des titres de propriété
Conscient de la double imposition des dividendes, qui rend la
situation du créancier plus avantageuse que celle de l'associé,
le législateur marocain a entrepris certaines mesures fiscales pour
remédier a cette situation.
2.3.2.2.1 Baisse de l'impôt de
distribution
Afin d'inciter les investisseurs a détenir des titres
de propriété au lieu des titres de créance, le taux
d'imposition des dividendes est passé de 15% a 10% et a 5% pour les
sociétés cotées a la bourse des valeurs de Casablanca
alors que celui des intérêts est fixé a 2042 ou
a 30%43 selon que le créancier décline ou non son
identité fiscale.
S'agissant des sociétés qui percoivent des
dividendes d'autres firmes, elles sont exonérées de l'impôt
de distribution et bénéficient d'un abattement de 100% au titre
des produits de participation pour éviter leur double imposition
2.3.2.2.2 Les abattements sur impôt
Pour encourager la détention des titres de
propriété, d'autres mesures fiscales ont été
entreprises. Il s'agit principalement des abattements au titre de l'impôt
sur le revenu : abattement de 10% du montant des dividendes percus des
sociétés cotées a la bourse des valeurs dans la limite
d'un montant de 5000 dirhams et abattement de 10% des achats nets d'actions des
sociétés cotées a la bourse pour un montant ne
dépassant pas 16500 dirhams, soit une déduction limitée a
1650 dirhams.
41 Article 329 de la loi relative a la
société anonyme
42 Le taux de 20% est applicable aux personnes
physiques déclinant leur identité fiscale
A ce niveau, il est essentiel de signaler que ces mesures ont
été abrogées par la loi des finances de l'année
2002 en raison de leur portée limitée (puisqu'elles ne concernent
que les sociétés cotées et ne profitent qu'aux petits
investisseurs).
Conclusion
Les réformes du système financier et fiscal ont
eu pour effet l'amélioration des conditions de financement des
entreprises. En effet, le coüt des ressources financières a
été réduit et de nouveaux instruments financiers ont
été créés. Ces deux nouveaux faits influencent la
structure financière mais sont insuffisants pour appréhender les
déterminants de la structure financière des entreprises
marocaines. Une analyse plus pertinente de ces déterminants fera l'objet
du troisième chapitre.
43 Le taux de 30% est applicable aux personnes
physiques ne souhaitant pas décliner leur identité fiscale. La
taxe est dans ce cas libératoire de l'impôt sur le revenu.
Chapitre III Analyse des déterminants de la
structure financière des entreprises marocaines cotées en
bourse
Introduction
Les théories explicatives des déterminants de la
structure financière des entreprises ont fait l'objet de plusieurs
études empiriques44. Ces études visaient a valider
empiriquement le cadre d'analyse le plus approprié pour
appréhender le comportement financier des entreprises. Néanmoins
la diversité des résultats empiriques montre qu'aucune des
théories de financement ne peut, a elle seule, expliquer les
déterminants de la structure financière des entreprises. En
effet, certains travaux empiriques ont conclu a l'existence d'un ratio cible
d'endettement que les entreprises cherchent a atteindre. Hovakimian et al.
(2001) montrent que les entreprises s'endettent lorsque la cible d'endettement
est supérieure au ratio d'endettement actuel et, se désendettent
lorsqu'il est inférieur. Le méme résultat est obtenu par
Opler et Titman (1994) et Jalilvaud et Harris (1984). D'autres travaux ont
montré que les entreprises hiérarchisent leurs ressources de
financement en privilégiant le financement interne au financement
externe. C'est ainsi que Molay (2006), a partir des informations comptables sur
un échantillon de 393 entreprises francaises cotées, valide la
théorie des préférences hiérarchisées de
financement. Frank et Goyal (2003), Shyam-Sunder et Myers (1999) obtiennent le
méme résultat. Une troisième catégorie de travaux,
dont notamment ceux de Welch (2004) et Baker et Wergler (2002), justifie les
choix de financement par la volonté de <<timer>> le
marché. Les entreprises s'endettent quand le climat du marché est
propice aux émissions de dettes et procèdent a des augmentations
de capital lorsque les cours des actions sont élevés.
Dans le cas du Maroc45, Boutahlil (2002) a
montré que les entreprises marocaines recourent en premier aux dettes
qui sont essentiellement a court terme, ensuite a l'autofinancement et rarement
a l'émission de nouvelles actions. Conscient de l'insuffisance des
travaux sur les déterminants de la structure financière des
entreprises marocaines, nous essayerons, dans le cadre de ce travail,
d'apporter une contribution dans ce sens. Pour ce faire, nous avons
scindé ce chapitre en trois sections. La première est
réservée a la présentation de la problématique et a
la description de l'échantillon. La deuxième est consacrée
a la description de la structure financière des entreprises marocaines
et a la présentation des données. La méthodologie et
l'interprétation des résultats feront l'objet de la
dernière section.
44 Ces études ont concerné,
essentiellement, les entreprises des pays développés.
45 Les travaux empiriques sur les déterminants
de la structure financière des entreprises sont très rares a
cause de la difficulté de collecte des données financières
et comptables des entreprises marocaines.
3.1 Problématique et description de
l'échantillon
Notre objectif est d'appréhender les
déterminants de la structure financière des entreprises
marocaines cotées, en particulier les entreprises des deux secteurs
piliers de l'économie nationale a savoir : l'agroalimentaire et le
chimie parachimie. Pour ce faire, nous nous proposons de tester empiriquement
la théorie de compromis et celle des préférences
hiérarchisées de financement en essayant de voir :
-Si les entreprises s'endettent parce qu'elles cherchent a
atteindre un ratio d'endettement optimal; ou
-Si les entreprises s'endettent parce qu'elles ont des
préférences hiérarchisées de financement ; ou
-Si les entreprises s'endettent a la fois parce qu'elles
cherchent a atteindre un niveau d'endettement cible et parce qu'elles
hiérarchisent leurs ressources de financement.
La confirmation de ce dernier cas implique que la structure
financière des entreprises marocaines cotées46 peut
être expliquée a l'aide de deux cadres conceptuels que sont la
théorie de compromis et la théorie des préférences
hiérarchisées.
3.1.1 Population cible
Les secteurs de l'agroalimentaire et de la chimie parachimie
sont représentés a la bourse des valeurs de Casablanca par 25
entreprises. 14 sont de grande taille et sont cotées sur le
marché principal47, 10 sont de moyennes entreprises
cotées sur le marché développement48 et une est
de taille moyenne cotée sur le marché croissance49.
Le choix de ces entreprises se justifie par le fait, d'une
part, de la disponibilité des informations comptables relatives aux
entreprises cotées. Il n'existe aucune base de données accessible
centralisant les informations comptables des entreprises marocaines non
cotées ; d'autre part, par le fait que ce travail s'inscrit dans le
cadre du projet de recherche sur l'évaluation du processus de
réforme et mise a niveau efficiente des entreprises marocaines a
l'horizon 201050. Seules les entreprises des secteurs
agroalimentaire, chimie et parachimie et textile habillement sont retenues.
Dans la mesure oü le textile habillement n'est représenté
par aucune entreprise dans la bourse des valeurs de Casablanca, nous n'avons
retenu que les
46 Essentiellement les entreprises des secteurs
agroalimentaire et chimie parachimie
47 Réservé aux entreprises
émettrices d'un montant supérieur ou égal a 75 millions de
dirhams.
48 Réservé aux entreprises
émettrices d'un montant au moins égal a 25 millions de
dirhams.
49 Réservé aux entreprises en forte
croissance émettrices d'un montant supérieur ou égal a 10
millions de dirhams.
50 Il s'agit du projet mené au sein du
laboratoire GREER et financé par TrustAfrica.
entreprises cotées des secteurs agroalimentaire et chimie
et parachimie. La période d'analyse retenue est 2003-2006.
3.1.2 Critère de sélection de
l'échantillon
Nous n'avons choisi dans le cadre de notre échantillon
que les entreprises pour lesquelles nous disposons au moins de cinq exercices
comptables51. Aucune méthode d'échantillonnage n'a
été retenue en raison du nombre limité des entreprises
cotées appartenant aux secteurs agroalimentaire et chimie et parachimie
et pour lesquelles nous disposons au moins de cinq exercices comptables.
Tableau 3.1 : répartition des entreprises par
secteur d'activité
Secteur d'activité
|
Sous secteur
|
Nombre
|
Fréquence
|
|
Alimentation
|
3
|
25%
|
Agroalimentaire
|
Boissons
|
3
|
25%
|
|
Total
|
6
|
50%
|
|
Chimie
|
2
|
16,17%
|
Chimie et parachimie
|
Parachimie
|
4
|
33,33%
|
|
Total
|
6
|
50%
|
Total
|
|
12
|
100%
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Nous constatons que les deux secteurs, agroalimentaire et chimie
parachimie, sont représentés par le méme nombre
d'entreprises.
3.2 Structure financière et présentation
des données
3.2.1 Structure financière
L'appréhension des déterminants de la structure
financière passe par la description de celle-ci. Il s'agit, en effet,
d'examiner l'évolution de certains ratios financiers qui renseignent sur
le degré d'endettement, la part des emplois financés par fonds
propres et la structure des dettes financières. A ce titre, nous
présenterons l'évolution des ratios financiers (les plus
importants) relatifs aux secteurs agroalimentaire et chimie parachimie de
méme que les ratios relatifs a l'ensemble des entreprises retenues (de
l'agroalimentaire et du chimie parachimie).
51 La variation de l'endettement en 2003 est
déterminée a partir de l'endettement de 2002.
Tableau 3.2 : Ratios de structure financière
des entreprises de l'a2roalimentaire (valeur moyenne en%)
Années
|
Ratio d'endettement financier (Dettes/Fonds propres)
|
Dettes/Actif
|
Fonds propres/Actif
|
2003
|
18,3%
|
7,4%
|
66,6%
|
2004
|
18,4
|
7,3
|
65,6
|
2005
|
28,6
|
9,9
|
63,8
|
2006
|
44,3
|
13,6
|
54,7
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Nous remarquons que le degré d'endettement financier a
considérablement augmenté entre 2003 et 2006. Il est passé
de 18,3% en 2003 a 44,3% en 2006, soit une augmentation moyenne annuelle de
98%. Ce fort accroissement du ratio d'endettement coincide avec l'augmentation
considérable des crédits octroyés aux entreprises
marocaines durant cette même période. Ceci est du a
l'amélioration des conditions d'octroi du crédit qui s'explique,
en partie, par la surliquidité du système bancaire.
Parallèlement a cela, nous observons une diminution de
la part des fonds propres dans le total du bilan. En effet, en 2006, les fonds
propres n'ont représenté que 54,7% de l'actif total alors qu'ils
représentaient plus de 66% en 2003. La part des dettes financière
dans le total bilantiel, quant a elle, s'est accrue durant toute la
période. Elle est passée de 7,4% en 2003 a 9,9% en 2005 puis a
13,6% en 2006.
Tableau 3.3 : structure des dettes
financières des entreprises de l'a2roalimentaire (valeur
moyenne en%)
Années
|
Dettes financières a court terme/Actif
|
Dettes financières a long terme/Actif
|
2003
|
3,3%
|
4,1%
|
2004
|
3,2
|
4,1
|
2005
|
3,7
|
6,2
|
2006
|
6,8
|
6,7
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Nous constatons une augmentation de 63,4% des dettes
financières a long terme rapportées au total bilantiel. Le ratio
d'endettement financier a long terme est passé de 4,1% en 2003 a 6,7% en
2006. Cette hausse a concerné aussi le ratio d'endettement financier a
court terme qui est passé de 3,3% en 2003 a 6,8% en 2006, soit un
accroissement de plus de 106%. L'évolution de ces ratios s'explique, en
partie, par la baisse des taux d'intérêt débiteurs.
Tableau 3.4 : Ratios de structure financière
des entreprises du chimie parachimie (valeur moyenne en%)
Années
|
Ratio d'endettement financier (Dettes/Fonds propres)
|
Dettes/Actif
|
Fonds propres/Actif
|
2003
|
22,3%
|
11,8%
|
70%
|
2004
|
20,1
|
9,4
|
69
|
2005
|
23,6
|
12,4
|
68,7
|
2006
|
21,4
|
10,9
|
68,3
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Nous constatons que les fluctuations du ratio d'endettement
financier durant la période 2003- 2006 étaient marginales. En
effet, le taux est passé de 22,3% en 2003 a 21,4% en 2006. Ainsi, la
part des fonds propres dans le total bilantiel n'a baissé que de 2,4%
entre 2003 et 2006. De méme, la part des dettes dans l'actif total est
passée de 11,8% en 2003 a 10,9% en 2006, soit une baisse de 7,6%. Les
fluctuations de ces ratios s'expliquent, essentiellement, par le fort potentiel
d'autofinancement qui caractérise les entreprises cotées du
secteur de la chimie parachimie.
Tableau 3.5 : structure des dettes
financières des entreprises du chimie parachimie (valeur
moyenne en%)
Années
|
Dettes financières a court terme /Actif
|
Dettes financières a long terme /Actif
|
2003
|
7,1%
|
4,6%
|
2004
|
5,3
|
4,2
|
2005
|
7,7
|
4,6
|
2006
|
4,6
|
6,3
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Le ratio d'endettement financier a court terme a connu une
baisse importante entre 2003 et 2006, passant de 7,1% en 2003 a 4,6% en 2006,
soit une baisse de 35,2%. Inversement, l'endettement financier a long terme a
enregistré une augmentation considérable d'environ 40% entre 2003
et 2006. Ceci s'explique, en partie, par le fait que l'endettement a long terme
est devenu plus avantageux que celui a court terme.
Tableau 3.6 Ratios de structure financière de
l'ensemble des entreprises retenues (valeur moyenne en%)
Années
|
Ratio d'endettement financier (Dettes/Fonds propres)
|
Dettes/Actif
|
Fonds propres/Actif
|
2003
|
20,3%
|
9,6%
|
68,3%
|
2004
|
19,2
|
8,3
|
67,3
|
2005
|
26,1
|
11,1
|
66,25
|
2006
|
32,8
|
12,2
|
61,5
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Nous observons, a partir du tableau ci-dessus, que le ratio
d'endettement financier (moyenne des ratios d'endettement des entreprises
choisies) s'est accru d'une année a l'autre. Il est passé de
20,3% en 2003 a 32,8% en 2006. Néanmoins, cet accroissement n'a pas
été totalement régulier puisqu'en 2004 le ratio
d'endettement financier a connu une légère baisse de 5,5% par
rapport a sa valeur en 2003 pour enregistrer ensuite un pic en 2006 (32,8%), de
méme que pour la part des dettes dans le total bilantiel (12,2%) mais
avec une baisse de la part des emplois financés par fonds propres
(61,5%), qui nous amène a conclure que :
- Les entreprises retenues ont un comportement similaire a
l'ensemble des entreprises marocaines. En effet, les augmentations nettes de
capital (tableau 2.5) de l'ensemble des entreprises ont connu, en 2006, une
baisse considérable (-62,2%) et que les crédits octroyés a
ces entreprises ont augmenté de manière significative (+17,8%),
Ce qui a pour effet la diminution de la part des fonds propres dans le total
bilantiel des entreprises marocaines.
- Les entreprises marocaines recourent de plus en plus a
l'endettement financier. Ce recours peut s'expliquer, en partie, par
l'amélioration des conditions d'octroi des crédits aux
entreprises.
3.2.2 Présentation des données
Les données analysées sont issues de la bourse
des valeurs de Casablanca qui recense les états de synthèse des
sociétés marocaines cotées. Nous présenterons, dans
un premier temps, les données comptables relatives aux entreprises des
secteurs agroalimentaire et chimie et parachimie pour présenter ensuite,
dans un deuxième point, les données relatives a l'ensemble des
entreprises retenues.
Tableau 3.7 : Données comptables relatives
aux entreprises a2roalimentaires (valeur moyenne en milliers de
dirhams)
Années
|
Investissement net
|
Emplois en non valeur
|
Variation du besoin en fonds de roulement
|
Autofinance ment
|
2003
|
-15 161,6
|
2 258
|
-68 154
|
-60 563
|
2004
|
134 017,4
|
925,6
|
-11 043
|
-9 355
|
2005
|
58 792
|
419
|
-57 643
|
-51 558
|
2006
|
74 606
|
69,4
|
68 959
|
88 330
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Nous constatons, qu'en moyenne, le montant de
l'autofinancement a été négatif pendant les trois
premières années. Ce fait est du essentiellement à la
faiblesse de la capacité d'autofinancement des entreprises
agroalimentaires. De méme, ces entreprises ont procédé,
pendant la période 2003-2005, à des récupérations
du besoin en fonds de roulement (variations négatives du besoin en fonds
de roulement) pour combler l'insuffisance de l'autofinancement
enregistrée durant la méme période. Nous remarquons
également que, à l'exception de l'année 2003, le montant
de l'investissement net est resté positif. C'est-à-dire que le
montant des acquisitions d'immobilisations a dépassé (durant la
période 2004-2006) celui des cessions d'immobilisations. Le montant des
emplois en non valeur52 est resté positif durant toute la
période (ce qui est tout à fait logique) puisque toute
opération d'acquisition ou de cession d'immobilisation engendre des
frais d'acte que l'entreprise peut amortir.
Tableau 3.8 : Données comptables relatives
aux entreprises du secteur chimie et parachimie (valeur moyenne
en milliers de dirhams)
Années
|
Investissement net
|
Emplois en non valeur
|
Variation du besoin en fonds de roulement
|
Autofinancement
|
2003
|
111 854,1
|
1 506
|
99 991
|
219 663
|
2004
|
90 973
|
2 507,6
|
35 462
|
136 929
|
2005
|
366 395
|
4 905
|
-149 666
|
241 798
|
2006
|
106 904,4
|
1 983,4
|
150 829
|
239 368
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Les ressources internes des entreprises du secteur chimie et
parachimie permettent de financer largement leurs investissements nets. En
effet, le montant de l'autofinancement a été
souvent supérieur à celui de l'investissement net.
Néanmoins, l'autofinancement de 2005 n'a pas suffit
52 Frais préliminaires + charges à répartir
sur plusieurs exercices + primes de remboursement des obligations.
pour financer les investissements de la méme année,
ce déficit a été comblé par la
récupération du besoin en fonds de roulement (-149 666).
Tableau 3.9 : Données comptables relatives
aux entreprises retenues (valeur moyenne en milliers de
dirhams)
Années
|
Investisseme nt net
|
Emplois en non valeur
|
Variation du besoin en fonds de roulement
|
Autofinancement
|
2003
|
48 346
|
1 882
|
15 918
|
79 550
|
2004
|
112 495
|
1 717
|
12 209
|
63 787
|
2005
|
212 593
|
2 662
|
-103 654
|
95 120
|
2006
|
90 755
|
1 026
|
109 894
|
163 849
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Nous remarquons que, en moyenne, les investissements nets se
sont accrus durant la période 2003-2005 avant de décroItre en
2006 et que le taux d'accroissement de l'autofinancement est
négativement corrélé avec le taux de croissance des
investissements nets. En effet, lorsque le montant des investissements croit,
celui de l'autofinancement décroIt, et inversement. Ce fait est tout a
fait logique, puisqu'un investissement massif, au titre d'une année,
nécessite un financement important et aura pour effet la diminution des
ressources internes qui seront réinvesties l'année suivante.
Ainsi, on remarque que les entreprises retenues ont procédé, en
2005, a une récupération du besoin en fonds de roulement (-103
654) pour financer une partie des investissements de 2005. Le montant de ces
derniers correspond au pic d'investissement (212 593) enregistré durant
la période 2003-2006.
3.3 Méthodologie et présentation des
résultats
La méthodologie générale s'appuie sur
celle adoptée par Molay (2006) qui teste les théories de
financement sur 393 entreprises francaises cotées a la bourse de Paris.
Ses résultats confirment l'hypothèse d'une hiérarchie de
financement des entreprises francaises durant la période 1996-2004.
C'est la méme conclusion a laquelle ont abouti Shyam-Sunder et Myers
(1999) qui testent les théories alternatives de financement a partir des
informations comptables de 157 entreprises américaines durant la
période 1971-1989. Ainsi, pour apprécier les résultats de
Shyam-Sunder et Myers, Frank et Goyal (2003) étendent l'analyse a 768
entreprises américaines et valident la théorie des
préférences hiérarchisées de financement.
3.3.1 Méthodologie générale
Nous présenterons, dans un premier point, les
modèles a estimer avant de présenter, dans un deuxième
point, l'évolution des variables endogène et exogènes. Les
méthodes d'estimation utilisées seront exposées dans un
dernier point.
3.3.1.1 Présentation des modèles
Les tests de la théorie de compromis (TC) et de son
alternative (ou complémentaire), la théorie des
préférences hiérarchisées de financement (TP)
s'appuient sur les trois équations suivantes :
TC : AD ti = a + /3TC (
D * --D it _1 ) (3.1)
TP : ?D it = a +flTpDEF if (3.2)
TC, TP : A = a + /3 ( * _ ? 1 ) +
fl
D D D (3.3)
it Tc If Tp DEF if
oü : ADit est la variation de l'endettement net de
l'entreprise i en période t (emprunt auprès des
établissements de crédit + emprunts obligataires - remboursement
des dettes), D*, l'endettement optimal estimé pour chaque entreprise par
la moyenne chronologique sur quatre années d'endettement53,
Dit-1, l'endettement net de l'entreprise i en période t-1 et
DEFit, le déficit de financement de l'entreprise i en période t
qui peut être déterminé par:
DEFit = INVESTit + ABFGit + ENVit - AUTOFit
Oü : INVESTit est l'investissement net de l'entreprise i
a la période t (acquisitions d'immobilisations corporelles,
incorporelles et financières - produits de cession d'immobilisations),
ABFGit, la variation du besoin de financement global de l'entreprise i a la
période t (besoin de financement global54 de la
période t - besoin de financement global de la période t-1),
ENVit, les emplois en non valeur de l'entreprise i a la période t (frais
préliminaires + charges a répartir sur plusieurs exercices +
primes de remboursement des obligations) et AUTOFit est l'autofinancement de
l'entreprise i a la période t (capacité
d'autofinancement55 - dividendes).
Les signes attendus des paramètres du modèle et
leur interprétation peuvent être synthétisés comme
suit:
53 Cette mesure est celle proposée par E.Molay
(2006). Ce ratio peut également être estimé pour chaque
entreprise par sa moyenne sur l'ensemble des entreprises du même secteur
(Carpentier et Suret 2000). Pour une entreprise de l'agroalimentaire, ce ratio
correspondra a sa moyenne sur l'ensemble des entreprises du secteur
agroalimentaire.
54 Actif circulant (hors trésorerie) - Passif
circulant (hors trésorerie)
Tableau 3.10 : Signes et interpretation des
paramètres
Modèle variables Paramètres Signes attendus
Interprétation
(3.1) (D*-Dt-1) !3TC
(3.2) DEFit BTP
|
Les entreprises s'endettent (se désendettent) parce
qu'elles
+ cherchent a atteindre un ratio d'endettement optimal. La
théorie de compromis est alors validée.
Les entreprises s'endettent parce qu'elles ont un
déficit de financement. Dans ce cas les entreprises hiérarchisent
leurs
+ ressources de financement en privilégiant le
financement interne (autofinancement) au financement externe (endettement).
|
(3.3) (D*-Dt-1) !3TC + Les deux théories de
financement
DEFit BTP sont complémentaires et non
+ substituables.
3.3.1.2 Evolution des variables endogène et
exogènes
Les tableaux ci-dessous retracent l'évolution des valeurs
moyennes des variables étudiées sur la période
2003-2006.
Tableau 3.11 : valeurs movennes des variables
relatives aux entreprises de l'agroalimentaire (en milliers de
dirhams)
Années
|
ADT
|
DEFt
|
(D*-Dt-1)
|
2003
|
22
|
949
|
-20
|
494
|
64
|
158
|
2004
|
1
|
393
|
133
|
255
|
48
|
671
|
2005
|
9
|
716
|
53
|
126
|
43
|
266
|
2006
|
84
|
816
|
55
|
304
|
7
|
549
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
55 Capacité d'autofinancement = résultat
net + dotations - reprises + valeurs nettes des immobilisations
cédées - produits de cession d'immobilisations.
La variation la plus élevée de l'endettement est
enregistrée en 2006. Cette année coincide avec l'augmentation
considérable du ratio d'endettement des entreprises agroalimentaires
(tableau 3.2) et avec l'accroissement significatif des crédits
octroyés aux entreprises marocaines (tableau 2.6). Nous observons aussi,
que l'écart positif entre l'endettement effectif (Dt-1) et sa valeur
cible a tendance a se résorber sur la période 2003-2006. Cette
remarque nous amène a dire que l'endettement des entreprises
agroalimentaires peut être expliqué par la volonté
d'atteindre un ratio cible d'endettement.
Tableau 3.12 : valeurs movennes des variables
relatives aux entreprises du secteur chimique parachimique (en
milliers de dirhams)
Années
|
ADT
|
DEFt
|
(D*-Dt-1)
|
2003
|
- 4 018
|
-14 746
|
34 333
|
2004
|
9 416
|
-7 986
|
26 308
|
2005
|
21 816
|
41 890
|
16 892
|
2006
|
27 402
|
20 349
|
-4 923
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Nous remarquons que la variation la plus importante de
l'endettement a été enregistrée en 2006 (+27 402). Nous
remarquons aussi que les années 2003 et 2004 ont enregistré des
excédents de financement (-14 746 et -7 986). Ceci est dü a
l'importance des ressources internes générées en 2003 et a
la faiblesse du montant de l'investissement en 2004. La période
2005-2006 a enregistré des déficits de financement qui sont dus a
l'importance des sommes investies durant cette période.
Tableau 3.13 : valeurs movennes des variables
relatives aux entreprises retenues (en milliers de dirhams)
Années
|
ADT
|
DEFt
|
(D*-Dt-1)
|
2003
|
9 465
|
-17 429
|
49 245,5
|
2004
|
5 404
|
62 634
|
37 489,5
|
2005
|
15 766
|
47 508
|
30 079
|
2006
|
56 109
|
33 911
|
1 313
|
Source: tableau élaboré a partir de notre
compilation
Nous constatons que la différence positive entre
l'endettement effectif (Dt-1) et sa valeur cible (D*) a tendance a
se résorber au cours de la période étudiée, de
même qu'en 2003 les entreprises se sont endettées alors qu'elles
ont un excédent de financement (DEF = -17 429). Ainsi, nous remarquons
qu'en 2006 le montant des dettes financières a dépassé le
montant du
déficit enregistré. Ces remarques nous
conduisent à dire que, en moyenne, l'endettement des entreprises
retenues s'explique par la volonté d'atteindre un ratio cible
d'endettement et non par un besoin de financement. Néanmoins, ce constat
ne peut être confirmé que si la théorie de compromis est
validée empiriquement et celle des préférences
hiérarchisées est rejetée.
3.3.1.3 Estimation des modèles
La vérification empirique des théories de
financement repose sur une estimation sur données de panel. Ces
données sont caractérisées par leur double dimension
individuelle (i) et temporelle (t). Plus précisément, elles sont
constituées d'observations retracant les comportements d'un ensemble
d'individus suivis pendant plusieurs périodes56 et permettent
ainsi, de mieux décrire les spécificités propres à
chaque individu.
L'estimation des modèles théoriques
présentés sera faite soit par les moindres carrés
ordinaires si l'on suppose que le modèle théorique
étudié est parfaitement identique pour toutes les entreprises
(modèle Pooled). Autrement dit, nous supposons que
l'égalité des coefficients du modèle étudié
est vérifiée dans la dimension individuelle. C'est-à-dire
que pour l'entreprise i :
ADit = L + f3Xit + Eit
et pour l'entreprise j : ADjt = L + f3Xjt + Ejt
Avec : Li = Lj = L et âi = âj = â.
Ou par les moindres carrés ordinaires avec effets
individuels fixes. Dans ce cas, nous supposons qu'en plus des variables
explicatives, une constante déterministe caractérise chaque
entreprise. Autrement dit, les constantes individuelles (Li) diffèrent
d'une entreprise à l'autre (Li ? Lj) mais sont identiques d'une
période à l'autre (Li1=Li2 et Lj1=Lj2).
Les données du modèle avec effets individuels
fixes sont empilées57 par entreprise. C'est-àdire que,
pour une variable donnée, les t réalisations historiques de
chaque entreprise sont stockées dans un vecteur colonne et les n
vecteurs colonnes ainsi obtenus sont ensuite empilées à la suite
des uns et des autres dans l'ordre des entreprises.
56 Les entreprises retenues correspondent aux
individus et la période de suivi est de quatre ans.
57 L'empilement des données signifie
l'écriture vectorielle du modèle.
3.3.2 Résultats et interprétations
Les tableaux 3.14 et 3.15 fournissent les résultats des
estimations sur données de panel de 12 entreprises marocaines
cotées de 2003 a 2006 par les moindres carrés ordinaires (MCO) et
les moindres carrés ordinaires avec effets individuels fixes.
Tableau 3.14 : estimation sur données de
panel de 12 entreprises marocaines cotées de 2003 a 2006 par les
moindres carrés ordinaires (MCO)
Modèle 1 : Ecart
Variables Coefficients P-Value
ECART 0.486058 0.0032
C 7914.767 0.3841
R2 ajusté= 0.167744 Fisher =
10.47300 (0.002248)
Modèle 2 : Déficit
Variables Coefficients P-Value
DEF 0.102395 0.1702
C 18350.04 0.0545
R2 ajusté= 0.019403 Fisher =
1.929986 (0.171449)
Modèle 3 : Déficit + écart
Variables Coefficients P-Value
ECART 0.451469 0.0085
DEF 0.057325 0.4433
C 6978.870 0.4508
R2 ajusté=0.161453 Fisher =5.524672 (0.007152)
P-value: seuil a partir duquel on rejette l'hypothèse
nulle58
L'estimation, par la méthode (MCO), des trois
modèles empiriques de la structure financière privilégie
l'hypothèse d'un comportement d'ajustement vers un ratio cible
d'endettement des entreprises retenues sur la période 2003-2006. En
effet, l'estimateur du coefficient de la variable écart est
statistiquement significatif (au seuil de 1%) dans le modèle 1 et 3.
L'absence de << significativité >> de l'estimateur du
coefficient de la variable déficit dans le modèle 2 et 3 conduit
a rejeter l'hypothèse d'une hiérarchie du financement des
entreprises retenues sur la période 2003-2006.
58 Absence de signification des paramètres
Tableau 3.15 : estimation sur données de
panel de 12 entreprises marocaines cotées de 2003 a 2006 par les
moindres carrés ordinaires avec effets fixes.
Ecart
Variables Coefficients P-Value
ECART 0.143486 0.5563
C 17690.33 0.0987
R2 ajusté = 0.099675 Fisher =
1.433615 (0.197407)
Déficit
Variables Coefficients P-Value
DEF 0.052502 0.5448
C 20023.68 0.0218
R2= 0.100214 Fisher = 1.436220 (0.196299)
Déficit + écart
Variables Coefficients P-Value
ECART 0.133852 0.5877
DEF 0.049189 0.5752
C 16315.23 0.1404
R2= 0.081841
Fisher =1.322260
(0.248370)
Le tableau ci-dessus montre qu'aucun estimateur des
coefficients des variables explicatives de l'endettement n'est statistiquement
significatif. Ces résultats montrent que le modèle a effets fixes
ne permet pas d'expliquer l'endettement des entreprises retenues sur la
période 2003- 2006. L'hypothèse d'une
hétérogénéité avec effets fixes est
rejetée59 pour les trois modèles empiriques
d'explication de la structure financière.
Conclusion
Les entreprises marocaines cotées, appartenant aux
secteurs agroalimentaire et chimie et parachimie ont adopté, entre 2003
et 2006, un comportement d'ajustement vers un ratio cible d'endettement. La
théorie de compromis est validée empiriquement. Le modèle
sans effets individuels fixes60, estimé par la méthode
des moindres carrés ordinaires, semble être mieux a décrire
ce comportement.
59 Inexistence d'une constante déterministe qui
caractérise chaque entreprise.
60 Les constantes du modèle sont identiques
pour toutes les entreprises.
Conclusion générale
Notre recherche a porté sur la structure
financière des entreprises marocaines. Elle s'est inscrite dans le cadre
des travaux qui ont tenté de valider empiriquement les théories
explicatives des déterminants de la structure financière des
entreprises. Nous avons présenté, dans le cadre du premier
chapitre, un bref survol de littérature des contributions au
débat sur la structure financière. Le deuxième chapitre,
quant a lui, nous a permis de dégager les caractéristiques des
systèmes financier et fiscal marocain qui influencent largement le
comportement financier des entreprises. Dans le cadre du dernier chapitre, nous
avons testé la théorie de compromis qui affirme l'existence d'un
ratio optimal d'endettement que les entreprises cherchent a atteindre et la
théorie des préférences hiérarchisées de
financement selon laquelle les entreprises suivent une hiérarchie de
financement guidée par le besoin de fonds externes. A cet effet,
l'estimation a été faite sur données de panel de 12
entreprises marocaines cotées appartenant aux secteurs agroalimentaire
et chimie et parachimie. L'estimation est réalisée par la
méthode des moindres carrés ordinaires avec et sans effets
individuels fixes sur la période allant de 2003 a 2006.
Les résultats empiriques ont montré que
l'endettement des entreprises marocaines s'explique par la volonté
d'atteindre un ratio cible d'endettement61et non par le besoin de
fonds externes. Cependant, plusieurs limites caractérisent notre
recherche:
En premier lieu, cette étude n'a concerné que 12
entreprises cotées et la période d'analyse retenue ne
s'étend que sur 4 années en raison de l'insuffisance des
données comptables et financières des entreprises cotées
des secteurs agroalimentaire et chimie et parachimie. Pour disposer de plus
d'informations comptables et étendre l'analyse sur une période
plus longue, nous comptons élargir notre étude pour porter sur
l'ensemble des entreprises marocaines cotées.
En deuxième lieu, la théorie de <<Market
timing >>, qui affirme que la structure financière des entreprises
dépend des conditions de marché, n'a pas fait l'objet de
vérification empirique. Nous comptons également y procéder
a une vérification empirique dans ce sens. De plus, d'autres variables
susceptibles d'influencer la structure financière n'ont pas
été identifiées. Dans la présente étude nous
n'avons retenu que des variables issues de la théorie de compromis et de
celle des préférences hiérarchisées de
financement.
61 Les mêmes résultats ont
été trouvés par Hovakimian et al (2001) pour les
Etats-Unis, Jalilvaud et Harris (1984) (Etats-Unis).
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ANNEXES
Annexe 1 : Evolution des variables étudiées
A 1.1 Variation de l'endettement (en milliers de dirhams)
Secteur
|
Entreprise
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Agroalimentaire
|
CENTRALE
|
-14 623
|
-12 059
|
57 761
|
132 890
|
LESIEUR
|
-11 275
|
46 937
|
-62 819
|
206 884
|
BRANOMA
|
-
|
-6
|
-9
|
3 426
|
OULMES
|
160 278
|
-
|
65 901
|
168 607
|
BRASSERIE
|
17 494
|
-21 148
|
-2 540
|
-2 911
|
LGMC
|
671
|
-671
|
-
|
-
|
Chimie et parachimie
|
SCE
|
5 779
|
-1 492
|
-2 000
|
-1 434
|
SONASID
|
-
|
-
|
119 651
|
106 500
|
CIMENT
|
1 350
|
5 891
|
-1 850
|
11 572
|
PAPELERA
|
-24 421
|
52 337
|
-22 612
|
44 881
|
PROPHARM
|
-
|
-48 167
|
4 273
|
-46 708
|
ALUMINUM
|
-23 833
|
-4 348
|
80 238
|
57 276
|
A 1.2 Ecart entre l'endettement effectif et sa valeur cible (D*-
Dt-1) (en milliers de dirhams)
Secteur
|
Entreprise
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Agroalimentaire
|
CENTRALE
|
57 221
|
71 844
|
83 903
|
26 142
|
LESIEUR
|
106 685
|
117 960
|
71 023
|
133 842
|
BRANOMA
|
1 927
|
1 927
|
1 933
|
1 942
|
OULMES
|
215 562
|
55 284
|
55 284
|
-10 617
|
BRASSERIE
|
-1 546
|
-19 040
|
2 108
|
4 648
|
LGMC
|
168
|
-503
|
168
|
168
|
Chimie et parachimie
|
SCE
|
2 753,4
|
-3 025,6
|
-1 533,6
|
466,4
|
SONASID
|
96 211
|
96 211
|
96 211
|
-23 440
|
CIMENT
|
9 980
|
8 630
|
2 739
|
4 589
|
PAPELERA
|
20 822
|
45 243
|
-7 094
|
15 518
|
PROPHARM
|
-
|
-57 996
|
-9 829
|
-14 102
|
ALUMINUM
|
27 344
|
51 177
|
55 525
|
-24 713
|
A 1.3 Deficit de financement (en milliers de dirhams)
Secteur
|
Entreprise
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Agroalimentaire
|
CENTRALE
|
-13 198
|
594 025
|
316 345
|
6 938
|
LESIEUR
|
13 393
|
77 653
|
-54 402
|
202 576
|
BRANOMA
|
1 733
|
-22
|
-1 958
|
5 107
|
OULMES
|
22 223
|
58 210
|
79 186
|
100 557
|
BRASSERIE
|
-193 233
|
206 842
|
-7 325
|
16 842
|
LGMC
|
7 884
|
2 978
|
- 13 091
|
606
|
Chimie et parachimie
|
SCE
|
-71 455
|
15 492
|
-5 066
|
-14 749
|
SONASID
|
-3 528
|
-27 078
|
32 402
|
37 560
|
CIMENT
|
5 729
|
-10 295
|
6 577
|
29 671
|
PAPELERA
|
-25 314
|
47 346
|
93 176
|
25 133
|
PROPHARM
|
6 494
|
-81 604
|
31 533
|
3 750
|
ALUMINUM
|
-11 486
|
-16 390
|
92 718
|
19 644
|
Annexe 2 : Résultats de la régression a
partir du logiciel EVIEWS. A 2.1 Modèle sans effets
individuels
Dependent Variable: VAR
Method: Panel Least Squares
Date: 01/23/09 Time: 18:20
Sample: 2003 2006
Cross-sections included: 12
Total panel (balanced) observations: 48
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
ECART
|
0.486058
|
0.150194 3.236201
|
0.0032
|
C
|
7914.767
|
8659.084 0.914042
|
0.3841
|
R-squared
|
0.185451
|
Mean dependent var
|
21784.81
|
Adjusted R-squared
|
0.167744
|
S.D. dependent var
|
57140.18
|
S.E. of regression
|
52127.89
|
Akaike info criterion
|
24.60156
|
Sum squared resid
|
1.25E+11
|
Schwarz criterion
|
24.67953
|
Log likelihood
|
-588.4375
|
F-statistic
|
10.47300
|
Durbin-Watson stat
|
1.554307
|
Prob(F-statistic)
|
0.002248
|
Dependent Variable: VAR
Method: Panel Least Squares
Date: 01/23/09 Time: 18:24
Sample: 2003 2006
Cross-sections included: 12
Total panel (balanced) observations: 48
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
DEF
|
0.102395
|
0.073358 1.540224
|
0.1702
|
C
|
18350.04
|
8493.906 2.118542
|
0.0545
|
R-squared
|
0.049042
|
Mean dependent var
|
21784.81
|
Adjusted R-squared
|
0.019403
|
S.D. dependent var
|
57140.18
|
S.E. of regression
|
56323.83
|
Akaike info criterion
|
24.75640
|
Sum squared resid
|
1.46E+11
|
Schwarz criterion
|
24.83436
|
|
|
|
1.929986
|
Log likelihood
|
-592.1535
|
F-statistic
|
|
Durbin-Watson stat
|
1.668227
|
Prob(F-statistic)
|
0.171449
|
Dependent Variable: VAR
Method: Panel Least Squares
Date: 01/23/09 Time: 18:26
Sample: 2003 2006
Cross-sections included: 12
Total panel (balanced) observations: 48
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
ECART
|
0.451469
|
0.156702 2.881068
|
0.0085
|
DEF
|
0.057325
|
0.070835 0.809267
|
0.4433
|
C
|
6978.870
|
8768.347 0.795916
|
0.4508
|
R-squared
|
0.197136
|
Mean dependent var
|
21784.81
|
Adjusted R-squared
|
0.161453
|
S.D. dependent var
|
57140.18
|
S.E. of regression
|
52324.52
|
Akaike info criterion
|
24.62878
|
Sum squared resid
|
1.23E+11
|
Schwarz criterion
|
24.74573
|
Log likelihood
|
-588.0907
|
F-statistic
|
5.524672
|
Durbin-Watson stat
|
1.585384
|
Prob(F-statistic)
|
0.007152
|
A 2.2 Modèle avec effets individuels fixes
Dependent Variable: VAR
Method: Panel Least Squares
Date: 01/23/09 Time: 18:12
Sample: 2003 2006
Cross-sections included: 12
Total panel (balanced) observations: 48
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
ECART 0.143486 0.241560 0.593996 0.5563
C 17690.33 10428.61 1.696327 0.0987
Effects Specification
Cross-section fixed (dummy variables)
R-squared 0.329545 Mean dependent var 21784.81
Adjusted R-squared 0.099675 S.D. dependent var 57140.18
S.E. of regression 54217.71 Akaike info criterion 24.86522
Sum squared resid 1.03E+11 Schwarz criterion 25.37200
Log likelihood -583.7652 F-statistic 1.433615
Durbin-Watson stat 2.181366 Prob(F-statistic) 0.197407
Dependent Variable: VAR
Method: Panel Least Squares
Date: 01/23/09 Time: 18:17
Sample: 2003 2006
Cross-sections included: 12
Total panel (balanced) observations: 48
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
DEF 0.052502 0.085849 0.611558 0.5448
C 20023.68 8336.496 2.401930 0.0218
Effects Specification
Cross-section fixed (dummy variables)
R-squared 0.329947 Mean dependent var 21784.81
Adjusted R-squared 0.100214 S.D. dependent var 57140.18
S.E. of regression 54201.49 Akaike info criterion 24.86462
Sum squared resid 1.03E+11 Schwarz criterion 25.37140
Log likelihood -583.7508 F-statistic 1.436220
Durbin-Watson stat 2.331977 Prob(F-statistic) 0.196299
Dependent Variable: VAR
Method: Panel Least Squares
Date: 01/23/09 Time: 18:18
Sample: 2003 2006
Cross-sections included: 12
Total panel (balanced) observations: 48
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
ECART 0.133852 0.244535 0.547376 0.5877
DEF 0.049189 0.086932 0.565828 0.5752
C 16315.23 10808.16 1.509529 0.1404
Effects Specification
Cross-section fixed (dummy variables)
R-squared 0.335800 Mean dependent var 21784.81
Adjusted R-squared 0.081841 S.D. dependent var 57140.18
S.E. of regression 54752.07 Akaike info criterion 24.89751
Sum squared resid 1.02E+11 Schwarz criterion 25.44328
Log likelihood -583.5403 F-statistic 1.322260
Durbin-Watson stat 2.183774 Prob(F-statistic) 0.248370
|